![Modernes Cicéron. La romanité des orateurs révolutionnaires (1789-1807) - [Introduction à la troisième partie]](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/HptMS02b.png)
[Introduction à la troisième partie]
- Prix de thèse de l’Assemblée nationale 2021
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Modernes Cicéron. La romanité des orateurs révolutionnaires (1789-1807)
- Pages : 289 à 289
- Collection : Études romantiques et dix-neuviémistes, n° 120
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406138143
- ISBN : 978-2-406-13814-3
- ISSN : 2258-4943
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-13814-3.p.0289
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 23/11/2022
- Langue : Français
Le monde est vide depuis les Romains,
et leur mémoire le remplit et prophétise encore la liberté.
Saint-Just, Rapport sur la conjuration, 11 germinal an II.
Les Romains et leur histoire sont aux révolutionnaires ce que les personnages de la mythologie et les mythes dans lesquels ils évoluent sont aux poètes épiques et dramatiques de l’Antiquité : des modèles, au sens de systèmes représentant les structures essentielles d’une réalité, dont la fonction est d’éclairer le fonctionnement de la société, ce qui est le rôle du muthos. On retrouve un fonctionnement analogue à la manière dont Montesquieu envisage la référence à Rome dans De l’esprit des lois : dans les deux cas, Rome est utilisée comme un paradigme visant à éclairer la réalité. Cependant, la différence réside dans le mode d’utilisation de ce paradigme romain, car là où Montesquieu l’emploie comme un modèle scientifique visant à éclairer les lois des sociétés humaines comme on démontrerait l’existence des lois naturelles, les orateurs révolutionnaires mobilisent Rome dans un cadre fictionnel. Or, si cette romanité représente pour les orateurs un idéal commun, transcendant les querelles qui les agitent au sujet des dangers de la rhétorique, il s’avère que cet idéal se trouve perpétuellement miné par le conflit inhérent à l’activité politique. La romanité, envisagée comme mise en fiction des événements historiques, devient dès lors une manière de vivre et de dire la Révolution sur un mode épique et héroïque. Cet héroïsme est celui de tout un peuple et, progressivement, la Révolution française invente et devient son propre paradigme, qui remplace le paradigme romain, accomplissant ainsi la translatio imperii rêvée des humanistes.