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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Mendiants et mendicité en Grèce ancienne
  • Pages : 303 à 306
  • Collection : Kaïnon - Anthropologie de la pensée ancienne, n° 13
  • Série : Symposia, n° 4
  • Thème CLIL : 3127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie antique
  • EAN : 9782406090076
  • ISBN : 978-2-406-09007-6
  • ISSN : 2428-713X
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09007-6.p.0303
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 10/02/2020
  • Langue : Français
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Résumés

Étienne Helmer, « Présentation »

Que savons-nous de la réalité historique de la mendicité en Grèce ancienne et de son rapport avec la pauvreté ? Quel regard les Grecs portaient-ils sur les mendiants ? Les onze contributions du volume sondent le statut de ce personnage et de sa pratique propre, en rassemblant des études historiques, littéraires et philosophiques fondées sur des témoignages variés et encore peu exploités des mondes grecs archaïque, classique et hellénistique, avec une incursion dans le monde judéo-chrétien de lAntiquité.

Lucia Cecchet, « Intégrée, isolée, maudite. Formes, lieux et enjeux de la mendicité dans le monde grec »

Quelle est la situation des mendiants dans la société grecque ancienne ? Quen est-il de leur intégration dans la communauté locale, civique ou sociale ? Le présent article se concentre sur deux points : les formes, les « lieux » et les contextes sociaux de la mendicité dans le monde grec aux périodes archaïques, classiques et postclassiques ; puis la question de laide sociale et de la charité.

Aida Fernández Prieto, « Le divin et la mendicité en Grèce ancienne »

On ne trouve dans la littérature grecque antique aucune référence à un Zeus Ptôchios, « protecteur des mendiants », ni à aucune divinité qui porterait cette épithète. Cependant, certaines sources littéraires permettent de soutenir lexistence dun lien plus ou moins direct entre certaines divinités et les victimes de la misère la plus extrême. Ce lien souligne à la fois la position liminale et la relative « intégration » du mendiant dans le monde grec.

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Maxime Chapuis, « Le va-nu-pieds (ἀνυπόδητος) »

Pourquoi le va-nu-pieds est-il considéré comme un malheureux par les Grecs ? Les sources du ive siècle av. J.-C. offrent un triple témoignage : anthropologique, qui fait du mendiant un homme nu, antérieur à la culture ; socio-économique, qui perçoit en lui un degré extrême de pauvreté matérielle et morale ; philosophique, qui fait de lui un modèle de vie et de maîtrise de soi, capable de sabstenir du nécessaire.

Amandine Gouttefarde, « Expier sur les routes. Exil, mendicité et souillure dans la littérature grecque »

La question du meurtre permet de relier les notions de souillure et de mendicité, et de mettre en lumière le paradoxe de lexil du personnage fautif, relégué à la condition de mendiant. Lerrance et le dénuement qui sont les conséquences directes de lexil peuvent en effet servir dinstruments à lexpiation du personnage porteur de la souillure, et lui permettre de réintégrer la société.

Nathalie Assan Libé, « Un mendiant pour les uns, un allié pour les autres. Mendicité, supplication et hospitalité dans lŒdipe à Colone de Sophocle »

Dans Œdipe à Colone, Sophocle renouvelle par rapport à Euripide les moyens de convoquer sur scène la mendicité. Son apport nest pas que technique, il engage le sens que le poète donne à ce personnage et à sa condition : en liant la mendicité à lhospitalité, Sophocle inscrit le mendiant dans le cycle de la réciprocité, et fait de lui un don pour la cité qui laccueille.

Michel Briand, « Ulysse mendiant à Ithaque. Kinesthésie, jeux dempathie et didentité »

À la lumière de travaux récents sur la réception kinesthésique des textes poétiques et sur les effets dempathie quelle induit, une approche cinétique dUlysse mendiant aide à mieux comprendre laction vive de la parole épique sur limagination empathique et les sens de lauditeur intra- et extra-diégétique, ainsi que le jeu des interactions entre Ulysse mendiant et dautres personnage de lOdyssée.

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Sandrine Coin-Longeray, « Messager des temps nouveaux. Le mendiant dans la littérature judéo-hellénique et des origines du christianisme »

Fréquents aux époques archaïque et classique, le mot « mendiant » et ses dérivés deviennent plus rares aux périodes hellénistique et romaine, et reviennent au ier siècle ap. J.-C. dans les textes dinspiration judéo-chrétienne : pourquoi ? Cest que le mendiant représente la nouvelle morale chrétienne et incarne le modèle à suivre de la figure christique.

Louis-André Dorion, « De quoi vit Socrate ? Le refus de la mendicité et la tentation des cadeaux »

Connu pour sa pauvreté, de quoi vit Socrate ? Une étude attentive des sources révèle que trois moyens étaient à sa disposition pour subvenir à ses besoins : la mendicité, la générosité de ses amis et les cadeaux promis par les puissants. Or les sources sont ambivalentes pour chacun de ces trois moyens : tantôt Socrate y fait appel, tantôt il les rejette fièrement, afin de préserver son indépendance.

Isabelle Chouinard, « Le sage peut-il mendier ? »

Lapparition de la figure du sage-mendiant au ive av. J.-C. sous limpulsion de Diogène de Sinope provoque la résistance dautres philosophes. Cest à la fois parce quil est dépossédé et quil sollicite des dons pour assurer sa subsistance que les adversaires des cyniques, notamment les épicuriens, refusent dadopter la vie du mendiant. Ses défenseurs doivent lutter sur plusieurs fronts afin de légitimer son mode de vie et établir sa supériorité morale.

Étienne Helmer, « Lautarcie à lépreuve de la mendicité cynique »

Comment les cyniques grecs peuvent-ils en même temps mendier et prétendre à lautarcie ? Souvent interprétée comme une incohérence invalidant leur idéal éthique, cette tension est susceptible dune autre lecture : la mendicité cynique vise à établir une forme de communauté éthique et politique par un geste radical de désappropriation individuelle. Plus rien nappartenant à personne, tout est à tous, et lautarcie de chacun et de tous est possible.

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Olimar Flores-Júnior, « Lire et écrire dans les marges. Activité littéraire et mendicité chez les cyniques grecs »

Contre le portrait brossé dun Diogène ennemi de la culture, cet article fait apparaître les liens étroits qui existent chez les cyniques entre la pratique de la mendicité et leur activité décrivains et de lecteurs : dans les deux cas, ils biffent et réécrivent en mots et en actes le « texte » de la civilisation, avec toutes les institutions et toutes les valeurs qui la fondent en Grèce.