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Classiques Garnier

L'Homme à trois visages, ou le Proscrit Établissement du texte

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Mélodrames. Tome II. 1801-1803
  • Pages : 187 à 190
  • Collection : Bibliothèque du théâtre français, n° 22
  • Thème CLIL : 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
  • EAN : 9782812433504
  • ISBN : 978-2-8124-3350-4
  • ISSN : 2261-575X
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3350-4.p.0187
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 21/01/2015
  • Langue : Français
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Établissement du texte

Le texte que nous publions ici est établi daprès lune des deux éditions parues en 1801. Puisquil demeure impossible de connaître lantériorité de lune ou de lautre1, nous avons retenu celle qui figure la première dans la liste des éditions du texte signalées par André Virely2, dautant que cest cette édition que Pixerécourt a choisi dintégrer à son Théâtre de René-Charles Guilbert de Pixerécourt3 (vol. 2) : À Paris, Se vend au théâtre, an 10 (1801), 58 p. in-8o. Nous avons suivi, pour les différents types de corrections, le protocole expliqué dans la « Note sur lédition ». Précisons toutefois que nous avons opté pour le retrait systématique des accents aigus sur le « e » dans les noms italiens (Abelino, Alfieri, Michieli). Pixerécourt nest pas conséquent quant à cet usage, pas plus que ne le sont les diverses éditions dans lesquelles lusage fluctue ; celui-ci sexplique vraisemblablement par le souci dinciter à une prononciation correcte ; mais il ne semble plus nécessaire aujourdhui de retenir cette accentuation erronée. Nous signalons en outre, en notes de bas de pages, les cas exceptionnels qui nous ont poussée à rectifier certains mots contre la leçon de lédition.

Avant sa parution dans le Théâtre choisi, le texte na pas subi daltérations autres que dordre typographique, orthographique, de ponctuation, de capitalisation et de mise en page, ou dordre rectificatif pour des doublons ou des bourdons. Il arrive que, dans les éditions qui ont suivi celle sur laquelle sappuie létablissement du texte, de nouvelles coquilles et scories apparaissent ou quun mot soit par erreur substitué à un autre phonétiquement proche. Dans certains cas semblant aléatoires, la didascalie « seul » (qui figure après un nom de locuteur pour signaler un monologue)

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a été omise. Ces minimes écarts par rapport au texte de 1801 ne sont guère significatifs et ne motivent pas une prise en compte de cette série déditions dans un apparat de variantes déjà lourd ; néanmoins nous indiquons en notes de bas de pages les quelques cas où les choix et les erreurs des éditeurs méritent une remarque. Ces éditions non retenues sont, dans lordre : lautre édition parue en 1801 (À Paris, Se vend au théâtre, an 10 [1801], 56 p. in-8o) ; celle de 18084 (Barba, 52 p. in-8o) ; celle de 1814 (Barba5, 56 p. in-8o) ; celle de 1818 (Barba, 52 p. in-8o) : sur cette dernière figure la mention « Nouvelle édition » ; si le texte ny subit pas de modifications notables, elle contient pour la première fois le terme « mélodrame » sur la page de titre et propose une liste des acteurs réactualisée en face des noms des personnages. Cette mention de la distribution est en revanche absente de lédition publiée dans la collection des Chefs-dœuvre du répertoire des mélodrames joués à différents théâtres (chez Mme Veuve Dabo, 1825, t. 1, p. 1-109, in-18o), qui donne elle aussi lindication générique de mélodrame, mais se débarrasse de la précision « en prose et à grand spectacle », qui napparaît plus sur la page de titre.

Nous avons donc retenu pour seule édition dans les variantes celle du Théâtre choisi (t. 1, p. 157-238). Pixerécourt y a procédé à des changements non négligeables que nous indiquons à la suite du sigle TC. Ces variantes sont précieuses pour évaluer la façon dont lauteur cherche à améliorer le style, à atténuer certains effets, à concentrer certaines didascalies, à couper certaines répliques ou encore à ajuster des formules jugées sans doute délicates ou problématiques (par exemple, dans la didascalie « ils se tiennent longtemps et étroitement embrassés », il supprime les deux adverbes). On observe également comment il cherche à atténuer les effets de figement des pauses des acteurs, par la suppression, dans les didascalies, de termes

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comme « immobiles » ou « tableau ». À travers ces modifications du texte, se fait jour une nouvelle approche du jeu souhaité par Pixerécourt en 1841. Cest par ailleurs dans cette édition quapparaît pour la première fois lajout locatif « de Venise » à la suite du mot « proscrit » dans le titre. Pixerécourt ôte, à cette occasion, comme lavait fait léditrice de 1825, la mention « en prose et à grand spectacle ». Il ajoute en revanche sur la page de titre le nom du compositeur de la musique, qui navait jamais figuré dans les éditions précédentes6.

Il na subsisté de la pièce quun unique manuscrit autographe, conservé par la Société dhistoire de la Lorraine et du musée Lorrain de Nancy (1 cahier relié et paginé, s. d., 115 x 180 mm, 69 fo écrits sur le recto ; au verso sont consignés de nombreux ajouts ou réécritures de passages). La graphie petite et spontanée ainsi que les nombreuses ratures attestent quil sagit bien là du manuscrit original, qui a été lourdement remanié et corrigé, soit en cours décriture, soit après la réception de la pièce au théâtre. Deux morceaux de papier collés dans les premières pages (fo 6 et recto fo 5 en regard) recouvrent un texte rendu inaccessible, mais témoignent dune nouvelle donne dans lorientation du dialogue, suite au changement de statut de Rosemonde (de « nièce » du doge, elle devient sa fille). Par endroits, des pages entières sont barrées et le texte est alors réécrit sur les pages en regard.

Nous avons donc pris le parti de donner, dans les variantes (à la suite du sigle MsA), le texte intégral du manuscrit lorsquil diffère de celui de lédition ; cela implique que nous proposons, chaque fois que le décryptage en a été possible, le texte figurant en outre sous les ratures, ainsi que les parties supprimées. Celles-ci se présentent le plus souvent sous la forme dencadrés rayés par des croix ou traits transversaux et ondulants. Ces passages indiquent donc, dans la plupart des cas, létat du texte premier et les élagages quil a subis en vue de la représentation7. Dautres endroits montrent en revanche des passages qui ne figurent pas dans lédition mais qui furent joués puisquils nont pas été biffés. Les additions fort nombreuses consignées sur les pages en

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regard du texte principal signalent les réécritures ou les étoffements de certaines séquences. La comparaison entre le texte du manuscrit et celui de lédition permet en outre de percevoir ce qui fut ajouté après-coup (comme de nombreuses didascalies, par exemple), ou évacué (comme le mot « bandit », soit supprimé, soit remplacé, à une exception près, par le terme « brigand », ce qui ne saurait être anodin8).

Les variantes permettent donc dobserver les modifications apportées sur les grandes structures du texte ainsi que celles, moins massives et pourtant souvent signifiantes, qui affectent le niveau phrastique. Grâce aux autocorrections de lauteur, se décèle son travail stylistique. Il est possible, par exemple, de constater combien il sapplique à éviter les répétitions, ou comment il cherche à effacer des vers blancs par lajout dune conjonction de coordination. Certains infimes détails éclairent ainsi les choix ciblés de lauteur. Les repentirs permettent en outre dobserver le cheminement dune idée, son avortement ou son report ; dautres biffures et substitutions laissent entrevoir le souci de vérité historique ou de respect de lunité de temps9, par exemple.

Dans leur ensemble, les variantes proposées sont donc édifiantes à bien des égards et rendent possibles de nouvelles perspectives analytiques quant à lécriture du mélodramaturge, certes encore tâtonnante, mais en passe de saffirmer10.

1 Nous navons en outre, pour nous guider, pas pu trouver trace dune annonce de parution du texte dans les catalogues bibliographiques ou de librairies de lépoque ; cela tient sans doute au fait que la brochure a été publiée par les soins du théâtre.

2 René-Charles Guilbert de Pixerécourt (1773-1844), Paris, Rahir, 1919, p. 57.

3 Voir, sur ce recueil, lintroduction générale de cette édition (t. 1).

4 Nous remercions Olivier Bara qui a eu la gentillesse de nous fournir les clichés de cette édition dont lun des rares exemplaires (peut-être même le seul encore présent en France) se trouve à la BM de Lyon.

5 Il ne semble subsister de cette édition quun unique exemplaire, conservé par la BnF sous la cote : 8-RF-32669. Sur la page de titre figure une étiquette qui recouvre la mention « Chez Barba, Libraire, Palais-Royal, derrière le Théâtre Français, No 51 » et qui précise : « Chez Delavigne fils, au Cabinet de Lecture, Rue Bourg-lAbbé, no 34, au passage de lAncre ». Lexplication tient en ce que cet exemplaire provient très vraisemblablement du cabinet de lecture en question. Il sagit toutefois bel et bien dune édition parue chez Barba, identifiable grâce au nom de limprimeur Delaguette dont le nom apparaît toujours sur la brochure.

6 Toutefois la mention est fautive : ce nest pas Gérardin-Lacour qui composa la musique du drame en 1801 comme il lindique, mais bien Quaisain. Voir la note sup. à ce sujet (p. 184).

7 Pour autant, il semble impossible de les distinguer de ceux qui éventuellement furent supprimés plus tardivement pour lédition.

8 Voir plus haut dans cette présentation les implications du terme « brigand » dans le contexte politique de lépoque.

9 Voir sup., p. 156.

10 Cette analyse mériterait à elle seule une étude à part qui ne saurait prendre place dans les pages de cette présentation.