Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Médias, politique et révolution en 1867. Les échos européens de la bataille de Mentana
- Pages: 235 to 238
- Collection: Mediterranean Studies, n° 16
- CLIL theme: 3382 -- HISTOIRE -- Histoire générale et thématique -- Europe
- EAN: 9782406120551
- ISBN: 978-2-406-12055-1
- ISSN: 2264-4571
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12055-1.p.0235
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 12-01-2021
- Language: French
Résumés
Pierre-Marie Delpu et Arthur Hérisson, « Introduction »
À partir d’un bilan historiographique, l’introduction met en évidence les enjeux politiques et mémoriels posés par la bataille de Mentana dans l’Italie post-unitaire et dans l’Europe du dernier tiers du xixe siècle. Elle resitue l’événement dans les logiques de la question romaine, dans les affrontements politiques européens et dans les « sorties de Risorgimento ».
Giuseppe Monsagrati, « Rome, 22 Octobre 1867. Chronique d’un échec annoncé »
Les causes de l’échec de l’insurrection de 1867 furent multiples. Alors que Garibaldi et le gouvernement italien fondaient une partie de leur stratégie sur un soulèvement la population romaine, celle-ci resta passive. Davantage qu’à des trahisons, cet échec doit être imputé à des problèmes d’organisation ainsi qu’à l’effice surveillance de la police et de l’armée pontificale, alors mêmes que les volontaires qui suivaient Garibaldi n’avaient pas la valeur de ceux de 1860.
Fulvio Conti, « Lieux de mémoire, lieux d’oubli. Les batailles d’Aspromonte et de Mentana dans l’imaginaire collectif de l’Italie post-unitaire »
Le texte décrit le rôle que la mémoire collective a eu dans la formation de l’identité nationale italienne et compare les batailles d’Aspromonte et de Mentana, qui ont laissé des cicatrices profondes dans l’imaginaire de l’Italie unie. Les deux événements ont produit des mémoires complètement diverses. Alors qu’Aspromonte fut l’objet d’une précoce mise à distance, Mentana fut immédiatement commémorée comme une date symbole de la lutte pour l’indépendance nationale et pour la laïcité de l’État.
236Pierre-Marie Delpu, « Deuil collectif et mobilisation nationale. La fabrique des martyrs de Mentana (1867-1900) »
Dès les lendemains de Mentana s’est effectué un mouvement d’édification morale des victimes italiennes, dans un contexte de concurrences mémorielles entre le nouvel État italien, le mouvement garibaldien et les cultures politiques conservatrices. En étudiant les logiques des acteurs, les répertoires d’action qu’ils ont mobilisés et la médiatisation des mémoires, il s’agit de comprendre comment une partie des caduti de Mentana sont devenus des martiri identifiés à la communauté nationale.
Vincent Robert, « Mentana, ou comment la presse française fit d’une bataille un événement »
La contribution analyse les constructions médiatiques autour de la bataille de Mentana dans la presse française. Les circuits médiatiques mobilisés, les usages idéologiques et politiques de l’événement font apparaître deux configurations contradictoires : alors que la portée de la bataille est minorée par les journaux proches du pouvoir impérial, la presse d’opposition, aussi bien catholique que républicaine, amplifie la signification de la bataille et lui confère le statut d’événement.
Éric Anceau, « Les échos du choc de Mentana dans les Assemblées françaises »
Mentana a occupé l’essentiel des débats parlementaires français entre la fin du mois de novembre et le début du mois de décembre 1867 et ces débats ont eu un énorme impact sur la politique impériale. Alors que Napoléon III restait indécis au lendemain de la bataille, ne voulant s’aliéner ni l’Italie, ni la papauté, ni les catholiques français, le basculement du ministre d’État Rouher, qui annonce que « jamais » la France ne laissera l’Italie s’emparer de Rome, met un terme à ce dilemme.
Arthur Hérisson, « Denier de Saint-Pierre et zouaves pontificaux. Mentana et la remobilisation de l’opinion catholique en faveur du Saint-Siège »
Les années 1860 furent marquées par une vaste mobilisation des catholiques pour venir en aide à la papauté menacée dans son pouvoir temporel. Alors que cette mobilisation tendait à s’affaiblir, le coup de force garibaldien de l’automne 2371867 lui donna un nouvel élan. En étudiant les deux formes d’engagement principales que furent le don au denier de Saint-Pierre et l’engagement au sein des zouaves pontificaux, l’article met en évidence l’importance et la longévité d’une telle remobilisation.
Alessandro Capone, « Soldats de la France, soldats du pape. Religion et nation dans l’expérience de la Légion romaine, 1866-1894 »
L’article analyse l’expérience de terrain et la mémoire de la Légion romaine, corps volontaire cédé par la France au Saint-Siège pour protéger le pouvoir temporel après la convention de septembre 1864. L’article se focalise sur les acteurs diplomatiques, militaires et ecclésiastiques et sur les enjeux politiques liés à l’organisation de la Légion et à la mémoire de sa participation aux campagnes de 1867 et 1870, utilisées comme prisme pour redéfinir les rapports entre la nation et la religion.
Bruno Dumons, « Combattre à Mentana. La fabrique de héros catholiques (1867-1930) »
L’article examine le processus d’héroïcisation des zouaves pontificaux qui ont combattu en 1867 à Mentana. Mis à l’honneur par une décoration spécifique, ces « héros catholiques » d’une culture politique « blanche » ont été fabriqués grâce à une littérature apologétique à succès et, jusqu’aux premières décennies du xxe siècle, le culte de leur mémoire a été entretenu dans les réseaux contre-révolutionnaires et les cercles familiaux.
Laura Fournier-Finocchiaro, « Mentana enjeu poétique européen »
Les plus grands poètes civils du xixe siècle (Victor Hugo en France, Giosuè Carducci en Italie, Algernon Charles Swinburne en Angleterre) ont publié des œuvres inspirées par la bataille de Mentana, se faisant l’écho des garibaldiens vaincus et les porte-parole de la cause républicaine et anti-papale. Par leurs vers, ils ont contribué à la transformation de l’image de la défaite garibaldienne d’abord en mythe identitaire du mouvement démocratique européen puis en « lieu de mémoire » italien.
238Sarah Scholl, « Des batailles de principes. L’unification italienne et la Suisse du Kulturkampf »
L’article s’intéresse aux éléments qui modulent la perception suisse de la bataille de Mentana : la question du service mercenaire, celle de l’accueil des réfugiés politique et la problématique de la Croix Rouge naissante. L’auteure montre l’importance jouée par les conflits italiens et la question romaine dans les divisions internes à la Suisse, en particulier les polarisations politiques et confessionnelles entre protestants, catholiques et anticléricaux qui préparent le Kulturkampf.
László Pete, « L’écho de la bataille de Mentana en Hongrie »
L’écho de Mentana en Hongrie s’ancre dans des convergences entre les situations italienne et hongroise, perçues par les acteurs eux-mêmes. La concomitance de l’événement avec le compromis austro-hongrois de 1867 et la participation de combattants démocrates hongrois aux guerres du Risorgimento expliquent l’intérêt qu’une partie de la presse hongroise accorde à la bataille. Celui-ci s’ancre dans des discours moraux qui défendent pour l’un l’Église, pour l’autre la souveraineté de la nation.
Daria Ermolaeva Siani, « La bataille de Mentana vue par les Russes. Entre enjeu politique et engagement personnel »
En prenant appui sur quelques combattants et mémorialistes progressistes russes, la contribution étudie l’écho de la bataille de Mentana au sein des gauches russes, alors fortement internationalisées et marquées par des succès récents comme l’abolition du servage en 1861. Les écrits personnels des garibaldiens russes révèlent des postures différentes face à l’événement et s’ancrent dans les circulations révolutionnaires internationales du dernier tiers du xixe siècle.
Philippe Boutry, « Conclusions »
Tout à la fois dévoilement des tensions internes au processus d’unification de l’Italie, anticipation de la chute prochaine du régime impérial en France, ultime répit accordé au pouvoir temporel de la papauté et pierre d’attente pour une redéfinition de la sphère temporelle et de la sphère spirituelle en Europe, la journée de Mentana marque, dans l’histoire de l’Italie, de la France, de la Papauté et de l’Europe, un point de non-retour.