Introduction à la deuxième partie
- Prix Jeunes Chercheurs de la Fondation des Treilles en 2018
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Marginalité et communauté dans le roman. Maryse Condé, William Faulkner et Rachel de Queiroz
- Pages : 213 à 213
- Collection : Perspectives comparatistes, n° 144
- Série : Littérature et mondialisation, n° 8
- Thème CLIL : 4028 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes de littérature comparée
- EAN : 9782406165538
- ISBN : 978-2-406-16553-8
- ISSN : 2261-5709
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-16553-8.p.0213
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 03/04/2024
- Langue : Français
Introduction à la deuxième partie
Si elle dispose d’une épaisseur historique et si elle montre comment s’élaborent des partages entre centres et marges, la géographie des relations sociales ne met pas encore en jeu la question de la cohésion des communautés fictives. Cette question est d’abord formelle : quelles poétiques romanesques de la communauté et de la marginalité se construisent dans ces œuvres ? Comment s’expriment textuellement des rapports d’appartenance, dont on pourrait croire qu’ils relèvent d’un irreprésentable ? Quels sont les moyens narratifs qui donnent aux lecteurs l’impression que ces communautés fictives sont cohérentes ?
Ces questions sont liées au rôle ambivalent des personnages marginaux au sein de ces romans. Les définitions sociologiques de la marginalité font de celle-ci à la fois ce qui permet de créer un consensus social, à travers un exercice normatif du pouvoir, mais aussi ce qui pourrait engendrer une potentielle anomie et déstabiliser l’ordre social. Au sein de ces fictions, les marginaux servent tantôt à créer une cohésion, en permettant aux communautés de fonder leur unité sur des récits communs et sur une dramaturgie sociale, tantôt à la troubler, avec des espaces d’indétermination et d’opacité. L’ambiguïté du rapport entre ces communautés fictives et les personnages marginaux pose aussi la question de la place du lecteur, qui se voit souvent assigner une place inconfortable, plus proche de celle des communautés qui oppressent que de celle des marginaux qui résistent à cette oppression.