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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Lumières et océan Indien. Bernardin de Saint-Pierre, Évariste Parny, Antoine de Bertin
  • Pages : 339 à 343
  • Collection : Rencontres, n° 291
  • Série : Le dix-huitième siècle, n° 20
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406061854
  • ISBN : 978-2-406-06185-4
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06185-4.p.0339
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 07/04/2017
  • Langue : Français
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Résumés

Jean-Michel Racault, « Émancipation coloniale et littérature émergente aux Mascareignes à la fin du xviiie siècle. Bernardin de Saint-Pierre, Parny, Bertin »

Les relations entre les populations insulaires et les instances administratives de la métropole ont toujours été problématiques. Après 1770, les Lumières aidant, une revendication démancipation succède aux menaces dabandon par les autorités. Cet article propose de suivre les manifestations proprement littéraires de cette évolution chez les premiers représentants des littératures émergentes de locéan Indien, que leur trajectoire personnelle associe à la fois à la colonie et à la métropole.

Catriona Seth, « Parny et les tropiques »

Évariste Parny, né sous les tropiques en 1753, est envoyé en métropole pour ses études dès lâge de 10 ans. Il fait deux voyages de retour, adulte, dans son île natale. Il passe par Rio de Janeiro lors de son premier retour et part aux Indes en 1785. Sil est critique dans ses lettres à légard des habitants des tropiques, son univers dorigine lui offre, en tant que poète un réservoir dinspiration original, dans ses Poésies érotiques et ses Chansons madécasses, mais aussi jusque dans ses dernières œuvres.

Noro Rakotobe-DAlberto, « Lunivers culturel malgache dans les Chansons madécasses dÉvariste Parny »

Le caractère incantatoire des Chansons madécasses ne relève pas que du lyrisme traditionnel : le recueil est traversé par une prose anticoloniale qui tient autant à lexpérience personnelle quaux idées des Lumières ; il se nourrit aussi des images et du rythme de la poésie des horizons et des rêves madécasses chantés dans le traditionnel Hainteny. Ce genre oral, colloque sentimental oscillant entre le familier, le mythique et le mystérieux, semble paradoxalement lhypotexte égaré du recueil.

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Jean-Claude JØrgensen, « Le temps des Poésies érotiques dÉvariste Parny ou la quête du bonheur terrestre (recueil de 1781) »

Tempus fugit : résolument épicurienne, la voix du poète célèbre la joie daimer au présent. Mais pris entre nostalgie et impatience, espérance prometteuse et tromperie, le poète est soumis à un temps discontinu. Ordonnées pour retracer les étapes de laventure amoureuse du poète avec Éléonore, les Poésies érotiques laissent deviner en filigrane une période pendant laquelle lamant sest absenté de lîle. La poétique du temps dans le recueil consiste alors à se jouer des frontières géographiques.

Angélique Gigan, « Bourbon, Cythère indianocéanique ? Amours et désamours dans les Poésies érotiques (1778) de Parny »

Dans les Poésies érotiques, Bourbon symbolise la déception amoureuse, le mirage de lidylle tropicale emportant dans sa fougue la vision dune île paradisiaque. De même que lidylle a tourné au drame sentimental, Bourbon a rompu ses promesses de paradis terrestre. Comme une histoire damour qui finit mal, lhistoire de lîle suit les étapes de la rupture amoureuse : à lexaltation des premiers instants se substitue la peine. Les discours se superposent et le paradis est ainsi doublement perdu.

Gwenaëlle Boucher, « Bertin et Parny. Deux frères en poésie »

Au xviiie siècle, la « créolité » redonne souffle et vie à la littérature : Antoine de Bertin et Évariste Parny érotisent lélégie, raniment les clichés rhétoriques par leurs drames intimes, illustrant une poésie sensualiste à la fois idéale et charnelle. Ces Bourbonnais partagent un même sentiment détrangeté et sinterpellent dun poème à lautre, construisant ainsi une poésie personnelle où se côtoient le lyrisme et la description, la muse créole et la muse antique.

Guilhem Armand, « Les voyages en églogue de Bertin »

Antoine de Bertin est, avec Évariste Parny, lun des derniers représentants de la poésie néo-classique qui dominait alors en France. Étonnamment variée, son œuvre semble parfois une quête à la fois poétique et identitaire. Sans cesse en mouvement, loin de sa terre natale, Bertin choisit un enracinement poétique par une écriture qui joue autant sur les lieux communs que sur linvention 341et qui renouvelle le genre de léglogue en invitant à un dialogue à la fois avec la nature et avec la poésie elle-même.

Colas Duflo, « Paul et Virginie et lémergence dune littérature indianocéanique. Éléments et problèmes »

Dans Paul et Virginie, la nature indianocéanique fait lobjet dune refiguration narrative qui linscrit dans une philosophie de la nature – celle qui est développée dans les Études de la Nature dont le roman est le 4e volume. Cet article sintéresse particulièrement à des phénomènes de « gazage » de cette philosophie manifestes dans le passage du manuscrit de la bibliothèque Victor Cousin à lédition imprimée, qui contribuent à dissimuler le côté hétérodoxe de la pensée dans Paul et Virginie.

Jean-Claude Carpanin Marimoutou, « Spectres et paysages chez Bernardin de Saint-Pierre »

Dans le monde colonial, inventer esthétiquement un paysage nécessite leffacement des réalités esclavagistes. Lécriture du paysage chez Bernardin de Saint-Pierre transforme esclaves et marrons en fantômes avec toute la charge terrifiante que cela comporte. Entre roman pastoral et récit de voyage dénonciateur, lœuvre propose ainsi un double mouvement dinscription de la terreur dans lespace colonial et de tentatives de son effacement dans linvention du paysage comme objet esthétique.

Marco Menin, « De lexpérience indianocéanique au drame africain. Empsaël et Zoraïde entre le Voyage à lîle de France et les Études de la Nature »

Bien que situé dans le Maroc, le drame en prose Empsaël et Zoraïde, écrit en 1771, ne peut être compris quà la lumière du séjour de Saint-Pierre à lîle Maurice. Le regard de lintérieur sur le phénomène de lesclavage (qui est à la fois un regard décentré par rapport à lEurope) conduit Bernardin à une réflexion sociologique et philosophique originale sur les relations qui lient les Blancs et les Noirs ; réflexion rendue plus urgente par le processus de créolisation auquel il avait assisté.

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Chantale Meure, « Lusage de lInde dans les fictions de Bernardin de Saint-Pierre »

Les fictions de Bernardin de Saint-Pierre prenant pour cadre le monde indien en donnent des aperçus qui renouvellent par certains aspects lusage traditionnel de lInde dans les fictions des Lumières. Son séjour à lîle de France où il découvre la communauté indienne, ses lectures de voyageurs, les événements politiques, la rivalité entre la France et lAngleterre sur le territoire sont autant déléments qui alimentent et infléchissent la vision comme la réflexion philosophique de lauteur.

Françoise Sylvos, « Le “comparatisme religieux” dans les Études de la Nature »

Le comparatisme religieux de Bernardin de Saint-Pierre participe dune double dimension : relevant dune forme dencyclopédisme et dune vision globalisante, celle du naturaliste, chercheur de correspondances, il sintègre dans une démarche argumentative parfaitement maîtrisée, véritable construction visant à désacraliser, à matérialiser les religions. Le romantisme a hérité de cette conception universaliste des cultes et des religions tendant vers une quête de lunité en dépit des différences.

Thanh Vân Ton-That, « Échos (pré)romantiques dun siècle à lautre. Pouchkine, lecteur et traducteur de Parny »

Lappropriation du texte source qui inspire et nourrit le poète second illustre un phénomène de détournement poétique : la peinture de lamour à la française ou à la russe, à la recherche dun éternel féminin universel devient analyse dune pathologie. Ces portraits damoureuses scandaleuses sont inspirés par des jeux de mots et desprit et des variations subtiles autour de linnommable et de lineffable.

Bénédicte Letellier, « Paul et Virginie en arabe ou la vertu de la littérature selon Manfalûtî »

Dans la littérature arabe, le milieu du xixe siècle marque le début dune vraie Renaissance, dans la mesure où les écrivains ne se contentent pas dimiter strictement le modèle européen. La traduction du roman de Bernardin de Saint-Pierre par Mustafâ Lutfî al-Manfalûtî, intitulée La Vertu ou Paul et 343Virginie (1923), illustre de manière originale le souci de repenser, à travers cette forme nouvelle, la conception de la littérature en lui donnant un statut fondamental dans la société arabe.

Ruth Menzies, « La réécriture comme réparation : déplacement et déracinement dans Genie and Paul de Natasha Soobramanien (2012) »

Née à Londres de parents mauriciens, Natasha Soobramanien revisite, dans Genie and Paul, le roman de Bernardin de Saint-Pierre, à travers une « traduction anthropophage », appropriation nourricière de la culture occidentale par une culture indigène ou soumise, dans un rapport non pas dengloutissement et de mutilation mais damour et de respect. Revu depuis Londres, passée de centre colonial au statut de périphérie, lhypotexte français, profondément bouleversé, montre son infinie richesse.

Hélène Cussac, « Bernardin de Saint-Pierre, Évariste Parny et Antoine de Bertin à lépreuve de la norme et de lécart dans lhistoire littéraire française du xxe siècle »

Cette enquête dans des manuels dhistoire de la littérature permet dobserver ce que lhistoire littéraire a retenu de ces auteurs. Quels écrits ? À quelle période sont-ils présents ou absents ? Quels paramètres ont permis, favorisé, entravé leurs écarts éventuels ? Quelles conséquences en découlent sur leur réception et lhistoire littéraire ? Quest-ce que leur écart, ou présence, dit de la norme, voire de la constitution dune histoire littéraire en tant que doxa ?