Nous souhaitons étudier ici les imaginaires de l’Art nouveau chez les écrivains qui s’en saisissent. Ces imaginaires, esquissés à plusieurs reprises dans la partie précédente, sont liés aux stratégies des auteurs qui tentent d’approprier l’Art nouveau à leurs rêveries ou l’instaurent au contraire en style-repoussoir. Il s’agit donc moins de s’intéresser à l’imaginaire convoqué par les artistes de l’Art nouveau en général qu’à l’imaginaire de ce que nous appelons l’Art nouveau littéraire, c’est-à-dire l’Art nouveau tel qu’il s’insère dans les poèmes et les trames narratives, l’Art nouveau en tant qu’il est objet d’écriture, d’investissement fantasmatique et d’invention littéraire. Nous tâcherons d’articuler cette approche thématique à une réflexion d’ordre générique. Chaque chapitre envisage une manière d’imaginer ou d’imager l’Art nouveau en l’associant à la forme littéraire que cet imaginaire appelle de manière privilégiée. Le premier chapitre tente de montrer comment les objets de l’Art nouveau rencontrent la prédilection fin-de-siècle pour le conte et le merveilleux. Le second chapitre voit dans l’imaginaire déployé autour du « modern style » la stimulation d’un art de la caricature verbale qu’il convient de confronter à son pendant visuel et médiatique. Le troisième chapitre propose un approfondissement de l’imaginaire dysphorique du « modern style » en étudiant comment il génère des récits de l’intérieur tyrannique marqués par le registre fantastique.