![Littérature et Art nouveau. De Mallarmé à Proust - Annexe I](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/CybMS01b.png)
Annexe I Gustave Soulier, « Vase Tristiae », L’Art et la Vie, 1894
- Prix Robert de Montesquiou 2023
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Littérature et Art nouveau. De Mallarmé à Proust
- Pages : 645 à 646
- Collection : Études romantiques et dix-neuviémistes, n° 124
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406143260
- ISBN : 978-2-406-14326-0
- ISSN : 2258-4943
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14326-0.p.0645
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/02/2023
- Langue : Français
Annexe I
Gustave Soulier, « Vase Tristiae », L’Art et la Vie, 1894
« Ces caprices divins sont des larmes gelées ! » (Banville)
À la louange du maître verrier Émile Gallé
Sur ces frêles flacons, dont l’âme translucide
Garde enclose une flore en des fonds souterrains,
Tous nos songes voués aux fuites des Destins
Se dégagent ainsi que des vapeurs d’acide.
Nuages d’épouvante et lacs de suicide
Se remémorent en moiteurs de vieux étains,
Et s’y nuancent les crépuscules déteints
Où le feu brusque d’une gemme se décide.
Défaillant sous le faix de subtiles langueurs,
Les fleurs, tièdes encor de l’étreinte des cœurs,
Tombent lasses, et frissonnantes d’être aimées.
Et pour inscrire mieux l’isolement natal
En la détresse des corolles refermées
Des pleurs se sont figés aux veines du cristal.
***
Calices dont l’arôme a dû mourir un soir,
Orchidée en souffrance auprès d’ombelles roses,
Colchiques épandant d’adorables chloroses,
Toute votre âme a fui, comme d’un encensoir.
Notre cœur attendri se fait un reposoir
En ces vagues pays aux frimas d’argyroses,
Sous le défeuillement des pétales moroses
Où le parfum du rêve enfui semble surseoir.
646Et c’est vous nos désirs, nos aveux et nos frères,
Fleurs bavant le poison de vos sèves, fleurs mièvres,
Closes en un jardin enchanté de Klingsor.
Et ces relents qu’enferme une agate pâlie,
Mon vers en veut aussi perpétuer l’essor
En des brumes de songe et de mélancolie