Résumé : Théophile de Viau s’inspire de Lucrèce, qui prescrit au sage épicurien d’éradiquer l’amour. Mais il introduit l’imagination dont la physique épicurienne se passait pour expliquer la formation du désir. Sa poétique est donc doublement transgressive : à l’égard de l’idéalisation pétrarquiste par l’expression du désir sexuel, à l’égard de la sagesse épicurienne par l’expression des tourments amoureux. Cet usage paradoxal de la source lucrétienne fonde la poésie libertine du xviie siècle.