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Classiques Garnier

Préface

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Lettres persanes. D'après les manuscrits du château de la Brède
  • Pages : 5 à 6
  • Réimpression de l’édition de : 1913
  • Collection : Société des Textes Français Modernes, n° 85
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782406103486
  • ISBN : 978-2-406-10348-6
  • ISSN : 2777-7715
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10348-6.p.0023
  • Éditeur : Société des Textes Français Modernes
  • Mise en ligne : 06/03/2020
  • Diffusion-distribution : Classiques Garnier
  • Langue : Français
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PRÉFACE



Je rae fais point ici d'~p~îlre dédicatoire, et je cae demande point de protection pour ce livre : on le lira, s'il est bon; et, s'id est mauvais, je ne nre soucie pas ~u'vrz le lise.
5 J'ai détaché ces prem.ieres lettres pour essayer le goîet du
public; j'en ai ura ,grand raolcabre d'autres dans rcton porte-
feuille, quc je pourrai titi daaner dans la suite.

Mais c'est d condition que je rae serai pas connu :car, si l'oca vient ia sçavoir mon noua, dés ce moment je ~nae tais. Je convois
io une femme qui marche assel bie~r, mais qui boite dés qu'ara la retarde. C'est assez des défauts de l'ouvra;e, sans que je présente encore ra da critique ceux de rua personne. Si l'on sçavoit qui je saeis, on di.roit : «San livre jute avec soya cærac- tére ; il devrait employer soir. teins n quelque cbese de mieux
~S cela m'est pas diane dura ho~narne ;rave. »Les critiques rre naacagraent jamais ces sortes de réfléxions, parce qu'osa les peut faire sacas essayer beaucoup soca esprit.
Les Persans qui écrivent ici éloiecat lovés avec moi ; nous passions notre vie ensemble. Comme ils me regardaient comme
so urz bomcrae d'u~z autre monde, ils tze nae cacboieczt rien. Eu e~et, des gens transplantés de si loin rte pouvoiecat plus avoir de secrets. Ils rase comnucniquoient la plîcpart de leurs lettres; je les copiai. J'eu suc~ris même quelques-unes dont ils se seraient bien gardés de nae faire confidence, tn~:t elles étaient
z5 mortifiantes pour la vanité et la jalousie persnrre.
24 6 LETTRES PERSANES
Je ne fais dorze que l'office de traducteur :toute rua peine a été de mettre l'ouvrage d nos mcLnrs. J'ai soulagé le lecteur du langage asiatique autant que je l'ai pîr, et l'ai sauvé d'une infinité d'expressions sublimes, qui l'auraient ennuyé jusques
3o dans les mues.
Mais ce m'est pas tant ce que j'ai fait pour lui. j'ai retran- ché les longs complimens, dont les Orieaataux ne sont pas moins prodigues que nous, et j'ai passé urr nombre ir~ni de ces minuties qui ont tant de peine d soutenir le grand jour, et qui
35 doivent toujours mourir entre deux amis.
Si la plîzpart de ceux qui mous ont donné des recueils de lettres avaient fait de mënte, ils artroient vu leur ouvrage s'évanouir.
Il y a une chose qui m'a souvent étonné :c'est de voir ces
4o Persans quelquefois aussi instruits que moi-même des mæurs et des nzanieres de la Nation, jusqu're en connaître les plus fines circonstances, et iz remarquer des choses qui, je suis sûr, ont dchappé h bien des Allenzans qui ont voyagé en France. j'attribue cela au long séjour qu'ils y ont fait ; sans compter
4s qu'il est plus facile à un Asiatique de s'instruire des mczurs des Français dans Zen an, qu'il ne l'est n urz Français de s'in- struire des nrceurs des Asüttiques dans quatre, parce que les uns se livrent autant que les antres se communiquent peu.
L'usage a permis d tout traducteur, et mënre au plus bar-
ço baie commentateur, d'orner la tëte de sa version, ou de sa glose: du panégyrique de l'original, et d'en relever l'utilité, le mérite et l'excellence. Je rze l'ai point fait ; on en devinera facilement les raisons. Une des meilleures est que ce serait une chose trés-ennuyeuse, placée dans un lien déjh trés-erruuyeux de
SS lui-nrênte : je veux dire une Préface.