1735

24 août : naissance à Metz de Claude-François-Adrien de Lezay-Marnésia, fils de François-Gabriel de Lezay-Marnésia et Charlotte-Antoinette de Bressey. De son enfance bucolique, il conservera une tendre nostalgie : « Dès ma plus tendre jeunesse, ce sont les prés, les monts, les champs, les bois, les eaux qui m’ont eux-mêmes parlé. Élevé à la campagne, j’en ai respiré l’amour. Environné de jardins que l’on commençait à créer, je devins aussi jardinier ; un petit paysan de mon âge fut le compagnon de mes riants travaux […]. Ils ont rapidement coulé, ces jours d’innocence et de bonheur ; mais le souvenir m’en reste. Je l’ai porté dans les villes, dans les camps ; et parmi les fatigues, les agitations, les études de la guerre, les images champêtres venaient encore me charmer » (Essai sur la nature champêtre, Paris, Prault, 1787, p. 4-5).

1747

26 février : Lezay-Marnésia débute dans l’armée comme lieutenant du régiment du Roi-Infanterie. Il devient enseigne le 25 août 1755.

1759

24 février : Lezay-Marnésia devient capitaine.

15 juillet : il publie un article intitulé « Maraudeur » dans le Journal encyclopédique (p. 50-56). Cet article est repris en 1765 dans l’article « Voleur » de l’Encyclopédie.

1763

Lezay-Marnésia rédige un éloge de Sully pour le concours du prix d’Éloquence de l’Académie française.

1766

Publication de sa première œuvre : L’Heureuse famille, conte moral (Genève et Nancy, Leclerc).

3 mars 1766 : Lezay-Marnésia épouse en l’église Saint-Sauveur de Verdun Anne-Marie-Claudine, marquise de Nettancourt-Vaubecourt. La cérémonie est célébrée par l’oncle de Lezay-Marnésia, Louis-Albert, évêque d’Évreux, en présence de l’oncle de la mariée, Jean de Nettancourt d’Haussonville, marquis de Vaubecourt, commandant de la citadelle de Verdun.

1767

Lezay-Marnésia est admis à la Société Royale des Belles-Lettres de Nancy. Il y prononce son discours de réception le 20 octobre.

1768

5 avril : naissance à Moutonne de l’aînée des enfants Lezay-Marnésia, Adrienne-Gabrielle-Françoise-Claudine.

1769

Lezay-Marnésia est fait chevalier de Saint-Louis. La même année, il est forcé de prendre son congé de l’armée avec le rang de maréchal des camps et armées du roi, en raison de son hostilité aux réformes militaires de Choiseul en matière de fixation des effectifs et du nombre des officiers ainsi que de recrutement, d’encadrement et de réorganisation des corps. Les causes exactes de son désaccord avec Choiseul ne sont pas connues mais il semble que l’élargissement de la base sociale de la sélection des officiers ait joué un rôle prépondérant dans son opposition : Lezay-Marnésia voyait dans la carrière des armes l’apanage de la noblesse et dans cet élargissement un empiètement sur les prérogatives de son ordre. Après sa démission, il partage son temps entre le château de Nettancourt apporté en dot par sa femme, sa résidence du faubourg Saint-Germain, rue des Petits-Augustins, et sa propriété de Moutonne, près de Lons-le-Saulnier.

9 août : naissance à Moutonne du deuxième enfant des époux Lezay-Marnésia, Adrien-Paul-François-Marie.

1772

5 juin : naissance à Moutonne du troisième enfant des époux Lezay-Marnésia, Albert-Madeleine-Claude.

1775

Lezay-Marnésia devient membre de l’Académie de Lyon. Il traduit en français la deuxième édition de The Naturalist’s and Traveller’s Companion de John Coakley Lettsome (1744-1815) sous le titre : Le Voyageur naturaliste, ou Instructions sur les moyens de ramasser les objets d’histoire naturelle et de les bien conserver. Sa traduction paraît à Amsterdam et Paris.

1777

Lezay-Marnésia devient chevalier dans l’ordre de Saint-Georges de Bourgogne.

12 mars : il est élu à l’unanimité membre associé à l’Académie de Besançon. Il en devient membre à part entière en janvier 1778, puis président durant l’année 1779.

1778

16 février : décès à Lons-le-Saunier de François-Gabriel de Lezay-Marnésia. Lezay-Marnésia devient prévôt de Grandvaux et le reste jusqu’en 1792, date de suppression de cette dignité. La même année, il publie l’Essai sur la minéralogie du bailliage d’Orgelet en Franche-Comté (Besançon et Paris, Charmet et Mérigot Jeune, 1778).

1779

Lezay-Marnésia aide le révérend Martin Sherlock à rédiger en français ses Lettres d’un voyageur anglais et ses Nouvelles lettres.

1782

Lezay-Marnésia devient membre de la loge des Neuf Sœurs, à Paris, dans laquelle Voltaire, Franklin et John Paul Jones avaient été admis en 1778. Il en restera membre jusqu’en 1785.

1784

Publication de la première édition du Plan de lecture pour une jeune dame (Paris, Prault). Lezay-Marnésia devient membre de la loge maçonnique La Sincérité, à Besançon.

1785

Décès de Charlotte-Antoinette de Lezay-Marnésia. Lezay-Marnésia reçoit de son oncle le château de Saint-Julien où il s’installe avec sa femme. Publication chez Prault du Bonheur dans les campagnes, d’abord imprimé en décembre 1783.

1786

17 juin : mariage d’Adrienne de Lezay-Marnésia avec Claude, comte de Beauharnais. Leur fille, Stéphanie-Louise-Adrienne de Beauharnais (1789-1860) sera adoptée par Napoléon Ier, devenant ainsi « Princesse française ».

Le 8 avril 1806, elle épouse Charles II, grand-duc de Bade (1786-1818).

1787

Publication de l’Essai sur la nature champêtre (Paris, Prault). Nomination à la présidence du district du Mont-Jura. Lezay-Marnésia fonde à l’usage de ses domestiques dans le château de Saint-Julien une loge maçonnique dont il est le Vénérable.

1788

Rédaction du ballet héroïque Apelle et Campaspe, mis en musique par Laborde, Piccinni et Lacépède (ce texte est publié dans l’édition de 1800 des Paysages, ou essai sur la nature champêtre, Paris, Louis). Seconde édition du Bonheur dans les campagnes (Neufchâtel et Paris, Royez).

27 avril : publication dans le Journal de Paris (118) du poème allégorique « Les Lampes », en l’honneur de Montesquieu, Voltaire, Rousseau et Buffon (ce texte est publié dans l’édition de 1800 des Paysages, ou essai sur la nature champêtre). Lezay-Marnésia finance la publication du Mémoire au peuple français, rédigé par son ami Joseph-Antoine-Joachim Cerutti.

1789

3 août : naissance de la Compagnie du Scioto.

16 août : Lezay-Marnésia est élu député de la noblesse aux États généraux par le bailliage d’Aval.

4 septembre : Lezay-Marnésia recommande à la Chambre le véto suspensif du roi. Le texte de son intervention est publié en 1789 sous la forme d’un document de quatre pages : Idée d’un député du bailliage d’Aval sur la permanence de l’Assemblée Nationale.

25 juin : il rejoint les députés du Tiers-État.

Octobre 1789 : Lezay-Marnésia s’installe à l’Hôtel Royal, rue Neuve Saint Marc à Paris.

Du 3 septembre au 20 octobre : il est membre du Comité des Recherches, qui s’occupe des dénonciations de complots contre l’ordre public.

9 novembre : dans une lettre adressée à sa femme, il envisage de s’installer en Nouvelle Angleterre.

10 décembre : il s’oppose à une proposition réclamant que soient passibles de la peine de mort ceux qui exportent le grain à l’étranger.

24 décembre : il s’oppose à l’admission des comédiens aux fonctions administratives.

1790

14 janvier : Lezay-Marnésia achète à la Compagnie du Scioto 20 000 acres pour lui et 1000 acres pour sa fille.

Le 15 janvier, il acquiert 1000 acres supplémentaires et 100 de plus le 11 février.

24 janvier : première assemblée de la Société des Vingt-Quatre. La Société en tiendra neuf jusqu’au 10 février 1790.

5 février : Lezay-Marnésia intervient à l’Assemblée à propos de la division du royaume en départements afin de demander le renvoi de cette décision.

19 avril : Lezay-Marnésia signe la déclaration en faveur de la religion catholique comme religion d’État.

26 mai : date de sa démission de l’Assemblée nationale.

25 mai : départ depuis Le Havre du Nautilus of Scarborough. Parmi les 119 passagers se trouvent Lezay-Marnésia et son fils cadet, Albert, ainsi que soixante personnes recrutées par le marquis.

4 juin : mort à Lons-le-Saunier de l’évêque d’Évreux, oncle de Lezay-Marnésia.

29 juillet : arrivée à Alexandria (Virginie) du Nautilus of Scarborough.

Mi-août : Lezay-Marnésia se rend à Philadelphie et New York où il est reçu par Washington, Adams, Hamilton, Jefferson et Madison.

Septembre : Lezay-Marnésia et son fils rejoignent Pittsburgh puis s’embarquent sur l’Ohio.

Début novembre : arrivée à Marietta (aujourd’hui dans l’état d’Ohio). Lezay-Marnésia s’y installe en attendant que les terres acquises par la Société des Vingt-Quatre à l’embouchure du Scioto soient arpentées et défrichées.

15 novembre : première lettre des Lettres écrites des rives de l’Ohio, adressée au chevalier de Boufflers. Le même jour, il rédige une lettre annonçant son retrait de la Société des Vingt-Quatre et sa décision de fonder un établissement indépendant du sien.

1791

Printemps : départ de Lezay-Marnésia pour Pittsburgh, où il achète une propriété sur les rives de la Monongahela, « Azile ».

16 août : décès à Saint-Julien d’Adrienne de Beauharnais.

2 novembre : deuxième lettre des Lettres écrites des rives de l’Ohio, adressée depuis Pittsburgh à Bernardin de Saint-Pierre.

4 novembre : déroute du général Arthur Saint Clair à la bataille de la Wabash, face à une coalition de tribus amérindiennes. Les terres achetées par Lezay-Marnésia et les autres membres de la Société des Vingt-Quatre, situées dans la région la plus exposée du conflit, sont inaccessibles tant que la paix n’est pas rétablie.

Décembre : après avoir vendu « Azile », Lezay-Marnésia se rend à Philadelphie avec son fils et Pierre Audrain.

15 décembre : troisième lettre des Lettres écrites des rives de l’Ohio. Elle est adressée depuis Philadelphie à Adrien de Lezay-Marnésia.

1792

Janvier : Lezay-Marnésia et son fils apprennent à Philadelphie le décès d’Adrienne de Beauharnais, survenu l’été précédent. Mars : Victime de graves difficultés financières, Lezay-Marnésia échappe de peu à l’emprisonnement pour dettes grâce à l’intervention d’Albert auprès du comte Andreani.

24 avril : Lezay-Marnésia écrit à son épouse depuis Philadelphie pour lui annoncer son départ pour Londres et sa décision de s’installer en Suisse sans repasser par la France.

Mai : Lezay-Marnésia et son fils s’embarquent à Philadelphie. Au terme d’une traversée de vingt-quatre jours, ils rejoignent Londres où ils sont accueillis par la famille Pulteney.

20 juin : Contrairement à ce qu’il avait annoncé à son épouse, Lezay-Marnésia arrive à Paris avec son fils. Ils vivent à l’hôtel d’Orléans, 23 rue de Richelieu.

15 août : le département du Jura lève le séquestre qui avait été placé sur les biens de Lezay-Marnésia.

20 août : lettre de Lezay-Marnésia à sa femme dans laquelle il lui annonce sa décision de rentrer sur ses terres du Jura.

22 août : Adrien de Lezay-Marnésia retrouve son père et son frère à Paris.

11 septembre : Lezay-Marnésia fait part à sa femme des négociations entreprises pour céder une partie de ses domaines. Elles aboutissent à la vente de ce qui lui reste des terres de Moutonne, Présilly et Grandvaux.

13 septembre : Lezay-Marnésia et son fils prêtent le serment de fidélité à la Constitution exigé par l’Assemblée nationale législative ; le 16, ils obtiennent un passeport pour quitter Paris.

18 novembre : Lezay-Marnésia et ses fils arrivent à Saint-Julien.

1793

Début de l’année : Lezay-Marnésia se querelle avec ses fils. Adrien et Albert le quittent pour se rendre à Paris, quelque temps après l’exécution de Louis XVI. Lezay-Marnésia demeure à Saint-Julien où il vit dans un grand dénuement.

1794

Mars : Lezay-Marnésia est arrêté à Saint-Julien. Emprisonné deux semaines dans l’hôtel de ville de Lons-le-Saunier, il est transféré le 28 mars à Besançon. Il est détenu aux Capucins jusqu’au 15 juin puis, à partir de cette date, à la prison de Fleury.

30 juin : mort de l’épouse de Lezay-Marnésia, en exil à Londres. Son nom n’est rayé de la liste des émigrés que le 23 août 1801.

20 octobre : Lezay-Marnésia est libéré après avoir obtenu un certificat de civisme établi par la commune de Saint-Julien et le comité révolutionnaire d’Orgelet. Il rentre à Saint-Julien.

1797

4 septembre : coup d’État du 18 fructidor et début d’une nouvelle vague de répressions contre les royalistes et les émigrés. Lezay-Marnésia est rayé de la liste des émigrés par le département du Jura mais ne l’est pas par le département de la Haute-Saône où il possède des terres. Il émigre à Nyon puis à Lausanne. Il est fréquemment reçu par les Necker au château de Coppet où il retrouve son fils aîné.

1798

Au cours de son séjour en Suisse, Lezay-Marnésia prépare la seconde édition du Plan de lecture pour une jeune dame, augmentée de plusieurs textes (parmi lesquels le Voyage au Pays de Vaud, les Pensées littéraires, morales et religieuses et la « Lettre à M. Audrain ») et publiée à Lausanne en 1800.

15 mars : l’épouse d’Adrien de Lezay-Marnésia, Françoise-Renée, adresse une requête au gouvernement en faveur de son mari.

1799

22 avril : en dépit de l’intervention de Joséphine de Bonaparte, un arrêté du Directoire décide du maintien sur les listes d’émigrés des noms de Lezay-Marnésia et de ses fils en vertu du décret du 17 septembre 1793 relatif aux suspects. 10 novembre : un arrêté ordonne la mise sous séquestre des biens de Lezay-Marnésia.

Fin 1799 : il écrit le Voyage au Pays de Vaud, publié dans la seconde édition du Plan de lecture pour une jeune dame (Lausanne, 1800).

1800

Février : Lezay-Marnésia rédige un conte moral, L’Héroïsme de la charité.

21 mars : l’administration des biens nationaux donne l’ordre de surseoir à la vente de ses biens.

Avril : Lezay-Marnésia rentre à Besançon.

9 novembre : Lezay-Marnésia meurt dans un dénuement complet, sans avoir achevé son dernier ouvrage, L’Action des principes de la religion et de la véritable philosophie. Son nom est radié de la liste des émigrés le 18 juin 1801.