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Classiques Garnier

Oscillations d'Apollinaire entre typographie et calligraphie

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Lettres à l’œuvre. Pratiques lettristes dans la poésie en français (de l’extrême contemporain au Moyen Âge)
  • Auteur : Corpataux (Matthieu)
  • Résumé : Une étude typographique des « versions » préparatoires ou éditées des Calligrammes reste à faire. En effet, le geste éditorial de transcription modifie l’œuvre. Apollinaire, conscient de cette problématique, anticipe les interventions éditoriales, adapte son dessin, négocie avec les contraintes techniques. Il conditionne ses créations aux contextes éditoriaux, et parfois renonce à une transcription. Dès 1913, il oscille entre reproduction typographique et affirmation calligraphique.
  • Pages : 161 à 185
  • Collection : Rencontres, n° 587
  • Série : Confluences littéraires, n° 7
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406149545
  • ISBN : 978-2-406-14954-5
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14954-5.p.0161
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 23/08/2023
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Calligrammes, mise en page, disposition, éditorialité, édition, reproduction, réception, matérialité
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OSCILLATIONS D APOLLINAIRE
ENTRE TYPOGRAPHIE ET CALLIGRAPHIE

Dès 1913, Guillaume Apollinaire, dans sa recherche de nouvelles formes, se voit confronté à des enjeux de production quil avait sous-estimés. Particulièrement durant la guerre où nombre de typographes sont mobilisés. Fort dune maîtrise du dessin, il oscille, à plusieurs reprises, entre une reproduction typographique insatisfaisante et une affirmation calligraphique.

Avant de rappeler son rapport au dessin, ses expériences éditoriales (dune réussite variable) et dexposer les raisons contextuelles qui lont mené à tant dhésitations, il convient de dire un mot sur la démarche scientifique qui est sous-jacente à cet article. Une approche typographique des œuvres, et plus particulièrement une étude de lintervention éditoriale dans le processus de production et de reproduction des poèmes visuels, est relativement rare dans le champ des études littéraires. Cela sexplique, en premier lieu, par la difficulté à accéder aux documents de préparation – comme les manuscrits, épreuves, éditions préoriginales. Lœuvre dApollinaire est presque une exception grâce à la numérisation du projet HyperApollinaire1 et à une publication de référence, riche et claire, dirigée par Claude Debon2, qui présente côte à côte, de manière systématique, les différentes étapes de création des Calligrammes. Mais louvrage se veut avant tout historique et sommairement descriptif – Claude Debon sabstient 162de faire une étude des conséquences de lintervention typographique tout en reconnaissant son importance :

Plus mes recherches avançaient, plus je mapercevais en effet que la mise en page du recueil, la disposition des vers, les blancs, entre les mots et même entre les caractères, étaient essentiels, et malheureusement négligés par la plupart des éditeurs3.

Ces négligences déditeurs sur la disposition typographique sont fréquentes et peu de travaux se proposent den faire une étude approfondie quand bien même ils en reconnaissent limportance. Cest le constat que faisait Goldenstein il y a plus de vingt ans quand il se proposait de faire une analyse pointue des variations textuelles de « Lettre-Océan » mais avouait sacrifier volontairement lanalyse typographique faute de connaissance technique4. Quelques amorces me sont apparues dans un article de 1982 de Michel Collot qui revient sur le geste de correction typographique de Pierre Reverdy5 ; dans limportant travail darchives mené sur le Coup de dés par Thierry Roger6 ; ou plus récemment, sur une dizaine de lignes, sous lentrée « Typographie », dans le Dictionnaire Apollinaire dirigé par Daniel Delbreil7.

Bien sûr, une analyse typographique exhaustive des Calligrammes est impossible dans le cadre de cette modeste contribution et cest certainement davantage une réaffirmation des enjeux contextuels, ainsi quune certaine méthode – une approche – que je souhaite défendre ici : cette approche typographique des textes soulève de nombreuses problématiques nouvelles quant à la matérialité8, à lauctorialité, aux conditions de production et de réception entre autres.

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Dans le cadre de cette étude, je me propose dexplorer les fluctuations apollinariennes entre calligraphie et typographie. Suivant Jérôme Peignot, Roger Druet9, Robert Hamm10 ou encore Ségolène Le Men11, je prendrai ce terme de calligraphie au sens de création de beauté par lécriture. Je ne vais pas le réduire au sens étroit de son utilisation courante mais bien le déployer dans sa dimension décriture esthétisée par sa forme et par sa disposition. En ce sens, la notion de calligraphie peut se trouver extrêmement proche de celle, construite par Apollinaire, de calligramme. Souvent, le terme calligramme recouvre en réalité deux techniques sans les distinguer : la plume ou le caractère imprimé. Dans ce texte, je mobiliserai le qualificatif calligraphique au sens de production manuscrite (autographe) ; et le qualificatif typographique pour couvrir toutes les productions ayant eu recours à des caractères dimprimerie formatés12.

Ces oscillations que je convoque se comprennent par la variété des techniques déployées par Apollinaire dans la création des poèmes visuels13, par ses tentatives déditions artisanales, les négociations avec les typographes, imprimeurs, éditeurs, par ses hésitations et renoncements, 164qui nous permettent de mesurer à quel point la création est en mouvement et se fait en réaction au contexte de production. Apollinaire na pas toujours lentière maîtrise de toutes les étapes de la production. Michel Murat évoque cet écart entre « lintention et la réalisation14 », quil qualifie de « contingence irréductible15 ». À plusieurs reprises, le poète a dû céder devant telle ou telle infidélité de reproduction typographique trop compliquée à réaliser avec les outils de lépoque ou faute de compétences suffisantes de la part des « ouvriers du livre16 ». Mon hypothèse de départ17 était quApollinaire, déçu dune réalisation qui laisse parfois à désirer, sest éloigné dune reproduction typographique pour revenir à une production manuscrite-calligraphique. Un mouvement de va-et-vient de dessin à typographie puis de typographie à dessin, qui lamène à penser que les Calligrammes sonnent la fin de lère typographique, comme il lécrira dans une célèbre lettre à André Billy, trois mois avant sa mort.

Après des recherches plus approfondies, ce parcours ma semblé moins linéaire que je lavais imaginé et je réaffirme la dialectique offerte par ce concept doscillations qui permet de faire concourir à la fois les frustrations du poète et sa polyvalence. Cette idée doscillation me vient également du vocabulaire de lindustrie de limprimerie. Loscillation est considérée comme un danger. Un « rouleau qui oscille » laisse des traces, ce qui est le péché capital de limprimeur, traces quon appelle aussi images fantômes. Avant de nous mettre en quête de ces traces laissées par les imprimeurs, les typographes ou le poète, quelles soient concrètes ou métaphoriques, résumons deux ou trois éléments-clés sur le lien quApollinaire entretenait avec le dessin.

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Le dessin

Comme le rappelle Laurence Campa, Apollinaire a commencé le dessin très tôt et a beaucoup dessiné18 sans jamais renoncer à cette pratique tout au long de sa vie. Peter Read formule même quil était un « Dessinateur et [un] peintre avant dêtre poète et critique, [et qu] il continuera, sa vie durant, dans ses carnets et ses manuscrits, dalterner et dentremêler écriture et images19. » Plutôt adepte du croquis, présent par centaines dans ses manuscrits et ses carnets20, il samuse à ajouter de petits dessins en marge de ses lettres, de ses cartes postales21et même sur les épreuves22. Néanmoins, Claude Debon précise :

On constate cependant que peu de dessins sont “autonomes”, cest-à-dire isolés sur un support de telle manière quon puisse affirmer quils ont été conçus comme des œuvres séparées. Les aquarelles au contraire possèdent cette autonomie. La plupart des dessins sont associés à un texte écrit23.

Il a produit également un « nombre important de peintures et de dessins, souvent signés et datés, dune facture plus aboutie24 ». Michel Décaudin complète en rappelant quApollinaire maniait autant le crayon que la plume ou laquarelle, Claude Debon signale des décalques25, un intérêt précoce pour les idéogrammes26, et Ron Padgett des col166lages27. À cette diversité de techniques, il faut ajouter une diversité de sujets : portraits et paysages en majorité28, mais également objets du quotidien, scènes de guerre, et iconographie médiévale29 notamment pendant sa période dagent de liaison en 1915… Apollinaire fait dessin de tout bois.

Sans même mentionner son travail de critique dart, de curateur ou sa propension à se faire tirer le portrait par tous ses amis30, Apollinaire a eu la tentation, à plusieurs reprises, daccompagner son écriture dillustrations de sa main : la page de couverture du Poète assassiné, finalement confiée à Cappiello31 ; LEnchanteur pourrissant, mais ce sont finalement des gravures dAndré Derain qui sont retenues ; Le Bestiaire, mais il laisse rapidement à dautres le soin des images (Picasso est espéré mais refuse, ce sont finalement les gravures de Raoul Dufy qui accompagneront les poèmes32). Auxquels on peut ajouter évidemment les Calligrammes, qui, rappelons-le, sétaient nommés à leurs prémices, comme unerevendication, Et moi aussi je suis peintre. Des poèmes quil a dailleurs voulu colorier à plusieurs reprises.

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Lexpérience éditoriale

Apollinaire aurait bien pu déclarer « Et moi aussi je suis éditeur » tant il accordait dimportance au suivi éditorial de ses livres, que ce soit dun point de vue textuel ou typographique, jusquà sagacer des épreuves qui tardent33, voire à se dire choqué lorsquun éditeur oublie de faire valider les copies dépreuves34. Régulièrement, il assiste au travail éditorial, intervenant largement sur les épreuves avant impression35, le geste éditorial le plus connu restant la suppression de la ponctuation lors de la correction des épreuves dAlcools36. Plus encore, Apollinaire a connu plusieurs petites expériences éditoriales. Lune des principales est évidemment sa participation, dès 1912, aux Soirées de Paris, où il prend, à partir du mois de novembre 1913, davantage de responsabilités – ce qui lamène à travailler directement avec Dimitri 168Snégaroff37, imprimeur à lUnion. Cest peut-être ce contact, cette proximité avec limprimeur et avec les machines qui lui donnent lidée et les outils pour imaginer sa Lettre-Océan, publiée en juin 1914, en plus, de lesthétique futuriste dont Apollinaire est familier. Cest la première œuvre calligrammatique dApollinaire. Quatre nouvelles tentatives idéogrammatiques paraissent dans les numéros 26 et 27 du 15 juillet 1914 des Soirées de Paris38. Ces cinq poèmes sont tous typographiés. Ébauchés à la main, ils sont retranscrits à la machine – Apollinaire a loccasion de suivre au plus près la transcription en caractères dimprimerie. Cependant, pour sa plaquette à venir(Et moi aussi je suis peintre), il laisse à Férat le soin dorganiser lédition, la correction des épreuves et la couverture39 ; il se fend tout de même dun petit schéma qui indique la disposition dÉcoute sil pleut40, indice de la conscience naissante de la figuration typographique comme élément constitutif du poème. Durant la guerre, une seconde fois, il délègue à une personne de confiance le suivi éditorial dun texte à paraître en revue41 : « Je te prie, aussi, mon cher Fernand, den bien corriger les épreuves. Je suis en ce moment en pleine forêt marécageuse42. »

Si, durant la guerre, il ne soccupe plus beaucoup de typographie43, il produit, dès janvier 1915, un très grand nombre de poèmes, notamment 169figuratifs, et fait de nombreuses expérimentations calligraphiques44. Son engagement militaire sur le terrain (dès le 16 avril, il est déployé comme agent de liaison), porté par un sentiment chevaleresque et un émerveillement des obus largement commentés, allume ses ardeurs créatrices et amorce une période dintense production. Sur son écriture, Apollinaire déclare, non sans fierté : « Jai trouvé des méthodes de poésie nouvelles, plus épatantes et bien plus compliquées45. » Compliquées certes, mais il ne sait pas encore à quels obstacles techniques cela va le confronter.

Le 1er juin, il annonce son intention de fabriquer un « petit bouquin46 ». Il sagit bien sûr de la Case dArmons qui ne pourra être tirée, précise-t-il dans sa lettre à Louise de Coligny, quà 112 exemplaires au maximum. Nous le verrons, cette précision est importante et sans doute négligée.

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Case d Armons

On sait quApollinaire a fabriqué Case dArmons de manière totalement artisanale, avec laide de ses camarades Bodard et Berthier à proximité du front47, en empruntant un « duplicateur stencil » que larmée utilisait pour limpression des papiers militaires48. LAvertissement de la maquette préparatoire donne des indications de fabrication :

La 1re édition à 25 exemplaires de Case dArmons a été polygraphiée sur papier quadrillé, à lencre violette, au moyen de gélatine, à la batterie de tir (45e batterie, 38e Régiment dartillerie de campagne) devant lennemi, et le tirage a été achevé le 17 juin49.

Je me propose dajouter une précision, car cela na jamais été dit : le procédé utilisé sapparente très fortement à celui dun hectographe50. Cette technique assez simple, quun amateur pourrait facilement prendre en main, sutilise à laide dune plaque de gélatine, aussi appelée pâte à copier51, produite à partir de matériaux peu coûteux et trouvables en temps de guerre : de leau, de la glycérine et de la gélatine. La particularité de cette technique est quil nest pas possible de ré-encrer la surface gélatineuse, elle sépuise, ce qui limite donc le tirage à une centaine dexemplaires (doù le nom), comme Apollinaire lindiquait à Louise. Lencre violette de la Case dArmons correspond aux encres anilines habituellement utilisées avec un hectographe.

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Cette expérience dapprenti imprimeur a certainement dû être frustrante pour Apollinaire. Le tirage final ne représente quun quart de ce qui était espéré, lobjet est fragile52 et le résultat laisse à désirer. Un commentateur anonyme du Mercure résume :

Grande importance de la pâte à copier. – [] Lun des phénomènes curieux auxquels cette guerre a donné naissance est la publication, par des soldats du front, de journaux destinés aux soldats du front. On désigne ces gazettes éphémères et intermittentes sous le nom de journaux de tranchées. En réalité, elles ne sont rédigées ni imprimées dans les tranchées. Elles voient le jour à larrière, dans les villages ou les villes où les combattants viennent prendre du repos. [] À vrai dire, laspect général en est peu agréable à lœil, le tirage étant trop souvent défectueux. Mais la fantaisie y est extrême53.

Seuls vingt-cinq exemplaires seront tirés avec succès. Son regret se comprend sans trop de détour dans ses lettres, comme celle écrite à Toussaint Luca : « Et en tout il ny a que 25 exemplaires. On na pas pu en tirer plus54. » Un commentateur du Mercure de France, devant la pauvre qualité des productions, estime quaprès la guerre, les écrivains retourneront à leur table décriture et les typographes à leur atelier55. On ne peut lui donner tort dans le cas dApollinaire, qui envisage immédiatement une meilleure édition56. Le 13 janvier 1916, il annonce à André Breton une parution prochaine au Mercure57. Désormais son 172but est clair : il veut une édition de bonne facture de ces créations de soldat, une édition typographiée et colorée58 – oscillation entre dessin et caractères dimprimerie.

Il nomme ce nouveau projet Poèmes de la guerre… mais cest un nouvel échec. Ses nouvelles responsabilités, plus près du front59, puis bientôt sa blessure à la tête, enterrent ce projet. Selon Claude Debon, la complexité technique des compositions typographiques ny est pas étrangère non plus60. Dès avril 1916, en convalescence à Paris, malgré une grande fatigue, il prépare le projet des Calligrammes61.

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Lédition des Calligrammes

Le projet éditorial des Calligrammes a été long et fastidieux. Dans un premier temps, il cherche à rassembler, comme il peut, les poèmes dispersés (Louise de Coligny refuse de lui en rendre certains), récupère certains poèmes davant la guerre, dautres publiés en revue. Plusieurs calligrammes de Case darmons sont tellement mal conservés quils auraient été perdus sans des copies de Madeleine Pagès62. Malgré ces difficultés, il reste confiant : en mars 1917, il indique à Breton que le projet est lancé et paraîtra au Mercure63. Mais Apollinaire avait surestimé la qualité des compositions qui était, selon le mot de Laurence Campa, catastrophique64, il doit recommencer. Laurence Campa résume :

Que faire ? Reproduire tous les calligrammes en fac-similé, ce qui risquait daugmenter considérablement les frais dimpression ?

Faire un choix et abandonner ceux qui résistaient à la composition était hors de question. Le poète prit le parti de décider, au cas par cas, quelle pièce serait composée et quelle autre resterait autographe65.

En octobre, il signale que le livre est en cours dimpression66 et en novembre quil « corrige les retouches67 ». En janvier 1918, les poèmes sont à nouveau sous presse et Apollinaire sagace du temps infini que mettent les imprimeurs à terminer le travail68, retardé encore par 174la crise des transports en avril qui bloque les livres à Poitiers chez limprimeur Roy69. En indiquant toutes ces étapes, et le suivi au jour le jour dApollinaire, on pourrait croire que le poète a eu la pleine maîtrise sur la composition typographique ; et que la publication est fidèle à ce quil avait imaginé. Ce nest pas le cas70 :

[] la composition typographique de certains calligrammes ayant posé problème, ils sont finalement reproduits par clichage, dans leur version manuscrite : cest le cas de quatre poèmes de la section “Cases darmons” (“1915”, “Carte postale”, “Madeleine” et “Venu de Dieuze”) : il en va de même pour un calligramme antérieur à la guerre, “La Mandoline, lœillet et le bambou”71.

Cest une nouvelle déconvenue72. Face à ces difficultés, il prévient Germaine Bongard que la préface au catalogue de lexposition Survage-Lagut sera « autographiée non typographiée73 ». Cest une succession de déconvenues éditoriales, dans un contexte de guerre compliqué, qui lamène à prendre cette décision. Sans doute quApollinaire sait 175parfaitement, comme laffirme Willard Bohn, que « nimporte quelle déviation par rapport au manuscrit originel [] déforme la signification du poème74 ». Cette constatation est particulièrement vraie pour un calligramme. Claude Debon défend la même idée : « Cette contrainte technique a une conséquence sur la conception globale de ce quest un poème, et sur la perception que peut en avoir le lecteur : ces versions manuscrites véhiculent des connotations de réalisme, deffet visuel, dauthenticité et de présence du sujet écrivant75. » Je suis particulièrement daccord avec Claude Debon sur le fait que le rendu calligraphique ou typographique ne produit pas les mêmes effets et donc ninvite pas aux mêmes interprétations – autrement dit, cet élément de production conditionne lherméneutique des œuvres.

Oscillations herméneutiques

Les différentes versions dune même œuvre – manuscrit, épreuves, préoriginales, éditions, rééditions – présentent quelquefois des différences telles que lon peut se poser la question du statut de chacun de ces documents. Œuvre distincte ou dérivée, la fidélité typographique joue un rôle décisif dans la perception des poèmes visuels du moment quon les considère comme des œuvres plastiques sinscrivant dans un champ et une tradition darts visuels. Les typographes ont ainsi une responsabilité particulière qui leur confère même, à quelques occasions, le statut de co-créateur de lœuvre. Prenons un exemple très concret pour illustrer cet argument ici.

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Fig. 1 – Guillaume Apollinaire, « La petite auto »,
Paris, 1915, Stiftung Arp e.V., Berlin/Rolandswerth.
© Stiftung Arp e.V., Berlin/Rolandswerth.

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Le manuscrit de La Petite Auto est composé à la fin de lété 1914, probablement quelques jours après les événements mentionnés dans le poème. Il sera le premier poème de la seconde section des Calligrammes,« Étendards ». Typographiquement, il présente deux organisations différentes. Une première simple et standard, linéaire, alignée à gauche. Et une seconde avec le calligramme annoncé par le titre, aux deux tiers du poème, qui figure lauto dune vue latérale et une route dont la perspective nest pas réaliste (dans un système euclidien du moins, mais tenons-nous en à ça). Le manuscrit original donne à voir trois personnages dont un conducteur au volant sur une sorte de char sans toit (fig. 1). Les deux cercles dessinant les roues étant particulièrement en arrière, leur position sera rééquilibrée dans les prochaines versions. Notons dailleurs quavec de bons yeux, on distingue quelques traces dun gabarit. Quelques légers coups de crayon comme des repères pour aligner les mots au bon endroit. Génétiquement, on peut en conclure quApollinaire a dabord esquissé un schéma avant dy injecter des lettres. Le choix des mots, leur longueur, leur taille, seront tout à fait conditionnés par lambition figurative. Néanmoins, le schéma reste simple. Gageons quApollinaire se laisse une marge de manœuvre. Dans ce document, les lignes fuyantes semblent créer une distorsion dans la figuration. Cette coexistence dun espace figuré en deux dimensions (la voiture) et dun espace figuré en trois dimensions (la route) détonne. On remarque encore plusieurs écritures scriptes différentes qui produisent des effets variables : des lettres capitales qui imitent le caractère dimprimerie (et anticipent donc leur transcription) sont présentées avec sérif pour figurer le châssis du chariot. Il y a déjà, dans la composition, la mise en place dun effet de solidité que devront assumer les caractères imprimés. Dautres lettres, minuscules, sur le bord inférieur de la route, sécrasent progressivement, dans une sorte ditalique exponentiel, sur la droite pour créer un effet de fuite en avant et de profondeur.

Malheureusement, dans la première épreuve imprimée, document issu du fonds Poissonnier de la BnF, lécrasement des lettres de la route est totalement perdu à cause du formatage rigide du caractère dimprimerie (fig. 2). La ligne supérieure de la route, très droite dans le manuscrit, gagne ici une courbure qui a tendance à enfermer la route. Leffet de profondeur est franchement difficile à percevoir.

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Fig. 2 – Guillaume Apollinaire, sans titre [« La petite auto »],
épreuve typographiée, Calligrammes (idéogrammes lyriques), BnF, NAF 25610, f. 7r. © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.

Il y a tout de même une intention de la part des typographes de distinguer les deux caractères (celui de la voiture et celui de la route) en proposant deux polices décriture assez différentes. La fonte choisie pour la route, sans que je puisse la nommer avec certitude, est plus ronde, plus fantaisiste, dans un style art nouveau assez déroutant. Les courbures sont reproduites par un positionnement non-linéaire, mais sans être très convaincantes. La police décriture retenue pour la voiture est plus sévère, plus rigide, sans doute une Elzévir. Dautres tailles de polices dérivées dElzévir sont également présentes pour les roues par exemple. Les figures humaines, relativement claires sur le manuscrit, ne se font plus reconnaître aussi facilement.

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Fig. 3 – Guillaume Apollinaire, « La petite auto »,
Calligrammes Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916), Paris, Mercure de France, 1918, Archives Beinecke (Yale University). © Matthieu Corpataux.

Il est très intéressant de constater le travail de composition – littéralement – par collage. Des morceaux de papiers sont découpés et disposés sur une nouvelle base de papier avant un clichage final. Lédition originale du Mercure de France reprend à lidentique lorganisation, les polices et les espaces du document Poissonnier (fig. 3). Mais nous remarquons une autre différence de taille avec le manuscrit original : le positionnement et lorientation de la figure dans le texte. En effet, le premier manuscrit prévoyait une figure horizontale dans un format portrait, qui sinscrit dans la continuité de la lecture du poème. Dans lédition du Mercure de France, probablement pour des questions de taille de la figure, la voiture est renversée à 90o sur la gauche afin dexploiter tout lespace typographique de la page – un renversement qui nest semble-t-il pas un… accident et qui se déploie en entier dans un format paysage qui nous aura forcé à une manipulation très concrète : un coup de volant sur le livre.

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Fig. 4 – Guillaume Apollinaire, « La petite auto », Calligrammes
Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916)
, Paris, Gallimard [édition Darantière], 1930, Archives Beinecke (Yale University). © Matthieu Corpataux.

Enfin, il est particulièrement intéressant dajouter à ces quelques remarques comparatives un quatrième document : la réédition des Calligrammes chez Gallimard en 1930, avec un travail de retranscription de Maurice Darantière (fig. 4). On ne sait pas si Darantière a pris comme base la manuscrit ou lédition du Mercure, mais sa transcription apporte son lot de modifications. Tout dabord, il réinsère la figure dans la continuité du poème, sur la même page que le paragraphe « Océans 181profonds [] laigle ne plane ». Nous remarquons un changement de police décriture : la police fantaisiste de la route est abandonnée au profit dune police beaucoup plus classique. Les polices de la route et de la voiture présentent un rendu plus proche que sur la précédente version où la différence était particulièrement marquée. La ligne de la route suit une courbure plus fluide mais qui se referme beaucoup plus tôt sur le chemin, empêchant toute projection dune profondeur. Leffet de perspective est ici perdu. Enfin, notons encore que la position de la roue avant semble terriblement détachée du châssis. Si le travail est plus propre, plus soigné, la figuration nest pas pour autant mieux réalisée. Ce qui explique probablement que les éditions modernes privilégient systématiquement la transcription du Mercure à celle de Darantière, mais le positionnement de Darantière à celle du Mercure. Cette forme hybride est celle que lon retrouve par exemple dans La Pléiade.

À cet exemple détaillé, que lon pourrait approfondir encore, je propose quelques ajouts sur dautres poèmes pour démontrer que cette problématique traverse toutes les œuvres poétiques visuelles. Ainsi, dans La Colombe poignardée et le jet deau,nous avons un bel exemple de cette différence deffets produits par la technique : à létape manuscrite76 (qui nest alors encore quun brouillon), loiseau semble plutôt obèse et assez peu menaçant ; et la forme tient ensemble sans trop de démarcation. À linverse, après lintervention typographique77, loiseau sculptural est plus impressionnant, fier, le texte dit « sextasie ». On remarque les lettres capitales à lendroit des ailes qui fonctionnent moyennement en dessin mais plutôt bien en typo. Sa gorge, déployée si lon peut dire, est plus visible que le reste du corps et focalise le regard sur la tête. Comme la colombe poignardée est une sorte de pigeon avec une tache sur le torse, la démarcation typo sert ici la figuration. De même, Apollinaire anticipe la transcription en schématisant des lignes de dessin pour servir de gabarit au typographe. Larrondi des jets retombant ne semble pas très convaincant à la main ; alors que la ductilité de la typographie donne une meilleure visibilité. Ici les 182lettres agissent comme autant de gouttes deau isolées mais participant dune même ondulation.

Le poème La Visée ne figure rien dautre que la trajectoire des balles dune exécution. Or une interprétation voudrait quil sagisse dun drapeau78. Mais cette interprétation ne tient pas lorsquon regarde le manuscrit79, où un homme-cible ressurgit dentre les morts et attire à lui, clairement, les lignes de tir. Les onze tireurs sont absents – la cible aussi, du moins dans les versions éditées. Leffet de puissance des balles est mieux amené par le caractère imprimé, de plomb, frappé sur la feuille, le signe y est plus solide et plus uniforme que les lettres manuscrites qui sont, elles, plus volatiles, plus délicates et donc moins dangereuses. La ligne est plus droite, elle frappe plus directement. Alors que dans la version manuscrite, la cible était encore dessinée, après la transposition typographique, elle a disparu. Sans doute parce quil nexiste pas de caractère dimprimerie susceptible de figurer lhomme-cible. Cest ce que jaimerais appeler un effet de plomb. Le motif de la guerre, sa dureté, sa violence mécanique et matérielle me semblent mieux rendus par les caractères de plomb que par la calligraphie. La Tour Eiffel, le clairon ou les canons dApollinaire bénéficient largement de cet effet. Prenons un dernier exemple, même si lon pourrait poursuivre ce travail sur chaque poème.

La figue l œillet et la pipe à opium 80 a été composé le 8 octobre 1914 pour Lou avec une belle aisance dans le trait et des dessins très reconnaissables. On remarque surtout lutilisation des lettres C et D pour former les deux bouts de la pipe, dans lesprit des « lettres à lœuvre ». Mais ce quil est plus intéressant de noter est lévolution de ces dessins. La pipe se réaxe dans lautre sens en modifiant la dynamique du dessin et lordre de lecture des figures. Dans une autre version, la pipe est à moitié typographiée, mélangeant solidité des caractères dimprimerie et volupté du geste de la main. Notons encore la simplification des formes de la figue et de la fleur ainsi que leur disposition horizontale, qui seraient volontaires, selon une hypothèse de Claude Debon, afin de 183permettre une transcription typographiée plus facile81. La reproduction typo présentée dans louvrage de Claude Debon montre tout le travail de composition, lettre par lettre, mot par mot, et le débordement de lencre qui rend le poème illisible.

La fin de lère typographique

Selon Willard Bohn, « Le fait quApollinaire avait abandonné ses expériences initiales, imprimées en caractères typographiques, lui a fourni plus de flexibilité pour créer des formes picturales82 ». En effet, on peut se demander à quel point Apollinaire anticipait la transposition typographique de ses poèmes, nosant peut-être pas rendre trop complexes ses compositions. Lanalyse comparative du manuscrit dAussi bien que les cigales avec les épreuves montre quil a, au moins une fois, simplifié la figuration, pour un rendu final très endommagé. Et au moins à deux reprises, Apollinaire a renoncé à un projet de calligramme typographique. Dabord pour le poème Océan de terre – en écho direct avec Lettre-Océan – qui aurait pu (dû ?) être un calligramme si lon se réfère au manuscrit83. La seconde fois, nous lavons évoqué, cest pour le catalogue Survage-Lagut (« autographiée non typographiée84 »). Ces dessins, notamment le Cheval, sont considérés par beaucoup comme les plus réussis. En effet, dun aspect visuel très précis, ils sont dun souci du détail et dun esthétisme charmants. Cela au détriment de la lisibilité. Ce sont des dessins avant tout. La fluidité et la souplesse du trait nauraient pas été reproductibles dans une transcription typo formatée et rigide. Ils apparaissent comme les meilleures réalisations picturales des calligrammes. Et si Apollinaire a tant tenu à conserver le dessin, cest quil a dû craindre une transposition typographique déficiente.

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Paradoxalement, cest précisément le reproche que formulera André Billy à la publication des Calligrammes85. Il déplore quApollinaire ait cédé au clichage et nait pas terminé la transcription en caractères dimprimerie. Apollinaire sen défendra en convoquant largument de la modernité : la photographie (et donc le clichage) est pour lui un procédé innovant valable, car il permet justement déchapper à la typographie86 – puisque celle-ci, la formule est connue, « termine brillamment sa carrière87 ».

Conclusion

Bien sûr, il est nécessaire de rappeler que les calligrammes, quils soient typographiés ou calligraphiés et reproduits par clichage, possèdent une sémiotique complexe, et sont simultanément objet textuel et œuvre plastique. Ils mettent en évidence, comme jai essayé de le faire ici, les problématiques liées à la matérialité : conditions de production, enjeux de collaboration et de négociation entre artistes, éditeurs, typographes et imprimeurs, mais aussi matérialité du langage. Ces enjeux se jouent également dans lhorizon dattente de la réception et conditionnent lherméneutique des œuvres. Rappelons les tentatives de Jacques Anis de définir lacte particulier de réception quengendre un calligramme : entre visibilité et lisibilité, il proposait linsatisfaisant « vilisibilité88 ». Comme lavoue Murat en 2016 à propos des calligrammes, en particulier ceux de Case darmons, « nous commençons seulement dapprendre à les 185lire89 ». Le calligramme a en lui lambivalence dêtre à la fois concret – un objet du monde – et abstrait, figure du monde, mimèsis imparfaite. Si Apollinaire oscille entre calligraphie et typographie, le calligramme oscille entre dessin et écriture – et na pas fini de faire vaciller leur interprétation.

Matthieu Corpataux

Université de Fribourg

1 Dirigé par Didier Alexandre et Michel Murat dans le cadre de lObservatoire de la vie littéraire OBVIL, ce projet a rappelé, par la même occasion, les nombreux chantiers quil reste à mener, notamment, sur la génétique textuelle des Calligrammes. Dans la présentation même du projet HyperApollinaire, nous lisons : « Tout a été dit et écrit sur Apollinaire, semble-t-il. Ou plutôt, beaucoup a été écrit sur Alcools, un peu moins sur Calligrammes » ; et si, depuis, beaucoup a été dit et écrit sur les Calligrammes, il manque encore des travaux sur les épreuves de ces œuvres.

2 Debon, Claude, Calligrammes dans tous ses états. Édition critique du recueil de Guillaume Apollinaire, Paris, Calliopées, 2008.

3 Ibid., p. 9.

4 Goldenstein, Jean-Pierre, « ANOMO/ANORA : Tu connaîtras un peu mieux les Mayas “Lettre-Océan” : mise au point et hypothèses », Que Vlo-Ve ?, Série 4, no 11, juillet-septembre 2000, p. 77-100.

5 Collot, Michel, « Lhorizon typographique dans les poèmes de Reverdy », Littérature, no 46, 1982, p. 41-58.

6 Roger, Thierry, LArchive du Coup de dés. Étude critique de la réception dUn coup de dés jamais nabolira le hasard de Stéphane Mallarmé (1897-2007), Paris, Garnier, coll. « Études de littérature des xxe et xxie siècles », 2010.

7 Delbreil, Daniel (dir.), Dictionnaire Apollinaire, Paris, Honoré Champion, 2019.

8 Une approche matérialiste plus poussée encore (papier, encre, outil) révèlerait, certainement, quelques informations nouvelles. Comme lexpose Michel Murat : « la troisième tâche reste encore dans une large mesure à accomplir, même si les travaux récents de Jean-Pierre Bobillot en fournissent les premiers cadres, tandis que le livre dAnna Boschetti présente une synthèse précise et justement orientée des données monographiques. Ce serait détablir la place dApollinaire dans une médiopoétique, cest-à-dire une poétique articulant la dimension sémiotique (non uniquement langagière) du poème avec une analyse de ses supports (médiologiques) et de ses modes de diffusion (médiatiques). » Murat, Michel, « La place dApollinaire », La Place dApollinaire, dir. A. Ernst et P. Geyer, Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres », 2015, p. 23-42, p. 40.

9 Druet, Roger, Peignot Jérôme, « De la calligraphie », Communication et langages, no 44, 4e trimestre 1979, p. 96-105.

10 Hamm, Roberto, « De la calligraphie à la typographie », Communication et langages, n o 46, 2e trimestre 1980, p. 34-49.

11 LeMen, Ségolène, « Calligraphie, calligramme, caricature », Langages, 19e année, n o 75, 1984, p. 83-101. Dautres insistent sur la différence résiduelle entre calligraphie et calligramme : « Une des caractéristiques, un des éléments fondamentaux du calligramme, cest linsistance sur laspect visuel de la page, sur les rapports entre les différentes parties de la page, ce qui le distingue de la pure et simple calligraphie. », Michel Butor dans « Du calligramme », Communication et langages, n o 47, 3e-4e trimestre 1980, p. 47-60.

12 On pourrait encore distinguer les polices avec ou sans empattement, les polices scriptes (qui imitent le manuscrit), mécanes (qui imitent la machine), les polices fantaisie… Notons encore que Fernand Baudin estimait que la typographie était une variété bien précise dun plus grand groupe nommé calligraphie. Voir à ce propos Baudin, Fernand, « La typographie “comme il faut” et lautre », Communication et langages, n o 35, 1977, p. 23-30.

13 Michel Décaudin insiste sur la perpétuelle exploration des techniques : « il se gardera en tout cas de tout automatisme dans la mise en œuvre de cette nouvelle formule. ». Voir Décaudin, Michel, « Lécrivain en son temps », Apollinaire en somme, dir. J. Burgos, C. Debon, M. Décaudin, Paris, Honoré Champion, 1998, p. 179.

14 Murat, Michel, « Les Épines de Calligrammes », Europe, mars 2016, no 1043 « Guillaume Apollinaire », p. 124-133, p. 126.

15 Ibid.

16 Le mot est de Michel Murat.

17 Dabord des croquis, tout à fait schématiques, en préparation du Bestiaire, laissant à dautres le soin du trait final ; puis linvention du calligrammedans les Soirées de Paris, les nombreuses expérimentations calligrammatiques de 1914 à 1917, en passant par limpression artisanale des Cases darmons, puis un certain retour au trait avec le catalogue dexposition Survage/Lagut. Mais cette hypothèse se basait sur une connaissance encore superficielle de la chronologie des œuvres dApollinaire et cette remarque de Willard Bohn : « Le fait quApollinaire avait abandonné ses expériences initiales, imprimées en caractères typographiques, lui a fourni plus de flexibilité pour créer des formes picturales. » Voir Bohn, Willard, « Devant le miroir : limagination calligrammatique », Revue dhistoire littéraire de la France, vol. 107, 2007, p. 105-119, p. 106.

18 Campa, Laurence et Décaudin, Michel, Apollinaire : la poésie à perte de vue, Paris, Éd. Textuel, 2004, p. 28-29.

19 Read, Peter, « Du Moyen Âge au surréalisme : les dessins dApollinaire dans leur cadre historique », Les dessins de Guillaume Apollinaire, dir. C. Debon et P. Read, Paris, Buchet-Chastel, coll. « Les cahiers dessinés », 2008, p. 15-22, p. 15.

20 Ibid.

21 Décaudin, Préface au catalogue de lexposition Apollinaire entre plume et pinceau, Abbaye de Stavelot, Musée Guillaume Apollinaire, 27 juin-30 août 2003, repris en préface dans Apollinaire le dessin et les traces, dir. J. Burgos, Caen, Lettres modernes Minard, 2007, p. 9.

22 Debon, Calligrammes dans tous ses états,2008, op. cit.

23 Debon, « Apollinaire ; dessins épistolaires et griffonnages marginaux », Apollinaire le dessin et les traces, 2007, op. cit., p. 12-28, p. 13.

24 Read, « Du Moyen Âge au surréalisme », 2008, art. cité, p. 15.

25 Debon, « Et moi aussi je dessine et je peins », Les dessins de Guillaume Apollinaire, 2008, op. cit., p. 7-13,p. 8.

26 « Ses carnets de jeunesse témoignent de son intérêt pour la forme des écritures ; il écrit en grec, recopie des alphabets, et va jusquà en inventer. Il recopie dans le Journal asiatique des notes sur les idéogrammes, marques dun intérêt pour les signes restés plus proches de la représentation que notre alphabet latin. » Ibid., p. 9.

27 Padgett, Ron, « Deux ou trois choses sur Apollinaire et moi », Europe, mars 2016, no 1043 « Guillaume Apollinaire », p. 42-53, p. 52.

28 Debon, « Et moi aussi je dessine et je peins », 2008, art. cité,p. 7.

29 Read, « Du Moyen Âge au surréalisme », 2008, art. cité, p. 18.

30 Conas, Anne-Marie et Touret, Michèle, Apollinaire, portraits, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1996. Voir aussi Geinoz, Philippe, Relations au travail. Dialogue entre poésie et peinture à lépoque du cubisme : Apollinaire-Picasso-Braque-Gris-Reverdy, Genève, Droz, Histoire des idées et critique littéraire, 2014.

31 Debon, « Apollinaire ; dessins épistolaires et griffonnages marginaux », 2007, art. cité, p. 12.

32 Campa et Décaudin, Apollinaire :la poésie à perte de vue, 2004, op. cit., p. 105. Laurence Campa ajoute : « Dans un travail préliminaire, il a sommairement dessiné les animaux : le croquis, souvent élémentaire, revêt néanmoins un caractère humoristique et spontané qui nest pas sans charme. », p. 105. Le Bestiaire, publié en 1911, aura inspiré de nombreux pinceaux après la mort du poète, comme le rappelle Claude Debon dans la préface de Ravary, Madeleine, Apollinaire illustré, Paris, Calliopées, 2012.

33 Michel Décaudin rappelle à quel point Apollinaire corrigeait, raturait, vérifiait ses écrits (Apollinaire en somme, 1998, op. cit., p. 179). Apollinaire fait démonstration de limportance quil accorde à la vérification des épreuves. Il écrit par exemple une lettre à Herwath Walden, directeur de la revue Sturm, le 13 mai 1913 où il demande : « [] Schicken Sie mir auch di Proben. », Apollinaire, Correspondances générales. En guise dintroduction 1891-1914, dir. Victor Martin-Schmets, Paris, Honoré Champion, 2015, t. 1, p. 529. Puis revient à la charge le 3 juin 1913 : « Lieber Freund. Erhalten die Holzstücke aber waren keine proben dazu Sie solen zeh, [sic] stück schicken [] », p. 530. Idem avec lillustrateur Jean-Émile Laboureur. Lettres à Jean-Émile Laboureur, septembre 1913, ibid., p. 549 et 552.

34 « Cher ami, Je suis un peu choqué quon ne mait pas envoyé dépreuves à corriger. Vollard ma dit quon ferait lAlmanach [Almanach des lettres et des arts]. Si on na pas inséré ma nouvelle, quon me la renvoie. Si on la mise en une mauvaise place, ou en caractères trop petits, quon me la renvoie également. Je suis choqué depuis le début quon nait pas voulu de mes vers, que vous maviez demandés. Choqué du fait quon ait peu dégards pour ceux qui ont fait la guerre, plus que du fait même, dont je me fous. » Lettre à Raoul Dufy, novembre-décembre 1916,ibid., t. 3, p. 229. Puis : « Jai bien reçu votre almanach [] Jai regretté toutefois que vous nayez pas cru devoir menvoyer dépreuves. Jy comptais. Ma nouvelle écrite hâtivement, car vous maviez pressé, avait besoin dêtre revue. Je vous renouvelle ma demande dépreuves sur quoi je pourrais mettre au point cette fantaisie. » Lettre à André Mary, 13 décembre 1916, ibid., p. 260.

35 Voir notamment Debon, Calligrammes dans tous ses états, 2008, op. cit.

36 La suppression de la ponctuation sur les épreuves dAlcools,encore appelé quelques semaines avant Eau-de-vie, se décide juste avant limpression entre novembre 1912 et mars 1913. Lachevé dimprimer est daté du 20 avril 1913. Voir Apollinaire, Œuvres poétiques, éd. M. Adéma et M. Décaudin, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1956 (rééd. 1965), LXVIII.

37 Il aurait travaillé comme typographe pour Lénine à Genève en 1907 selon le petit historique de lImprimerie de lUnion mais lon est en droit de douter quelque peu de la fiabilité de cette source, https://imprimerie-union.org/annees-russes/snegaroff (consulté le 15/10/2021).

38 Voyage, Paysage, La Cravate et la montre et Cœur couronne et miroir. Il sagit des derniers numéros des Soirées de Paris puisque la guerre en absorbe les principaux acteurs, Serge Férat et Apollinaire lui-même.

39 Read, « Férat (Serge) », Dictionnaire Apollinaire, op. cit., p. 154.

40 Un schéma de sept lignes obliques parallèles, rapporté par Victor Martin-Schmets, pour clarifier la disposition du poème Écoute sil pleut. Lettre à Serge Férat, 29 juillet 1914, Apollinaire, Correspondances générales, 2015, op. cit.,t. 1, p. 637-638. Les épreuves sont celles de Et moi aussi je suis peintre, Chalit étant peut-être, Victor Martin-Schmets ne laffirme pas, le directeur de lImprimerie de lUnion qui devait soccuper de ce travail.

41 L Intransigeant lui avait demandé de modifier les deux derniers vers. Il raconte ce point dans une Lettre à Louise de Coligny, 25 avril 1915, Apollinaire, Correspondances générales, 2015, op. cit., t. 2, p. 347.

42 Lettre à Fernand Divoire, 25 avril 1915, ibid., p. 348.

43 En suivant ses généreuses correspondances, on sent une attention portée à ses livres, leurs épreuves, leur vie et leur diffusion jusquà lété 1914. Deux événements le détournent pour ainsi dire de ce travail : la rencontre avec Louise de Coligny et son engagement militaire. Sa première demande dengagement, le 10 août, échoue. La seconde demande, le 29 novembre, aboutit – Apollinaire est engagé le 5 décembre. Jusquen janvier 1915, à une ou deux exceptions près, il névoque plus ses poèmes ni ses livres dans ses lettres. Il écrit, à Louise, puis à Madeleine, de la poésie, indique à Serge Férat que ses poèmes sont « confiés aux Mortier à Nice ». Voir sur ces points les correspondances. Apollinaire, Correspondances générales, 2015, op. cit.,t. 2, p. 31.

44 « Mais en forme dauto je tai fait un poème / Où jai dit nos départs la nuit dans lombre blême / Tu le liras un jour quand nous nous reverrons / Je ten dédie un autre en forme déperon ». Lettre à André Rouveyre, 14 janvier 1915, Apollinaire, Correspondances générales, 2015, op. cit., t. 2, p. 57. Auquel il faut ajouter un calligramme en forme de pipe, en tête de cheval et un en forme de pluie, un calligramme en forme de miroir, un en forme de canon, un temple grec, le portrait de Louise, un sabre, une orange…

45 Lettre à Jean Mollet, 16 janvier 1915, Apollinaire, Correspondances générales, 2015, op. cit., t. 2, p. 64.

46 « Je vais faire un bouquin ; je vais tenvoyer des bulletins de souscription, tu tâcheras de men placer et demanderas à Mémée den placer. Cest le procédé habituel pour les livres de vers, mais il ne sagit nullement dune bonne œuvre. Cest un livre que je vends à ceux qui aiment ce que je fais. Il nen sera tiré que le nombre strict de souscripteurs au moment du tirage et ce nombre ne pourra dépasser 112 exemplaires. Au demeurant, toutes les souscriptions seront pour toi évidemment, je tenverrai ce que je ramasserai de mon côté… et jenverrai le livre à tous les souscripteurs. Si tu en places seulement 20 à 20 francs, ton dentiste est payé… et les amateurs auront un livre unique fait et imprimé sur le Front… ». Lettre à Louise de Coligny, 1er juin 1915, ibid., p. 471.

47 Campa et Décaudin, Apollinaire :la poésie à perte de vue, 2004, op. cit., p. 155. Laurence Campa souligne la collaboration active de Berthier et de Bodard, le premier calligraphiait, le second ajoutait des enjolivures. Voir Campa, Laurence, Guillaume Apollinaire, Paris, Gallimard, 2013, p. 571.

48 Campa, Guillaume Apollinaire, ibid., p. 570 et suivantes. Dans ces pages, Laurence Campa raconte en détail ces jours passés sur le front.

49 Reproduit dans Debon, Calligrammes dans tous ses états,2008, op. cit., p. 152.

50 Il sagit dune technique de duplication sur papier qui fonctionne, comme la lithographie, par procédé chimique : on crée un contact entre une surface gélatineuse encrée et une feuille de papier pour permettre le transfert dencre. Cette entreprise ressemble tout à fait à lapposition de tatouages éphémères des enfants.

51 Non signé, Mercure de France, 26e année, t. 112, no 418, 1er octobre 1915, p. 397-398. « M. Guillaume Apollinaire a employé la pâte à copier pour la composition de Case dArmon. Case dArmon nest pas un journal. Cest un recueil de poèmes tiré à de rares exemplaires, brochés dans des fragments du Bulletin des Armées de la République. Ce livre est, pensons-nous, le seul, jusquà présent, qui ait été imprimé au front. »

52 Il prend soin dinviter les personnes ayant reçu lun des rares exemplaires à le relier dès que possible pour le protéger, et envoie des exemplaires à la Bibliothèque nationale pour archive.

53 Non signé, Mercure de France, op. cit., p. 397-398.

54 Lettre à Ange Toussaint Luca, 21 juin 1915, Apollinaire, Correspondances générales, 2015, op. cit., t. 2, p. 507.

55 « [] on ne peut prévoir que la pâte à copier verra son importance grandir et se maintenir après la guerre. Une fois les littérateurs rentrés chez eux et les typographes à latelier, la casse et la linotype reprendront leurs droits. » Non signé, Mercure de France, op. cit., p. 397-398.

56 « Case darmons est une curiosité bibliographique, jespère quelle paraîtra en volume typographié et avec lEt moi aussi je suis peintre qui na point paru et tous mes autres poèmes envoyés à mes amies ou amis ; un certain nombre de ceux envoyés à Rouveyre, à Dupont, à Billy y rentreront. Je les prie donc de garder ces poèmes quils possèdent seuls, car je nen ai pas trace… mais mes meilleurs poèmes et il y en a je crois de bons vous ne les lirez que si celle qui les a veut bien, après la guerre, que je les publie. Et qui sait ce que deviennent les choses ! » Lettre à Louise Faure-Favier, 24 juin 1915, Apollinaire, Correspondances générales, 2015, op. cit., t. 2, p. 519-520.

57 Lettre à André Breton, 13 janvier 1916, Apollinaire, Correspondances générales, 2015, op. cit.,t. 3, p. 19. Même sil indique, deux semaines après, quil na toujours pas contacté léditeur. Lettre à Madeleine Pagès, 25 janvier 1916, ibid., p. 47.

58 Debon, Calligrammes dans tous ses états,2008, op. cit., p. 13 et 16. Au pochoir, par-dessus limpression.

59 Ibid., p. 21. Le 28 novembre, il est promu sous-lieutenant et change de secteur (troisième changement en trois mois). Il se retrouve beaucoup plus près du front : boue, maladies, danger permanent et mort deviennent sa réalité, il a moins loccasion de composer. Après une permission passée à Alger, il revient, le 16 janvier, sur le front. Le 17 mars 1916, il reçoit un éclat dobus à la tête. Après avoir frôlé la mort, Apollinaire veut impérativement achever lédition de ses projets. Au cours des douze mois suivants, il terminera un conte (Le Poète assassiné), une pièce de théâtre (Les Mamelles de Tirésias) et les Calligrammes.

60 « Les raisons de cet échec [la publication du projet Poèmes de guerre qui regroupait plusieurs parties des Calligrammes mais pas Ondes par exemple] sont très certainement liées, outre les problèmes généraux du temps de guerre, à la difficulté de composition des manuscrits de Case darmons, et tout particulièrement de ceux qui sont agrémentés de dessins, comme “Madeleine”, de signes musicaux, comme “Venu de Dieuze”, voire dun collage, comme “Carte postale”. On dispose à la Bibliothèque nationale de France de lexemple malheureux de “La Mandoline lœillet et le bambou”. Lencre coule partout, et le résultat est désastreux. On a vu que “Aussi bien que les cigales” aurait pu faire partie de cet ensemble et posait aussi quelques problèmes de composition, de même que “Du coton dans les oreilles”. » Ibid., p. 24.

61 Cest à ce moment quapparaît le terme calligramme : « En substituant le terme “calligramme” à celui d“idéogramme lyrique”, Apollinaire évite la confusion avec les signes graphiques extrême-orientaux tout en insistant sur la solidarité visuelle et sonore dune forme-sens où tous les éléments sont en interaction. Avec le titre générique Calligrammes, il renforce la dimension visuelle de tous ses poèmes. » (Apollinaire : la poésie à perte de vue, 2004, op. cit., p. 176.)

62 Debon, Calligrammes dans tous ses états, 2008, op. cit., p. 23.

63 Lettre à André Breton, 19 mars 1917, Correspondances générales, 2015, op. cit., t. 3, p. 317.

64 Campa, Guillaume Apollinaire, 2013, op. cit., p. 708.

65 Ibid. Voir aussi Debon, « Calligrammes », Dictionnaire Apollinaire, op. cit., p. 159. Voir aussi Lettre à Georgette Catelain, 20 septembre 1917, Correspondances générales, 2015, op. cit., t. 3, p. 410. Selon Debon, « Les calligrammes ont probablement été confiés à Paul Birault dont Apollinaire dresse un portrait plein de sympathie dans Le Flâneur des deux rives. Cest lui qui avait imprimé LEnchanteur pourrissant : “Dans la petite imprimerie de la rue Tardieu [] furent [] composés un certain nombre de poèmes formels de mon recueil intitulé Calligrammes.” » Debon, Calligrammes dans tous ses états, 2008, op. cit., p. 32. À noter que La Lucarne ovale de Pierre Reverdy a également été imprimée chez Paul Birault, probablement en collaboration avec sa femme.

66 Lettre à Louise Autant-Lara, 26 octobre 1917, Correspondances générales, 2015, op. cit., t. 3, p. 415.

67 Lettre à Louis de Gonzague Frick, novembre 1917, ibid., p. 420.

68 Lettre à Frédéric Boutet, 16 janvier 1918, ibid., p. 476.

69 Lettre à Pierre Varenne, avril 1918, ibid., p. 517.

70 Dans une publication récente, dirigée par Claude Debon, léditeur a engagé un typographe qui a fait la transcription. Il y a beaucoup à dire (et à reprocher) sur ce travail. Claude Debon avertit tout de même de la chose dans la préface : « La disposition des vers et des blancs est respectée dans la mesure du possible. Il nest pas toujours aisé de distinguer un passage volontaire à la ligne, en principe accompagné dune majuscule, dun débordement dû au manque de place en bout de ligne. Les transcriptions déjà effectuées du vivant du poète posent parfois problème lorsquon les compare aux manuscrits disponibles. Ainsi des poèmes de 1917 publiés dans Nord-Sud, considérant que cétait celle autorisée par le poète. » Préface de Claude Debon dans Apollinaire, Poèmes en guerre 31 juillet 1914 – 9 novembre 1918, éd. C. Debon, Dijon, Éd. Les Presses du réel, 2018, p. 18.

71 Debon, « Calligrammes », Dictionnaire Apollinaire, op. cit., p. 159. Une série dépreuves, baptisées Don Poissonnier, a été tirée à part spécifiquement pour préparer le travail de transposition typographique. Ce qui souligne une nouvelle fois la difficulté de lentreprise. Voir Debon, Calligrammes dans tous ses états,2008, op. cit., p. 32.

72 De plus, il y a des erreurs : « Mon cher ami, Le papier de lédition ordinaire de Calligrammes est fort beau au témoignage de M. Blaise Cendrars. Cest un papier à chandelles, véritable papier de guerre. Il ne me déplaît pas. En outre, il a lair solide. Je vous conserve un exemplaire dépreuves avec corrections. Cela vous plaira sans doute et vous le méritez bien. [] Il est néanmoins vrai que les exemplaires sur vélin sont de véritables œuvres dart auprès de lédition ordinaire. [] Ils contiennent par erreur le portrait à leau-forte qui dabord ne devait se trouver que dans les exemplaires sur Japon et le papier en est fort beau. ». Lettre à André Breton, 20 juin 1918, Correspondances générales, 2015, op. cit., t. 3, p. 540.

73 Lettre à Germaine Bongard, janvier 1917,ibid., t. 3, p. 294.

74 Bohn, Willard, « Limagination plastique des Calligrammes », Que Vlo-Ve ?, Série 1, nos 29-30, juillet-octobre 1981, Actes du colloque de Stavelot 1977, p. 1-23, p. 11.

75 Debon, « Calligrammes », Dictionnaire Apollinaire, op. cit., p. 159. Cest linterprétation, par exemple, de Serge Linarès, qui estime que la présence de ces cinq poèmes autographes est volontaire, mais on peut en douter très fortement. Son analyse sur leffet de présence dApollinaire reste néanmoins, à mon sens, valable. Linarès, Serge, « La main calligraphe : manuscrit et poéticité », dir. I. Chol, B. Mathios et S. Linarès, LiVres de pOésie Jeux deSpace, Paris, Honoré Champion, 2016, p. 540-560.

76 Apollinaire, « La colombe poignardée et le jet deau », manuscrit, voir Debon, Calligrammes dans tous ses états, 2008, op. cit., p. 135-136.

77 Apollinaire, « La colombe poignardée et le jet deau », édition originale du Mercure de France, 1918, voir ibid., p. 137.

78 Boisson, Madeleine, Apollinaire et les mythologies antiques, Paris, Schena-Fasano, 1989. Citée par Debon, Calligrammes dans tous ses états, 2008, op. cit., p. 125.

79 Apollinaire, Guillaume, « Visée », Cases darmons, [sans éditeur], 1915, conservé à la BnF, disponible sur Gallica. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1049474r/f12.item, consulté le 22/06/2023].

80 Apollinaire, Guillaume, « La figue lœillet et la pipe à opium », manuscrit, Debon, Calligrammes dans tous ses états, 2008, op. cit., p. 125.

81 Ibid.

82 Bohn, « Devant le miroir : limagination calligrammatique », 2007, art. cité, p. 106.

83 Apparaît la mention « Variante du poème / Calligramme ». Debon, Calligrammes dans tous ses états, 2008, op. cit., p. 274.

84 Lettre à Germaine Bongard, janvier 1917, Apollinaire, Correspondances générales, op. cit., t. 3, p. 294.

85 « Billy les jugeait dune laideur “impardonnable” », Murat, « Les Épines de Calligrammes », 2016, art. cité, p 128. Voir aussi Debon, Calligrammes dans tous ses états, 2008, op. cit., p. 39.

86 Ibid., p. 39. Mention en note de Mallarmé : « le vers nest très beau que dans un caractère impersonnel, cest-à-dire typographique » (lettre à Deman, 7 avril 1891), OC I, Paris, Gallimard, La Pléiade, 1998, p. 804.

87 « [Les Calligrammes] sont une idéalisation de la poésie vers-libriste et une précision typographique à lheure où la typographie termine brillamment sa carrière ». Lettre à André Billy, 29 juillet 1918, Apollinaire, Correspondances générales, 2015, op. cit., t. 3, p. 562-563. Pour des informations sur la réception des Calligrammes, voir Campa, Guillaume Apollinaire, 2013, op. cit., p. 735 et suivantes.

88 Anis, Jacques, « Vilisibilité du texte poétique », Langue française, no 59, 1983, p. 88-102.

89 Murat, « Les Épines de Calligrammes », 2016, art. cité, p 128.