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Classiques Garnier

Avertissement

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Les Vies des Hommes illustres Grecs et romains. Périclès et Fabius Maximus
  • Pages : a à i
  • Réimpression de l’édition de : 1906
  • Collection : Société des Textes Français Modernes, n° 40
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782406090151
  • ISBN : 978-2-406-09015-1
  • ISSN : 2777-7715
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09015-1.p.0007
  • Éditeur : Société des Textes Français Modernes
  • Mise en ligne : 25/01/2019
  • Diffusion-distribution : Classiques Garnier
  • Langue : Français
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AVERTISSEMENT


L'helléniste Henri Estienne, réunissant dans ]e même éloge Georges de Selves ~ et Amyot, les félicitait «d'avoir fait Plutarque françois, et de ne lui avoir changé que la robe » _ ; il voulait sans doute se montrer indulgent à des traductions dont le mérite éminent était à ses yeux d'enrichir la langue française. Au xvue siécle la critique fut sévère à l'égard d'Amyot, et Meziriac, fort des progrès d'une science encore jeune, triompha un peu facilement des méprises du traducteur 3. Plus équitable, la philo- logie moderne n'a pas oublié qu'Amyot avait contribué à l'éta- blissement du texte grec, « en conferant les vieux livres escrits à la main avec ceux qui sont imprimez », « es principales librai- ries de Venise et de Rome », et « en restituant par conjecture » plusieurs passages difficiles «avec le jugement et l'aide de quelques uns des plus sçavans hommes de test aage en lettres humaines » a, Ces savants s'appelaient Pierre Danès, Adrien Turnèbe, Fédéric Morel (l'aîné). Lui-même déclarait, dans son épître à Henri II, qu'il avait «plus estudié à rendre fidelement ce que l'auteur a voulu dire, que non pas à orner ou polir le langage » ;mais, d'autre part, il avertissait ses lecteurs que si ses traductions précédentes (Héliodore, Longus, Diodore de Sicile) étaient d'un style «plus coulant », c'est que, cette fois, il avait essayé de rendre «une façon d'escrire plus algue, plus docte et
r. G. de Selves avait traduit huit Vies de Plutarque, Paris, Vascosan,
ri43~in-rz.
z. Apologie pour Hérodote, édit. Ristelhuber, t. I, p. 8.
3. V. l'Essai sur Amyot et les traducteurs français au XVI° siécle, par

de Bligniéres (Paris, Durand, r85r).
¢. Cf. infra l'Avertissement d'Amyot «aux lecteurs u. La biblio-

thèque de l'Arsenal conserve un exemplaire des Vies de Plutarque
(édition aldine de rira, in-f°) contenant des notes manuscrites attri- buées àAmyot.
8 b AVERTISSEMENT
pressee que claire, polie ou aisee, qui est propre à Plutarque »;
car « l'office d'un propre traducteur ne gist pas seulement à rendre fidelement la sentence de son auteur, mais aussi à repre- senter aucunement et à adombrer la forme du style et maniere de
parler d'iceluy ».
Quoi qu'il en soit, ce n'est plus aujourd'hui dans l'interpréta- tion d'Amyot que nous allons chercher la pensée, ou, comme le disait '°;Montaigne «l'imagination vraie de Plutarque. »Mais nous lisons Amyot, comme nous ferions un écrivain original
il appartient à la littérature française.
Montaigne en faisait son bréviaire ; il y revient presque à

chaque page de ses Essais, pour le citer ou pour le commenter ; il en goûtait « la naïveté et pureté de langage. »C'était encore
l'avis de Vaugelas qui tenait Amyot pour avoir su mieux que personne « le génie et le caractére de notre langue ». «Bien que nous ayons retranché, disait-il, la moitié de ses phrases et de
ses mots, nous ne laissons pas de trouver dans l'autre moitié presque toutes les richesses dont nous nous vantons et dont nous faisons parade » ~. Vaugelas considérait Amyot comme le meil-
leur prosateur du xvle siècle ; cette admiration serait plus qu'excessive, s'il fallait y voir l'exclusion d'écrivains tels que Rabelais et Montaigne ; mais Vaugelas pensait à la langue plus
qu'au style, et d'ailleurs le style même d'Amyot, toujours égal et soutenu, était bien fait pour plaire aux honn@tes gens du xvue siècle.
Quant à ces richesses verbales, d'autres qu'Amyot pouvaient les revendiquer, du moins pour une partie. Sans parler de Rabe-
lais, des érudits, comme Estienne Dolet, avaient déjà fait entrer, par le moyen des traductions, une foule de mots «savants »dans notre langue littéraire. Mais c'est le fonds populaire qui fait peut-
étre l'étoffe solide du français d'Amyot ; c'est ce qu'a remarqué un contemporain, Antoine Du Verdier : « il a la vertu qui est
r. Remarques sur la langue françoise, édit. Chassang, t. I, p. g~.
z. Traduction des Epistres familieres de Cicéron, rS4z. V. sur cette histoire F. Brunot, Histoire de la langue et de la litt. fr. (Petit de Jul- leville), t. III, p. 8zg et suie.
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singuliére en écriture parfaite : assacoir le langage du commun et du peuple, et la liaison du docte. Ce personnage a joint ces deux points en perfection ~ ». Qu'il ait inventé moins de mots qu'on ne l'a dit, l'importance du service qu'il a rendu à la prose française n'en est pas diminuée. Son influence littéraire a été aussi considérable : il a rendu populaire en France l'histoire morale et anecdotique de l'antiquité; conteurs, moralistes, auteurs dramatiques sont venus puiser dans son livre comme dans un arsenal de faits et d'idées.
A ce double titre, le Plutarque d'Amyot (c'est l'expression juste- ment consacrée) est un des ouvrages que la Société des textes fran- çais modernes voudrait rééditer. Il comprend, comme on sait, les Vies des hommes illustres et les ouvres morales et mêlées ; de cet ensemble nous détachons aujourd'hui les Vies de Périclès et de Fabius Maximus, portées au programme de l'agrégation de gram- maire, en les faisant précéder de l'Épître d Henri II et de l'Avertissement aux lecteurs, c'est-à-dire de la préface des Vies. Nous espérons que ce premier morceau recevra du public un accueil favorable et nous encouragera à poursuivre la publica- tion du Plutarque =.
Pour nous conformer aux régies adoptées par la Société, nous avons tout d'abord cherché « le texte qui représente la forme définitive de la pensée de l'auteur u. De 1559 date de l'édition originale, à 1593 (l'année de la mort d'Amyot), les Vies ont été souvent réimprimées en France et à l'étranger ; mais nous ne devions retenir que les éditions données à Paris par Michel de Vascosan, le seul éditeur autorisé par Amyot.
C'est grâce à l'intervention d'Amyot que Vascosan avait été nommé imprimeur du roi (Henri II), l'année même où il reçut son privilège pour l'édition des Vies (1560), et c'est encore Amyot qui, pour répondre à une contrefaçon de son livre, faite à Anvers,
z. Bibliatbéque de Du Verdier, édit. Rigoléy de Juvigny, t. II, p. z88.
z. Dans ce cas, nous suivrons l'ordre de l'édition de Vascosan, r ç6~, où chacun des six tomes comprend huit vies paralléles. Les vies de Périclès et de Fabius Maximus deviendront ]a première partie de notre second volume; la préface d'Amyot se retrouvera en téte du premier volume.
10 11 AVERTISSEMENT
obtint de Charles IX des lettres patentes, défendant à tous libraires et imprimeurs «d'imprimer ne vendre ledit livre, s'il n'est de l'impression de Vascosan » ~. Enfin, Vascosan fut chargé par Amyot d'imprimer sa traduction des ouvres morales, et pour cette publication il eut recours à la collaboration de son gendre Fédéric Morel, dont l'évêque d'Auxerre mettait volontiers la science à contribution (t 5~2).
Or, des éditions des Vies publiées par Vascosan, nous n'en connaissons que trois = , et ce sont les trois premiéres de l'ou- vrage
i S j 9: 2 vol. in-fa 3.
is65 : z vol. in-fa 4.
r. V. l'édition des Vies de x565 et dans les Morales de rS9z (in-f°) le privilége accordé à Vascosan ; nouvelle défense est faite « à tous impri- meurs et libraires qu'ils n'ayent à imprimer, vendre ou tenir aucun desdicts livres de Plutarque ». En signant l'épure à Charles 1X, Amyot prend le titre d'euesque d'Auxerre qui lui avait été conféré en rs-o. Cf. de Bligniéres, p. 4oq et suiv., et Joseph Dumoulin, Vie et ~uures de Fédéric More1, imprimeur à Paris depuis t557 jusqu'à r58; (Paris, A. Picard, rgor), p. 56 sq. et passim.
z. Il n'y a pas encore de bibliographie satisfaisante pour ]e Plutarque d'Amyot. La liste donnée par Nicéron est le comble de la confusion et de l'inexactitude ; Maittaire (Annales typogrnphici...) se borne à citer pour les Yies les trois premiéres éditions. Hoffmann (Lexicon bibliogralbi- cum) et Brunet (Mar:uel du libraire) ne sont pas toujours assez clairs, et ils sontincomplets. Nous avons du moins vu et examiné les éditions dont nous parlons ici
;. « Les Vies des Hommes Illustres, Grecs et Romains, Comparees l'une avec l'autre par Plutarque de Chaeronee, Translatees de Grec en François. A Paris, De l'imprimerie de Michel de Vascosan. M. D. LVIIII. Avec Pricilege du Roy. » Le nom du traducteur n'est pas sur la page du titre ; mais il se lit au second feuillet, en tête de l'épître dédicatoire a Au tres puissant et tres chrestien roy de France Henry deuxieme de ce nom, Iacques Amyot, Abbé de Bellozane... » ; l'épure est datée a En vostre Royale maison de Fonteine-belleau, au mois de Febvrier, M. D. LVIIII. » [Bibl. Nationale, vélins, for-z ; et Bibl. de la Sor- bonne.]
4. a Les Viet des Homnut Illustres, Grecs et Romains, Comparees l'une avec l'autre par Plutarque de Chæronee, Translatees premiere- ment de Grec en François par maistre Iacques Amyot lors Abbé de Bello- zane, et depuis en ceste seconde edition reveuës et corrigees en infinis
11 r ç6~ : 6 vol. petit in-8o =.
Nous les désignerons (en suivant l'ordre chronologique) par les lettres A, B, C.
Si nous en croyons l'assertion de l'éditeur autorisé, le texte de ces trois éditions a été chaque fois revu par l'auteur. Toutes les autres éditions, faites en dehors de l'imprimerie de Vascosan, portent, il est vrai, la même mention a en cette derniére édition revu et corrigé par le même translateur n. Elles n'en sont pas moins, à notre avis, des contrefaçons, les unes faites sans beau- coup de soin et fautives, les autres assez exactes'. Mais quand bien même Amyot les aurait avouées, elles nous seraient inutiles pour l'établissement de son texte, puisqu'elles se bornent â repro- duire soit l'édition de iç6ç, soit celle de t ç6~.
passages par le mesure translateur, maintenant Abbé de saincte Cor- neille de Compiegne, Consei]ler du Roy, et grand Aumosnier de France, â l'aide de plusieurs exemplaires vieux, escripts â ]a main, et aussi du jugement de quelques personnages excellents en sçavoir. A Paris, De l'Imprimerie de Michel de Vascosan, M. D. LXV. Avec Privilege du Roy. » [Bibl. Nat.]
r. Même titre que celui de l'édition précédente; on a seulement rem- placé :seconde par troasiéme (édition) et corrigé saincte en sainct (Corneille) a A Paris, par Vascosan Imprimeur du Roy. M. D. LXVII. Avec Pri- vilege. » [Bibl. Nat. et Bibl. de l'Arsenal].
z. Dans cette deuxiénte catégorie (les exactes), citons, pour les Vies,
les éditions de:
laques Du Puys : Paris, t57z, 4 tomes en ; vol. in-8° [Bibi. Nat.] reproduit le texte de tÇ6ç; le titre même est un aveu: rc en ceste seconde édition n ; rÇyB, z vol. in-8° [Arsenal] et rs8;, r vol. in-f°, [Bibi. Nat.] avec les sommaires ue Simon Goulard.
L'édition de Ieremie des Planches, Paris, rç8;, in-f° [Bibi. Nat.] parait négligée; il est curieux qu'elle s'autorise d'un privilège du roy n de vendre et distribuer les Vies de Plutarque n ; toutefois ]e privilège ne mentionne pas le nom d'Amyot, qui figure sur le titre.
Des éditions de Paris, nous avons encore vu
Gilles Beys, rSBz, in 8° [le t`° vol. seulement,Bibl. Nat.]; Gabriel Bron ts8¢, t vol. in-f° [Bibi. Mazarine]; Guillaume Auvray, tj8y, in-8° [le t•=volume seulement â la Bibl. Nat.]; Iean Richer, r58~, z vol. in-8° que nous possédons ;Pierre Bertault, r600, in-8° [le r`° vol, seulement Bibl. Nat.] ;Georges Lombard et Pierre Chevalier, r6ot-t6o4, z vol. in-8° [Bibi. Sorbonne]; Estienne Roland, t6o6, z vol, in-4° [Bibi. Nat.]; Frar:- çois Gueffier, r6og, z vol. in-8° [Bibl. Nat.]; Jean du Carroy, a6rr, z vol. in-tz [Bibl. Sorb.].
12 .f AVERTISSEMENT
D'ailleurs ces deux éditions de Vascosan (B et C) ne pré- sentententre elles que des différences d'orthographe, et parfois de ponctuation : le texte en est absolument identique. En dépit de la mention « en cette 3e édition revues et corrigées en infinis passages... » l'auteur n'a rien corrigé ; sans doute, parce qu'il n'y voyait plus rien à reprendre. Toutefois, il est vraisemblable qu'Amyot a pris la peine de relire lui-même ces feuilles : la ponc- tuation est plus soignée que dans les deux premières éditions =. Ce qui recommandait aussi l'édition dei 56~, c'était le format petit in-8~, autrement maniable que le massif in-f~ où ]e bonhomme
Chrysale mettra ses rabats; et c'était la netteté des caractères,
l'élégance des vignettes, cette beauté de l'exécution matérielle, faite pour séduire les bibliophiles : aussi ont-ils spécialement nommé cette édition : le Plutarque de Vascosan, en y comprenant,
avec les six volumes des Vies, les sept volumes des ouvres
morales, rééditées en t S 74 dans ce même format '.
Telles sont les raisons qui nous ont fait choisir le texte de

i S 67 (C) ; restait à le comparer au premier (A) de t S S g. Ici encore l'annonce faite en B et reproduite en C «revues et corri- gées en infinis passages » nous a déçu ; on pourra le constater par les variantes que nous avons relevées :les corrections faites
par Amyot à sa première rédaction sont, pour l'ensemble, peu nombreuses et peu importantes. Je ne dis pas qu'elles soient négligeables, puisque l'auteur s'est préoccupé surtout de rendre
sa traduction plus exacte ;mais ces modifications n'ont porté que sur des points de détail :noms propres mil transcrits, ou parfois quelques expressions incomprises. On voit même qu'Amyot n'a pas
cherché à serrer de plus prés le sens de Plutarque, ni à rendre avec plus de précision le contour de la phrase grecque ; en cela il restait fidèle à sa méthode d'interprétation et de transposition.
Quant au style, aucune retouche sensible; çà et là un mot rem- placé ou supprimé pour éviter une répétition, et c'est tout !
r. L'orthographe, d'une uniformité remarquable, appartient sans doute plus â l'imprimeur qu'â l'auteur.
i. La ;° édition des (Euvres morales est de rs~s, in-f° (Vascosan et Féd. Morel).
13 AVERTISSEMENT g
Il est vrai que notre collation n'a encore porté que sur les deux vies parallèles contenues dans le présent volume ; nous aurions scrupule à ne pas le déclarer ; mais il nous paraît peu probable que la suite du travail infirme cette conclusion : le
texte d'Amyot a été fixé dés t S 59 î à cette date, l'écrivain, comme il le dit lui-même, a vraiment «conduit l'oeuvre totale
à chef».
Signalons, en passant, les additions faites au Plutarque du
vivant même d'Amyot : la Decade des Empereurs, traduite de

Guevara par Antoine Allegre, parue d'abord chez Vascosan en rs6~ avec les Vies d'Hannibal et Scipion l'Africain traduites par
Charles de l'Ecluse— les Vies «recueillies des bons autheurs » et celles prises du latin d'Æmilins Probus par Simon Goulard; et, rédigés par le même Goulard, des sommaires pour chacune des
Vies, des résumés et sentences placés dans les marges, avec des index et-«les effigies des hommes illustres, retirees des medailles
antiques » : tout cela figure dans la plupart des réimpressions que nous avons signalées plus haut, entre autres celles de Du Puys, et se retrouve dans l'édition donnée par Fédéric Moral le jeune
(les Morales en i6i8, les Vies en i6t9, a vol, in-f°).
Nous devions tenir compte de cette édition de i6i9, que nous

désignerons par la lettre D =. Il nous a paru cependant qu'on
s'en était exagéré la valeur. Fédéric le jeune avait été à son tour le protégé d'Amyot. Ce fut encore l'évêque d'Auxerre qui fit transmettre au fils, en i58r, le titre d'imprimeur du roi, dont le
père avait bénéficié; en rs8ç il s'employait à le faire nommer
r. Sur les sources de ces vies, v. de Bligniéres, p, r8z et sq.— Cf. l'édition d'Amyot par Coray, p. rv et suie.
z. rc Les Vies des Hommes Illustres, etc., translatees de Grec en Fran- çois par messire Iaques Amyot, lors Abbé de Bellozane, depuis evesque d'Auxerre, Conseiller du Roy et grand Aumosnier de France, Reveuës, corrigeas et augmertees en ceste derniere edition, de plusieurs compa- raisons et Vies, ainsi qu'il se pourra cognoistre par l'advertissetnettt au lecteur inseré aprés la preface du Translateur... etc. A Paris, chez Claude Moral, rue Saint Iaques âlaFontaine. M. D. CXIX. Avec privilege de Sa Majesté. n [Bibi. Nat. et Bibl. de la Sorbonne]. V. aprés l'avertisse- ment de Fédéric Moral, « un sommaire de la vie de messire Jacques Amyot n.
14 IJ AVERTISSEMENT
R lecteur royal en eloquence grecque et latine ». Fédéric le jeune avait reçu d'Amyot des corrections et des variantes sur le texte
grec de Plutarque; il les réservait pour « une impression nou- velle de Plutarque grec et latin n, qui n'a pas été faite ;mais, en revanche, il affirme avoir donné dans cette édition des Yies la
version française corrigée suivant l'exemplaire même d'Amyot =. Est-ce une raison suffisante pour que nous considérions avec de Bligniéres cette édition de Fédéric le Jeune «comme l'oeuvre
définitive du traducteur » ? Savons-nous si ces corrections manuscrites représentaient une revision totale ? Sommes-nous sûrs que l'éditeur les ait littéralement transcrites?
En fait, parmi les variantes que nous avons relevées dans le texte de t6tg, il y en a peu qui aient vraiment de l'intérët, soit pour le sens, soit pour le style ; ce que nous avons constaté jusqu'à présent pour les trois premières éditions de Vascosan, se vérifie de nouveau pour cette dernière : l'immobilité à peu près entière du texte d'Amyot.
Le Plutarque fra~:çais eut encore quelques éditions au xvtte siècle, jusqu'en t65s =. Citons pour mémoire les réimpres- sions faites au xvute siècle par Bastien (t7S4), par Brotier et Vauvilliers (t~8;-84); au xixe par Clavier(t8ot-t8o6). L'édition de Coray (t8z6); ne comprend que les !'us; elle a le tort de rajeunir, non pas seulement l'orthographe, mais le texte lui- même, ce qui est plus grave, en l'altérant parfois d'une manière méconnaissable.
Nous avons apporté tout notre soin à reproduire avec exacti- tude ]e texte et même l'orthographe de t56~; on a seulement distingué, pour rendre la lecture plus facile, le j de l'i et le v de l'u ;les majuscules n'ont été maintenues que pour les noms
x. Mème assertion l'année précédente pour les [Euvres morales n reveue et corrigee en infinité de lieux par feu M. Amyot, peu aupara- vant son deceds n,
z. Paris, r6zz, in-8° : le tome I chez Nicolas de la Vigne ; le t. II chez Mathurin Henault [Bibl. Sorbonne]. —Paris, r6ti.5, z vol in-f°, chez Antoine Robinet et r65S, z vol. in-f°, chez Léonard [Bibl. Nat.J.
g. Paris, Dupont, rz vol. grand in-8°. V. dans le t. I°~ la vied'Amyot, par l'abbé Leboeuf ; cf, de Bligniéres, p. 40o et suie.
15 AVERTISSEMENT Z
propres ;pour la ponctuation, nous avons observé le plus possible celle d'Amyot, nous bornant à séparer certains mots mis en appo- sition, et à enlever les virgules superflues dans les cas où elles auraient partrop gêné nos habitudes modernes. Dans les variantes nous avons omis, sauf exception curieuse, ce qui était de pure orthographe; mais nous avons noté quelques formes de mots qui pouvaient intéresser l'histoire de la prononciation ou du lexique.
Enfin dans ce texte de is6y qui ne présente aucun alinéa, on a jugé bon d'introduire les coupes du texte grec, suivies par les éditions modernes de Didot et de Teubner : ce qui facilitera la lecture et les recherches.
LOUIS CLÉMENT.