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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Les Remèdes à l'amour de l’Antiquité au xviiie siècle
  • Pages : 345 à 349
  • Collection : Rencontres, n° 584
  • Série : Lectures de la Renaissance latine, n° 19
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406147435
  • ISBN : 978-2-406-14743-5
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14743-5.p.0345
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 12/07/2023
  • Langue : Français
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Résumés

Gautier Amiel, Adeline Lionetto et Dimitri Mézière, « Introduction. Guérir de la passion : éradiquer ou contrôler lamour ? »

Lamour comme mal à traiter, endiguer ou éradiquer est un motif qui parcourt la production littéraire depuis lAntiquité. En proposant un panorama des grands courants érotico-littéraires qui se succèdent en Europe, et en revenant sur les conceptions des maux amoureux qui sy déploient, il sagit ici de présenter les différentes visions (médicales, littéraires et philosophiques) du remède amoureux qui structurent une véritable tradition littéraire depuis lAntiquité jusquau xviiie siècle.

Dimitri Mézière, « Le discidium, un remède à lamour des bêtes et des hommes chez Virgile (Géorg. III. 209-283) et Ovide (Ars et Remedia) ? »

Partant du constat que la séparation amoureuse est régulièrement associée à des images équestres ou bovines dans lArs et les Remedia dOvide, cette étude entend éclairer la façon dont ces poèmes dialoguent avec lexcursus central du chant III des Géorgiques au sein duquel Virgile présente la séparation comme un remède ambivalent à la fureur des bêtes. Il sagit de montrer comment Ovide inverse le sens du passage virgilien en faisant de la séparation (discidium) un remède efficace à la passion.

Amandine Mussou, « Le meillour art : les traductions des Remedia amoris en français à la fin du Moyen Âge. Les Eschés amoureux, Ovide du remede damours »

Cet article étudie conjointement deux traductions médiévales françaises des Remedia amoris, celle insérée dans Les Eschés amoureux dÉvrart de Conty (composés dans les années 1370-1380) et une traduction anonyme inachevée datant du début du xve siècle. Larticle analyse la façon dont est assumée linstabilité du texte ovidien : la mise en scène de lautorité du doctor amoris346sassortit dans ces textes dune réflexion sur les pouvoirs du livre et deffets de polyphonie savamment entretenus.

Charles Senard, « Les remèdes à Laure. Pétrarque dans la tradition des Remedia amoris »

La quête par Pétrarque dune harmonie entre philosophie païenne et révélation chrétienne trouve une illustration dans son traitement du motif des remèdes à lamour. Dans le traité du Secretum, Augustinus, après avoir convaincu Franciscus de la nécessité de mettre un terme à son amour pour Laure, parce quil porte à loubli de Dieu, ajoute aux remèdes traditionnels provenant principalement des Tusculanes de Cicéron (préférées aux Remedia dOvide) le remède suprême, chrétien, de la prière.

Hélène Casanova-Robin, « Les remèdes à lamour dans les dialogues contra amores au xve siècle »

Létude porte sur quelques exemples significatifs du paradigme médical dans les discours antérotiques latins du xve siècle italien : exprimant la nécessité de remédier à la passion damour, Piccolomini, Ficin, Platina, y recourent pour étayer leurs argumentations diverses, témoignant dune actualisation de lhéritage antique – et médiéval – et de la richesse du débat contemporain. La poésie, quant à elle, ouvre parfois des voies inattendues, où le remède procède dune sublimation par lécriture.

Constance Griffejoen, « Dire lamour pour en guérir ? Bussy-Rabutin et la tradition antique des remèdes à la passion »

Exilé sur ses terres de Bourgogne et délaissé par sa maîtresse la marquise de Montglas, Bussy-Rabutin (1618-1693) trouva dans la lecture et la traduction des auteurs latins de fréquentes occasions de divertissement. Il imita notamment les Remèdes à lamour dOvide et cet article vise à cerner les enjeux dune telle réappropriation. Il sagit dexaminer comment Bussy remodèle la topique des remèdes au mal damour selon les contours de son expérience et de sa culture.

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Jean-Christophe Courtil, « Venerem inhibere. Les substances anaphrodisiaques dans les traités médicaux latins »

Il semble tout à fait étonnant que les traités médicaux latins proposent autant de substances visant à éteindre une fonction physiologique, celle du désir sexuel. Nous tâcherons danalyser les principes daction (physiques, symboliques et analogiques) de ces procédés, afin den déterminer les fonctions et les destinataires. Nous verrons que les anaphrodisiaques possèdent non seulement une fonction thérapeutique, mais aussi sociale, celle de limiter ladultère et le recours à lavortement.

Estela Bonnaffoux, « Lexcès amoureux et sa cure dans quelques practicae médiévales »

Les pathologies provoquées par lexcès amoureux ont fait lobjet de nombreux développements dans les practicae des xive et xve siècles. Cet article étudie les différentes thérapies proposées pour les guérir. Il sappuie sur le Lilium medicinae de Bernard de Gordon (mort en 1330), la Practica sive Philonium deValesco de Tarenta (actif en 1382-1417), lOpus preclarum dAntonio Guaineri (mort en 1458) et la Practica Maior de Michel Savonarole.

Justine Le Floch, « La diététique de lamour au xviie siècle. Médecine et rhétorique dans les régimes de santé de Joseph Du Chesne (1606) et de Pierre Jaquelot (1630) »

Le Portrait de santé de Joseph Du Chesne (1606) et LArt de vivre longuement selon Médée de Pierre Jaquelot (1630) ont en commun dinclure lamour au rang des perturbations de lâme qui relèvent du champ dexpertise de la diététique. Tous deux proposent un discours psychophysiologique qui dégage les effets somatiques et comportementaux produits par la passion. Ils puisent dans lhistoire antique les préceptes et exemples tirés des mythes pour guérir leurs patients, malades de trop aimer.

Charline Granger, « Limagination thérapeutique dans De la passion de lamour (1782). Soigner le mal par le mal »

Limagination comme remède à la passion amoureuse est réinterprétée au xviiie siècle à laune des théories physiologiques dinspiration sensualiste. 348Lauteur de De la passion de lamour (1782), soi-disant médecin anglais, sappuie sur cette relecture pour penser à nouveaux frais, sur un mode mi-parodique, mi-sérieux, la séparation de deux types de discours concurrents en matière de traitement de la passion amoureuse : celui relevant de la médecine, et celui relevant de la littérature.

Naïs Virenque, « Larbre damour du Breviari damor. Un outil visuel pour réguler la passion et préserver lamour charnel »

Entre 1288 et 1291, Matfre Ermengau rédige le Breviari damor, une encyclopédie qui définit ce quest lamour en sappuyant sur un diagramme, larbre damour. Le présent article détermine les raisons qui conduisent Matfre à élaborer cet arbre, examine en quoi celui-ci constitue un outil pour réguler lamour, et sintéresse aux liens avec des propos prophylactiques ou thérapeutiques favorisant la complicité des amants tout en leur assurant de répondre aux exigences dune vie vertueuse.

Nathalie Godnair, « La musique, remède à la passion amoureuse ? Ambiguïté dune émotion esthétique à la Renaissance »

Les effets de la musique sur la passion amoureuse sont présentés de manière paradoxale dans les textes de la Renaissance. Si certains auteurs évoquent la manière dont elle fait naître le désir de l« escoutant », dautres attestent à linverse la manière dont elle vient guérir « les sens empoisonnés du venin amoureux », ou consoler le cœur amoureux. Il sagit dobserver comment sarticulent ces différents effets, mais aussi comment sinfléchit au xvie siècle la nature de lexpérience esthétique.

Louise Dehondt, « Rire de la vieille femme pour guérir les maux damour dans la poésie française de la Renaissance »

Cet article examine la dimension thérapeutique que revêt le blâme de la vieille femme dans la production poétique satirique et amoureuse du xvie siècle où le portrait détaillé du corps féminin âgé est présenté régulièrement comme un remède au désir sexuel et à la passion amoureuse, susceptible de déclencher un rire salutaire, chez le poète comme chez le lecteur.

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Alexandra Gorichon-Herren, « Les amours dAntiochus et Stratonice. Une thérapeutique hétérodoxe »

Au départ prosélyte, le récit des amours séleucides est devenu une anecdote historique, à visée exemplaire. Sa structure diégétique et son imaginaire nosologique ont permis un incessant dialogue avec les savoirs médico-moraux sur la maladie damour. À laune de sa conceptualisation pathogène du désir, lanalyse propose détudier les trois thérapeutiques quelle recèle en son sein pour sen prémunir ou en guérir : la cure par le coït, la cure par limage, la cure par la parole.

Juliette Goutierre, « La lettre, ersatz de lamant et remède à lamour. Des Héroïdes dOvide aux Lettres portugaises »

Dans les Héroïdes dOvide, comme dans les Lettres portugaises, lépistolaire amoureux revêt un usage thérapeutique inattendu. Alors quelle vise à convaincre lamant et à alimenter lamour, la lettre est finalement réduite à nêtre quun monologue dont naît le remède à lamour. Si dune part, elle a une fonction analgésique, apaisant le symptôme du mal damour quest la souffrance de la solitude, elle a, dautre part, la paradoxale vertu curative de mettre fin au mal damour lui-même.

Nicolas Fréry, « Lasile profané. Désenchantement du lieu et guérison des amants dans La Nouvelle Héloïse »

Pour guérir Julie et Saint-Preux de leur amour, Wolmar exige quils sembrassent sous ses yeux dans le bosquet où ils avaient échangé dix ans plus tôt leur premier baiser. En itérant une scène qui a le prestige de lhapax, lexpérimentateur entend dépouiller le passé de son aura. Cet article a pour propos détudier cette thérapie paradoxale, en montrant que si elle vise à profaner un lieu chargé de souvenirs pour en ôter la nocivité, elle se révèle impuissante à remédier à une passion incurable.