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Classiques Garnier

[Introduction]

  • Publication type: Book chapter
  • Book: Les Promesses du roman. Poétique de la prolepse sous l’Ancien Régime (1600-1750)
  • Pages: 457 to 457
  • Collection: Rhetorical Universe, n° 11
  • CLIL theme: 3154 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage -- Stylistique et analyse du discours, esthétique
  • EAN: 9782406108740
  • ISBN: 978-2-406-10874-0
  • ISSN: 2271-703X
  • DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-10874-0.p.0457
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 05-05-2021
  • Language: French
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Un argument est absent de la querelle dHomère. Les défenseurs du poète auraient pu mettre en doute la parole de Jupiter, souligner quil nest après tout « quun dieu », un personnage, qui peut se tromper, car lerreur est aussi divine. Qui, dans un récit, est habilité à promettre ? Que vaut la parole des personnages ? Faut-il faire comme les auteurs dAncien Régime et dire, en somme, Deus sive poeta ? Afin de mieux cerner, par contraste, la nature exacte de la promesse portée par la prolepse, il nous faudra avant toute chose confronter cette dernière à des procédures comparables (préparations implicites ou prédictions des personnages), souvent confondues avec elle.

Et, pour revenir à lIliade, quand bien même lannonce du chant XV eût été faite par le poète lui-même, quaurait-elle valu ? Une prolepse nest jamais quune promesse, et nous pouvons très bien concevoir que lauteur ait choisi à dessein un narrateur peu fiable, voire que lui-même se ravise, change de projet, oublie sa promesse1. Cest à travers la vaste question des rapports entre narrateur et lecteur (ou auteur et lecteur) que nous nous interrogerons sur la confiance à accorder aux promesses du roman et sur les manières dinterpréter les prolepses déceptives que nous avons souvent rencontrées dans les fictions de notre corpus.

1 Cest pourquoi nous ne pousserons pas jusquau bout lanalogie entre le « suspense paradoxal » (celui quon éprouve à la relecture) et le « suspense proleptique » : nous refusons par principe dassimiler les connaissances acquises grâce à une première lecture et celles qui proviennent des indications du narrateur.