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Classiques Garnier

Glossaire

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Glossaire

Les définitions proposées ici ne visent quà aider le lecteur, elles sont donc très synthétiques. Nous donnons en note, lorsque cela est possible, la définition des termes présents dans le dictionnaire de Covarrubias (1611) afin den présenter lusage au début du xviie siècle.

Ahl / ahl al-djazîra / ahl al-andalus (arabe, subst. et complément du nom) : de la racine ahala qui désigne aussi la famille, employé ici dans le sens dhabitant de lîle (djazîra), cest-à-dire de la péninsule ibérique, ou dal-Andalus, avec une connotation dappartenance au lieu.

Al-Andalus (arabe, subst. et article) : désigne lEspagne politiquement musulmane.

Al-atlâl (arabe, subst. et article) : les ruines ou vestiges,élément de la première partie attendue de la qasîda classique (nasîb) : le poète y aborde, de manière à la fois novatrice et stéréotypée, labsence de la bien-aimée ; il se lamente sur les traces du campement (al-atlâl) quelle a abandonné avec sa tribu et évoque les marques de la reconquête de cet espace par le monde naturel (faune, végétation, vents, sables…)1.

Alcalde (espagnol, de larabe, subst.) : successeurs des anciens cadis musulmans (terme issu de larabe al-qâdî, le juge), les alcades avaient des fonctions à la fois judiciaires et municipales. Ils jouaient dans une ville le rôle dun maire, dun juge de paix, voire dun commissaire de police. Les villes importantes avaient des alcades de quartier. Dautres sortes dalcades avaient des fonctions spécialisées : alcades de cour (de corte) recevant des appels, alcades criminels, alcades de hidalgo jugeant les nobles, alcades de la Santa Hermandad2.

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Alfaqí (espagnol, de larabe, subst.) : religieux musulman (terme issu de larabe faqîh : spécialiste du fiqh, homme de loi, jurisconsulte).

Alfaqueque (espagnol, de larabe, subst.) : terme issu de larabe al-fakkâk : le rédempteur,personnage important de la frontière dont le rôle est de présider au rachat des prisonniers (fakk al-asîr). La charge était héréditaire et supposait une parfaite connaissance des deux langues mais aussi des deux sociétés3.

Aljama 4 , Aljamía 5  (espagnol, de larabe, subst.) : zone de peuplement musulman puis morisque organisé selon les structures sociales islamiques. Terme issu de larabe ajamî : Perse, étranger.

Aljamiado (espagnol, de larabe, adj. et subst.) : désigne le plus souvent un système décriture qui consiste à utiliser lalphabet arabe pour noter de lespagnol dialectal. Le terme peut aussi désigner le dialecte arabo-espagnol des Morisques.

Autodafé (en espagnol : auto de fe, « jugement sur les choses de la foi ») : au sens strict, cérémonie au cours de laquelle étaient proclamées solennellement les sentences portées par lInquisition6.

Ayuntamiento (espagnol, subst.) : conseil municipal.

Basmallah (arabe) : au nom de Dieu, formule liminaire placée au début des ouvrages mais qui peut aussi être prononcée avant une action particulière.

Converso (espagnol, subst. et adj.) : juif converti à la foi catholique.

Convivencia (espagnol, subst.) : possibilité pour les trois religions de vive ensemble.

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Cristiano viejo (espagnol) : vieux chrétien,personne qui nest pas issue de convertis, par opposition à nouveau chrétien.

Cristiano nuevo (espagnol) : nouveau chrétien, personne récemment convertie à la religion catholique ou issue de convertis.

Crypto-musulman : Morisque converti qui reste secrètement attaché aux pratiques et à la foi musulmanes.

Dâr al-harb (en arabe maison de la guerre) : désigne, par opposition à dâr al-islâm, les territoires qui ne sont pas sous autorité musulmane.

Dîwân (arabe, subst.) : appliqué à la littérature, le terme polysémique dîwân désigne, à la période classique, lensemble de lœuvre poétique dun auteur donné. À lépoque contemporaine, le terme est employé tantôt avec le même sens quà lépoque classique, tantôt pour désigner un recueil de poèmes, quand bien même celui-ci ne comprendrait pas tous les poèmes composés par le poète7.

Djihâd (arabe, subst.) : de la racine DJâHâDâ, le sens premier et général est celui de leffort, particulièrement de l« effort sur soi », obligation du musulman qui peut éventuellement prendre la forme dune guerre contre les non-musulmans.

Fatwa (arabe, subst.) : loi promulguée par une instance musulmane après examen dun problème particulier.

Fusha (arabe, superlatif : la plus pure) : arabe classique, par opposition aux dialectes.

Hadîth (arabe, subst.) : le terme désigne aussi bien la totalité du corpus, authentique et sacré pour lislam, des récits rapportant les paroles et les actes du prophète Muhammad, quune unité appartenant à ce corpus8.

Hadj (arabe, subst.) : une des cinq obligations du musulman ; il sagit du pèlerinage à la Mecque effectué pendant le mois du même nom.

Khabar (arabe, subst. : information, anecdote) : unité narrative minimale de la prose classique, le khabar est un texte bref, composé de deux parties : matn (contenu) et isnâd (chaîne de garants), rapportant une histoire à caractère exemplaire et édifiant, que ce soit en présentant un modèle ou un anti-modèle. Nombre douvrages de prose classique se composent dune juxtaposition de akhbâr sélectionnés selon leur thème. Le khabar présente donc certaines analogies avec lexemplum9.

Limpieza de sangre (espagnol) : pureté de sang ; statuts mis en place à partir du milieu du xvie siècle en Espagne (1553) qui établissent les règles dappartenance généalogique à la communauté vieille chrétienne. Seules les familles qui répondent à ces statuts et peuvent prouver quelles ne sont pas issues de convertis (du judaïsme ou de lislam) ont accès à certaines fonctions. Ces statuts sont restés en vigueur en Espagne jusquau xixe siècle.

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Mawla (arabe, subst.) : terme de la langue théologique, historique et juridique qui possède différentes significations selon lépoque et le contexte social. Du point de vue linguistique, cest le participe passif du verbe waliya, dont le sens fondamental est « être près de, en relation avec quelquun ou quelque chose », doù celui d« être proche du pouvoir, de lautorité », « détenir le pouvoir, gouverner, occuper une fonction10 ».

Morería (espagnol, de moro, subst.) : ensemble des Moros que ce soit ceux dun lieu particulier ou en général11.

Morisco (espagnol, subst, morisque) : au xvie le terme désigne les musulmans dEspagne convertis au catholicisme, quils soient sincères ou non12.

Moro (espagnol, subst. et adj.) : le plus souvent, le terme serait traduisible par musulman dEspagne ; mais il peut désigner plus généralement un musulman ou encore un Morisque13.

Mozárabe (espagnol, subst. et adj.) : chrétien dEspagne vivant sous domination musulmane14.

Mudéjar (espagnol, de larabe muddajan : domestiqué, subst. et adj.) : musulman dEspagne vivant sous domination chrétienne. Statut en vigueur pour les musulmans des villes conquises par les chrétiens à partir du xie siècle et abandonné dès les premières années du xvie siècle15.

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Muwashsha, (plur. Muwashshahât) (arabe, subst.) : genre poétique né en Espagne au xe siècle, leur métrique mélange les vers ce qui les distingue de la qasîda classique, et utilise parfois le dialecte voir, dans certains cas, une langue romane ou lhébreu dans leurs derniers vers (kharja).

Natural (espagnol, subst. et adj.) : autochtone, natif du lieu. Le terme est fréquemment utilisé par les musulmans dEspagne pour se désigner.

Pliego suelto (espagnol) : feuillet volant, un seul folio imprimé plié en quatre, les pliegossueltos voient le jour avec les débuts de limprimerie en Espagne, les plus anciens conservés datent du début du xvie siècle. Ils constituent un support privilégié pour les romances. Seuls un nombre restreint de ces feuillets a été conservé.

Qasîda (arabe, subst.) : si le terme désigne aujourdhui un poème, quel quil soit, quasîda a dabord renvoyé au poème classique tripartite, dorigine préislamique. Il est généralement admis que, dans le principe, une qasîda incluait en première partie le nasîb (ouverture), en seconde partie le rahîl (récit de voyage), enfin le gharad (objet du poème), panégyrique, satire ou jactance. Les grandes odes préislamiques ou muallaqât en sont les exemples les plus célèbres16.

Risâla (arabe, subst.) : épître, lettre.

Romance (espagnol, subst.) : poème en espagnol, généralement en octosyllabes assonancés aux vers pairs, de taille variable et de thématique très diverse, en général narratif. Le premier romance écrit conservé date du début du xve siècle. En fonction de leur date supposée de création, on classe les romances en romances viejos (date de création est antérieure à leur mise en recueil, avant 1550 donc) et romances nuevos (créés après la première mode des recueils).

Romance artificioso (espagnol) : désignation relative au style des romance créés ou remaniés à la fin du xve siècle ou au début du xvie siècle par des poètes de cour qui imitent le style « rustique » ou « populaire » des premiers romances (terminologie pidalienne).

Romance artístico (espagnol) : désignation relative au style des romances les plus tardifs, datant de la deuxième moitié du xvie siècle, romanceronuevo (terminologie pidalienne).

Romance de cautivos / berberisco (espagnol) : désignation relative à la thématique des romances tardifs dont le sujet principal est la Guerre de Course en Méditerranée.

Romance erudito (espagnol) : désignation relative au style des romances composés dans la première moitié du xvie siècle par des auteurs parfois connus qui se fondent sur des textes historiques (des chroniques médiévales, des histoires gréco-latines ou la Bible) (terminologie pidalienne).

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Romance de frontera (espagnol) : désignation relative à la thématique de romances en partie classés dans les romances viejos en partie dans les romances nuevos. Les romances de frontera (ou fronterizos) traitent des dernières Guerres de Grenade et de lévolution de la frontière du royaume nasride.

Romance juglaresco (espagnol) : désignation relative au style des romances les plus anciens, mais qui, par opposition aux romances « traditionnels » sont composés au xve siècle par des chanteurs compositeurs professionnels qui adaptent les romances traditionnels aux goûts de la Cour (terminologie pidalienne).

Romance morisco (espagnol) : désignation relative à la thématique de romances tardifs qui utilisent comme personnages des Moros stéréotypés devenus le support de jeux poétiques codifiés.

Romanceador (espagnol, subst.) : traducteur de larabe vers lespagnol.

Sîra (arabe, susbt.) : Littéralement : biographie. La Sîra nabawiyya est la biographie du prophète Muhammad, souvent désignée par lexpression al-Sîra (la biographie par excellence). Dans la littérature populaire, sîra désigne les romans épiques ou légendaires, souvent volumineux, transmis oralement. Ils sont constitués de longs développements et débordements greffés sur des fragments historiques réinterprétés17.

Taifas (espagnol, de larabe, subst. plur) : terme issu de larabe mulûk al-tawâif période déclatement politique en al-Andalus qui a donné lieu à la création de nombreuses cours basées autour de différents centres urbains et à une intense activité intellectuelle après leffondrement du califat de Cordoue.

Taqiyya (arabe, subst.) : terme issu de taqîh : dévotion, crainte de Dieu. Doctrine développée en Espagne par certains religieux musulmans au cours du xvie siècle qui autorise les musulmans dEspagne à renier leur foi musulmane « par la bouche » sils ne la renient pas « dans leur cœur », elle vise à faciliter la vie des crypto-musulmans en leur donnant le droit de passer outre certaines obligations.

Umma (arabe, subst.) : communauté des croyants musulmans.

Wasf (arabe, subst) : le wasf : description est parfois considéré comme un « genre » poétique. Certains critiques le définissent plutôt comme le fait même de décrire quelque chose dans tel passage dun poème, sans préjuger de lobjet décrit. Dautres classent plutôt des poèmes entiers que des vers ou des passages, en référence à la nature de ce qui est décrit (objet, situation, réflexion, sentiment…), ce qui permet de rendre compte dun corpus plus large18.

1 Heidi Toelle, Katia Zakharia, À la découverte de la littérature arabe, du vie siècle à nos jours, Paris, Flammarion, 2005.

2 Bartolomé Bennassar, Lhomme espagnol, attitudes et mentalités du xvie au xixe siècle, éd. Complexe, 2003, [1975]. « Nombre arábigo, el que preside y govierna el algún lugar ; dizen que de cahed, que vale presidente y governador. Diego de Urrea tiene que en arábigo se llama mucalidun. La M es formativa del nombre, y no es radical, sino que demuestra ejercicio, y la raíz es calede, que vale encargarse del gobierno. Ay muchas diferencias de alcaldes ; los preeminentes son los de Casa y Corte de Su Majestad y los de las Chancillerías, y los ínfimos los de las aldeas, los quales, por ser rústicos, suele dezir algunas simplicidades en lo que proveen, de que tomaron alcaldadas. », Sebastián de Covarrubias, Tesoro de la lengua castellana, o española, [Madrid, Luis Sanchez, 1611], éd. Martín de Riquer, Barcelona, Alta Fulla, 1987.

3 « Vale tanto como redentor de cautivos. Las calidades que el tal hombre ha de tener, las refiere la ley primera, tít. 30 de la segunda partida con las dos que se le siguen : “Advierte una cosa, que yo desseo que entable en cristianos viejos, y es que entiendan la lengua arábiga”, y da la razón : “Porque si sabidores fueren de las lenguas, entenderán lo que dixeren ambas las partes, y sabrán responder a ello, e dezir otrosí a cada uno lo que conviene. », Covarrubias, éd. citée Sur ce mot, voir larticle de Francisco Vidal Castro, « Le rachat des captifs musulmans en al-Andalus (viiie-xve siècle) », in « La rançon – Journée de lÉcole Doctorale dHistoire organisée par Wolfagang Kaiser et Bernard Vincent », Hypothèses, Paris, Publications de la Sorbonne, 2006.

4 « Vale ayuntamiento y concejo. Diego de Urrea, geamiun, del verbo gemea, que vale ajuntar ; y puede ser hebreo, de al-iam ; iam vale mar y congregación de gentes, de donde se pudo dezir aljamía. Juan López de Velasco, aljama de al v jamaha, lenguaje escuro en hebreo. » Covarrubias, éd. citée.

5 « Vale tanto como lengua peregrina, confusa y bárbara, que no se dexa entender. Diego de Urrea dize assí : “Para entender la sinificación deste vocablo se ha de notar que assí como los griegos llamavan bárbaros a todas las naciones que avía en el mundo, fuera de la suya, como hablasen otra lengua que no fuesse la griega, y los latinos que después sucedieron en la monarquía, anteponiendo la suya a las de más, fuera de la griega, llamaron bárbaros a las demás naciones ; assí los árabes, exceptuando los hebreos y caldeos, a todos los demás tuvieron por bárbaros, y cualquiera lengua estrangera llamaron aljamía, en su terminación agiemetun, del verbo ageme, que vale ignorar, no saber pronunciar ni darse a entender.” Covarrubias », éd. citée Ce sens est aujourdhui plutôt réservé à aljamiado.

6 Bartolomé Bennassar, Op. cit.

7 Heidi Toelle, Katia Zakharia, Op. cit.

8 Heidi Toelle, Katia Zakharia, Op. cit.

9 Heidi Toelle, Katia Zakharia, Op. cit.

10 Voir dans lEncyclopédie de lIslam, larticle de P. Crone.

11 « Barrios en algunas ciudades donde en tiempos atrás vivían algunos moros, en los lugares de cristianos, y háseles quedado el nombre. », Covarrubias, éd. citée.

12 « Los convertidos de moros a Fe Católica, y si ellos son católicos, gran merced les ha hecho Dios y a nosotros también. », Covarrubias, éd. citée.

13 « Latine maurus, dicho assí de la provincia de Mauritania. Proverbio : “A moro muerto gran lançada.” » Covarrubias, éd. citée.

14 « Quando los moros ganaron a España, entre los demás cristianos que quedaron entre ellos, los de Toledo alcanzaron seis iglesias de la ciudad que les dexaron libres, en las quales celebravan los divinos oficios y recibían los Santos Sacramentos. En este tiempo usavan el rezado que ordenó el bienaventurado San Isidoro, y la missa que por averla conservado éstos se llamó después oficio y missa mozárabe. Pues, como estos tales cristianos estuviesen mezclados entre los moros, llamároslos mixtiarabes, eo quod cum arabibus viverent. Después de recobrada la ciudad de Toledo de los moros, se continuó y conservó la memoria destos mixtiarabes, corrompido el vocablo en mozárabes. En las dichas seis iglesias, y en la iglesia amyor, ay la capilla de los mozárabes, que fundó el cardenal don Fr. Francisco Ximénez, donde oy día se dize el oficio y la missa mozárabe. Que se aya dicho de Muza Arabe, capitán de Alif, tiénese por disparate. Podrás vers a Garibay, en la vida del rey don Alonso el VI, lib. II, cap. 20 fil. 616. confirma lo dicho Genebrardo, en su Chronicon, anno Christi 740, fol. 504, que dize assí : Interim christiani in Hispania vivere permissi, tributarii mozarabes dicti sunt, quasi mixti arabibus. Tamarid dize assí : Mozárabe, missa en Toledo dicta a mixtis arabuibus vel a Mustarabi, quod latine sonat arabice, eo quod mixta arabice missa Toleti celebrabatur. Brocensis ; Mozárabe, hebero mozar vel mussar, vinculum quasi vinctus. Alii vocant mozarabes, quasi missa arabibus. », Covarrubias, éd. citée.

15 « Vocablo arábigo, vale tanto como moros vasallos de cristianos. Verás a Garibay, Camalloa, lib. 18, cap. 28, del Compendio historial de España, en la vida del rey don Fernando el Católico. Estos, por tiempo, vinieron a convertirse y tornarse cristianos, y son los moriscos antiguos de Castilla, Aragón y Cataluña, distintos de los de Valencia y Granada. », Covarrubias, éd. citée.

16 Heidi Toelle, Katia Zakharia, Op. cit.

17 Heidi Toelle, Katia Zakharia, Op. cit.

18 Heidi Toelle, Katia Zakharia, Op. cit.