Emmanuel Blanc : Sur quelques discussions avec Pierre Dockès autour de l’intérêt chez A. Smith et T. Hobbes

Reprenant un dialogue engagé avec P. Dockès, cette étude montre que deux conceptions différentes de l’intérêt individuel se sont développées chez les économistes. La première, celle d’A. Smith, éclaire l’intérêt au moyen de la sympathie. La seconde, qui concerne une bonne part de l’économie politique après Smith, lui donne son versant sombre (dismal science) ; remontant à T. Hobbes, on la retrouve dans les théories de l’homo oeconomicus. Une possibilité de reconstruction de l’économie politique pourrait s’opérer autour de l’hypothèse d’empathie qui a aujourd’hui une assise neurologique indiscutable.

Coming back to a discussion with P. Dockès, this study shows that two different conceptions about the individual interest are developed by the economists. The first, that of A. Smith, clarifies the interest with the help of sympathy. The second, which concerns largely economics after Smith, gives it a dark slope (dismal science) ; initiated with T. Hobbes, we find it in the theories of the homo oeconomicus. A possibility of rebuilding economics would be possible using the assumption of empathy which has an indisputable neurological base today.

Pascal Bridel : Origines et détermination du « prix de chaque chose ». La Richesse commerciale entre le coût de production de Smith et la « catallactique » de l’offre et de la demande de Canard

Dans la Richesse commerciale (1803), Sismondi construit sa théorie des prix non seulement sous l’influence de la Richesse des nations (1776) de Smith, mais aussi sous celle des Principes d’économie politique (1801) de N.-F. Canard. Nous avons donc affaire à une étape importante dans la tradition française de la théorie des prix, fondée sur l’offre et la demande, qui ne devra rien à David Ricardo.

In his Richesse commerciale (1803), Sismondi built his price theory not only under the influence of the Wealth of Nations (1776) of Smith, but also under the influence of the Principes d’économie politique (1801) of N.-F. Canard. Therefore, we have here a big step in the French tradition of the price theory, grounded on supply and demand, which will not owe anything to David Ricardo.

Gilles Jacoud : L’économie politique selon Jean-Baptiste Say. D’une science expérimentale à une science utile pour la société

L’article porte sur l’évolution des idées de J.-B. Say sur la science économique, au fil des éditions du Traité d’économie politique, de ses cours et dans le Cours complet. Selon Say, l’économie politique est une composante des sciences morales et politiques qui accède, grâce à la méthode expérimentale, à un statut comparable à celui des sciences naturelles. Cependant, l’économie politique est aussi et surtout une science pratique, « la science du pot-au-feu ».

The article deals with the evolution of J.-B. Say’s ideas about economic science, through the successive editions of his Traité d’économie politique, his courses and his Cours complet. According to Say, political economy is a component of the sciences morales et politiques which reaches, thanks to the experimental method, a comparable statute with that of the natural science. However, political economy is also and especially a practical science, “la science du pot-au-feu”.

Bertram Schefold : Bruno Hildebrand : la perspective historique d’un économiste libéral

Les activités de Bruno Hildebrand, l’un des trois fondateurs de la vieille école historique allemande d’économie, sont largement ignorés en dehors de l’Allemagne. Sa célèbre théorie des stades fournit un lien entre la vieille tradition caméraliste allemande et les futures tentatives de construction, par l’école historique allemande, de théories systématiques des différentes formes de capitalisme et leur émergence dans les systèmes pré-capitalistes (Schmoller, Sombart, Weber).

Bruno Hildebrand’s work, one of the three founders of the Older Historical School, is largely ignored outside Germany. His famous theory of stages provides a link between the old German cameralist tradition and the future endeavour of the German historical school to arrive at systematic theories of different forms of capitalism and their emergence in pre-capitalist systems (Schmoller, Sombart, Weber).

Jean-Pierre Potier : Antonio Gramsci et ses tentatives de dialogue avec Piero Sraffa en histoire de la pensée économique

P. Sraffa a soutenu au plan matériel et moral le théoricien marxiste A. Gramsci, emprisonné par le régime fasciste. L’article traite des tentatives de dialogues entre eux sur des questions relatives à l’histoire de la pensée économique. La

rédaction des Cahiers de prison conduit Gramsci à s’intéresser, à plusieurs reprises, à la naissance et à l’évolution de la science économique. Il soumet le fruit de ses réflexions à Sraffa, en particulier sur Machiavel, sur Ricardo et l’économie classique. Sraffa tente de répondre à certaines de ses interrogations.

P. Sraffa supported materially and morally the Marxist theorist A. Gramsci, imprisoned by the fascist regime. This paper deals with the discussion attempts between them about questions concerning the history of the economic thought. Writing the Prison’s Notebooks, Gramsci was interested, on several occasions, with the birth and evolution of economic science. He transmitted the fruit of his reflections to Sraffa, especially on Machiavel, Ricardo and the classical economics. Sraffa tried to answer to some of his doubts.

Gérard Klotz : Voyages intellectuels dans les colonies en compagnie des physiocrates. La question de l’esclavage

L’étude montre que, contrairement à l’opinion commune, les principaux économistes physiocrates se sont beaucoup intéressés à la question de l’esclavage et des colonies. Mis à part le cas de Le Mercier de la Rivière, les physiocrates sont des anti-esclavagistes convaincus. Selon eux, au lieu d’épuiser nos ressources dans des opérations lointaines, il est préférable de développer l’agriculture du royaume. Concernant les colonies existantes, il est nécessaire de les peupler. Les plans de peuplement diffèrent selon les auteurs, mais tous vont dans le sens de la suppression de l’esclavage.

The study shows that, contrary to the common opinion, the main economists physiocrats were very much interested by the question of slavery and colonies. Put aside the case of Le Mercier de la Rivière, the physiocrats are convinced abolitionists. According to them, instead of exhausting our resources in far-off undertaking, it would be better to develop agriculture of the Kingdom. Concerning the existing colonies, it is necessary to populate them. The plans of settlement differ according to the authors, but all go in the direction of the suppression of slavery.

Annie L. Cot : Janus géomètre : Jeremy Bentham et l’Amérique Latine

L’étude montre la notoriété exceptionnelle de Jeremy Bentham en Amérique Latine dans les années 1820. Quand les nouvelles républiques émergent comme nations indépendantes, Bentham s’engage dans une intense activité intellectuelle et politique. À travers ses écrits et ses projets législatifs, il apparaît à la fois comme un expert et un réformateur social où des gouvernements mettraient

en place des constitutions fondées sur le principe du plus grand bonheur pour le plus grand nombre. Le modèle emblématique de cette utopie utilitariste est le projet de canal inter-océanique à travers Panama.

The study shows the exceptional notoriety of Jeremy Bentham in Latin America during the years 1820. When the new republics rose as independent nations, Bentham engaged himself in an intense intellectual and political activity. Through his projects and legislative writings, he appeared at the same time as an expert and a social reformer where governments would set up constitutions based on the principle of greatest happiness of the greatest number. The emblematic model of this utilitarian Utopia was the inter-oceanic project of channel through Panama.

Alain Clément : La question coloniale et les économistes français (1830-1870)

Une nouvelle vague de colonisation française se développe de 1830 (conquête de l’Algérie) à 1870. Sur la mise en route des colonies, les économistes libéraux sont partagés entre deux approches : laissez faire l’initiative individuelle ou accompagner les colons par des investissements publics et mettre en place des institutions telles que la propriété privée foncière (et de simples concessions temporaires). Sur la question des coûts de la colonisation, ils considèrent que les frais engendrés sont supérieurs aux gains, que les investissements détournés vers les colonies par des subventions freinent le développement de la métropole. Vers 1870, Jules Duval est l’un des rares économistes à défendre la colonisation, en particulier celle de l’Algérie.

A new wave of French colonization came from 1830 (conquest of Algeria) to 1870. About the setting up of colonies, the liberal economists are divided between two approaches : let make the individual initiative or accompany the colonists by public investments and setting up institutions such as land private property. On the question of the costs of colonization, they consider that expenses are higher than profits, that the investments diverted towards colonies by subsidies slow down the development in France. In about 1870, Jules Duval was one of the few economists to defend colonization, in particular in Algeria.

Roberto Baranzini : Pour une histoire de la théorie économique de Léon Walras

La théorie de l’équilibre économique général de L. Walras fait l’objet de deux interprétations. La première, fondée sur la reconstruction rationnelle (Patinkin, Morishima, Walker) défend l’idée selon laquelle l’équilibre

général décrirait les mécanismes économiques de la 2e moitié du xixe siècle. La seconde interprétation, fondée sur la reconstruction historique, s’intéresse à la conception de la science et souligne le rôle de la composante épistémologique à propos de l’équilibre général. L’étude montre la fécondité de la seconde approche en revenant sur les notions d’économie pure et de sciences appliquées.

Walras’s theory of general equilibrium is the object of two interpretations. The first, grounded on the rational reconstruction (Patinkin, Morishima, Walker) defends the idea according to which the general equilibrium would describe the economic mechanisms of 2nd half of the xixth century. The second interpretation, grounded on the historical reconstruction, is interested in the conception of science and underlines the role of the epistemological component in connection with general equilibrium. The study shows the fruitfulness of the second approach while reconsidering the concepts of pure economics and applied sciences.

Richard Arena : Was Léon Walras a rational choice theorist ?

L’étude réexamine la vision de la contribution de Walras à l’économie véhiculée par les néo-walrassiens à la suite de K. Arrow. Selon eux, cette contribution se réduirait à une combinaison de choix individuel rationnel et d’équilibre de marché concurrentiel. L’étude montre que l’utilisation de la théorie du choix rationnel est limitée chez Walras. Son économie pure n’est pas fondée sur des contrats et arrangements individuels et son but réside dans la détermination des valeurs d’échange. La notion de « personnalité morale » avec ses dimensions physiologiques et psychologiques, les aspects sociaux des comportements individuels sont éloignées de la théorie des choix rationnels.

The study reexamines the interpretation of Walras’s contribution to economics according to the Neo-Walrasians following K. Arrow. According to them, this contribution would be reduced to a combination of rational individual choice and competitive market equilibrim. The study shows that the use of the theory of rational choice is limited in Walras. His pure economics is not grounded on individual contracts and arrangements and its goal lies in the determination of the exchange values. The concept of “personnalité morale” with its physiological and psychological dimensions, the social aspects of the individual behaviours are far away from the theory of rational choice.

Nicolas Chaigneau : Edgeworth versus Fisher on utility measurement .The role of psychology

L’étude offre une perspective historique sur l’apparition du concept d’utilité ordinale en analysant la manière dont F. Edgeworth (1881) et I. Fisher (1892) ont traité la question de la mesurabilité de l’utilité. Edgeworth, tirant son inspiration de la psychologie expérimentale allemande, plaide pour l’utilisation de la méthode de mesure mentale de G. Fechner. L’étude explique pourquoi Fisher rejette cette analyse et comment il est conduit à développer sa propre notion ordinale de l’utilité. L’émergence de l’approche ordinale est le résultat d’un débat sur la manière de fixer les frontières de l’économie, et plus spécialement sur les relations entre économie et psychologie.

This paper aims to provide a historical perspective on the appearance of the concept of ordinal utility, analyzing the way Francis Edgeworth (1881) and Irving Fisher (1892) focused on the issue of the measurability of utility. Edgeworth, drawing inspiration from German experimental psychology, called for the use of Gustav Fechner’s method of mental measurement. The paper explain why Fisher repudiated this attempt and how this led him to develop an ordinal notion of utility. The emergence of the ordinalist approach is the result of a debate on the way to draw the frontiers of economics and, more particularly, on the relationships between economics and psychology.

Ludovic Frobert : Crises périodiques et mouvements de population chez Clément Juglar

Clément Juglar est connu pour avoir délaisser la notion de crise pour celle de cycle économique. L’étude examine ses écrits relatifs à la population, dans les années 1852-1862, quand il arrive à l’idée de cycle et dans les années 1889-1903 quand il réfléchit à une 3e édition de son ouvrage sur les crises commerciales. En opposition aux thèses des malthusiens, Juglar montre que le volume de la population est dépendant des mouvements économiques et marche « par soubresauts » : croissance très rapide en prospérité et réajustement en dépression. À long terme, on assiste à une croissance lente, mais non régulière de la population française.

Clément Juglar is known for having forsaken the concept of crisis for that of economic cycle. The study examines his writings related to population, in the years 1852-1862, when he came at the idea of cycle and in the years 1889-1903 when he thought about a 3rd edition of its book on the commercial crises. In opposition to the Malthusians’ theses, Juglar showed that the volume of population is depending on the economic movements and

walks “par soubresauts” : very fast growth in prosperity and readjustment in depression. In the long run, we have a slow but non-regular growth of the French population.

Philippe Gilles : Rythmes économiques, crises et changement social. La perspective théorique de Pierre Dockès et de Bernard Rosier

Les analyses de P. Dockès et de B. Rosier relatives aux « rythmes économiques » constituent une contribution majeure à la spécification des crises et des cycles économiques. L’étude réexamine leur analyse du « cycle classique », dont le point de retournement est la « crise de régulation » et du « cycle long », dont la phase dépressive est caractérisée par la « crise de mutation », qui a la fonction de « restitution d’ordre ». Cette conception non mécaniciste, associée à la problématique « innovations-conflits », permet de dépasser les limites de l’analyse de Schumpeter et d’appréhender l’histoire longue du capitalisme.

The work of P. Dockès and B. Rosier related to “economic rhythms” constitute a major contribution to the specification of crises and business cycles. The study re-examines their analysis of the “classical cycle”, whose turning point is the “crisis of regulation” and of the “long cycle”, whose depressive phase is characterized by the “mutation crisis”, which has the function of “restitution of order”. This not mecanicist conception, associated with the problematic of “innovation-conflicts”, makes it possible to go beyond the limits of Schumpeter’s analysis and to consider the long history of capitalism.

Jérôme Blanc : « Argentina o dolarización », ou quand la monnaie revient à la souveraineté

La notion de souveraineté monétaire est absente des écrits qui ont soutenu les projets de caisse d’émission ou de dollarisation intégrale et se focalisent sur les aspects techniques. Le cas de l’Argentine dans les années 1999-2002 est emblématique à cet égard et il fait l’objet d’une analyse détaillée dans cet article. Il existe une aporie politique tant de la caisse d’émission que de la dollarisation intégrale : toutes deux sont intenables dès lors qu’on admet qu’elles sont impuissantes à faire de la monnaie un objet indépendant du politique. Elles en sont impuissantes, car la monnaie est par essence politique.

The concept of monetary sovereignty is absent from the writings which supported the projects of currency boards or complete dollarisation and are focused only on the technical sides. The case of Argentina in the years 1999-2002 is emblematic in this respect and it is the topic of this paper. There exists a political aporia as well of the

currency board as of the complete dollarisation : both are intolerable since it is admitted that they are powerless to make currency an object independent of the policy. They are powerless because the currency is essentially political.

André Cartapanis : Pourquoi n’a-t-on rien vu venir ? La mise en cause des économistes par la crise financière

La crise financière internationale de 2007-2010 s’est produite dans le contexte historique du capitalisme financier dérégulé. La combinaison d’une vague d’innovations financières et de déséquilibres macroéconomiques non maîtrisés a permis un surendettement généralisé conduisant à l’élévation du risque systémique. Les économistes ont contribué par leurs travaux et expertises à légitimer les innovations à risque et à sous-estimer les déséquilibres macroéconomiques. Il est donc urgent de renouveler l’agenda de recherche des économistes et notamment de réhabiliter l’héritage de Keynes.

The international financial crisis of 2007-2010 occurred in the historical context of a deregulated financial capitalism. The combination of a wave of financial innovations and not controlled macroeconomic disequilibrium allowed a generalized debt burden leading to the rise of systemic risk. By their works and appraisals, the economists contributed to legitimate the risked innovations and to underestimate the macroeconomic disequilibrium. Therefore it is urgent to renew the research agenda of the economists and especially to rehabilitate the Keynes’s heritage.

Jérôme Maucourant : La pensée économique à l’épreuve de la crise de 2008

L’étude examine certains aspects des travaux de trois économistes américains, D. North, J. Stiglitz et P. Krugman qui ont pris leurs distances vis-à-vis des discours et des pratiques risquant de discréditer leur idéal scientifique. Malheureusement, ces auteurs redécouvrent la question politique sans s’engager réellement dans la voie de l’économie politique. En prolongement, l’étude discute des thèses récentes avancées par Pierre Dockès à propos de la peur de la mondialisation.

The study examines some aspects of the work of three American economists, D. North, J. Stiglitz and P. Krugman which took their distances with respect to the discourses and practices being likely to discredit their scientific ideal. Unfortunately, these authors rediscover the political question without really taking the way for the political economy. In prolongation, the study discusses the recent theses supported by Pierre Dockès in connection with the fear of globalization.

Jean-Michel Servet : Le radeau de la Méduse. Pouvoir, savoir et crise

Après un quart de siècle de néo-libéralisme, on doit noter que le mécanisme d’accaparement des richesses n’est plus entre capitalistes et salariés à travers des mécanismes d’exploitation dans la production ; il s’opère maintenant au profit des groupes financiers et il est encore plus inégalitaire. Face à cette situation, des alternatives sont imaginées, en particulier solidaires, sortant du dilemme État-marché. Pour en comprendre la construction, il faut mobiliser le concept de principe d’intégration économique créé par Karl Polanyi.

After a quarter century of neo-liberalism, one must note that the mechanism of monopolization of the wealth is not any more between capitalists and workers through mechanisms of exploitation in the production ; it takes place now for the benefit of the financial groups and it is even more non-egalitarian. In front of this situation, alternatives are imagined, in particular “solidaires”, outgoing dilemma State-market. To understand their construction, it is necessary to mobilize the concept of principle of economic integration created by Karl Polanyi.

Jean-Claude Zancarini : La méthode de Machiavel. La « longue expérience des choses modernes » et la « continuelle lecture des choses antiques »

L’étude examine la méthode de travail de Machiavel qui se fonde sur deux piliers : d’une part, la « longue expérience des choses modernes » et d’autre part la « continuelle lecture des choses antiques ». Machiavel assiste aux événements, rencontre le roi Louis XII, l’empereur Maximilien, le pape Jules II, mais il interroge également ses concitoyens. Mais par ailleurs, fidèle à la tradition humaniste, il interroge les hommes de l’Antiquité pour leur « demander les raisons de leurs actes » et surtout à propos des questions actuelles et de leurs enjeux politiques : la guerre et la survie de la République florentine.

The study examines Machiavel’s method which is based on two pillars : on the one hand, the “long experience of the modern things” and on the other hand “continual reading of the ancient things”. Machiavel attends the events, meets king Louis XII, emperor Maximilien, pope Jules II, but he also questions his fellow-citizens. But in addition, faithful to the humanistic tradition, he questions the men of Antiquity “to ask for the reasons of their acts to them” and especially in connection with the current questions and their policy issues : the war and the survival of the Florence Republic.

Bruno Tinel : Division du travail : après Marglin, retour à Marx

Pourquoi les capitalistes divisent-ils le travail ? L’étude traite de C. Babbage et de K. Marx, deux auteurs incontournables sur la division technique du travail. Alors que Smith considère la considère sur la base de ses effets physiques en termes de productivité, Babbage l’analyse en termes monétaires et de rentabilité : elle est surtout un moyen de réduction du coût du travail et de minimisation de la demande de travail qualifiée. Marx utilise ces arguments pour aller au-delà. Partant de l’idée de coopération et de travailleur collectif, il montre que la division du travail a lieu dans la production à la fois de valeur d’usage et de plus-value, ce qui implique d’articuler les considérations techniques aux rapports sociaux.

Why the capitalists divide labour ? The study deals with C. Babbage and K. Marx, two authors of the technical division of labour. Whereas Smith considered it on the basis of his physical effects in terms of productivity, Babbage studied it in monetary terms and of profitability : it is especially a means of reduction of the labour costs and minimization of demand for qualified labour. Marx used these arguments to go beyond. On the basis of the idea of co-operation and collective worker, he showed that the division of the labour takes place in the production at the same time of use value and surplus-value, which implies to articulate the technical considerations with the social relations.

Karla Henning et Jean-Hervé Lorenzi : Une économie de la régulation toujours actuelle

L’étude discute de la pérennité et de la pertinence de la théorie de la régulation née en France il y a une quarantaine d’années. Constituée de courants divers, elle n’a pas cessé de remettre ses principes conceptuels à l’épreuve des changements et des crises économiques. En particulier, l’importance de la pensée régulationniste dans l’analyse du marché du travail est confirmée par ses fondamentaux théoriques qui se sont attachés à expliquer les changements survenus dans les ratios travail/capital. La théorie de la régulation peut aujourd’hui contribuer à analyser la crise actuelle sous un angle neuf et lui apporter des réponses théoriques originales.

The study discusses the perenniality and the relevance of the regulation theory born in France about forty years ago. Composed of various currents, it did not cease to call its conceptual principles in question on the occasion of changes and economic crisis. In particular, the importance of the regulationist thought for the analysis of the labour

domination et au pouvoir. L’étude montre en quoi et pourquoi ces conceptions préfigurent les travaux réalisés un demi-siècle plus tard dans les pays anglo-saxons, avec les approches néo-réalistes, institutionnalistes néo-libérales et strangienne du pouvoir.

One of the most important topics of F. Perroux’s work relates to the effect of domination and the concept of power. The study explains how Perroux developed these concepts since the article of 1948 (“Esquisse d’une théorie de l’économie dominante”), on the levels at the same time theoretical and empirical and underlines the innovative character of the conceptions related to asymmetries, domination and power. The study shows in what and why these conceptions precede researches carried out half-century later in the Anglo-Saxon countries, with the neo-realists, neo-liberal institutionnalists and “strangian” approaches of power.