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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Les Lettres persanes en leur temps
  • Pages : 243 à 247
  • Collection : Rencontres, n° 62
  • Série : Le dix-huitième siècle, n° 5
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812417788
  • ISBN : 978-2-8124-1778-8
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1778-8.p.0243
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 07/11/2013
  • Langue : Français
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Résumés

Srinivas Aravamudan, « Les singularités des Lettres persanes »

L’élaboration parallèle de la fiction de harem et une satire de la société française crée une vision stéréoscopique, métaphore dominante de ce que j’appelle l’Orientalisme des Lumières. Plusieurs intrigues contribuent au développement simultané d’une singularité esthétique et d’une application politique.

The side-by-side elaboration of the harem fiction and the satire of French society creates a stereoscopic vision, the overarching metaphor of what I have called Enlightenment Orientalism. Several subplots also pointedly attempt to achieve both aesthetic singularity and political application.

Jan Herman, « Pacte de lecture et discours oblique dans les Lettres persanes »

Les livres sacrés, loin de constituer des modèles pour l’organisation de la cité, sont eux-mêmes des projections imaginaires de la cité terrestre. Pour exprimer cette idée, Montesquieu a besoin d’un triple détour dans une complexe scène d’énonciation dont la lettre 135 (141) offre un éminent exemple.

Sacred books, far from constituting models for the organization of the city, are themselves imaginary projections of the terrestrial city. To express this idea, Montesquieu requires a triple detour, in a complex scene of enunciation of which letter 135 (141) offers an eminent example.

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Gianni Iotti, « Figures de l’entropie dans les Lettres persanes »

Tout se détraque dans les Lettres persanes. L’anarchie qui avance dans le sérail n’est que la figure romanesque d’une tendance au désordre qui affecte les institutions politiques, la population, l’équilibre même de la planète. Sans excepter la raison d’Usbek, qui cède finalement à la violence des pulsions.

Everything goes haywire in the Persian Lettres. The increasing anarchy in the seraglio is but the novelistic figure of a tendency toward disorder which affects the political institutions, the global population, and the equilibrium of the planet itself. Usbek’s reason, which finally yields to the violence of his urges, is no exception.

Christophe Martin, « Usbek in absentia ou le sérail sans maître »

Si l’absence d’Usbek à son harem apparaît bien comme l’élément déclencheur d’une dynamique narrative et d’un processus inéluctable de décomposition du sérail, elle dit aussi la vérité d’un système dont elle exhibe admirablement les ressorts en dénouant les connexions serrées qui en masquaient jusqu’alors la logique.

If Usbek’s absence from his harem indeed appears as the element that sets in motion a narrative dynamic and an ineluctable process of decomposition of the seraglio, it also states the truth of a system whose lines of force it admirably exhibits while undoing the close connections that up to then have been masking its logic.

Mary McAlpin, « “Accablé de tant de vêtements” : climat et désir dans les Lettres persanes »

Cet article examine les désirs et pratiques sexuels d’Usbek et de ses femmes au cours de son absence prolongée du sérail, pour suggérer que le récit de harem reflète une crise globale définitive qui tend à la destruction universelle, plutôt qu’un discours orientaliste environnementalement déterminé.

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This article examines the sexual desires and practices of Usbek and his wives during his prolonged absence from the seraglio, in order to argue that the harem narrative reflects a definitive global crisis tending toward universal destruction, rather than an environmentally determined Orientalist discourse.

Myrtille Mericam-Bourdet, « De l’esprit contre l’esprit ? Sur quelques paradoxes apparents des Lettres persanes »

Les Lettres persanes paraissent animées d’une tension paradoxale : livre spirituel d’un auteur qui ne l’est pas moins, elles donnent aussi à voir une critique sans concession de toutes les formes de l’esprit. Il s’agit d’en cerner les contours pour en dégager la cohérence et les enjeux.

Persian Lettres appears to be driven by a paradoxical tension: the witty work of a no less witty author, it also offers a critique with no holds barred of all forms of wit. The contours of the phenomenon are examined here so as better to specify its coherence and impact.

Paul Pelckmans, « La seconde fiction orientale de Montesquieu : Arsace et Isménie »

Dans Arsace et Isménie, que Montesquieu rédige vingt ans après les Lettres persanes, rien ne se passe tout à fait comme on s’y attendrait a priori. S’y alignent notamment un épisode sentimental très critique pour son genre, un Miroir des Princes qui enjoint surtout de ne jamais violenter le cours ordinaire des choses, et un curieux Bon usage du suicide.

In Arsace et Isménie, which Montesquieu wrote twenty years after the Persian Lettres, nothing happens quite as one would have expected a priori. A sentimental episode very critical for its genre, a Mirror of Princes which encourages one above all never to do violence to the ordinary course of things, parallels a curious On the proper use of suicide.

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Laetitia Perret, « Lectures scolaires des Lettres persanes à travers les manuels et les programmes de 1803 à 2000 »

L’article examine la place des Lettres persanes dans les manuels et les programmes de lettres des lycées entre 1801 et les années 2000. Ces lecture scolaire dépendent à la fois des différentes conceptions de l’enseignement des lettres, de l’évolution de l’idée de littérature et des exercices en vigueur.

This article examines the place of the Persian Lettres in the literary manuals and programs of lycées between 1801 and the 2000s. These school readings depend at once on the different conceptions of the teaching of literature, the evolution of the idea of literature, and the exercises in practice.

Suzanne Pucci, « Montesquieu poète du départ »

Cet essai suit l’interrogation que fait le texte de Montesquieu sur les paradoxes du « départ ». Ses multiples sens contradictoires s’écrivent à partir des bornes géographiques, intellectuelles, psychologiques, discursives qui marquent les séparations pénibles de l’exil ainsi que de la découverte.

This essay explores the questions posed by Montesquieu’s text on the paradoxical nature of voyage and departure. Such contradictory notions derive from limits and borders –geographical, intellectual, psychological and discursive– that mark the painful separations of exile as well as of discovery.

Frank Salaün, « La lettre Q et autres bizarreries : sur les différentes sortes de règles dans les Lettres persanes »

La querelle de Ramus, évoquée par Rica dans la lettre 103 (106), révèle un aspect essentiel des Lettres persanes : Montesquieu y compare les différentes sortes de règles qui régissent la vie en société. L’exemple de la lettre Q, s’inscrit donc dans une vaste réflexion sur la nature des règles.

The quarrel of Ramus evoked by Rica in letter 103 (106) reveals an essential aspect of the Persian Lettres: there Montesquieu compares the different sorts of

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rules that govern social life. The example of the letter Q, the pronunciation of which is a matter not of law but of grammar and usage, is thus inscribed in a broad reflection on the nature of rules.

Philip Stewart, « Les émigrés »

Motivé pour quitter de son pays, Usbek y tient encore, surtout au début, par des attaches qui paraissent relever plus de l’habitude que du cœur. Se détachant toujours davantage à mesure que son sérail sombre dans le cataclysme, Usbek parle enfin d’un retour mais ne l’effectue pas, et reste en France.

Motivated to leave his country, Usbek is still bound to it, especially at first, by ties which apparently owe more to habit than to the heart. Distancing himself progressively as his seraglio is sinking into chaos, Usbek finally speaks of a return which he does not enact, and remains in France.

Catherine Volpilhac-Auger, « J’ai vu »

Les Lettres persanes sont presque dépourvues de scènes « visuelles » et de descriptions, car ce qui paraît relever du sensible touche en fait au symbolique ; mais le sens de la vue prime pour évoquer la sexualité et le pouvoir, mais surtout l’expérience de la catastrophe finale (lettre 138 [146]).

The Persian Lettres are almost devoid of “visual” scenes and descriptions, for what seems to belong to perception in fact verges upon the symbolic ; but the meaning of seeing takes precedence, to evoke sexuality and power, and above all the experience of the final catastrophe (letter 138 [146]).