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Classiques Garnier

Introduction à la deuxième partie

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Introduction
à la deuxième partie

« Sçavoir ou savoir : érudition, connoissance acquise par létude, par lexpérience1 », « Savoir : Ce terme désigne les connoissances qui remplissent la mémoire et qui sont particulièrement le fruit de la lecture. [] Le savoir dit quelque chose de plus étendu que littérature et érudition, principalement dans ce qui est de pratique2 », « Savoir : Ensemble des connaissances dune personne ou dune collectivité acquises par létude, par lobservation, par lapprentissage et/ou par lexpérience3 ». Quils soient modernes comme celui de Furetière et celui dit « de Trévoux », ou contemporains, les dictionnaires se rejoignent sur la double dimension du terme : lacquisition par la lecture – donc potentiellement autodidacte – et par la pratique et lexpérience. Comme vu précédemment, les premiers ingénieurs languedociens, remarqués par les autorités locales grâce à leurs compétences en sciences fondamentales, mathématiques et astronomie, sont autodidactes pour ce qui relève de la construction, de la conception à lachèvement des ouvrages. Néanmoins, au cours de leur activité au service de la province, ils pratiquent, observent et acquièrent une expérience, et peuvent ainsi constituer un acquis, voué à senrichir et à être transmis.

Cette deuxième partie se concentre sur les activités, essentiellement intellectuelles, que mènent les ingénieurs des États hors de leur occupation professionnelle, et sur la contribution quils ont pu apporter, à la constitution, à la consolidation et à la transmission dun corpus de 190savoirs, tant théoriques que pratiques dans lensemble des disciplines qui relèvent de la construction.

Les éléments biographiques disponibles, relatifs aux principaux membres du personnel technique des États révèlent quils ont été actifs. Si lon ne peut rien savoir des démarches individuelles, de la curiosité, du questionnement et des réponses cherchées dans les lectures à titre privé, à linverse, les travaux collectifs ou commandités par la province sont documentés.

Ainsi, comme beaucoup appartiennent aux académies scientifiques, lanalyse des activités de ces institutions, à Toulouse et à Montpellier, permet de mettre en lumière quelles furent, en leur sein, les contributions des directeurs et inspecteurs des travaux publics, et quelles furent leurs disciplines de prédilection. Il est dès lors intéressant dévaluer sils ont produit des résultats de recherches originaux, notamment en défrichant de nouveaux terrains ou si, au contraire, ils furent simplement les passeurs de savoirs élaborés par dautres.

Par ailleurs, au cours du siècle, les États ont envoyé à plusieurs reprises certains de leurs directeurs pour des voyages détudes, avec pour mission den rapporter des connaissances pour le bénéfice de la province. En regard de cet objectif, les apports de ces voyages peuvent être appréciés à laune du recueil de savoirs pratiques, artisanaux ou vernaculaires, produits dans dautres contrées et susceptibles dune transposition dans le sud de la France.

Enfin se pose la question de la transmission. On a vu que limprégnation constitue le mode principal de formation des jeunes gens qui postulent à la carrière des travaux publics dans la province. Toutefois, eu égard au besoin dun personnel de plus en plus nombreux, le souci de rendre cet enseignement pérenne et homogène et de promouvoir les meilleurs éléments conduit les États à instituer des établissements dinstruction relatifs aux « ponts et chaussées ». Lexamen du contexte de leur création, de leurs objectifs, de leurs programmes et de leurs moyens met lumière le socle de connaissances attendues dun jeune ingénieur en Languedoc.

1 Antoine Furetière, Dictionnaire universel contenant généralement tous les mots françois, 1727, vol. 4, consulté le 30 juillet 2018, URL : https://books.google.fr/books?id=NiU-AAAAcAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false.

2 Dictionnaire universel françois et latin vulgairement appelé Dictionnaire de Trévoux, 1771, t. septième, p. 562, consulté le 30 juillet 2018, URL : https://archive.org/stream/dictionnaireuniv07fure#page/562.

3 Centre national des ressources textuelles et lexicales, consulté le 19 décembre 2017 URL : http://www.cnrtl.fr/definition/savoir.