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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Les Formes historiques du cogito. xviie-xxe siècles
  • Pages : 373 à 377
  • Collection : Rencontres, n° 411
  • Série : Études de philosophie, n° 11
  • Thème CLIL : 3916 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Histoire de la philosophie
  • EAN : 9782406085249
  • ISBN : 978-2-406-08524-9
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08524-9.p.0373
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 22/09/2019
  • Langue : Français
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Résumés

Kim Sang Ong-Van-Cung, « Introduction. Le Cogito cartésien et son historicité »

Kim Sang Ong-Van-Cung resitue la réception de largument cartésien dans lhistoire de la philosophie moderne et contemporaine et elle propose les éléments dune lecture du Cogito cartésien qui se situerait au-delà de son interprétation et de sa critique comme acte de naissance du « sujet moderne ». Lintroduction présente, à partir de là, les études qui composent louvrage comme autant dapproches historiques, méthodologiques et philosophiques du Cogito dans son historicité.

Denis Kambouchner, « Le Cogito en perspective. Histoire, philologie, phénoménologie »

Cette étude reprend dabord la question de la nouveauté historique du Cogito cartésien, qui apparaît, par rapport à certains précédents du xviie siècle, moins thématique que stylistique. Elle revient ensuite sur les interprétations modernes du Cogito, avec leur double objet formulaire (le Cogito, ergo sum) et textuel (la Méditation II), et met en relief la nécessité en même temps que la difficulté dune phénoménologie exempte de surdéterminations théoriques.

Cigale dArthuys, « Lâme a-t-elle de quoi être contente ? Lectures croisées de Descartes et de Pascal »

Que faut-il de plus ou dautre que le simple fait dexister pour que lexistence devienne objet de contentement ? Pour Descartes, qui dote le sujet dun ensemble de choses pour quil puisse jouir de lui, il faut quelque chose de plus que lexistence du sujet, à savoir lexpérience de sa propre valeur pour pouvoir être contenté ; alors que pour Pascal, qui dépossède le sujet de tout, il faudra quelque chose dirrémédiablement autre que lui et qui nous obligera donc à sortir de la philosophie.

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Pascal Sévérac, « Cogito à plusieurs et pensée du corps. Spinoza avec Vygotski »

Comment expliquer la conscience ? Spinoza et Vygotski (1896-1934) remettent en question, chacun à sa manière, le paradigme cartésien du cogito ; pourtant, tous deux conservent vif le « problème de la conscience », dans la mesure où lintériorité, si elle nest pas première, demeure décisive pour comprendre le comportement humain. Tous deux parviennent à une définition proche de la conscience, comme « idée didée » ou « expérience vécue dexpériences vécues », laissant toute sa place au corps.

Mogens Lærke, « Leibniz sur le cogito »

Dans ses commentaires sur Descartes, Leibniz rajoute à la première vérité quest le cogito celle dun varia a me cogitantur. Il insiste sur la diversité de la sensation face à un intellect cartésien envisagé à partir de la seule réflexion sur soi. On retrouve ce raisonnement très tôt chez Leibniz. Mais est-ce dire quil se positionne toujours de la même façon vis-à-vis du cogito ? Nous montrons ici quon peut en réalité détecter une évolution importante du sens même de cet argument chez Leibniz.

Martine Pécharman, « La critique du principe du Cogito dans The True Intellectual System of the Universe de Cudworth »

En dépit de son union avec une métaphysique immatérialiste, la philosophie naturelle des Principia philosophiae (1644) de Descartes constitue pour Ralph Cudworth dans The True Intellectual System of the Universe (1678) une cible majeure de la critique. Lantifinalisme cartésien révèle selon le théologien de Cambridge une doctrine imparfaite de la substance incorporelle, imputable en dernier recours au primat conféré au Cogito en tant que pensée consciente de son actualité.

Angélique Thébert, « Le moi ne tient-il quau fil de la conscience ? Lhéritage cartésien de Locke et Reid sur lidentité personnelle »

Cherchant à préciser ce qui assure la continuité du Moi, lapproche cartésienne la fait résider dans une substance pensante. En reformulant la question sous langle de lidentification de soi par soi, Locke fait reposer lidentité de la personne sur la seule conscience. Mais à partir de lexamen critique dobjections de Reid, nous montrons que Locke névince pas totalement la substance de la personne et nous précisons le rôle quil attribue à la « même conscience » dans la constitution de soi.

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Christophe Litwin, « La philosophie première de Rousseau »

« Je pense, donc jexiste » écrit Rousseau, substituant discrètement lexistence à lêtre dans lénoncé cartésien. Selon Gouhier, Rousseau a transposé dans la philosophie morale les énoncés métaphysiques de Descartes. Cette transposition procède dune décision philosophique plus profonde qui lie le cogito au sentiment de lexistence. Les propositions singulières de Rousseau concernant lamour de soi et la bonté naturelle se rapportent ainsi à une phénoménologie des auto-affections dun cogito.

Emmanuel Brigandat, « Le cogito biranien. De lactivité pure à la passivité relative »

Cet article met au jour le lien structurel et circulaire qui unit la passivité à lactivité au sein du cogito biranien. Lanalyse de leffort immanent, fondateur du fait primitif biranien, manifeste un entremêlement essentiel de leffort et de la résistance du corps propre. La conscience, soumise aux intermittences de leffort, accueille une passivité qui nest pas le corrélat négatif de lactivité mais la condition de possibilité de sa phénoménalisation.

Jean-Marc Mouillie, « Le Cogito excédé. Sartre et la question des commencements de la pensée »

Sartre part de la signification « existée » du cogito : « je suis, jexiste » nest pas lénoncé du cogito, cest le cogito qui énonce la présence à soi que signifie exister. Ce renversement de perspective permet déviter les distorsions dune philosophie de la réflexion qui projette une scission entre la conscience et le monde. Source du sens dont jai à répondre, mais contingence ne pouvant répondre de son propre être, le cogito dévoile alors la fondation ontologique de la responsabilité.

Kim Sang Ong-Van-Cung, « Le cogito préréflexif et lhistoricité du sujet chez Sartre. Variations sur un thème cartésien »

Sartre soutient que le cogito est resté pour lui une première vérité et un principe méthodologique. Cette déclaration se vérifie-t-elle déjà dans LÊtre et le néant ? Létude montre que cest parce que la conscience préréflexive est la vérité du cogito que la subjectivité shistoricise. La pensée consciente est le 376vécu social, en tant quil détermine de façon irréfléchie la vie des individus. Lhistoricité ne sadjoint pas extérieurement à lontologie phénoménologique.

Emmanuelle Tron, « Mode dêtre du monde et mode dexistence de lego. Du cogito cartésien au cogito tacite »

Lambition de cet article est de resituer lélaboration du cogito tacite merleau-pontien dans une critique du cogito parlé, cest-à-dire fixé par le langage. En prenant acte de lexigence performative du cogito cartésien, deux directions se dessinent : soit le sujet cartésien supporte la double perspective husserlienne, à la fois sujet mondain et ego pur, soit nous devons mettre à lépreuve ce réquisit au plus près de lexistence incarnée, et questionner la possibilité dun cogito silencieux.

Daniele Lorenzini, « Cogito et discours philosophique. Foucault lecteur de Descartes »

Ce chapitre reconstitue les traits saillants de la lecture que Foucault offre de la philosophie de Descartes dans les cours (à ce jour encore inédits) quil donne à luniversité de Tunis entre 1966 et 1968. Il se concentre ensuite sur les déplacements très significatifs qui sopèrent dans la pensée de Foucault entre la fin des années 1960 et le début des années 1970 et qui lui ouvrent, dix ans plus tard, la possibilité délaborer une nouvelle interprétation des Méditations et du Cogito.

Jean Terrel, « DAlthusser à Foucault. Le sujet entre idéologie et vérité »

En associant les deux sens du mot « sujet » – être libre, être assujetti – Althusser et Foucault aboutissent au même paradoxe de la liberté du sujet comme condition de lassujettissement. Prenant appui sur les textes dAlthusser sur les appareils idéologiques dÉtat, Foucault entreprend de penser, dans un rapport critique aux premières formulations dAlthusser opposant la science et lidéologie, la prise de conscience, la résistance et linvention de formes subjectives nouvelles.

Kohei Sakurai, « La philosophie du sujet et ses dehors. La question du cogito cartésien chez Foucault et chez Lacan »

Dans leurs parcours intellectuels, Michel Foucault et Jacques Lacan revisitent le cogito cartésien afin de repenser la question du sujet. En étudiant leurs textes consacrés à la question du cogito, à savoir « Propos sur la causalité psychique » 377et Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse de Lacan et lHistoire de la folie et Lherméneutique du sujet de Foucault, cet article analyse la convergence et la divergence entre ces deux penseurs concernant la problématique du sujet.

Jean-Philippe Narboux, « Pensées en première personne et cogitationes cartésiennes »

La critique par Wittgenstein de largumentaire cartésien du Cogito va de pair avec une critique du concept de « pensée » (cogitatio) qui en est le corollaire. Cette contribution montre que le concept cartésien de cogitatio procède de la mutilation dun concept superficiellement proche auquel il emprunte sa crédibilité, mais dont il déforme aussi bien lintension que lextension, à savoir le concept de « pensée en première personne » circonscrit par Wittgenstein.

Cédric Brun, « Descartes et le Syndrome de Cotard. Neuropsychiatrie cognitive et philosophie »

Avec le cogito, Descartes élabore une preuve performative de lexistence du sujet. Le « délire des négations », identifié par le psychiatre Jules Cotard en 1880, fait exception à cette preuve performative puisque les patients déclarent parfois « être morts » ou « ne pas exister ». Nous présentons le syndrome de Cotard et les explications de neuropsychiatrie cognitive proposées avant dindiquer les pistes de mise à lépreuve du cogito quouvre le syndrome de Cotard sur des bases empiriques.