34 ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE

La bibliographie baudelairienne est devenue monstrueuse. En 1953, W.T. Bondy avait recensé, dans son Répertoire des écrits .rue Baudelaire, plus de cinq mille titres. Il n'a cessé d'enrichir son fichier jusqu'à sa mort. Actuellement, le Centre d'études baudelairiennes àl'université Vanderbilt (Nashville, Tennes- see), qui porte son nom, dispose de plus de quatre-vingt mille rëférences. Il ne peut donc s'agir ici que d'une simple approche.
TEXTES
Ëditions complètes
Baudelaire a fait plusieurs plans pour des ~ux~rer ronaplète.r, mais ce sont Charles Assdinca~ cr Théodore de Banville qui ont réuni ses textes à titre posdwme, en suivant, pour partie au moins, les indications de l'auteur. Ils ont ainsi publié, de 1868 à 1870, sept volumes d'~uz~rer rovrzpléte~ chez Michel T.évy. T.e premier contient Ler Fleure du Waal. précédées d'une grande ctude de Théophile Gautier, qui Axe, pour un demi-siècle, voire au-delà, l'image de Baudelaire poère de la décadence. Cette troisième édition des Pleure du raa! compte 151 poèmes. La première édition, de 1857, en contenait 100, dont 6 avaient été condamnés lors du procès; les poèmes' étaient répartis en cinq sections : «Spleen et Idéal », «Fleurs du mal » , «Révolte ,~, « Le Vin >~, « La Mort ». La deuxième était augmentée de 32 poèmes nouveaux et comportait 126 pièces, distriUuées selon un plan différent, puisqu'une nouvelle section, «Tableaux parisiens,>, faisait son apparition. La rn>isiènu édition ajoutait à la deuxième 11 pièces des Epa~er (sans les pièces condamnées), 10 pièces tirées du Parnarre conteraporrtin, 3 pièces ayant été publiées en revue et 1 poème inédit (A Théodore de Banville). Jusqu'en 1917, date à laquelle Ics oeuvres de Baudelaire tombèrent dans ]c domaine public, ce fut la seule édition autorisée, bien que l'emplacement des 25 pièces supplémentaires ne correspondît pas à l'architecture voulue par Baudelaire. C'est pour cette raison que les iditeurs modernes préferent la deuxième édition, la dernière revue par l'auteur.
Le deuxième volume des ouvrer rnnajalète.r est consacré aux Curioritér erthé- taquer (titre auquel Baudelaire avait songé, parmi d'autres, pour réunir ses articles de critique) ; il contient les trois Salonr, les comptes rendus du
35 Murée classique du bazar Bonne-Nouvelle cc de l'Exposidion unix~erselle, ainsi que les essais sur le rire et les caricaturistes français et étrangers. Le troisième volume, T.'Art rnnra7rtique (titre qui n'est pas de Baudelaire), contient les études sur Delacroix, Constantin Guys, et la critique littéraire. Le quatrième, les Petits Poèmes en prose et Lee Paradis artifiriefs; les volumes cinq à sept contiennent les traductions de Poe précédées de leurs préfaces.
Les différents volumes de cette édition ont été maintes fois réimprimés. C'est dans cette édition yue Rimbaud, Mallarmé, Valéry, Gide, Claudel, les surréalistes et Beaucoup d'autres ont lu Baudelaire. Le plan de cette édition a encore été repris par Jacques Créper, qui, de L9Z? à 19>3, a publié la grande édition critiqua et commentée des ~u:•res complètes de Charles Baudelaire en dix-neuf volumes chez Louis Conard, puis par son successeur J. Lambert. Aux mxtrs réunis par Asselineau et Banville, Jacques Créper ajoutait trois volumes d'~uvres ponbrsnrer (dont beaucoup figuraient déjà dans le volume d'Q:rrrres posthumes publiées par son père, Eugène Créper, en 1887) et six volumes de Carrespontlanre. Pendant un demi-siècle, cette édition a été l'édition de référence, bien yue d'autres éditions aient été proposées, abandonnant notamment les rubriques contestables de Curiosilér esthétiques et d'Art rnnrantigrre. au profit de cilles, plus homogènes, de critique artistique et de critique littéraire. Elle est uujuurd'hui remplacée par l'édition que Claude Pichois a puBliée dans la «Bibliothèque de la Pléiade» : ~urres complètes. 2 vol., 1975-1976; Correspondance. 3 vol., 1971; ceae nouvelle uPléiades remplace elle-mcme Les précédentes édi- tions publiées dans 1a menu collection (celle-ci avait été inaugurée, en 1931_ par les oeuvres poétiques de Baudelaire). On annplètcra la Correrporr- danre par Ics Lettres à Baudel~rire. Cl. Pid~ois, [~'cudiàtcl, La Baconnicrc, 1973 (Etuder baudelairiennes, t. ]V-V).
Éditions critiques
De nombreux textes ont fait l'objet d'éditions critiques et conunentées, ainsi le Salon de 1845. par André Perran (Toulouse, L'Archer, 1)33), le Salon de 1840, par D. Kelliy (Oxford, Clarendon Press, 1975), Les Fleurs du mal, par J. Créper et G. Blin (Corn, 194? et l 950 ;refondue, pour la partie texte seulement, en 1968, la refunm du commentaire n'a jamais paru), les Journauti intimer. par J. Crépet et G. Blin (Corn, 1949) et par A. Guyaux (Gallimard, 1986, colt. «Folios)_ Ies Petits Poènres en prote, par R. Kopp (Corn, 1909; version abrégée, Gallimard, 1973, coll. «Poésie n), Un nran- gertr d'opirnu, par Michèle Stluble (Neuchîttel, La Baconnière, 1979, Linder baudelairiennes, t. VI-VII), les textes sur Gautier, par Ph. Terrier (Ncuchâ- tcl, La Baeonnière, 1985, Etreder Garedelairienner, t. XI).
ÉTUDES
Biographies, documents, iconographie
La première biographie de Baudelaire est celle puBliée par Chants Asseli- neau ea 1869, elle a été réimprimée récemment (Charles Baudelaire, sa vie et son oeuvre, Temps yu'il fait, 1990). Elle a été suivie par l'étude biographique
36 placée par Eugi:ne Crépet en tête des ouvrer porthumer (Quantin, 1887). En 1906, Jacques Crépet a complété et refondu le texte de son père pour en faire la première biographie sérieuse (Slatkine Reprints, 1980) ; elle a fait autorité pendant trois quares de siècle. Au fil des ans, elle avait été complétée sur des points précis. Ainsi ont été étudiés, en particulier, les relations de Baudelaire avec sa mère (A. Feuilleras), les origines et la carrière de son beau-père (Cl. Pichois), les années de formation (L. Lemon- nier, J. Pommier), ses relations avec Marie Daubrun (A. Feuilleras), avec Mme Sabatier (F. Porché, A. Billy, A. Moss), le procès (J. Pommier, K. Heitmann, Y. Leclerc), les différents domiciles parisiens (Cl. Pichois), l'exil belge (M. Kunel), la maladie et la mort (A. Couard, M. A. Ruff, J. Richet). Toutes ces études sont entrées dans l'ouvrage de Cl. Pichois et de J. Ziegler, yui sert actuellement de référence pour toutes les questions biographiques :Baudelaire, Julliard, L987, colt «Les Vivants». Une Iro>ro- graphie de Charter Baudelaire, due à Cl. Pichois et à F. Ruchon (Genève, Cailler, L960), réunit la plupart des portraits connus de Baudelaire et de ses contemporains. On se rapportera également au catalogue de l'exposition Baudelaire du Petit-Palais (1968-L969), à l'Album Baudelaire de la «Bibliothèque de la Pléiade» (Gallimard, 1974), ainsi qu'au livre Baude- laire-Paris, publié par les éditions Paris-Musée et Quai Voltaire, à l'occa- sion de l'exposition Baudelaire à la Bibliothèque historique de la ville de Paris, 1994.
Livres d'introduction
DF:c.au~rs, Luc, Baudelaire, Seghers, 1952, 1992, colt «Poète d'aujourd'hui ».
Pte, Pascal, Baudelaire par lui-même, Editions du Seuil, 1952, colt. «Les Ecdvains par eux-mëmes»; plusieurs réimpressions.
Rugie, Marcel A., Baudelaire, Harier, 1955, colt. <a Connaissance des
lettres ».
EMMANUEL, Pierre, Baudelaire, Desclée de Brauwer, 1967, roll. «Les Écrivains devant Dieu ». Repris sous le titre Baudelaire, la femme et Dieu, Editions du Seuil, 1982.
Mti~ex, Max, Baudelaire, enfer wt ciel qu'importe, Plon, 1967, colt. «La Recherche de l'absolu ».
KOPP, Roherr et POULET, Georges, Qui était Baudelaire ~ Genève, 5kira, 1969.
RltveE, Dominique, Baudelaire et la modernité, P.U.F., 1984, colt «Que sais-jc ? ».
Monographies
Les années vingt et trente ont été très fertiles pour les études baudelai- riennes. Si on ne lit plus les monographies de Gonzague de Reynold, de
37 Pierre Flottes, d'Ernest Raynaud, de Christian Riemestad (en danois), de Morio BonEantini (en italien) ou d'Enid Starkie (en anglais), on consulte toujours avec profit L'Esthétigree de Baudelaire d'André Ferran (Hachette, 1933 ; réédition Nizet, 1967) et, surtout, le Baudelaire de Georgcs Blin (Gallimard, 1939), yui resre à ce jour la meilleure synthèse yui ait jamais été consacrée au poète. Les monographies publiées après la Seconde Guerre sont dues à des auteurs yui appartiennent encore à la ginération pré- cédente :Jean Privost, tué par les Allemands dans le mayuis du Vercors, avait laissé un manuscrit, BUtLdelatYe. Erral J76Y l'lnfltlratlon 110étique (Mer- cure de France, 1953 ;deuxième édition, 1964). Quant à Marcel A. Ruff, il esc l'auteur de la dernière grande thèse baudelairienne :L'Esprit du Mal et l'esthétique baudelairienne (A. Colin, 1955, Slatkine Reprints, 1972), thèse dans le vrai sens du mot puisqu'il s'agit de prouver yue la pensre de Baudelaire est d'inspiration janséniste.
Essais
On fera une place à part à ces textes, aussi libres d'inspiration yue suggestifs, dus à de grands créateurs, tels Proust (« A propos de Baude- laire », repris dans le Contre Sainte-Beua~e, Pierre CLarac, Gallimard, 1971, colt. «Bibliothèque de la Pléiade »), Valéry («Situation de Baudelaire », conférence prononcée en 1924, reprise dans Variétér II, Gallimard, 1929, et dans les ~urrer, J. Hytier, Gallimard, coll. <~ Bibliothèque de la Pléiade », c. I, 195?), Charles Du Bos (repris dans la cinquième série des Approxinta- tionr. Corrêa, 1933), P. ~. Jouve (T'onzbean de Baudelaire, Neuchâtel, La Baconnière, 1942, puis Editions du Seuil, 1958), Yves Bonnefoy (préface aux Fleurs du oral, Club du Meilleur Livre, 195 S, reprise dans L'Improbable et autres errais. Mercure de France, 1959, Gallimard, 1983, colt u Idées »).
Études consacrées à des aspects particuliers de l'a'uvre
Vivu.R, Robert, L'Originalité de Baudelaire, Bruxelles, Duculot, 1926; nouvelles éditions en 1962 et 1965.
POMMIP.R, Jean, La Mystique de Baudeluire, Lcs Belles Lcttms, 1932; Slatkine Reprints, 1967.
BL1N, Georgcs, Le Sadisme de Baudelaire. Corti, 1948. VOUGA, Daniel, Baudelaire et Joseph de R4airtre, Curti, 1957.
Wr1'ttexu.c, Perer Michael, Charlet Baudelaire et la poésie d'Gdgar Allan Poe, Nizet, 1962.
CLLLIGR, Léon, Baudelaire et Hugo, Corti, 197ü.
PAatrT, Pierre, Le Premier Vertu, errai sur la politique baudelairienne, Dcnoël, 1976.
BLRSANI, Léo, Baudelaire et Freud, Editions du Seuil, 1981.
QuisvEt., Michel, Baudelaire, solaire eE rlandertin, P.U.F., 1987, roll. « Ecrivains ».
38 RoeB, Graham, Baudelaire, lecteur de Balzac, Corti, 1988.
ROBB, Graham, La Poésie de Baudelaire et la franEaiye, 1838-1852, Aubier,
1993.
Ttu:Lcrr, Jércime, Baudelaire, riolenre et poésie, Gallimard, 1993, roll. «Bibliothèque des idées ».
Études thématiques
PouLErr, Georges, chapitres consacrés à Baudelaire dans les Études sur le temps humain, t. I, Plon, 1950 ; et dans les hlétanzorphnyey dzt cercle, Plon, 1961 ; nombreuses réimpressions.
RICHAKD, Jean-Pierre, «Profondeur de Baudelaire», Yoérie et profondeur, Seuil, 195> ; repris dans la colt. «Points ».
STAR061NSKI, Jean, La tVlélanrolie au miroir. Trnis lectures de Baudelaire. Julliard, 1989.
Les Fleurs du mal
AUSTIN, Lloyd James, L'Uniaerr poétique de Baudelaire, Mercure de France, 1956.
BeNJn~uN, Walter, Charles Baudelaire, un poète lyrique à l'apogée du rapitaliyme, préface er traduction de Jean T,acosre, Petite Bibliothèque Pavot, 1982.
CHnssncni:, Albert, Versif:catian et métrique de Charles Baudelaire, Hachette, 1906 ; Slarkine Reprints, 1972.
Dt~uaoix, Maurice er GI:1?RTS, Walter, a Les Chats m de Baudelaire : Une confrontation de méthodes, Presses universitaires de Namur, 1980. Contient mus les articles suscités par ce poème â partir de la célèbre analyse de R. Jakobson er de Cl. Levi-Strauss en 1962.
FCUILLLRAT, Albert, « L'archirecntre des Fleury du mal », Yale Romanis Studies, XVIIl, 1941.
GarsTo, Jean-Pierre, Charles Baudelaire - Les Fleury du mal H, P.U.F., 1984.
HU6LRT, J. D., L'Eythétirlue des •Fleury du nzal ~. Estai .rut l'ambigtaïté poétique, Genève, Cailler, 1953.
J~ctcsoN, John E., La Mort Bartdeluire, errai sur m Ley Fleurs dzz mal ~, Neuchâtel, La Baconnière, 1982 (F.uedes Baudelairiennes, t. X).
Le Spleen de Paris
Bi.iN, Georges, «Introduction aux Petits Poèmes en prose», Fontaine, février 1946; repris dans Le Sadisme de Baudelaire. Corti, 1948.
BERNARD, Suzanne, Le Poème en prose de Baudelaire à noy jours, Nizet, 1959.
39 JoH,vsov, Barbara, Défigurution du langage poétique. La seconde révolution baudelairienne, Flammarion, 1979.
KOPP, Robert, a A propos des Periu Poèmer en prose, ou Baudelaire entre Racine et le journalisme du second Empire n, Bérénice, mars 1983.
MnUAon, Charles, Le Dernier Baudelaire, Corti, 1966; 3` éd., 1986.
Les Paradis artificiels
Bu'ro2, Michel, Une histoire extraordinaire, Gallimard, 1961.
Ci_nP1~oN, G. T., Baudelaire et De Quinre~~, Les Belles Lettres, 1931.
Journaux intimes
Mnxetmn'D, Jean-José, Sure Mnn c~urmi.rir nx u de Baudelaire, i.'Herne, 1970.
SAATRE, Jean-Paul, Burrdeluire, introduction aux Errits intimes. Point du jour, 1946 ;repris (sans les textes de Baudelaire} chez Gallimard en 1)47. Voir les comptes rendus critiques de Georgcs Blin dans Le Sadisme de Baudelaire (Corn, 1948), de Maurice Blanchot dans La Part du feu (Gallimard, 1949) et de Georges Bataille dans La Littérature et le peul (Gallimard, 1957).
ouvre critique
CnsT~:x, Pierre-Georgcs, Baudelaire critique d'art, S.E.D.F..S., 1969.
Bon~~t:~~ov, Yves, «Baudelaire contre Rubens n, L'Epbénrère, printemps 1969; repris dans Le Nuage rouge, Mercure de France, 1977.
FROIDLVAliX, Gérald, Baudelaire, représentation et modernité. Coai, 1989.
GIC~lAN, Margaret, Baudelaire The Critir, New York, Columbia University Press, 194 i ;réimprimé par Octavon Books, New York, 1971.
HORNIsA, Lucie, Baudelaire critique de Delacrn¢x, Genéve, Droz, 1956. MACCHIA, Giovanni, Baudelaire, Florence, Sansoni, 1.939.
MnY, Gita, Diderot et Baudelaire critiques d'art, Genève, Droz ;Paris, Minard, 1957.
Baudelaire devant la critique
BnNw, W. T. et P~ctto~s, CLaude. Baudelaire devant ses rantevrporains, Monaco, Édition du Rocher, 1957; nouvelle édition U.G.E., 1967, coll. « 10 x 18 ».
CARTL•A, A. E., Baudelaire devant la critique franFaise 1868-1917. Columbia, University of South Carolina Press, 1963.
ROnLAT KOPP, 1904