Résumé : Ce ne sont pas seulement les contenus des exercices spirituels, mais la conception même de l’askèsis philosophique que l’épicurisme est conduit à modifier. Il faut voir dans le « raisonnement sobre », calcul qui consiste à privilégier les plaisirs stables et sans conséquences douloureuses, la toile de fond de l’ensemble du dispositif « ascétique » des épicuriens. Le but de ce dernier est avant tout l’esquive, l’évitement de la douleur : stratégie qui mobilise toutes les ressources de la physique épicurienne, à commencer par la théorie de la pensée et des simulacres. On s’en convaincra grâce à une relecture du texte que Lucrèce consacre à la passion amoureuse à la fin du chant IV du De rerum natura.