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Classiques Garnier

Chronologie

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Les Diaboliques
  • Pages : CXLIX à CLVI
  • Réimpression de l’édition de : 1991
  • Collection : Classiques Jaunes, n° 488
  • Série : Littératures francophones
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782812414640
  • ISBN : 978-2-8124-1464-0
  • ISSN : 2417-6400
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1464-0.p.0155
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 08/04/2014
  • Langue : Français
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CHRONOLOGIE



1808. — z novembre : ules-Amédée Barbey na?t à Saint-Sauveur- le-Vicomte (Manche, le jour des Morts : déjà coquetterie de dandy, ou vocation du néant ?Son père, Théophile, appartient à une famille installée dans le pays depuis le xIv` siècle, d'abord terrienne, puis de petite robe, anoblie au xvIII` siècle par l'achat d'une charge. Sa mère, Ernestine Ango, vient d'une ancienne famille bourgeoise de Caen ; elle est la fille du dernier bailli de Saint~auveur. La Révolution a dérangé leur fortune et amené les Barbey à un frileux repliement sur soi : on tisonne dans la délectation morose toutes les idées politiques et religieuses de l'ancienne France. Dépit et défi. Jules aura trois frères :Léon (né en 18og, plus tazd eudiste, le seul avec qui il entretiendra des relations suivies), Édouard (né en 1810, non marié), Ernest (né en 1812, mort sans enfants). La famille, vouée à la stérilité, s'éteindra.
L'enfant passe ses premières années dans une atmosphère confi- née et boudeuse, enfiévrée par les récits de sa vieille bonne, Jeanne Roussel, et les histoires plus ou moins myythiques de la Chouannerie, à laquelle son oncle, le chevalier de Montressel, aurait pris part.
1816. — La tentative de faire entrer Jules dans une école militaire échoue :les rois seraient-ils des ingrats? Le père s'ankylose dans un légitimisme désabusé. Le fils va chez son oncle, le docteur Pontas-Duméril, médecin à Valognes (dont il fut maire), esprit libre et origginal, qui le libère du ghetto familial et lui découvre les secrets de la petite ville, d'où sortiront Las Diaboligusr. Jules est aussi marqué par son cousin Edelestand du Méril, qui lui fait lire Scott, Byron, Burns. Barbey s'ouvre.
ISZI. —Révélation du désir, avec sa cousine Marie du Méril.
156 1825. —Barbey publie Aux berat der Thermopyles, élégie dédiée à Casimir Delavigne, qui répond aimablement. Le cousin Mesnil- grand aaidé àtrouver (et à payer) l'éditeur. Tout un volume de vers suit, mais nul n'en veut : on le détruit.
1827. — A Pazis, en classe de rhétorique au collège Stanislas. Barbey y rencontre Maurice de Guérin, l'être que sans doute il devait le plus aimer et dont il défendra ardemment la gloire poétique. Lectures communes des grands romantiques.
1829. — Titulaire du baccalauréat, Barbey rentre àSaint-Sauveur et se rebelle contre les idées de ses parents. II doit pourtant renoncer à la carrière militaire qui le tente et accepter de faire son droit. A la mort de son oncle Jean-François, il refuse, ppar crânerie démocratique, de reprendre le nom d'Aurevilly. En novembre, il s'inscrit à la Faculté de Caen, où son frère Léon le rejoindra l'année suivante.
1831. — Rencontre avec Trebutien, libraire à Cacn, qui sera longtemps un de ses amis les plus proches, et destinataire d'une très im ortante correspondance, essentielle pour la connais- sance dé la vie intellectuelle de Barbey. Liaison orageuse et clandestine — peut-être plus idéale que chaznelle — avec Louise Cantru des Costils, femme de son cousin germain Alfred du Méril. Louise restera un horizon imaginaire du désir aurevil- lien, le symbole de l'impossibilité de l'amour. Barbey écrit pour elle sa première nouvelle, Le Cachet d'onyx.
1832. — Barbey écrit une autre nouvelle, Léa (peut-étre sous l'influence de la mort d'Ernestine du Méril, soeur d'Edelestand). En octobre, il fonde avec Trebutien et Edelestand La Keaue de Caen, d'orientation libérale voire républicaine. Le premier et unique numéro publie Léa et des articles politiques. Léon, lui, reste fidèle aux idées légitimistes et publie Le Momur uormaud, revue royaliste.
1833. — En juillet, Barbey soutient sa thèse, Der touret qui rur- peudeut le cours de la prescription. II s'empresse de courir à Paris, où il retrouve Maurice de Guérin; la rente de r zoo ~ laissée par son parrain Montressel y sera vite épuisée. Lecture de Lélio, marquant le dépazt de la composition de Germaine.
1834. —Barbey fonde, avec Trebutien et Edelestand, La Keaue critique de !a pbilwopbie, der rciencer et de !a littérature, qui survit peu de mois. Décembre : revenu à Caen en secret pour voir Louise, il écrit pour elle en une nuit La Bague d'tlnnibal.
157 1835. — II écrit pour Guérin Amaïdée, poème en prose, et achève Germaine ou !a jiitié, roman qui, malgré les recherches de Trebu- tien et Guérin, ne trouve pas d'éditeur.

1836. — Il commence le Aremier Memorandum, pour Guérin, voyage en Touraine, qui ne l'intéresse pas outre mesure (sep- tembre), et s'éloigne des siens, qu'il revoit en octobre. Il ne reviendra àSaint-Sauveur que vingt ans plus tard. Léon entre au séminaire, Jules le désapprouve. Lui fréquente plut8t les dandys (Roger de Beauvoir).
1837. —Première brouille avec Trebutien. Vie précaire :l'argent est ce qui manque le plus. Essais peu concluants dans le journa- lisme; crise affective (épisode de la mystérieuse Paula). II commence Madame de Gervres, sur la marquise Armance du Vallon, dont il fréquente le salon. Il n'est encore rien. Musset, né deux ans après lui, a déjà publié La Confession d'un enfant du siècle, Loren~accio, les plus belles Nuits...
1838. —Deuxième Memorandum. Barbey collabore (articles poli- tiques et littéraires) au Nouvelliste, journal qui soutient Thiers. Il rencontre Eugénie de Guérin, avec qui il entretiendra des rela- tions intenses et compliquées. Découverte de Stendhal, dont il sera l'un des premiers à comprendre la stature. Très puissante influence de Joseph de Maistre.

1839. —Barbey quitte Le Nouvelliste. En juillet, la mort de Mau- rice de Guérin lui inflige une blessure qui ne guérira pas et signe la fin de sa jeunesse.
1840. — II achève L'Amour lm~ossib/e (ex-Madame de Gesvres) et se lie avec la baronne de Maistre, dont il fréquente le salon où il affecte un personnage de dandy ultra. Elle l'oblige à rompre avec Eugénie de Guérin. Il entre en relations avec George Sand, à propos de la publication du Centaure de Maurice :contact sans avenir.
1841. —Publication de L'Amour impossible. Peu d'écho. Réconci- liation avec Trebutien, devenu bibliothécaire à Caen.
1842. —Collaboration politique au Globe, qui publie La Bague d :Annibal en feuilleton. Barbey rencontre Sainte-Beuve : il y a peu d'atomes crochus ; il y en aura de moins en moins.
158 1843. —Collabore au Moniteur de la mode (critique des modes), sous le pseudonyme rnruscant de Maximilienne de Syrène. Commence son étude sur Brummell. Trebutien publie à S o exemplaires La Bague d'Annibal: succès mondain. Liaison (?) avec la femme qui inspirera Vellini dans Une vieille maîtresse.
1844. —Essai de collaboration au Journal des Débats, où Barbey est soutenu par Hugo et Janin. La Revue des Deux Mondes refuse Brummell; Trebutien ]'édite à tirage limité : succès mondain derechef.
1845. — La Sylphide, journal de modes, publie des fragments de Brummell. Barbey commence Une vieille maîtresse.
1846. —Avec les «treize », groupe d'amis rencontrés chez Mme de Maistre, il fonde la Société catholique, «pour la fabrication, la vente et la commission de tous les objets consacrés au culte », ce qui donnera lieu à la légende d'un Barbey vendant des chasubles dans un magasin de la rue de Tournon. Sous l'influence du converti Raymond Brucker, Barbey va revenir très lentement aux positions politiques et religieuses de sa famille. En sep- tembre, il voyage dans le Centre, pour recueillir les fonds de la Société. ABourg-Argental, Barbey connaït une crise intérieure; il s'en souviendra dans Une histoire sans nom. Il revoit Léon.
1847. —Avril voit naître La Revue du monde catholique. Rédacteur en chef, Barbey est le gardien intransigeant et sourcilleux de l'orthodoxie.
1848. —Barbey préside pendant quinze jours un club d'ouvriers, songe à se faire élire. Mais il ne sera jamais un personnage de Flaubert et comprend vite... En mai, La Re:~ue du monde catholique fait naufrage.
1849. — Il termine Une vieille maîtresse, prépare Les Prophètes du passé, conçoit un ensemble de romans normands qui s'intitule- rait Ouest, rédige Le Dessous de cartes d'une partie de mhist (la première des futures Diaboliques), entame La Messe de l'abbé de la Croix Jugan (alias L'Ensorcelée). Paul de Saint-Victor, secrétaire de Lamartine, qu'il a rencontré l'année précédente, l'aide dans la quête de collaborations journalistiques. L'Opinion publique (légitimiste) publie le premier article des Prophètes du passé sur J. de Maistre.
1850. — La Mode (légitimiste) publie Le Dessous de cartes et des articles extrémistes. Rédaction de L'Ensorcelée.
159 1851. — Collaboration à L'Univers : mais, après un seul article, Veuillot met Barbey à la porte. Collaboration à L'Assemblée nationale, orléaniste. Publication des Prophètes du passé et d'Une vieille maîtresse. Chez Mme de Maistre, Barbey rencontre la baronne de Bouglon, a l'Angle blanc n qu'il n'épousera jamais blanches, trop blanches £fiançailles qui dureront jusqu'à sa mort.
1852. — L'Ensorcelée paraYt en feuilleton dans L'Assemblée natio- nale. Barbey soutient Louis-Napoléon et l'Empire providentiel il faut qu'un Père autoritaire remette de l'ordre dans la maison. Il commence Le Chevalier Des Tourbes. Il entre au bonapartiste Pays, où il n'aura pas la chronique politique qu'il escompte, mais il y tiendra dix ans la rubrique littéraire.
1854. —Publication de L'Ensonelée. Trebutien édite les Poésies. Rencontre avec Baudelaire :deux esprits de la même famille qui se reconnaissent aussit8t.
1855. —Barbey et Trebutien publient les lieliquiae d'Eugénie de Guérin. Il continue Des Tourbes, commence Le Château des Sou~`lets (futur Prêtre marié), revient à ]a pratique religieuse.
1856. —Retour en Normandie et réconciliation avec ses parents. Séjour à Caen :Troisième Memorandum pour Trebutien. Articles durs sur Les Contemplations : avec Hugo, rien n'ira plus.
1857. —Barbey déplaYt à Flaubert avec son compte rendu de Madame Bovary. II pourfend le réalisme, mais défend Balzac (dont tous les ouvrages sont pourtant à l'Index...) qu'il proclame le plus grand, et son ami Baudelaire, poursuivi pour Les Fleurs du Ma! : Le Pays refuse l'article écrit en sa faveur.
1858. —Avec Gravier de Cassagnac, Barbey fonde Le Réveil, organe catholique et gouvernemental. Mort de sa mère. Deuxième édition d'Une vieille maîtresse :scandale. Brouille défi- nitive avec Trebutien, à propos de la ppublication des lieliquiae de Maurice de Guérin. Séjour àPort-Vendres près de Mme de Bouglon (Quatrième Mémorandum).
1860. —Premier volume des ouvres et !es Hommes, recueil d'ar- ticles critiques. Barbey s'installe z 5, rue Rousselet, dans le légen- daire atournebride de sous-lieutenant» fort modeste où il mourra.
1861. —Barbey fréquente chez Hector de Saint-Maur. Joyeuses réunions.
160 1862. — Dans Le Pays, féroces articles contre Les Miserables grincements de dents. A la suite d'un article contre Sainte- Beuve, Le Pays le chasse. Séjour à La Bastide d'Armagnac (Landes) chez Mme de Bouglon. Il travaille à Des Tonrhes et au Prêtre marié. Alcide Dusolier écrit sur lui la première mono- graphie critique.
1863. —Barbey entre au Figaro; un violent article contre Buloz, directeur de la Berne des DenxMondes, entraîne un procès : il est condamné à une amende. Collaboration au Nain Janne, où paraissent les Qnarante médaillons de !'Académie et Le Chevalier Des Tonches en Feuilleton.
1864. —Barbey achève Un prêtre marié. Voyage àSaint-Sauveur Cingnième Memorandnm. Le Pays donne en feuilleton Un prêtre marié. Des Tonches paraît en volume. Barbey rencontre J. Vallès, qu'il apprécie.
1865. — Un prêtre marié parait en volume. Barbey uitte Le Pays et collabore à nouveau au Nain Janne, bien qu~il soit devenu démocrate et anticlérical. L'opposition au rég~me et à la moder- nité s'accentue :Barbey fixe son personnage d'imprécateur inac- tuel.
1866. —Barbey travaille aux Ricochets de conversation (futures Diabo- lignes) ; il assure la critique théâtrale au Nain Janne, attaque les Parnassiens.
1867. —Rencontre Léon Bloy (z r ans), qui deviendra une sorte de fils spirituel.
1868. — Collabore à La Veillense, petite feuille satirique. Mort de son père.
1869. —Collabore au Di_Y-Decembre, puis au Ganlois. Barbey rompt avec l'Empire, et assure la critiqque dramatique au Parlement, journal républicain. Il entre au Constitntionnel, où il tiendra le feuilleton littéraire jusqu'à sa mort; il y succède à Sainte-Beuve comme un goût de revanche...
1870. —Fin de la collaboration au Parlement. Trebutien meurt. Barbey s'engage dans la Garde nationale.
1871. — A la fin du siège de Paris, Barbey regagne la Normandie. Son père a laissé des dettes : il faut liquider terres et maisons; Barbey n'a plus rien àSaint-Sauveur. A Valognes, il achève Les Diabolignes. Mort d'Edelestand du Méril, qui lui laisse une petite
rente viagère.
161 1872. — Rentré à Paris, Barbey mène campagne contre la Répu- blique dans Le Figaro. Il fait le Salon au Gaulois et noue amitié avec son voisin François Coppée. L'été, il s'installe à l'hôtel Grandva]-Caligny à Valognes, où il plante trois cents rosiers et viendra chaque année passer plusieurs mois, au coeur de ce passé mort dont il fait toute la substance de son oeuvre.
1873. —Nouvelle collaboration au Conslilulionnel.
1874. —Publication des Diaboliques (novembre). La police saisit le manuscrit et .}So exemplaires en feuilles. Grâce à l'intervention de Houssaye et Gambetta, le procès est évité. Amitié avec Léon Cladel. Edmond de Goncourt l'inscrit sur la liste de l'Académie des Dix.
1875. —Barbey accepte de retirer Les Diaboliques de la vente. L'affaire en reste là.
1876. —Rencontre Paul Bourget, un des derniers «disciples b, et Paul Féval. Mort de son frère Léon. Une nouvelle bête noire, à laquelle il va réserver ses traits les plus acérés : Zola.
1877. —Publie Les Bas-Bleus.
1879. —Chez Coppée, Barbey rencontre Louise Read (3 5 ans) qui se dévouera corps et âme à son eeuvre. L'archevêque de Paris interdit ]a vente d'Un prêtre marié réédité.
1880. —Publication de Goetbe et Diderot. Barbev commence Une bistorre sans nom et corrige Germaine, sous son nouveau titre : Ce gui ne meurt pas. Dans le légitimiste Triboulet, on le trouve trop amer et réactionnaire. Barbey n'a plus aucune illusion sur ces catholiques et monarchistes dont il défend officiellement les idées. Amitié avec Rollinat.
1881. — Il achève Une bistorre sans nom.
1882. —Une butoire sans nom para?t d'abord en feuilleton (dans le Gil Blas), puis en volume. C'est la première fois que Barbey recueille un vrai succès. Le Gr! Blas publie Retour de Valognes (Une page d'Histoire).
1883. —Quarante-huit ans après sa première rédaction, Ce gui ne meurt pas parait en feuilleton dans le Gil Blas, puis en volume. Bourget publie et préface ]es Troisième et Quatrième Memoranda.
162 Jean Lorrain et Péladan entrent dans la mouvance aurevil- lienne : le vieil erratique est paradoxalement devenu une manière d'ancêtre pour tout un groupe de jeunes écrivains plus ou moins «fin de siècle ».
1884. —Derniers articles de critique (sur Bloy, Richepin, Huys- mans, Péladan). L'Artirte publie les Rythmes oubliés. Barbey fré- quente chez Daudet.
1885. —Poursuite de la série Les ouvres et les Hommes, où Barbey rassemble ses écrits critiques.
1886. —Une page d'Histoire son en volume. Collaboration à La Revue indépendante.
1887. —Dernier séjour en Normandie. Amitié avec Octave Mir- beau.
1888. — La Revue de Paris et Saint-Pétersbourg publie Léa. Barbey tombe malade.
1889. — Le Gil Blas publie Amaiilee. De très déplaisantes dis- cussions mettent aux prises autour de l'écrivain fatigué un parti «Bouglon» (animé par Péladan) et un parti «Read» (soutenu par Bloyy) qui se disputent sa succession matérielle et morale. Au matin du z; avril, mon de Jules Barbey d'Aurevilly. Inhuma- tion au cimetière du Montparnasse. Dans les années suivantes, Louise Read poursuit la publication des ouvrer et les Hommes.
1909. — Inauguration àSaint-Sauveur du buste de Barbey par Rodin.
1923. —Inauguration d'une plaque rue Rousselet. 1925. —Inauguration du Musée de Saint-Sauveur.
1926. —Trente-sept ans après sa mort, la dépouille de Barbey est inhumée àSaint-Sauveur, au pied du vieux chàteau_
1989. — Le Musée est transféré dans la maison familiale des Barbey. Pour le centième anniversaire de sa mon, celui que Bloy avait surnommé «le Connétable des Lettres françaises» est complètement rentré chez lui_
Ph. B.