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Classiques Garnier

Avant-propos

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Les Configurations de l’imaginaire pascalien
  • Pages : 13 à 22
  • Collection : Univers Port-Royal, n° 35
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406080008
  • ISBN : 978-2-406-08000-8
  • ISSN : 2491-2530
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08000-8.p.0013
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 08/04/2019
  • Langue : Français
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Avant-propos

Quon ne dise pas que je nai rien dit de nouveau : la disposition des matières est nouvelle. Quand on joue à la paume, cest une même balle dont joue lun et lautre, mais lun la place mieux.

Jaimerais autant quon me dît que je me suis servi des mots anciens. Et comme si les mêmes pensées ne formaient un autre corps de discours par une disposition différente, aussi bien que les mêmes mots forment dautres pensées par leur différente disposition.

écrivait Pascal dans une pensée qui met en évidence lorganisation originale de son œuvre. Il nous semble que cette organisation des matériaux lexicaux, visible au niveau du texte lisible, est complétée par une cohérence des images employées par Pascal pour exprimer une vision du monde spécifique. Cest pourquoi nous voudrions proposer comme hypothèse interprétative des Pensées une approche de limaginaire pascalien, qui sinscrit au cœur de sa confrontation et de son rapport au réel. Si nous considérons limaginaire comme une interprétation du réel, le signe dune expérience cognitive dont les Pensées seraient une trace visible, notre lecture sera une interprétation de second degré, le miroir dun miroir. Jusquà présent, la critique moderne a étudié surtout limaginaire des auteurs du xixe et du xxe siècles1, en abordant assez peu limaginaire des auteurs du 14xviie siècle en général et de limaginaire de Pascal en particulier, qui reste encore un terrain à explorer, de même que la relation entre limaginaire et lécriture chez Pascal, comme le soulignent les articles très éclairants réunis par Philippe Sellier dans le volume Essais sur limaginaire classique : Pascal, Racine, Précieuses et Moralistes, Fénelon2. Cest pourquoi nous avons considéré quune approche de limaginaire pascalien pourrait fonctionner non seulement comme une continuation de ces analyses, mais aussi comme une invitation à la relecture de cette œuvre, dans une perspective qui anime de nos jours les travaux de tant de chercheurs contemporains3. Dans ses Essais sur limaginaire classique : Pascal, Racine, Précieuses et Moralistes, Fénelon, Philippe Sellier met en évidence le mépris de Gaston Bachelard pour le xviie siècle, considéré comme « un âge dappauvrissement de limagination4 ». Lauteur dresse un bilan des travaux sur le xviie siècle qui sinscrivent dans la thématique de limaginaire, en remarquant que le concept d« univers imaginaire », utilisé par Jean-Pierre Richard pour examiner lœuvre de Mallarmé, nexiste pas dans les études sur le xviie siècle5. Après louvrage de Victor Delaporte « Du merveilleux dans la littérature française sous le règne de Louis XIV » (1891), la seule étude générale est la thèse de Noémie Courtès LÉcriture de lenchantement. Magie et magiciens dans la littérature française du xviie siècle6. Dautres travaux sur le xviie siècle qui examinent des sujets rattachés au domaine de limaginaire, mentionnés par Philippe Sellier, sont la thèse de Nadine Jasmin sur lœuvre de Madame dAulnoy, Naissance du conte féminin (2002), la thèse de Véronique Adam sur la poésie Louis XIII, Images fanées et matières vives (2003) et la thèse dans laquelle Florence Dumora étudie le rêve au xviie siècle, LŒuvre nocturne7. Pourtant, dans ces recherches limaginaire est abordé plutôt implicitement. Jusquà présent, limaginaire pascalien a été étudié surtout 15par Philippe Sellier dans une série darticles8 et par Sophie Bertrand qui a soutenu en 1997 un mémoire de DEA, « Écriture et imaginaire chez Pascal » ; la présente étude de limaginaire doit beaucoup aux pistes de recherche ouvertes par ces travaux très stimulants sur cet « espace originaire et totalisant auquel aucune production du psychisme néchappe9 » (comme lappelle Philippe Sellier).

Il nous semble que la discontinuité qui définit les Pensées, cet ensemble de fragments permutés par les différentes éditions, est compensée par une continuité repérable à un niveau sous-jacent du texte, représentée par lexistence dune série de lignes de force et de points de tension entre les images. En comparant les images utilisées par Pascal dans les Pensées avec les images des autres écrits, nous pourrions découvrir « un Tout qui [ne] se dérobe [pas]10 ». Nous proposons au lecteur une exploration des Pensées de Pascal à laide des théories contemporaines de limaginaire, à la recherche de cette continuité sous-jacente11.

Nous pouvons prendre comme points de repère pour cette approche de limaginaire les étapes de la démarche présentée par Pascal dans la Lettre à Le Pailleur :

[] ils devraient remarquer que lon doit toujours définir les choses avant que de chercher si elles sont possibles ou non, et que les degrés qui nous mènent à la connaissance des vérités sont la définition, laxiome et la preuve : car dabord nous concevons lidée dune chose ; ensuite nous donnons un nom à cette idée, cest-à-dire que nous la définissons ; et enfin nous cherchons si cette chose est véritable ou fausse12.

Pour Pascal, tout raisonnement doit être fondé sur des définitions précises13. En utilisant une définition opérationnelle proposée par 16Jean-Jacques Wunenburger, nous allons considérer limaginaire (ce « concept généralement mal défini, parce que lusage polyvalent en occulte le contenu14 », selon lexpression de Claude-Gilbert Dubois, qui remarque, dans son ouvrage LImaginaire de la Renaissance, que « Limaginaire symbolique est le mode de signification constitué en langage, non point à partir de signes linguistiques, mais dimages signifiantes : cest le fonctionnement individuel et collectif des images organisées en systèmes signifiants15 ») comme « un ensemble de productions mentales ou matérialisées dans des œuvres, à base dimages [] langagières [], formant des ensembles cohérents et dynamiques qui relèvent dune fonction symbolique au sens dun emboîtement de sens propres et figurés16 ». Limaginaire ne sera pas pour nous un simple inventaire, un corpus dimages, mais un système dynamique, qui présente une unité fonctionnelle, un ensemble déléments à lintérieur duquel sétablissent des réseaux organisés par des règles opératoires, des constellations dimages définies par une syntaxe et une sémantique spécifiques. Nous considérons que les rêveries formées par ces images sont exprimées par des stratégies décriture, qui nous permettront de souligner que limaginaire des Pensées et des autres écrits présente le monde intérieur de Pascal, étant ainsi une expression de sa subjectivité, visant en même temps à modifier le monde extérieur, en sinsérant dans la subjectivité du lecteur en tant que production mentale qui appartient à ce projet dune Apologie de la religion chrétienne. Nous voulons démontrer que limaginaire a une visée téléologique, comme laffirme Yves Durand, qui considère que « le champ anthropologique de limage [] sétend indistinctement de linconscient au conscient, du rêve et de la fantaisie au construit et au pensé, bref de lirrationnel au rationnel17. » : « Les constructions imaginaires, loin de sinscrire dans un jeu représentatif gratuit, se caractérisent par une portée téléologique visant à transformer véritablement la réalité18. » Sa fonction principale serait 17de « produire sur le lecteur un effet déterminé19 ». Nous considérons que limaginaire a non seulement un rôle créateur (souligné par Jean-Jacques Wunenburger dans La Vie des images, lorsquil affirme que limaginaire est une « source créatrice dœuvres qui lextériorisent, le médiatisent, lobjectivent dans la culture20 »), mais aussi un rôle cohésif, parce que, dune part, lagencement des images compense le caractère fragmentaire des Pensées et dautre part, une série déchos sétablissent entre les images qui apparaissent dans les écrits pascaliens.

On remarque, depuis lAntiquité, une tendance générale à identifier une relation de dichotomie entre le réel et limaginaire, le sensible et lintelligible, le territoire des sensations et des perceptions et le territoire de la fantaisie, du rêve. Pendant longtemps, le domaine des images a été abordé seulement en fonction de limagination, la faculté psychologique de créer et dutiliser des images, non pas de limaginaire, qui commence à susciter lintérêt de la communauté scientifique et à acquérir un statut épistémologique seulement au milieu du xxe siècle, lorsquon a forgé graduellement une série doutils théoriques pour la compréhension de ce milieu psychique, à partir des méthodes structuraliste, phénoménologique et herméneutique, qui ont permis la description et la classification typologique des images. Dailleurs, comme Christian Chelebourg le remarque dans un ouvrage où il fait une synthèse éclairante des théories de limaginaire, LImaginaire littéraire. Des archétypes à la poétique du sujet, le terme « imaginaire » a été dabord employé comme substantif pour faire référence au domaine de limagination, par le philosophe Maine de Biran, qui notait dans son Journal, en avril 1820 :

La présence de Dieu sannonce par cette lucidité didées, cette force de convictions, ces intuitions vives, pures et spontanées auxquelles sattachent non pas seulement la vue, mais le sentiment intime de la vérité ; ce nest pas seulement une conception, une entente de paroles, cest de plus une suggestion intérieure de leur sens le plus profond et le seul vrai, sans aucun mélange de sensible ou dimaginaire21.

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Nous pouvons remarquer que Maine de Biran utilise le terme « imaginaire » non pas avec le sens de faculté de produire des images, mais plutôt avec le sens de produit de limagination.

Le philosophe Jean-Jacques Wunenburger, qui consacre ses recherches à limaginaire depuis beaucoup dannées, fait une présentation des théories de limaginaire dans un ouvrage publié en 2003, LImaginaire, où il souligne quil faudrait faire une distinction entre limaginaire et limagerie, en montrant que limaginaire implique « linvention dun contenu nouveau, décalé, qui introduit la dimension symbolique », tandis que limagerie est « un ensemble dimages illustratives dune réalité, le contenu de limage étant tout entier pré-informé par la réalité concrète ou lidée22 ». Puisque limaginaire a une dimension représentative (verbalisée, dans le cas dun écrivain) et une dimension affective, qui se rapporte au sujet23, il peut être lobjet dune herméneutique en tant quensemble dimages défini par un degré de cohérence assurant son fonctionnement comme système et par un dynamisme créateur :

Il ny a, dautre part, imaginaire que si un ensemble dimages et de récits forme une totalité plus ou moins cohérente, qui produit un sens autre que local et momentané. Limaginaire est du côté de ce quon appellera du holistique (totalité) et non de latomistique (élément). Limaginaire peut être décrit littéralement (thèmes, motifs, intrigues, décor), mais aussi donner lieu à des interprétations puisque les images et récits sont généralement porteurs dun sens second indirect24.

[] Létude de limaginaire comme monde de représentations complexes doit donc porter sur le système des images-textes, sur leur dynamique créatrice et leur prégnance sémantique [], et enfin sur leur efficace pratique et leur participation à la vie individuelle et collective25.

Pour revenir à limaginaire pascalien qui sera lobjet de notre recherche ici, nous pourrions remarquer que dans son ouvrage LImage dans lœuvre de Pascal, Michel Le Guern sest placé surtout du côté de latomistique, de limage pascalienne, quil a décrite et interprétée, en ouvrant la voie pour des études qui pourraient se placer du côté du holistique, du 19système dimages, dans une approche que Jean-Pierre Richard nommait dans LUnivers imaginaire de Mallarmé, une perspective « interrogative et totalitaire26 ».

Comme Jean-Jacques Wunenburger lindique, en fonction du type dimagination qui se trouve à la base de limaginaire (imagination reproductrice et imagination créatrice), on peut parler de deux acceptions principales de limaginaire27 : une acception restreinte, qui se rapporte à un ensemble statique dimages neutres et passives, dépourvue dénergie créatrice, qui appartiendrait seulement à limagination, et une acception élargie, qui sera aussi la nôtre, dans cette étude de limaginaire pascalien, qui reconnaît aux images un degré de créativité et dauto-organisation, une force poïétique, limaginaire étant « un dynamisme organisateur des images28 ». Jean-Jacques Wunenburger remarque que lassociation 20des images ne se fait pas dune manière chaotique et quil y a des lois dorganisation, qui permettent lidentification des variations de limaginaire au cours de lhistoire29 :

Cette intelligence de la configuration dun imaginaire, quil soit dun auteur, dun peuple, dune époque, etc., est généralement tributaire soit de la présence déléments typifiants, qui donnent un style, un visage à lensemble des images, soit dune véritable grammaire avec sa sémantique et ses lois syntaxiques qui contraignent à composer un système30.

Après la présentation de quatre contributions importantes aux théories de limaginaire élaborées au xxe siècle (de Gaston Bachelard, de Gilbert Durand, dHenry Corbin et de Jean Burgos) que nous allons prendre comme points dappui et sources de réflexion, comme des outils danalyse fournissant des définitions opératoires et des instruments dinvestigation, extrêmement utiles lorsque nous essayons de préciser le vocabulaire tellement problématique de limaginaire, et non pas comme des grilles de lecture qui pourraient transformer notre travail en une simple illustration et application aux écrits de Pascal de ces théories contemporaines, nous montrerons lorganisation que nous essayons de proposer ici pour limaginaire pascalien. Parce que, comme lécrit Pascal dans un fragment : « On se persuade mieux, pour lordinaire, par les raisons quon a soi-même trouvées, que par celles qui sont venues dans lesprit des autres31. »

Il faut souligner que ce nest pas le trajet sur lequel se greffent les images (du plan neurobiologique au plan spirituel), la constitution des images et leur origine, leurs sources dinspiration ou leurs motivations qui nous intéressent dans cette approche de limaginaire, mais leurs combinaisons et leur devenir, la signification des ensembles dimages32, leur potentialité sémantique. Nous naborderons pas le problème de 21limagination chez Pascal33, parce que nous voulons nous pencher ici sur limaginaire, le produit de limagination, et sur la manière par laquelle Pascal se représente le monde sous forme dimages, et non pas sur la faculté mentale de créer des images qui évoquent la réalité. Il faut préciser que notre approche de limaginaire pascalien ne sera pas psychanalytique, parce que nous navons pas lintention dexplorer la vie fantasmatique subliminale de lauteur (dailleurs, il nous semble quune vaste expérience clinique est nécessaire pour réaliser une approche psychanalytique pertinente de cet arrière-plan de lœuvre, comme le fait observer Philippe Sellier, qui considère que cest une cause de « lévitement de limaginaire34 » dans les études sur la littérature du xviie siècle), mais détudier lagencement des images quil utilise et leur expression dans les Pensées et dans dautres écrits. En faisant référence à la distribution des images dans les écrits de Pascal, Michel Le Guern observait : « la répartition nest pas homogène, et les écrits scientifiques font contraste avec le reste de la production de Pascal par leur extrême sobriété en images. On serait donc tenté de les laisser de côté, mais on aurait tort, car cest là que se trouve la clef des problèmes posés par lattitude de Pascal à légard de limage. On ne peut pas comprendre lemploi des images dans les Pensées et encore moins expliquer la cohérence du système quelles constituent sans faire le détour par lœuvre scientifique35. »

Nous voulons proposer sur ce système dimages une perspective plutôt anthropologique et poétique, en empruntant une série doutils méthodologiques surtout aux travaux de Gilbert Durand, notamment à son ouvrage Les Structures anthropologiques de limaginaire, et de Jean Burgos, en essayant dexpliquer notre position ; nous nous plaçons donc dans la lignée de ces recherches, que nous voulons essayer de continuer, en prenant comme support danalyse et de réflexion les écrits pascaliens.

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Au seuil de ce travail, jai le bonheur dexprimer ma plus profonde reconnaissance à Monsieur Gérard Ferreyrolles, que jai eu la chance davoir comme directeur de recherches, parce que grâce à sa confiance, sa disponibilité constante, ses encouragements et ses conseils, ce travail a été une expérience très passionnante et enrichissante ; à Monsieur Philippe Sellier, dont les recommandations généreuses ont nourri et motivé mes explorations ; à Monsieur Tetsuya Shiokawa, mon maître japonais, dont les suggestions et les questions précieuses ont été le catalyseur de cette approche de limaginaire.

1 Citons ici quelques ouvrages qui abordent implicitement ou explicitement limaginaire dune série dauteurs du xixe et du xxe siècles : Jean-Pierre Richard, Littérature et sensation, Paris, Éditions du Seuil, 1954 (sur les romans de Stendhal et Flaubert) ; Jean-Pierre Richard, Poésie et profondeur, Paris, Éditions du Seuil, 1955 (qui propose une approche thématique de la poésie de Nerval, Baudelaire, Rimbaud, Verlaine) ; Jean-Pierre Richard, LUnivers imaginaire de Mallarmé, Paris, Éditions du Seuil, 1985 [première édition 1961] ; Gilbert Durand, Le Décor mythique de la « Chartreuse de Parme » (Contribution à lesthétique du romanesque), Paris, Librairie José Corti, 1961 ; Marie-Joséphine Whitaker, La Structure du monde imaginaire de Rimbaud, Paris, Éditions A.-G. Nizet, 1972 ; Jean Burgos, Pour une poétique de limaginaire, Paris, Éditions du Seuil, 1982 (qui aborde limaginaire dApollinaire, dÉluard, Saint-John Perse, Michaux) ; Danièle Chauvin, Viatiques. Essai sur limaginaire de Philippe Jaccottet, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, collection « Bibliothèque des Idées », 2003.

2 Philippe Sellier, Essais sur limaginaire classique : Pascal, Racine, Précieuses et Moralistes, Fénelon, Paris, Honoré Champion, 2005.

3 On pourrait avoir une image de lessor des recherches sur limaginaire, de la multitude des colloques organisés et des analyses réalisées ces derniers temps si lon étudie lactivité des nombreux laboratoires français et étrangers présentée surtout dans le Bulletin de liaison des Centres de Recherches sur lImaginaire, édité par lAssociation pour la recherche sur limage de Dijon depuis 1993.

4 Philippe Sellier, op. cit., p. 7-8.

5 Ibid., p. 7.

6 Noémie Courtès, LÉcriture de lenchantement. Magie et magiciens dans la littérature française du xviie siècle, Paris, Honoré Champion, 2004.

7 Philippe Sellier, op. cit., p. 7.

8 Les articles de Philippe Sellier sur limaginaire pascalien sont réunis dans louvrage que nous venons de citer.

9 Philippe Sellier, op. cit., p. 9.

10 Pierre Garrigues, Poétiques du fragment, Paris, Klincksieck, Collection dEsthétique, 1955, p. 27.

11 Comme Jean Rousset le soulignait dans un ouvrage, nous voulons étudier « un xviie siècle vu, ou revu, par une pensée du xxe ». Jean Rousset, LIntérieur et lextérieur, Essai sur la poésie et sur le théâtre au xviie siècle, Paris, Librairie José Corti, nouvelle édition, 1976, p. 7.

12 Pour les œuvres complètes de Pascal lédition de référence que nous utilisons ici est lédition Œuvres Complètes, établie par Jean Mesnard (éd.), 4 volumes parus, Paris, Desclée de Brouwer, 1964-1992. Pascal, Œuvres Complètes, t. II, Lettre à Le Pailleur, p. 562-563.

13 Voir aussi le numéro de la Revue Pour la Science sur Pascal, par Dominique Descotes, Pascal. Le Calcul et la Théologie, août 2003-novembre 2003, p. 6.

14 Claude-Gilbert Dubois, LImaginaire de la Renaissance, Paris, Presses Universitaires de France, collection « Écriture », 1985, p. 5.

15 Ibid., p. 18.

16 Jean-Jacques Wunenburger, LImaginaire, Paris, Presses Universitaires de France, collection « Que sais-je ? », 2003, p. 10.

17 Yves Durand, LExploration de lImaginaire. Introduction à la modélisation des Univers Mythiques, Paris, LEspace Bleu, collection « Bibliothèque de LImaginaire », 1988, p. 15.

18 Ibid., p. 14.

19 Christian Chelebourg, LImaginaire littéraire. Des archétypes à la poétique du sujet, Paris, Nathan, collection « Fac. Littérature », 2005 [première édition 2000], p. 19.

20 Jean-Jacques Wunenburger, La Vie des images, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 1995, p. 47.

21 Maine de Biran, Journal II, 1 janvier 1817-17 mai 1824, Neuchâtel, La Baconnière, 1955, p. 269, cité par Christian Chelebourg, dans LImaginaire littéraire. Des archétypes à la poétique du sujet, édition citée, p. 7.

22 Jean-Jacques Wunenburger, LImaginaire, édition citée, p. 9.

23 Ibid., p. 10.

24 Ibid., p. 10-11.

25 Ibid., p. 11.

26 Jean-Pierre Richard, LUnivers imaginaire de Mallarmé, Paris, Éditions du Seuil, 1985 [première édition 1961], p. 14. En présentant linfluence de Bachelard sur la critique littéraire en France, Max Milner (Max Milner, « Linfluence de Bachelard sur la critique littéraire en France », in Jean Gayon, Jean-Jacques Wunenburger (dir.), Bachelard dans le monde, Paris, Presses Universitaires de France, collection « Science, Histoire et Société », 2000, p. 23-36) remarquait que Jean-Pierre Richard « sest efforcé de montrer quil y a chez tous les écrivains une logique associative des images » (p. 31), que « les images ne doivent pas être appréciées isolément », parce quelles sassocient en fonction dune série de « parcours signifiants ». (p. 34)

27 Voir Jean-Jacques Wunenburger, LImaginaire, édition citée, p. 11-15. Dans un autre ouvrage, Imaginaires du politique, Paris, Éditions Marketing, collection « Philo », 2001, p. 78, Jean-Jacques Wunenburger présente les différentes acceptions du terme “imaginaire” en français, en écrivant : « Le terme français d“imaginaire”, peu traduit et ayant peu de correspondants exacts dans les langues étrangères, est sans doute le signe dune tentative de la langue et de la culture françaises disoler et de construire un objet cognitif spécifique, qui a sa consistance propre, à mi-chemin du sensible et de lintelligible. Mais il na pas la réputation dêtre une notion bien claire ni distincte, selon les exigences de la pensée philosophique. » Lauteur identifie trois acceptions du terme : lacception dimagerie, « qui renvoie à lutilisation dans la vie publique de représentations imagées des idées et des hommes, qui contribuent à leur efficacité. » (p. 78) ; lacception dimaginaire, « au sens strict de création dirréalités, de contenus psychiques inventés de toutes pièces, cest-à-dire ne correspondant à aucune donnée empiriquement constatable observable. » (p. 79) ; enfin, le terme désigne « des représentations imaginales, au sens où limaginal désigne des images primordiales, à portée universelle, qui ne dépendent pas des seules conditions subjectives de celui qui les perçoit, qui y adhère, mais qui simposent à son esprit comme des réalités mentales autonomes, des faits noétiques. Limaginal, terme imposé par diverses philosophies de limagination, regroupe donc des représentations archétypales, des prototypes symboliques qui nont pas déquivalent direct dans le réel, mais qui jouent un rôle psychique ou intellectuel en servant à donner du sens, à conférer de la valeur. » (p. 79)

28 Joël Thomas (dir.), Introduction aux méthodologies de limaginaire, Paris, Ellipses, 1998, p. 15.

29 Jean-Jacques Wunenburger, LImaginaire, édition citée, p. 31.

30 Ibid., p. 41.

31 Pascal, Pensées, fr. 617.

32 Jean-Pierre Richard propose une perspective similaire dans LUnivers imaginaire de Mallarmé, édition citée, p. 29 : « Le problème na pas en effet été pour nous de savoir comment, doù, par quel canal, mythique, social ou historique, Mallarmé a reçu ses images, ni même quel sens celles-ci pouvaient bien enfermer avant quil ne les reprenne à son compte : cette reprise seule nous a concerné. Nous avons seulement cherché à discerner la signification que ces thèmes avaient revêtue pour Mallarmé lui-même, et la valeur spéciale quils avaient prise chez lui, en se combinant les uns avec les autres. »

33 Pour une analyse détaillée du statut de limagination chez Pascal, le lecteur peut consulter létude de Gérard Ferreyrolles, Les Reines du monde. Limagination et la coutume chez Pascal, Paris, Honoré Champion, 1995.

34 Philippe Sellier, op. cit., p. 8 et p. 12.

35 Michel Le Guern, « Les images de Pascal », in LAccès aux Pensées de Pascal, Actes du colloque scientifique et pédagogique de Clermont-Ferrand réunis et publiés par Thérèse Goyet, Paris, Klincksieck, 1993 (p. 113-124), p. 115.