Présentation des auteurs et résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Confessions. Se dire, tout dire
- Pages : 255 à 263
- Collection : Rencontres, n° 111
- Série : Le dix-huitième siècle, n° 13
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782812438349
- ISBN : 978-2-8124-3834-9
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3834-9.p.0255
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 09/09/2015
- Langue : Français
Présentation des auteurs
et résumés
Jacques Berchtold, « Les Confessions de Saint Augustin et celles de Rousseau ».
Jacques Berchtold est professeur à l’université Paris-Sorbonne. Il a été responsable des Annales de la Société Jean-Jacques-Rousseau (Genève) et a publié dans le catalogue de l’exposition Jean-Jacques Rousseau et les arts (Paris, 2012). Il est également l’auteur de Lectures de Jean-Jacques Rousseau (Paris, 2012) ; Sources et postérités de La Nouvelle Héloïse de Rousseau (Paris, 2012).
Le choix du titre instaure une relation de diptyque par rapport au prédécesseur médiéval. Augustin converti et éclairé par la vérité chrétienne ne saurait plus rester solidaire de son passé. Seul le présent lucide revêt une valeur supérieure. En vertu d’une anthropologie émancipée du péché originel, Rousseau ne conçoit pas l’enfant qu’il a été comme qualitativement inférieur : la détérioration n’est imputable qu’au commerce social. Le poids de la culpabilité est mis par Rousseau sur la société.
Rousseau’s choice of title establishes a diptych with his medieval predecessor. The converted and enlightened Augustine is no longer firmly locked in the past. The lucidity of the present assumes a superior value. Thanks to his anthropology free from original sin, Rousseau does not consider the child he once was as qualitatively inferior : deterioration is caused by social contact. Rousseau puts the blame on society.
Christophe Martin, « L’enfance d’Émile et l’enfant des Confessions de Rousseau ».
Christophe Martin est professeur de littérature française à l’université Paris-Sorbonne. Spécialiste du xviiie siècle, et en particulier de Fontenelle, Marivaux, Montesquieu, Diderot et Rousseau, ses recherches portent principalement sur les liens entre fiction, anthropologie et philosophie. Il fait partie du comité de direction des Œuvres complètes de Rousseau (Paris, en cours depuis 2014).
Dans la question des relations entre anthropologie et autobiographie chez Rousseau, on considère souvent que le vrai modèle théorique opératoire, pour lire Les Confessions ne serait pas l’Émile mais le Second Discours. Il s’agit ici à l’inverse de suggérer la fécondité d’un éclairage réciproque de l’Émile et des premiers livres des Confessions. Les convergences entre l’enfant du récit autobiographique et celui de la fiction théorique sont à la fois profondes et nombreuses, mais toujours partielles.
Regarding the relationship between anthropology and autobiography in Rousseau’s writing, we often assume that the operational theoretical model for reading the Confessions is not Émile but rather the Second Discours. This contribution suggests, conversely, that reading Émile alongside the first books of the Confessions is mutually illuminating. The convergences between the child of the autobiographical narrative and that of the theoretical fiction are both profound and numerous, although always partial.
Marc Hersant, « Rousseau mémorialiste ? ».
Marc Hersant est professeur à l’université de Picardie. Il a publié Le discours de vérité dans les mémoires du duc de Saint-Simon (Paris, 2009) dirigé plusieurs ouvrages collectifs sur Saint-Simon et sur des questions d’histoire et de théorie littéraires.
L’opposition construite a posteriori entre mémoires et autobiographie, qui repose sur l’idée que les écritures narratives du moi réel se répartissent en deux genres distincts, amène souvent à considérer Les Confessions comme l’ouvrage inaugural d’un genre moderne. Or, ce n’est pas sur le terrain du genre que Rousseau affirme la nouveauté et la singularité de son projet et bien des aspects de son œuvre la rattachent à diverses traditions de Mémoires.
The construction of the a posteriori opposition between memoir and autobiography, which rests on the belief that narrative writings of the self can be divided into two distinct genres, often leads us to consider the Confessions as the inaugural work of a firmly modern genre. Yet it was not in the domain of genre that Rousseau affirmed the novelty and singularity of his project, and many aspects of his work in fact connect him with the diverse traditions of the memoir.
Jean-Paul Sermain, « L’avenir des Confessions ».
Jean-Paul Sermain est professeur à l’université Sorbonne nouvelle – Paris 3. Ses recherches ont d’abord porté sur les œuvres de Prévost et de Marivaux et sur
l’histoire des idées rhétoriques. Il s’est ensuite intéressé au conte de fées et au récit merveilleux. Il s’occupe actuellement des ressources littéraires propres aux genres. Sa dernière publication s’intitule Marivaux et la mise en scène (Paris, 2013).
Cet article examine les différents modes de lecture sollicités par Rousseau et étudie la manière dont l’appel du lyrisme et de l’imagination viennent enrichir ce programme et le perturber. Il s’agit de confronter les voies de l’avenir dessinées par Rousseau à celles qui ont été tracées effectivement, et de comprendre ce qu’implique sa place éminente au sein de la littérature, notion qui se forme justement avec Rousseau.
This article examines the different modes of reading solicited by Rousseau and studies the way in which the lure of lyricism and the imagination enrich and trouble this programme. It confronts the future paths sketched out by Rousseau with those already traced, and seeks to understand his eminent place at the heart of literature, a notion which in fact emerged with Rousseau.
Aurélia Gaillard, « “Ne pas être à sa place”, “ne pas rester en place” : place et déplacement dans les six premiers livres des Confessions ».
Aurélia Gaillard, professeur de littérature française à l’université Bordeaux-Montaigne, est spécialiste du fabuleux et des relations entre les arts et la littérature dans un grand âge classique allant de 1660 à 1760. Elle a notamment publié Fables, mythes, contes (Paris, 1996), Le corps des statues (Paris, 2003), en collaboration, un essai sur les Lettres persanes (Neuilly, 2013).
Un questionnement traverse toute l’œuvre qui touche « la place » : la « fatalité » de la destinée oppose ainsi la place sociale à la place naturelle et idéale recomposée. Il s’agit alors de montrer comment l’écriture mémorielle tente de recomposer cette place de l’origine par différentes stratégies : en mettant en scène de façon obsédante la « mauvaise place » et en proposant diverses remédiations, par les voyages ou des transports imaginaires, enfin par la recomposition d’un « séjour » idéal.
Questions about « place » mark the entire œuvre : the « fatality » of destiny opposes social position to the natural state and reconstructed ideal. The aim of this contribution is to show how memorial writing seeks to re-establish this place of origins through different strategies : by staging the « wrong place » obsessively and by proposing various compensations : either travelling, imaginary escape, or the reconstruction of an ideal « sojourn ».
Anne Richardot, « Le rire dans Les Confessions ».
Anne Richardot est maître de conférences en littérature française du xviiie siècle à l’université Lille III. Elle a notamment publié Le rire des Lumières (Paris, 2002), Femmes et libertinage au xviiie siècle (Renne, 2003) et Bestiaire des Lumières (Paris, 2009).
La position de Rousseau avec le rire a toujours été ambiguë et ses premières œuvres témoignent – notamment la Lettre à d’Alembert – de sa méfiance radicale envers l’humeur comique. Les Confessions peuvent être lues comme le texte le plus problématique à cet égard. Soucieux d’emporter l’adhésion du lecteur, Jean-Jacques multiplie les épisodes drolatiques et ne répugne pas à la satire mais, désireux de « tout dire », il s’expose largement au ridicule et à ses périls.
Rousseau’s attitude to laughter has always been ambiguous and his first works testify – notably Lettre à d’Alembert – to his radical distrust of comic humour. Les Confessions is the most problematic text in this regard. Anxious to grip the reader, Jean-Jacques multiplies comic episodes and does not reject satire. Desirous to « tell all », he exposes himself to ridicule and its perils.
Guilhem Farrugia, « Le bonheur dans le dispositif Confessions-Correspondance ».
Guilhem Farrugia, est docteur ès lettres de l’université Paris-Sorbonne et enseignant à l’université de Poitiers. Il est l’auteur de Bonheur et fiction chez Rousseau (Paris, 2012), « Le bonheur dans les six premiers livres des Confessions », paru dans les Lectures de Jean-Jacques Rousseau (Paris, 2012) et de « La fabrique du bonheur chez Rousseau », paru dans Le bonheur au xviiie siècle (La Licorne, 2015)
Guilhem Farrugia analyse la Correspondance de Rousseau en tant qu’elle éclaire Les Confessions. Par l’effet de cette intertextualité, il met en place le dispositif simplement projeté par Rousseau et détermine la félicité comme objet d’une quête vitale, comme motif intime et ressort de l’écriture de soi. Par ce travail original identifiant le bonheur comme expérience, il prolonge et complète une tradition de recherche portant sur la notion.
Guilhem Farrugia examines the light that Rousseau’s Correspondance throws on his Confessions. Through this process of intertextuality, he establishes the mechanics of Rousseau’s project, and identifies felicity as the object of his vital quest : a personal motif and a spur for autobiographical writing. This original work considers happiness as experience and, in doing so, extends and completes a long tradition of research on the subject.
Sylviane Albertan-Coppola, « La religion dans la première partie des Confessions ».
Sylviane Albertan-Coppola, docteur et agrégée en littérature française et professeur à l’université d’Amiens, est spécialiste du débat qui oppose les philosophes des Lumières à leurs adversaires. Elle a publié L’Abbé Nicolas-Sylvestre Bergier, 1718-1790 (Paris, 2010). Membre actif de la Société Diderot, elle a consacré à celui-ci de nombreux articles.
À travers son récit, Rousseau aborde le phénomène de la croyance, dans ses fondements et sa diversité, au moyen de son propre portrait et de celui des autres, et montre leur influence sur ses propres croyances. La question religieuse est ainsi mise au service de l’apologie rousseauiste. La religion forme dans Les Confessions un ressort dramatique, un sujet philosophique mais aussi un motif signifiant par les liens étroits qu’elle entretient avec la démarche autobiographique.
Throughout his narrative, Rousseau approaches the phenomenon of belief, in both its essence and variety, through his own portrait and that of others, demonstrating the influence they have had on his own beliefs. The religious question is thus put to the use of Rousseau’s apology. In Les Confessions, religion forms a dramatic spur and a philosophical subject, but also a motif firmly interlinked with the autobiographical approach.
René Démoris, « La lecture ou du bonheur de n’être pas (encore) un écrivain. Confessions, livre I-VI ».
René Démoris est professeur émérite à l’université Sorbonne nouvelle – Paris 3. Il est l’auteur de nombreux travaux sur la littérature des xvie et xviiie siècles et sur la théorie de l’art. Il a publié Le roman à la première personne. Du classicisme aux Lumières (Genève, 2002), Chardin, la chair et l’objet (Paris, 1991), La peinture en procès. L’invention de la critique d’art au siècle des Lumières (Paris, 2001)
Quelle image de lui-même entend donner Jean-Jacques, lorsqu’en 1766, au sommet de sa gloire, il rédige la première partie des Confessions ? Loin de reconnaître en cette période qui s’achève en 1742, la patiente et héroïque préparation de sa réussite, il veut n’y voir qu’un temps d’avant la littérature, de dispersion et de bonheurs, mais aussi d’échecs providentiels, bien sûr, pour l’œuvre à venir.
What kind of image did Jean-Jacques hope to give of himself when, in 1766, at the height of his glory, he wrote the first part of the Confessions ? Instead of portraying the period ending in 1742 as one in which he was patiently and heroically preparing his literary success, he chose to present it as a time before literature, a time of dissipation and happiness, but also of failures which were, of course, providential for the work to come.
Catriona Seth, « Rousseau et ses doubles ».
Catriona Seth est professeur à l’université de Lorraine, spécialiste de littérature et d’histoire des idées. Elle a notamment publié Les rois aussi en mouraient. Les Lumières en lutte contre la petite vérole (Paris, 2008), La fabrique de l’intime. Journaux et mémoires de femmes du xviiie siècle (Paris, 2013).
Dans les six premiers livres des Confessions, Rousseau s’identifie à des figures dont il fait des doubles, qu’il imite et, à l’occasion, qu’il fait disparaître. Cet article envisage ces modèles ambigus, frère, cousin, amis, mais aussi l’auteur lui-même, masqué par une identité autre, utilisés par le jeune Jean-Jacques pour construire son individualité.
In the first six books of the Confessions, Rousseau identifies himself with figures which become his doubles and which he imitates and – on occasion – makes disappear. This article considers these ambiguous models : brothers, cousins, friends, but also the author himself, behind the mask of these other identities, and used by Jean-Jacques in order to construct his individuality.
Jean-Christophe Abramovici, « L’isolisme sensoriel dans Les Confessions ».
Jean-Christophe Abramovici, professeur à l’université Paris-Sorbonne, Il est l’auteur d’Encre de sang. Sade écrivain (Paris, 2013), d’Obscénité et classicisme (Paris, 2003) et du Livre interdit (Paris, 1996). Il a également coédité un Dictionnaire des synonymes (Paris, 2013) et travaille sur les imaginaires de la langue, le discours esthétique de Diderot et la construction de l’identité féminine.
À considérer la place des sensations dans l’autobiographie de Rousseau, on ne peut qu’être frappé par leur rareté. Les Confessions sont le roman d’un corps malade, davantage centré sur son sentiment d’existence qu’ouvert aux manifestations de la nature. Les premières des sensualités sont pour Rousseau la gourmandise et la sexualité. Son rapport au monde se caractérise par la convoitise et la peur de la perte.
The rarity of references to sensation in Rousseau’s autobiography is striking. Les Confessions are the narrative of an ill body, more concerned with sentiments of existence than with manifestations of nature. The most important modes of sensuality for Rousseau are gluttony and sexuality. His relationship to the world is characterised by lust and the fear of loss.
Catherine Ramond, « Les “scènes” des Confessions (livre I-VI) : pour une poétique du récit factuel ».
Catherine Ramond est maître de conférences HDR en littérature française du xviiie siècle à l’université Bordeaux-Montaigne. Ses recherches portent principalement sur les formes de la fiction narrative et dramatique et sur les relations qu’elles entretiennent aux xviie et xviiie siècles. Elle a publié Roman et théâtre au xviiie siècle. Le Dialogue des genres (Oxford, 2012), La Voix racinienne dans les romans du xviiie siècle (Paris, 2014).
Cette étude applique au récit factuel des Confessions la notion de « scène » forgée par la narratologie à partir du récit de fiction. Si les scènes des Confessions sont nombreuses et souvent frappantes, on y observe toutefois des différences notables avec les scènes des romans. Rousseau limite la présence du discours rapporté au style direct et subordonne étroitement les scènes au commentaire de la voix narrative, ce qui leur interdit une véritable autonomie de type théâtral.
This study applies the notion of « scene », forged by narratology and based on fictional narrative, to the factual narrative of the Confessions. Although there are numerous and often striking scenes in the Confessions, there are also notable differences between these and scenes in novels. Rousseau limits the use of direct discourse and also privileges narrative commentary in his scenes, meaning they cannot have the autonomy of the theatrical type.
Jean-Christophe Sampieri, « La beauté de Louise Éléonore de Warens et les Rameaux d’Annecy : conversions et conversations autobiographiques au deuxième livre des Confessions ».
Jean-Christophe Sampieri, maître de conférences à l’université Sorbonne nouvelle – Paris 3, est membre de l’unité de recherche « Formes et idées de la Renaissance aux Lumières » et du Centre Rousseau. Il est également membre de l’équipe éditoriale des Œuvres complètes de Rousseau (Paris, en cours depuis 2014). Ses travaux en cours portent sur les pédagogies et antipédagogies des Lumières.
Cet article s’attache au diptyque constitué par les deux scènes liminaires du livre II, au moment où Jean-Jacques vient de quitter Genève : le dîner avec l’abbé de Pontverre et la rencontre avec Madame de Warens. Se fondant sur un contact entre « conversion » et « conversation », l’article étudie les différentes formes de conversations : faussée de Jean-Jacques avec l’abbé, quasi muette et autobiographique avec Madame de Warens et enfin intertextuelle pour le lecteur.
This article concerns the diptych constituted by the two liminal scenes of Book II, in which Jean-Jacques has just left Geneva : dinner with the abbé Pontverre and his meeting with Madame de Warens. Based on the connection between « conversion » and « conversation », this article studies different forms of conversation : false, between Jean-Jacques and the abbé ; almost mute and autobiographical with Madame de Warens ; and, finally, intertextual for the reader.
Odile Richard-Pauchet, « Rousseau à Montpellier. L’antivoyage thérapeutique ».
Odile Richard-Pauchet, maître de conférences en littérature du xviiie siècle à l’université de Limoges, étudie les écrits intimes de la seconde moitié du xviiie siècle : correspondances de Diderot, de Rousseau et de Madame d’Épinay. Secrétaire générale de la Société Diderot, elle a supervisé l’organisation de l’année Diderot en 2013. Elle a publié Diderot dans les lettres à Sophie Volland : une esthétique épistolaire (Paris, 2007).
Le récit du voyage de Rousseau à Montpellier (Confessions, livre VI) peut être relu comme la démystification du topos littéraire du voyage de santé. Stratégie élaborée par Madame de Warens pour éloigner le jeune Rousseau de sa nouvelle idylle avec Wintzenried, ce voyage est présenté par l’autobiographe comme un fiasco (sauf sur le plan sexuel), et comme la raison même de son retour dans le giron de Maman, voire comme l’origine d’une carrière intellectuelle aventureuse, à défaut d’être salvatrice.
The tale of Rousseau’s journey to Montpellier (Confessions, livre VI) can be read as a demystification of the literary topos of the therapeutic voyage. A strategy masterminded by Madame de Warens in order to remove Rousseau from his new-found idyll with Wintzenried, the voyage is presented in the autobiography as a fiasco (except at the sexual level), as the reason for the return to his mother’s bosom, and even as the origin of his adventurous intellectual career, rather than as life-saving.
Claude Habib, « Le sens du détail ».
Claude Habib est professeur à l’université Sorbonne nouvelle – Paris 3 et dirige le Centre Rousseau. Elle a écrit Le Consentement amoureux. Rousseau, les femmes et la cité (Paris, 1998), Galanterie française (Paris, 2006). Elle a également dirigé Éduquer selon la nature. Seize études sur Émile (Paris, 2012), et codirigé avec Pierre Manent Penser l’homme. Treize études sur Rousseau (Paris, 2013).
Connaître un homme, c’est détailler exactement le déroulement de son existence. Telle est la théorie : en pratique, Rousseau ne sauve que des fragments, représentants fragiles d’un monde disparu. La négation exceptive communique avec la totalité. Le ne que ouvre sur le tout. Réfléchir au statut du détail autobiographique revient à s’interroger sur le rapport entre l’art de Rousseau, qui est de sélection, et sa science de l’homme dont le geste est contraire puisqu’elle procède par sommation.
To know a man is to be able to detail the way his existence has unfolded, exactly. That is the theory : in practice, Rousseau only saves fragments, fragile remnants of a lost world. Exceptional negation communicates with the totality. The only opens up the all. Reflecting on the status of the autobiographical detail leads to an interrogation of the rapport between the art of Rousseau, which is one of selection, and his science of humankind, the approach of which is the opposite as it proceeds through summation.