Aller au contenu

Classiques Garnier

Index des noms de personnes et des écrits de Rousseau mentionnés dans les Confessions

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Les Confessions
  • Pages : 941 à 1090
  • Réimpression de l’édition de : 2011
  • Collection : Classiques Jaunes, n° 497
  • Série : Littératures francophones
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782812429156
  • ISBN : 978-2-8124-2915-6
  • ISSN : 2417-6400
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-2915-6.p.1118
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 08/04/2014
  • Langue : Français
1118 1119 INDEX DES NOMS DE PERSONNE ET DES ÉCRITS DE ROUSSEAU MENTIONNÉS DANS LES CONFESSIONS (Ν. B.  : Les références bibliographiques à des ouvrages déjà signalés dans la Bibliographie sont données en abrégé.) Achille. Héros grec légendaire, dont Γ Iliade exalte la bravoure; Rousseau se compare plaisamment à lui pour railler l'enthou¬ siasme héroïque de sa jeunesse, 98. Adraste. Personnage du Télémaque de Fénelon, 700 et n. 2, Lessing donne ce nom au héros de son Freigeist, 1749. Agésilas. Avant d'exprimer dans les Confessions, 8, son admiration pour la simplicité de ce Spartiate vainqueur du Grand Roi, et qui au sein du luxe persan regrette la frugalité lacédémonienne, ou qui chevauche un bâton pour amuser ses enfants, Rousseau a fait allusion dans l'Émile à ces anec¬ dotes rapportées par Plutarque; il y revient dans les Considé¬ rations sur le gouvernement de la Pologne, en τ 774. Aiguillon (Mme d'). Anne-Charlotte de Crussol-Florensac, 1700-1772, épouse en 1718 Armand-Louis, comte d'Agénois (1683-1750), qui devient duc d'Aiguillon en 1731. Elle tient à Paris un salon réunissant écrivains et hommes politiques, 48 3. Aine (d'). Nom de jeune fille des deux sœurs épousées succes¬ sivement par le baron d'HoLBACH (voir ce nom). Alamanni ou mieux Al am any (Marcel), né à Cluny en 1723, supérieur du Séminaire oratorien de Montmorency à partir de 1749, 683. Alary (Pierre-Joseph), 1689-1770. Prieur de Gournay-sur- Marne; membre de l'Académie française. Vers le temps où il est sous-précepteur de Louis XV, fonde avec l'abbé de Saint-Pierre le Club de l'Entresol pour l'étude des ques¬ tions politiques. Il en devient le président et réunit les mem¬ bres chez lui à l'entresol de l'hôtel du président Hénault, place Vendôme. Après 1731 le club doit cesser ses activités, devenues suspectes au pouvoir. Rousseau fréquente Alary en 1742-1743, 345.
1120 Albert. Chanteur (basse-taille) à l'Opéra de Paris de 1734 à 1751, 592. Alembert (Jean Le Rond d') 1717-1783. Fils naturel deMmt de Tencin. Mathématicien, membre de l'Académie des sciences en 1741, fait partie de la commission chargée par l'Académie des sciences de juger en 1742 le mémoire de Rousseau sur la notation de la musique par chiffres. Rousseau le rencontre par l'intermédiaire de Diderot lors des débuts de l'Encyclo¬ pédie, soit vers 1746, 410. Il est présent lors de la première visite de Rousseau au donjon de Vincennes pendant la détention de Diderot (414). Parmi les réfutations du Discours sur les sciences et les arts, 432-433, Rousseau omet de faire un état d'un paragraphe — d'ailleurs élogieux — glissé par d'Alembert dans le Discours préliminaire de l'Encyclopédie. C'est d'Alembert (Rousseau ne le dit pas, 474) qui demande au comte de Tressan de sévir contre Palissot après la repré¬ sentation des Originaux. La publication par d'Alembert, devenu membre de l'Aca¬ démie française en 1754, de l'article Genève dans l'Encyclopédie lui valut de Rousseau la réplique que l'on sait, 5 84. L'article attribuait aux pasteurs de Genève une tolérance frisant l'hérésie (voir extrait publié en appendice de l'éd. Fuchs de la Lettre à d'Alembert), et souhaitait que les Genevois puissent avoir leur théâtre. La Lettre à d'Alembert sur les spectacles, épisode capital de la rupture entre Rousseau et les Philosophes, est dirigée contre Voltaire plus que contre d'Alembert ; elle ne modifie pas beaucoup les sentiments de d'Alembert pour Rousseau ; à ce moment d'Alembert, quit¬ tant l'Encyclopédie (janvier 1758), est en mauvais termes avec Diderot. La réponse de d'Alembert dans sa Lettre à Jean- Jacques Rousseau Citoyen de Genève, écrite dans un ton aisé, parodiant le style de Rousseau, est fort mal accueillie du destinataire; mais un rapprochement survient lors de la libé¬ ration de la Bastille de Morellet (632), libération sollicitée par d'Alembert et obtenue par Rousseau (634), (juillet 1760). D'Alembert reçoit un exemplaire de la Nouvelle Héloise et remercie élogieusement. Même réaction de sa part lors de la publication de ΓÉmile (676-677)  : d'Alembert sympathise avec la victime des malheurs suscités par cette publication, et offre de s'entremettre pour obtenir au fugitif un asile à la cour de Prusse, bien que Rousseau le soupçonne au contraire de l'avoir desservi auprès de Frédéric (700). D'Alembert semble avoir caressé l'espoir de réconcilier Rousseau et les
1121 Philosophes  : mais son amitié avec Voltaire le rend suspect à Jean-Jacques, dont les soupçons sont accrus par les relations entre d'Alembert et Hume, et l'affaire de la fausse lettre du roi de Prusse, qu'il attribue à d'Alembert (v. Frédéric). Les Confessions accusent d'Alembert d'avoir pillé le Diction¬ naire de Musique pour composer ses propres Éléments de Musique, 720  : les ressemblances pourraient venir en fait d'une dette commune envers Rameau. V. John N. Pappas, «  Rousseau and d'Alembert  », Publ. of Mod. L.ang. Assoc. of Amer., March 1960, pp. 46-60. V. aussi 597, 599. 655, 673, 691. Alibard (d')  : V. Dalibard. Allée de Sylvie, 402. Altuna y Portu (Manoel Ignazio de), 1722-1762. Basque d'Azcoïtia (Guipuzcoa), fait ses études au séminaire de nobles de Madrid, puis passe cinq ans à l'étranger  : Venise, Rome, Naples, Paris. C'est à l'issue de son tour d'Italie qu'il fait à Venise la rencontre de Rousseau (360, 369), lequel le convainc de passer six mois à Paris pour y étudier les sciences. Ils s'y retrouvent au retour de Rousseau en 1744, et y passent près d'un an ensemble ; c'est chez Altuna que loge à Paris Rousseau pendant l'hiver 1744-1745, 402-404 (C. C, II, 74). Revenu en Espagne, il épouse à Fontarabie en 1749 Dona Maria Brigida de Zuloaga, et s'établit avec sa femme à Azcoïtia où il mourra; il est maire de la ville depuis 1746, et contribue à y fonder une académie des sciences naturelles. Le groupe des Ami go s del pais fondé après sa mort (1764) lui doit en grande partie sa création, et joue un rôle important dans l'histoire de l'Espagne «  éclairée  ». Son portrait par Rousseau, 385-387. La seule lettre qu'on possède de Rousseau à Altuna, datée de Paris le 30 janvier 1748 (C. C., II, 377), est un apocryphe fabriqué par Ch. Colnet. V. Julio de Urquijo, Menende^ Pelayo y las caballeritos de Azcoïtia, San Sebastian, 1925, utilisé par P. P. Plan, D. P., V, 273 ainsi que par J.R. Spell, Rousseau in the Spanish World, Austin, Texas, 1938, et Gordian Press U.S., 1975. Amelot de Chaillou (Jean-Jacques), 1689-1749. Secrétaire d'État aux Affaires étrangères de 1737 à avril 1744. Entre son départ et la nomination de son successeur d'Argenson, l'intérim est assuré par La Porte du Theil, mais contrairement
1122 à ce que croit Rousseau, Amelot ne meurt que cinq ans plus tard, 554. 35« , }8i. Amézin (d'), Rousseau orthographie Damesin, Jean-Baptiste- Louis Vulliet de la Saunière, comte d'Amézin ou Amésin, 1704-1793. Gentilhomme au service de la princesse Anne- Thérèse de Savoie-Carignan. Rousseau lui est recommandé à son arrivée à Paris. Il épousera en 1746 à Chambéry Fran¬ çoise-Sophie de Menthon, qui est probablement l'ancienne élève de Rousseau (Daumas), 328. Amours de Milord Édouard  : voir Aventures... Amyot (Jacques) 1513-1593. Traducteur de Plutarque, 8, var. K. Ancelet, identifié par Courtois (Annales, XV, 48, n. 4) comme étant Michel-Marie Ancelet, aide-major des Mousquetaires, puis mestre de camp de cavalerie. D'après le texte des Confes¬ sions, 1. VII et VIII, 403-404, 456, Ancelet serait aux Mous¬ quetaires vers 1744-1745, et encore fin 1753. Il signe «  Ancelet, mestre de camp, rue St-Honoré, vis-à-vis St Roch  » la lettre qu'il adresse à Rousseau le 10 mars 1764 (C. C., XIX, 208). Il s'y déclare à la retraite, et partageant alors l'année entre Paris et les Ardennes où vit sa femme. Je n'ai pu trouver son nom dans les contrôles des Mousquetaires conservés au Ser¬ vice historique de l'Armée, ni parmi les listes de chefs de corps des régiments de cavalerie. Tiersot (Rousseau musicien, p. 140) imprime son nom Amelot, probablement simple coquille, ou confusion avec le ministre Amelot de Chaillou; l'orthographe des mss. est bien Ancelet. Ancelet protège Rousseau menacé d'agression lors de ses démêlés avec l'Opéra, il est plus tard son voisin à Montmorency, et va le voir à Môtiers (1764  ?). Aussi 602. Anet (Claude). Né à Montreux (l'orthographe Montru des mss. des Confessions figure aussi sur son acte de décès) en 1706, mort le 13 mars 1734. Neveu d'un jardinier de M. de Warens, il semble s'être enfui et avoir abjuré le protestan¬ tisme en même temps que Mme de Warens; la double conver¬ sion pourrait alors s'expliquer au moins en partie par une liaison devenue compromettante à Vevey, de même que la mort d'Anet pourrait avoir une raison sentimentale (v. p. 235 et n. 1). Apprenti chez un menuisier d'Annecy de 1726 à 1729, il vit ensuite chez Mme de Warens (115) et l'accompagne à l'occa¬ sion dans ses voyages (147). Sa tentative d'empoison-
1123 nement, 201-202; ses activités de botaniste, 205. Son portrait par Rousseau, 230-231, 234, 236. — Rousseau donnera le nom de Claude Anet à un personnage épisodique de la Nouvelle Héloise, lequel «  tourne mal  » après avoir épousé Fanchon Regard, femme de chambre de Julie. Des Mémoires apocryphes de Claude Anet, composés par le général Amédée Doppet (1753-1800), parus à Paris en 1786 et réédités en 1798, font de lui l'amant de la Merceret — à Chambéry où elle n'a jamais vécu. J. de Lacretelle a écrit un Journal de Claude Anet. V. Mugnier, J-J. Rousseau et M"" de Warens, pp. 118- 121. Aussi 207, 247, 306. Annïbal, Rousseau fait allusion (p. 58, var. n, 62), au passage des Alpes en 218 avant J.-C. par ce célèbre général cartha¬ ginois au début de la seconde guerre punique. Antremont  : v. Entremont. Anzoletta, fillette vénitienne «  achetée  » par Carrio et Rousseau, 380. Argenson (Marc-Pierre de Voyer, comte d'), 1696-1764. Intendant de Touraine en 1721, conseiller d'État en 1724, intendant de Paris en 1741, ministre de la Guerre de 1743 à 1757. Depuis 1749 il exerce le contrôle sur les théâtres de Paris, l'imprimerie royale et la bibliothèque du roi. Dédicataire de l'Encyclopédie en 1751, 455, 457, 593. II appartient à une famille célèbre  : son père Marc-René de Voyer d'Argenson, 1652-1721, a été lieutenant de police au Châtelet puis garde des Sceaux; son frère aîné René-Louis de Voyer, marquis d'Argenson, 1694-1757, ministre des Affaires étrangères de 1744 à 1747, est l'auteur de Mémoires célèbres, et sa bibliothèque est à l'origine de celle de l'Arsenal ; Rousseau le cite dans une note du Contrat social, éd. Gamier, p. 252, η. i. Aristide. Le héros athénien dont Rousseau a lu l'histoire dans Plutarque incarne pour lui le sens de la justice. Il rappelle au livre II de l'Émile l'abnégation d'Aristide lors de sa condam¬ nation à l'exil, 8, 25. Armentières (Louis de Conflans de Bribnne, marquis d'), 1711-1774. Colonel du régiment d'infanterie d'Anjou. Prend part à la guerre de la Succession de Pologne (blessé à Guastalla), à la guerre de la Succession d'Autriche (campagne avec Belle- Isle en Bohême). Maréchal de camp en 1743, lieutenant- général en 1746. Dans la guerre de Sept Ans, il commande
1124 l'armée en l'absence de Contades. Maréchal de France en 1768. A épousé successivement, i° Adélaïde-Jeanne-Françoise Bouterone d'Aubigny, 1716-1746 ; 20 en 1770, Marie-Char¬ lotte de la Ferté Senneterre, morte en 1794. C'est un des visi¬ teurs de Rousseau à Montmorency, 621. Ars (Charles de Brémond, comte d'). Père de Mme de Verdelin, 622. Artamène. Nom que porte Cyrus dans le roman de Georges et Madeleine de Scudéry, Λrtamène ou le Grand Cyrus (1649- 1653, 10 vol.) que lit Rousseau enfant, 8. Arty (Alexis-Armand d'— ou Darty). Fils d'Antoine-Alexis Paneau et de Marie-Louise de Fontaine; neveu de Mme Dupin. Rousseau compose pour lui à l'occasion de la mort de Louis, duc d'Orléans, fils du Régent (le duc d'Orléans, né en 1705, meurt le 4 février 1752), une oraison funèbre qui ne sera pas prononcée, l'honneur du panégyrique étant échu en mai 1752 à l'abbé de La Tour du Pin. L'oraison de Rousseau sera publiée par Moultou en 1782, 672. Arty (Mme d' — ou Darty), 1710-1765 (  ?). Née Marie-Louise de Fontaine, fille adultérine de Samuel Bernard et de Marie- Anne de Fontaine, née Dancourt; soeur de Mme Dupin. Épouse en 1724 Antoine-Alexis Paneau, directeur des aides, qui se fait ensuite appeler M. d'Arty. Maîtresse du prince de Conti jusqu'en 1751 ; Rousseau parle en termes idylliques de cette liaison mais le marquis d'Argenson dans son Journal, à la date des 9 juin et 4 juillet 1748, parle de coups échangés et de brouille. Elle serait morte en 1765 si la date proposée pour une lettre à Rousseau publiée dans la C. G. (XIII, 164) est exacte, 339. V. Desnoireterres, Épicuriens et Lettrés, XVII' et X VHP siècles, Paris, 1869. Astier (d' — ou Dastier), 1715-1786. Hyacinthe-Antoine, dit le chevalier d'Astier de Cromessière, né à Malaucène, diocèse de Vaison, Comtat-Venaissin, en 1715; sert en Corse en 1738; capitaine au Royal-Comtois, sert à Minorque, 1756-1757; pen¬ sionné en 1757, chevalier de Saint-Louis; domicilié en 1779 à Carpentras; mort en 1786 à Avignon. S'entremet dans une tentative d'impression à Avignon des Lettres de la Montagne, 724-725 ; renseigne Rousseau sur la Corse, 772, 774-775· Les recherches entreprises par C. Sibertin-Blanc, B. Gagnebin et moi-même pour identifier le «  Dastier  » visiteur et corres-
1125 pondant de Rousseau, et le distinguer de son frère Frédéric, né en 1718, ont abouti à l'article que l'on peut considérer comme définitif de C. Sibertin-Blanc, Provence historique, 1963, fasc. 51, 52 et 53. Athanasius Paulus (l'Archimandrite)  : v. p. 172, n. 1. Aubeterre (Mme d'). Marie-Françoise Bouchard d'Esparbès, cousine et première femme de Joseph-Henri Bouchard d'Esparbès de Lussan (1714-1788), marquis d'Aubeterre, ambassadeur et futur maréchal de France, 623. Aubonnf. (Paul-Bernard d'), bourgeois de Nyon, né vers 1685, et peut-être beau-frère de M. de Tavel. Après avoir tenté sans succès de faire accepter par le cardinal Fleury un projet de loterie, il arrive à Annecy en 1729 avec l'intention de proposer le projet à la cour de Turin; il n'y parviendra qu'en 1735. En 1730 il accompagne à Paris Mme de Warens, qui devait pense- t-on l'introduire auprès du comte Maffei, ambassadeur de Sardaigne. Mais il se brouille avec elle et la laisse regagner seule Annecy. Mugnier doute qu'il ait eu en 1729, comme le suggère Rousseau, une aventure avec Mme Corvesi (Mme l'In¬ tendante), 124, 132-13;, 145, 215. V., outre Mugnier, Benedetto, M"" de Warens. Auguste II, roi de Pologne, Dresde 1670-Varsovie 1733. Électeur de Saxe. Père naturel de Maurice de Saxe. Roi de Pologne en 1697. Allié à Pierre le Grand, détrôné par Charles XII de Suède (1703), puis rétabli après la bataille de Poltava (1709), 241. Augustin (saint), 354-430. Sur ses Confessions, v. Introduction, p. ix, 71. Aumont (Louis-Marie-Augustin, duc d'), 1709-1782. Collec¬ tionneur et protecteur des arts. Étant en 1752, comme premier gentilhomme de la Chambré, responsable des spectacles de la Cour, fait jouer à Fontainebleau le Devin du village, 445, 449. Aventures de Milord Édouard Bomston, 618, 719. Bâcle. Vraisemblablement un des fils du chirurgien Joseph Bâcle, réformé tourangeau établi à Genève en 1698 et époux d'une Genevoise. Deux des fils de cette union, Étienne, né en 1710, et Pierre, 1714-1731, ont été apprentis horlogers à peu près en même temps que Rousseau, 108-111, 138-139, V. Gaillard, Annales, XXXII, 1950-1952. Bagubret (Gabriel). D'origine genevoise, semble s'être livré à des trafics assez louches en Allemagne avant de s'établir
1126 en Russie où il obtient en 1720 le tit te de «  Conseiller dans le Collège de la Monnaie, des Mines et Manufactures de S. M.  » [Pierre le Grand, mort en 1725]; sa présence à Chambéry en 1733 à l'occasion d'un procès est confirmée par les recher¬ ches de G. Daumas (R.S.H., 1952, pp. 223-237). Il semble s'y être fixé définitivement par la suite, 254. Baille. Personnage non identifié, dont le nom est bien ortho¬ graphié ainsi sur les mss. ; mais peut-être faut-il lire, propose P. Grosclaude dans son éd. des Confessions, Abeille, inspec¬ teur des manufactures, et ami de Duclos, 665. Baillet (Adrien), 1649-1706. Érudit amiénois, connu pour son encyclopédie littéraire (les Jugements des savantsJ, qui lui valut des démêlés avec Ménage et qui, grossie par des continuateurs, constitue l'équivalent, au xvnie siècle, à la fois de nos mo¬ dernes histoires de la littérature et de nos bibliographies critiques, 251. Balexert ou Ballexserd (Jacques), 1726-1774. Médecin genevois établi à Paris, auteur d'une Dissertation sur l'édu¬ cation physique des enfants depuis leur naissance jusqu'à l'âge de puberté (1762), couronnée par la Société hollandaise des Sciences de Haarlem (v. p. 679, η. ι), et d'une autre sur les Causes principales de la mort d'un aussi grand nombre d'enfants couronnée par l'académie de Mantoue (1772), 678-679. V. sur la puériculture au xvnie siècle le livre de Roger Mercier. Ballot (Sylvain), Rousseau orthographie Ballod, 1702 (  ?)- 1760. Avocat au Parlement de Paris, librettiste d'opéra, 395. Banchieri (Adriano), 1567-1634 (  ?). Bolonais, auteur d'une Cartella di musica, Venise, 1610, souvent réimprimée. Fétis, qui donne ce titre et cette date, présente l'ouvrage comme contenant à la fois un traité de composition, les biographies des musiciens, et une description des méthodes de notation. Le dictionnaire des musiciens de Grove, plus récent, donne le titre Cartella musicale et la date de Venise, 1614; il parle d'un projet qu'aurait eu Banchieri de fonder dans son monastère de Bologne une académie des arts et des sciences ; il fait état de nombreuses compositions pour la musique d'église, d'intermèdes pour des comédies, et même de comédies écrites sous le nom de Camillo Scaligeri, 284. Bardonanche ou Bardonenche (Mme de). On hésite pour ce personnage entre deux identifications possibles  : Élisabeth, née Odos de Bonniot, qui épouse successivement Dannond de
1127 Brion, puis, devenue veuve, César de Bardonanche; ou sa bru Marie de Lestang de Murât ; fille d'un président à mortier du parlement de Grenoble, épouse en 1714 de René-Alexandre, fils aîné de César de Bardonanche, 248. Barillot (Famille). Jacques Barillot ( P-i748), libraire à Lyon, et son fils Jacques-François (  ?-ΐ75θ) furent tous deux reçus bourgeois de Genève en 1726. Rousseau devenu majeur confie à l'un d'eux, probablement le père, sa procuration établie devant notaire à Chambéry, le 12 juillet 1737, pour réclamer sa part d'héritage à Genève dans la succession de sa mère, 248, 284. Sur cette famille de libraires, éditeurs de Burlamaqui et de Montesquieu, v. l'art, de P. F. Geisendorf dans Genava, t. XXII, 1944, pp. 203-21 o. Barjac. Confident et homme de confiance du cardinal de Fleury, puis son valet de chambre lorsque Fleury est au pouvoir. En cette qualité Barjac exerce, sans se départir de son bon ton, une autorité presque sans limites, tenant table ouverte, nommant aux charges, et exigeant d'être consulté et visité par les impétrants, 545. V. Soulavie, Mémoires du Maré'chal de Richelieu (t. IV, pp. 218- 228). Barthélémy (Jean-Jacques), 1716-1795. Abbé érudit, orien¬ taliste, conservateur du Cabinet des médailles, auteur du Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, 1779, 604. Barthès de Marmorières (Antoine). Né à Narbonne en 1736, mort après 1798. Premier secrétaire de l'ambassade de France en Suisse (1762), puis chargé d'affaires du 3 février 1765 au Ier janvier 1767, et encore en 1768. C'est en cette qualité qu'il offre ses services à Rousseau lorsque ce dernier est expulsé de l'île de St-Pierre, 776-777. A la fin de 1768 il obtient du gouvernement français une pension de retraite, et de la Suisse des «  lettres de naturalité  » de Saint-Gall. En même temps il devient gouverneur des pages de Madame (Adélaïde de France, 1732-1800, 4e fille de Louis XV); mais son ambi¬ tion est de se faire assurer la place de secrétaire-interprète du roi en Suisse. Il adresse pour cela mémoire sur mémoire au ministère des Affaires étrangères, de 1775 à 1798. Dans l'intervalle la Révolution l'a trouvé attaché, en sa qualité de maréchal des logis des Gardes suisses, à la personne du comte d'Artois, comme secrétaire sans appointements —
1128 la place de secrétaire en titre du comte lui ayant échappé en 1782. Il déclarera plus tard avoir quitté le comte «  quand celui-ci se prépara à combattre sa patrie  » et s'être retiré alors «  dans sa patrie suisse  ». Son loyalisme — ou son obstination — lui vaudra d'être rayé de la liste des émigrés en 1797 et d'obtenir du Directoire une pension de 2 000 livres d'argent de France. (Arch. inéd. du Min. des Aff. étrangères, Dossiers personnels, vol. 4.) Basile (M. et Mme). Commerçants de Turin non identifiés, établis dans la Contrà Nova (actuelle Via Roma). E. Gaillard (Annales, XXXII, 1950-1952) ne croit pas que le mari soit orfèvre, 79-86, 105, 505. Bastide (Jean-François de), Marseille 1724-Milan 1798. Roman¬ cier et polygraphe, fonde successivement les périodiques le Nouveau Spectateur (1758), le Monde comme il est (1760), le Monde (1761). Publie en 1761 l'Extrait de paix perpétuelle, 647-648. Batistin, v. 1680-1750. C'est à tort, selon Grove, que Fétis et autres le donnent comme un musicien florentin d'origine allemande du nom de Giovanni Batista Struck. Il est bien Allemand d'origine mais de nationalité française  ; son éducation musicale est mal connue; peut-être a-t-il étudié à Naples où son nom apparaît en 1702. A Paris il est violoncelliste à l'Académie royale de musique. Outre deux opéras il compose alors quatre livres de cantates, parus à Paris de 1706 à 1714; la page de titre présente l'auteur comme «  ordinaire de la musique de [...] Mgr. le duc d'Orléans  ». Il semble ensuite avoir quitté la France quelque temps, entrant vers 1714 au service de l'électeur Max-Emmanuel de Bavière ; son opéra Il gran Cid est joué à Livourne, puis en 1717 à Naples. De retour à Paris, pensionné par Louis XV, il compose peu désormais (un opéra, Polydore, en 1720). Fétis énumère à tort une quinzaine de «  ballets ou opéras de cour  » qui sont en fait les titres de ses cantates de 1706-1714, 192. Bayle (Pierre), 1647-1706. Le plus grand des penseurs français réformés réfugiés en Hollande, auteur du célèbre Dictionnaire historique et critique (1697, et nombreuses rééditions revues et complétées) auquel Rousseau, comme les Encyclopédistes, doit probablement beaucoup, 122. Beaumont (Christophe de), 1703-1781. Archevêque de Paris, 717 et η. ι. V. le livre du P. Émile Regnault, 1882.
1129 Beauteville (Pierre de Buisson, chevalier de), 1703-après 1790. Né au château de la Louvière, dans le Languedoc. Mousquetaire, puis capitaine au régiment de Normandie; aide-maréchal des logis de l'armée auprès du maréchal de Saxe de 1744 à 1751; sert ensuite sous Richelieu dans les Cévennes et en bas Languedoc. En 1761 il est chargé de négociations avec l'Espagne, puis, comme ambassadeur auprès du Corps helvétique de 176} à 1775, il est médiateur du roi de France entre les négatifs et les représentants à Genève en 1766. Il prend sa retraite en 1775 et est pensionné en 1790 (Doss. personnels, Arch, du Min. des Aff. étr.). Rousseau, qui l'a connu chez le maréchal de Luxembourg, lui écrit d'Angleterre pour recommander F. H. d'Ivernois, 777. Bellegarde  : v. Entremont, Houdetot. Bellegarde (Louis-Denis de Lalive de). Né v. 1680 à Fon¬ taines-sur-Saône, fils d'un fermier général. De son mariage à Valenciennes en 1720 naissent les futures Mme d'Épinay et Mme d'Houtetot, ainsi qu'Ange-Laurent de Lalive de Jully. Fermier général en 1721, puis grand-maître des Eaux et Forêts de Bretagne. Il meurt le 3 juillet 1751 (date attestée par une lettre dans le dossier Houdetot, lieutenant-général, n° 1111, Service historique de l'Armée), et est inhumé à Épi- nay, 407.4O9. 511 » 592> 602. V. Mme d'Épinay, Histoire de M"' de Montbrillant, éd. Roth, I, 18, n. 6, II, 277-278. Bérard (Jean-Baptiste). Ténor à l'Opéra en 1733, puis de 1736 à Ï745. 392· Bernard (Abraham). Né le 31 décembre 1711 à Genève, fils de Gabriel Bernard et de son épouse Théodora Rousseau; cousin germain de Jean-Jacques. Son départ pour l'Alle¬ magne semble avoir suivi de près la fuite de Genève de Rousseau, mais on ignore s'il est mort au service du roi de Prusse comme le disent les Confessions (liv. V, p. 249), et à quelle date (Ritter), 12, 13, 14, 19, 20, 23 - 28, 45, 46. Bernard (Gabriel), 1677-1737. Frère de Suzanne Bernard, mère de Rousseau. Sert quelque temps dans l'armée impériale et devient ingénieur militaire, mais ne peut obtenir à Genève, où il voulait travailler aux fortifications, le titre d'ingénieur. Il n'a pas davantage construit les fortifications de Charleston, comme le croit Rousseau (liv. V, p. 249, n. 1), et ne peut avoir pris part à la bataille de Belgrade (victoire des Impériaux,
1130 commandés par le Prince Eugène, sur les Turcs) qui eut lieu dix-huit mois après son retour de Genève. Son mariage avec Theodora Rousseau, sœur d'Isaac et tante de Jean-Jacques, n'eut pas lieu le même jour que le mariage des parents de ce dernier, mais cinq ans plus tôt (1699); il avait précédé de quelques jours seulement la naissance d'une fille, qui ne vécut pas. Les époux furent sérieusement admonestés pour leur conduite. Le texte des Confessions rapporte donc vraisembla¬ blement ici des légendes familiales. Parti pour l'Amérique en 1734, à 57 ans, Gabriel Bernard y meurt en 1737, 6, 12,  !9 » 26> 27> 32> 34, 59. 25°· V. les art. de Ritter, Annales, III, et Schinz, Annales, XXI, 1933. Bernard (Pierre-Auguste, dit Gentil Bernard), 1710-1775. Auteur du livret de l'opéra Castor et Pollux, musique de Rameau (1737) et de poèmes érotiques réunis seulement en 177; dans son Art d'aimer, 325. Bernard (Samuel, financier), 1651-1739. Fils d'un peintre et graveur parisien. Amasse une fortune immense. Louis XIV le flatte et lui fait les honneurs de Marly. Il est anobli, et ses descendants s'allient à de grandes familles. Amant de Mmc de Fontaine et père adultérin de Mme Dupin, 338. Bernard (Samuel, ministre protestant), 1631-1701. Pasteur à Saconnex, près de Genève. Grand-oncle, et non pas grand- père, de Rousseau; mais il recueille et élève la future mère de Jean-Jacques, Suzanne Bernard, lorsque meurt en 1682 le père de cette dernière. En mourant il partage ses biens entre elle et son propre fils Gabriel. Esprit cultivé, le pasteur Ber¬ nard avait hérité de son père, prénommé lui aussi Samuel, une riche bibliothèque, et laissa de nombreux papiers, 5, 249. Bernard (Suzanne), 1673-1712, mère de Rousseau. Fille de l'horloger Jacques Bernard (et non pas comme le dit Rous¬ seau du pasteur Samuel Bernard, frère de ce dernier), elle est élevée après la mort de son père par le pasteur Samuel Bernard (1682). Sa beauté et sa coquetterie la font remarquer et lui valent des remontrances du Consistoire de Genève, sans qu'on puisse pour autant la taxer aujourd'hui de mau¬ vaise conduite. Elle a 31 ans lorsqu'elle épouse Isaac Rous¬ seau  : le récit que donnent de leurs amours les Confessions semble donc poétisé. Elle meurt des suites de ses couches huit jours après la naissance de son second fils, Jean-Jacques, 5-7, 24 »·
1131 Bernard (Théodora) née Rousseau  : v. Rousseau (Théodora). Bernex (Michel-Gabriel de Rossillon, marquis de), 165 7- 1754. Ancien antonin, évêque (catholique) de Genève, sié¬ geant à Annecy, comme ses prédécesseurs depuis l'introduc¬ tion à Genève du calvinisme (v. Mugnier, les Évêques de Genève-Annecy, Annecy, 1888), Protège Mme de Warens  : 5 3 »55>58> opère un «  miracle  », 134. Aussi 734. Bernier (Nicolas), 1664-1734. Maître de musique à la Sainte- Chapelle, a composé et publié de 1703 à 1723 sept livres de cantates, 212. Bernis (François-Joachim de Pierres de), 1715-1794. Né à Saint-Marcel (Ardèche). Poète élégant, membre de l'Académie française à 29 ans; surnommé par Voltaire Babet la bouque¬ tière ou la bouquetière du Parnasse. Protégé par Mme de Pom¬ padour, il est nommé ambassadeur à Venise, puis en 1757 ministre des Affaires étrangères, et bientôt cardinal. Sa poli¬ tique malheureuse au début de la guerre de Sept Ans lui vaut d'être remplacé par Choiseul, mais sa disgrâce ne fut pas de longue durée. Archevêque d'Albi (1759), puis ambassadeur à Rome (1764). C'est au début de sa carrière qu'il rencontre Rousseau chez Mme Dupin (1742), 340. Berthier (Comtesse de), v. livre X, p. 640, n. 2. Berthier (Guillaume-François), 1704-1782, Religieux jésuite, rédacteur au Journal de Trévoux de 1745 à 1762, auteur de divers ouvrages publiés après sa mort, dont des traductions à'Isafe et des Psaumes, et des Observations sur le «  Contrat social  » de Jean-Jacques Rousseau (1789). Il collabore avec C. Dupin, 384, à des Observations sur un livre intitulé De Γ esprit des lois, publ, anon., s.l.n.d. (3 vol. 8°, imprimées à 8 exemplaires seulement, et retirées bientôt de la circulation (Shackleton, Montesquieu, p. 358). Ennemi des Encyclopédistes, qui se vengent en le ridiculisant dans la Relation de la maladie, de la confession, de la mort et de Γ apparition du jésuite Berthier, longtemps attribuée à Grimm, mais en fait de Voltaire, 669. Bertier (Joseph-Étienne), 1702-1783. Religieux oratorien, auteur de nombreux mémoires scientifiques et membre de plusieurs académies, enseigne la philosophie au séminaire de Montmorency à partir de 1752. (Courtois dans sa Chro¬ nologie, et la Table de D. P., orthographient à tort Berthier), 595-596.
1132 Besenval ou Bezenval (Mme de), Rousseau orthographie Beuzenwal et Beuzeval. Née Catherine Bielinska, épouse le baron Jean-Victor de Besenval de Bronstatt, de Soleure (1671-1756), colonel des Gardes suisses en France, envoyé extraordinaire en Suède et en Pologne (1713-1721  : c'est alors qu'il dut rencontrer sa femme), chevalier de Saint-Louis, lieutenant-général en 1719. Leurs fils Pierre-Victor (1721 - 1791), auteur de Mémoires anecdotiques, sera aide de camp du maréchal de Broglie pendant la campagne de Bohême, puis maréchal de camp. La famille a fourni de nombreux officiers aux Gardes suisses. Mme de Besenval protège Rous¬ seau à ses débuts à Paris, 335-358, et contribue à lui faire obtenir la place de secrétaire auprès de l'ambassadeur Mon- taigu, 344-545, ce qui explique sa froideur quand Rousseau sl présente chez elle après sa querelle avec l'ambassadeur, 383. Une «  lettre de Rousseau  » (1744; C. C., II, 376) est apocryphe. Rousseau ne lui pardonnera pas d'avoir voulu le faire dîner à l'office lors de sa première visite chez elle, 611. Besse (de). Commensal de Rousseau chez Mme La Selle, v. 1745, non identifié. Le Dictionnaire de la noblesse de La Chesnaye- Desbois ne mentionne pas de famille du nom de Besse, 404. Bettina. Ce prénom désigne une jeune chanteuse, 372, et une jeune danseuse, 375, vénitiennes. Beuzeval  : v. Besenval. Beuzenwal  : v. Besenval. Bezozzi (Famille), Rousseau orthographie Bezuzzi. Le dic¬ tionnaire de Grove, éd. de 1954, mentionne une famille de musiciens du nom de Besozzi ou Bezozzi. Le père Christo- foro, né à Milan en 1661, s'établit à Parme v. 1700 ; un fils Giuseppe, né à Milan en 1686, hautboïste, est membre de la chapelle ducale à Parme de 1728 à 1733 au moins. Deux autres fils ( ?), Alexandre, né à Parme en 1700 et mort à Turin en 1775, lui aussi membre de la chapelle ducale à Parme, et son frère Jérôme (Parme 1715 - Turin 1775) également au service du roi de Sardaigne à Turin, pourraient être les musiciens mentionnés par Rousseau. Ce sont peut-être les mêmes qui se produisent à Paris en 1735, et qui en 1770 reçoivent la visite du musicologue anglais Burney alors en voyage en Italie. Tous deux ont composé des sonàtes pour violon, flûte et quelquefois hautbois, 77.
1133 Binis (Abbé de). Adjoint à Rousseau comme sous-secrétaire à l'ambassade de Venise. Non autrement connu. Rousseau l'accuse dans la 6® Promenade des Rêveries d'être devenu une créature de Choiseul, 345, 352-553, 360, 364, 366, 368. Blainville (Mme de). Née Anne-Charlotte-Simonette d'Hou- detot, sœur du comte d'Houdetot. Épouse en 1740 le lieutenant-colonel Nicolas-Charles Dubuisson, marquis de Blainville, 529, 590-591. Blair (Louis-François de), Rousseau orthographie Blaire, 1687-1764. D'une famille originaire du Béarn prétendant se rattacher à une ancienne maison écossaise; en fait, la famille est anoblie en 1700. Conseiller au Parlement de Paris depuis 1709, seigneur d'Arnay, Courtemanche (Somme) etc., épouse Catherine de Boisemont. Leur fils Louis-Guillaume de Blair de Boisemont, protégé par d'Argenson, devient intendant de La Rochelle, puis du Hainaut, puis de l'Alsace (de 1764 à 1779  : c'est à cette charge du fils que fait allusion le texte des Confessions), 677. V. F. Bluche, les Magistrats du Parlement de Paris au xvme siècle, Paris, 1961. Blanchar ou Blanchard (Esprit-Joseph-Antoine). Appelé " abbé " parce qu'il doit, d'après ses fonctions de maître de musique des cathédrales de Toulon, puis Besançon, porter l'habit ecclésiastique. L'incertitude des étapes de la carrière de ce personnage complique le problème de la datation de la visite de Rousseau à Besançon, relatée au 1. V. Licencié de sa charge de maître de musique de la cathé¬ drale de Besançon à la fin de 1732, Blanchard date de Paris, février 1734, un motet autographe conservé à la bibliothèque du Conservatoire de musique de Paris. Il est maître de musique à la cathédrale d'Amiens en 1735, et vient à Paris en 1737 comme un des quatre maîtres de chapelle du roi. En 1742 il reçoit une abbaye, qu'il quitte ensuite pour se marier (Grove), 238-239, 241. V. Tiersot, J.-J. Rousseau (ce critique place en 1733 le voyage à Besançon). Boisgblou (Paul-Louis Roualle de), 1734-1806. Musicien que Rousseau a connu enfant vers 1742 chez son père, le président François-Paul Roualle de Boisgelou, 1697-1764, et qu'il revoit au temps du séjour à Montmorency, 602. Boissier de Sauvages  : v. Sauvages.
1134 Boissy (Louis de), Rousseau orthographie Boissi, 1694-1758. Auteur dramatique, dirige à partir de 1755 le Mercure de France dont il a obtenu le privilège, 459. Bonac ou Bonnac (Jean-Louis d'UssoN, marquis de), 1672- 1738. Envoyé extraordinaire en Suède de 1703 à 1708, en Espagne de 1711 à 1713, ambassadeur à Constantinople de 1716 ou 1717 à 1724 ou 1725, auprès du Corps helvétique de 1726 à 1736. Rousseau lui écrira en 1736 (C. C,, I, 42) pour le remercier de l'accueil reçu de lui à Soleure, 175-177, 181. Bonac ou Bonnac (Mme de), 1693-1739. Née Madeleine-Fran¬ çoise de Gontaut-Biron, épouse Jean-Louis d'Usson, marquis de Bonac. La cantate composée par Rousseau à la louange de Mme de Bonac est peut-être celle dont des fragments figurent dans le cahier «  Réflexions critiques et morales  » publié par Dufour, Annales, II, 192-198, 175-177. Bonnefond (M. de). Personnage non identifié. Le Diction¬ naire de la noblesse de La Chesnaye-Desbois donne, sans men¬ tionner d'individus, une famille de Bonnefonds, anoblie en 1592, possédant la terre de Launay en Normandie, dans la généralité de Caen, 328, 333, 388. Bonnet (Charles), 1720-1793. Savant genevois, naturaliste et philosophe de grande réputation. Sous le nom de Pbilopolis il a publié dans le Mercure de France d'octobre 1755 une lettre critiquant le second Discours de Rousseau, lettre à laquelle Rousseau répondit. Il est l'auteur entre autres ouvrages de la Contemplation de la nature. Rousseau l'accuse d'avoir colla¬ boré avec Vernes en 1763 aux Lettres sur le christianisme de Jean-Jacques Rousseau, 750. Voir sur Ch. Bonnet la thèse de G. Bonnet, Paris, 1929. Bonneval (Michel de). Mort en 1766. Manceau, compositeur de ballets et d'opéras. Intendant des Menus Plaisirs de Louis XV. Selon les biographies de Hoefer et de Michaud, il pourrait être le frère de René de Bonneval, mort en janvier 1760, auteur de deux écrits adressés à Rousseau dont l'un réhabilite contre lui la musique française (1753-1754), 392. Bonnot  : v. Condillac, Mably. Bononcini (Giovanni Battista), Rousseau orthographie Buo- noncini, 1672-après 1748. Né à Modène, fils du musicien Giov. Maria Bononcini, (1640-1678). Les compositions de Giov. Batt. Bononcini ne sont pas encore nettement distin-
1135 guées par la critique de celles de son frère Marc Antonio, 1675-1726, non moins fécond que lui. Giov. Battista est maître de chapelle à Modène dès 1687; son opéra Camilla est présenté à Naples en 1696, puis il se produit à Vienne, Rome, Berlin, à Londres où il est le rival de Hxndel au temps de la fondation de la Royal Academy of Music (1716-1719). On perd sa trace après un nouveau séjour à Vienne de 1737 à 1748. Sa vie malheureuse (il passe pour avoir l'esprit dérangé) a pu lui attirer la sympathie de Rousseau, 343. Bontempi-Angelini (Giovanni-Andrea), av. 1630-ap. 1704. De Pérouse. Son vrai nom est Angelini. Librettiste et des¬ sinateur de machines pour le théâtre. Après avoir introduit l'opéra italien en Saxe tandis qu'il était au service du margrave de Brandebourg, il rentre en Italie v. 1670 et publie divers ouvrages dont une Historia musica, Pérouse, 1695, consacrée principalement à l'étude de «  la théorie et de la pratique des anciens en matière de musique harmonique  », 284. Bordes (Charles), 1711-1781. Lyonnais revenu dans sa ville natale après quelques années parisiennes lorsque Rousseau lui adresse une Épitre en vers rédigée vets 1741 et publiée en 1743, dans laquelle sont louées l'industrie et la prospérité lyonnaises (0. C., II, 1130). Une autre Épître à Bordes est composée à Venise (0. C., II, 1144). Mais l'amitié va faire place à l'hostilité une fois Rousseau devenu auteur et adver¬ saire du luxe. Bordes, maintenant membre de l'Académie de Lyon, inaugure par sa réfutation en forme du Discours sur les Sciences et les Arts, parue dans le Mercure de décembre 1751, une polémique dont Rousseau fait mention au livre VIII des Confessions (p. 43 3 et n. 1). Si Bordes, établi plus tard en An¬ gleterre, n'y est pas venu tout exprès pour nuire à Rousseau (ibid.),i1 est bien l'auteur de la Prophétie tirée d'un vieux manuscrit que traduisent en 1761 les journaux londoniens, et probable¬ ment aussi de la L.ettre au Dr Pansopbe que la même presse reproduit en 1766, au plus fort de la querelle entre Rousseau et Hume. Ces deux «  affreux libelles  » furent alors attribués à Voltaire. Dans un fragment qu'on croit pouvoir dater de 1755-1756, publié par Streckeisen-Moultou et reproduit dans l'éd. Gagnebin-Raymond (O. C., I, 1114), Rousseau juge encore équitablement l'attitude de Bordes (qu'il ne nomme pas) dans la polémique consécutive à la publication du premier Discours  : «  Un seul mérite d'être excepté. Il savait penser et écrivait
1136 bien, il prit parti dans la querelle, il publia non contre moi comme les autres, mais contre mon sentiment deux discours pleins d'esprit et de vues et très agréables à lire, mais il est certain qu'il ne fit en cela qu'enter son génie sur ses pré¬ jugés et donner un beau coloris aux erreurs vulgaires.  » V. le livre d'A. Ruplinger, Lyon, 1915 ; L. Trénard, jLyon, des Lumières au Préromantisme, Paris, 1957; et Aurenche, J.-J. Rousseau M. de Mably. Aussi 325, 327, 343. Bordeu (Théophile de), 1722-1776. Médecin d'origine béar¬ naise, exerçant à Paris depuis 1752. Collaborateur de l'Ency¬ clopédie depuis 1753. Sa réputation est fondée principalement sur ses Recherches sur le pouls, 1756. Diderot le met en scène dans le BJve di d'Alembert, écrit en 1769, 650. Bose  : ν, Boze. Bossuet (Jacques-Bénigne), 1627-1704. Rousseau lit son Dis¬ cours sur l'Histoire universelle, 8. Il évoque Bossuet à propos du « fief de Mauléon », 595. Le nom de Mauléon est souvent associé de façon maligne à celui de Bossuet au xvin® siècle. Voltaire a essayé de tirer au clair la légende d'un contrat de mariage secret entre Bossuet et une demoiselle à qui il aurait donné de quoi acheter cette terre, dont elle aurait ensuite pris le nom. V. la mise au point de J. Orcibal dans la R.H.L.F. de juillet-septembre 1956. Bouchard (Jean-Baptiste), 1707 ( ?)-i747. Dauphinois établi à Chambéry au plus tard en 1730, fournisseur du service du cadastre; mais les archives consultées par G. Daumas ne le donnent pas comme libraire avant 1738. Selon C. Bouvier, la bibliothèque des Cbarmettes, Chambéry, 1914, p. 42, n. 1, sa boutique à Chambéry est dans la Grande-Rue, tout près de la maison du comte de Saint-Laurent où vivent Mme de Warens et Rousseau, 268. Boudet (Claude), 1705-1774. Religieux de l'ordre des Antonins, biographe de Mgr de Bernex, évêque de Genève (1751). C'est pour cette Vie de M. de Ras sillon de Bernex que Rousseau lui a remis ou fait remettre en 1742 un mémoire témoignant en faveur d'un «  miracle  », 134. Boufflers (Amélie de), 1751-1794. Fille du duc et de la duchesse de Boufflers, petite-fille de la maréchale de Luxembourg. Elle n'a guère plus de neuf ans lorsque Rousseau fait sa con¬ naissance en 1760 («  elle n'avait pas onze ans  »). Elle épouse en 1766 Armand-Louis de Gontaut, duc de Lauzun, 1747-
1137 1793. Elle périt sur l'échafaud pendant la Révolution, 630- 631. Boufflers (Marie-Anne-Philippine-Thérèse de Montmorency, duchesse de). Née v. 1732, fille de Louis-François, dit le prince de Montmorency, seigneur de Neufville (près d'Arras), et de Marie-Thérèse Rym, baronne de Belem. Épouse en 1747 Charles-Joseph de Boufflers (quelques mois plus tard duc de Boufflers), gouverneur de Flandre et du Harnaut, de la ville et citadelle de Lille, colonel du régiment de Navarre, brigadier (mort en 1751). Elle est donc la bru de Mme de Luxembourg, laquelle avait épousé en premières noces le duc de Boufflers, Joseph-Marie, mort en 1747, père de Charles- Joseph. Ne pas la confondre non plus avec la comtesse de Boufflers, 621. Boufflers (Marie-Charlotte-Hippolyte de Campet de Saujon, comtesse de), 1724-1800. Épouse en 1746 Édouard, comte de Boufflers-Rouveret (selon Gagnebin), ou Boufïiers-Riverel (Plan), ou Boufflers-Rouvel (Courtois) ou Boufflers-Rouvenel (Faguet). Elle s'en sépare bientôt et devient vers 1750 la maîtresse du prince de Conti. Rousseau semble avoir fait la connaissance de la comtesse de Boufflers en 1759. Le conseil qu'elle lui donne à la fin de 1765 d'accepter l'invitation de Hume en Angleterre apparaîtra plus tard à Rousseau comme le signe d'une «  haine couverte mais implacable  » de la part de cette «  furie  » (317). Il glisse évidemment une allusion désobligeante à Mme de Boufflers dans la mention qu'il fait de Mme d'Arty, au 1. VII (339), comme étant «  l'amie, l'unique et sincère amie de M. le prince de Conti  », 317, 611, 621, 638-640, 650, 654, 655, 657-658, 676, 681-683, 685, 686, 688, 700, 716, 740, 746. V. sur ce personnage le livre de P. E. Schazman, 1933, son article dans la R.H.L.F., XLIV, 1937, pp. 403-407, et le livre quelque peu vieilli de Faguet, les Amies de Rousseau (1912)  : sur son rôle dans le «  complot  », selon Rousseau, la note de B. Gagnebin, O.C., I, 1574-1575. Boufflers (Stanislas-Jean, abbé de), dit le chevalier de Bouf¬ flers, 1738-1815. Maréchal de camp, gouverneur du Sénégal. Auteur de poésies légères et de contes, membre de l'Académie française. Rousseau se plaint de sa froideur, 651-652, 655. Boulanger (Nicolas-Antoine), 1722-1759. Collaborateur de l'Encyclopédie (c'est sans doute son art. Déluge qui «  étendait les systèmes de Mussard sur la durée du monde  », 443). D'Hol-
1138 bach publia après la mort de Boulanger les Recherches de ce dernier sur l'origine du despotisme oriental  ; et il liii emprunta son nom quand îl fit paraître à Londres son propre Christia¬ nisme dévoilé (1761). V. J. Hampton, Ν. Λ. Boulanger et la science de son temps (1722-1759), 1955. Bourbonnais ou Bourbonnois (Mlle). Cantatrice à l'Opéra de Paris de 1725 à 1748, 392. Bourdeilles  : v. Brantôme. Boy de la Tour (Jean-Pierre), 1742-1822. Fils aîné de Pierre Boy de la Tour et de Julie-Anne-Marie Roguin, son épouse. Propriétaire de la maison occupée par Rousseau à Môtiers, 699. Boy de La Tour (Mme) née Julie-Anne-Marie Roguin, 1715- 1780. Nièce de Daniel Roguin, épouse en 1740 Pierre Boy de La Tour et, devenue veuve, dirige à Lyon la maison de commerce de son mari. Elle correspond avec Rousseau de 1772 à 1774, 696, 699, 701, 714. Boy de La Tour (Madeleine-Catherine), 1747-1816. Fille aînée de Pierre Boy de La Tour et de sa femmé Julie-Anne-Marie Roguin. «  Agée d'environ quinze ans  » lors de l'arrivée de Rousseau à Môtiers, 696, elle épouse en 1766 Étienne Deles- sert, banquier à Paris. Elle correspond avec Rousseau qui l'appelle Madelon ou Cousine, et qui lui adresse notamment, de 1771 à 1773, une dizaine de lettres recueillies plus tard dans les éditions de ses œuvres sous le titre Eettres élémen¬ taires sur la botanique. Boy de La Tour (Pierre), négociant, 1706-1758. Né à Môtiers, négociant à Lyon, y fait faire pour Rousseau en 1744 une vérification auprès du service des douanes, 382. La famille, connue à Môtiers sous le nom de Magnin à la fin du xve siècle, y prend celui de Boy de La Tour à la fin du xvie; elle est reçue à la bourgeoisie de Neuchâtel et anoblie en 1750. Plu¬ sieurs de ses membres, établis à Lyon au xvnie siècle, s'y adonnent au commerce et à la banque (Dictionnaire histor. et biogr. de la Suisse). Boy de La Tour (Pierre), «  Pierre Du val  », 1700-177 2. Iden¬ tifié comme étant «  Pierre Boy de La Tour, allié Meuron, conseiller de la commune à Môtiers  » dans l'éd. Gagnebin- Raymond, O. C., II, 1931. Il est ridiculisé par Rousseau non pas comme il est dit ibid, sous le nom de Pierre de la Mon-
1139 tagne, mais sous celui de Pierre Duval, «  dit Pierrot des dames  », 748. Boze (Claude Gros de), Rousseau orthographie Bose, 1680- 1753. Numismate lyonnais, membre de l'Académie française, secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions  ; Rousseau lui est recommandé par ses amis lyonnais à son arrivée à Paris, 329-330. Boze (Mme de) (femme du précédent), 329-330. Brantôme (Pierre de Bourdeilles, abbé et seigneur de), 1540- 1614. Auteur des Vies des hommes illustres et grands capitaines français, de Vies des grands capitaines étrangers, du Recueil des dames galantes, etc., tous ouvrages publiés seulement en 1665- 1666, 210. Breil (Giuseppe-Roberto, marquis de). Fils aîné d'Ottavio- Francesco Solaro, comte de Gouvon. Ambassadeur depuis 1720 à Vienne, où Montesquieu lui rend visite en 1728 (Shackleton, Montesquieu, p. 98), 102. Breil (Mme de), née Maria Vassallo di Favria, épouse du précédent, 101, 105, 107. Breil (Pauline-Gabrielle de), née vers 1712, fille du marquis et de la marquise de Breil. Épouse en 1730 Cesare-Giusti- niano Alfieri di Sostegno (1710-1764), 102-105, 5°5· Brémond  : Non identifié. Le Dictionnaire de la noblesse de La Chesnaye-Desbois mentionne une famille de ce nom en Dauphiné, sans détails. Rousseau le donne comme directeur des douanes de Toscane vers 1743, lorsqu'une courtisane vénitienne feint de prendre Rousseau pour Brémond, 375-376. Brignole (Mme de), Rousseau orthographie Brignolé, confor¬ mément à la prononciation. Il ne s'agit vraisemblablement pas de la femme de Gian-Francesco de Brignole-Sale (1695- 1769), doge de Gênes de 1746 à 1749, puis sénateur à vie, et envoyé à la cour de France en 1736 —■ mais plutôt d'Anna ou Annetta Balbi (1702-1774), devenue marquise de Bri¬ gnole-Sale par son mariage avec un frère du doge. Après avoir rencontré le maréchal de Richelieu à Gênes en 1747, la marquise de Brignole devint bientôt sa maîtresse, et vint vivre à Paris, d'abord à l'hôtel de Richelieu, puis dans un hôtel de la rue d'Anjou, faubourg Saint-Honoré. Elle fut aussi la maîtresse du prince Honoré III de Monaco, lequel a épousé en 1757 la propre fille d'Annetta, Marie-Catherine. C'est au
1140 cours des six ans qu'elle passa à Paris, à partir de 1748 environ, qu'Annctta, s'il s'agit bien d'elle, a pu fréquenter le salon de Mme Dupin et y rencontrer Rousseau, 339. V. les ouvrages de Faur et de Soulavie consacrés au maréchal de Richelieu (Faur, pp. 101, 135-136; Soulavie, II, 135). Renseignements communiqués par le Dr F.-L. Mars. Broglie (François-Marie, comte de), 1671-1745. Maréchal de France. Commande l'armée de Bohême à partir de 1741. Sa retraite sur Prague en mai-juin 1742, quelques années après l'épisode de La Secchia, p. 212 et n. 1, inspire à Rousseau une épigramme reproduite dans O. C., II, 1136. Broglie (Mme de), née Théodora-Élisabeth-Marie-Catherine de Besenval, a épousé en 1733 Charles-Guillaume-Louis, marquis de Broglie. Elle et sa mère protègent Rousseau lors de ses débuts à Paris, 335-338, 345. Bruna (Mme). «  Chanteuse italienne  » non identifiée, interprète en 1757 un motet de Rousseau, 549. Brutus. Le Brutus mentionné dans les Confessions est soit le rival d'Antoine, Marcus Brutus, célèbre par sa mort coura¬ geuse mais désabusée («  Vertu, tu n'es qu'un mot  !  »), soit plus probablement son aïeul Junius Brutus, sacrifiant ses fils à la république — trait rapporté par Rousseau dans sa Réponse à M. Bordes, et qu'il a pu lire dans Plutarque, 8, 25. Buffon (Georges-Louis Leclerc de), 1707-1788. A l'époque où Rousseau fait sa connaissance chez Mmè Dupin, il est intendant du Jardin du Roi (Jardin des Plantes actuel) et membre adjoint de l'Académie des sciences. Il a voyagé en France, Italie (avec le duc de Kingston, 1735), Angleterre; publié des traductions. Il travaille déjà à son Histoire naturelle, dont la publication commence en 1749. A l'admiration de Rousseau, souvent exprimée (la légende veut que passant à Montbard pour lui rendre visite, en juin 1770, sur la route de Monquin à Paris, Rousseau se soit agenouillé au seuil du cabinet de travail de son hôte), répond la sympathie que Buffon fait connaître à Rousseau au lendemain de la «  lapidation  » de Môtiers (C, C., XXVII, ïi8), 340. Sur les emprunts de Rousseau à Buffon dans ï'Émile, voir le livre de P. Jimack (pp. 318 sqq.). Sur Buffon et Rousseau, O. Fellows, P. M. L. Α., LXXV, i960. Buononcini  : v, Bononcini. Buttafuoco (Mathieu), 1731-1806. Capitaine aide-major au régiment Royal-Italien, puis colonel commandant le régiment
1141 Royal-Corse. Écrit à Rousseau le ji août 1764 pour lui deman¬ der un projet de constitution pour la Corse, et correspond avec lui en 1764-176;. Plus tard rallié à la France, il sera comte et maréchal de camp, délégué de la noblesse corse aux états généraux de 1789, 77°"77i, 774"775- Cahouet (Rousseau orthographie Cahouet). Intendant de Mme d'Épinay, règle les détails du déménagement de l'Ermi¬ tage après le départ de Rousseau, et convoie Mme Le Vasseur à Paris (lettre à Mme d'Épinay du 27 déc. 1757, C. C., IV, 411). 579· Cahusac ou Cahuzac (Louis de), 1700-1759. Venu de Mon- tauban à Paris, secrétaire des commandements du comte de Clermont, abandonne son service pour la musique à partir de 1744. Auteur de nombreux livrets d'opéra, dont plusieurs mis en musique par Rameau; de Zénéide, comédie en un acte en vers avec un divertissement, 1745; de «  Gri-Gri, histoire véritable, traduite du japonais  » 1759, que Rousseau, dans son Persifleur, classe ironiquement, en 1749, parmi les «  su¬ blimes productions de ce siècle  » (0. C., I, 1166). La querelle des Bouffons relatée au 1. VIII des Confessions lui inspire La Guerre de l'Opéra, lettre écrite à une dame de province par quelqu'un qui n'est ni d'un coin ni de l'autre, s.l.n.d. Son ouvrage en trois volumes la Danse, 1754, est plus impor¬ tant, car il dégage la préoccupation, commune à Diderot, à Rousseau et à d'autres contemporains, d'établir d'étroits rapports entre la phrase musicale, la poésie ou la prose poé¬ tique, et l'expression des sentiments ; comme Rousseau plus tard, Cahusac s'intéresse au motif dramatique et lyrique, très exploité au xvme siècle à la scène comme dans les arts plas¬ tiques, de Pygmalion, composant la musique pour la pièce de ce titre de La Motte, 438. Calabrais (le)  : v. Greco. Camille  : v. Veronese. Canavas ou Canavazzo (Gianbattista), Piémontais employé au cadastre à Chambéry de 1730 environ à 1734. En 1742 il quitte Chambéry pour Paris, où son mariage le fait entrer dans la famille de Mme Van Loo (v. ce nom) (identification de G. Daumas), 213, 214. Cardan (Girolamo Cardano), 1501-1576. Sur la comparaison, entre ce savant italien et Rousseau, voir l'Introduction, pp. x-xx.
1142 Carignan (Anne-Thérèse de Savoie-Carignan, princesse de), 1717-1745. Sœur de Victor-Amédée de Savoie, prince de Carignan. Épouse en 1741 un veuf, le prince Charles de Rohan- Soubise (1715-1787), maréchal de camp en 1743, aide de camp du roi. La maison de Carignan (ville située à 20 km au sud de Turin) est une branche cadette de la maison de Savoie; son premier prince est Thomas, né en 1595, 329. Carlo-Emanuele III  : v. Charles-Emmanuel III. Carrion ou Carrio, av. 1720-ap. 1773. Nom catalan, « castil- lanisé  » après l'anoblissement par l'addition d'un  » final. Secré¬ taire de l'ambassade d'Espagne à Venise lorsqu'il fait la connaissance de Rousseau (358, 360, 369-376, 380-381, 385). Sa carrière diplomatique le conduira ensuite en Suède, à Paris (d'où il rend visite à Rousseau à Montmorency, 599), selon Spell en 1759. En décembre 1760 Rousseau mentionne à Coindet, comme un rêve impossible à réaliser, le projet d'une société d'amis à trois avec Carrion (Annales, XIV, 1922, PP- 35-36). Carrion est ensuite en poste à Londres et à Vienne. Rousseau lui envoie de 1758 à 1762 un exemplaire de chacun de ses ouvrages, sauf le Contrat social. En 1763 ils échangent des nouvelles par le maréchal de Luxembourg qui l'a vu à Marly (C. C., XVI, 152), puis en 1773 par le duc d'Albe. Voir Spell, pp. 15-18. Castel (Louis-Bertrand), 1688-1757. Jésuite né à Montpellier, un des principaux rédacteurs du Journal de Trévoux. Bon mathématicien, publie entre autres, après son établissement à Paris en 1720, sa Mathématique universelle (1728). Lié avec Montesquieu — il a été précepteur de son fils — il revoit pour lui les Considérations avant la publication, et le confesse à son lit de mort. Son Optique des couleurs (1740) contient la théorie d'un «  clavecin oculaire  » qui excite l'intérêt des esprits curieux de science. Rousseau lui est recommandé à son arrivée à Paris (329); ils se brouillent après le retour de Rousseau de Venise (383). Castel polémique contre Rousseau à l'occa¬ sion de la Eettre sur la musique française, puis du Discours sur l'inégalité. Aussi 335-336. Castellane (Michel-Ange, comte de), 1703-1783. Sa carrière militaire se poursuit jusqu'au grade de brigadier des armées du roi, en 1748; il est ensuite gouverneur de Niort jusqu'à sa démission de cette charge en faveur de son fils, en 1766. De 1740 à 1747 il est ambassadeur à Constantinople. Pensionné en février 1781 (Service histor. de l'Armée, Y 4 d., Castel-
1143 lane; Arch. Aff. étr., Coir. polit. Turquie, t. 108-109, 112-118) 362. Castries (Charles-Eugène-Gabriel de La Croix, marquis de), 1727-1801. Maréchal de camp (— général de brigade) en 1748; en 1756, commande les troupes françaises en Corse; employé à l'armée de Soubise à partir du ier janvier 1757, commande la cavalerie à l'armée d'Allemagne à partir du 23 juillet ; blessé à Rossbach en novembre. Lieutenant-général en 1758, reçoit le commandement d'un corps de troupe sur la Meuse. Maréchal de France en 1783, ministre et secrétaire d'État à la Marine en 1780. Rousseau semble se tromper (530) en croyant que Grimm accompagne le maréchal (de camp alors, non de France) de Castries  : Mme d'Épinay dit d'Estrées (voir Musset-Pathay, Histoire de la vie (...), II, 35). Peut-être alors faut-il lire, 554, hôtel d'Estrées, et non hôtel de Castries. Toutefois Grimm est lié avec le marquis de Castries en 1764 au plus tard, comme le montre une lettre publ. par J. von dcr Osten, Luise-Dnrotbee (-..), Leipzig, 1893, p. 294. Cataneo (Mlle de). Fille du comte Jean de Cataneo, agent de Frédéric II de Prusse à Venise. Elle n'est pas autrement connue. — R. Mortier (Studies onVoltaire [...], XXXII, 1965), a étudié les écrits de Cataneo dirigés contre les Philosophes  : Montesquieu, Voltaire, Diderot, Feijoo; mais Rousseau ne semble pas avoir été au courant de cette considérable activité intellectuelle (renseignements communiqués par M. Roland Mortier), 373. Catinat (Nicolas de), 1637-1712. D'origine roturière, se dis¬ tingue sous Louis XIV par la conquête des États du duc de Savoie et accède à la dignité de maréchal de France. Il se retire ensuite au château de Saint-Gratien, que Rousseau pouvait voir de son «  donjon  » de Montlouis à Montmo¬ rency. Le château existe encore aujourd'hui sur la commune de Saint-Gratien (place Catinat), le lac d'Enghien actuel faisant partie de l'ancien parc du château. Rousseau cite encore Catinat aux côtés de Fénelon, dans le 2e Dialogue, parmi les «  hommes vertueux  » qui ont «  jadis existé sur la terre  », 585> 734- Caton (Philibert). Né entre 1675 et 1680. Gardien du couvent de Sainte-Marie l'Égyptienne à Chambéry de 1732 à 1736. Une enquête ordonnée par le roi de Sardaigne le lava d'une accusation de gestion frauduleuse, suscitée vraisemblable¬ ment comme le dit Rousseau (214-215) par une cabale. On ignore la date de sa mort; le titre de définiteur des Cordeliers
1144 (conseiller du Général ou d'un Provincial) que lui donne Rousseau (2x4) n'est confirmé par aucun des documents connus jusqu'ici (Daumas). Aussi 145, 213. Cattina. Jeune chanteuse vénitienne (372). C'est peut-être elle qui est nommée dans une pièce de vers composée à Venise par Rousseau, le fragment d'une épître à Bordes (O. C., II, "45)· Caylus (Anne-Claude-Philippe, comte de), 1692-1765. Fils d'une parente de Mme de Maintenon. Se distingue comme critique d'art, faisant avant Diderot le compte rendu des salons de peinture, et surtout comme archéologue. Il entre à l'Académie des Inscriptions à l'époque de ses premières relations avec Rousseau, 325. C'est lui qui a donné en 1737 la première traduction française du roman de chevalerie espa¬ gnol Tiran le Blanc, préludant ainsi à la renaissance préroman¬ tique de la littérature chevaleresque, et au goût «  troubadour  ». Céladon. Héros de l'Astrée d'Honoré d'Urfé, une des lectures de jeunesse de Rousseau, 291. César. Jean-Jacques compare deux fois à Jules César l'enfant qu'il fut  : 25 et 33. Mais dans le second cas César désigne à la fois le conquérant romain et le chien qui porte son nom dans la fable de La Fontaine l'ÎLducation (VIII, fable XXIV). Voir Laridon. Chaignon (Pierre de), 1703-1787. Résident de France à Sion de 1744 à sa mort, y reçoit Rousseau lors de son retour de Venise, 381. Chaillet (Jean-Frédéric), 1709-1778. Lieutenant-colonel au service du roi de Sardaigne, puis conseiller d'État à Neuchâtel de 1752 à 1763, défend Rousseau contre les pasteurs, 756. Chaillou (Amelot de)  : v. Amelot. Challes (Gasparde-Balthazarde). Née en 1702, fille de J.-B. Milliet, marquis de Challes, et de Françoise de Beaumont; sœur de Mme de Charlie ou Charlier (v. ce nom). Élève de Rousseau à Chambéry; elle a alors une trentaine d'années (Mugnier), 218. Chambers (Ephraïm), 1680 (  ?)-i74o. Auteur de la Cyclopcedia, or A Universal Dictionary of Arts and Sciences^...^compiled from the Best Authors, destinée à remplacer le Lexicon Technicum de John Harris (1704). Publié en 1728 en 2 volumes in-f°
1145 dédiés au Roi, l'ouvrage vaut à Chambers d'être élu en 1729 à la Royal Society, et d'être enterré à Westminster Abbey, 410. Chambrier  : v. Le Chambrier. Chancelier (M. le)  : v. Lamoignon. Chantal (Jeanne-Françoise, née Frémyot, baronne de), 1572- 1641. Née à Dijon, fille d'un président du Parlement de Bour¬ gogne, épouse en 1592 le baron Christophe de Rabutin-Chan- tal, lequel meurt accidentellement en 1601. La rencontre de François de Sales, évêque de Genève, amène la veuve à entrer dans la vie religieuse et à devenir en 1610 la première supérieure de l'ordre de la Visitation Sainte-Marie qu'il vient de fonder. Béatifiée en 1751, Mme de Chantal est canonisée par Clément XIII en 1767, donc vers le temps de la rédaction des Confessions, 5 5. Chappuis (Marc), 1714-1779. Riche négociant, député de la bour¬ geoisie de Genève, lié avec Rousseau depuis 1744, s'occupe à Genève des affaires financières de Rousseau et de Voltaire. Il joue un rôle actif dans le mouvement «  représentant  » en 1763. Le nom signifiant charpentier, et orthographié aussi Chapuis, est très répandu dans les cantons de Genève, Berne et Vaud actuels, 467. Charles-Emmanuel III, Turin 1701-Turin 1773. Roi de Sar- daigne de 1730 à 1773. Fils de Victor-Amédée II et d'Anne de France. Duc d'Aoste, puis prince de Piémont, à la mort de son frère aîné Victor-Amédée (1715); il reçoit alors seu¬ lement l'éducation politique et militaire d'un futur souve¬ rain. A l'abdication de son père en 1730, il monte sur le trône et s'oppose aux tentatives de ce dernier pour reprendre le pouvoir. A la guerre de la Succession de Pologne, il préfère aux propositions autrichiennes celles de la France, qui lui promet Milan (traité de Turin, 1733) 207-208. Il est vainqueur à Guastalla, le 19 septembre 1734, 212 et n. 1. Mais à la paix de Vienne {1738) il devra évacuer le Milanais et se contenter de Novare et Tortone. Il repousse alors l'alliance française dans la guerre de la Succession d'Autriche et s'allie à Marie- Thérèse et à l'Angleterre. Il n'intervient pas dans k guerre de Sept Ans, et la seconde partie de son règne est occupée par des réformes administratives, financières et judiciaires. Il a successivement épousé, en 1722 et 1724, deux princesses allemandes, puis en 1737 Élisabeth-Thérèse, sœur du duc
1146 François III de Lorraine, lequel deviendra empereur d'Alle¬ magne sous le nom de François Ier en 1745. Aussi 251. Charlie ou Charlier (Mme de), Rousseau orthographie Charly, Anne-Catherine (Mugnier) ou Catherine-Françoise (Gagnebin-Raymond) de Challes, née en 1697, épouse en 1725 le capitaine Marc-Antoine Costa, comte de Charlier (1679-1751), puis en 1755 le comte Janus de Bellegarde. Leur fille «  toute jeune encore  », élève de Rousseau, est Françoise- Catherine, née en 1725, qui épousera en 1753 Henri de Cha- bod, marquis de Saint-Maurice, 218. Charmettes (comte des), v. Conzié. Charolais (Charles de Bourbon, comte de), Rousseau ortho¬ graphie Charollois, Chantilly 1700-Paris 1760. Fils de Louis III, prince de Condé, et oncle du prince de Conti; connu pour sa cruauté et sa violence, 678. Chatelet (Mlle du). Amie de Mme de Warens, et pensionnaire en 1731 du couvent des Chazeaux ou Chazottes à Lyon; non identifiée; ce pourrait être une fille de François de Borde du Chatelet, qui a épousé en 1681 Marie-Hyacinthe de Villette (hypothèse d'Aurenche, J-.J. Rousseau chez M. de Mably, Paris, 1934, p. 20), 186-187, 191, 193-194. Chenonceaux (Jacques-Armand Dupin, de), 1730-1767. Fil. du second mariage de Claude Dupin avec Louise de Fontaines Il est quelques jours l'élève de Rousseau en 1743, 341, 486. Son mariage, 426. Après avoir dissipé en extravagances une grosse fortune, et connu k prison, Chenonceaux. embarqué par son père sur un navire au long cours, mourut de la fièvre en 1767, non pas exactement à l'île Bourbon (la Réunion), 341, mais à l'île de France (île Maurice). Aussi 431. Chenonceaux (Louise-Alcxandrine-Julie, née de Roche- chou art-Pontville). Ses origines, 553. Épouse à une date incertaine (1751 selon Van Bever) et alors qu'elle «  n'avait pas vingt ans  » (424-426) Jacques-Armand-Dupin de Che¬ nonceaux. Elle demande à Rousseau de composer un traité d'éducation, qui sera YÉmik (486). Rousseau la voit à Deuil, 598. Aussi 437, 636, 718, 719, 735. Choiseul (Étienne-François, duc de), 1719-1785. Ministre des Affaires étrangères de Louis XV en 1758, ajoute par la suite à ce porcefeuille ceux de la Guerre et de la Marine. Artisan du «  Pacte de famille  » groupant les souverains de la maison
1147 de Bourbon (1761). Il rencontre Rousseau chez les Luxem¬ bourg, et s'offre à l'aider à rentrer dans la carrière diploma¬ tique, 653. Rousseau plus tard s'imagine que Choiseul s'est cru visé par une phrase du Contrat social (654) et lui attribue rétrospectivement son exil de 1762; il se décide en mars 1768 à adresser au ministre une longue lettre (C. G., XVIII, 179) exposant ses doutes et soupçons, et lui demandant pour toute réponse un «  je vous crois  » qui le tranquillisera; la réponse de Choiseul ne nous est pas connue, mais il envoie en septembre à Rousseau qui le lui demande un passeport accompagné d'une lettre «  fort polie  ». A la fin de l'année 1768, pourtant, Rousseau considère Choiseul comme l'âme du «  complot  » tramé par ses ennemis, ressentant l'annexion de la Corse par la France, survenue cette même année, comme un coup personnel, alors qu'il avait envisagé de rédiger une constitution pour une Corse indépendante. «  Il regardait M. de Choiseul, ministre, comme son ennemi le plus impla¬ cable  », écrira en 1791 Sébastien Mercier dans son De Jean- Jacques Rousseau [...] (I, 239, n. 1). Pourtant, la note limi¬ naire au 2e cahier du ms. de Genève (supra, p. 317), rédigée évidemment avant la disgrâce de Choiseul (survenue en décembre 1770), fait encore confiance au ministre, que Rous¬ seau espère détromper en s'adressant à lui directement. Cet espoir a été ensuite abandonné, puisque la partie de cette note qui concerne Choiseul a été biffée. Aussi 317, 653, 670, 674, 680, 691, 777. Chouet (Jean-Louis), 1678-1756. Premier syndic de la Répu¬ blique de Genève en 1755, «  fait rapport  » au Grand Conseil de la Dédicace du Discours sur l'Inégalité, et écrit à cette occa¬ sion à Rousseau une courte lettre (C. C., III, 133), 469. Christin (Mme de), Rousseau orthographie Cristin  : v. Vul- son. Cinéas (Rousseau orthographie Cynéas). Sage conseiller de l'ambitieux Pyrrhus, roi d'Épire, conquérant insatiable, selon une anecdote rapportée par Plutarque, 217, 651. Clairaut (Alexis-Claude), 1713-1765. Mathématicien et astro¬ nome, reçu à dix-neuf ans à l'Académie des Sciences, 604, 677. Claire (Claire d'Orbe de son nom de mariage). Personnage de la Nouvelle Héloïse, cousine brune et vive de la blonde et raisonneuse Julie, 169.
1148 Clairval. Erreur de Rousseau pour Dorval, personnage du Fils naturel de Diderot, 460 et n. 2. Clbrambault (Louis), 1676-1748. Organiste de Saint-Sulpice à Paris, compositeur de cantates que Rousseau s'occupe à solfier au séminaire d'Annecy, 130, 212, 242. Cleveland. Héros du Philosophe anglais ou Histoire de Monsieur Cleveland, fils naturel de Cromwell, écrite par lui-même et traduite de l'anglais, roman en 15 livres de l'abbé Prévost, dont la publication s'étend de 1731 à 1739, 253. Closure (M. de la)  : v. La Closure. Clot (Mme). Voisine de la famille Rousseau à Genève, non autrement connue, 10. Cocelli ou Coccelli di Favria. Avocat piémontais, directeur du cadastre à Chambéry, 216, 250. Cocelli (Marie-Christine, née Lingua-Latour). Femme du précédent, «  commère  » de Rousseau au baptême de Jean- Jacques Rateri (23 avril 1737). Contrairement aux supposi¬ tions de Mugnier qui croyait cet événement inventé par Rousseau, G. Daumas a retrouvé le registre des baptêmes mentionnant le parrain «  Jean-Jacques Roussaud  ». Mugnier la prénomme ^4 » »i-Christine, 250. CoiNDET (François), 1734-1809. Genevois, employé de la banque genevoise Thellusson à Paris, fait la connaissance de Rousseau à l'Ermitage, 598, 599, lui rend de nombreux petits services, notamment pour l'illustration de la Nouvelle Hélolse, 619, 624, 625. Devient insinuant, 620. Sa correspondance avec Rousseau (1756-1766) est réunie dans le t. XIV, 1932, des Annales Jean-Jacques Rousseau, 1922, par les soins d'A. François. Colombier (Mme du). Plusieurs familles dauphinoises portent alors ce nom. L. Aurenche (Annales, III, 1907, pp. 70-sqq.) pense qu'il s'agit de Justine de Chabrière de La Roche, décédée en 1741, fille d'un président de la chambre des comptes de Grenoble, seigneur de Peyrins, à quelques kilomètres de Romans  : elle avait épousé le 7 février 1736 François-André du Colombier, conseiller du roi au Parlement de Grenoble, et peut encore être considérée lors de sa rencontre avec Rousseau, en septembre 1737, comme une «  nouvelle mariée  », 287, 288, 290. Colomiès (Paul), La Rochelle 1638 - Londres 1692. Théolo¬ gien protestant, appelé par Isaac Vossius, dont il a fait la
1149 connaissance à Paris en 1664, en Hollande puis en Angleterre, où il devient «  lecteur  » de l'église réformée française et biblio¬ thécaire du palais épiscopal de Lambeth. Engagé dans diverses polémiques (notamment contre Jurieu) qui suscitent de sa part de nombreux écrits. Une grande édition in-40 de ses œuvres, en latin, a paru en 1709 à Hambourg par les soins de J.-A. Fabricius, 251. CoLTELLi  : v. Procope. Côme (Frère). Jean Baseilhac, 1703-1781, religieux de l'ordre des Feuillants, en religion Frère de Saint-Cosme (saints Côme et Damien sont les patrons des chirurgiens), chirurgien renommé, fonde en 1753 un hospice pour les pauvres. Dide¬ rot le met en scène dans Jacques le Fataliste et raconte à son propos l'amusante anecdote du malade qui ne veut pas mourir (Corr., éd. Roth, V, 197). Il soigne Rousseau en 1761, 674. Condé (Louis-Joseph de Bourbon, prince de), 1736-1818. Se distingue dans k guerre de Sept Ans. Passe pour un prince libéral; lié avec des écrivains (Chamfort). Embellit Chantilly. Émigrant en 1792, il formera à Coblence l'armée dite de Condé. Inhumé à Saint-Denis dans le caveau des rois de France, 5 75. Conuillac (Étienne Bonnot de), abbé de Mureaux, 1715- 1780. Frère du prévôt Mably et de l'abbé de Mably. Entre en relations avec Rousseau à Lyon en 1741, 325, et plus tard fait par lui à Paris la connaissance de Diderot (409) et du libraire qui publie son Essai sur l'origine des connaissances humaines (1746), vulgarisant les idées de Locke. Lorsque Condillac est devenu, vers 1755, précepteur du prince de Parme, petit-fils de Louis XV, ils restent en relations par Deleyre, bibliothécaire du prince. Il entre à l'Académie française en 1768. C'est à lui que Rousseau confie, après l'échec de la tentative de dépôt à Notre-Dame de Paris (relatée à la fin des Dialogues dans l'Histoire du précédent écrit), le manuscrit de ses Dialogues. Philosophe sensualiste (Traité des sensations, 1755), et colla¬ borateur de Y Encyclopédie, Condillac semble avoir exercé sur Rousseau une influence considérable, dont Rousseau lui-même témoigne par des allusions élogieuses dans le Second Discours (fin de la première partie, à propos de l'ori¬ gine des langues; 0. C., III, 146, et dans VEmile (sur les emprunts à Condillac dans l'Emile v. Fr. Bouchardy, dans les Mélanges Bouvier, 1920, et P. Jimack). Cette influence
1150 ne se limite probablement pas au domaine philosophique; Ferdinand Brunot attribue un rôle important à Condillac parmi les grammairiens qui ont découvert le «  langage senti¬ mental  »; bien que son Art d'écrire n'ait été publié qu'en 1775, il se pourrait que ses idées en matière de style aient aidé Rousseau à former sa propre personnalité d'écrivain. Aussi 309, 527, 410, 494, 602. CoNTi (Louis-François de Bourbon, prince de), 1717-1776. Né à Paris, épouse avant sa quinzième année, en 1732, Louise- Diane d'Orléans, laquelle meurt en 1736 après lui avoir donné un fils. Il commande sur le bas Rhin et aux frontières d'Allemagne, mais en 1746, ayant refusé de servir sous le maréchal de Saxe, il se retire dans son hôtel parisien de la rue Neuve-Saint-Augustin ou dans sa propriété de campagne de L'Isle-Adam. Nommé grand-prieur de France en 1749, il s'installe au Temple où il tient une véritable cour, et où il mourra le 2 juillet 1776. Il refuse d'épouser la comtesse de Boufflers, sa maîtresse, lorsque la mort du comte libère cette dernière, qui vivait depuis plusieurs années séparée de son mari. Après avoir fait la connaissance de Rousseau chez les Luxembourg, 638-639, il ne cessera de l'entourer de pré¬ venances, ainsi que Thérèse, et de le protéger efficacement ; c'est lui qui le fait avertir du décret de prise de corps en 1762 (681, 684); il lui donne asile au Temple, avant le départ pour l'Angleterre, et à son château de Trye, au retour. Sur Conti et Rousseau, voir les articles de J. Fabre, Annales, XXXVI, 1965, et de R. Osmont, R. H. L. F., oct.-déc. 1965. Aussi 339, 6n, 654, 678, 703. Contrat social, 483, 608, 648, 654, 661, 664, 672, 673, 680, 736, 770. Conzié (François-Joseph de, comte de Charras et des Char- mettes, baron d'Arenthon), 1707-1789. Fils d'Édouard de Conzié et de Louise Favre des Charmettes. Après un séjour à la cour de Sardaigne, s'installe en 1733 dans sa propriété des Charmettes, 258, qu'il tient de sa mère, et se lie avec Mme de Warens et Rousseau, 246 et 268. C'est à lui que Rousseau adresse en 1742 des vers célébrant Mme de Warens sous le nom de Fame (Ο. C., II, χ 134) ; c'est lui qui en 1762 apprend à Rousseau la mort de son ancienne bienfaitrice, 734 (Mugnier, pp. 383-384). En 1765, Rousseau songe à
1151 accepter l'asile que lui offre Conzié sur sa terre d'Arenthon en Savoie (v. sur ces négociations H, de Saussure, op. cit. pp. 345-348). Mais lui ayant rendu visite à Chambéry en 1768, Rousseau croit découvrir que Conzié est en corres¬ pondance avec Choiseul, et gagné au «  complot  » (D. P., XVIII, 269, XIX, 255). Il fait bonne figure lorsque Conzié lui rend visite à Paris en 1772 (D. P., XIX, 357), mais ajoute au texte des Confessions, dans le ms. de Paris, une note hostile à son ancien ami (liv. V, p. 246, et var. c, p. 873). Une Notice de Conzié sur M"" de Warens et Jean- Jacques Rousseau a été imprimée dans les Mémoires et documents publiés par la Sociétésavoisienne d'Histoire et d'Archéologie, Chambéry, I, 1856, pp. 73-90. coppier  : v. Couppier. CoRALiNE  : v. Veronese. Coriolan. Rousseau exilé de France, de Genève et des États de Berne, et demandant asile à Frédéric II de Prusse, dont il a naguère sévèrement critiqué le caractère et la politique, se compare à Coriolan, général romain qui exilé de Rome est accueilli généreusement par son ancien adversaire le général des Volsques, 701. Corvesi (Apolline-Catherine, née Guilloty), Rousseau ortho¬ graphie Corvezi, épouse de l'intendant pour la province du Genevois, résidant à Annecy. Mugnier doute qu'elle ait eu, comme le dit Rousseau, une liaison avec M. d'Aubonne, 132. Corvesi (Lazare), 1693-1768. Intendant de justice, police et finances, vice-conservateur des fermes et gabelles du roi de Sardaigne pour la province du Genevois vers 1720-1730, né à Sospel et mort à Nice, 132-133. Couppier (François), Rousseau orthographie Coppier, 1679- 1768. Jésuite, visiteur de Mme de Warens et de Rousseau aux Charmettes (nommé dans la C. C., I, 57), 280. Courteille (Jacques-Dominique Barberie, marquis de), Rousseau orthographie Courteilles. Mort après 1770. Serait fils de Jacques Barberie, seigneur de Courteilles, inten¬ dant des généralités d'Alençon et de Bourges. Son dossier personnel aux Archives du ministère des Affaires étrangères, qui donne ce renseignement, contient une note le présen¬ tant comme conseiller d'État ordinaire, maître des requêtes ordinaires de l'hôtel du roi. Il est ambassadeur de France
1152 auprès du corps helvétique de 1738 à 1749, et ministre plé¬ nipotentiaire à la diète d'élection de Francfort en 1745, 176. courtilles  : v. wlntzenried. Cramer (Mme). Vraisemblablement l'épouse d'un des deux frères Cramer, imprimeurs à Genève (les imprimeurs de Voltaire)  : soit Gabriel, dit l'aîné, soit Philibert, dit le cadet ; mais Rousseau l'appellerait plutôt dans ce cas «  Mme Cramer la jeune  ». S'il s'agit de l'épouse de Gabriel, elle est née Claire Delon ou Dellon, fille aînée d'un Genevois, banquier du roi de Sardaigne, et a correspondu avec Rousseau pour lui exprimer son admiration à la lecture de la Nouvelle Héioise, 752. Créqui (Renée-Caroline, née de Froullay, marquise de), 1704- 1803. Fille de Ch.-Fr. de Froullay, l'ambassadeur qui précéda Montaigu à Venise. Lorsque Rousseau fait sa connaissance (440) en octobre 1751 selon Courtois, elle est veuve depuis dix ans du marquis de Créqui, qu'elle avait épousé en 1737. Elle montre à Rousseau des lettres de l'abbé de Saint-Pierre, 500. Elle correspond avec lui, 598, jusque vers 1771; Rous¬ seau lui demanda des suggestions lors de la composition de l'jÊmile, et selon Faguet (Amies de Rousseau, pp. 235-268) c'est elle qui aurait eu l'idée d'Êmile et Sophie, ou les Solitaires. V., outre le livre de Faguet, H. de Saussure, «  Mme de Créqui et J.-J. Rousseau  », R. H. L. F., 1952, p. 330, et P. Tisseau, la Marquise de Créqui (...), sa correspondance avec J.-J. Rousseau (...), Paris, 1926. Aussi 554. Cristin (Mme de)  : v. Vulson. Croisât  : v. Crozat. Crommelin (Jean-Pierre), 1716-1768. Genevois, membre du Conseil des Deux-Cents, puis du Petit Conseil. Ministre de la république de Genève à la cour de France de 1763 à 1768; mais Rousseau semble indiquer, 469, qu'il l'était déjà en 1755. Crousaz (David de), Rousseau orthographie Crouzas, 1656- 1733, D'une famille noble vaudoise, fils d'Abraham, lieu¬ tenant baillival et colonel. David, seigneur de Mézery, bourg¬ mestre de Lausanne de 1702 à sa mort, est lui-même lieute¬ nant baillival (sur cette fonction, v. p. 170, n. 1). Il est le frère aîné du mathématicien et philosophe J.-P. de Crousaz, 1663-1750, professeur à Lausanne de 1735 à 1748, 170. Crozat (Pierre), Rousseau orthographie Croisât. Acquéreur en 1702 du domaine de Montmorency, édifie le «  grand ch⬠teau  » actuel, 610.
1153 Curtis (M. de). Intendant des menus plaisirs lots des repré¬ sentations à l'Opéra du Devin du village, conserve sa charge jusqu'en 1756 (Rousseau l'appelle Cury), 445, 447, 449. Cury  : v. Curtis. Cuvjlier ou cijvillier. Premier interprète du rôle du Devin dans le Devin du village, 445. Dalibard (Thomas-François), Rousseau orthographie d'ALi- bard, 1703-1799. Botaniste et physicien, auteur de la Florae parisiensis prodromus (1749) et d'une théorie abrégée de l'élec¬ tricité (1752); premier botaniste français à adopter le système de Linné. Succède à Rousseau comme caissier de M. de Francueil en 1751, 430-451. Damésin  : v. Amézin (d'). Dancourt (Marie-Anne)  : v. Fontaine (Mmp de). Dandin (George). Héros de la comédie de ce titre de Molière (1668). Rousseau, allant s'excuser humblement auprès de Grimm des torts qu'il a soufferts de ce dernier, se compare à George Dandin forcé par son beau-père, M. de Soten- ville, de s'excuser auprès de Clitandre pour l'avoir fausse¬ ment accusé (acte I, se. 6), 557. Danel (Jacqueline)  : v. Faramanii. Dangeau (Louis de), 1643-1723. L'abbé de Dangeau est aca¬ démicien comme son frère aîné le marquis (1638-1720), dont le journal a inspiré Saint-Simon, et servi à documenter Vol¬ taire pour son Siècle de Louis XIV. Il est surtout connu comme grammairien, et l'un des auteurs des Opuscules sur la littérature française par divers Académiciens, parus en 1750, 106. Daran (Jacques), 1701-1784. Médecin, qui, après avoir soigné Rousseau en 1750-1751, de\riendra chirurgien ordinaire du roi, 428, 432. Darty  : v. Arty (d'). Dastier  : v. Astier (d'). Dauphine (Mme la)  : v. Saxe (Marie-Josèphe de). Davenport (Phcebe). Née en 1756. Petite-fille de Richard Davenport, hôte de Rousseau à Wootton, Staffordshire (1766-1767), 441. V. sur cette famille Courtois, Le Séjour de J.-J. Rousseau en --Angleterre, Genève, 1924. David (Jacques). Fils d'un chirurgien de Nonancourt, près de Chartres, 1683-ap. 1750. Formé à la maîtrise de la cathédrale
1154 de Chartres, exerce d'abord la profession de maître de musique à Paris, puis à la cour d'Espagne, avant de se fixer avant 1710 à Lyon, où il bénéficie de la protection de Camille Perri- chon (v. ce nom), grand amateur de musique, etprend en 1714 le titre de «  maître de musique de l'Académie  » des Beaux- Arts de Lyon, fondée l'année précédente. Il aurait conseillé Rousseau dans la composition de son opéra La Découverte du Nouveau Monde (Aurenche, }.- J. Rousseau che^ M. de Mably, pp. 105-109), 325, 343. Découverte du Nouveau Monde {la), 343. Delessert (Mme)  : v. Boy de la Tour (Madeleine-Catherine). Deleyre (Alexandre), 1726-1797. Né aux Portets, près de Bor¬ deaux. Après un bref stage dans la Société de Jésus, il vient à Paris où Montesquieu le présente à d'Alembert et Duclos ; c'est par ce dernier qu'il rencontre Rousseau. Collaborateur de Y Encyclopédie, du Journal des savants, et d'autres périodiques savants français et étrangers ; il a com¬ posé le t. XX de l'Histoire générale des voyages et collaboré à l'Histoire des deux Indes de l'abbé Raynal. Après quelques semaines à l'armée en 1757-1758, il devient en 1759 le secré¬ taire de Choiseul, alors ambassadeur à Vienne, puis, à la fin de 1760, bibliothécaire de la Chambre du duc de Parme; il est bien accueilli dans cette cour par Condillac, mais sa réputation d'athéisme lui vaudra là des difficultés. Il sera sous la Révolution député à la Convention, puis au Conseil des Cinq-Cents. Ses rapports avec Rousseau ont été rendus délicats par ses relations amicales avec Diderot (507). En 1757, tandis qu'il s'efforce de faire la paix entre les deux hommes (514), il est mêlé à l'affaire du Père de famille de Goldoni, exploitée par les ennemis de Diderot. Sa correspondance avec Rousseau prend fin une dizaine d'années avant la mort de ce dernier. Deleyre est l'auteur de l'adaptation française de la romance du Saule (la chanson de Desdémone dans Othello), dont Rousseau, composa la musique. V. H. Bédarida, Parme et la France, Paris, 1927, pp. 364-373; et F. Venturi, dans la Rivista Storica Italiana, LXXVII, 1965, 791-824. Aussi 513, 518, 519, 580, 583, 598, 718, 719. Delorme ou Delolme (Jean-Louis), Rousseau orthographie de Lorme, 1707-1784. Avocat genevois, membre du Conseil des Deux-Cents en 1746, du Petit Conseil en 1764, 398.
1155 De Luc (Jacques-François), 1698-1780. Horloger genevois, député de la bourgeoisie et très jaloux des prérogatives de sa classe, manifeste son opposition aux thèses qu'il juge trop démocratiques de Micheli du Crest, notamment lors de la médiation de 1738. Il a cinquante-six ans lorsqu'il fait en 1754 à Genève la connaissance de Rousseau, qui l'appelle «  le bonhomme De Luc  ». Il «  obsède  » Rousseau par son indiscrète générosité (466), qui se manifestera encore en 1758 (C. C., V, 52, 67, 136), et cherche par son intermé¬ diaire à se réconcilier avec Lenieps {ibid., Ill, 65). Auteur d'une réfutation de l'article Genève publié par d'Alembert dans l'Encyclopédie  ; elle est intitulée «  Observations (...)  » et publiée en appendice dans l'éd. Fuchs de la Lettre à d'Alembert. C'est lui qui conseille à Rousseau de consulter Théodore Tronchin comme médecin {ibid., II, 217-230). Malade, en octobre 1762, il séjourne chez Rousseau à Môtiers, 728. Il participe active¬ ment à l'action des représentants. Plus tard (1770) membre du Conseil des Deux-Cents. — Sur la famille De Luc, v. l'art. d'A. François, R. H. L. F., 1924, pp. 206-224, Aussi 469. De Luc (Jean-André), 1727-1817. Fils ainé de Jacques-François De Luc. Physicien, s'établit en Angleterre où il deviendra en 1773 le lecteur de la reine Charlotte. Lorsqu'il était encore en Suisse, il a participé avec sa femme née Françoise Vieusseux (1729-1768), son frère Guillaume-Antoine et leur père, à une navigation de près d'une semaine autour du lac de Genève en compagnie de Rousseau et de Thérèse (1754), 466. Il sé¬ journe chez Rousseau à Môtiers en nov. 1763, 728. Démosthène. Rousseau compare l'avocat Loyseau de Mauléon, 595, au célèbre orateur athénien, adversaire de Philippe de Macédoine. Denis (Marie-Louise) née Mignot, 1712-1790. Fille d'une sœur de Voltaire; quelques années après la mort, en 1744, de son mari Nicolas-Charles Denis, elle tient la maison de son oncle, dont elle partage les curiosités intellectuelles; leur correspon¬ dance récemment publiée {Lettres d'Alsace de Voltaire à sa nièce Mm· Denis, éd. G. Jean-Aubry, Paris, Gallimard, i960) a prouvé que leur intimité s'étendait aussi à d'autres domaines. Rousseau l'a rencontrée chez Mussard vers 1750, 443. Descartes (René), 1596-1650. Ses œuvres figurent parmi les lectures de Rousseau aux Charmettes, comme en témoigne,
1156 outre le livre VI des Confessions (273), le poème publié en 1739 Le l'erger de Mmt de Warens. M. Salomon est donné comme «  grand cartésien  », 267. Sur le cartésianisme de Rousseau, voir M. Gouhier, Annales, XXXV, 1963, pp. 139-160. Desfontaines (Pierre-François Guyot, abbé), 168J-1745. A quitté en 1715 la Société de Jésus pour devenir un des prin¬ cipaux critiques littéraires du temps, et un introducteur de la littérature anglaise, qu'il fait connaître par ses comptes rendus et par ses traductions  : Pope, la Boucle de cheveux enlevée, 1726; Swift, Gulliver, 1727. A son compte rendu, généralement favorable, de la Dissertation sur la musique moderne, paru dans les Observations sur les écrits modernes du ier février 1743, Rousseau répond dans le Journal historique (dit de X 'erdun) de mars 1743 (v. C.G., I, 182), 333. Voir Thelma Morris, Γ Abbé Desfon¬ taines et son rôle dans la littérature de son temps, Genève, 1961. Desjardins ou Dejardins (Schmidl), Rousseau orthographie Desjardin. Forme francisée du nom du violoniste et compo¬ siteur piémontais Felice De Giardini (Schmidl) ou De' Giardini (Grove), Turin 1716-Moscou 1796. Étudie la musi¬ que à la cathédrale de Milan, puis le violon à Turin, élève de Somis (v. ce nom). Autour de 1728, il appartient à l'orchestre de la cour de Victor-Amédée II; ensuite à divers théâtres de Rome et Naples, donnant de nombreux concerts. Après des tournées à Londres (1744), en Allemagne et à Paris (1748-1749) il se fixe à Londres de 1750 à 1784, y dirigeant l'Opéra italien, et y poursuivant une brillante carrière. Revenu en Italie à la fin de sa vie, il en repart avec une compagnie d'opéra bouffe pour une nouvelle tournée en Angleterre et en Russie, d'où il ne reviendra pas. Auteur de sonates et autres compositions pour violons, et d'opéras pour la scène anglaise, 77. Desmahis (Joseph-François de Corsambleu), 1722-1761. Auteur du billet perdu, intitulé plus tard UImpertinent, comédie en un acte et en vers, représentée avec succès au Théâtre-Français en 1750. Il a collaboré à deux articles de VEncyclopédie, Fat et Femme, jugés médiocres par Grimm. Rend visite à Rousseau à Montmorency en 1760, 602. Desroulins (Mlle). «  Américaine  » non identifiée, élève de Rousseau à Paris, 333. Devin du village, 437, 444-456, 458, 477, 548, 593, 594, 653. Deybens, v. Eybens (d'). Diane. Bergère amoureuse du berger Sylvandre dans la 4e partie de l'Astrée d'Honoré d'Urfé, 186.
1157 Diane de Poitiers, 1499-1566. Favorite de François Ier, puis de Henri II, 402. Dictionnaire de Musique, 453, 486, 608, 661, 718, 737. Diderot (Denis), 1713-1784. Fils d'un coutelier de Langres, fait ses études chez les jésuites, d'abord à Langres, puis au collège d'Harcourt à Paris. Maître ès arts en 1732, il travaille deux ans dans une étude de procureur, puis vit tant bien que mal de leçons. Son mariage, 409. Ses premiers essais litté¬ raires et traductions de l'anglais précèdent de peu la rencontre de Rousseau, qui lui aurait été présenté par Roguin au café de la Régence en février 1742 (Corr. de Diderot, éd. Roth, I, 27). Diderot et Grimm, 437, 451, 496, 498, 555-556, 581. Diderot et d'Holbach, 439, 458, 472, 498, 544-545, 581. Diderot et Deleyre, 507, 513-514, 537. Diderot et Mme d'Ëpi- nay, 498, 540-543. Diderot et Richardson, 644. Diderot à Vincennes, 411-416. Collaboration littéraire de Rousseau et Diderot, 409-410. Diderot et le ier Discours, 415-416, 430; 434. Diderot et le 2e Discours, 460. Leur première dispute, selon Rousseau, se place en octobre 1752 (451). Une querelle sérieuse, fin mars 1756, est suscitée par une phrase du Fils naturel où Rousseau voit une allusion personnelle (537-542); après une réconciliation (543-545) la querelle rebondit avec l'affaire du voyage de Mme d'Épinay à Genève (561-565) et l'amour de Rousseau pour d'Houdetot (586). Il n'y eut pas toutefois rupture complète (571-573, 583-584) malgré des déclarations comme celle qui ouvre la Lettre à d'Alembert, (588), et il est difficile d'établir quels furent désormais les sentiments réciproques des deux anciens amis (631-632). Rousseau écrit en 1758  : «  Je ne puis cesser de l'aimer, mais je ne le reverrai de ma vie  » (C. C., V, 29), et le 31 décembre 1762, à Julie Bondeli  : «  Un homme né encore meilleur que Voltaire et devenu plus méchant que lui, c'est Diderot.  » Le journal de voyage en France de l'Allemand Nicolay, dont des extraits ont été publiés par E. Heier (R.L.C., oct.-déc. 1962, p. 500) révèle, à côté d'une version romanesque des amours avec Mme d'Houdetot, des sentiments relativement indulgents de Diderot à l'égard de Jean-Jacques à la date de 1760. Plus déplaisant est le ton pharisaïque d'une lettre de Diderot à Falconet du 6 septembre 1768  : «  Je le méprise et je le plains. Il porte le remords et la honte le suit. Il mène une vie misérable et vagabonde...  » (Corr., éd. Roth, VIII, 108.) Mme de Charrière, admiratrice lucide de Rousseau, écrivant après la mort des deux hommes, rapporte qu'elle
1158 a vu plusieurs fois Diderot chez Galitzin, à La Haye, en 1773  : «  Il ne pleurait pas quand je le questionnais sur Rous¬ seau; mais il prenait un air de Tartufe, parlait de mauvais cœur, d'ingratitude, d'amis indignement trahis, et se taisait du reste, par discrétion, par humanité  !...  » (Éclaircissements relatifs à la publication des Confessions de Rousseau, s. d. [janv. 17 90].) Et Sébastien Mercier, admirateur plus enflammé, vers le même temps (il se réfère à des impressions qu'on peut placer vers 1775)  : «  Rousseau avouait souvent les obligations qu'il avait à Diderot  : [...] quand on prononçait le nom de Diderot en sa présence il était ému ; sans doute cette émotion venait du souvenir de l'amitié qui avait lié ces deux hommes rares, et des causes qui avaient occasionné leur rupture...  » (De Jean-Jacques Rousseau [...], 1791, I, 245.) Bien que la correspondance de Diderot contienne encore, après la mort de Rousseau, des témoignages d'admiration envers son ancien ami (éd. Roth-Varloot, XV, 215), il adopta, en public, un ton beaucoup plus dur. Redoutant comme la plupart des Philosophes la publication des «  Mémoires  » de Jean-Jacques, il attaque violemment le disparu dans l'Essai sur les règnes de Claude et de Néron (publié d'abord, en 1779, sous le titre Essai sur la vie et les écrits de Sénèquè). La question des torts respectifs de Diderot et de Rousseau dans la grande querelle de 1756-1757, qui rebondit dix ans plus tard lors de l'affaire avec Hume, ami des Philosophes français, n'a pas fini de susciter des discussions, vu la person¬ nalité des deux écrivains en cause, les sympathies et hostilités qu'ils continuent à inspirer. Les faits ont été longtemps faussés, au détriment de Rousseau, par la publication au début du xixe siècle de l'ouvrage intitulé Mémoires de Mm° d'Épinay (v. Épinay, Louise-Florence), dont les falsifications en ont imposé à des critiques comme Sainte-Beuve, et plus tard à toute la critique conservatrice. Le renversement du courant à la suite du livre de Frederika Macdonald (v. ci-dessous, Épinay, Louise-Florence) a eu parfois pour résultat de noircir exagéré¬ ment, en même temps que Grimm, son ami Diderot, dénoncé comme l'âme d'un trop réel «  complot  ». Les faits et docu¬ ments sont aujourd'hui mieux connus, après des mises au point comme celle d'Henri Guillemin (Bibliographie, p. cxxxui). Reste l'important problème de la dette intellectuelle possible de Rousseau envers Diderot — et inversement peut-être; problème qu'on ne peut espérer résoudre entièrement, vu le nombre d'années passées par les deux écrivains en conver-
1159 sations et échanges d'idées presque quotidiens. On a tenté de tésoudre la question sur des points particuliers, comme l'ideî originale du premier Discours {supra, p. 415). On trou¬ vera de bons éléments pour une étude d'ensemble de la question dans F. Vézinet, «  Rousseau ou Diderot  », R.H.L.F., 1924, pp. 306-314, A. Adam, « Diderot et Rousseau  », Revue des Sciences humaines, Lille, janvier-mars 1949, et surtout Jean Fabre, Lumières et Romantisme, Paris, 196; (pp. 19-65  : «  Deux frères ennemis  : Diderot et Jean-Jacques  »). Aussi 64, 328, 334, 424, 428, 481, 494, 553, 557, 568, 601, 632, 653, 718, 719. Dillan  : v. Illens (d'). Dindenaut. Marchand crédule dupé par Panurge dans le Quart livre du Pantagruel de Rabelais, 596. Discours sur les origines de l'inégalité, 460, 464, 467, 468, 483, 685. Discours sur les sciences et les arts, 415, 417, 418, 422, 430, 43 2> 434· Dissertation sur la musique moderne, 331. Dortan ou d'oktan. Il s'agirait du Dauphinois Jean-François de Dortan qui apparaît comme chantre du chapitre de Lyon en 1738; identification proposée par Mugnier, qui fait remar¬ quer que le titre de comte de Lyon revient de droit à tous les chanoines de la cathédrale de Saint-Jean. F. et J. Serand (Rev. savoisienne, 1912), proposent le Savoyard François de Gruel de Dortan, né à Annecy en 1706, 143, 146, 213. Duchapt (Mme). Marchande de modes encore célèbre vingt ans après le temps où Rousseau prenait ses repas près de sa boutique, comme l'attestent notamment la correspondance de Voltaire et une allusion, au 1. V de l'Èmile, à «  tous ces brillants chiffons de la Duchapt  », 404. Du Chatelet  : v. Chatelet. Duchesne (Nicolas-Bonaventure), 1712-1765. Libraire à Paris, rue Saint-Jacques. Entre en relations avec Rousseau en lui envoyant la comédie des Philosophes de Palissot, 631-632; éditeur de l'Êmile. La C. C. réunit plus de cent lettres échan¬ gées entre Rousseau et lui. Sa veuve continue son commerce de librairie. Aussi 660, 664, 668,670, 676, 680, 683, 733, 751. Duclos (Charles Pinot de), 1704-1772. Continue à Paris, où il se fixe en 1726, ses études commencées dans sa ville natale
1160 de Dinan. Académicien en 1746, auteur de quelques mémoires savants et du roman les Confessions du comte de *** (1742), offert par Mme de Broglie à Rousseau pour le dégourdir lors de ses débuts à Paris. «  Du moment que j'eus lu cet ouvrage, je désirai d'obtenir l'amitié de l'auteur  » (337-338). La connais¬ sance est faite chez Mme d'Épinay (439), c'est le début d'une longue amitié. Rousseau multiplie les marques d'estime pour Duclos (458, 555-556), il rappelle (452) que c'est la seule personne physique à laquelle il ait dédié un ouvrage; il cite au 1. V de l'Emile les Considérations sur les maurs de ce siècle (publ. en 1751). Lors de la rédaction du 1. IX des Confessions, soit vers 1769, cette estime demeure entière, et Rousseau confie à Duclos le manuscrit de l'ouvrage. Mais après la mort de son ami, les notes ajoutées aux mss. de Paris et de Genève montrent qu'il croit avoir été trahi par lui. Il dénonce sa duplicité dans l'Histoire du précédent écrit, ajoutée en 1776 aux Dialogues. Sur l'influence qu'a pu exercer Duclos sur les écrits de Rous¬ seau, v. p. 337, n. 2, et Introduction, p. xiv. Duclos et h Devin, 444-445, 451-452, 456, 593; et l'Héloise, 642 ; et Γ Emile, 665, 677. On pourra consulter sur Duclos le livre de P. Melster, Genève, Droz, 1956, et sur ses relations avec Rousseau l'article de P. Dimoff dans le Mercure de France, n° 178, 1925, pp. 5-19. Aussi 559, 598, 647. Ducommun (Abel), 1705-1771. Maître graveur à Genève, établi rue des Étuves (actuel n° 13), puis rue de la Croix-d'Or (maison aujourd'hui détruite) au temps où Jean-Jacques fut son apprenti (avril 1725-mars 1728). On a retrouvé le contrat d'apprentissage signé entre Ducommun et Gabriel Bernard, à la date du 26 avril 1725, et conclu pour 5 ans (v. le livre de R.itter, qui blâme l'oncle Bernard d'avoir confié son neveu à un maître aussi jeune), 32-45. Dudding. Nom adopté par Rousseau, se donnant pour Anglais, durant son voyage avec Mme de Larnage en 1737. Courtois (Chronologie, p. 28) observe que le nom (orthographié Duding) a été porté dans la première moitié du xvin® siècle par deux évêques du diocèse de Lausanne, avec résidence à Fribourg, où Jean-Jacques était passé quelques années plus tôt, 288. Du Deffand (Marie de Vichy-Ciiambrond, marquise), Rous¬ seau orthographie Deffend, 1697-1780. Épouse en 1719 le marquis Du Deffand, brigadier, plus tard lieutenant-général. A partir de 1747, installée au couvent de Saint-Joseph, rue
1161 Saint-Dominique, elle tient un salon mondain et littéraire, fréquenté notamment par le président Hénault, d'Alembert, etc., et pendant ses séjours en France par Hotace Walpole avec qui elle entretient une longue correspondance. Devenue aveugle, elle prend pour demoiselle de compagnie (1754) Mlle de Lespinasse, 655. Dudoyer. Caissier de M. de Francueil, 427. Du Luc (Charles-François de Vintimille, marquis des Arcs, comte), 16 j 3-1740. Perd le bras droit à la bataille de Cassel (1677); capitaine des galères. Ambassadeur auprès du corps helvétique de 1709 à 1715, il protège le poète Jean-Baptiste Rousseau, exilé à Soleure, lequel lui dédie notamment l'ode I du livre III. Il est ensuite ambassadeur à Vienne de 1715 à 1717. Du Luc a épousé en 1674 sa cousine germaine Louise- Charlotte de Forbin. Il est le frère aîné de Charles-Gaspard- Guillaume Du Luc, évêque de Marseille, archevêque d'Aix, archevêque de Paris, 174-175, 595. Dumoulin ou Du Moulin (Cyprien-Antoine-Baudouin, sieur). Mort en 1770. Neveu du procureur Mathas à Montmorency, 673. Du Peyrou (Pierre-Alexandre), 1729-1794. Né en Guyane hollandaise d'une riche famille de colons originaire de la Dordogne. Après des études à Amsterdam, il est reçu en 1748 bourgeois de Neuchâtel, où il a suivi sa mère et son beau-père. Il rencontre probablement Rousseau en sep¬ tembre 1762 chez le colonel de Pury — dont il deviendra le gendre en 1769. Rousseau, installé à Môtiers, non loin de Neuchâtel, est reçu par Du Peyrou en 1764 dans sa propriété de Cressier, entre les lacs de Neuchâtel et de Bienne (261); Rousseau l'appellera dorénavant dans ses lettres «  mon cher hôte  ». Suisse de fraîche date, et tirant des revenus considé¬ rables des propriétés coloniales héritées de sa mère, Du Peyrou, déjà assez mal vu de ses nouveaux compatriotes, intervient vigoureusement par sa Lettre dite de Goa pour défendre Rousseau contre les pasteurs (748-759). Quand Rousseau quitte l'île de Saint-Pierre (1765), c'est Du Peyrou qui s'occupe, et de Thérèse, et des papiers de Rousseau, qu'il lui fera parvenir en Angleterre. Il en redevient déposi¬ taire lorsque Rousseau quitte l'Angleterre, 323, 662, 775. Les deux hommes se revoient au château de Trye, en no¬ vembre 1767; séjour marqué par une crise dans leur amitié, et qui s'explique assez par l'état d'esprit de Rousseau à
1162 l'époque. La convention par laquelle Rousseau léguait tous ses papiers à Du Peyrou en échange d'une rente viagère est alors rompue, et les relations s'espacent désormais  : leur dernière rencontre a lieu à Paris en mai 1775. Le livre XII des Confessions trace encore de Du Peyrou un portrait sinon flatté du moins équitable, 712-713. Il reste d'ailleurs, malgré l'incident de Trye et ses suites, dépositaire d'un grand nombre de papiers, parmi lesquels le manuscrit partiel des Confessions, dit de Neuchâtel. Après la mort de Rousseau, il s'acquitte de façon exemplaire de son rôle de dépositaire ; il est responsable avec Paul Moultou de la publication de la Première Partie des Confessions, et donne sa propre édition de la Seconde (v. Introduction, pp. cxvn-cxxi). V. Charly Guyot, Pierre-Alexandre Du Peyrou, Neuchâtel, s. d. [1958]. Dupin (Claude), 1681-1769. Épouse Marie-Jeanne Bouilhat de Laleuf qui le laisse veuf vers 1720 avec un fils, Charles- Louis Dupin de Francueil. Il est à cette date receveur des tailles à Châteauroux, où il héberge Mme de Fontaine et sa fille Mme de Barbançois, qui reviennent des eaux de Bour- bonne-les-Bains. Invité en retour chez elles à Paris, il y fait la connaissance d'une autre fille — adultérine celle-là — de la maison, Louise, avec qui il se remarie en décembre 1722. La protection du financier Samuel Bernard, amant de la mère, lui permet de devenir fermier général en 1726. Habi¬ tant d'abord à Paris, rue Plâtrière, Dupin acquiert et restaure le château de Chenonceaux, où Rousseau sera reçu à plusieurs reprises, et dans l'île Saint-Louis l'hôtel Lambert, 339-341 » 384, 400, 548, 590, 598. Dupin (Louise-Marie-Madeleine), née de Fontaine, morte en 1799. Fille adultérine du financier Samuel Bernard et de Mme de Fontaine, épouse à dix-sept ans Claqde Dupin. Van Bever, à la suite de Desnoireterres, la fait naître en octobre 1706, et place le mariage en décembre 1722; B. Gagnebin date le mariage du ier décembre 1724, ce qui donnerait 1708 comme date de naissance. Musset-Pathay, relatant une «  Pro¬ menade à Tours et à Chenonceaux  » dans la Décade philoso¬ phique du 20 germinal an VIII (1800), déclare qu'il a tenté sans succès à Chenonceaux de voir Mmc Dupin, qu'il donne comme âgée alors de 96 ans (née alors en 1704  ?). «  Elle se lève à 9 h du soir et se couche à 6 h du matin [...] On nous dit [...] que cette femme prétendait avoir corrigé tous les ouvrages de Rousseau.  » Lorsque Rousseau fait sa connaissance. 335, 338-
1163 341, au plus tard au printemps de 1743, elle est «  encore [...] une des plus belles femmes de Paris  » (339); si l'on adopte la date de naissance de 1708, elle doit avoir un peu moins de trente-cinq ans. De Thun (v. ce nom), qui l'a connue quand elle en avait près de quarante, écrit  : «  Je trouvais que l'hôtesse, quoiqu'à l'âge de 40 ans, était encore dangereuse à voir. Ce sont des restes très conservés d'un visage charmant. Elle a des connaissances étendues de tout genre (...)  » Elle emmène Rousseau à Chenonceaux, 400-402. Lui accorde des subsides, 418, 426, 496. Thérèse lui fait des confidences, 424. Envoie à Rousseau le médecin Morand, 428. Elle pousse Rousseau à faire des extraits de l'abbé de Saint-Pierre, 483. Reçoit Rous¬ seau à Clichy, 598. Aussi 129, 413, 430, 469, 590, 607, 611. Du Plessis. «  Lieutenant-colonel retiré, bon et sage vieillard  », non identifié, 403. 11 existe plusieurs familles nobles de ce nom; une branche est alliée aux Nonant, dont un membre est nommé par Rousseau comme fréquentant la même compagnie vers 1742-1743. J'ai consulté aux archives du Service historique de l'Armée les dossiers de plusieurs Du Plessis, dont aucun ne peut être celui mentionné ici. Dupont. Laquais de M. de Francueil, exécute des travaux de copie pour Rousseau, 41 t. Dupont, diplomate. Les archives du ministère des Affaires étrangères ont trace d'un Dupont chargé de la correspon¬ dance à Bruxelles de 1736 à 1739, où il est déjà adjoint à Jonville. Il aura vraisemblablement suivi à Gênes ce dernier, dont il est le secrétaire lorsqu'il fait visiter Gênes à Rousseau en 1743, 349. De 1741 à 1746, il est à plusieurs reprises chargé d'affaires dans ce même poste. On a des lettres écrites de Venise par Rousseau à Dupont en 1743-44, C. G., I. Ils se revoient quand Rousseau vit à Montmorency, vers 1760; Dupont a alors «  acheté une charge dans sa province  », 600. Dupré de Saint-Maur (Mme). Épouse de Nicolas-François Dupré de Saint-Maur, économiste, (1695 ( ?)-i774, traduc¬ teur du Paradis perdu de Milton (1729); mais personnage plus considérable que son mari. «  Il passait pour un homme très médiocre. Sa femme a beaucoup de prétentions au bel- esprit. C'est une des virtuoses renommées de cette capitale.  » (Bachaumont, Mémoires secrets, à la date du 2 déc. 1774.) Et Collé (Journal, mars 1757) rapporte une rumeur selon laquelle la femme collaborait aux discours du mari. — En relations
1164 avec plusieurs lettrés du temps, dont Suard, Mme Dupré de Saint-Maur est liée dès 1726 au moins avec Montesquieu (v. Corr. de Montesquieu, dans ses Œuv., éd. Nagel, Paris, 1950, t. III), lequel disait d'elle à l'abbé Guasco «  qu'elle était également bonne à en faire sa maîtresse, sa femme ou son amie  ». L'incident auquel fait allusion Rousseau est rapporté ainsi par Mme de Vandeul dans ses Mémoires sur Diderot, Œup. de Diderot, éd. d'Assézat, I, xliii  : «  Les spectateurs étaient mécontents; l'humeur des uns produisit l'indiscrétion des autres ; quelqu'un avoua que la première expérience s'était faite devant Mme Dupré de Saint- Maur. Mon père sortit en disant que M. de Réaumur avait mieux aimé avoir pour témoins deux beaux yeux sans consé¬ quence que des gens dignes de le juger. Ce propos déplut à Mme Dupré de Saint-Maur; elle trouva la phrase injurieuse pour ses yeux et pour ses connaissances anatomiques; elle avait une grande prétention de science. Elle paraissait aimable à M. d'Argenson ; elle l'irrita, et quelques jours après [sic  : l'expérience est d'avril /], le 24 juillet 1749, un commissaire nommé Rochebrune vient à 9 h du matin chez mon père...  », 411. Durand (Laurent). Libraire à Paris, éditeur des Pensées philoso¬ phiques de Diderot, 410. Du Terreaux (Charles-Auguste). Voisin de Rousseau à Mé¬ tiers, maire de la commune des Verrières. Appartient à une famille noble du canton de Neuchâtel, éteinte au xixe siècle, laquelle a tiré son nom d'une maison forte qu'elle possédait à Môtiers au lieudit Le Terreau. Un incident survenu dans un cabaret des Verrières lors du séjour de Rousseau à Môtiers suscita rétrospectivement chez lui une vive émotion et une active correspondance, en 1768, alors qu'il croyait voir se multiplier les signes du «  complot  », 758. V. D. P., t. XVIII. Du Theil (Jean-Gabriel de La Porte), 1679-1755. Premier commis de la section politique du ministère des Affaires étrangères, est chargé à la fin d'avril 1744, lorsque Louis XV congédie son ministre Amelot de Chaillou, et jusqu'à la nomination du nouveau ministre d'Argenson, en nov. de la même année, d'entretenir la correspondance avec les agents diplomatiques. Signataire en 1748 du traité d'Aix-la-Chapelle, 581. Sur les lettres que lui a dresse Rousseau (liv. VII), v. p. 381, n. 1.
1165 Dijvernois (MUe), Rousseau orthographie Du Vernois. Gou¬ vernante de Mussard à Passy, 444. Duvillard (Emmanuel), 1693-1776. Libraire à Amsterdam, puis à Genève, où il se lie avec le père de Rousseau ; y reçoit Jean-Jacques à son retour de Venise, 381. Duvivier. Il s'agit peut-être de Jean-Pierre Duvivier, chanteur à l'Opéra de Lyon en 1688, 240. Duvoisin (Jean-Jacques), 1726-1780. Pasteur originaire de Bois-le-Duc. C'est par erreur que Rousseau le croit «  ministre du pays de Vaud  », le confondant peut-être avec son neveu, également pasteur, François-Samuel Duvoisin, né à Yverdon en 1751. Chapelain de l'ambassade de Hollande à Paris (où Rousseau assiste au culte  : 716), J.-J. Duvoisin sert d'intermédiaire entre Rcy, à Amsterdam, et Rousseau. P.-P. Plan le donne comme chapelain du résident de Genève à Paris  : cumulait-il les deux fonctions  ? Il a épousé en secondes noces, en 1756, la fille cadette de Calas, 661. V. L. Racz, «  Duvoisin, un confident de Rousseau  », Annales, XX, 1931, pp. 163-191. Égisthe, Rousseau orthographie Égiste. Amant légendaire de Clytemnestre, et son complice dans.le meurtre de son mari Agamemnon. Rousseau lui compare plaisamment, par un procédé héroï-comique, le commis ou courtaud de boutique qui souhaiterait profiter de l'absence de son patron pour entrer dans les faveurs de Mm<3 Basile, 79. Egmont-Pignatelli (Casimir, marquis de Renty, duc de Bisac- cia, Grand d'Espagne) 1727 ( ?)-i8oi. Devenu comte d'Eg- mont à la mort de son frère (Guy-Félix d'Egmont-Pignatelli, comte d'Egmont, 1720-1753, brigadier de dragons, mort sans enfants). Épouse successivement  : i°, Mlle de Saint- Séverin d'Aragon, mariage dont naît une fille mariée à son cousin Pignatelli, comte de Fuentes; 2°, Septimanie de Richelieu, fille du maréchal, laquelle meurt en 1772; 30, Mlle Farell, en 17 8 8. Il assiste en 17 71 à la lecture des Confessions, 780. (Service historique de l'Armée ; dossiers Brigadiers  : Guy Félix, comte d'Egmont). Egmont (Comtesse d'), Jeanne-Armande-Élisabeth-Septimanie de Viguerod du Plessis de Richelieu, fille du maréchal. Mariée à seize ans (1756) à Casimir, comte d'Egmont. Célèbre par sa beauté, ses manières, son esprit. Reine de la cour et de la société diplomatique dans sa propriété de Passy, proche de
1166 l'Établissement des Eaux, entre 1760 et 1770, mais de santé fragile, meurt jeune. Elle reçoit des artistes (Grétry, Chardin), des écrivains (Marmontel, Voltaire, Rousseau), des princes étrangers (Gustave de Suède en 1771); elle favorise l'influence de Choiseul et du Parlement, et représente l'idéal libéral et réformiste des Philosophes. Rousseau donne lecture chez elle, du 4 au 8 mai 1771 selon Courtois, de la Seconde Partie des Confessions, 780. Y. le livre que lui a consacré la comtesse d'Armaillé. Émile, 61, 132, 222, 457, 481, 483, 595, 607, 608, 614, 629, 630, 648, 658, 660, 661, 664, 665, 667, 668, 672, 673, 675, 677-680, 683, 698, 700, 702, 727. Engagement téméraire, 402. Entremont (famille d'), Rousseau orthographie Antremont (d'). Plusieurs membres de cette famille sont mentionnés dans les Confessions  : i" Jean-François Noyel de Bellegarde, marquis de la Marche et comte d'Entremont, 1661-1742, que Rousseau appelle «  le marquis d'Entremont  ». Il fut premier président de la Chambre des Comptes de Savoie, ambassadeur de Sar- daigne en France en 1733, 213-214, 245. z° son fils Claude- Marie, comte de Bellegarde, 1700-1755, diplomate au service de l'électeur Auguste de Saxe devenu roi de Pologne en 1697 et mort en 1733, 24τ> 245· 3° son autte fils, Jean-Baptiste- François, comte de Nangis ou Nangy, 1701-1778, qui deviendra inspecteur des armées du roi de Sardaigne, 241- 242. 40 sa fille Jeanne-Lucie, qui a épousé en 1725 le comte de La Tour, futur ambassadeur en Espagne, 242. Épagny (Mme d'). Personnage (d'Annecy  ?) non identifié, 157. Épinay (Denis-Joseph Lalive d'), 1724-1782. Fils du fermier général Louis-Daniel Lalive de Bellegarde. Mari de la protec¬ trice de Rousseau, 407, 590, 592. Remercie Rousseau de l'envoi de la Lettre à d'Alembert, 589. Aussi 453, 469, 511, 512> 548-549. 568. Épinay (Louis-Joseph d'). Né en 1746 (  ?). Fils de Louis-Denis- Joseph d'Épinay et de son épouse Louise-Florence-Pétronille née d'Esclavelles  ; surnommé par Grimm «  le lettré  », 541, 560, 568. Epinay (Louise-Florence-Pétronille), 1726-1783. Née d'Escla¬ velles, d'une famille de Valenciennes. Épouse à la fin de 1745 son cousin Denis-Joseph Lalive d'Épinay. C'est peu après, sans doute au début de 1746, que Rousseau lui est présenté,
1167 407. Le comte de Zurich (Annales, XXIX, 259) fixe cette rencontre à 1747; mais Mme d'Épinay apparaît pour la pre¬ mière fois dans la C. C. (II, 193) dans une lettre du 12 août 1752 à Lenieps. Il n'y figure plus guère après 1758. L'intervention de Mme d'Épinay auprès du préfet de police Sartine, en 1771, pour faire cesser les lectures des Confessions, est révélée en 1821 par Musset-Pathay (Histoire de la vie (...), I, 209). Sous le titre Mémoires de Mme d'Épinay avait été publié un peu plus tôt (1814) un ouvrage connu surtout par l'édition Brunet, Paris, 1818, laquelle a pris les plus grandes libertés avec le manuscrit, et offre un récit sinon romancé, du moins arrangé, de la vie de l'auteur et de ses relations (sous des noms fictifs) avec Grimm, Diderot, Francueil, Duclos, Rousseau (= Rene'), etc. Musset-Pathay dénonçait dès 1820 le truquage, dont il soupçonnait Grimm. Mais ■ la première étude établissant le véritable caractère du livre fut celle de Frederika Macdonald, trad, en français par G. Roth en 1909 sous le titre la Légende de J.-J. Rousseau rectifiée d'après une nouvelle critique et des docu¬ ments nouveaux. G. Roth a depuis restitué à ces «  pseudo- Mémoires  » leur forme romanesque originale en publiant le manuscrit sous le titre Histoire de Mme de Montbrillant (le nom est celui d'une petite localité aux portes de Genève, où Mme d'Épinay s'est installée en 1758). Outre cet ouvrage et son introduction, on consultera, pour l'étude des rapports de Mme d'Épinay et de Rousseau, la C. C., complétée par l'étude d'H. Guillemin, «  les Affaires de l'Emitage  », 1756-1757, Annales, XXIX, 1941-1942 et G. Charlier, Madame d'Épinay et Jean-Jacques Rousseau, Bruxelles, 1909. Les pages consacrées à Mme d'Épinay par Faguet dans ses Amies de Rousseau ne s'élèvent pas au-dessus de la vulgarisation agréable. Mme d'Épinay invite Rousseau à la Chevrette, 408-409 ; elle l'installe à l'Ermitage, 469-473, 478, 481. Ils échangent leurs portraits, 625 ; leurs relations au temps de l'Ermitage, 487-489, 503-504, 517-518; confidences de Rousseau, 555. L'affaire du voyage à Genève et la rupture, 560-576, 578, 580. Mme d'Épinay et les «  gouverneuses  », 498 ; et Grimm. 437, 439, 549-55°, 5 52"5 53> 5 57, 586-587 ; et Duclos, 439 ; entre Diderot et Rousseau, 540-543; et Mme d'Houdetot, 511, 528, 530-536, 585. Aussi 423,424, 450-451, 496, 513, 538, 555, 559, 602, 682, 718, 719.
1168 Escherny (François-Louis, comte d'), 1733-1815. D'une famille de Nyon ayant reçu la bourgeoisie de Neuchâtel en 1660; naît en France, à Lyon où son père Jean-François d'Escherny est consul du roi de Pologne; a pour précepteur le pasteur Petitpierre (v. ce nom). Rend visite une première fois à Rousseau en 1764 à Môtiers. Participe ensuite à plusieurs excursions avec lui, le colonel de Pury et Du Peyrou. Plus tard voyage en Allemagne, Autriche, Pologne, Russie; est témoin des débuts de la Révolution à Paris ; comte de l'Em¬ pire en 1786 {Tableau historique de la Révolution, Paris, 1815). Ses Mélanges de littérature, d'histoire, de morale et de philosophie, 3 vol., Paris, 1809, contiennent des souvenirs souvent cités, De Rousseau et des philosophes du xvine siècle, 725. V. Ch. Guyot, Pierre-Alexandre Du Peyrou, Neuchâtel, 1958. Ésope. Rousseau compare au fabuliste grec le médecin Procope, laid, bossu et spirituel, 443. Essai sur l'origine des langues, 662. Étang (abbé de 1'). Une lettre de lui de 1779 jointe au ms. original de l'Épître à M. de l'Étang (Bibl. de Genève) date de 1749 l'épître, appelle Rousseau «  un ami dont je respecterai tou¬ jours la vertu  », et précise que Thérèse est «  sa commère  »; elle permet de reconstituer ainsi une partie de sa carrière ecclésiastique  : vicaire à Marcoussis avant 1749; curé de Saint-Filbert à Brétigny en 1752, puis de Saint-Pierre à Bré- tigny de 1767 à 1779 au moins, 440-441. Eth ou Ette (Marie-Louise-Philippine Le Ducq d'). Née v. 1715 (  ?). Originaire de Valenciennes, y a connu Mlle d'Escla- velles (future.Mme d'Épinay, qui la met en scène sous le nom de Mlu Darcy dans ses pseudo-Mémoires). Enlevée par le chevalier de Valory, qui au bout d'une quinzaine d'années l'abandonnera, 407. Euclide. Ses éléments de géométrie enseignés à Rousseau •enfant par son oncle Bernard, 26. Eugène de Savoie, dit «  le Prince Eugène  », 1663-1736. Géné¬ ral dans les armées impériales, et vainqueur des Turcs, 6. Eybens (M. et Mœe d'). Identification incertaine  : B. Gagnebin propose Pierre de Chaponay, baron de Morancé et seigneur d'Eybens, qui a épousé en 1722 Marie-Anne Dareste, fille d'Antoine d'Eyr, seigneur de Rosarge ; L. Aurenche propose François de Surville, écuyer, fils de feu Henri-Ferdinand de Surville, seigneur d'Eybens, qui a épousé en 1728 à Grenoble
1169 Antoinette Duvivier, veuve du conseiller François d'Albi. C'est au printemps de 1740 que les d'Eybens proposent à Rousseau le préceptorat des enfants Mably. On a une lettre de Rousseau non datée sur ce sujet, vraisemblablement adressée à M. d'Eybens (C. G., I, 124-127), 248, 308, 309. Fabricius. Rousseau connaissait sans doute dès l'enfance l'anecdote rapportée par Plutarque du mépris de Fabricius (mis en scène dans le ier Discours) pour l'or de Pyrrhus, 416. Fagoaga. Espagnol non identifié, connu de Rousseau à Venise, 373- Fagon (Guy Crescent), 1638-1718. Neveu de Guy de la Brosse (fondateur et intendant du Jardin du roi, actuel Jardin des Plantes de Paris). Docteur en médecine, puis (1664) profes¬ seur de botanique et de chimie au Jardin du roi longtemps abandonné, et qu'il repeuple de plantes rapportées de ses nombreux voyages en Auvergne, en Suisse et dans le midi de la France. Nommé premier médecin de la Dauphine (1680), puis de la reine, puis du roi (1710); reçoit à ce titre la charge de surintendant. Se retire au Jardin après la mort du roi (1715), 764. Faramand (Jacqueline), 1696-1777. La «  mie  » ou nourrice de Rousseau, fille d'un cordonnier de Genève ; épouse en 1733 un teinturier, Jacques Danel (Ritter), 7, 10. Favre (Jacob), 1690-1775. Un des conseillers genevois qui condamnent en 1762 Y Emile et le Contrat social. Premier syndic en 1763, reçoit à ce titre la lettre par laquelle Rousseau renonce au droit de bourgeoisie, 721. Favria (Carlo-Giuseppe Solaro, comte de), fils du marquis de Breil et petit-fils du comte de Gouvon. Mort en 1771, 101, 107, 109-110. Fazy (Clermonde), née Rousseau, tante de Rousseau. Une belle-fille de cette tante, Fanchon Fazy, est probablement à l'origine du personnage de Fanchon Regard dans la Nouvelle Héloise (v. A. François, Annales, XIII, 1920-1921, p. 192), 16, 67. Feings (Jacques-François de Pré de), Rousseau orthographie Feins. Sert à partir de 1748 dans les Chevau-légers de la garde ordinaire du roi; mentionné comme écuyer de la reine (avec l'orthographe de Pré de Pains) par ΓAlmanach Royal de 1758 à 1767. Capitaine au régiment de la Reine (cavalerie)
1170 en 1758, il l'est encore quand Rousseau fait sa connaissance en 1764. Maître de camp (= colonel) en 1771, Croix de Saint- Louis en 1772, il est encore attaché au même régiment en 1779, 724, 728. V. J. Voisine, R.S.H., avr.-juin 1963. Fel ou Feel (Marie), 1713-1794. Fille d'un organiste, née à Bordeaux. Élève de Mmc" Van Loo (v. ce nom). Soprano à l'Opéra de Paris de 1734 jusqu'en 1758 ; elle chante encore au Concert spirituel en 1769, et à Lyon, mais sans succès, en 1771. Elle joue les premiers rôles à partir de 1739. Maîtresse de Cahusac, puis du peintre La Tour, qui l'appelle sa Céleste, et a laissé son portrait. Amour de Grimm pour elle, 437, 552; crée le rôle de Colette dans le Devin, 445 ; chante un motet de Rousseau, 548. Aussi 724. Fénelon (François de Salignac de La Mothe-), 1651-1715. Archevêque de Cambrai, condamné par Rome pour quiétisme (1699) après sa querelle avec Bossuet. Rousseau le cite dans le second Dialogue (0. C., I, 863-864) parmi les «  hommes vertueux  » qui «  ont jadis existé sur la terre ». Comme Mme de Warens, Rousseau a été attiré par les idées religieuses de Fénelon, 263; (ν. P.-M. Masson, La Religion de Rousseau, Paris, 1916); mais cette influence, considérable sur tout le xvnie siècle, s'étend aussi aux idées politiques et économiques (v. A. Cherel, Fénelon au xvme siècle en France, Paris, 1917), et le Ί élémaque, en même temps qu'il pouvait donner à Rousseau sa première aversion à l'égard du luxe, offrait des suggestions en matière d'éducation au futur auteur de YÉmile ; à celui de la Nouvelle Héloïse et des Rêveries, un modèle de prose musicale. Aussi 734. Ferrand. Prêtre ( ?) janséniste non identifié, passant l'été à Montmorency où il fréquente Rousseau, 597, 672-673. Ferrare (Princesse de), Lucrèce, duchesse d'Urbin, sœur du duc de Ferrare Alphonse II, protectrice du Tasse, qui lui lit la Jérusalem délivrée en 1575. Rousseau la met en scène dans son opéra les Muses galantes, 343. Sur les véritables sentiments de Lucrèce et de son frère à l'égard du Tasse, v. p. 343, n. 3. Finocchietti-Fauloni (Giuseppe, comte), Rousseau ortho¬ graphie Finochif.tti, 1702-1782. Appartient à une famille de Pise, originaire d'Annecy sous le nom de Fenouillet. Ambassadeur du roi de Naples à Constantinople, mission dont le succès lui vaut le titre héréditaire de comte (1740).
1171 Ministre du roi de Naples à Venise, vers le temps où y séjourne Rousseau; en 1747 envoyé extraordinaire aux Pays-Bas (Encyclopédie nobiliaire de Spreti, III, 184), 368. Fitzmaurice (Thomas), Rousseau orthographie Fitz-Moris. Mort vers 1781. Irlandais venu faire à Montpellier ses études médicales, reçu docteur en 1735. Intérimaire d'une chaire pendant quelques mois en 1748, ne réussit pas à s'assurer une chaire à la Faculté mais passe toute sa vie à Montpellier tenant une pension pour des malades qu'il soigne gratuite¬ ment et pour des étudiants qui s'instruisent à sa table, 297- 299. V, les résultats des recherches du Dr Dulieu présentés par J. Voisine R.S.H., avr.-juin 1963. Fizes (Antoine), 1690-1765. Né à Montpellier, fils d'un profes¬ seur de mathématiques. Élève de Jussieu à Paris. Professeur à la Faculté de médecine de Montpellier à partir de 1732, 287. Quelque temps médecin du duc d'Orléans à Paris (1763), mais on raconte que, ne parlant que latin et languedocien, il ne fit qu'une brève carrière à la cour, où il parut ridicule. Rousseau le consulte, 297. Fleury (André-Hercule, cardinal de), 1654-1743. Évéque de Fréjus, cardinal, académicien, appelé au pouvoir à l'âge de 7; ans (1727), il le conserve jusqu'à sa mort. Son premier souci étant de remettre de l'ordre dans les finances, il dut recevoir de nombreuses propositions dans le genre du projet de loterie de M. d'Aubonne, 124. Follau. Secrétaire engagé par le comte de Montaigu, et remplacé par Rousseau à Venise, 345, 367. Fontaine (Marie-Anne-Armande), née Dancourt. Née en 1684, fille du comédien et dramaturge Dancourt, mort en 1725. Son mari Jean-Louis-Guillaume de Fontaine, commis¬ saire général de la Marine, lui donne une fille et un fils; son amant Samuel Bernard trois filles, qui deviendront Mmee Du- pin, d'Arty et de La Touche, 338. Sur cette famille quelque peu scandaleuse, v. G. Desnoireterres, Épicuriens et Eettrés, Paris, 1879, pp. 438 sqq. Fontenelle (Bernard Le Bovier de), 1657-1757. Neveu par sa mère de Corneille, d'abord poète pastoral et dramaturge, entre à l'Académie française, puis à l'Académie des sciences dont il devient secrétaire perpétuel. «  Philosophe  » par ses Entretiens sur la pluralité des mondes (1686), que lit Rousseau
1172 enfant, 8, et son Histoire des Oracles (1687), il a 85 ans, et publie encore des ouvrages scientifiques, lorsque Rousseau entre en relations avec lui, 325, 334, 339. Les «  conseils  » de Fontenelle dont Rousseau aurait dû «  mieux profiter  » devaient être des mises en garde contre l'ambition d'écrire, d'après les propos dont font état la C. C., (IX, 30) et les souvenirs sur Rousseau de Bernardin de Saint-Pierre (éd. Souriau, p. 60)  : «  Il me dit quand il vit mes essais  : Je vois où vous irez, mais souvenez-vous de mes paroles  : je suis un des hommes qui a le plus joui de sa réputation  : elle m'a valu des pensions, des places, des honneurs et de la consi¬ dération, mais avec tout cela jamais aucun de mes ouvrages ne m'a procuré autant que plaisir qu'il ne m'a occasionné de chagrin. Dès que vous aurez pris la plume, vous perdrez le repos et le bonheur. Il avait bien raison.  » Selon Bernardin {ibid., p. 169) Rousseau aurait fait sur l'invi¬ tation de Fontenelle une nouvelle musique du Devin. Forcade (de). Commensal non identifié de Rousseau chez Mme La Selle vers 1745, 404. Il n'est pas de famille noble de ce nom dans le dictionnaire de La Chesnaye-Desbois. Forcalquier (Marie-Françoise de), née Renée de Carbonnel de Canisy. Née en 1725. Épouse d'abord le comte d'Antin, petit-fils naturel de Louis XIV, puis en 1742 le comte de Forcalquier, fils du maréchal-marquis de Brancas. Elle est connue dans les salons du temps où l'on l'appelle la Bellis- sirna (v. la correspondance de Mme Du Deffand, le Journal d'Augustus John Hervey, éd. Erskine, et la Vie privée du maréchal de Richelieu par Faur), 339. Formey (Jean-Henri-Samuel), 1711-1797. Né à Berlin de parents français protestants. Membre de la société berlinoise des Aléthopbiles, qui répand les idées libérales. Traducteur et vulgarisateur de Wolf, lequel est alors le principal disciple de Leibniz (la Belle Wolfienne, 1741-1753). Auteur avant Diderot d'un projet de dictionnaire encyclopédique, auquel rend hommage le prospectus de l'Encyclopédie. Secrétaire perpétuel de l'Académie de Berlin en 1748. Dirige plusieurs périodiques, dont la Bibliothèque germanique d'Amsterdam. Adversaire des Encyclopédistes, dont il exploite à son profit les écrits en les expurgeant de tout ce qui peut inquiéter la morale religieuse et l'ordre établi. Formey a donné dans ses Souvenirs d'un Citoyen sa version de ses démêlés avec Rous¬ seau à propos de l'Emile et de la Lettre à Voltaire sur la Provi-
1173 dettce. Elle fait apparaître comme pleinement justifié le mécon¬ tentement de Rousseau, 635-637. V. J. Voisine, «  S. Formey, vulgarisateur de l'œuvre de Rousseau en Allemagne  », dans Mélanges D. Morne t, 1950, et E. Marcu, Un encyclopédiste oublié  : Formey, R.H.L.F. juill.- sept. 1953. Fouchy (Jean-Paul de), 1708-1788. Astronome, commis par l'Académie des sciences pour juger du système de notation musicale de Rousseau, 330. Fourmont. Cette famille a donné trois orientalistes, Étienne, 1683-1745, son frère Michel, 1690-1746, et leur neveu Claude- Louis, 1703-1780. On ignore lequel des trois Rousseau a pu rencontrer chez Mme Dupin, 339. Francceur (François), 1698-1787. Un des « petits-violons  », 445. Entre à l'orchestre de l'Opéra en 1710 ; compositeur du roi en 1733. Dirige l'Opéra avec Rebel de 1757 à 1766. Surin¬ tendant de la musique du roi de 1760 à 1778. A composé des sonates, et, avec Rebel, quelques opéras. Dirige l'exécu¬ tion des Muses galantes, 392. François (Jeanne)  : v. Rousseau (Jeanne). Francueil (Charles-Louis Dupin de), 1716-1780 (  ?). Fils du premier mariage de Claude Dupin, avec Marie-Jeanne Bouilhat de Laleuf. Épouse en 1737 Suzanne Bollioud de Saint-Julien, laquelle meurt en 1754. De son second mariage, en 1777, avec Aurore, fille du maréchal de Saxe, naîtra le père d'Aurore Dupin — la future romancière George Sand. Francueil est receveur général des finances de Metz et d'Alsace en 1738, plus tard secrétaire du cabinet du roi. Il fait en 1743 la connaissance de Rousseau, 340-341; le prend comme secrétaire, 400-402, 418 ; l'introduit chez Mme d'Épinay, 407-408; le prend comme caissier, 427, 429-430. Rousseau à la fin de sa vie attribuera à Francueil un rôle dans le «  com¬ plot  »  : deux des cartes à jouer au verso desquelles figurent des ébauches des Rêveries, et peut-être des Confessions, mentionnent Francueil (les n08 20 et 21, reproduites dans l'éd. Roddier des Rêveries, Garnier, i960, p. LVII). Courtois fait erreur en le donnant comme né en 1708. Aussi 41, 345, 4". 445 » 5 5 3, 59°· Francueil (Suzanne), née Bollioud de Saint-Julien. Morte en 1754. «  Bien laide, bien douce  », 340, épouse en 1737 Charles- Louis Dupin de Francueil; le couple, qui habite chez le père
1174 et la belle-mère de Francueil rue Plâtrière, reçoit Rousseau en 1743. C'est à elle que Rousseau confie en 1751 (424-425 et C. C., II, 142) qu'il a mis ses enfants aux Enfants-Trouvés. Aussi 408, 472, 493. Frédéric, prince puis roi de Prusse (Frédéric II), 1712-1786. La cruelle éducation que lui infligea son père Frédéric- Guillaume Ier justifie la formule de Rousseau «  peu heureux dans sa jeunesse  ». A partir de 1734 il vit au château de Rheinsberg, ne s'occupant que de belles-lettres ; il commence en 1736 à correspondre avec Voltaire (246), après (et non avant comme le dit Rousseau) la publication des Lettres philosophiques, et faisant corriger par Voltaire son Λnti-Macbiavel (1739). Il monte sur le trône en 1740, et se distingue aussitôt par ses succès militaires, sans cesser de s'entourer d'écrivains et de savants, surtout français  : c'est la période brillante de l'Académie de Berlin. Rousseau juge sévèrement sa politique de conquêtes et confie en 1758 dans une lettre à Lenieps  : «  Je voudrais mettre toujours le dia¬ mètre de la terre entre cet homme-là et moi  » (C. C., V, 247). Aussi se trouve-t-il dans une situation délicate quand il se réfugie en 1762 sur le territoire de la principauté de Neu- châtel, dont le roi de Prusse (le «  Roi  », 742, 745, 753, 755) est alors le souverain (le «  Prince  », 735, 742, 743, 744, 754), et le gouverneur Milord Maréchal. Rousseau accepte cette hospitalité avec une hautaine fierté dans une lettre à Frédéric (C. C., XIV, 11) — et insère un éloge de Frédéric dans la 3e des Lettres de ία Montagne. Il s'explique dans le livre XII des Confessions (699-700, 703-709, 713-714,) à la fois sur sa sévérité à l'égard' d'un prince qu'il considère comme un tvran, et sur les raisons qui l'ont poussé à lui demander asile. Chassé de Suisse à la fin de 1765, il songe d'ailleurs à accepter l'invitation de Milord Maréchal à Potsdam (735). Quelques mois plus tard, à Londres, il est ulcéré par la publi¬ cation dans les gazettes d'une prétendue invitation du roi de Prusse, couchée en des termes d'une ironie mordante  : cette mystification due à Horace Walpole, et où Rousseau croit voir la main de Hume, est un des éléments déterminants de la rupture avec le philosophe écossais, et de la psychose du «  complot  », — Frédéric lui-même s'est exprimé sans indulgence sur Rousseau, dans des lettres à Keith (Milord Maréchal), à la duchesse de Gotha (1763  : jugement sur l'Emile), à Voltaire. En 1772 il réfute sans le nommer Rous-
1175 seau dans un essai Sur l'utilité des sciences et des arts dans l'Etat, lu devant l'Académie de Berlin («  des personnes peu éclairées ou peu sincères de telles rêveries [...] je ne sais quel énergumène [...] misérables paradoxes [...] faussetés [...] vils sophistes...  »). Ses jugements sur Rousseau, répartis dans les vol. IX, XVIII, XX, XXIII, de ses Œuvres (Berlin, 1846-1857), sont réunis, mais en traduction allemande, par Schindele, dans le Philosophiscbes Jahrbuch der Gorres-Gesell- schaft, Fulda, Bd. 25, Heft 4, 1912. Un des frères du roi, le prince Henri (Frédéric-Henri-Louis, 1726-1808) est admirateur de Rousseau, avec qui il correspond. Fréron (filie-Catherine), 1719-1776. Adversaire des Encyclo¬ pédistes, et, comme tel, fort malmené par Voltaire. Fonde en 1754 l'Année littéraire — où il publie en 1765 le mémoire de Rousseau au P. Boudet sur le «  miracle  » d'Annecy en 1729, 135. Il avait auparavant adressé à Rousseau un juge¬ ment élogieux sur la Nouvelle Héloïse. Frikse ou Friesen (Auguste-Henri, comte de), 1728-1755. Neveu du maréchal Maurice de Saxe. Fils de Heinrich- Friedrich von Friesen (1681-1719) et d'une fille naturelle d'Auguste II de Pologne. C'est Maurice de Saxe qui fait venir en France Auguste-Henri, lequel, francisant son nom en Fries-, fait une rapide carrière dans l'armée française  : maître de camp puis brigadier en 1747, il est nommé maréchal de camp (== général de brigade) à vingt ans, en 1748 ; il mourra dans ce grade à Chambord le 10 mai 1755. Ami du comte de Schomberg, il a pour secrétaire Grimm, 418, 421, 426, 457, 438, 553-555. «  Spirituel débauché  » selon G. Roth, qui renvoie aux Mémoires de Besenval (Pierre-Victor). Froulay ou Froullay (Charles-François, comte de), 1683- 1744. Colonel du Royal-Comtois en 1711; brigadier en 1719; ambassadeur à Venise de 1733 à 1738; maréchal de camp en 1734, lieutenant-général en 1738. Mort à Paris le 21 février 1744. Père de Mme de Créqui, 350, 362. Froulay ou Froullay (Louis-Gabriel, dit le bailli de Froulay), 1694-1766. Frère du précédent. Chevalier de Malte; ministre plénipotentiaire en 1741, et auprès du roi de Prusse en 1753. Le Dictionnaire de La Chesnaye-Desbois le donne comme «  ambassadeur extraordinaire de la religion en France en 1741  ». Il est mentionné plusieurs fois dans la correspondance entre sa nièce Mme de Créqui et Rousseau, qui l'appelle
1176 «  M. l'ambassadeur  ». Dans l'ordre de Malte, bailli est un rang supérieur à celui de commandeur, 440. Gages (Joseph-Bonaventure Thierry du Mont, comte de), Mons 1682-Pampelune 1753. Originaire des Pays-Bas espagnols, devenus autrichiens en 1714. Carrière militaire au service de l'Espagne. En 1742, dans la guerre de Succes¬ sion d'Autriche, il commande en chef l'armée espagnole du royaume de Naples, forte de 18 000 hommes, et envahit l'Italie du Nord, mettant en déroute les Autrichiens. Mais le redressement ennemi l'oblige à battre en retraite sur Naples (mai 1744). Il reprend ensuite l'offensive et achève victorieusement (1745) une campagne qui comme la précé¬ dente mérite les éloges de Frédéric II. De retour en Espagne en 1746, il reçoit la Toison d'Or et le titre de comte, 361. Gaime (Jean-Claude), 1692-1761. Né près de Genève, étudie à Turin et devient précepteur du fils du ministre de l'Intérieur Mellarède, donnant alors des leçons à Rousseau, 98-100, 102, puis professeur à l'Académie militaire de Turin. En 1746, il se retire à Rumilly (actuellement Haute-Savoie, arrondis¬ sement d'Annecy). Il est, comme le dit Rousseau (132), l'original du Vicaire savoyard de ÎÉmile. Aussi 217. Galley (Claudine), Thônes 1710-Chambéry 1781. Fille de François-Marie Galley de Saint-Pierre (mort en 1724) et de Charlotte de Menthon du Marest. Épouse en 1739 le séna¬ teur Jacques Sautet, de Chambéry, 150-154, 158, 505. Gamba-Corta. «  Charles Jambe-Courte, opérateur italien  », est autorisé par le Conseil de Genève à vendre son baume sur la place publique en septembre-octobre 1726 (Courtois, Chronol.), 27. Gascq (Antoine-Alexandre de), baron de Portets (Rousseau orthographie Gasc), 1712-1781. Président à mortier du Parlement de Bordeaux (1739), bon violoniste et amateur de musique. Rousseau arrivant à Paris lui est recommandé, 329. Gatier ou Gattier (Jean-Baptiste), 1703-1760. Après des études théologiques à Chambéry, au séminaire d'Annecy où il connut Rousseau, et à Turin, occupa de 1730 à 1750 le poste de régent du collège de Cluses (Haute-Savoie actuelle, entre Bonneville et Chamonix) avant d'être curé de paroisse. Rousseau, qui le donne pour modèle, avec l'abbé Gaime, du Vicaire savoyard, a ou bien confondu ou bien romancé
1177 le personnage; ni Mugnier, ni P.-M. Masson, n'ont trouvé trace dans sa biographie du scandale dont parle Rousseau, 131-132, 135. Gaudard (Jean-François), Rousseau orthographie Godard, 1649-1738. Originaire d'Yverdon, entre au service de la France (1674) et se convertit au catholicisme. Lieutenant- colonel aux Gardes suisses de 1714 à 1737 avec seulement cinq ans d'interruption de service ; il a servi en tout soixante- trois ans, et en a plus de quatre-vingts lorsqu'il engage Rous¬ seau comme précepteur de son «  neveu  », lequel est vraisem¬ blablement Pierre-François Villemain (en fait son petit- neveu), 177, 181-184. V. J. Voisine, R. S. H., avr.-juin 1963. Gauffecourt (Jean-Vincent) [P.-P. Plan] (ou Jean-Victor) [Gagnebin], 1691-1766. Né à Paris, fils d'un horloger gene¬ vois. Quand Rousseau fait sa connaissance, entre 1735 et 1737, Gauffecourt est secrétaire de M. de La Closure, résident de France à Genève, et vient régulièrement prendre les eaux à Aix, d'où il visite Chambéry (244-246). Enrichi par la fourniture des sels du Valais, il est lié avec plusieurs fermiers généraux en France. Rousseau le revoit à Genève en revenant de Venise, 381. Établi à Paris à la fin de 1744, Gauffecourt fréquente bientôt le milieu philosophique et introduit Rous¬ seau dans la société, 391; lui rend divers services, 398. On peut s'étonner de l'éloge sans réserve que fait de lui Rousseau au livre V (244  : «  notre amitié n'a fini qu'avec lui...  ») quand on le rapproche de l'incident déplaisant rapporté au livre VIII, et à la suite duquel Rousseau se vit «  forcé d'ôter [sa] confiance et [son] estime  » à ce même Gauffecourt (461-468). Mais la dernière phrase du portrait tracé au livre V («  Pour le rendre intéressant autant qu'il pouvait l'être, il fallait qu'on eût quelque chose à lui pardonner  ») implique que Rousseau pardonna effectivement. Il le montra d'ailleurs quelques années plus tard en allant soigner Gauffecourt malade chez lui (543). Aussi 435, 437, 552. Gaussin (Jeanne-Catherine), de son vrai nom Gaussen, 1711- 1767. Actrice de la Comédie-Française, célèbre par sa beauté, 459· Gautier (Joseph), chanoine, professeur de mathématiques et d'histoire, lit à Nancy devant la Société royale récemment fondée par le roi Stanislas sa réfutation du Discours sur les sciences et les arts, avant de la publier dans le Mercure d'octobre 1751. A la lettre à M. Grimm dans laquelle Rousseau éludait
1178 sa réponse à Gautier, ce dernier répliqua par des Observations (T752)> 432-433 et η· τ· Gautier (Pierre), capitaine, né en 1686. A servi comme capitaine dans les chevaliers gardes du corps de l'électeur Auguste de Saxe, roi de Pologne sous le nom d'Auguste II (mais non pas comme «  capitaine en France  »). «  Apparenté dans le Conseil  » de Genève, où il a plusieurs cousins, et un oncle plusieurs fois syndic. Sa querelle avec Isaac Rousseau (qui fut condamné à la prison, à une amende et à la réparation publique) eut lieu en octobre 1722 (Ritter), 12. Gentil-Bernard  : v. Bernard (Pierre-Auguste). Genève (Jean-Victor), 1715-ap. 1778. Second fils d'une famille de riches négociants lyonnais, signe en février 1742 devant notaire le contrat de son mariage avec Suzanne Serre, aimée de Rousseau; la cérémonie religieuse n'intervient qu'en janvier 1745, après la naissance d'un fils (Aurenche, J.-J. Rous¬ seau chez M. de Mably, 84-88), 327. Gessner (Salomon), Rousseau orthographie Gesner, 173ο¬ ι 788. Poète zurichois, auteur d'idylles en prose moralisantes exaltant sous des noms de bergers antiques les vertus simples des montagnards suisses de son temps. Connu en France par les traductions de Huber, contribue avec Rousseau à mettre à la mode une Suisse rustique et idéalisée, 6g 1. Gesvres (François-Joachim-Bernard Potier, duc de), 1692- 1757. Premier gentilhomme de la chambre du roi, responsable des spectacles en 1743-1744, réclame à Venise le comédien Véronèse, engagé au service de la France, 356. Gil Blas  : v. Lesage. Gingins de Moiry (Victor), 1708-1776. Bailli d'Yverdon de 1758 à 1765, accueille et protège Rousseau lors de son exil de France en 1762, 698. Girardier (Anne-Marguerite), née Boy de La Tour, 1704- 1781. Sœur de Pierre Boy de La Tour, a épousé le major J.-J. Girardier, 1694-1763. Habite une maison contiguë à celle qu'habite Rousseau à Môtiers, 701, 748. Giraud (Esther), Genève 1702-Annecy 1774. Fille d'un réfugié français à Genève, entre en 1726 au couvent de la Visitation à Annecy et abjure en 1727, avec Mme de Warens pour mar¬ raine. Vit à Annecy comme ouvrière en ameublement (F. et J. Serand, Revue savois., 1936). Rousseau lui donne dix ans de trop en lui attribuant 37 ans en 1730, 148, 158-159.
1179 Giustiniani (Zustiniani). Illustre famille de Venise, dont de nombreux membres occupent au xvine siècle des charges importantes. Deux au moins d'entre eux sont sénateurs en 1743-1744 et pourraient être le personnage auquel eut affaire Rousseau  : de la branche delle Zattere, Giacomo, 1677-1745; de la branche de' Faustini, Sebastiano, 1699-1785, sénateur en 1741, 356 et η. i. Godard  : v. Gaudard. Godefroi ou Godefroy. Nom de la gouvernante du chirurgien lyonnais Parisot; elle serait morte peu après le séjour lyon¬ nais de Rousseau en 1741. Elle n'est pas mentionnée dans YÉpître à Parisot, datée de juillet 1742, mais Rousseau n'y parle guère que de lui-même, 326. Goldoni (Carlo), Venise 1707-Paris 1793. Auteur comique fécond et varié, aborde vers 1750 la comédie à préoccupa¬ tions morales; l'une de ces œuvres, II vero amico, a pu servir de modèle au Fils naturel de Diderot, qui fut accusé de plagiat. Goldoni vit à partir de 1762 à Paris, y fait jouer des pièces en français, et compose en français ses Mémoires, où figurent diverses anecdotes sur les dernières années de Rousseau, à qui il rendit visite alors, 543. Gonceru ou Goncerut (Suzanne), née Rousseau  : v. Rous¬ seau (Suzanne). Gontaut (Charles-Antoine-Armand, marquis de Montferrand, duc de), 1708-ap. 1783. Frère cadet du maréchal duc de Biron. Colonel du Royal Roussillon, qui prend part à la campagne d'Italie ; brigadier en 1743, maréchal de camp en 1745, lieute¬ nant-général en 1748 ; «  au gouvernement de Languedoc dans les Cévennes et pays y joints  » en 1757. Rousseau le rencontre chez le maréchal de Luxembourg à Montmorency vers 1760. A épousé en 1744 Antoinette-Euflachie Crozat du Chastel, morte en 1747. Pensionné en 1783, 128. Goton (Mlle), vraisemblablement diminutif d'un prénom (Mar¬ got, Margoton, Goton), plutôt qu'un nom de famille. Aucune indication sur cette fillette (de Genève apparemment, puis¬ qu'elle est connue des enfants de Coutance) n'a été proposée. C'est probablement à elle que Rousseau fait allusion dans un passage où il ne la nomme pas (18)  : «  Cela ne m'est jamais arrivé qu'une fois dans l'enfance, avec une enfant de mon âge; encore fut-ce elle qui en fit la première proposition  », 28-30, 96.
1180 Gouin (Mlle). Sage-femme par qui furent déposés aux Enfants- Trouvés le premier enfant de Rousseau, et apparemment aussi les autres, 405, 424. Gouvon, ou Govone (Carlo-Vittorio di), mort en 1750. L'abbé de Gouvon, second fils du second lit d'Ottavio Solaro, comte de Gouvon (Daumas), 101, 105-106, 110, 122. Gouvon ou Govone (Ottavio-Francesco Solaro, comte de), né en 1648. Marquis de Broglie (et non Broglio comme le dit Courtois). Ministre et ambassadeur, gouverneur du prince Amédée de Savoie-Carignan. Il a 81 ans lorsque Rousseau entre à son service (Daumas), 100-109, II2> 3^5· Graffenried (Emmanuel de), né en 1732. Seigneur de Worb, bailli de Nidau. Rend visite à Rousseau à l'île de Saint-Pierre lors du premier séjour qu'y fait Jean-Jacques en juillet 1765  ; c'est lui qui est chargé de lui signifier en octobre l'ordre d'expulsion du Sénat de Berne, 768-769. Graffenried (Mlle de), 1713 ( ?)-i748. Jeune Bernoise, nou¬ velle convertie, attachée à la famille Galley d'Annecy. On sait seulement qu'elle entre en 173-2. au monastère de la Visi¬ tation et meurt chez les Bernardines de Bonlieu, près d'Annecy, 150-154, 158, 505. Graffigny (Françoise de), née d'IsAMBOURG d'HAPPONCOURT, 1695-1758. Petite-nièce de Jacques Callot, tante de Mme Hel- vétius. Épouse Hugues de Graffigny, dont elle se sépare, se lançant pour vivre dans la vie littéraire. Auteur des Lettres péruviennes, roman par lettres (1747), de Cénie (1750), pièce admirée de Rousseau qui dans sa Lettre à d'Alembert (éd. Fuchs, p. 64, n. 1) dissocie l'œuvre de son auteur, «  ayant à [se] plaindre de ses discours  »  : elle aurait en effet fait courir le bruit que Rousseau avait rompu avec Diderot au moment où celui-ci était accusé d'avoir plagié Goldoni, 543. Grandval (Marie-Geneviève de), née Dupré, 1714-1784. Actrice de la Comédie-Française, 459. Graves ou Grave (orthographe de Rousseau), abbé de, chargé par Malesherbes, directeur de la librairie, de surveiller l'édi¬ tion du Contrat social, 669. Graville (le commandeur de), commensal de Rousseau vers 1745, 403. Vraisemblablement Jean-Baptiste, chevalier non profès de l'ordre de Malte, fils de Jean-Édouard de Pousse- mothe de l'Étoile, fait comte de Graville en 1685, par son
1181 mariage en 1677 avec Marie de la Grange-Trianon. Jean- Baptiste a rempli des fonctions diplomatiques en Suisse. V. J. Voisine, R.S.H., avril-juin 1963. Greco (Gioachino), dit le Calabrais. Célèbre joueur d'échecs de la seconde moitié du xvne siècle, né dans le royaume de Naples, acquiert une grosse fortune par ses victoires à ce jeu sur des adversaires dans toute l'Europe. Son Trattato del nobilissimo e militare essercitio de' scacchi est traduit plusieurs fois en français à partir de la fin du xvne siècle, notamment en 1714 à Paris chez Denis Mouchet, in-16, 254. Grégoire (Saint). Parmi les sept Grégoire portés sur les autels, il s'agit vraisemblablement ici (71) de Grégoire le Grand, né vers 540, pape de 590 à 604 sous le nom de Grégoire Ier, qui établit la liturgie de la messe et le rite grégorien; c'est un des quatre grands docteurs latins avec saint Augustin, saint Ambroise et saint Jérôme. Gresset (Louis), 1709-1777. Ce jésuite fit scandale en quittant la Compagnie et en se mariant après avoir publié son poème satirique Vert-vert (1734), dont le héros est un perroquet. Rousseau pense peut-être, lorsqu'il rappelle que Gresset a habité la «  vilaine rue  » où il logea lui-même à son arrivée à Paris, à l'épître où Gresset célèbre sous le nom de Chartreuse la pauvre chambre qu'il occupait lorsqu'il enseignait au collège Louis-le-Grand. Gresset est un des officiers munici¬ paux qui reçoivent Rousseau à Amiens, à son retour d'Angle¬ terre en mai 1767, selon Sébastien Mercier (De J.-J. Rous¬ seau f...] 1791, II, 164), qui rapporte le mot de Rousseau à Gresset  : «  Vous avez pu faire parler un perroquet, mais vous ne pourrez faire parler un ours  », 327. Griffet (Henri), 1698-1771. Religieux jésuite, d'abord profes¬ seur au collège Louis-le-Grand, puis prédicateur de Louis XV. Après la suppression de l'ordre, se retire à Bruxelles, 668. Grimm (Friedrich-Melchior), 1723-1807. Né à Ratisbonne, fait des études de philosophie et de droit à Leipzig, et compose une tragédie sous l'influence de Gottsched. Ami d'un des fils du comte de Schonberg (nom francisé par les fils en Schomberg), et à l'occasion secrétaire du père, il accompagne ce dernier pour les fêtes du couronnement de l'empereur François Ier à Francfort (1745) et y séjourne chez les Schon¬ berg jusqu'au départ pour Paris du second fils du comte, Adolphe-Henri, dont il est maintenant le précepteur (fin
1182 1748-début 1749). Le fils aîné arrive vers le même temps, ou peut-être un peu plus tôt, à Paris pour prendre du service dans l'armée française ; de même son ami le comte de Friesen. Toute cette émigration allemande est entraînée par la brillante fortune militaire de Maurice de Saxe en France. La présence de Grimm est attestée à Paris (selon Rousseau, 421, il habite alors «  chez des filles au [...] quartier St-Roch  ») le 6 avril 1749 lors de la confirmation dans la religion luthérienne du jeune prince de Saxe-Gotha (v. ce nom), et Grimm y est donné comme secrétaire du comte de Friesen ou Frise, égale¬ ment présent (J. von der Osten, Luise-Dorothea [...], Leipzig, 1893). Si l'auteur de la lettre donnant cette information, de Thun, précepteur du jeune prince, ne fait pas erreur sur ce point, Rousseau se serait-il trompé en donnant Grimm comme «  lecteur  » du prince (414) en attendant d'entrer chez le comte de Frise (418)  ? C'est après cette cérémonie que Thun engage Grimm pour donner des leçons d'allemand et de latin au prince «  tant que le comte de Frise sera absent  » {op. cit., 70). Cette formule permet de concilier les deux versions  : l'emploi de Grimm auprès du comte de Frise, au début tout au moins, était temporaire, et Grimm devait se procurer d'autres res¬ sources quand les nécessités du service appelaient le comte loin de Paris. Grimm et Rousseau se rencontrent lors d'un bref séjour de ce dernier chez le prince de Saxe-Gotha à Fontenay-sous-Bois en août 1749 (414). Leur goût commun pour la musique les rapproche; Grimm, ainsi mis en rapport avec Diderot, col¬ labore à Y Encyclopédie à partir de 1751. Après la publication de son Petit prophète de Bamiscbbroda, en 1753 (454-455), Grimm est assez lancé dans la société parisienne pour pouvoir se passer tout à fait de l'appui de son ancien maître Gottsched. L'exemple de Raynal, qu'il a connu chez le prince de Saxe- Gotha et par l'intermédiaire de Thun (Rousseau dit (437) que Raynal l'a connu avant de connaître Grimm), lui inspire l'idée de la Correspondance littéraire, qu'il commence en 1753, adressée sous forme manuscrite à diverses cours allemandes, et à laquelle collabore bientôt Diderot (elle ne sera publiée qu'au début du xixe siècle). A la mort du comte de Frise, selon Rousseau, Grimm affecte une douleur inconsolable (553-554); il devient secrétaire du comte d'Estrées (et non du marquis de Castries comme le dit Rousseau ; v. ce nom), et à ce titre suit les armées françaises en Allemagne, 5 30. Ses relations avec d'Holbach, 438-439, 472-473, 545 ; le curé
1183 de Deuil, 682; Mme de Rochechouart et sa fille, 426; ses prétentions auprès des femmes, 5 5 2 ; passion feinte ou réelle pour MUe Fel, 437-438; «  tentatives  » auprès de Mme d'Hou- detot, 530; liaison avec Mme d'Épinay, 489, 549-552. Il aime donner des surnoms, 419, 541; surnommé lui-même Tiran-le-Blanc, 552; ses «  germanismes  », 420. Amitié avec Rousseau, 418, 441, 445, 494; mis dans le secret de l'abandon des enfants, 424, 555 ; rédige un voyage imaginaire en Italie avec Rousseau et Diderot, 64; lettre ouverte de Rousseau à Grimm en réfutation des attaques contre le Ier Discours, 432. Phases du refroidissement et de leur amitié, 453, 457, 488, 555. Accointances de Grimm avec Mme Le Vasseur, 451, 496, 498, 556, 596, 660. Première rupture et réconciliation, 557-559; nouvelle et déci¬ sive crise à propos du voyage de Mme d'Épinay à Genèvé, 564, 567-573. Désormais Rousseau voit en Grimm la tête du «  complot  », 583, 632, 691. Autres mentions, 450, 585, 587, 591, 636. On ne connaît que trois lettres de Grimm à Rousseau, et deux de Rousseau à Grimm. Sur leurs rapports, v. la Corres¬ pondance de Diderot, éd. Roth, l'Histoire de Mme de Mont- brillant de Mme d'Épinay, éd. Roth, et sur les circonstances de leur rupture H. Guillemin,- Annales, XXIX, 1941-1942. En 1775, Grimm devient ministre de Saxe-Cobourg-Gotha à Paris et est anobli par l'empereur Joseph II. La Corres¬ pondance littéraire continue à paraître jusqu'en 1792, date de son retour en Allemagne, mais assez tôt la rédaction en est assurée par Henri Meister (fils). V. nombreux renseignements sur Grimm dans le livre consacré à la duchesse Louise- Dorothée de Saxe-Gotha par J. von der Osten, Leipzig, 1896; sur son séjour à Paris, v. notamment pp. 83-87. Gros (Aimé), 1677-1742. Ancien élève des Lazaristes de Lyon, supérieur du séminaire Saint-Lazare d'Annecy vers 1730, 129-130, 131, 147. Grossi ou Grossy (François), 1682-1752. Médecin ordinaire du roi Victor-Amédée II en 1726, «  protomédecin  » ou médecin principal de Savoie en 1727, vient en 1735, soit trois ans après la mort du roi, s'établir à Chambéry, où il pratique jusqu'en 1749. Mugnier (p. 132 et n. 3) mentionne une affaire de paternité illégitime dans laquelle Grossi joue un rôle peu brillant, 253-2 ?5-
1184 Guérin (Hippolyte-Lucas), 1698-1765. Libraire à Paris, rue Saint-Jacques, voisin de Rousseau dans sa propriété de Saint- Brice près de Montmorency. Met en vente le Discours sur l'Inégalité imprimé par Rey. Rousseau correspond avec lui au sujet de projets d'impression de la Lettre à Voltaire sur la Providence et de la Nouvelle Héloise, 595, 665, 668. Guignes (Joseph de), 1721-1800. Orientaliste, professeur au Collège de France, 604. Guy. Associé du libraire parisien Duchesne, puis de sa veuve. La C.C. réunit près de cent lettres échangées entre Guy et Rousseau, 664, 667, 668, 683, 733, 751. Guyenet (Abraham), «  Commissaire et receveur des trois recettes du Val-de-Travers  » (P.-P. Plan), père du lieutenant civil Frédéric Guyenet, 755. Hamilton (Anthony ou Antoine), 1646-1720. Écossais né en Irlande, élevé en France, brillant et spirituel écrivain de langue française, vit après 1688 à la cour de Jacques II Stuart exilé à Saint-Germain. Fréquente aussi la cour de la duchesse du Maine à Sceaux, où s'est produit Voltaire jeune. Épistolier, auteur de Contes et des Mémoires de Gramont, (1713) (Philibert, comte de Gramont, 1621-1707, son beau-frère), 288. Hannibal  : v. Annibal. Havrincourt (Louis de Cradevac, marquis d'), 1707-1767. Brigadier de cavalerie en 1744, maréchal de camp en 1748. Ambassadeur en Suède de 1749 seulement à 1762, il n'a pu échanger de ce poste dès 1743 ou 1744, comme le croit Rousseau, des dépêches diplomatiques avec Montaigu à Venise. Ambassadeur aux Pays-Bas de 1764 à sa mort, 354. Hélène, héroïne dont l'enlèvement est à l'origine de la guerre de Troie, 252. Hellot (Jean), 1685-1766. Chimiste, commis par l'Académie des Sciences pour juger du mémoire de Rousseau sur la notation musicale, 330. Helvétius (Claude-Adrien), 1715-1771. Fermier général à 23 ans, mécène et protecteur des philosophes. Le matérialisme pro¬ fessé dans son livre De l'esprit (1758) valut à l'ouvrage d'être brûlé. Rousseau en possédait un exemplaire sur les marges duquel il esquissa une réfutation, publiée au lendemain de sa mort. Sa réaction constitue une étape importante dans son évolution religieuse, au moment où il va développer ses idées
1185 dans la Nouvelle Hélotse et dans VÉmile. 432, 698. V. P.-M. Masson, la Religion de Rousseau, II, 36 sqq. Hemet (Charles), jésuite de la Province de Lyon; sa mort en mai 1738 a fait douter qu'il ait pu être le confesseur de Mme de Warens et de Rousseau aux Charmettes, le bail de la maison Noëray prenant effet le mois suivant; mais l'objection tombe à la suite des travaux récents qui rendent presque certains des séjours soit dans cette maison, soit dans la maison Revil contiguë, dès 1735 ou 1736 (nommé C. C., I, 57), 279, 384. Hénault (Charles-François), 1685-1770. Président du parlement de Paris, historien et poète, chez qui se réunissait le Club de l'Entresol. Membre de l'Académie française, et habitué du salon de Mme Du Deffand, 655. Henri II, né en 1519, roi de France de 1547 à 1559, 402, Henri IV, né à Pau en 1553, roi de France de 1589 à 1610. Abjure en 1593 entre les mains de l'archevêque de Bourges dans la basilique de Saint-Denis avant d'être accueilli à Paris ; il fait en outre — par procuration — pénitence publique à Rome  : 75 («  n. 1). Héron (d'Alexandrie), mathématicien grec du 11e siècle de notre ère, inventeur de la fontaine qui au xvnie siècle porte son nom, 110-111, 333. Hervey (Mary, Lady), née Lepell. 1700-1768. Épouse en 1720 John Hervey, plus tard Lord Hervey of Ickworth (1655- 1751), premier comte de Bristol. Elle a connu Rousseau à Paris dans le salon des Dupin vers 1743. Prendra parti contre lui lors de la querelle avec Hume à la fin de 1766, 339. Holbach (Paul-Henri Dietrich ou Thiry, baron d'), 1723- 1789. Né dans le Palatinat, arrive en 1735 en France avec un oncle. Traducteur de nombreux ouvrages anglais et alle¬ mands, portant surtout sur les sciences physiques et naturelles ; collaborateur de l'Encyclopédie. Publie sous le nom de Boulan¬ ger (v. ce nom) son Christianisme dévoilé (Londres, 1761), puis sous le nom de Mirabaud son Système de la nature (1770) auquel Diderot a collaboré, développant des thèses matéria¬ listes. Il jouit d'une grande réputation d'érudition parmi les Encyclopédistes; reçoit les gens de lettres en son hôtel de la rue Royale Saint-Roch (aujourd'hui 8, rue des Moulins) le jeudi et le dimanche. Mme de Genlis consacre en 1822 à ces dîners célèbres un ouvrage énumérant «  une partie de la cour et des littérateurs les plus remarquables du xvine siècle  ».
1186 Il n'a pratiquement pas correspondu avec Rousseau, qu'il critique sans ménagements à partir de sa querelle avec les Philosophes. Mme de Charrière, qui le rencontre en 1781 à Plombières, lui entend dire encore du mal de Rousseau, qu'il croit s'être suicidé. Rousseau reçu chez lui, 437-439 ; ses sentiments pour Rousseau, 451-453, 458, 472-473, 488, 498, 528-529, 544-545; la «  coterie holbachique  » contre Rous¬ seau, 451, 581, 725. Aussi 557, 713. Holbach (Bazile-Geneviève), née d'AiNE, 1729-175 4. Première femme du baron d'Holbach, qu'elle a épousé en 1750 ; née de père français et de mère allemande, meurt le 26 août 1754, 472· Holbach (Charlotte-Suzanne d'), née d'AiNE, 1733-1814 (  ?)· Sœur cadette de la précédente, seconde femme du baron d'Hol¬ bach, qu'elle épouse en 1756. Musset-Pathay, comme Rous¬ seau, l'appelle Caroline  ; il la donne comme «  morte en 1814 à plus de 80 ans  », 545. Homère. Mentionné par erreur au lieu d'Euripide dans une réminiscence d'une anecdote rapportée par Plutarque, 335. Hôpital (L')  : v. Lhopital. Horace. Rousseau se dissocie plaisamment des goûts peu exi¬ geants du poète latin en matière de société féminine, 148 (et n. 1). Il le cite (inexactement), 259. Houdetot (Claude-Constant-César, comte d'), 1724-1806. Fils du marquis Charles d'Houdetot, lieutenant général de l'Ile- de-France, brigadier, et de Madeleine Carrel. Appelé d'abord le chevalier, puis le comte et le marquis d'Houdetot. Mous¬ quetaire à 14 ans, capitaine au Royal-Cavalerie (1743) ; capitaine lieutenant de la compagnie des Gendarmes de Berry (1748); chevalier de Saint-Louis (1749). En 1757, en Allemagne avec l'armée d'Estrées ; brigadier le 1" mai 1758, capitaine-lieute¬ nant des gendarmes bourguignons en juillet, maréchal de camp en 1761. En octobre 1761 il est à l'armée du bas-Rhin ; en 1762 à l'armée d'Allemagne. Lieutenant-général en 1780 ; reçoit une pension de retraite en 1792. Il a épousé le 28 février 1748 Élisabeth-Françoise-Sophie de Lalive, qui lui a donné deux enfants, César-Louis-Marie- François-Ange, né en 1749 (il deviendra lieutenant général), et Françoise-Charlotte, née le 15 mars 1753, 409, 519, 520, 590.
1187 Houdetot (Élisabeth-Sophie-Françoise d'), née Lalive de Bellegarde. Née en décembre 1730, fille de Louis-Denis Lalive de Bellegarde et de Marie-Josèphe Prouveur. Épouse le comte Claude-Constant-César d'Houdetot le 28 février 1748  ; Rousseau aurait fait sa connaissance «  à la veille de son mariage  ». Mais c'est seulement en 1756-1757 que ses visites à l'Ermitage sont le point de départ de l'amour de Rousseau. Une curieuse déformation de l'aventure avec Rousseau est donnée dans le récit qu'un voyageur allemand prétend avoir recueilli en 1760 de Diderot (v. R.L.C., oct.-déc. 1962, pp. 499- 500 et n. 1). Dans sa vieillesse, Mme d'Houdetot (morte en 1813) reçoit la visite de nombreux curieux désireux de connaître celle qui passe pour avoir été le modèle de Julie. Son esprit et ses talents sont vantés par Musset-Pathay, qui cite d'elle (Histoire de la vie...), II, 136-137, 142) des vers qu'elle ne voulut jamais publier. Voir, sur ses rapports avec Rousseau, le chapitre que lui consacre Faguet dans ses Amies de Rousseau (vieilli); les études de Guillemin, Guyon et Osmont citées dans la Biblio¬ graphie (sur les livres IX, X et XI). Première rencontre avec Rousseau, 409; visites à l'Ermitage, 511-512, 519; son portrait, 520; amour de Rousseau, 521- 531; conséquences dans les rapports avec Mme d'Épinay et Diderot, 535, 564, 567, 573, 578, 586, 592; avec Saint-Lam¬ bert, 545-546, 559-560, 588-592; «  refroidissement  », 546- 548, 583, 640; fin de leurs «  liaisons  », 566, 575. Amie de Mme de Verdelin, 623 ; Mme d'Houdetot et l'He'loise, 521, 547, 617, 642, 647. Aussi 572, 607, 636. Huber (Jean-Jacques), Rousseau orthographie Hubert, né en 1699. Dit «  l'abbé Huber  » ; Genevois, fils d'un membre du Conseil des Deux-Cents, abjure le protestantisme à l'hospice du Saint-Esprit à Turin (lè Dictionnaire helvétique de biographie et d'histoire dit  : «  en France  », sans doute à tort), séjourne en France, habitué des salons, et chargé de missions diplo¬ matiques; puis à Turin, chargé des affaires du royaume, 398. Huber (Michel), Rousseau orthographie Hubner, 1724-1804. Bavarois qui passe toute sa jeunesse en France. Il y traduit, avec les encouragements et l'aide de Diderot, les Idylles de Gessner; à la fin de 1761, donc avant la publication semble- t-il, il envoie à Rousseau sa traduction intitulée Idylles et Poèmes champêtres de Gessner (Lyon, 1762), dont l'avertissement
1188 est un document intéressant sut les tentatives contemporaines de renouvellement de la poésie et sur les débuts de la pocsie descriptive, que mettront définitivement à la mode les Mois de Roucher (1779). On a la lettre de remerciements de Rousseau, datée du 24 décembre 1761 (C. C., IX, 349). Huber traduit ensuite d'autres pièces de Gessner. En 1766, il est appelé à enseigner le français à l'université de Leipzig, 691. Hume (David), 1711-1776. Historien et philosophe écossais, auteur e ître autres écrits d'un Essai sur l'entendement humain (1748), d'une Histoire des Stuart, d'une Histoire de la Grande- Bretagne, etc. Correspond avec Montesquieu. Secrétaire d'ambassade à Paris de 1763 à 1765, il y jouit d'une grande popularité dans les milieux philosophiques et les salons. Déjà en relations avec Helvétius, il fait la connaissance de Diderot. Sur les instances de Mme de Boufflers, Rousseau accepte à la fin de 1765 l'offre que lui fait Hume d'une retraite en Angleterre. C'est l'origine d'une querelle, où le parti phi¬ losophique prend fait et cause contre Rousseau, et qui marque le tournant le plus tragique de sa vie. Dans la Lettre à M. de Saint-Germain (26 fév. 1770), le voyage d'Angleterre est pré¬ senté comme un piège préparé dès 1762 entre Mnle de Boufflers et Hume, 92, var. 681, 746-747. V. H. Roddier, /.-/. Rous¬ seau en Angleterre (...). Husson. Joueur d'échecs non identifié, que Rousseau rencontre au café Maugis à Paris, 335. Illeks (Jeanne-Marie-Anne d'), Rousseau orthographie Dillan Épouse en 1766 le colonel Georges Roguin, 696. Institutions politiques, 467, 479, 608. Intendant (M. 1') [à Lyon]  : v. Pallu. Intendant, Intendante [à Annecy]  : v. Corvf.si. Intendant Général  : v. Pettiti. ïphis et Anaxarète, 342. Ivernois (Anne-Marie d'), née en 1730. Fille aînée du procureur général Guillaume-Pierre d'Ivernois. Épouse en 1762 Louis de Montmollin, conseiller d'État de Neuchâtel, 1735-1805, 711. Ivernois (François-IIenri d'), 1722-1778. Négociant à Genève, cousin du procureur Guillaume-Pierre d'Ivernois, de Neu¬ châtel. Un des chefs du parti des Représentants, rend visite à Rousseau à Môtiers à plusieurs reprises, vient au-devant de
1189 lui à Nyon lors du voyage de Thonon (août 1764) pour ren¬ contrer les chefs du parti; accompagne Rousseau dans une excursion botanique en direction de l'île de Saint-Pierre à la fin de juin 1765, 679, 728, 730, 750, 752. Ivernois (Charles-Guillaume d'), «  le trésorier d'Ivernois  », 1732-1819. Fils du procureur général de Neuchâtel, Guillaume- Pierre; frère de la correspondante de Rousseau, Marie-Isa¬ belle. Conseiller d'État de Neuchâtel, défend Rousseau contre les pasteurs dans le conflit qui suit la publication des Lettres de la Montagne ; Rousseau le considère pourtant comme gagné au parti de ses adversaires, 748, 755. Ivernois (Guillaume-Pierre d'), procureur, 1701-1775. Les cinq frères d'Ivernois étaient compris dans les lettres d'anoblisse¬ ment accordées par Frédéric-Guillaume Ier en 1722 à l'aîné, Abraham Dyvernois. A la mort de ce dernier tous prennent le nom de d'Ivernois. Guillaume-Pierre, procureur général de Neuchâtel jusqu'en 1764, est conseiller d'État, 711, 744, 75 5 _ Ivernois (Jean-Antoine d'), 1703-1764. Né à Môtiers, frère du procureur général. Docteur en médecine et botaniste. Séjourne en Russie, puis étudie à la Faculté de médecine de Montpellier où il devient docteur en 1728. Médecin du roi de Prusse à son retour à Neuchâtel en 1733. Botaniste de renom, collabore avec Haller; donne plusieurs articles au Mercure suisse. Membre de l'Académie impériale de Saint-Pétersbourg. Rousseau dit lui devoir son premier goût pour la botanique. La Flore du Jura mentionnée par Rousseau n'a pas été publiée ; le ms. (2 vol. in-f°) est conservé à la Bibliothèque de Neuch⬠tel sous le titre Catalogue méthodique des plantes qui croissent naturellement dans la souveraineté de Neuchâtel et Valangin, par le docteur d'Ivernois, 1745-1746. Ses relations avec Rousseau ne s'étendent que sur quelques mois, puisqu'il meurt à Neuchâtel en 1764, 747-748. Ivernois (Marie-Isabelle d'), 1735-1797. Fille du procureur général. Épouse en 1764 Frédéric Guyenet (1737-1777), lieu¬ tenant civil du Val-de-Travcrs; correspond avec Rousseau (qui l'appelle dans les Confessions «  mon Isabelle  ») à partir de 1763, 711 (et n. 1), 714, 748. — v. 0. C., II, 1325 et n. 1. Jacqueline («  ma mie  »)  : v. Faramand. Jacques II («  le roi Jacques  »), 1633-1701. Fils de Charles ier Stuart et d'Henriette-Marie de France. Détrôné par la révo¬ lution de 1688, il vit en exil à Saint-Germain-en-Laye, où l'a
1190 accueilli Louis XIV, lequel ne reconnaît pas Guillaume III d'Orange comme roi d'Angleterre, et soutient après la mort de Jacques II les droits à. la couronne d'Angleterre du fils de ce dernier, dit le Prétendant Stuart ou le Chevalier de Saint- Georges (1688-1766). L'échec d'une expédition en Ecosse (171 j ) amène la France à conclure avec l'Angleterre un traité expulsant de France le Prétendant, qui s'installe alors à Rome, 288. Jallabert (Jean), Rousseau orthographie Jalabert, 1712 ou 1713-1768. Pasteur en 1737, professeur de physique et de mathématiques à l'Académie de Genève en 1750, 467, 469. James (Robert), 1703-1776. Auteur d'un Dictionnaire de méde¬ cine et de chirurgie dont la traduction française est entreprise par Diderot, Eidous et Toussaint. Trois libraires parisiens associés obtiennent le privilège en 1744, l'ouvrage est publié en 1748, en 6 vol. in-f°, 410. Jaucourt (Louis), chevalier de, 1704-1779. Étudie la théologie à Genève, les mathématiques à Cambridge, et la médecine à Leyde, où il fait la connaissance de Théodore Tronchin, avant de s'établir définitivement en France (1736), Actif collaborateur de Y Encyclopédie à partir de 1751, 471. Jeanne (la papesse). La première mention de ce personnage légendaire apparaît chez les chroniqueurs de la seconde moitié du xnie siècle  : une Anglaise ayant étudié à Rome sous le costume masculin et sous le nom de Jean l'Anglais aurait accédé au trône pontifical vers la fin du ixe siècle. Depuis Jean IIus, cette fable garde sa faveur auprès des antipapistes, même après le xvue siècle; elle est popula¬ risée par des épisodes burlesques, comme l'accouchement de la papesse Jeanne au cours d'une procession. Une dissertation latine de l'érudit et homme d'fitat allemand Spanheim, né à Genève, est rééditée au cours du xvine siècle (encore à La Haye en 1758). La papesse Jeanne est l'héroïne d'un opéra bouffe d'A J. B. Defauconpret, en 1793. l e nom de papesse Jeanne est donne plaisamment par Grimm et Rousseau à une fille entretenue par le ministre Klupfel, que Thérèse prend pour le Pape, 422. Jelyotte (Pierre de), 1713-1787 (Grove) ou 1797 (Roth). Béarnais (il a sa statue à Pau) destiné à la prêtrise, apprend la musique et la composition au chœur de l'église Saint- Etienne à Toulouse. A l'Opéra de Paris de 1733 à sa retraite
1191 INDEX DES NOMS DE PERSONNE 1013 en 175;. Marmontel, son ami, lui attribue «  la voix la plus rare que l'on pût entendre, soit par le volume et la plénitude, soit par l'éclat perçant de son timbre argenté  ». Sa célébrité est encore grande à la fin du siècle  : Dorât fait son éloge au chant 111 de son poème la Déclamation théâtrale. Il dirige les représentations à Fontainebleau du Devin du village, et a joué aussi dans les Muses galantes ; Rousseau déclare dans la Lettre à d'Alembert (éd. Gamier, 1954, p. 229, n. 1) s'hono¬ rer de son amitié, 401, 445, 450, 452. Jonville (François Chaillou de), mort en 1765. Gentilhomme ordinaire de la maison du roi. Chargé d'affaires aux Pays- Bas autrichiens de 1753 à 1739; envoyé extraordinaire auprès de la République de Gênes de 1741 à 1745 ; il y reçoit Rous¬ seau en 1743, 349. A son retour en France il revoit souvent Rousseau, 600-602. Aussi 362. Josse. Personnage de Γ/imo. r Médecin, de Molière, devenu le type proverbial du donneur de conseils intéressé («  Vous êtes orfèvre, Monsieur Josse  »), 432. Juba. Juba II, roi de Numidie, personnage de la Cléopâtre (1647, en 12 vol.) de La Calprenède, roman lu par Rousseau enfant, 8. Juigné (Jacques-Gabriel-Louis Le Clerc, marquis de, et de Montaigne, baron de Champagne et de la Lande). Né en 1727, fils aîné du colonel de Juigné qui commandait en 1733 le régiment d'Orléans et à qui put être alors présenté Rousseau (p. 242, n. 1). Mousquetaire en 1742, capitaine de cavalerie au régiment d'Egmont en 1743, brigadier en 1759, lieutenant-général en 1762. Épouse en 1768 Charlotte Thi- roux de Chammeville. Assiste en 1771 à une lecture de la seconde partie des Confessions, 780. Plus tard, à la fin de 1774, il est envoyé en Russie comme ministre plénipoten¬ tiaire. Julie. Julie d'Étange, plus tard Mmc de Wolmar, héroïne de la Nouvelle Héloise, 113, 169. Julie ou la Nouvelle Héloise, 169, 466, 483, 517, 519, 544, 547, 585, 593, 598, 603, 607, 616, 617, 618, 619, 629, 642-648, 685, 698, 719. Jully (Ange-Laurent Lalive de), né en 1726. Frère de M'"'" d'Houdetot. Fonctions diplomatiques à Genève, puis à Paris à partir de 1757 comme «  introducteur des ambassa¬ deurs  » (chargé de conduire les ambassadeurs et princes
1192 étrangers à l'audience du roi). Veuf à l'époque où il rend visite à Rousseau à Montmorency (fin 175 8 ou début 1759  ?), il se remarie en 1762 avec Marie-Louise-Josèphe de Nettine. Collectionneur de tableaux et graveur estimé, il envoie à Rousseau de ses estampes, qui tapisseront le cabinet de l'écrivain au petit château de Montmorency, 511, 592. Jupiter, représentant le destin, 618. Keith (Jamcs-Francis-Edward, dit Marshall Keith (frère de Milord Maréchal), 1696-1758. Général écossais, second fils du 9e Earl Marischal, dignité héréditaire d'Ecosse. A servi les Stuart avec son frère, le «  Milord Maréchal  » de Rousseau. 11 s'échappe en 1716, après l'échec d'une tentative de restau¬ ration des Stuart, d'Écosse en Bretagne, et reprend à Paris sous Maupertuis ses études interrompues, devenant membre de l'Académie des sciences. Il quitte Paris en 1719 pour participer à l'expédition d'Alberoni en Ecosse, puis passe en Hollande, sert dans les armées de l'Espagne, puis de la Russie (1728), combat les Français dans la guerre de la Succes¬ sion de Pologne, puis les Turcs; perd une jambe à Otchakoff. Ramené par son frère à Paris, où il est soigné. Après un bref séjour à Londres, regagne la Russie. Nommé gouver¬ neur de l'Ukraine, puis ambassadeur en Suède, il a la faveur de l'impératrice Elisabeth, montée sur le trône en 1741, mais jalousé, il perd peu à peu ses charges et doit quitter la Russie pour la Prusse. Nommé maréchal, gouverneur de Berlin, bat Soubise à Rossbach (1747); blessé mortellement l'année suivante, 704, Keitii (George), «  Milord Maréchal  », 1686-1778. Jacobite exilé, conserve le titre héréditaire de Lord maréchal d'Écosse bien qu'il en ait été dépouillé par les autorités britanniques. Il a vécu en Espagne, et gouverne pour le roi de Prusse la principauté de Neuchâtel, lorsque Rousseau s'y réfugie en 1762, 703-716, 729-731, 734-735, 744. Lorsque Rousseau est chassé de Suisse en 1765, il s'entremet pour lui procurer un asile en Ecosse, en Angleterre ou en Prusse, 746, 775, 777, et finalement l'encourage à accepter l'hospitalité de son compatriote Hume et une pension du roi d'Angleterre. Leur correspondance s'espace, mais leur amitié ne cesse pas après la querelle entre Rousseau et Hume. La pension viagère à laquelle fait allusion Rousseau (60) fut d'abord refusée par ce dernier (lettre à Milord Maréchal du 31 mars 1764) puis acceptée vers 1767-1768, et réglée par l'intermé-
1193 diaire de Du Peyrou (75 9). Dans le 2e Dialogue (0. C.., I, 864), Rousseau cite Keith parmi les «  hommes vertueux  » dans la lignée de Fénelon et de Catinat. Mort peu avant Rousseau, Milord Maréchal lai légua sa montre. Îl n'a jamais, quoi qu'en pense Rousseau (706), retiré à ce dernier son amitié. Du Peyrou témoigne d'autre part dans une lettre à Mmc La Tour de Franqueville de la vénération attendrie que conserve Rousseau en 1775 pour son vieil ami (v. Ch. Guyot, Du Peyrou, p. 166). Ce sont les Philosophes qui, au lendemain de la mort de Rousseau (d'Alembcrt dans son Eloge de Milord Maréchal), accréditent la légende d'une querelle entre les deux hommes. Leur correspondance comprend plus de cent lettres réunies, avant d'être reprises dans la C. Cpar F. C. Green, «  Letters of Milord Maréchal to Rousseau  », French Studies, January, 1955. V. Edith E. Cuthell, The Scottish Friend of Frederick the Great  : the last Earl Marischall, 1915. Aussi 733, 756. Kingston (Evelyn Pierrepont, 2e duc de), 1711-1773. Accède au titre en 1726, et siège à la Chambre des Lords en 173;. Neveu de Lady Mary Wortley Montagu, laquelle dit qu'il a reçu une très mauvaise éducation. Part pour le continent en 1733; il en ramène en 1736 sa maîtresse Mme de la Touche (338). Se distingue contre les insurgés à Culloden (1746) lors de la rébellion jacobite. T1 est célèbre par ses amours avec Elizabeth Chudleigh, une des grandes courtisanes du siècle, qu'il épouse en 1769. Ktrchberoer. (Nicolas-Antoine), Rousseau orthographie Kir- kf.bf.rgher, 1739-1800. De Gottstatt, près de Nidau. Ancien officier au service des états généraux de Hollande. Un des fondateurs de la Société économique bernoise, association patriotique et culturelle dont l'idéal se rapproche de celui que Rousseau prête à la Suisse dans la lettre à d'Alembert. Futur bailli de Gottstatt. 11 a rendu visite à Rousseau à Môtiers en 1762, et va de nouveau le voir à l'île de Saint-Pierre en 1765, 766. Admirateur de Γ Emile (il fait partie du cercle lettré de la Bernoise Julie Bondeli, favorable à Rousseau), il appelle sa fiancée Sophie dans sa correspondance avec Rousseau. A la fin de sa vie il correspondra avec Saint- Martin, le «  philosophe inconnu  », 776. Klûpfel (Emanuel-Christoph), Rousseau orthographie Klijp- ffell, 1712-1776. Né non pas comme on l'a dit en Saxe,
1194 mais à Hattenhofen dans le Wurtemberg. Appelé en 1741 à Genève comme pasteur de l'église luthérienne, il fait là la connaissance de Thun, gouverneur du jeune prince héri¬ tier de Saxe-Gotha; engagé à la fin de 1746 ou au début de 1747 comme chapelain du jeune prince, il accompagne la suite du prince à Paris au printemps de 1747. Thun le présentait ainsi dans une lettre (en français comme toute cette correspondance de cour) à la duchesse de Saxe-Gotha, datée Genève, 26 juillet 1746  : «  Son nom est Kliipfel, natif de Wurtemberg. Il a un esprit solide et agréable, des manières insinuantes et une grande probité et piété dans le cœur. Il est théologien philosophe, sachant unir le raisonnement avec la révélation dans ce juste degré qu'il faut pour ne pas faire perdre à celle-ci son autorité et pour faire cependant toute l'impression qu'il faut sur les gens du monde qui demandent du raisonnement. Il fait d'excellents sermons dans ce même goût et il est éga¬ lement estimé et distingué, non seulement de son église, mais aussi des savants de Genève, Il parle français et à ses études sérieuses il joint celle de la physique expérimentale et particulièrement de quelques branches de l'optique.  » (J. von der Osten, Eutse-Dorothea..., Leipzig, 1896, p. 61.) Une autre lettre de Thun, deux ans plus tard, montre que le séjour parisien a eu de fâcheux effets sur la conduite du pas¬ teur, et corrobore le témoignage de Rousseau (420-422)  : «  Je me trouve obligé de dire que le bon Kliipfel (l'épithète est celle même qu'emploie Rousseau, 421) est devenu, par la compa¬ gnie de M. Cramer {un Genevois engagé comme professeur de géométrie pour le prince), extrêmement dissipé, et a pris des façons de petit-maître, qui étonneraient et feraient rire ceux qui sont faits à la gravité de nos ministres ordinaires. Par exemple il avait commencé à dîner et souper la moitié des repas au moins hors de la maison du prince; malgré mes remontrances il soupa encore plusieurs fois en ville, jusqu'à ce que j'ai été obligé de prendre un ton d'autorité. Il est actuellement en règle; mais il n'a pas sitôt fini ses leçons qu'il court comme un pendu (sic == perdu  ?) dîner en ville, et ne revient que le moment qu'on se met à souper. Il ne fait pas un pas, même avec le prince, entre les leçons, sans chanter un petit air et autres choses dans ce goût; grand quadrilleur et faisant sa cour aux dames, qui sont venues le chercher jusqu'à Fontenay (...)  » (30 octobre 1748, ibid.) C'est en août 1749, lors d'un court séjour chez le prince à
1195 Fontenay, que Rousseau dit avoir fait la connaissance de Kliipfel (414). Il faut donc croire que sa dissipation avait bien résisté aux remontrances de Thun, l'affaire de la rue des Moineaux étant nécessairement postérieure. Les relations avec Rousseau resteront amicales. Lorsque Rousseau envisage de quitter la Suisse pour Potsdam, Kliipfel, devenu vice-président du consistoire protestant du duché de Saxe-Gotha, invite Rousseau, s'il va à Berlin, à s'arrêter chez lui à Gotha, sur sa route, aussi longtemps qu'il voudra (lettre du 17 avril 1765, C. G., XIII, 290). Un peu plus tôt, Kliipfel avait fondé 1 ' Almanach nobiliaire ■ dit de Gotha. V. sur lui J. von der Osten, op. cit., pp. 61-87. La Brichf. (Alexis-Janvier I.alive, seigneur de), né en 1735, frère de Mme d'Houdetot. «  Introducteur des ambassadeurs  », 511. La Bruyère (Jean de), 1645-1696. Le succès rapide des Carac¬ tères (8 éd., les dernières très considérablement accrues, de 1688 à 1694) se poursuit au début du xvine siècle où l'influence du livre est encore sensible, dans les Lettres persanes par exemple. Il est assez naturel qu'il soit une des lectures favorites de Mme de Warens et de Rousseau à Annecy (123), Sur l'influence du style de La Bruyère sur celui de Rousseau, v. p. 123, n. 1. Aussi 8, La Chétardie (Joachim-Jacques Trotti, marquis de), 1705- 1758. Ministre plénipotentiaire en Prusse de 1733 à 1738, ambassadeur extraordinaire en Russie de 1739 à 1744. Selon Musset-Pathay, il contribue à la réussite de la révolution qui met sur le trône Elisabeth, seconde fille de Pierre Ier  : La Chétardie, qui passe pour être son amant, revient en France comblé d'honneurs. Mais lors du passage de Rousseau dans le service diplomatique, en 1743, La Chétardie, à la suite de la politique nouvelle qui suit la mort de Fleury, vient de revenir en Russie avec des instructions contraires à celles qu'il recevait précédemment ; on l'a de plus calomnié en son absence. 11 est pratiquement expulsé à la fin de 1744, et le gouvernement français l'envoie à la citadelle de Montpel¬ lier, puis à l'armée d'Italie, où il se distingue à la prise de Castillon (1747), 354. La Closure (Pierre Cadiot de), 1663-J748. Résident de France à Genève de 1698 à 1739. Ce que dit Rousseau aux livres I, 6 et V, 248, de l'amour qu'inspira sa mère à M. de La Closure à une époque où le mari, Isaac Rousseau, voyageait en
1196 Orient, a fait supposer que le diplomate pouvait être le père de Jean-Jacques, né en 1712  : mais La Closure fut absent de son poste de 1709 à 1713. Il vivait encore en 1744, mais n'était plus résident de France ; ce n'est donc pas à ce titre qu'il put recevoir Jean-Jacques en 1744 à Genève, s'il est vrai qu'il l'y reçut alors (381). Aussi 245. La Condamine (Charles-Marie de), 1701-1774. Mathématicien parisien, participe à la mesure du méridien, 677. Lagarde (Pierre), né en 1717. Chanteur et compositeur. Par¬ ticipe à la création du Devin du village. Peu connu jusqu'à 1750, où il devint chef d'orchestre en second de l'Opéra. A partir de 1764, professeur de musique des enfants royaux. Auteur de la pastorale Églé, 454, n. 1, 392, var. (b). Laliaud, non identifié, originaire de Nîmes, correspond avec Rousseau de 1764 à 1771 au moins, 726, 731. Lalive  : v. Bellegarde, Epinay, Jully, La Briciie. La Martinière (Laurent-Corentin), mort en 1731. Secrétaire d'ambassade à Soleure de 1700 environ à sa mort, plusieurs fois chargé d'affaires en l'absence de l'ambassadeur. Son fils sera employé comme secrétaire-interprète à partir de 1739. Une lettre de Rousseau à La Martinière publiée par Musset- Pathay en 1825 est certainement apocryphe, 175-177. Lambercier (Gabrielle), née en 1683. Sœur du pasteur I.am- bercier, dont elle tient la maison à Bossey. Lors du séjour de Jean-Jacques, elle a quarante ans et non trente, 14-19, 21-22, 33, 67. Lambercier (Jean-Jacques), 1676-1738. Originaire de Neuchâtel. Pasteur en 1701, nommé en cette qualité en 1708 à Bossey (aujourd'hui en France, Ilaute-Savoie, 7 km S. de Genève, au pied du Salève). Des bruits calomnieux concernant notam¬ ment ses rapports avec sa sœur sont répandus par le curé de Confignon, M. de Pontverre (v. ce nom). Ils valent à Lambercier, quelques années avant le séjour de Jean-Jacques à Bossey, des difficultés dans son ministère (Ritter), 12-13, 16, 21-25, 33> 67 » 7°> x32· Lambert (Marie), née Lenieps, 1730-1762. Épouse de Jean- François Lambert, baronnet de Grande-Bretagne (1726-1800). Elle meurt jeune, après avoir perdu un fils de 3 ans, et laissant orphelin un enfant en bas âge, 598. Lamoignon (Guillaume de, seigneur de Blancmesnil et de Malesherbes), 1683-1772. Père de Malesherbes. Avocat
1197 INDEX DES NOMS DE PERSONNE 1019 général, président à mortier, premier président de la Cour des aides, chancelier de France en 1750, succédant à d'Agues- seau. Rival de Maupeou, qui le fait exiler en 1763 et le rem¬ place cinq ans plus tard. Rousseau le rencontre chez Mme de Besenval en 1742, 336. Aussi 669. La Motte ou La Motte-Houdar (Antoine Houdar de La La Motte, dit), 1672-1731. Membre de l'Académie française depuis 1710, célèbre par sa querelle avec Mme Dacier sur la traduction d'Homère. Poète lyrique {Odes, 1707), dramaturge et critique. Ses œuvres complètes avaient été éditées en 11 volumes en 1754. Il a composé en 1700 sur le sujet de Pygmalion un ballet représenté à l'Opéra en 1748 sur une musique de Rameau (mais Cahusac passe aussi pour avoir composé la musique de ce Pygmalion). Rousseau a pu prendre là l'idée de son Pygmalion, scène lyrique. Rival de J.-B. Rous¬ seau en 1709 à la succession de Thomas Corneille à l'Académie française, ami de Fontenelle et très répandu dans les salons, La Motte passe encore pour un grand poète lyrique lors des débuts de Rousseau à Paris. Mais dès le temps des Char- mettes, Rousseau admirait le «  trop doux La Motte  » (le Verger de M.m de Warens), 59. Lamy (Bernard), 1640-1715. Oratorien janséniste. Sainte-Beuve le cite parmi les meilleurs maîtres qu'eut Port-Royal. Son cartésianisme lui valut d'être censuré, et exilé dans un couvent du Dauphiné. Auteur des Eléments de géométrie (1684, augmen¬ tés en 1692), des Entretiens sur les sciences, Grenoble, 1683 (et nombreuses réimpressions), de Nouvelles Réflexions sur l'art poétique (Paris, 1668) et d'un A.rt de parler (1670) traduit en allemand et en italien. Ses Eléments de géométrie figurent sous le titre ÎLléments de mathématique dans une commande de librairie passée par Rousseau en 1736, selon la C. C., I, 38. Les Entretiens sur les sciences ont pu influencer la composition du Contrat social et amener Rousseau à composer des extraits, comme l'avait fait avant lui Montesquieu, autre lecteur de Lamy (v. l'art, d'H. Roddier, R.HX.F, oct.-déc. 1952). Ne pas confondre le janséniste Lamy avec le jésuite François Lami, attaqué dans les Provinciales, ni avec Dom François Lamy, philosophe cartésien de la Congrégation de Saint-Maur, adversaire de Spinoza, 267, 274. Lanoue (Joseph-Baptiste Sauve, dit —, ou de), 1701-1761. Acteur de la Comédie-Française, créateur du rôle principal dans le Narcisse de Rousseau en décembre 1752. 11 est lui-
1198 même auteur (La Coquette corrigée, 1756, etc.), et certains lui avaient attribué la pièce de Rousseau (C. C., II, 207), 458. La Poplinière ou La Pouplinière (Alexandre-Joseph Le Riche de), 1693-1762. Fermier général, épris de musique, a étudié sous Rameau. Donne des concerts et des fêtes somp¬ tueuses dans l'hôtel où il s'installe en 1739, rue de Richelieu, et où sont reçus musiciens, peintres et écrivains. Malheureux en ménage par suite de i'inconduite de ses deux femmes, l'une et l'autre sensiblement plus jeunes que lui. Marmontel et Mme de Genlis ont fait son portrait dans leurs Mémoires, Cette dernière, qui, étant encore enfant, Séjourna chez lui en 1759, — peu avant le second mariage du fermier général, en 1760, — écrit  : «  On a pu donner quelques ridicules à cet homme, célèbre par son faste et sa bienfaisance; il était impossible de lui trouver un tort ou un vice  », 391, 398, 400, 413, 548, 592. La Poplinière (Françoise-Catherine-Thérèse), née Boutinon des Hayes, 1714-1756. Petite-fille de l'auteur comique Dan- court, et cousine germaine de Mme Dupin. Épouse en 1737 La Poplinière, qui a vingt ans de plus qu'elle. Selon les contemporains, c'est la présence de la jeune femme qui attire dans ce salon de hauts personnages. Courtisée par le maréchal de Saxe et par le duc de Richelieu, elle devient en 1744 la maîtresse de ce dernier. La découverte de cette liaison affecta fort le fermier général, qui renvoya sa femme (1746). On a prétendu que la composition de Rameau intitulée les Tendres plaintes évoquerait «  les lamentations de Mme de La Popli¬ nière lorsque son mari la chassa de son hôtel  », 391-392, 397, 398, 653. La Porte du Theil  : v. Du Theil. Lard (Jean), épicier de Chambéry, père d'une élève de Rousseau, 219. Lard (Marie), née Beauregard, épouse de l'épicier Jean Lard, de Chambéry, et mère d'une élève de Rousseau, 219-220. Lard (Péronnc), fille des précédents. Epousera en 1749 le doc¬ teur Joseph Fleury, lequel succédera à Grossi comme «  proto¬ médecin  » ou médecin principal de Savoie. Mugnier (pp. 133- 136) a retrouvé son portrait et son cahier de chant. La des¬ cription que donne d'elle Rousseau («  vrai modèle d'une statue grecque  », mais «  sans vie et sans âme  ») a pu lui être suggérée pat le mythe ovidien de Pygmalion, populaire sur
1199 la scène lyrique au xvine siècle (v. Cahusac, La Motte) et auquel Rousseau s'intéresse à son tour vers le temps où il rédige cette partie des Confessions, 219. Laridon. Nom d'un chien de bonne race, mais élevé dans les cuisines, dans la fable de La Fontaine Γ Education (VIII, fable XXIV), dont la morale est  : «  On ne suit pas toujours ses aïeux ni son père  : Le peu de soin, le temps, tout fait qu'on dégénère  ; Faute de cultiver la nature et ses dons, Oh  ! combien de Césars deviendront Laridons  !  » 33· Larnage (Suzanne-Françoise), née du Saulzey, 1693-v. 1755. Fille d'un conseiller au Parlement de Grenoble, épouse en 1716 Louis-François d'Hademar de Monteil de Brunier, sieur de Larnage. Lorsqu'elle fait la connaissance de Rousseau en 1737, elle a quarante-cinq ans et lui vingt-cinq. Elle vit au Bourg-Saint-Andéol, dans le Vivarais, séparée de son mari depuis un an après lui avoir donné dix enfants, 287-295, 297- 299, 505, 523. V. Aurenche, Annales, III. Rousseau la compare à la courtisane vénitienne Zulietta — à l'avantage de cette dernière, 377. Larnage (Mlle de), fille de la précédente. Aurenche l'identifie comme l'aînée des trois filles des époux de Larnage, Virginie, née entre 1720 et 1725; peut-être 1722 si elle avait en 1737, comme le dit Rousseau, «  quinze ans passés  », 295, 300. La Roche, valet de chambre du maréchal de Luxembourg, 659, 684, 686, 720, 732. La Rochefoucauld (François de), 1613-1680. Rousseau par¬ lant de «  La Rochefoucauld, livre triste et désolant  », fait évidemment allusion aux Maximes (1655); il s'attaquera constamment aux morales de l'intérêt défendues par La Rochefoucauld, Hobbes ou Helvétius, et sa distinction entre amour de soi et amour-propre est en partie dirigée contre La Rochefoucauld. Mais il a certainement lu aussi les Mémoires (1662), précieuse source de renseignements sur la Fronde, 123. La Roque (Giuseppe-Ottaviano délia Rocca, ou de), mort en 1773. Protecteur de Rousseau, plus tard gentilhomme de la chambre du roi de Sardaigne Charles-Emmanuel III. Men¬ tionné par le président de Brosses dans la dernière de ses lettres d'Italie. Neveu de Mme de Vercellis (Gaillard), 89-92, 94, 100-101.
1200 La Selle (Mme). Rousseau et ses amis prennent leurs repas chez elle en 1744-174 5, 403-404. La Touche (Françoise-Thérèse de), née de Fontaine, 1712- 1767. Fille adultérine de Samuel Bernard et de Marie-Anne de Fontaine, née Dancourt. Épouse Nicolas Vallet, seigneur de La Touche, puis rencontre le duc de Kingston qui en fait sa maîtresse, la fait venir en Angleterre, et s'en sépare une quinzaine d'années plus tard pour la remplacer par Elizabeth Chudleigh, qu'il épousera, 338. V. J. Voisine, R. S. H., avril-juin 1963. La Tour (Jeanne-Lucie, comtesse de), née Noyel de Belle- garde. Sœur du comte Claude-Marie de Bellegarde (voir Entremont), épouse en 1725 le comte de La Tour, futur ambassadeur auprès de la cour d'Espagne. Participe aux réunions musicales à Chambéry vers 1733-1734, 242. La Tour (Maurice Quentin de), 1704-1788. Peintre célèbre consacre la gloire littéraire de l'auteur du Discours sur les sciences et les arts en exposant au salon de 1753 le portrait de Rousseau. On ignore ce qu'est devenu l'original de ce portrait si souvent reproduit. C'est le Rousseau mondain, contrastant avec le Rousseau inquiet, en bonnet d'Arménien, peint treize ans plus tard à Londres par Allan Ramsay. La Tour rend visite à Rousseau à Montmorency vers la fin de 1759, 517, 625. La Tour de Pil  : v. Warens. La Tour du Pin-Montauban (Charles-François-Lucrétius- Henri), 1738-1806, fils de Charles-François, marquis de la Chaup [Sibertin-Blanc, suivi par Leigh], rend visite à Rousseau à Môtiers en 1763. Sa femme, née Lérizet de la Faye, lui écrit pour solliciter un de ses lacets, brevets de la maternité cons¬ ciente de ses devoirs (C. C., XVII, 131), 724. La Trémoille (Charles-Armand-René de), Rousseau ortho¬ graphie La Trimouille, 1708-1741, descendant du suivant. Colonel du régiment de Champagne de 173 1 à 1741, il passe par la Savoie fin octobre 1733, et vraisemblablement de nouveau au début de février 1734 pour aller annoncer à Paris la prise de Tortone; Rousseau a pu lui être présenté à Cham¬ béry en l'une ou l'autre de ces occasions. Il sera blessé à Parme en juin 1734, 207.
1201 INDEX DES NOMS DE PERSONNE 1023 La Trémoille (Louis de) (La Trimouille), 1460-1525, illustre capitaine, tué à Pavie, dont Rousseau a pu lire les exploits dans Brantôme. Ancêtre du précédent, 210. Lautrec (Daniel-François, comte de Gelas de Voisins d'Ambres, vicomte de), 1686-1762. A vingt ans, est aide de camp du duc d'Orléans à l'armée d'Italie, Il sert ensuite sur de nombreux théâtres d'opérations. Connu d'abord sous le nom de chevalier d'Ambres, il prend en 1727 le titre de vicomte (et non comte) de Lautrec. Pendant la guerre de la Succession d'Autriche, il commence la campagne d'Italie comme colonel du régiment de la Reine (et non pas du régi¬ ment d'Orléans), en octobre 1733, devenant en 1734 maréchal de camp. Blessé à Guastalla (1734). Il ne semble pas être rentré en France avant 1736 ou 1737, et il n'est plus colonel à cette date  : il est donc peu probable que Rousseau lui ait été présenté quand «  l'armée française repassa les monts  ». Envoyé extraordinaire de France à Genève lors de la média¬ tion de 1737, il est en 1743 ambassadeur extraordinaire auprès de Charles VII lorsque, de Venise, Rousseau lui écrit pour lui rappeler la recommandation de Mme de Warens (C. C., I, 200). Fait maréchal de France en 1757 après une longue et glorieuse carrière militaire, il porte alors le nom de comte de Gélas, vicomte de Lautrec. A quoi fait allusion Rousseau quand il dit que Lautrec ne s'est souvenu de lui que «  la dernière année de sa vie  » (1762, ou peut-être 1761)  ? Il se peut que Lautrec lui ait simplement écrit alors pour le féliciter du succès d'un de ses livres, ou qu'il l'ait rencontré dans l'entourage du maréchal de Luxembourg, 242-243. Lauzun (duchesse de)  : v. Boufflers (Amélie de). Leblond (Jean). Après avoir servi à Toulon dans les gardes de la Marine, chargé d'affaires pour le Milanais de 1710 à 1732, reçoit Montesquieu à Milan en 1728 (Shackleton, Montesquieu, p. 92 et n. 3); chargé d'affaires à Venise de 1738 à 1743, c'est-à-dire entre le départ de Froulay et l'arrivée de Montaigu, et de nouveau après le départ de Montaigu en 1749. Lorsqu'il prend sa retraite en 1759, c'est son fils Melchior qui le remplace. Il traite bien Rousseau à Venise en 1743, 350, 356, 359, 368, 369, 372, 373, etlesdcux hommes se revoient avec plaisir à Montmorency; mais en 1770 Rous¬ seau attribue à cette visite à Montmorency des motifs obliques, 599-600.
1202 Lebrun ou Le Brun (Charles), 1619-1690. Premier peintre de Louis XIV, directeur de la Manufacture royale des Gobelins, décorateur de Versailles, 614. Le Chambrier ou de Chambribr (Philippe), mort en 1754. Officier neuchâtcluis au service des états généraux de Hollande, commandant la province de Surinam, ou Guyane néerlandaise. Épouse en 1743, étant alors colonel, Lucie Drouilhet, d'ori¬ gine française, veuve de Pierre Du Peyrou. Il s'établit en 1747 à Neuchâtel avec sa femme et son beau-fils Pierre- Alexandre Du Peyrou, 712. V. Ch. Guyot, Du Peyrou. Lf. Duc (Goton), née en 1727. Fille aînée de Nicolas-Jacques Le Duc, lieutenant, officier de la Monnaie d'Orléans, et de Marguerite Le Vasseur, sœur de Thérèse, 400. Légal (... de Kermuy, sire de). Joueur d'échecs que Rousseau fréquente au café Maugis lors de ses débuts à Paris, 535. Leibniz (Gottfricd-Wilhelm), 1646-1716. Philosophe et mathé¬ maticien saxon. La plupart de ses écrits, qui figurent parmi les lectures de Rousseau aux Charmettes, sont rédigés en latin ou en français. Sa Théodicée, où il formule la théorie de l'opti¬ misme tant discutée au xvme siècle, sa Monadologie où il pro¬ pose une physique entièrement différente de celle de Des¬ cartes, sa correspondance avec Bossuet en vue d'une tentative d'union des églises, pouvaient également intéresser le jeune autodidacte, 273. V. W.-H. Barber, Eeibnitz in France from Arnaidd to Voltaire, Oxford, 1955. Le Maître (Jacques-Louis-Nicolas), né en 1701. Le Maître est bien le nom de ce parisien, et non pas Nicoloz, comme une faute de lecture sur un document d'archives l'avait fait croire à Mugnier. Il a le titre de maître de musique du chapitre de la cathédrale Saint-Pierre de Genève lorsque Rousseau prend pension chez lui à Annecy (1729-1730), 135-144, 146, 164, 187, 238. Le Moyne (Jean-Baptiste), Rousseau orthographie Le Moine, 1704-1778. Sculpteur, auteur d'un buste en marbre de Rousseau (Musée des Beaux-Arts de Zurich), qui fut peut-être exécuté à la fin de 1765 lorsque le sculpteur, recommandé par Hume, sollicita de Rousseau, passant alors par Paris, quelques séances de pose. On connaît aussi de lui un buste de Rousseau en terre cuite, 726. V. L. Réau, dans Annales, XXVI, 1937, pp. 302-311,
1203 Lenieps (Toussaint-Pierre), 1697-1774. Genevois banni à per¬ pétuité pour participation aux entreprises de Micheli du Crest en 1731. Etabli banquier à Paris, ami de Rousseau qu'il fréquente à Paris puis à Montmorency (598) et qu'il entretient fréquemment dans ses lettres de la politique genevoise, à laquelle il continue de s'intéresser de si près que ses compa¬ triotes obtiennent son incarcération à la Bastille de 1766 à 1768, 442, 733. Le Nôtre (André), 1613-1700. Dessinateur des parcs de Chan¬ tilly, de Versailles, de Vaux, etc., 610. Léon (Louis-Auguste de Chabot, abbé de —, puis vicomte de Rohan, puis vicomte de Chabot), 172z-1753. Les Rohan sont princes de Léon, terre d'évêché en Bretagne. L'abbc de Léon est chanoine de la cathédrale de Strasbourg. Rous¬ seau lui est recommandé à Paris en 1742 et lui donne des leçons de composition, 329. 11 quitte l'église pour l'armée et devient mousquetaire à la tri : Compagnie le 31 janvier 1743 ; colonel en 1744, maréchal de camp le 10 mai 1748, il se démet de son régiment le 22 avril 1749, et reçoit en 1752 une pension du roi de Pologne. Il meurt le 9 février 1753. (Service histor. de l'Armée, Dossiers Maréchaux de camp, n° 2107.) Les age (Alain-René), 1668-1747. La publication de l'Histoire de Gil Bias de Santiiîane s'étend de 1715 (deux premiers volumes) à 1724 (3e volume) et 1735 (4e volume). Ce dernier n'était donc pas encore paru lorsque Rousseau, sur le conseil de MUe du Châtelet, commence à lire le roman à Lyon en 1731 ou 1732, Sur son influence probable sur les Confessions, v. Introduction, p. civ, 193 et (Gil Bias) 655. Lespinasse (Julie de), 1732-1776. Orpheline sans fortune recueil¬ lie en 1754 par Mmc Du Deffand, à qui elle fait la lecture. Les deux femmes se séparent en 1764 quand Mmo Du Deffand découvre que sa dame de compagnie reçoit à part les habi¬ tués du salon; cette dernière ouvre alors un salon rival rue Saint-Dominique, où la suivent d'Alembert et quelques autres familiers de Mme Du Deffand. D'Alembert fait du nouveau salon un cénacle au sein duquel il exerce une autorité consi¬ dérable, en particulier sur les élections à l'Académie, 655. Lesueur ou Le Sueur (Jean), v. 1602-1681. Né à Clermont (Oise), pasteur protestant de la Ferté-sous-Jouarre, auteur de l'Histoire de l'Église et de l'Empire (Genève, 1672-1677, 6 vol. in-40 ou 8 vol. in-12), continuée par Bénédict Pictet,
1204 Gencve, 1713, 2 vol. in-40; histoire renommée pour son impartialité, 70-71. Lettre à d'*4lembert, 585, 592, 607, 640. Lettre sur la musique française, 455, 738, Lettres écrites de la montagne, 135, 723, 725, 735, 738-741, 750. Lf, Vasseuk (François), mort en janvier 1754. Ancien officier de la Monnaie d'Orléans, père de Thérèse Le Vasseur. Portrait, 419; «  placé  » par d'Holbach, 473. Aussi 388. Le Vasseur (Jean-François, ou Louis-François). L'un ou l'autre de ces deux frères de Thcrcse Le Vasseur pourrait être le voleur de Rousseau en 1751 (v. C. C., II, 304). On connaît la date de naissance du second, 1719, à Orléans, 399, 431. Le Vasseur (Marie), née Renoux ou Renoult, morte en octobre 1766. Épouse en 1696 François Le Vasseur. Mère de Thérèse. Après avoir recueilli Mme Le Vasseur au début de sa liaison avec Thérèse, 399-400, 419, et l'avoir prise pour secrétaire, 417, Rousseau la renvoie lorsqu'il quitte l'Ermitage, la soup¬ çonnant d'être aux gages de ses ennemis, 424-425, 435, 451, 470, 496-499, 531, 556, 573, 574, 575; elle s'installe non loin, à Deuil; Grimm aurait plus tard offert de se charger de son entretien, 596, 659. Sa date de naissance n'est pas connue; selon les critiques, elle varie de 1673 (P.-P. Plan, G. Roth) à 1688 (Courtois). L'Histoire de Al"" de Montbrillant lui donne 70 ans lors de l'installation à l'Ermitage (ce qui la ferait naître en 1686, date plausible). Sentiments de Rousseau à son égard, 492, 497-498. Querelle avec Diderot à son sujet, 538-541. Aussi 388, 390, 431, 440, 451, 473, 4893 492~493> 5°7, 5I7"5l8. 569- Lf, Vasseur, ou Levasseur (Thérèse), 1721-1801. Née à Orléans le 21 septembre 1721. La rencontre de Rousseau, si elle est postérieure au départ d'Altuna, chez qui Rousseau logeait encore à la fin de février 1745 {C. C., II, 74), daterait au plus tôt de mars 1745, ce qui s'accorde avec la déclaration de Rousseau selon laquelle en juin 1762 il vivait avec elle depuis «  près de dix-sept ans  » (687). Un acte notarié passé en 1758 par Rousseau date du Ier mars 1745 l'entrée de Thérèse à son service (Courtois, Chronol., p. 50, n. 4). Elle avait alors 23 ans, ce qui concorde avec l'indication donnée au livre VII, 388. Le 30 août 1768, devant deux témoins, Jean-Jacques conclut avec Thérèse un véritable mariage civil avant la lettre (v. D. P., XVIII, 285-286). Sur les sentiments de Rousseau
1205 vieillià son égard, v. au livre IX, 491 etn. 1, mais voir aussi à la fin du livre XI, 686-687. Thérèse a été généralement sévère¬ ment jugée, non seulement par les ennemis de Rousseau, mais aussi par ses admirateurs et surtout ses admiratrices (Mme de Staël), qui ont volontiers rejeté sur elle les fautes dont il leur était difficile d'excuser Rousseau, La conduite de Thé¬ rèse ne fut exemplaire ni du vivant de Rousseau (on a aujour¬ d'hui la preuve d'une incartade au moins, lors du voyage d'Angleterre avec Boswell  : v. p. 492, n. 1), ni après sa mort où elle scandalise les fidèles de Rousseau en se mettant en ménage avec un valet de chambre de Girardin, l'hôte de Rousseau à Ermenonville. Elle sut monnayer, et auprès de la Société typographique de Genève, et auprès de la Conven¬ tion, la gloire d'être la veuve d'un grand écrivain ; mais Rousseau n'avait-il pas précisément pris des précautions pour qu'elle ne restât pas dans le dénuement  ? On ne peut dire qu'elle trahit ses dernières volontés dans l'utilisation qu'elle fit de ses manuscrits, et sa conduite à cet égard se justifie mieux que celle de Girardin, qui ne lui restitua finalement que con¬ traint et forcé le manuscrit des Confessions (dit de Paris) qu'elle devait remettre à la Convention. On peut se demander si, moins illettrée (son orthographe est proprement ahurissante 1), Thérèse eût autant scandalisé la critique du xixe s. On trouvera mise au point et bibliographie dans l'ouvrage objectif de Ch. Guyot, Plaidoyer pour Thérèse Lepasseur, Neuchâtel, 1962. Débuts de la liaison, 388-391; Thérèse vaut mieux que sa famille, 399-400, 419, 431, 473, 497; sa subsistance, 401 ; grossesses, accouchements et abandon des enfants, 402-403, 404-405, 422-423; sa naïveté, 422; faiblesse vis-à-vis de sa mère, 497, 507, 575; Thérèse et Gauffecourt, 462-463; Thérèse et «  Maman  », 464, 701-702; Thérèse et Mme d'Épinay, 530-531, 573 ; Thérèse et Grimm et Diderot, 556, 586; Thérèse et Mme de Luxembourg, 658-659; réflexions de Rousseau sur sa liaison avec Thérèse, 490-493, 496-499, 526, 701-703; pensions et rentes à Thérèse, 662-664, 759S séparation lors de l'exil, 684-687 ; rejoint Rousseau à Môtiers, 698; la «  lapidation  », 753-754; rejoint Rousseau à l'île de Saint-Pierre, 763, 765-766; nouvelle séparation, 775, 779. Aussi 417, 424, 435,451, 459,466,470, 489, 512-513. 517. 5*8, 5 35, 5 39, 561, 569, 597, 615, 621, 622, 630, 640, 6;o, 659, 711, 742.
Lévite d'Ephraïm, 691.
1206 Lhopital ou L'Hôpital (Paul-François, marquis Galluccio de), ambassadeur de France à Naples de 1740 à 1750, en Russie de 1757 à 1761, 361. Liandre (prononciation populaire de Léandre), «  héros tradi¬ tionnel des parades, à l'élégance campagnarde  » (J. Scherer), 3°3 (n·  !)■ Linant (Jean de), abbé, précepteur du jeune Fouis-Joseph d'Épinay («  le Lettré  »), fils de Mme d'Epinay. Accompagne Mme d'Épinay à Genève en 1757, 549, 560, 561. Linné (Cari von), Rousseau utilise la forme latine Linnaeus, i 707- 1778. Illustre botaniste suédois, expose dans son Systema naturae (1735) une classification des plantes qui a révolutionné la botanique et fait encore autorité. Avant lui, les plantes supérieures étaient surtout classées selon leur taille  : arbres, arbustes, arbrisseaux, herbes. Linné fonde sa classification sur l'étude de la fleur, et les analogies entre les plantes de ce point de vue. Fc retentissement de ses travaux fait d'Upsal le plus important foyer scientifique pour la botanique à l'époque où Rousseau séjourne en Suisse. La classification de Linné a été supplantée au xixe siècle par celle de Jussieu, fondée sur la subordination des caractères, mais les botanistes utilisent encore sa nomenclature binaire. Rousseau raconte dans la 5 e Promenade comment il parcou¬ rait l'île de Saint-Pierre, son Systema Naturœ sous le bras, 764 _ Lobkowitz (Georg-Christian, prince), 1686-1755. Sert sous les empereurs Joseph Ier, Charles VI et Marie-Thérèse, commen¬ çant sa carrière sous le Prince Fîugène dans la guerre de la Succession d'Espagne. En 1729 il commande en chef à Naples, en 1733 il gouverne la Sicile, en 1734 la Fombardic et Parme. En 1742, dans la guerre delà Succession d'Autriche, il com¬ mande en Bohême, et enferme Belle-lsle à Prague; de 1743 à 1746 il commande en chef l'armée autrichienne, et remporte plusieurs succès sur les Espagnols. C'est un bon officier, mais violent et peu aimé, 361. Locke (John), 1632-1704. Son œuvre (politique, philosophique, pédagogique et religieuse), publiée dans les quinze dernières années de sa vie, est connue en France par la traduction de Pierre Coste (1700). Après s'être initié à Locke aux Charmettes (273), Rousseau a pu le relire à son retour de Venise, avec son ami Altuna chez qui il loge alors (386). Pour les emprunts de Rousseau à Locke dans l'Émile, v. P. Jimack, p. 288.
1207 LonGUIîville (Anne-Geneviève, duchesse de), 1619-1679. Sœur du Grand Condé, énergique et ambitieuse, célèbre par son opposition à Mazarin pendant la Fronde, 54. Lorenza. Intendante, non identifiée, de l'Hospice du Saint-Esprit à Turin, 73, 74. Lorenzi (le chevalier), Rousseau orthographie Lorenzy. Pro¬ bablement Jacques Roland, mort en 1784, chevalier et plus tard comte de Lorenzi, frère du comte de Lorenzi, ministre de France à Florence. Le chevalier, qui a fait un voyage en Angleterre en 1749, est lié depuis longtemps avec Horace Walpole, qui le rencontre dans ses voyages en France (1765- 1766), chez Helvétius, chez Mme de BoufHers, etc. Autres détails biographiques dans C. C., VI, 76. Un tableau de Michel Barthélémy Ollivier (Musée du Louvre) représentant «  Un thé à l'anglaise au Temple  » montre Mozart et Jélyotte donnant un concert privé devant Mme de Luxembourg, Mme de Mirepoix, Mme d'Egmont et sa belle-fille, la comtesse de BoufHers, Lorenzi, et d'autres personnages. Les «  gaffes  » de Lorenzi en société sont proverbiales, selon Walpole, 604, 611, 638, 639, 653, 657, 662, 700. V. Walpole, Correspondence, éd. Lewis, Oxford Univ. Pr. & Yale Univ. Pr., 1937, etc., passim, et VII, 208, où est reproduit le tableau. Lorenzini (Rousseau écrit à tort Lorenzi), domestiques de Mm0 de Vercellis. Ménage au service de Mmc de Vercellis de 1706 à sa mort en 1728. Contrairement aux allégations de Rousseau, ils figurent déjà dans un premier testament de leur patronne, établi en 1717 (Gaillard), 89, 91. Lorme (de)  : v. Delorme. Lors (Jean-Baptiste de), seigneur de Villardin, Lausannois père du mari de Mme de Warens, 53. Loys (Sébastien de)  : v. Warens (Sébastien de). Loyseau de Mauléon (Alexandre-Jérôme), 1728-1771. Avo¬ cat au Parlement de Paris (1751), défenseur de Calas (1762), conseiller à la Chambre des Comptes de Lorraine (1768). Voisin de Rousseau à Saint-Brice, près de Montmorency, où il fait sa connaissance vers 1759 (  ?). La rumeur publique attribuera à Rousseau, en 1764 ou 1765, un mémoire de Loy¬ seau, 594, 673-674. Sur sa défense du comte de Portes, v. Portes.
1208 Lucrèce. Héroïne romaine célèbre pour sa vertu, épouse de Tarquin Collatin. Sujet d'une «  tragédie en prose  » projetée par Rousseau, 467. Ludwig (Christian-Gottlieb), 1709-1773. Botaniste ne en Silésic; amené par un voyage en Orient, où il observe la fécondation artificielle des dattiers, à une classification assez proche de celle de Linné, et fondée sur les organes sexuels. Mais il travaille sur herbiers et dans les jardins botaniques, et fonde ses synthèses sur les travaux contemporains plutôt que sur des observations personnelles. Auteur de plusieurs ouvrages en latin entre 1737 et 1742. Linné lui dédie le genre Ludwi- gia, 764. Lulli ou Lully (Jean-Baptiste) (Giovanni-Battista Lulli), Florence ïôjz-Paris 1687. (Il semble avoir adopté l'ortho¬ graphe Eully avec la nationalité française.) Surintendant de la musique de Louis XIV. Son opéra Arm 'uk et Renaud, repré¬ senté à l'Opéra le 15 février 1686 — un de ses derniers ouvrages — reste un grand succès au xvnie siècle. Il est l'auteur de la musique d'un Triomphe de l'amour, livret de Quinault et Ben- serade, ballet représenté en 1681, 444. Lullin (Amédée, dit Ami), 1695-1756. Pasteur (1726), profes¬ seur d'histoire ecclésiastique (1737) puis recteur de l'acadé¬ mie de Genève. C'est à ce titre qu'il charge Rousseau de chercher à Paris un exemplaire de l'édition de la Bible dite de Sixte Quint, curiosité bibliophilique parue à Rome en 1590. Reste en correspondance avec Rousseau «  jusqu'à sa mort  », deux ans après leur rencontre, 467. Lutold, (orthogr. de R. pour Eeuthold), v. J. Burdet, La musique au Pays de Vaud [...], Lausanne, 1963, p. 552, n. 2, 166, 175. Luxembourg (Charles-François-Frédéric de Montmorency, duc de), 1702-1764. Prince de Tingry ; pair de France; maréchal de France en 1757. Il a épousé en 1724 Marie-Sophie Colbert de Seignelay, qui meurt en 1747; puis en 1750, Madeleine- Angélique de Neufville-Villeroy, veuve du duc de Boufflers. Il a servi en Espagne, à l'armée du Rhin, participé à la défense de Prague et à la retraite de Belle-Isle; aide de camp et lieu- tenant-général en Flandre, il prend part à la bataille de Fon- tenoy. Lieutenant-général en Normandie, il y a empêché un débarquement anglais. Son hôtel parisien, rue Saint-Marc, sur la lisière nord de la ville, a accès par les jardins sur le boulevard d'enceinte (622). A la belle saison, le maréchal et
1209 sa femme séjournent à leur château de Montmorency, où ils se trouvent les voisins de Rousseau à partir de 1759 (610-611). Leurs premières avances trouvent Rousseau réservé, 611. Ils lui rendent visite au Mont-Louis, 611, 613; il accepte leur hospitalité au petit château de Montmorency, 613-614, et est reçu à leur hôtel de Paris aussi bien qu'à leur château de Montmorency. Ils échangent leurs portraits contre celui de Rousseau peint par La Tour, 625. Deuils domestiques du maréchal, 649. Il présente Rousseau à Choiseul, 653, et lui demande plus tard s'il a parlé de Choiseul dans ses écrits, 680-681. Il envoie à Rousseau un chirurgien, le frère Come, 674. Offre de l'héberger en Touraine, 675'. Son attitude lors de la condamnation de l'Emile, 685-688. Affection de Rousseau pour le maréchal, 620-621. Sa confiance en lui, 628, 720; sa tristesse en apprenant sa mort, 732. Les lettres échangées entre le maréchal et Rousseau s'élèvent dans la C. C. à une cinquantaine, soit un peu moins qu'entre Rousseau et la maréchale. Aussi 621, 625, 628, 629, 631,632, 633, 634, 642, 648, 649-651, 653-674, 675, 676, 68o, 682, 685, 7°3> 7'9, 732. 733. 777- Luxembourg (Madeleine-Angélique, née de Neufville-Ville- roy), 1707-1787. Épouse en 1721 Joseph-Marie, duc de Boufflers, Rousseau la connaît alors, 611 ; puis devenue veuve (1747) elle se remarie en 1750 avec le duc de Montmorency, veuf lui-même, futur maréchal de Luxembourg. Selon Faur, cette union régularise une situation ancienne  : «  Mme de Bouf¬ flers aimait M. de Luxembourg et Mme de Luxembourg trouvait M. de Boufflers préférable à son mari. Cet accord fut d'abord un mystère, mais les époux l'ayant pénétré, et se trouvant liés par les mêmes torts, crurent devoir bannir les reproches, et faire tourner cet événement au profit de l'amitié. Les nœuds en furent plus resserrés ; et la contrainte tyrannique fut bannie entre eux.  » (Vie privée du Maréchal de Richelieu, Paris, 1791, II, 48.) MIIle de Luxembourg n'est pas moins pressante que son mari dans ses amabilités envers Rousseau. Elle voudrait le voir entrer à l'Académie française, 613. Rousseau exécute pour elle une copie de la Julie, 616, 619. Elle s'occupe de l'impression de l'Emile, 629, 660. Elle s'offre à retrouver et élever les enfants de Rousseau, 659. Son intervention, sollicitée par Rousseau, aboutit à la libération de Morellet, incarcéré à la Bastille, 632-634.
1210 Mais Rousseau est toujours intimidé en présence de la maré¬ chale, 611, 616, 628; il commet devant elle des impairs dont il redoute plus tard les suites, 626-627, 650-651. Il croit cons¬ tater qu'elle devient plus froide à son égard, 661 ; s'inquiète de son silence lors des bruits menaçants qui accueillent la publication de l'Emile, 668. Son attitude lors de la condam¬ nation du livre et de la fuite de Rousseau, 684-688. A Môtiers, Rousseau commence à la soupçonner, 720, 728, 732, et leur correspondance s'espace, bien que restant affectueuse de la part de la maréchale. Dans sa lettre à Saint-Germain en 1770, il hésite à l'inclure dans le complot, mais les doutes qui le travaillent sont visibles dans les Confessions, dont la rédaction est contemporaine. Voir Faguet, Les Amies de Rousseau ; H. Buffenoir, Etudes sur le xvmn siècle. La Maréchale du Luxem¬ bourg., Paris, 1924. Aussi 207, 390, 424, 599, 610, 612, 615, 617, 618, 620, 622, 625, 630, 631, 638, 642, 648-650, 652, 654, 655, 656, 658, 659, 661, 670, 677, 679, 680, 681, 682, 693, 710. Luxembourg (Mathieu-Frédéric de Montmorency-Luxem¬ bourg, comte de), 1756-1761. Fils d'Anne-François de Mont¬ morency-Luxembourg (1735-1761) et de Françoise-Pauline de Montmorency-Fausseux ; petit-fils du maréchal, et dernier du nom. Sa maladie et sa mort, 649. Mably (Antoinette de), née Chol. Née en 17.11, fille d'un riche conseiller du roi, contrôleur à la Monnaie de Lyon; épouse en 1732 le prévôt Mably, 309, 325. Mably (François-Paul-Marie Bonnot de), «  Sainte-Marie  », 1734-1785 ( ?). Ne semble pas avoir porte devenu homme le nom de Sainte-Marie, qui vient d'une terre de Mme de Mably. Quand Rousseau lui fut donné comme précepteur, l'enfant n'avait pas «  huit à neuf ans  », mais six à peine. C'est pour lui qu'est rédige en 1740 son Projet d'éducation, intéressant comme ébauche de l'Émile mais plus encore comme document autobiographique (deux rédactions de ce projet dans O. C., IV, 451), 309. Mably (Gabriel Bonnot, abbé de), 1709-1785. Frère du prévôt. Juriste, historien et économiste. Lorsque Rousseau fit sa connaissance en 1741, l'abbé de Mably avait des relations dans le monde de la diplomatie et des lettres; il allait être un des collaborateurs du cardinal de Tencin au ministère des Affaires étrangères. Sa carrière d'écrivain commence en 1748 avec son Droit public de l'Europe. Rousseau dit lui devoir
1211 l'idée d'un extrait des ouvrages de l'abbé de Saint-Pierre (483) ; mais plus tard il l'accuse, 735-736, de l'avoir plagié. Aussi 325, 327, 334, 343, 602. V. Aurenche, R. et Mably, et l'introd. de l'éd. Lecercle (Paris, 1972) des Droits du Citoyen, 1789. Mably (Jean Bonnot, seigneur de), 1696-1729. Frère du philo¬ sophe Condillac. Prévôt général de la maréchaussée des pro¬ vinces de Lyonnais, Forez et Beaujolais au temps où il emploie Rousseau comme précepteur de ses enfants, 308, 310-311, 327, puis le reçoit à dîner, 325. V. les livres d'Aurenche et de Grosclaude cités p. cxxxn. Maillebois (marquis de), 1682-1762. Commande les troupes françaises en Corse en 1739 et pacifie l'île (alors possession génoise) de janvier à octobre. Il est encore sur place lorsqu'il est nommé maréchal de France en 1741; muté en 1742. (Serv. histor. de l'Armée, Ancien Régime, 210), 772. Maine (Louise de Bourbon, duchesse du), 1676-1753. Petite-fille du Grand Condé, a épousé Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine, fils de Louis XIV. Compromise dans la conspiration de Cellamare contre le Régent. Son salon politique et litté¬ raire, à Sceaux, est fréquenté notamment par Voltaire, 501. Mairan (Jean-Jacques Dortous de), 1678-1771. Mathématicien, membre de l'Académie des Sciences, fait partie de la commis¬ sion chargée d'examiner le système de notation musicale de Rousseau en 1742 (330). Mairan, qui s'est lié avec Montes¬ quieu à Bordeaux, entre à l'Académie française en 1743. Il fréquente Mme Dupin, Lambert, de Tencin. Rousseau le voit encore lors du séjour à Montmorency, 602, 604. Malebranche (Nicolas de), 1638-1715. Philosophe oratorien, cité par Rousseau parmi ses lectures des Charmettes, 273. (Cf. le Verger de Mmc la baronne de Warens.) Sur Rousseau lecteur de Malebranche, v. l'article d'E. Bréhicr, Rev. Internationale de Philos., I, 1938-1939, pp. 98-120. Malesherbes (Chrétien-Guillaume de Lamoignon de), 1721- 1794. Premier président de la Cour des Aides; directeur de la Librairie — c'est-à-dire chef de la Censure. Cette position lui permit d'exercer la plus libérale protection sur les Ency¬ clopédistes et Rousseau, de 1747 à la Révolution — où il périt guillotiné — sauf une brève interruption de 1770 à 1774. Rousseau lui adresse dans l'hiver 1761-1762 quatre lettres qui
1212 constituent un important témoignage autobiographique (416) (elles sont publiées 0. C., I, 1130-1147), Il lui demande d'essayer de se procurer une lettre écrite en 1731 à La Marti- nière, 176. Rôle de Malesherbes dans l'impression de la Nouvelle Héloïse, 602-605 > dans l'impression de l'Émile, 629, 660, 662, 665, 667-671, 676, 680, 681. Sa correspondance avec Rousseau telle que la publie la C. G. porte surtout, dans les derniers temps, sur des questions de botanique; elle est à corriger et compléter par les lettres et fragments inédits publiés par P. Grosclaude, Jean-Jacques Rousseau et Malesherbes, Paris, i960. Cet ouvrage éclaire le rôle de Malesherbes lors de la publication de l'Émile (voir aussi sur ce point Jimack, pp. 44-75) et de la condamnation de Rousseau  : après avoir pris ses précautions pour ne pas être compromis, il joua son rôle de directeur de la Librairie en ordonnant une perquisition chez le libraire Duchesne et la saisie des exemplaires du livre. Dans un document daté par P. Grosclaude d'environ 1780, il déclare avoir fait pré¬ venir Rousseau du décret de prise de corps (p. 108)  : «  Je le fis avertir de s'enfuir, il ne le voulait pas absolument [...] M. le prince de Conti lui en avait donné l'avis avant moi et il s'y était refusé [...] Je crois qu'ils auraient fini par le bannir [...] Enfin M. de Luxembourg seul le décida à partir et je crois que ce fut en lui disant que Mme de Luxembourg y serait compromise, ce qui cependant n'était pas vrai, car Mme de Luxembourg n'avait point du tout cette crainte, mais elle consentit qu'on s'en servît pour l'engager à pourvoir à sa sûreté.  » Le même document contient une relation de l'entrevue que Malesherbes eut au Temple, dans les derniers jours de 1765, avec Rousseau partant pour l'Angleterre. Après son retour en France, Rousseau reprit-il la correspondance avec Malesherbes  ? On ne connaît pas de lettres de l'un à l'autre dans la période qui va du séjour à Trye à l'installation à Paris (1770). On sait que Malesherbes avait confié à Rousseau des secrets de famille dans des lettres que le philosophe dut détruire, et qu'il eut communication de la Première Partie des Confessions. Malesherbes correspondit avec Moultou au sujet de la publication de ce livre, et souhaitait que la Seconde Partie ne vît pas le jour. Un intéressant jugement sur l'homme figure dans une lettre à Moultou du 25 juillet 1780  : «  Rousseau a consacré sa vie à la vérité. Il ne manquait point à ses principes quand il a écrit ce qu'il croyait vrai, quoique sa maladie l'entraînât dans l'erreur.  » (Grosclaude, p. 97.)
1213 Et à propos des Dialogues  : «  Qu'on est malheureux, dites-vous, d'être haï de tout l'uni¬ vers. Mais je crois que vous vous trompez. C'était au contraire sa jouissance la plus délicieuse.  » {Ibid., p. 113.) Dans son Mémorial st(r la Liberté de la Presse, 1789, Malesherbes écrit encore à propos de Rousseau  : «  Il se sentait le courage du martyre, il voulut en avoir la gloire.  » (Ibid., p. 115.) Malouin (Paul-Jacques), 1701-1778. Un des médecins qui ont soigné Rousseau, sur la recommandation de Mme d'Ëpinay, 432. Membre de l'Académie des Sciences, il avait assisté en 1742 à la lecture par Rousseau devant l'Académie de son mémoire sur une nouvelle méthode de notation musicale. Maltor (Antoine), 1689-1767. Licencié en droit de la faculté de Paris. Secrétaire de l'ambassadeur Du Luc à Soleure, il y a connu Jean-Baptiste Rousseau, 595. Plus tard curé de Groslay (Rousseau orthographie Grosley), en Seine-et-Oise, près de Montmorency, il y noue des relations avec Jean-Jacques. Mandar (Jean-François), Rousseau orthographie Mandard, 1732-1803. Oratorien, enseigne la théologie à Montmo¬ rency, 683. Plus tard, en 1772, il prêche devant le roi le pané¬ gyrique de Saint-Louis. Supérieur en 1782 du séminaire Saint-Magloire, puis professeur au collège de Juilly. Émigré en 1790, il passe pour avoir refusé un évêché sous Bonaparte, comme il l'avait fait sous Louis XV. Le récit de son voyage à la Grande-Chartreuse en 1775 (Rousseau a fait la même excursion en 1768), imprimé d'abord dans les Affiches du Dauphins (1776), puis séparément à Paris en 1782, avec une traduction latine de son ami le père Viel, a été reproduit par plusieurs voyageurs. Marcet de Mézières (Isaac-Ami), 1695-1763. Bourgeois libéral de Genève, ami du père de Rousseau. Jean-Jacques fait sa connaissance en 1737, et le retrouve en 1754, 467. Auteur d'une comédie, Diogène à la campagne (1758), représentée sans succès à Carouge près de Genève. Maréchal (Milord)  : v. Keith (George). Margency (Adrien Quiret ou Cuyret, seigneur de), né en 1727. Son père acquiert en 1731 la terre de Margency près de Montmorency, dont le fils devient seigneur. Gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, ami de Grimm, poète mineur du cercle d'Holbach. Amant de Mme de Verdelin, il se détache d'elle en 1760 après la mort de sa femme et tombe dans la
1214 dévotion (Roth, Corr. Diderot). Il accompagne Mme d'Épinay lors d'une visite de celle-ci à Rousseau à l'Ermitage, 531. Aussi 458, 602, 604, 605. V. Faguet, Amies de Rousseau (Mme de Verdelin). Mari (Don Estéban, ou à l'italienne Stefano, De Mari Centurion). Mort en 1749 à Venise, où il est ambassadeur d'Espagne depuis 1741. Il appartient à la famille illustre des De Mari, dont les origines entourées de légende remonteraient à Charlemagne, et dont l'existence est attestée au début du xne siècle à Florence et Naples. Nicolo De Mari a été en 1680 ambassadeur auprès de Louis XIV (0. C., I, 1391, et Spreti, IV, 388), 353, 355, 368. Mariane ou Marianne (P.-P. Plan donne les dates douteuses 1701-1782 et le prénom Antoine). Secrétaire à Constantinople de l'ambassadeur Bonac à partir de 1716 ; ce dernier l'amène avec lui à Soleure en 1725. Chargé d'affaires entre le départ de Bonac et l'arrivée de Courteille (1736-1738), puis à diverses reprises jusqu'à 1745 pendant les absences de Courteille. Il est encore secrétaire d'ambassade en Suisse à la fin de 1749, et vit encore en 1780 où il fait obtenir à son neveu Antoine Mariane ou Marianne, né à Carcassonne en 1744, le vice- consulat de Naples. Il est mort avant 1790, où une lettre du neveu mentionne «  feu mon oncle  » (Arch. Min. Aff. Étr., Dossiers indiv., vol. 48), 176-177. Marion. Servante de Mme de Vercellis, faussement accusée par Rousseau du vol d'un ruban, 91-95. Marischal ou Marshall  : v. Keith (George). Marivaux (Pierre Carlet de Chamblain de), 1688-1763. Introducteur en France du journal moral et littéraire à l'imi¬ tation du Spectator anglais, 121-122, Marivaux est célèbre, à l'époque où Rousseau fait sa connaissance, à la fois comme romancier, auteur de ia Vie de Marianne dont les onze parties s'espacent de 1731 à 1741, et du "Paysan parvenu (1735-1736), et comme dramaturge  : en 1742 il a déjà donné à la Comédie- Française ou à la Comédie-Italienne une vingtaine de pièces dont le Jeu de l'amour et du hasard (1730) et le Legs (1736), comédie d'actualité en 1737, lors du voyage de Rousseau à Montpellier (289). Il retouche le Narcisse de Rousseau, 334, travail sur lequel on n'a pas de renseignements. Marmontf.l (Jean-François), 1723-1799. Connu d'abord comme poète lyrique et dramatique, protégé de Voltaire puis de
1215 Mme de Pompadour, il obtient le privilège du Mercure de France, entre à l'Académie française (1763) dont il deviendra en 1783 le secrétaire perpétuel; il occupe encore ce poste lorsque l'Académie met au concours pour le prix d'éloquence en 1789 l'éloge de Rousseau (le même honneur avait été accordé dix ans plus tôt à Voltaire). Les sentiments de Mar- montel à l'égard de Rousseau sont apparents dans ses Mémoires posthumes où il donne une version sans indulgence des démê¬ lés de Rousseau avec Diderot. Son hostilité daterait de la Lettre à d'Alembert, 592. Aussi 599. Marmontel est l'auteur de Contes moraux et de romans «  philosophiques  » à cadre historique, Bélisaire (1766), les Incas (1777). Martinet (Jacques-Frédéric), 1713-1789. «  Châtelain  » (charge correspondant à peu près à celle de maire) du Val-de-Travers. Semble avoir défendu les intérêts de Rousseau dans ses démêlés avec les autorités, notamment contre le pasteur Montmollin, 703, Masseron (Jean-Louis), 1686-1753. Greffier de l'hôtel de ville de Genève de 1710 à 1715. Rousseau fut en apprentissage chez lui pour une courte période fin 1724 ou début 1725 (Ritter), 32, 124. Mathas (Jacques-Joseph), décédé le 31 décembre 1762. Procu¬ reur fiscal ( = «  officier qui exerçait le ministère public auprès des justices seigneuriales  » — Littré) auprès du tribunal de bailliage de Montmorency depuis 1733. Offre asile à Rousseau dans sa maison de Mont-Louis à Montmorency lors du départ de l'Ermitage, 575, 621, 673, 677. Maugis. Tient rue Saint-Séverin à Paris un café fréquenté par les nouvellistes et les joueurs d'échecs, 335. Mauléon  : v. Loyseau de Maliléon. Maurepas (Jean-Frédéric Philippeaux, comte de), 1701-1781. Fils et petit-fils de ministres des rois de France. Secrétaire d'État à la Marine. Renommé pour son bon jugement, allié à sa légèreté et à son indolence, 354, 357, 366. Mécène. Riche et influent protecteur du poète latin Horace; Grimm, à en croire Rousseau, prétendait jouer à son égard le même rôle, 551. Mellarède (Marie-Anne de), née vers 1718, fille du ministre de l'Intérieur du roi de Sardaigne Pierre de Mellarède, comte de Bettonet, qui habitait dans la Grande Rue à Chambéry.
1216 Elle épousera, après avoir été l'élève de Rousseau (217), Jean-Baptiste Morand, puis en 1754 Joseph-François, comte de la Valdisère et de Sainte-Hélène. Son frère Ami-Philibert, abbé commendataire de Talloires, a été l'élève de l'abbé Gaime (Mugnier). Mellarède (Pierre de, Pietro Mellarède), Montmélian (Savoie) 1659-Turin 1730. D'abord simple magistrat de Chambéry, chargé en 1703 d'une mission en Suisse dont le succès lui valut d'autres missions, notamment au congrès d'Utrecht, en 1712-1713, avec le marquis Solaro del Borgo, et en Angle¬ terre. En 1717 il est chargé de la secrétairerie d'État pour l'Intérieur, 98. Menoux (Joseph de), Rousseau orthographie Menou, 1695- 1760. Religieux jésuite, prédicateur ordinaire de Stanislas, roi de Pologne. Selon Rousseau, aurait collaboré à la réfutation par le roi du Discours sur les sciences et les arts, 433. V. l'éd. Havens du Discours, Introduction. Menthon (Marguerite de Lescheraine, comtesse de), 1691- 1755. Fille d'un président de la Cour des Comptes de Savoie. Épouse en 1714 le comte Bernard de Menthon de Montrottier; les époux habitent rue de la Juiverie à Chambéry. Parmi les «  brouilleries  » dont parle Rousseau à son sujet (220) figure une assez sérieuse affaire de libelles, survenue en 1728 et étudiée par G. Daumas (art. cité); mais bien que le jeune comte de Bellegarde — qui appartient à la maison d'Entre- mont — y fût mêlé, elle n'eut pas de «  suites fatales  » pour la future carrière diplomatique de l'intéressé. Aussi 221, 243. Menthon (Mile de), on pense que l'élève de Rousseau est Françoise-Sophie, née en 1729, fille du comte Bernard de Menthon; elle épousa en 1746 Jean-Louis de la Saulnière, comte d'Amézin, marquis d'Yenne et de Chevelu (v. Amézin), 218, 244. Merceret (Anne-Marie), Salins v. 1710-Fribourg 1783. Femme de chambre de Mme de Warens à Annecy. C'est par sa mère seulement qu'elle est de Fribourg, où la famille s'installera en 1730 et où elle-même se mariera en 1738. Son père, Franc- Comtois, est organiste de la collégiale Notre-Dame à Annecy de 1720 à 1730. Rousseau la vieillit un peu en lui donnant 25 ans en 1730, 159; il est plus près de la vérité lorsqu'il la dit, 147, «  un peu plus âgée que [luij  » (Courtois). Aussi 115. i36> 159-162·
1217 Merveilleux (David-François), mort en 1748. Les régiments des gardes suisses comptent plusieurs officiers de ce nom, originaires de Neuchâtel. David-François a servi lui-même (mais je n'ai pas trouvé son nom dans les registres des troupes suisses) avant d'être secrétaire-interprète aux Grisons (fonc¬ tions attestées par les Arch, des Aff. Étr. pour 1709-1711). Il est l'auteur des Amusements des bains de Bade, Londres, 1739. Ce n'est pas lui, précise Musset-Pathay, que Rousseau a mis en scène dans la Nouvelle Hèloïse (ire partie, lett. 40 et 43); sur cet épisode du roman, v. Annales, VII, 198. David-François, en 1731, serait secrétaire-interprète de l'am¬ bassade à Soleure lorsqu'il recommande Rousseau comme précepteur pour le neveu (ou petit-neveu) de Gaudard, 177. Merveilleux (Mme de), belle-sœur du précédent, selon Rous¬ seau. Les renseignements obtenus d'un descendant de la famille par M. Gagnebin, et que ce dernier a bien voulu me communiquer, font croire qu'il s'agirait plutôt de sa femme. Si Rousseau n'a pas fait erreur, Mme de Merveilleux serait la femme de Charles-Frédéric Merveilleux (et non de Mer¬ veilleux), de Neuchâtel, que les Arch, du Service historique de l'Armée (Yb 348, mémoire du 3 sept. 1741) donnent comme servant en tant qu'officier aux gardes suisses depuis 1710, avec commission de capitaine depuis octobre 1731; il commande en second un régiment «  avec caractère de lieutenant-colonel  » en 1741, 180-182. Merveilleux «  officier aux gardes  », fils de Mme de Merveil¬ leux. Non identifié, 180. Mesme ou Mesmes (Anne-Marie, née Feydeau de Brou, mar¬ quise de), 1732-1819. Fille d'un conseiller au parlement de Paris devenu garde des Sceaux. Elle épouse en 1749 Joseph, chevalier, marquis de Mesmes, maréchal de camp des armées du roi. Elle assiste en 1771 à une lecture de la Seconde Partie des Confessions, 780. Meuron (Samuel de), 1703-1777. Conseiller d'État de Neu¬ châtel en 1739, procureur général en 1764. Soutient efficace¬ ment la cause de Rousseau contre les pasteurs, 744, 755. Micheli du Crest (Jacques-Barthélemy), Rousseau orthogra¬ phie du Cret, 1690-1766. Genevois qui, après avoir servi comme capitaine en France (il existe une compagnie de ce nom aux gardes suisses au début du siècle), travaille à Genève comme ingénieur et topographe. En 1728, un mémoire impri-
1218 mé à Strasbourg (mais non publié, précise Rousseau), et critiquant, à l'adresse du Conseil des Deux-Cents, dont Micheli fait partie, les plans de fortification de Genève, vaut à ce dernier d'être censuré, déchu de ses droits, puis condamné à mort pour crime de lèse-majesté (1735). Vivant en exil, il continue à polémiquer contre la politique genevoise, notam¬ ment contre la Médiation de 1738. Un nouveau procès lui est fait par les autorités de Berne qui l'accusent de complot et le condamnent à l'emprisonnement perpétuel (1749). Il est alors enfermé à la forteresse d'Aarbourg (Rousseau ortho¬ graphie Arberg, 250) où il meurt le 29 mars 1766 (et non en 1760 comme le dit Van Be ver). Il est donc encore en vie lorsque Rousseau, à l'île de Saint-Pierre, en 1765, lui envie cet emprisonnement, 767. Rousseau connaissait ses écrits, comme le prouve la IXe des Lettres de la Montagne ; les idées de Micheli sur la constitution de Genève étaient plus proches des siennes qu'il ne le croyait (Spink). V. J.-S. Spink, ILousseau et Genève, et la note de l'éd. Gagnebin- Raymond, p. 1335, qui se réfère aux recherches inéd. d'A. Corbaz. Minard. Peut-être l'abbé Minard qui collabore à des écrits contre les Jésuites publiés en 1762, 597, 672-673. Minerve. Le nom de la déesse de la sagesse (652) est employé comme nom commun, 232. Minutoli. Officier de garde aux portes de Genève en 1718, 44. Miran (M. de), neveu de M. D upin, «  avait un emploi à la saline  » à Salins, 469, 692. Mirepoix (Pierre-Louis de Levis, marquis de), 1702-175 7. Brigadier en 1734, ambassadeur à Vienne de 1737 à 1740, sert comme maréchal de camp en Bohême. Lors du départ de Rousseau pour Venise il commande en Provence depuis un an (346); en janvier 1744 il passe à l'armée de Piémont comme maréchal de camp sous les ordres du prince de Conti, et est nommé en mars lieutenant-général. Il sert en Flandre dans cette qualité en 1747, puis dans le comté de Nice. Ambas¬ sadeur extraordinaire en Angleterre de 1749 à 1755, il est appelé duc de Mirepoix par brevet du roi d'Angleterre à partir de 1751. En 1755 il succède à Richelieu comme gou¬ verneur du Languedoc. Fait maréchal de France en 1757, il meurt le 25 novembre de la même année. Il a épousé en 1733 Anne-Gabrielle-Henriette Bernard, décédée en 1736; puis en
1219 1739 Anne-Marguerite-Gabrielle de Beauvau-Craon, Grande d'Espagne. (La Chesnaye-Desbois et Arch, de l'Armée.) Mirepoix (Anne-Marguerite-Gabrielle, née de Beauvau-Craon, marquise de), née en 1707. Grande d'Espagne. Seconde femme du marquis de Mirepoix, plus tard duc et maréchal de France, qu'elle a épousé en 1739. Elle fréquente les salons de Mme Dupin, (339) et de Mme de Luxembourg, (688). Le portrait que ttace d'elle Rousseau (ibid.) est à comparer avec ceux qu'en donnent Horace Walpole («  fausse, artifi¬ cieuse, insinuante  ») et Mme Du Deffand, tels que les rapporte Musset-Pathav, II, 247. Elle aurait arrangé le premier souper auquel prit part Louis XV chez la Du Barry en 1769. Aussi 128, 627. Modène (duc de), François III, duc en 1737, mort en 1780. Réformateur intelligent, dont le duché n'eut qu'à se louer. Favorable à la France, il est en 1742 chassé de ses États par l'armée sarde ; ainsi s'explique sa visite à Venise au temps où y était Rousseau (365-366). Rentré dans ses États à la fin de la guerre de la Succession, il embellit la ville de Modène, restaurant l'université où il appelle des professeurs de valeur, et ouvre des routes. En 1771 il publie un code législatif pour ses États. {Enciclopedia italiana.) Moiry de Gingins  : v. Gingins de Moiry. Molière, 1622-1673. Lecture de ses œuvres par Rousseau enfant, 8; allusions au Misanthrope (le sonnet d'Oronte), 501 ; aux Fourberies de Scapirt, 540; à George Dandin, 557. Mondonville (Jean-Joseph Cassanea de), 1715-1773. Vio¬ loniste et compositeur; fait campagne contre la musique italienne en France et obtient le renvoi des Bouffons, 454. Montaigne (Michel de), 1538-1592. Sur la comparaison avec Montaigne dans le préambule du manuscrit de Neuchàtel, v. variantes, p. 787, et Introduction, p. xn. Au lendemain de la mort de Rousseau, le parallèle avec Montaigne, est esquissé dans la 3e lettre du Portrait de /.- J. Rousseau par Longueville, Amsterdam et Paris, 1779. Aussi 608. Montaigu (Louis-Gabriel-Christophe de -, le Chevalier). Colonel- brigadier d'infanterie, «  gentilhomme de la manche  » (ν. 1. VII, 345 (n. 2) du Dauphin, futur Louis XVI; frère cadet du comte de Montaigu, ambassadeur à Venise, 345, 367. Montaigu (Pierre-François-Auguste, comte de), 1692-1764. Après avoir fait campagne aux Pays-Bas il quitte la carrière
1220 militaire avec le grade de capitaine de grenadiers aux gardes françaises, est nommé ambassadeur à Venise et prend Rous¬ seau comme secrétaire (345-369, 381-384, 600, 653). Voir livre VII, 345 (n. 1-3), 346 (n. 1). Consulter sa Correspon¬ dance diplomatiqtte, publ. par J. Souchon, Paris, 1915, et, avec précaution, Aug. de Montaigu, Démêlés du comte de Montaigu (...) et de son secrétaire J.-J. Rousseau, Paris, 1904. Montauban (M. de)  : v. La Tour du Pin. Montesquieu (Charles de Secondât, baron de), 1689-1755. Sur sa «  réfutation  » par Dupin et le jésuite Berthier, 384, v. A. François, «  Rousseau, les Dupin, Montesquieu  », Annales, XXX, 1943-1945, pp. 47-64. Pastiche par Rousseau du style «  philosophique  » de Montesquieu, 448. Anecdote de sa querelle avec le P. Tournemine, 587-588 et infra, Tour- NEMINE. Les Confessions ne suggèrent nulle part que «  l'illustre Mon¬ tesquieu  » (ihid.) ait été un maître à penser de Rousseau. Son influence est pourtant présente à travers toute l'œuvre de Rousseau, mais la question, complexe, est encore mal éclair- cie (v. R. Derathé, «  Montesquieu et J.-J. Rousseau  », Rev. int. de philos., Bruxelles, 1955, et E. Durkheim, Montesquieu and Rousseau, Forerunners of Sociology, Ann Arbor, Univ. of Michigan Press, i960). L'épisode des Troglodytes dans les Lettres persanes apportait des arguments à la thèse du Discours sur les sciences et les arts (où Rousseau a pu se souvenir aussi des lettres 105 et 106 sur le mauvais usage des sciences); les lettres 83 et 84, faisant état d'un sens inné de la justice chez l'homme, peuvent être rapprochées de la Profession de foi du vicaire savoyard (v. R. Grimsley, dans French Studies, V, 1951, p. 305). La définition négative de la liberté dans l'Emile et la 6e Promenade (ne pas faire ce que l'on ne veut pas) vient de l'Esprit des lois  ; Montesquieu est naturellement souvent cité, admiré et critiqué dans le Contrat social, dont le quatrième livre, constituant une application historique au cas de la Rome antique, procède du même esprit que les Considérations. C'est peut-être aussi l'influence du style, mais surtout celle de la méthode de Montesquieu qu'il importerait d'étudier chez Rousseau ; on peut regretter à cet égard que la Morale sensitive n'ait jamais vu le jour (v. p. 485, n. 1), et observer la place considérable que tient dans l'œuvre de Rousseau — beaucoup plus réaliste et beaucoup moins doctrinaire qu'on ne l'a dit — le principe de
1221 relativité  : lorsque Rousseau écrit dans le Contrat (1. IV, ch. 4) «  Comme le régime des gens sains n'est pas propre aux malades, il ne faut pas vouloir gouverner un peuple cor¬ rompu par les mêmes lois qui conviennent à un bon peuple  », personne ne songe à l'accuser de contradiction ; n'est-ce pas pourtant la même thèse que défendent (fort commodément pour l'auteur, il faut en convenir) les préfaces de Narcisse et de la Nouvelle Héloîse  : Les romans et le théâtre sont condam¬ nables en soi, mais «  il faut des romans aux peuples corrom¬ pus  »  ? Voir Robert Shackleton, Montesquieu, A. Critical Biography, Oxford University Press, 1961, et R. Derathé, Rousseau et la science politique de son temps, Paris, 1950. Montmollin (Frédéric-Guillaume de), 1709-1783. Professeur de belles-lettres à Neuchâtel de 1737 à 1741, pasteur de Métiers de 1742 à sa mort. Sur ses démêlés avec Rousseau v. F. Berthoud, Rousseau et le pasteur de Montmollin, Fleurier, 1884, et Claire Rosselet, «  l'Affaire Rousseau-Mont - mollin,  » Musée neuchâtelois, 1934, 715-716, 739-747. Montmorency (Anne-François, duc de), 1735-1761. Fils du maréchal de Luxembourg et de sa première femme Marie- Sophie Colbert de Seignelay, 649. Montmorency (Henri II, duc de), 1595-1632. Dernier repré¬ sentant de la branche aînée, exécuté en 1632 à Toulouse, 610. Montmorency (Louise-Françoise-Pauline, duchesse de), née de Montmorency-Fausseux en 1734, épouse en 1752 le duc Anne-François de Montmorency, fils du premier lit du maré¬ chal de Luxembourg, 612, 621. Montpipeau (Louise-Michelle, née Aubry, marquise de), fille d'un receveur général des finances de Rouen, épouse en 1683 Charles de Rochechouart, marquis de Montpipeau. La terre de ce nom, près de Beaugency, est dans la famille depuis le début du xve siècle. La branche des seigneurs et marquis de Montpipeau, issue de celle de Mortemart, s'éteint en 1741 avec la mort de Charles [II] de Rochechouart, né en 1684, 390. V. L.V.L., comte de Rochechouart, Histoire de la maison de Rochechouart, Paris, 1859, Morale sensitive (la), ou le Matérialisme du sage, 485, 608, 719-720. Morand (Sauveur-François), 1697-1773. Chirurgien en chef dans plusieurs hôpitaux parisiens, membre de l'Académie des sciences; soigne Rousseau en 1750-1751, 428, 432, 674. Morandi. Marchand à Venise, 369.
1222 Morellet (André), 1727-1819. Abbé lettré, d'origine lyonnaise, collaborateur de l'Encyclopédie. Auteur de la Préface de la comédie des Philosophes ou Vision de Charles Palissot, où pour défendre Diderot il attaque, avec Palissot, la protectrice de ce dernier, M"18 de Robecq, alors mourante. Démarches de Rousseau à la suite de cette affaire, 632-635. Rousseau, à Môtiers, recevra un livre de Morellet et lui fera transmettre ses remerciements et amitiés (C. C., XIV, 80). Morlane. Valet de chambre et chirurgien du maréchal de Luxembourg, 650, var. b. Moultou (Paul), 1725-1787. Originaire de Montpellier. Pasteur en 1754; citoyen de Genève en 1755, peu après avoir fait en cette ville la connaissance de Rousseau. Leur correspondance comprend dans la C.G. près de 150 lettres. Il renonce au ministère par scrupule de conscience. Rousseau le consulte sur la Profession de foi du vicaire savoyard; et lors de la condamnation de VÉmile à Genève Moultou prend la défense de son ami. Il séjourne chez lui à Môtiers en 1763, 728, et Rousseau songe à faire de Moultou son exécuteur testamen¬ taire, 672. En 1778, à Paris, il se voit confier par Rousseau un manuscrit des Confessions (celui dit de Genève) dont il publiera avec Du Peyrou la Première Partie. V. Francis de Crue, l'Ami de Rousseau et de Necker, Paul Moul¬ tou à Paris [en 1778] d'après ses lettres inédites, Paris, Cham¬ pion, 1927; et le livre de Ch. Guyot déjà cité sur Du Peyrou. Mouret (Jean-Joseph), Avignon 1682-Charenton 1758. Compo¬ siteur au service de la duchesse du Maine à partir de 1707 environ, donne à Paris et à Sceaux ses premiers ballets en 1714; directeur musical du Concert spirituel de 1728 à 1734. Auteur de plusieurs opéras et opéras-ballets, de Divertissements pour la Comédie-Italienne, et d'une œuvre instrumentale consi¬ dérable, publiée en 1739, 155, 444 (n. 1). Muses galantes (les), 343, 373, 401, 439, 444, 548, 653. Mussard (François), 1691-1755. Joaillier genevois établi à Passy, où sa maison (sur l'emplacement du square de l'Alboni actuel) est proche de l'Établissement des Eaux, de la propriété de La Poplinière et de celle de la comtesse d'Egmont. Il devient dans sa retraite conchyliologue, 441-442. Rousseau fréquente sa maison à partir de 1750 environ (ibid.) et y ren¬ contre notamment l'abbé Prévost, Lenieps, etc. (443). V. aussi 397, 733. V. Tiersot, Jean-Jacques Rousseau, Paris, 1912, pp. IOO-IOI.
1223 Mussard (Louise-Anne-Marie)  : v. Valmalette (Mme de). Mussard (Pierre), 1690-1767. Syndic de Genève, négocie à Paris en 1747 un traité franco-genevois, y fait alors la connais¬ sance de Montesquieu, et se charge de préparer à Genève, avec Jacob Vernet, la publication de Γ Esprit des lois; il négocie encore en 1754 le traité par lequel l'État sarde recon¬ naît l'indépendance, contestée par lui depuis des siècles, de la république de Genève. Rousseau assiste à la réunion du conseil qui assermente Mussard à cet effet, 466. C'est ensuite Mussard qui fait inscrire Rousseau, à un taux très modeste, dans le rôle des gardes (C. C., III, 34). V. R. Shackleton, Montesquieu, p. 240. Mussard (dit Tord-Gueule). Peut-être François-Robert Mus¬ sard (Genève 1713-Paris 1775) établi peintre en miniatures à Paris en 1735 (plusieurs œuvres de lui au Rijksmuseum d'Amsterdam), 108. Nadaillac (Mme de), abbesse de Gomerfontaine (Oise, près de Chaumont-en-Vexin). Dépositaire, de 1768 à 1770, de papiers de Rousseau, 644, dont un «  cahier de confessions  ». Dans la correspondance avec Du Peyrou et d'autres amis, Rousseau l'appelle — pour garder le secret sur le lieu où sont déposés ses papiers — «  la dame à la marmelade de fleur d'orange  ». Dans une lettre à Du Peyrôu du 6 janvier 1768 (C.G. XVIII, 53) Rousseau dit d'elle  : «  Cette dame est jeune, bonne, très aimable  ». Ce pourrait être une nièce des deux religieuses de cette famille mentionnées par La Chesnaye-Desbois  : Jeanne- Anne, religieuse aux Carmélites de Limoges, et sa sœur Claire, religieuse en l'abbaye de Leyme, en Quercy, fille de François du Pouget de Nadaillac, marquis de Nadaillac, en Quercy, 1665-1749, et d'Aimée-Éléonore de Plas. Nanette. Anne-Toinette Champion, née en 1710, a trois ans de plus que Diderot dont elle fait la connaissance en 1741 et qu'elle épouse à la fin de 1743 en cachette du père de Diderot, 409. Nangis (Nangy) (Jean-Baptiste-François, comte de), 1701- 1778. Officier dans l'armée sarde, général d'infanterie puis inspecteur des armées, 241-242. Voir aussi Entremont. Nani (Zanetto), noble vénitien dont Rousseau est amené à payer une dette contractée en France, 359-360, 384. Ce nom est porté par une famille dont les origines peuvent
1224 être retracées jusqu'au xne siècle, distinguée dans la diplo¬ matie et les lettres. Un Giovanni Battista Nani, 1616-1678, ambassadeur en France de 1643 à 1668, puis en Autriche, est l'auteur d'une célèbre Histoire de la république de Venise (1662), dont existaient du temps de la jeunesse de Rousseau deux traductions françaises au moins, 8. Au xvine siècle le représentant le plus illustre de la famille (qui s'éteint avec Jacopo, né en 1725) est Antonio Nani, 1665-1742, plusieurs fois inquisiteur d'État ; son fils aîné Bernardo, né en 1712, est connu comme collectionneur de manuscrits. Un Giovanni Nani est évêque de Brescia; son frère Jacopo, mort vers 1800, est un lettré versé en matière d'archéologie (Spreti, IV, 764). Narcisse. Personnage mythologique épris de lui-même. Rousseau lui compare Jonville, 601. Narcisse, 13;, 328, 334, 400, 458-459. Néaulme (Jean), 1694-1780. Libraire à Amsterdam, La Haye, Leyde et Berlin, retiré en 1763. Rousseau l'a connu par son confrère parisien Guérin, 595. Il imprime l'Êmile, 629, 66o, 664, 668, 681. V. thèse dactylographiée de Ν.-Ε. Kay, Leeds, 1931. Noeray (Claude-François), Rousseau orthographie Noiret. Capitaine grenadier, puis major, au régiment de Tarentaise, plus tard commandant du château d'Annecy ; propriétaire d'un domaine aux Charmettes, qu'il loue à Mme de Warens, 258, 277, 278 (Mugnier). Sur la date de l'installation dans cette maison, v. les études citées de G. Daumas et de Mme de Saussure. Noiret  : v. Noeray. Nonant (Commandeur de). Vraisemblablement Anne-Hilarion, chevalier de Malte, commandeur de Villedieu, capitaine au régiment de Provence, mort à Paris le 17 octobre 1763 à 74 ans, second fils de Jacques du Plessis, marquis de Plessis-Châtillon et de Nonant, maître de camp de cavalerie (mort en 1704) et de Jeanne-Marie Fradet de Saint-Août, comtesse de Châ- teaumeillant. Commensal de Rousseau à Paris vers 1745, 403. V. J. Voisine, dans Repue des Sciences humaines, avr.-juin 1963. Nouvelle He'lofse  : v. Julie. Olivet (Antoine), Marseillais, capitaine d'un navire marchand, aidé par Rousseau lors d'un incident survenu à Venise, 3 5 7- 358. 366, 375. Oraison funèbre du feu duc d'Orléans, 672.
1225 Orléans (Louis), (duc d'), 1703-1752, fils du régent Phi¬ lippe II d'Orléans, 672. Orme (de 1')  : v. Delorme. Orondate. Prince scythe, amant de Statira, fille de Darius, dans le roman en 10 volumes Cassandre (1642-1645) de La Calprenède, que lit Rousseau enfant, 8. Orphée. Personnage mythologique incarnant le génie musical, 258. Ovide, 43 avant-16 après J.-C. Après avoir lu enfant les Méta¬ morphoses du poète latin, Rousseau fait de lui le héros d'un acte de ses Muses galantes, 34;. Il empruntera au recueil des Tristes, composé en exil à Tomes, sur la mer Noire (liv. V, élégie X) l'épigraphe du paradoxal premier Discours, si caractéristique de la singularité dont se réclame Rousseau  : Barbarus hic ego sum, quia non intelligor illis. Ozanam (Jacques), 1640-1717. Mathématicien précoce, qui commence à se faire connaître à Lyon, d'où d'Aguesseau l'appelle à Paris. Membre de l'Académie des sciences en 1701. Auteur de nombreux ouvrages de mathématiques, dont les Récréations mathématiques et physiques, Paris, 1694 — encore réimprimées au début du xixe siècle, 252, var. b. Padoana (Giustina). Courtisane vénitienne identifiée par un rapport de police de 1742 publié par V. Ceresole, J. Rousseau à Venise, pp. 106-107, 374> 37^> 42®> 601. Palais ou Palazzi (Jean-Antoine), identifié par G. Daumas, Réf. Sc. hum., 1952, pp. 214-218. Cet abbé piémontais, né près de Turin, était en 1730 bibliothécaire adjoint à l'univer¬ sité de Turin ; il est bien en cour, avec des relations influentes. Il séjourne à Chambéry du milieu de 1732 (212) au début de 1734, et fréquente chez Mme de Warens (213-214). Rousseau l'accusera dans les Rêveries (6e Promenade, éd. Gamier, p. 154 des variantes) de s'être procuré un établissement en France en devenant «  traître et faux à [son] égard  ». Palissot de Montenoy (Charles), 1730-1814. Membre de la société royale de Lorraine et de l'académie des belles-lettres de Marseille. Adversaire des Encyclopédistes, mais se gardant d'attaquer Voltaire dont il se fit l'éditeur. Il ridiculise Diderot, d'Alembert et Rousseau dans sa comédie Les Originaux (plus tard intitulée Le Cercle), représentée devant le roi de Pologne en 1755 et provoquant un incident relaté à la fin du livre VIII
1226 (474). Il revient à la charge dans sa comédie Les Philosophes (1760), 631, 632. Pallu du Ruau (Bertrand-René), 1693-1758. Intendant de justice et finances à Lyon, membre du Club de l'Entresol, et plus tard (1742) de l'académie de Lyon ; traducteur de Métastase. 11 est célébré dans l'hpître à Bordes, écrite à Lyon en 1741, 325. V. Aurenche, Rousseau chez M. de Mably, pp. 112-116. Panurge. Rusé compère du Pantagruel de Rabelais, l'oratorien Bertier est comparé par Rousseau à Panurge pour certain sourire finaud qui l'alarme rétrospectivement, 596. Paoli (Pascal), 1725-1807. Nommé en 1755 chef des patriotes corses luttant pour l'indépendance de l'île, possession génoise difficilement maintenue en sujétion avec l'aide de corps expé¬ ditionnaires français. Avec le soutien de l'Angleterre, Paoli combat les Français lors de l'annexion par la France en 1769, puis se réfugie en Angleterre. La Révolution française, qu'il accueille avec enthousiasme, lui permet de regagner l'île (1790), mais il la livre aux Anglais et est mis hors la loi par la Convention. En 1764, recommandé à Rousseau par Butta- fuoeo, Paoli correspond avec lui, mais leurs lettres sont perdues, 770-771. Parisot (Gabriel), 1680-1762. Chirurgien-major de l'Hôtel- Dieu de Lyon, membre de l'académie de Lyon ; dédicataire d'une Épître en vers qui est un des premiers documents autobiographiques sur Rousseau (reproduite O.C., II, 1136- 1143), 248, 325-326, 337. V. Aurenche, J.-J. Rousseau chez M. de Mably, pp. 108-112. Patizel (Jean), abbé qui fait fonction de chancelier du consulat de France à Venise pendant le séjour de Rousseau, 357, 366. Peati (  ?), Rousseau appelle Peati, 362, et Piati, 374, un comte dont le nom lui échappe et qui est vraisemblablement le comte Riati mentionné dans une lettre de Rousseau à Le Blond datée de Venise le 29 octobre 1743, C. C., I, 202. L'encyclo¬ pédie nobiliaire de Spreti ne connaît ni Peati ni Riati, mais seulement une famille Piatti de Bergame. Pénélope. Rousseau à l'île de Saint-Pierre, remuant ses papiers sans se mettre véritablement au travail, se compare à la femme d'Ulysse qui dans VOdyssée d'Homère défait pendant la nuit la tapisserie à laquelle elle travaille pendant le jour, 764.
1227 Perdriau (Jean, ou Jacques-Antoine), 1712-1786. Ministre en 1737, pasteur au Petit-Saconnex dans la banlieue ouest de Genève, en 1746; puis en ville, 1756. Professeur de belles- lettres à l'académie de Genève de 1764 à 1770. A corres¬ pondu quelques années avec Rousseau qu'il a connu à Genève en 1754, 465-467· Perret. On n'a que des témoignages d'honorabilité sur ce pas¬ teur de Vevey né vers 1675, dont Rousseau dit seulement qu'il passa pour l'amant de Mme de Warens, 227. Perrichon (Camille), 1678-1768. Conseiller d'État ordinaire, prévôt des marchands de Lyon de 1730 à 1739 et prédé¬ cesseur dans cette charge de Mably. Membre de l'académie de Lyon. Rousseau l'a connu dans un de ses premiers séjours à Lyon, 248, et l'y retrouve à la veille du départ pour Paris, 325. En 1749, Perrichon, lié de longue date avec Mme de Warens, deviendra l'associé de cette dernière (Mugnier, pp. 252 sqq.). V. Aurenche, J.-J. Rousseau chez M. de Mably, pp. 116-120. Perrine. Servante chez Le Maître, à la maîtrise d'Annecy, 136-137. Persifleur (le), 410. Perrotet, aubergiste, v. J. Burdet, La musique dans le Pays de Vaud, Lausanne, 1963, p. 550, n. 4, 163, 164, 166, 171. PÉtau (Denis), 1583-1652. Religieux jésuite, se fit de bonne heure une réputation européenne par ses ouvrages de chronologie à l'occasion desquels il engagea de violentes polémiques contre Joseph Scaliger et Saumaise. Parmi ces ouvrages, les 'Tabulae chronological, Paris, 1628, furent traduites au début du xvine siècle sous le titre Abrégé chronologique de l'histoire uni¬ verselle sacrée et profane. Rousseau le lit aux Charmettes, 277. Voir Annales I, 213, n. 1. Petitpierre (Ferdinand-Olivier), 1722-1790. Pasteur à la Chaux- de-Fonds, destitué par la Classe des pasteurs en août 1760 pour avoir prêché contre l'éternité des peines. Il part pour l'Angleterre peu avant l'arrivée de Rousseau à Môtiers, 705, 744· Petitti (Dom Antoine), intendant général des finances de Savoie vers 1730, 196. La famille piémontaise des Petitti, descendant d'un Antonio Petitti du xvie siècle, a fourni de nombreux soldats et fonctionnaires. Petitti reçoit en 1735 le fief de Roreto et le titre de comte. (Encicl. ital.)
1228 Phébos. Le nom du dieu des poètes est devenu nom commun dans la locution «  faire le Phébus  », ou le bel esprit, p. 221. Phèdre, Fabuliste latin du début du premier siècle de l'ère chrétienne; étudié par Rousseau à Turin avec l'abbé de Gou- von, 106. Philidor (François-André Danican ou d'ANiCAN dit), 1726- 1795. Compositeur et joueur d'échecs, fils aîné du troisième mariage d'André Danican dit Philidor, d'une célèbre et très nombreuse famille de musiciens. Le père, André Danican, musicien du roi en 1671, s'était remarié en 1725 à soixante- treize ans et eut de ce mariage encore huit enfants; il est mort en 1730. Un petit-neveu d'André, et cousin de François- André, Anne Danican, né vers 1700, est le fondateur du Concert spirituel de la cour, dont il cède en 1728 le privilège à l'Académie royale de musique ; cet Anne Danican est pris à tort par Ρ.-Ρ. Plan, dans la Table de la C.G., pour le colla¬ borateur de Rousseau à l'opéra les Muses galantes. En réalité ce collaborateur et le joueur d'échecs sont bien le même personnage, alors fort jeune, François-André. (Sur cette famille v. le Dictionary of Musicians de Grove.) Étonnamment précoce, François-André Philidor se fait déjà un revenu de son talent aux échecs à l'âge de dix-huit ans ; il n'est donc pas impossible que Rousseau ait fait sa connais¬ sance dès avant le départ pour Venise en juillet 1743 en fréquentant le café Maugis, rue Saint-Séverin, rendez-vous des joueurs d'échecs (335)  : Philidor n'aurait guère alors que dix-sept ans. Plus tard on le rencontrera au café de la Régence, place du Palais-Royal (v. le début du Neveu de Rameau de Diderot, lequel admire et encourage les talents musicaux de Philidor). Il est aussi copiste de musique et commence à composer. En 1744, Rousseau lui confie sa partition des Muses galantes (391) pour «  quelques remplis¬ sages  » qu'il ne fit pas ; Rousseau précise  : «  Il fit l'accompa¬ gnement d'un petit air et le remplissage d'un chœur ; j'ai fait absolument tout le reste.  » (Lettre à Lenieps du 5 avril 1759, C·· VI, 57·) Peu après, pressé par des dettes, Philidor quitte la France pour les Pays-Bas, rencontrant à Amsterdam Stamma (v. ce nom) qu'il bat aux échecs (1745) ; puis il est invité en Angleterre où on lui donne toutes facilités pour rédiger et publier, à l'âge de vingt-deux ans, son Analyse du jeu des Échecs (1748), ouvrage auquel Rousseau fait allusion, 254. II revient en France, en partie à l'instigation de Diderot
1229 et de ses amis, en 1754. Dans l'intervalle, l'opéra des Muses galantes avait été remis par Rousseau à Mme d'Épinay ; quand Rousseau désire en reprendre possession en 1759, il se trouve entre les mains de Philidor, à qui Rousseau le fait réclamer par Lenieps ( C. C., ibid.). piati ( ?)  : v. Peati. Picon ou Piccone (Joseph), gouverneur de Savoie de 1731 à 1748. Rousseau rédige à son intention en mars 1739 une supplique qui n'a peut-être pas été envoyée, dans laquelle il se présente comme gravement malade et sollicite une pension «  pour le peu de jours qu'il [lui] reste  » (C. C., I, 93). Mentionné à propos d'une anecdote sur le médecin Grossi, 234. Pierre (dit Pierre I'Ermite), v. 1050-1115. Religieux amiénois, prédicateur de la première croisade, 61. pignatelli (prince). Le prince de Pignatelli qui assiste en 1771 chez la comtesse d'Egmont (780) à une lecture des Confessions est probablement Louis-Gonzague-Marie-Ildephonse, prince de Pignatelli, né à Saragosse le 23 janvier 1749, lieutenant dans les gardes wallonnes, capitaine en 1769, maître de camp commandant le régiment de Schomberg-Dragons de 1772 à 1777 (Arch, de l'Armée, Contrôles Schomberg- Cavalerie). Le même personnage sera célèbre pour son luxe dans la société du Directoire. Pilleu. Nom d'un maçon voisin de Rousseau au Mont-Louis à Montmorency, 622. PissoT. Libraire parisien établi quai Conti. Le mécontentement exprimé à son égard par Rousseau (434) se retrouve presque textuellement dans une lettre à Lenieps du 5 avril 1759. C'est lui qui obtient le privilège de «  graver  » la musique du Devin, 457. Plutarque. Les Vies des hommes illustres de la Grèce et de Rome composées par l'historien grec de la fin du premier siècle de l'ère chrétienne ont été connues de Rousseau enfant (8) dans la traduction d'Amyot, comme le confirme le manus¬ crit de Neuchâtel (8, var. k). Rousseau a puisé chez lui non seulement le goût de l'héroïque, mais aussi celui de la biographie. On sait que Plutarque demeure sa lecture favorite lors de la composition des Rêveries. Polichinelle. Personnage traditionnel de la farce napolitaine (Pulcinella), popularisé par les spectacles de marionnettes, 27, 435·
1230 Polignac (Melchior, cardinal de), 1661-1741. Cardinal, homme politique et écrivain, membre de l'Académie française, auteur du poème latin ΓAnti-Lucrèce contre le matérialisme, 501. Polignac («  vicomte  » de), vraisemblablement Louis-Melchior- Armand, donné par La Chesnaye-Desbois comme marquis (et non vicomte) de Polignac et de Chalençon, né en 1717, appartenant à la famille des Polignac d'Auvergne. Il est colonel du Régiment Dauphin Étranger Cavalerie, et plus tard maréchal de camp, premier écuyer du comte d'Artois (ce qui explique qu'il vive au Palais-Royal), 553 ; époux de la suivante. Polignac (Mme de), admiratrice de la Nouvelle Héloïse, 646. Vraisemblablement Diane-Marie-Zép hirine-Adélaïde, née Mazarini-Mancini, fille de Jacques-Hippolyte, dit le mar¬ quis de Mancini, et d'Anne-Louise de Noailles. Elle a épousé en 1738 Louis-Melchior Armand, marquis de Polignac, né en 1717, plus tard maréchal de camp et premier écuyer du comte d'Artois. L'incident auquel fait allusion Rousseau se réfère à une lettre de Mme de Verdelin à Rousseau de 1761, C. C„ VIII, 56-57. Pologne (roi de )  : v. Stanislas. Pompadour (marquise de), Jeanne-Antoine Poisson Le Normand d'Étiolles, 1721-1764. Rousseau l'a rencontrée avant qu'elle ne devienne la maîtresse du roi (juillet 1745) chez La Poplinière, 447, 457. Il lui écrit en faveur de Dide¬ rot incarcéré à Vincennes, une lettre qu'on n'a pas retrouvée (411). Il attribue à une phrase de VHêloïse l'origine de l'ani- mosité qu'il prête à Mme de Pompadour à son égard, 603-604. Aussi 653, 670, 674, 691. Pontal (Marie), nièce des époux Lorenzini, et comme eux au service de Mme de Vercellis. Le testament de sa maîtresse, retrouvé par E. Gaillard, lui réserve 600 livres. C'est à elle que revenait le ruban volé par Rousseau, larcin dont il accusa la servante Marion, 90, 91. Pontverre (Benoît de), 1656-1733. Appartenant à une famille originaire de Chambéry, il n'est pas comme le croit Rousseau descendant des «  gentilshommes de la Cuiller  » (sur cette expression v. p. 49, n. 1). De 1690 à 1732 Benoît de Pontverre est curé de Confignon, village à 6 km S.O. de Genève, et
1231 situé alors en territoire sarde. Il est déjà connu pour les conversions qu'il opère sur les jeunes protestants à l'époque où il accueille Rousseau adolescent; si bien qu'on a pu se demander (sans preuves décisives) si la fugue de Jean-Jacques n'était pas préméditée. Pontverre est aussi l'auteur (Rousseau y fait allusion) de nombreux libelles antiprotestants; le pasteur Lambercier fut une de ses victimes, 49, 50, 51, 52, 68, 463. Portes (Louis, comte de, seigneur de Genollier). Ses dates de naissance et de mort ne sont pas données par le Dictionnaire historique et biographique de la Suisse, qui indique pour son père 1666-1739, et pour son fils 1750-1823. L'affaire à laquelle fait allusion Rousseau agita la Suisse au temps où il résidait à Môtiers ; elle se déroule de 1758 à 1765. Le comte de Portes intervint en faveur d'un mineur privé de ses droits par le bailli de Nyon, et dénonça les abus des autorités dans un livre qui fut condamné et brûlé à Berne. La Défense apologétique du comte de Portes, imprimée en 1767, figure dans le recueil factice des Plaidoyers de Loy- seau de Mauléon, 2 vol. in-40, Paris, 1757-1767, sous le titre «  Défense apologétique du Comte de Portes, gentilhomme de feu son altesse sérénissime Mgr le Prince Stathouder, et général-major au service de Leurs Hautes Puissances les États-Généraux, adressée à Leurs Excellences du Conseil souverain de la République de Berne  ». Les origines de la famille y sont rappelées comme suit (p. 15) : «  Le comte de Portes son père, après être sorti de France pour la religion qu'il professait, et après être entré au service du roi de Sardaigne, à la cour duquel il parvint aux premiers honneurs militaires, était venu s'établir dans le canton de Berne, à Genollier...  », 595. Pré de Fains (de)  : v. Feings. Prétendant (le). «  Le Prétendant  » ou «  le chevalier de Saint- Georges  », dit aussi Jacques III Stuart par ses partisans, né à Londres (1688-1766), fils de Jacques II Stuart chassé de son trône par la révolution et exilé à Saint-Germain, 288. Ne pas le confondre avec son fils aîné Cbarles-Édouard «  the young pretender  » ou «  Bonnie Prince Charlie  », 1720-1788), qui dirige avec l'appui de la France l'expédition de 1745 pour tenter de reconquérir le trône de Grande-Bretagne (allusion à un projet d'aide française à cette expédition), 397·
1232 Prévost d'Exilés (Antoine-François, l'abbé Prévost), 1697- 1763. Successivement jésuite, puis soldat, puis bénédictin, passe secrètement au protestantisme, et doit à ses années d'exil volontaire en Angleterre d'être un des premiers ini¬ tiateurs des Français à la littérature anglaise. Traducteur de Richardson, et auteur lui-même de romans (Mémoires d'un homme de qualité, 1728-1731, contenant l'épisode de Manon Lescaut; Cleveland, 1731-1738, etc.) il semble avoir été plus encore que Richardson le maître de Rousseau roman¬ cier. Voir sur sa vie et son œuvre les travaux de Mlle C.-E. Engel et d'Henri Roddier, et sur ce dernier point en particulier C.-E. Engel dans Annales, XXVIII, 1939-1940, pp. 19-39, et Roddier, l'Abbé Prévost, l'homme et l'œuvre, Paris, Hatier, 1955. — Lorsque Rousseau fait sa connais¬ sance chez Mussard à Passy vers 1750, Prévost est engagé dans l'énorme entreprise de son Histoire générale des voyages (1745-1761). Il fut aussi rédacteur du Journal étranger, 443. Procope (Michel, «  le médecin Procope  »), nom porté par plusieurs membres d'une famille italienne établie en France, et popularisé par le café fondé à la fin du xvne siècle, vis- à-vis le Théâtre-Français (aujourd'hui rue de l'Ancienne- Comédie), par le Sicilien François Procope. «  Le médecin Procope  » est Michel Coltelli (fils de François), dit Procope-Couteau ou Couteaux. Né en 1684, docteur en médecine en 1708. Ce «  petit Ésope à bonnes fortunes  », 443, est, comme le fabuliste grec, laid et bossu, mais gai et spirituel, et il plaît aux femmes, qui contribuent à sa répu¬ tation. Il a épousé en secondes noces une riche Anglaise, et abandonné la pratique de la médecine pour se consacrer à son goût pour le théâtre. Il a composé des comédies et collaboré au Pygmalion de Romagnesi (1741). Il meurt peu après le temps où Rousseau fait sa connaissance chez Mus¬ sard  : en 1751 selon Courtois, 1753 selon Gagnebin-Ray- mond (O.C., I, 1442). Profession de foi du vicaire savoyard, 99, 483, 629, 665, 672, 677, 698. Prusse (roi de)  : v. Frédéric. Pufendorf (Samuel), Rousseau orthographie Puffendorf, 1632-1694. Juriste allemand dont les écrits (en latin) sur le droit naturel font autorité au xvnie siècle. Ils sont popula¬ risés en France par les traductions de Barbeyrac  : traduction abrégée des Devoirs de l'Homme et du Citoyen (1707), traduction
1233 complète du Droit de la Nature et du Citoyen (2 vol., 1718; l'original est de 1672). Rousseau, suivant en cela l'exemple de Locke dans son traité d'éducation, recommande la lecture de Pufendorf dans son Projet d'éducation pour M. de Sainte- Marie en 1740. C'est un des prédécesseurs de Rousseau dans la théorie du «  contrat social  », 121. Voir R. Derathé, J. J. Rousseau et la science politique de son temps, Paris, 1950. Pury (Abraham de), 1724-1807. Ancien officier au service de la Sardaigne, propriétaire d'une métairie, «  Mon lési  » (= Mon loisir) à une heure de marche de Môtiers; rend visite à Rousseau dans l'été de 1762. Nommé conseiller général en 1765, il deviendra en 1769 le beau-père de Du Peyrou, 711, 713, 742, 744, 755. V. Ch. Guyot, Du Peyrou. Pyrrhus. Roi d'Épire, adversaire des Romains (111e siècle avant J.-C.). A ses projets d'ambitieuses et insatiables conquêtes, son conseiller Cinéas oppose des conseils de modération et de retraite, dans une anecdote rapportée par Plutarque, 217, 651. Quillau (Gabriel-François), «  Quillau le père  », libraire établi à Paris, rue Galande, près de la place Maubert, imprime la Dissertation sur la musique moderne (1743), 333. Quinault (Jeanne-Françoise), 1699-1783. Fille de comédien, actrice de la Comédie-Française de 1718 à 1741. Après sa retraite de la scène, elle ouvre rue d'Anjou-Saint-Honoré un salon où Rousseau est introduit par Duclos au printemps de 1754, 458. La «  société du bout du banc  », ainsi appelée parce que les convives sont censés manger rapidement et sobrement, se réunit alternativement chez elle et chez le comte de Caylus deux fois par semaine; on y rencontre, avec Duclos, Marivaux, Nivelle de la Chaussée, Destouches, Diderot, Crébillon fils, Voltaire. Plus tard Mlle Quinault se retire à Saint-Germain. V. P.-M. Masson, «  Le Dîner chez MUe Quinault  », Annales, IX, 1913. Rameau (Jean-Philippe), 1683-1764. Son premier chef-d'œuvre, Hippolyte et Aricie, est présenté à Paris en 1732. Son Traité de l'Harmonie, 212, est de 1722. Étude assidue de Rameau par Rousseau à Chambéry, 238, 241, 253. Son revirement à l'égard du grand musicien date probablement de la critique par Rameau du système de notation musicale proposé par Rousseau, 332, et surtout du jugement que prononce Rameau
1234 sut les airs des Muses galantes qu'il entend chez La Popli- nière, 391-398. Ce titre même ne pouvait que déplaire à l'auteur des Indes galantes. La Lettre sur la musique française et les articles de Rousseau consacrés à la musique dans Y Encyclopédie suscitèrent des brochures anonymes de Rameau (.Erreurs sur la musique dans /' Encyclopédie, etc.) qui finalement (1757) abandonna l'anonymat. Dans un «  Fragment biogra¬ phique  » reproduit 0. c., I, 1118-1119, et pouvant dater de 1754-1755, Rousseau fait état de ces brochures en émettant des doutes, sincères ou ironiques, sur leur auteur. V. R. Wokler, «  Rameau, Rousseau and the Essai sur l'origine des langues  », Studies on Voltaire [...] CXVII, 1974, p. 179-238. — Aussi, 213, 454. Rateri (Jean-Jacques)  : v. 250 (n. 1). Raynal (Guillaume-Thomas), 1713-1796. Né dans le Rouergue, entre dans l'ordre des Jésuites et reçoit la charge d'une paroisse parisienne. Abandonne la vie religieuse en 1747 pour la carrière d'écrivain. Initiateur, avant Grimm, d'une Correspondance littéraire destiné aux cours d'Allemagne, v. Saxe-Gotha (Louise). Rédacteur au Mercure de Francede 1750 à 1754; auteur d'ouvrages historiques et philosophiques, dont la grande Histoire [...] des deux Indes, 1770, qui lui vaut une immense réputation. Son amitié avec Rousseau, 437- 43 8> 445· Réaumur (René-Antoine Feschault de), 1683-1757. A vingt ans, publie des mémoires de géométrie. Se distingue par ses travaux dans les sciences naturelles; membre de l'Académie des Sciences depuis 1708, il était plus connu comme natu¬ raliste que comme physicien à l'époque où il patronna devant l'Académie la communication de Rousseau sur la notation musicale. Son nom est resté attaché au thermomètre à 8o° dont il est l'inventeur, 330, 411. Rebel (François), 1701-1775. Un des «  petits-violons  ». Fils d'un élève de Lulli ; violoniste à l'Opéra dès l'âge de treize ans. Ami intime de Francœur, compose avec lui les opéras Pyrame et Thysbé (1726), le Trophée (1745, en l'honneur de Fontenoy), etc. De 1733 à 1744, les deux amis sont premiers violons de l'Opéra. Ils ont la direction de l'établissement pour une période, de 1749 à 1753, puis en 1757 ils en obtiennent le privilège et leur direction se poursuit avec succès pendant une dizaine d'années. Rebel est pour son compte l'auteur
1235 de cantates, d'un Te Deum et d'un De Profundis, 401, 445. V. L. de la Laurcncic, E'Ecole française de violon de Eulli à L iottï, i, 1922, pp. 71-102. Réguilj.at, libraire et imprimeur à Lyon, destitué pour avoir diffusé des «  livres contraires à la religion, à l'état et aux bonnes mœurs  », il put néanmoins poursuivre ses entre¬ prises sous le nom de sa mère, mais fut amené ainsi à l'empri¬ sonnement, à l'exil et à la faillite (L, Trénard, Lyon, de l'Encyclopédie au Préromantisme, Paris, 1957, p. 131)· Il pro¬ posait à Rousseau une édition générale de ses écrits, lors d'une visite qu'il lui rendit à Môtiers en décembre 1764, 737. Rey (Marc-Michel), 1720-1780. Genevois établi libraire à Amsterdam. En 1754, à Genève, il entre en relations avec Rousseau, qui lui confie l'impression du Discours sur l'inégalité, 468, puis de la Nouvelle Héloise, 593, 603. Rey le presse de rédiger ses Mémoires, 608. Il imprime le Contrat social, 661. Fait une pension à Thérèse, 662-664, 75 9· Ses difficultés pour l'entrée en France du Contrat, 673-674. Il imprime les Eettres de la Montagne, 725. Rousseau est parrain de sa fille, 663. Leur correspondance comprend dans la C. C. quelque trois cents lettres, qui ne sont pas seulement consacrées aux affaires. I.cs dernières sont de la fin de 1773, date à laquelle Rey perd la confiance de Rousseau. Voir A. Schinz, Jean- Jacques Rousseau et le libraire-imprimeur Marc-Michel Rey, Annales, X, 1914-1915, pp. 1-134; aussi Annales, XVII, 1926, pp. 73-90. Reydellet (Louis-Emmanuel), Rousseau orthographie Reyde- let, 1692-1743. Chanoine de la cathédrale Saint-Pierre de Genève, curé de Seyssel depuis 1712, a accompagné Mgr de Bemex dans un voyage à Paris en 1725. Il reçoit à Seyssel, en 1730, Rousseau et Le Maître, 142-143. Rf.ynaud  : v. Reyneau, Reyneau (Charles-René), 1656-1728. Oratorien, enseigne la philosophie puis les mathématiques; associé libre de l'Aca¬ démie des Sciences en 1716. Ses deux seuls ouvrages sont la Science du calcul [...] ou éléments des mathématiques, Paris, 2 vol., 1714 et 1735, et l'Analyse démontrée, Paris 1708, 274. Riati  : v. Peati. Richardson (Samuel), 1689-1761. Romancier anglais dont les œuvres ont connu un succès européen  : Paméla, 1740, trad, française 1742; Clarissa Harlome, 1747, trad, par l'abbé Prévost, 1751 ; Grandison, 1753-1754, trad, française par Prévost, 1755.
1236 Rousseau compare à ce dernier roman sa propre Nouvelle Héloïse, 644-645 ; v. p. 645, n. 1. Richelieu (Louis-François-Armand du Plessis, duc de), 1696- 1788. Petit-neveu du cardinal, se fait remarquer par sa vie brillante et dissolue sous la Régence et le règne de Louis XV, Premier gentilhomme de la chambre du roi; maréchal de camp en 1738; lieutenant-général en 1744, il commande un corps expéditionnaire destiné à seconder le débarquement en Ecosse du prétendant Stuart, 397; maréchal de France en 1748. Il est gouverneur du Languedoc de 1738 à octobre 1742. La présentation de Rousseau à Richelieu à Lyon eut-elle lieu en 1742 ou en 1741  ? Dans ce dernier cas ce dut être fin novembre, ou début décembre, lors du passage du duc, se rendant dans son gouvernement, 325. Lorsque Rousseau le retrouve à Paris en 1744 chez La Po- plinière, Richelieu vient de devenir l'amant de la maîtresse de maison; la découverte par le mari de cette liaison, sur l'indiscrétion d'une femme de chambre congédiée, fera quelque bruit. Richelieu habite rue Neuve-Saint-Augustin un hôtel dont Lamartine occupera en 1819 une mansarde (v. le commen¬ taire de 1849 sur la méditation E'lsolement). Il est le père de la future princesse d'Egmont, chez qui Rousseau lira en 1771 ses Confessions. En tant que premier gentilhomme de la chambre, c'est lui qui est chargé d'organiser les spectacles de la cour ; c'est à ce titre qu'il fait exécuter Tues Muses galantes, 392-400. Voir, sur la vie aventureuse et scandaleuse de Richelieu, les ouvrages (pas toujours sûrs) de Faur et de Soulavie. Rival (David), 1696-1759. Horloger genevois, poète amateur, apprécié de Voltaire, et père de l'acteur de la Comédie- Française Jean Rival, dit d'Aufresne, 1728-1806 ( ?) (Ritter, op. cit., 194), 59. Robfxq ou Robecque (princesse de), Rousseau orthographie Robeck, vers 1725-1760. Anne-Marie (ou Anne-Maurice ?), fille du premier mariage du maréchal de Luxembourg avec Marie-Sophie Colbert de Seignelay, épouse en 1745 Anne- Louis-Alexandre de Montmorency, prince de Robecq, lieute¬ nant-général, grand d'Espagne, né en 1724. Ils ont un fils, décédé en 1749. Elle a été la maîtresse de Choiseul. Meurt en 1760 à 36 ans. Le nom de Robecq vient d'un bourg de l'Artois (aujourd'hui
1237 dép. du Pas-de-Calais) érigé en principauté en 1530 en faveur d'une branche de la maison de Montmorency, 631-632, 649. Roche, père (maître à danser) et fils. Leur résidence existe encore à Chambéry, transformée en appartements, 3 rue de Roche, 213, 230. Rochechouart (Mme de), Julie-Sophie, fille d'Alexandre de Rochechouart appelé le marquis de Jars (branche des sei¬ gneurs de Montigny et de la Brosse), et d'Anne-Marie Augier de Lohéac de Crapado; née vers 1705, épouse en 1728 Ber¬ trand, vicomte de Rochechouart (branche des seigneurs et barons du Bâtiment), né en 1680. Ils ont quatre enfants dont une fille, Louise-Alexandrine-Julie, née en 1730, qui épouse en 1749 Armand-J acques du Pin de Chenonceaux (La Ches- naye-Desbois), 426, 553. Rochechouart  : v. Montpipkau. Roguin (Daniel), 1691-1771. Suisse d'Yverdon, ancien officier au service des États de Hollande, établi à Paris où il fait en 1742 la connaissance de Rousseau, qui le nomme le doyen de ses amis (328). Il le fréquente à Montmorency, 598-599, et le recueille à Yverdon lors de l'exil (1762), 692-693, 696- 698. Selon Musset-Pathay, Rousseau a mis en scène dans la Nouvelle Héloïse, I, lettre 34, un «  neveu capitaine  » de Roguin («  M. Roguin, écrit Saint-Preux, m'a offert une compagnie dans le régiment qu'il lève pour le roi de Sardaigne...  ») ; c'est peut-être Georges-Augustin. Une cinquantaine de lettres échangées entre Rousseau et Daniel Roguin sont conservées dans la C.C. Voir aussi 174, 328, 333, 382, 409, 696. Roguin (Georges-Augustin), neveu du précédent, 1718-1788. Colonel d'un régiment suisse au service de la Sardaigne ; peut- être mis en scène dans la Nouvelle Héloïse (v. Roguin, Daniel). Conduit Rousseau d'Yverdon à Môtiers, 701. Rousseau est défavorable à un projet de mariage du colonel avec Madeleine Boy de la Tour, 696 ; le colonel épouse en 1766 Jeanne-Marie- Anne d'Illens, dont il a sept enfants, ibid. L'identité de ce personnage, qui est confondu dans la Table de la C.G. avec Augustin-Gabriel Roguin, 1714-1796, m'a été précisée par B. Gagnebin. En 1770, Rousseau aura un diffé¬ rend, à propos de la pension du roi d'Angleterre, avec un «  colonel Roguin  » qui peut être l'un ou l'autre (C.G. XX, 13. zl)· Roguin (Georges-François) (banneret), 1695-1764. Banneret d'Yverdon, parent éloigné de Daniel Roguin. Rousseau le
1238 considère rétrospectivement comme un de ses plus dangereux et actifs ennemis, 748. Empressé auprès de Rousseau à Yverdon, 698-699. Rohan (princesse de), née Marie-Louise-Henriette-Jeanne de la Tour d'Auvergne, 1725-1781. Fille de Charles-Godefroi, comte d'Auvergne et d'Évreux, duc de Bouillon, etc., et de Marie-Charlotte Sobieska, épouse en 1743 Jules-Hercule Mériadec, prince de Rohan, duc de Montbazon, pair de France, etc., maréchal de camp, né en 1726. Elle fréquente le salon de Mme Dupin, 339. Rohault (Jacques), Amiens 1620-Paris 1675. Philosophe carté¬ sien, a épousé la fille de Clerselier, l'éditeur de Descartes ; inhumé à Paris en l'église Saint-Etienne-du-Mont à côté de Descartes, Son cartésianisme lui attira des difficultés. Il est l'auteur $ Entretiens où il se justifie, et d'un Traité de physique (1761); il inventa un baromètre, 249. Rolichon. Religieux lyonnais de l'ordre des Antonins (sur cet ordre, v. p. 134, n. 1), 192-193. Rosina. Servante de Mme Basile, 82. Rouelle (Guillaume-François), 1703-1770. Lorsque Rousseau suivit ses cours, ce pharmacien normand établi à Paris venait d'être nommé (1742) démonstrateur au Jardin du roi. En 1744, il était membre adjoint de l'Acadcmie des Sciences. Ses cours, bientôt célèbres dans toute l'Europe, attiraient encore Diderot quinze ans plus tard, 341, 402. Rousseau (Mme), nourrice de d'Alembert, chez qui il loge, selon Jean-Jacques, vers 1760, 597. Rousseau (Clermonde)  : v. Fazy. Rousseau (David), 1641-1738. Grand-père de Jean-Jacques. Épouse en 1666 Suzanne Cartier qui lui donne quatorze enfants. Horloger, avec des goûts pour la musique (v. Ritter), 27· Rousseau (François), né en 1705. Frère aîné de Jean-Jacques. Apprenti horloger en 1722. La date de son décès est incer¬ taine. Jean-Jacques ne put obtenir, du vivant de son père (mort en 1747), la présomption de décès de François Rousseau qui lui aurait permis de toucher sa part de l'héritage, 6, 9-10, 13, 26, 59, 285. V. Ritter, Famille et jeunesse..., et François, Annales [.·■] XXXI.
1239 Rousseau (Isaac), père de Jean-Jacques, appartient à une famille de quatorze enfants (et non quinze, comme le dit Jean-Jacques, 5) d'origine française, établie à Genève au xvie siècle pour cause de religion. On n'est pas renseigné sur les voyages qu'Isaac aurait accomplis avant son mariage, mais on sait qu'il avait deux oncles et un frère établis à l'étran¬ ger. Les raisons et les conditions de son séjour à Constan¬ tinople, de 1705 à 1711, peu après son mariage à l'âge de 32 ans avec Suzanne Bernard, ne sont pas mieux connues; il est de fait que de nombreux horlogers genevois, protégés français, habitent Péra à la fin du xvne siècle; on en trouve mention dans le Journal d'A. Galland en 1672-1673. S'exilant de Genève en 1722 (12), Isaac s'établit à Nyon, dans le pays de Vaud — alors territoire bernois — et en 1726 y épouse en secondes noces Jeanne François (59). En 1728, après la fugue de Rousseau, Isaac arrive trop tard à sa recherche à Annecy, 59. Jean-Jacques rend visite à son père à Nyon en 1730, 161, et annonce une nouvelle visite, à laquelle il renonce, 164. Le père et le fils se revoient à Nyon lors du voyage de Rousseau à Besançon (1733 ou 1734), 238; puis à Genève pour des affaires d'héritage, 284 (1737)· Kn 1744, au retour de Venise, Rousseau traverse Nyon sans revoir son père, puis se ravise, 381-382. Voir Ritter, Famille et Jeunesse [....]. Aussi 6-10, 57, 67, 168, 285. Rousseau (Jean-Baptiste), (poète) 1671-1741. Compromis dans une affaire de couplets licencieux, et condamné au bannisse¬ ment à perpétuité (1712), «  Rousseau le poète  », dont le carac¬ tère fut jugé sévèrement par la plupart de ses contemporains, passa près de trente ans en exil à l'étranger. Il a laissé, avec deux opéras et des comédies, plusieurs recueils de poésies lyriques dont quatre livres d'odes. C'est au début de son exil (1711-1715) qu'il occupa, chez l'ambassadeur de France à Soleure, une chambre où couche Jean-Jacques en 1731 (175)· Des éditions de ses œuvres parurent à Soleure en 1712 et 1714. Jean-Jacques, nouvellement arrivé à Paris, apprend par cœur les odes de son homonyme, qui vient tout juste de mourir (334). Plus tard, à Montmorency, il recueille de son voisin le curé de Groslay des anecdotes sur «  l'illustre banni  » (595). La similitude des noms invitait Jean-Jacques à des compa¬ raisons. Il écrit en 1768 de Trye à Mme La Tour de Franquc- ville  : «  La destinée du grand Rousseau [...], avec lequel j'ai tant de choses communes, sera la mienne jusqu'au bout. Il n'a point
1240 eu le bonheur de se voir justifié de son vivant; mais il l'a été par l'un de ses plus cruels ennemis, après la mort de l'un et de l'autre.  » Il conteste pourtant, dans un autre passage, vraisembla¬ blement antérieur, l'épithète de grand (v. p. 175, n. 1). Sur J.-B. Rousseau, voir la biographie de Henry A. Grubbs, Princeton, 1941. Rousseau (Jeanne), née François, seconde femme d'Isaac Rousseau, et belle-mère de J ean-J acques, 59, 161, 381. Rousseau (Suzanne, Mme Gonceru), 1682-1774. Sœur d'Isaac Rousseau, la «  tante Suzon  » de Jean-Jacques épouse en 1730 seulement, à Genève, Isaac Henri Goncerut ou Gonceru. En 1768, Rousseau dispose en sa faveur une petite rente annuelle, 7, 10-12. Rousseau (Suzanne), née Bernard, mère de Jean-Jacques  : v. Bkknard (Suzanne). Rousseau (Théodora, Mme Bernard), 1671-1754. Fille de David Rousseau et de Suzanne Cartier, tante de Jean-Jacques, épouse en 1699 Gabriel Bernard. Un acte notarié de 1735 la donne comme «  séparée de biens  » de son mari, alors en Amérique 6, 45, 46, 67, 249. Rousselot. Cuisinier de l'ambassade de France à Venise, 359. Royer (Joseph), ν. 1700-y. 1795. Claveciniste et compositeur bourguignon d'origine noble, s'installe à Paris en 1725 comme professeur de harpe. Auteur d'opéras à partir de 1730, dont le Pouvoir de l'Amour, 1743, 342. Directeur du Concert spiri¬ tuel en 1748, maître de musique de la chambre du roi en 1753, devient à la fin de la même année inspecteur de l'Opéra (Grove). Sabran (M. et Mme), personnages non identifiés jusqu'ici, à qui Mmc de Warens confie Jean-Jacques pour le voyage 'd'Annecy, 58, 59, 61-65. Saint-Cyr, membre non identifié de la colonie française de Venise en 1744, 368, 369, voir C. C., XXXII, 17-20. Saint-Evremond (Charles de Marguetel de Saint-Denis), 1610-1703. Exilé politique aux Pays-Bas, puis en Angleterre, à partir de 1661, il a été longtemps apprécié comme écrivain en pays protestant plus qu'en France, surtout grâce à son biographe Desmaizeaux dont la grande édition en 7 vol. des œuvres de Saint-Évremond paraît en 1706 à Amsterdam, 121, 122.
1241 Saint-Florentin (comte de), Louis Phélypeaux, comte de Saint-Florentin, duc de La Vrillière, 1705-1777. Ministre des Affaires générales de la religion réformée en 172;; de 1761 à 1775 ministre d'État. Il est membre de l'Académie des Sciences lorsque Rousseau présente son projet de notation musicale, et ministre de la Marine lors de l'affaire du capitaine Olivet à Venise. A la disgrâce de Marc-Pierre d'Argenson en 1757, Saint-Florentin succède à ce dernier à la tête du département de Paris, qui comprenait les théâtres, bibliothèques académies, les pensions aux écrivains, etc.; c'est à ce titre qu'il est sollicité par Rousseau en 1759, 593, et en 1760 par Mme de Luxembourg en faveur de Morellet, 633. Devient duc de La Vrillière en 1770. Aussi 758. Saint-Lambert (Jean-François, marquis de), 1716-1803. Fils de Charles de Saint-Lambert et de Marie-Christine Chevalier. Entré au service en 1739, sans fortune. Sert dans les gardes du roi de Pologne, puis aide-major général de l'infanterie à Minorque en 1756 (511), reçoit la croix de Saint-Louis; exerce les mêmes fonctions à l'armée du Bas-Rhin, en West- phalie, à compter du ier mars 1757 (530). Une demande de pension non signée, de 1759, précise, malheureusement sans donner la date exacte, qu'on le fit alors venir à Paris (cf. 545) «  pour travailler à des mémoires sur la manière de rétablir la discipline et l'ancien esprit de notre infanterie  », et ajoute  : «  en faisant les fonctions de la charge d'aide maréchal des logis, le Sr de Saint-Lambert eut une attaque de paralysie dont il ne s'est guéri qu'à grands frais. Il est né sans fortune [...]  » (sur cette attaque, cf. 564-565). Après sa démission de l'armée, Saint-Lambert s'installe à Eaubonne, fréquentant les milieux littéraires. En 1769 il publie ses Saisons, imitation de Thomson avec des emprunts à Gessner, à Haller et aux poètes latins. Ses relations avec Rousseau sont antérieures à celles de Rousseau et de Mme d'Houdetot. Il s'entremet pour faire remettre à Rousseau les manuscrits de l'abbé de Saint-Pierre, 484. Rousseau s'introduit en tiers dans la liaison, nouée en 1752, entre Saint-Lambert et Mme d'Houdetot, 521-526, Il est dénoncé à Saint-Lambert, 529-530. Réactions de ce dernier et épilogue de l'affaire, 545-548, 559, 564-566. Rôle de Diderot, 585. V. art. cité de Guillemin, «  Affaires de l'Ermitage  », et L. de Nardis, Saint-Lambert [...], Rome, 1961. — Aussi 511, 519, 5Ji> 583. 59°. 591. 642.
1242 Saint-Laurent (Victor-Aimé Ciiapel, comte de), 1682-1756. Intendant, puis contrôleur général des finances (1733) puis ministre d'État (1750) à la cour de Turin, 200-201, 258. Saint-Pierre (Charles Castel de), «  l'abbé de Saint-Pierre  », 1658-1743. Aumônier de la duchesse d'Orléans, s'intéresse à la politique étrangère à la suite du congrès d'Utrecht (1713) où il a accompagne le cardinal de Polignac, et contribue à Ja fondation du Club de l'Entresol. Son Projet de paix perpétuelle (1713-1717) qui reprend des idées «  européennes  » d'Henri IV, et son Discours de la Polysynodk (171.8) qui propose de confier le gouvernement à des «  techniciens  », ne sont que deux de ses très nombreux projets de réformes, dont beaucoup restèrent inédits. Le second, à cause de quelques allusions politiques, lui valut d'être exclu de l'Académie française, 502. Peu avant sa mort il avait fait la connaissance de Rousseau chez Mme Dupin (339). Montesquieu ne parle de lui qu'avec estime. D'Argenson, qui le mentionne souvent dans ses Mémoires, note qu'une de ses idées, dont on s'est beaucoup moqué «  comme toutes celles qui venaient de lui  », était de «  rendre les romans utiles aux mœurs  » (V, in). Rousseau a pu s'en souvenir en composant la Nouvelle Héloïse (cf. 516). Dès 1742 il était combattu dans V Anti-Saint-Pierre de Formey. Rousseau devient son éditeur, 483-484, 501-502, 736. V. Derathé, Rousseau et la science politique de son temps, Paris, 1950, et M. L. Perkins, The Moral and Political Philosophy of the Abbé de Saint-Pierre, Genève, 1959. Saint-Pierre (comte de), «  neveu  » de l'abbé, selon Rousseau. La famille de Castel, de Saint-Pierre-Église en Normandie, ne semble comprendre alors qu'un seul comte, qui est Louis Tancrède Castel, comte de Crèvecœur, maître de camp de cavalerie, né en 1722, «  mort sans alliance au siège de Char- leroi en 1746  »  : ce petit-neveu de l'abbé meurt avant son père Louis-Sébastien, 1691-1749, marquis de Crèvecœur et de Kerfily, maître de camp de cavalerie, neveu de l'abbé, 484, 500, 501. Saint-Preux. Héros de la Nouvelle Héloïse, 113, 169. Sainte-Marie  : v. Mably (François-Paul). Saladin (Mme). Musset-Pathay (II, 304) propose une identifi¬ cation possible  : ce pourrait être la femme de Jean-Louis Saladin, dit Saladin d'Onex, de la branche aînée d'une famille genevoise originaire de Villefranche-cn-Beaujolais. Jean-
1243 Louis Saladin, négociant et magistrat, 1701-1784, membre du Conseil des Soixante en 1740, vit à Paris de 1744 à 1751, exer¬ çant pendant plusieurs années les fonctions de ministre par intérim de la république de Genève. Il est aussi, de 1745 à 1748, un des administrateurs de la Compagnie des Indes. Ensuite quatre fois syndic de Genève, premier syndic en 1769, 1773 et 1777. (Dictionnaire historique et biographique de la Suisse, qui renvoie à G. Fatio, le Château de Malagny.) Quoi qu'il en soit, cette Mme Saladin est certainement celle qui s'est chargée, en 1754, de faire l'intermédiaire entre Rousseau et la Bibliothèque de Genève dans l'affaire de l'achat de la Bible de Sixte Quint; voir à ce sujet Lullin et C. C., III, 67. La lettre de l'abbé de Mably à Mme Saladin, 735, à propos des Lettres de la Montagne, est reproduite C. C., XII, 317-319; elle contient ce passage qui apporte un nouvel élé¬ ment à la légende de Rousseau  : «  Cet homme finit par être une espèce de conjuré. Est-ce un Érostrate qui veut brûler le temple d'Éphèse  ? est-ce un Gracchus  ?  » La comparaison avec Érostrate dut faire fortune; on la retrouvera lors de la publication des Confessions sous la plume de Walpole, qui parle du «  nouvel Érostrate  » qui a mis le feu au temple de la modestie pour faire parler de lui (v. Voisine, ].-J. Rousseau en Angleterre, p. 108). Sales (François de), né au château de Sales, près d'Annecy, évêque de Genève, fondateur avec Mme de Chantai de l'ordre de la Visitation, dont le monastère à Annecy conserve son tombeau. Canonisé en 1665, 55. Sallier (Claude, l'abbé), philologue hébraïste, 1685-1733, éditeur du Saint Louis de Join ville; membre de l'Académie française, prononce devant l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres en 1733 un Discours sur la parodie qui est une des rares défenses de ce genre populaire pour lequel les gens de lettres de son temps sont généralement sévères. Fréquente le salon de Mme Dupin, 339, Salomon (Jean-Baptiste), 1683(  ?)-1757. Médecin établi à Chambéry en 1728, nommé en 1737 médecin des prisons des châteaux de Chambéry et de Miolans (Daumas). Médecin de Mme de Warens, 267, 268, 287. Une lettre apocryphe de Rousseau à Salomon est reproduite par Musset-Pathay. V. sur Salomon l'article de G. Daumas, Rw »e de Savoie, 1959, pp. 197-208.
1244 Sandoz, aubergiste de Brot, sur la route de Môtiers à Colombier et Neuchâtel. Rousseau s'arrête chez lui dans ses voyages chez Milord Maréchal à Colombier, et en septembre 1764 lors d'un séjour au Champ-du-Moulin, 707. Santeuil ou Santeul, identifications possibles  : Jean de San¬ teul, 1630-1697 ; Claude de Santeul, chanoine de Saint- Magloire, auteur d'hymnes sacrées publiées en 1723-1724, 549· Sardaigne (roi de)  : v. Victor-Amédée II ; Charles- Emmanuel III. Saurin (Bernard-Joseph), 1706-1781. Auteur dramatique, membre de l'Académie française. Fils d'un membre de l'Académie des Sciences, Joseph Saurin (voir ci-dessous), Bernard Saurin est bien l'auteur de la tragédie en cinq actes Spartacus, mais Rousseau confond son Beverley (1768) avec le héros d'une autre adaptation célèbre, Barnevelt, 440 (n. 1). Saurin (Joseph), le «  fourbe Saurin  », 1659-1737. Membre de l'Académie des Sciences ; père du précédent. 11 serait l'auteur, malgré ses dénégations, des couplets licencieux qui furent cause de l'exil de Jean-Baptiste Rousseau, 595. Sauttern  : V. Sauttersiieim. Sauttersheim (Ignace), Rousseau orthographie Sauttershain, Budapest 1738-Strasbourg 1767. Fils d'un conseiller impérial, quitte en décembre 1762, pour échapper à ses créanciers, un emploi dans l'administration à Presbourg (Bratislava). Il arrive en mars 1763 à Môtiers, où il se fait passer pour un baron hongrois du nom de Sauttern, persécuté dans son pays pour son adhésion au protestantisme. Il mourut en catholique à Strasbourg en 1767. La C. C. ajoute encore aux cinquante et quelques lettres échangées entre Rousseau et lui, et publiées dans l'étude, en hongrois, de Lajos Ràcz, parue dans la revue Érteke^ések [...] [Études de Eangue et de Eittérature], Tome XXII, Budapest, 1913, 729-731. Sauvages, «  démonstrateur  » du Jardin des Plantes de Mont¬ pellier, du vivant de Claude Anct, selon Rousseau, 287. Sauvages aurait donc exercé ces fonctions avant mars 1734. Il est tentant de croire qu'il s'agit de Pierre-Augustin Boissier de la Croix de Sauvages, né à Alais le 28 août 1710; en admettant qu'Anet ait fait le voyage de Montpellier peu de mois avant sa mort, Sauvages aurait alors été «  démonstrateur  » à 22 ou 23 ans. Il devint docteur en médecine après avoir soutenu devant la
1245 Faculté de Montpellier une thèse sur le sujet «  L'amour peut-il être guéri par les plantes  ?  » qui le fit surnommer «  le médecin de l'amour  ». Disciple de Linné, qui l'appelle son correspondant le plus chéri, il classe les végétaux d'après l'emplacement, la disposition, la forme et la division des feuilles dans son ouvrage Methodus foliorum, seu plantae florae Monspeliensis [...], La Haye, 1751; c'est vraisemblablement à cet ouvrage que fait allusion Rousseau quand il écrit à Du Peyrou le 3 mars 1768  : «  J'ai réduit [...] les phrases de Sau¬ vages à la nomenclature triviale de Linnaeus, qui est très commode.  » — Il meurt à Alais en 1795. Mais il est un autre médecin de ce nom dont Rousseau a sans doute connu aussi les écrits, François Boissier de Sau¬ vages de la Croix (1706-1776), qui semble confondu par P.-P. Plan avec le précédent. François Boissier de Sauvages est l'auteur d'une Dissertation où l'on recherche comment l'air suivant ses différentes qualités agit sur le corps humain, Paris, 1753, in-4°, 43 pages. On rapprochera ce titre des obser¬ vations sur l'influence de l'altitude sur l'organisme dans la Nouvelle Héloise, ire partie, lettre XXIII, et on mettra en relation, à la suite de J. Starobinski, le thème littéraire de la nostalgie, au sens propre, développé dans ce roman, avec l'étude scientifique de François Boissier de Sauvages dans sa Nosologia methodica, parue en latin à Amsterdam en 1763 (donc après Y Héloise) et en français à Paris en 1770-1771. Saxe (Marie-Josèphe de), «  Mme la Dauphine  », Dresde 1731- Versaillcs 1767. A épousé en 1747 Louis, Dauphin de France, 1729-1765, fils aîné de Louis XV, père de Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. Elle est fille d'Auguste ΤΠ, électeur de Saxe et roi de Pologne; assez jolie, peu intelligente. Morte jeune, elle 11'a pas joué un rôle important. Elle lit la Nouvelle Héloise dès sa publication, 642. Saxe-Gotha (Frédéric, prince héréditaire de), 1735-1756. Fils aîné du duc Frédéric 111 de Saxe-Gotha (1699-1772, duc en 1732) et de Louise-Dorothée de Saxe-Meiningen. De mau¬ vaise santé, le jeune prince meurt à 21 ans sans avoir régné; son frère Ernst Ludwig, né en 1745, qui succédera à leur père, a pour précepteur un certain Jacques-Auguste Rous¬ seau, 1729-1808. Comme tous les jeunes princes allemands du temps, Frie¬ drich reçoit une éducation française très poussée de sa mère et du précepteur qui lui est donné en 1743, von Thun (v. ce
1246 nom), séjournant à Genève, de la fin de 1744 au printemps de 1747, puis à Paris jusqu'en mai 1750. La correspondance du précepteur avec sa mère fournit d'amples renseignements sur ces deux séjours, et sur les relations françaises du prince (larges extraits publiés par J. von der Osten, Euise-Dorothea [...], Leipzig, 1896). Le jeune homme fréquente les Rohan, est présenté en audience privée à Louis XV en mai 1747, rencontre Voltaire, Mme du Châtelet, Bernis, Marivaux, La Chaussée, Duclos, Cahusac. Il reçoit quelque temps des leçons d'histoire et de philosophie de l'abbé Raynal ; Grimm l'instruit en allemand et en latin, de Thun restant précepteur en titre ou gouverneur (Oberbofmeisler). En principe le prince voyage incognito sous le nom de comte de Rothe, mais on ne dissimule guère son identité. A partir d'avril ou mai 1747 le prince et son gouverneur sont reçus chez Mme Dupin, où Rousseau fait leur connaissance à une date qu'il ne précise pas (413)· Un an plus tard, de Thun loue à Fontenay-sous-Bois une maison de campagne, où le prince et sa suite s'installent définitivement fin avril 1749; Rousseau y est invité en août (ibid.). Malheureusement les lettres de de Thun sur ce séjour parisien publiées par J.v.d. Osten ne mentionnent pas Rousseau. Aussi 422, 550. Saxe-Gotha (Louise-Dorothée de Saxe-Meiningen, duchesse de), née en 1710, a épousé en 1729 Frédéric de Saxe-Gotha qui en 1732 devient duc sous le nom de Friedrich III. Ils ont trois fils et une fille, nés de 1735 à 1752. La duchesse surveille de près l'éducation française de ses enfants, principalement du prince héritier Friedrich; elle est en philosophie disciple de Wolf, et correspond avec Voltaire et plusieurs, autres écrivains français. C'est pour elle que l'abbé Raynal, à l'instigation de von Thun, précepteur du prince héritier, commence en 1747 une correspondance littéraire sur la vie intellectuelle de Paris  : l'entreprise, pour¬ suivie jusqu'en 1755, servira de modèle à celle que lance Grimm en 1753, sur une plus grande échelle (la duchesse elle-même devient un des abonnés de Grimm en 1754). Ses jugements sur Rousseau sont assez réservés  : «  [...] son cours d'éducation est une belle chimère impossible d'exécuter (sic). Je vous assure même que si j'avais encore des enfants au berceau je craindrais assurément trop de prendre son Émile pour modèle.  » (Elie pense peut-être aux jeunes souve¬ rains de WURTEMBERG, v. ce nom.) (A Voltaire, 16 août 1762.)
1247 «  En général il me paraît que Jean-Jacques Rousseau a l'esprit rempli de paradoxes, de sophismes et de singularités, qu'il nous étale avec beaucoup de force et d'éloquence. Mais je ne crois pas qu'il mérite d'être banni ni de la France ni de sa patrie, ni son livre brûlé de la main du bourreau.  » (Même date.) (Osten, p. 324.) «  V. M. a donc lu aussi ÎLmile ; un jeune homme élevé sur ce modèle ne sortirait guère à mon avis de l'état des brutes. Rousseau est un homme singulier et a l'ambition de vouloir l'être. Ce qui me plaît le mieux de cet ouvrage c'est le 4e tome, quoi qu'il ne contienne non plus beaucoup de nouveautés.  » (A Frédéric II, 12 fév. 1763.) En 1765, elle fait inviter Rousseau, au cas où il se rendrait à Berlin, à lui rendre visite au passage, 755 et C. G. XIII, 262, etc. Elle meurt deux ans plus tard, en 1767. V. J. von der Osten, Euise-Dorothea, Her^pgin von Sachsen- Gotha, 1732-1767, Leipzig, 1893, ouvrage contenant de très nombreuses lettres ou extraits de lettres en français. Sc^evola (Rousseau orthographie Scevola), jeune Romain qui, croyant surprendre de nuit dans sa tente le roi étrusque Porsenna, et ayant tué un autre à sa place, plaça sa main droite sur un brasier pour la punir; geste admiré et imité par Rousseau enfant, 9. Schomberg (Armand-Frédéric, duc de), (maréchal), 1615-1690. Allemand du duché de Clèves, sert successivement dans les armées des princes d'Orange Frédéric-Henri puis Guillaume II ; passe ensuite au service de la France, francisant alors son nom de Schonberg, et devenant maréchal de France. Enfin il sert Guillaume III d'Orange, devenu roi d'Angleterre, et est tué dans les troupes de ce dernier, en Irlande, à la bataille de la Boyne, 178. Schomberg (comte de). Il y a deux frères Schomberg (ou Schon¬ berg), qui l'un et l'autre ont vécu à Paris  : Gottlob-Louis et Adolphe-Henri. Ce dernier, né en 1734, arrive à Paris à la fin de 1748 avec Grimm pour précepteur. Mais Rousseau veut certainement parler du frère aîné, Gottlob-Louis, 1726-1796, fils du comte Jean-Frédéric de Schomberg, et ami d'enfance de Grimm. Gottlob vient en France également en 1748 et entre comme capitaine en second au régiment La Dauphine dont le colonel-lieutenant était au début de l'année son ami
1248 (Rousseau dit parent) le comte de Friesen. Il deviendra lieutenant-général dans l'armée française, 437, 555. Scotti (marquis), «  frère du favori de la reine d'Espagne  », 352. Le «  favori  » est Annibale Scotti, né v. 1680, ambassadeur extraordinaire aux cours de France et d'Espagne, où il obtient de hautes faveurs et prend part à la chute d'Alberoni  ; il épouse en 1699 la marquise Teodora Chiapponi. (Encyclopédie nobiliaire de Spreti, VI, 214.) Séguier (Sidonie-Charles-François, marquis de Saint-Brisson) » 1738-1773. Lieutenant en 1757 au régiment du Limousin » aide-major en juin 1765, avec rang de capitaine en avril 1767. Rend visite à Rousseau en Suisse et fait avec lui en juillet 1765 le voyage de l'île de Saint-Pierre, 727. Voir Y. Bézard, «  Un disciple de Jean-Jacques Rousseau et sa famille, les Séguier de Saint-Brisson  », R. H. L. F., XLIV, 1937. pp· 330-351· Séguier (Mlle), parente du précédent, et voisine de Rousseau à Trye, 728. Séguy (abbé), Rousseau orthographie Ségui, précepteur des enfants du prince de la Tour-et-Taxis à Bruxelles, se lie d'ami¬ tié dans cette ville, v. 1732, avec Jean-Baptiste Rousseau, dont il deviendra l'éditeur ; Rousseau l'a connu chez La Poplinière, 413, 595. Il est le frère de l'académicien Joseph Séguy (1689-1761), avec lequel on l'a souvent confondu. Voir Voisine, Revue des Sciences humaines, avr.-juin 1963. Sellon (Jean-François), 1707-1790. Résident diplomatique, puis ministre de Genève à Paris de 1749 à 1764. Remet au comte de Saint-Florentin une protestation de Rousseau contre l'ins¬ cription du Devin au répertoire de l'Opéra, 593. Ses fonctions l'amèneront en 1762 à communiquer à Choiseul le jugement du Petit Conseil de Genève sur YÉmile et le Contrat social. Sénac (Jean-Baptiste), 1693-1770. Ancien protestant converti et devenu jésuite (Roth). Médecin du maréchal de Saxe, oncle du comte de Friesen; ce qui vaut à Grimm, secrétaire du comte, d'être soigné par Sénac (438). Devient en 1752 premier médecin de Louis XV. Sennectere (Jean-Charles de —, ou Saint-Nectaire), 1714- 1785, fils du marquis de Sennectere, ambassadeur de France auprès du roi de Sardaigne à Turin de 1734 à 1745, 243-244. Serre (Suzanne), née en 1720. Fille du peintre marseillais Michel Serre (né à Tarragone en 1658, il s'est distingué pendant
1249 la peste de Marseille en 1720) et d'une Lyonnaise. Tandis qu'un des fils du peintre s'installe à Lyon et s'allie à une famille de soyeux, Suzanne Serre est pensionnaire au cou¬ vent des Chazottes, où Rousseau fait sa connaissance en 1731. Elle épousera le 24 février 1742, à Lyon, Jean-Victor Genève, et mourra au plus tôt en 1755, contrairement à ce que croit Rousseau (527), qui l'a connue lorsqu'elle avait onze ans, et non pas quatorze, 195. Voir Aurenche, Rousseau che% Mably, pp. 23 sqq. L'amour que Rousseau dit avoir éprouvé pour elle (327) autour de 1741 a fait naître diverses hypothèses, qui demeu¬ rent fragiles  : Suzanne Serre pourrait être la jeune Lyonnaise inconnue à qui Rousseau adresse une déclaration datée C. C., I, 103, de 1739; elle pourrait être le sujet de fragments auto¬ biographiques évoquant une jeune femme inconnue (O. C., I, 1161)  : identification proposée par Ritter, 289-297, et souvent reprise depuis, sans preuves décisives; elle était peut-être l'héroïne d'un épisode idyllique par lequel Rousseau comptait primitivement, selon Mme de Saussure, terminer le livre VI (v. p. 314, n. 1). On peut noter une curieuse erreur de Suzanne Goncerut, la «  tante Suzon  » de Rousseau, qui, écrivant en 1764 à son neveu, envoie en terminant ses compliments à Mlle Serre, voulant dire Thérèse Levasseur (C. C., XXII, 170). Les difficultés sont accrues par l'incertitude qui règne encore sur la date du départ de Rousseau pour Paris (1741 ou 1742 ?) et par suite sur celles du ou des séjours qu'il fit à Lyon dans cette période. Je ne vois pas de raison suffisante, dans l'état actuel de la documentation, pour identifier avec Suzanne Serre la destinataire de la lettre citée plus haut (C. C., I, 103), figurant dans la .collection de Saussure, et m'en tiens sur ce point au résumé de la question et aux conclusions établis par M. B. Ellis, «  Jean-Jacques Rousseau  : Biographical Pro¬ blems, 1732-1742  », Romanic Review, April 1947, pp. 128 sqq. Sévigné (Mme de), 1626-1696. Née Marie de Rabutin-Chantal, épouse en 1644 le marquis Henri de Sévigné, mort en 1651. La première grande édition de ses Lœttres date de 1734, 87. Silhouette (Etienne de), 1709-1767. Né à Limoges. Voyageant en Italie, il y a rencontré Montesquieu en 1729. Attaché au maréchal de Noailles, ensuite secrétaire des commandements, puis chancelier, du duc d'Orléans (Musset-Pathay, II, 311). Contrôleur général des finances de mars à novembre 1759,
1250 s'attaque aux privilèges des fermiers généraux. Rousseau lui écrit pour le féliciter et regretter son départ lorsqu'il apprend son remplacement par Bertin (personnage ridiculisé par Diderot dans le Neveu de Rameau), 626-627. Simon, Simond ou Symond (Jean-Baptiste), avocat auprès du Sénat de Savoie, nommé en 1730 juge-maje ou président du tribunal d'Annecy (l'orthographe fautive juge-mage est posté¬ rieure à Rousseau). 11 est donc peu probable, quoi que laisse entendre Rousseau (155) qu'ils aient pu se voir chez Mme de Warens avant le voyage de cette dernière à Paris en avril 1730, Simon meurt en 1748, léguant ses livres à la ville d'An¬ necy pour la création d'une bibliothèque publique. Après l'installation à Chambéry (sept. 1731), Rousseau reste en rela¬ tions avec Simon, qu'il passe voir à Annecy lorsqu'il fait le voyage de Genève (251). Portrait caricatural de Simon, I55"157· V. Mugnier, Mm de Warens [....]. Aussi 154. Socrate. Rousseau se compare implicitement au sage athé¬ nien du ve siècle avant J.-C., 228, 326 (note). Solar (Solaro)  : v. Gouvon (Govone). Somis (Gianbattista), 1676-1763. Violoniste piémontais, élève de Corelli et Vivaldi. Violon solo du roi à Turin, puis direc¬ teur de l'orchestre royal jusqu'à sa mort. Il n'a publié qu'une série de sonates. Il est un trait d'union entre les écoles clas¬ siques de violon d'Italie et de France (Grove). Frère de la future Mme Van Loo (v. ce nom), 77. Sophie. Jeune chanteuse vénitienne, 372. SouHAiTTi ou SouHAiTTY (Jean-Jacques), religieux de l'Obser¬ vance, auteur des Nouveaux Êle'ments du chant, ou Essai d'une nouvelle découverte qu'on a faite dans l'art de chanter, Paris, 1677. Cet essai propose de noter le plain-chant au moyen de chiffres (ut = i, ré = 2, etc.), les octaves supérieurs ou inférieurs étant marqués respectivement par un point ou une virgule à côté du chiffre. Le rapport de l'Académie des Sciences sur le système de Rousseau relevait son originalité par rapport à celui de Souhaitti, 331, originalité confirmée par G. Noll dans une thèse dactylographiée, Berlin, i960. Stamma (Philippe), auteur de Y Essai sur le jeu des eschets, Paris, Emery, 1737, Hambourg, 1770, etc. C'est cette méthode qu'utilise Lorenzi, C. C., VII, 62.
1251 Stanislas Ier Leczinski, roi de Pologne et duc de Lorraine, 1677-1766. D'une famille polonaise originaire de Bohême. (Son père est grand trésorier de Pologne.) Il voyage jeune en France, se rallie à Auguste II (Frédéric-Auguste de Saxe) après l'élection au trône de Pologne de ce dernier (1703), lequel est bientôt déchu après sa défaite devant Charles XII de Suède (1704). Stanislas négocie avec le vainqueur des conditions avantageuses et est élu roi en 1704, combattu plusieurs années par l'ancien roi allié aux Russes ; la Pologne est finalement entraînée dans la défaite de son protecteur Charles XII (Poltava, 170g), et Auguste II est rétabli sur le trône. Le régent de France, duc d'Orléans, autorise Stanislas, après la mort de Charles XII, à s'établir à Wissembourg ; en 1725 la fille de Stanislas, Marie Leczinska, épouse Louis XV. La mort d'Auguste II (1733) rendant vacant le trône de Pologne, Stanislas est soutenu par la France contre le fils d'Auguste II, que protègent la Russie et l'Autriche (v. p. 208, n. 1). La guerre de la Succession de Pologne est terminée par le traité de Vienne aux termes duquel Stanislas renonce à toute prétention au trône de Pologne, mais conserve le titre de roi en recevant à vie les duchés de Lorraine et de Bar. Il gouverne ainsi la Lorraine de 17 3 8 à sa mort, tenant sa cour à Lunéville; fonde la Société royale ou Académie de Nancy devant laquelle est réfuté le Discours sur les sciences et les arts, (432), le roi lui-même prenant la plume contre Rousseau. Il intervient contre Palissot, qui avait ridiculisé les Philosophes dans une comédie représentée à la cour de Luncville, 474 ; Rousseau aurait été invité à la suite de cette affaire à entrer dans l'Acadérpie de Nancy, 613. Stanislas lit en manuscrit la Nouvelle Héloîse, 642. Stuart  : v. Jacques II (le roi); Prétendant (le). Sturler (Carolus), 1711-1793. Membre du Petit Conseil de Berne depuis 1762, 756. Surbeck (M. de). Les officiers de ce nom sont très nombreux dans les registres des troupes suisses en France, au xviiie siècle. L'un d'eux, Charles-Placide, chevalier de Sur¬ beck, «  né à Bagneux près Paris  », qui entrera au service en 1772, doit être un fils, petit-fils ou neveu de celui qu'a connu Rousseau (180) et qui serait pense-t-on Pierre-Eugène de Sur¬ beck, 1676-1744. Je n'ai pu trouver de Surbeck ainsi prénommé dans les registres. Le régiment de Surbeck (ancien régiment de Stoppa) a pris ce nom en 1692, et son chef de corps, fait
1252 maréchal de camp en 1696, et lieutenant-général en 1701, meurt en 1714; son commandement passe alors à son fils, qui jusque-là commandait une demi-compagnie dans le régi¬ ment de Brendé. Ce fils, dont le prénom n'est pas donné, serait-il le Sutbeck auquel fut recommandé Rousseau  ? (Arch, de l'Armée.) Suzon (Rousseau orthographie Suson), tante de Rousseau, v. Rousseau (Suzanne). Sylvandre. Berger amoureux de la bergère Diane, dans la 4e partie de l'Astrée d'Honoré d'Urfé, dont l'action se situe sur les bords du Lignon dans le Forez (actuel département de la Loire), 186. Tacite. La traduction par Rousseau (467) du premier livre des Histoires de Tacite (v. 55-120 ap. J.-C.) date du séjour à Genève en 1754. Aussi 455. Talmont (princesse de), morte en Ί773. D'origine polonaise, Marie-Louise Jablonowska épouse en 1730 Anne Charles- Frédéric de la Trémoille, prince de Talmont. Le rôle et les sentiments que lui attribue Rousseau, peut-être par erreur, 646, sont contredits par le portrait peu flatté que trace d'elle Horace Walpole, qui l'a connue en 1765, dans un passage rapporté par Musset-Pathay (II, 315)  : elle y est représentée comme une intrigante, maîtresse jadis du «  jeune prétendant  » (Charles Édouard Stuart, 1720-1788), et devenue dévote pour faire sa cour à sa compatriote reine de France, Marie Lec- zinska. Tasse (le), Torquato Tasso, 1544-1595. Rousseau en fait le héros d'un acte de ses Muses galantes, et s'identifie à son personnage, 543 et n. 3 ; il le cite, 675. Taulignan, Rousseau orthographie Torignan, Joseph Louis- Bernard de Blégiers, marquis de Taulignan, .baron de Barry, etc., né en 1666, avait soixante-et-onze ans lorsqu'il eut Rous¬ seau pour compagnon de voyage en 1737. Son nom est celui d'un bourg de la Drôme, dont les seigneurs s'éteignent à la fin du xviie siècle, le titre passant à la famille de Blégiers. C'est vraisemblablement à Livron qu'il quitta les voyageurs, une des terres des Blégiers étant toute proche de cette ville, 288-293, 297. V. Aurenche dans Annales, III, 74. Tavel (Étienne-Sigismond de), amant (apparemment le premier en date) de Mme de Warens, 54, 226-227, lui aurait inculqué des principes «  laxistes  » en matière de morale sexuelle, 265.
1253 En 1704, enseigne de la compagnie aux gardes appartenant à son oncle Villars dans les troupes suisses au service de la France; «  bien jeune, joli garçon  », devient second lieu¬ tenant de la même compagnie puis commande la demi- compagnie de Villarschandieu (autre de ses oncles) avec commission de capitaine à partir de 1713. En 1717 il est, sans faute de sa part, et contre son gré, congédié honorable¬ ment «  à la fleur de son âge  » avec une pension et une com¬ mission de colonel (Arch, de l'Armée, v. Voisine, dans Rev. Sc. hum., avr.-juin 1963; autres détails, C. II, 288-9). C'est donc probablement après 1717 qu'il rentre au pays de Vaud et devient l'amant de Mme de Warens, qui bien que déjà mariée n'a à cette date que 18 ans. Il s'installe à Vevey en 1734, et devient bailli de la ville. Teissier. Maître d'hôtel de Mme d'Épinay, 561. Theil (du)  : v. Dû Theil, Thellusson (Georges-Tobie de), 1726-1776. Banquier genevois établi à Paris, associé de Jacques Necker, 620. Thersite. Héros de l'Iliade personnifiant la lâcheté insolente, et auquel Rousseau se compare plaisamment, 98. Thieriot ou Thiriot (Nicolas-Claude), 1696-1772. Lié dès sa jeunesse avec Voltaire, dont il soutint toujours la gloire. C'est lui qui présente Desfontaines à Voltaire ; il joua un rôle équivoque dans leur querelle. En 1736 il reçoit la charge lucrative de correspondant littéraire du prince Frédéric, plus tard roi de Prusse. Voltaire secourut financièrement à plusieurs reprises Thieriot, qui n'a jamais écrit, et vit avec son amie MUe Taschin. Il fréquente les salons de La Po- plinière et de Mme Dupin, 400. Thierry (François), Rousseau orthographie Thyerri, méde¬ cin de Rousseau et de Thérèse Le Vasseur; Rousseau le consulte à Paris lors de l'abandon des enfants, 424, 432, et plus tard à Montmorency, 577. Thun (le «  baron de Thun  »). Un «  Herr von Thun  » dont il n'est pas dit s'il est baron, et dont l'état civil n'est pas indiqué, est fréquemment men¬ tionné dans le livre consacré par J. von der Osten à Louise- Dorothée, duchesse de Saxe-Gotha. Thun est recom¬ mandé à la duchesse en janvier 1743 comme un précep¬ teur possible pour le prince héritier Friedrich, alors âgé
1254 de huit ans, par le comte Ernst Christoph Manteuffel, diplo¬ mate et lettré ami de la duchesse. Manteuffel, qui est d'ori¬ gine poméranienne, donne Thun comme un compatriote. L' Allgemeine Deutsche Biographie ne connaît pas de famille du nom de Thun. Thun, engagé comme «  précepteur principal  » (Oberbofmeister) ou gouverneur, part pour Genève avec son élève en septembre 1744 via Francfort, Strasbourg et Berne. Pendant les deux ans et demi de ce séjour à Genève, Thun ne cesse de recommander, pour compléter l'éducation fran¬ çaise du prince, un séjour à Paris, où il a déjà fait lui-même plusieurs voyages. En outre il engage un précepteur pour la géométrie, un Genevois nommé Cramer, et un chapelain, le Wurtembergeois Klupfel, ministre de l'église luthérienne de Genève. A Paris, où l'on arrive fin mars 1747, la suite du prince sera complétée l'année suivante par l'abbé Raynal, qui vient de quitter l'ordre des Jésuites et que Thun choisit pour donner des leçons d'histoire et de philosophie, auxquelles met bientôt fin l'opposition du duc et de la duchesse des Saxe-Gotha, inquiets de savoir leur fils, bon luthérien, entre les mains d'un ancien jésuite. Au printemps de 1749, c'est Grimm, alors secrétaire du comte de Friesen, qui est chargé «  d'instruire le prince dans l'allemand et le latin tant que le comte de Frise sera absent  » ; Thun gardant le titre et les fonc¬ tions à'Oberhofmeister. Thun, qui a déjà rencontré Voltaire, Mme du Châtelet et d'autres savants et lettrés français au cours de séjours antérieurs, introduit le jeune prince dans la société parisienne. Dès le début de leur séjour il se fait inviter avec lui chez Mme Dupin, où Rousseau a fait leur connais¬ sance à une date non déterminée. En mai 1748 Thun installe le prince et sa suite dans une maison de campagne à Fonte- nay-so us-Bois, où ils résident définitivement à partir de mai 1749. Ils y fréquentent une nombreuse société dont le marquis du Châtelet, «  gouverneur de Vincennes, notre voisin, et parent de la savante  ». C'est là que Rousseau est invité en août 1749, 413, et fait la connaissance de Klupfel et de Grimm. Rien ne semble justifier l'assertion de Rousseau, 414, selon laquelle Thun fut plus tard supplanté par Klupfel dans ses fonctions de gouverneur du prince Frédéric; mais au plus tard à la mort de ce dernier, en 1756, le rôle de Thun était terminé, tandis que Klupfel allait se faire une importante situation à la cour de Saxe-Gotha, ainsi que Grimm. On peut se demander si Rousseau s'intéressa aux activités de précepteur de Thun; il dut en causer avec Klupfel, lequel
1255 critique assez sévèrement la pédagogie du gouverneur en titre dans une très longue lettre au duc de Saxe-Gotha datée du 4 septembre 1749, donc des débuts de son amitié avec Rous¬ seau. C'est peut-être cette attitude de Klupfel qui donna à penser à Rousseau que le chapelain allait supplanter le gouverneur ; mais il n'en fut rien, et l'on comprend pourquoi si l'on lit en regard le rapport adressé à la cour par Thun sur Klupfel quelques mois plus tôt (v. Klupfel). Dans cette lettre (en allemand, alors que Thun écrit toujours en fran¬ çais), Klupfel critique l'abus des reproches et des punitions dont fait usage Thun; il lui attribue un tempérament morose et maussade, observation qui concorde avec celle de Man- teuffel qui, en 1743, prévoyait que Thun ferait un bon pré¬ cepteur s'il pouvait vaincre son inquiétude naturelle. Thun a le mérite d'avoir fourni l'idée et les possibilités maté¬ rielles de la Correspondance littéraire adressée aux cours alle¬ mandes et inaugurée par Raynal avant d'être développée par Grimm. V. le livre de J. von der Osten, pp. 56 sqq. Tingry (Charles-François-Christian de Montmorency, prince de), 1713-1787. Lieutenant-général des Armées et au gouver¬ nement de Flandre et de Hainaut, gouverneur de Valenciennes, capitaine des gardes du corps de S. M. Épouse  : i° en 1730 Anne-Olivie de Senezan, morte en 1741; 20 en 1752, Louise Madeleine de Fay, morte en 1754; 30 en 1765, Éléo- nore Josèphe Pulchérie des Laurents, cousine de la maréchale de Luxembourg (La Chesnaye-Desbois). Tingry est un bourg dans l'actuel département du Pas-de-Calais. Il rend visite à Rousseau au Montlouis, 621. ToR-ignan  : v. Taulignan. Touche (la)  : v. La Touche. Tour (de la)  : v. Warens (Françoise-Louise). Tour (la)  : v. La Tour. Tournemine (René-Joseph), 1661-1739. Religieux jésuite, direc¬ teur du Journal de Trévoux, après avoir enseigné au collège Louis-le-Grand où Voltaire fut son élève. Il tranche avec autorité dans les réunions savantes de l'Hôtel de Rohan autour de 1720, «  académie  » organisée par l'Italien Oliva, bibliothécaire du cardinal de Rohan. Montesquieu, habitué de l'endroit, finit par s'en irriter et cesse de fréquenter l'hôtel de Rohan; selon d'autres, la brouille serait survenue à la suite de la publication des Lettre s persanes (1721). On prête aussi à
1256 Montesquieu un mot moins charitable  : «  Qui est-ce que le Père Tournemine  ? Je n'en ai jamais entendu parler.  » (V. R. Shackleton, Montesquieu, Oxford, 1961, pp. 61-63.) L' «  illustre Montesquieu  » était mort depuis peu (1755) lors de la brouille de Diderot avec Rousseau, ce qui explique le rapprochement dans le livre X des Confessions ; le contexte implique que Rousseau se compare lui-même à Montesquieu, et fait jouer à Diderot le rôle de l'autoritaire jésuite (587)  ! On trouvera des renseignements sur Tournemine dans l'autobio¬ graphie de P. J. Grosley, Londres, 1787, pp. 59-63. Trbssan (Louis- Elisabeth de La Vergne, comte de), 1705-1783. Après avoir servi dans la guerre de la Succession de Pologne, devient favori du roi Stanislas et grand maréchal à la cour de Lunéville. Fonde la société royale ou Académie de Nancy. Après la mort du roi (1766) il se retire à Franconville, près de Montmorency, et écrit pour la bibliothèque des romans des adaptations de romans de chevalerie, 474, 613 (sur son rôle littéraire, voir la thèse d'H. Jacoubet). Treytorrens (François-Frédéric de), Rousseau orthographie Trëytorens, 1687-1737. Lausannois, professeur de droit selon Rousseau; en fait, de philosophie (v. J. Burdet, La musique dans le Pays de Vaud [...], Lausanne, 1963, p. 551, n. 4), 165, 213. Tribu. «  La fille Tribu  », loueuse de livres, a été à deux reprises au moins, en 1717 et 1727, date à laquelle Jean-Jacques était son client, l'objet d'une enquête de la part du Consistoire de Genève, ayant été accusée de mettre en circulation des «  livres impurs  » et de réunir chez elle des jeunes gens pour jouer (Ritter, p. 185), 42-43, 107, Tronciiin ou Tronchin-Boissier (Jean-Robert), 1710-1793. (Cousin de son homonyme Jean-Robert Tronchin, banquier à Lyon et fermier général.) Procureur général de Genève de 1759 à 1768, requiert contre VÉmile et le Contrat social. Auteur des Lettres écrites de la campagne, dont la première et la quatrième (sept. 1765) portent sur la condamnation de Rousseau, 722 — Le même titre fut utilisé en 1721 par Thémiseul de Saint- Hyacinthe. Tronchin (Théodore), 1709-1781. Après avoir étudié sous Boerhave à Ley de, est nommé professeur de médecine à Genève en 1755 et y devient notamment le médecin de Voltaire. Il est mis en relation vers le même temps par De Luc avec
1257 Rousseau; ce dernier, dans sa première lettre à Tronchin (C. C., III, 237), se défend de vouloir le consulter pour lui-même, et lui recommande Mme d'Épinay alors malade (déc. 1755). Ils se voient à Paris (471) pendant le séjour qu'y fait Tronchin de février à juin 1756, et au cours duquel il inocule les enfants du duc d'Orléans (Louis-Philippe, 1725- 1785, père de «  Philippe Égalité  »), dont il est nommé premier médecin. Peu après, Tronchin sert d'intermédiaire entre Voltaire et Rousseau dans leur polémique sur le tremblement de terre de Lisbonne (508). Après une critique de la Eettre à d'Alembert par Tronchin, la correspondance entre les deux hommes prend un tour gêné. Tronchin aurait engagé le Conseil de Genève à interdire la Nouvelle Héloise, 685. La rupture est consommée en 1763, après la renonciation de Rousseau à la bourgeoisie genevoise. C'est vraisemblablement Tronchin qui informe Voltaire de l'abandon des enfants. Rousseau l'appelle désormais le «  Jongleur  », 558. Son fils François, né en 1743, rencontrera Rousseau à Londres chez Hume en 1766. Voir H. Tronchin, Un médecin du XVIII' siècle, Théodore Tronchin, Paris, Pion, 1906. Aussi 128, 560, 579, 582, 627. Trublet (Nicolas-Charles-Joseph, abbé), 1697-1770. A publié en 1735 des Essais de littérature et de morale. Fait la connais¬ sance de Rousseau chez le cardinal de Tencin; Rousseau lui lit un de ses opéras, 343. Vers 1755 il est employé à la censure sous Malesherbes. Il avertit Rousseau en 1760 (C. C., VII, 127) de la publication faite à son insu de la Eettre à Voltaire sur la Providence, 635-637. Membre de l'Académie française en 1761. Rousseau l'appelle une «  manière (...) de demi-cafard  », 599. — V. sur Trublet le livre de J. Jacquart, Paris, 1926. Tuffière (comte de), héros de la comédie de Destouches, Le Glorieux (1732). Rousseau lui compare Grimm, et le valet de Grimm à La Fleur, valet du Glorieux, 550, 552. Valentinois (comtesse de), 1728-1774. Née Marie-Christine- Chrétienne de Rouvray de Saint-Simon, comtesse de Rasse. Épouse en 1749 Charles-Maurice Grimaldi, comte de Valen¬ tinois, Grand d'Espagne, brigadier des armées du roi, lieute¬ nant-général au gouvernement de Normandie. Grande d'Es¬ pagne en 1754. Dame de Mesdames (1762), puis dame de compagnie de Madame. Rend visite à Rousseau au Mont- louis, 621. (La Chesnaye-Desbois.) Vallace  : v. Wallace.
1258 Valmalette de Morsan ou Morsang (Louis de), «  maître d'hôtel du roi, et gendre de M. Mussard  », 597, 442. La maison du roi compte une soixantaine de trésoriers et contrô¬ leurs du roi; l'Almanach Royal pour 1745 donne deux contrô¬ leurs généraux et un contrôleur général des quittances des officiers de la maison du roi. Une «  lettre de Rousseau à Valmalette  » s'adresserait en fait à Jelyotte, selon Leigh, C. C., II, 200. Valmalette (Mme de), fille unique de François Mussard, épouse du précédent, 442. Valory (Jules-Hippolyte), né en 1696, Chevalier de Saint-Louis. A connu à Valenciennes, par l'intermédiaire du baron d'Escla- velles, père de Mme d'Épinay, Mlle d'Eth, qu'il enlève toute jeune vers 1730 (Roth, Corr. de Diderot), 407. Van Loo (Anne-Antoinette-Christine, Cristina-Antonia), née Somis. Née à Turin vers 1714, appartient à une famille de musiciens qui compte les deux violonistes et compositeurs Gianbattista (1676-1763) et Lorenzo (1688-1775) Somis (v. ce nom), ses frères. Elle se produit comme chanteuse dans des concerts à Turin avec sa famille, et épouse en 1733 à Turin le peintre Carl Van Loo (1705-1765), avec lequel elle s'établit à Paris, probablement vers le même temps que son frère Lorenzo qui y réside dès avant 1740. Célèbre par son talent et sa beauté, Mme Van Loo est une des premières à introduire à Paris la musique et le chant italiens, avant la «  querelle des Bouffons  » évoquée par Rousseau (454). Elle a parmi ses élèves Mlle Fel (v. ce nom). Mme Van Loo, qui mourra à Paris vers 1780, a connu Rousseau à Passy chez Mussard (443). Il la dit «  non pas belle assurément, mais charmante  », contrairement au Di^ionario universale dei musi- cîsti de Carlo Schmidl (Milano, 1938), qui la dit célèbre par son talent et sa beauté. Elle est parente par mariage d'un autre Piémontais, Canavazzo ou Canavas (v. ce nom), 213, var. d. Vaussore de Villeneuve, anagramme du nom de Rousseau, composé sur le modèle du nom Venture de Villeneuve, 164. Vautra vers (Jean-Rodolphe de), Rousseau orthographie Vau- Travers, 1723-1815. Conseiller de légation de l'Électeur pala¬ tin à la cour d'Angleterre. Acquiert en 1763 la propriété de Rockhall, près de Bienne. Rencontre Rousseau lors d'une visite de ce dernier à Bienne avec Du Peyrou en mai 1765, et correspond ensuite avec lui; ses lettres, publiées dans un périodique local, ne figurent pas toutes dans la C.G. Vautra-
1259 vers rend visite à Rousseau à l'île de Saint-Pierre, et l'invite à se réfugier dans sa propriété lors de l'expulsion de l'île, 778. Bibliographie sur Vautravers (inédits et imprimés) dans H. Utz, Die Hollis-Sammlung in Bern, Berne, 1959, pp. 145-147. Venture de Villeneuve. On n'a pas identifié jusqu'ici ce musicien, dont le jeune Rousseau s'«  engoua  » au point de lui emprunter son patronyme (ou pseudonyme  ?) lors de son séjour à Lausanne, où il se fait appeler «  Vaussore de Ville¬ neuve  », 164-165. Arrivée de Venture à Annecy en 1730, 137-140; Rousseau loge quelque temps avec lui, 147; il présente Rousseau au juge-maje Simon, 154-155; il a quitté Annecy lors du voyage de Rousseau à Besançon, 238; ils se revoient à Paris vers 1755, 473. Aussi 221. Vercellis (comtesse de), 1669-1728. Née Louise-Marie-Thérèse di Chiabo, ou Thérèse de Chabod Saint-Maurice, d'origine savoyarde. Veuve du comte Hippolyte de Vercellis depuis 1696. Rousseau sert chez elle comme laquais de la fin de juillet à la fin de décembre 1728, quelques jours après le décès de sa patronne survenu le 19 décembre. Elle habitait à Turin le Palais Cavour, quartier Saint-Matthieu, paroisse Sainte- Marie (E. Gaillard), 87-92, 96, 98, 105. Verjdelin (Bernard, marquis de), 1686 (  ?)-τ765. Colonel d'in¬ fanterie. Son portrait par Rousseau, 623. Verdelin (Marie-Madeleine, née de Brémond d'Ars, marquise de), 1728-1810. A épousé en 1750 le colonel-marquis de Ver¬ delin, alors âgé de 64 ans. Sa rencontre avec Rousseau à Montmorency, 623 sqq. Coindct s'introduit chez elle, 625. Amie de Mme de Polignac, 647. Rend visite à Rousseau à Môtiers en 1765, 745-747, 753. Suggère à Rousseau de chercher asile en Angleterre chez Walpole, 755. Rousseau en 1770 la dénonce comme «  furie  », 317. Pourtant elle adresse cncorç en août 1771 une lettre aimable à Rousseau (C. G., XX, 88); leur correspondance (plus de 150 lettres dans la C. G.) ne s'est jamais départie de ce ton amical. Aussi 753. Voir Faguet, Amies de Rousseau, et l'art, de P. Tisseau, Annales, XXV, 1936, pp. 1-218. Vernes (Jacob), 1728-1791. Genevois qui après ses études de théologie s'est lancé dans la littérature, et fait un séjour à Paris en 1752 au cours duquel il lie connaissance avec Rous¬ seau, il est ministre à Genève, et établi au quartier de Plain-
1260 palais, lorsque Rousseau le retrouve en 1754, 467. Il lance à cette date un périodique pour lequel il sollicite sans succès la collaboration de Rousseau. Lié avec Palissot, qui prétend l'avoir consulté avant de ridiculiser Rousseau dans sa comédie Le Cercle. Collabore lui-même à XEncyclopédie, et se plaint à Rousseau de l'article Genève de d'Alembert. Plus tard prédi¬ cateur en renom. Inquiet de bonne heure des opinions reli¬ gieuses de Rousseau, il rompt avec lui lors de la publication de VËmile ; auteur des L·etlres sur le christianisme de Jean- Jacques Rousseau, 1763, 750. Rousseau l'accuse d'être l'auteur du Sentiment des citoyens, 751-753 et n. 1. Vernes s'exilera en 1782 à la suite de désaccords politiques avec les magistrats de Genève. Sa correspondance avec Rousseau occupe dans la C. C. une quarantaine de lettres. Voir Ed. Rod, L'Affaire Jean-Jacques Rousseau, Paris et Lau¬ sanne, 1906. Vernet (Jacob), 1698-1788 ou 1789. Genevois, ministre calvi¬ niste en 1722, en relations avec les milieux intellectuels français, particulièrement Fontenelle, et Montesquieu qu'il a connu à Rome en 1729 et pour qui il surveille à Genève en 1747 l'impression de L'Esprit des Lois (v. R. Shackleton, Montesquieu). A publié de 1730 à 1747 un Traité de la vérité chrétienne destiné à convertir au christianisme les adeptes de bonne foi de la religion naturelle. Il s'écarte de l'orthodoxie calviniste en abandonnant les notions de péché originel et de prédestination. Après avoir en 1751 prononcé dans une séance publique à Genève une réfutation du Discours sur les sciences et les arts (v. éd. Havens du Discours), il «  tourne le dos  » à Rousseau quand celui-ci séjourne à Genève en 1754, 467. Polémique contre d'Alembert et Voltaire lors de la publi¬ cation de l'article Genève de Γ Encyclopédie, et rompt définiti¬ vement avec Rousseau après la publication de YÉmile. Veronese. Nom d'une famille de comédiens italiens dont les débuts à Paris sont de mai 1744, le père Carlo Antonio Veronese (1702-1762) dans le rôle de Pantalon et la fille Anne- Marie-Coraline (i73o-(  ?)-i782) dans celui de Colombine. Une deuxième fille, Camille-Jacquette-Antoinette (1735(  ?)- 1768), est aussi sur les planches, ainsi qu'un fils, Antonio- Francesco (1732-1776). Acteur médiocre, mais vivant et sym¬ pathique, le père a écrit plusieurs comédies, dont Coraline magicienne, Les Folies de Coraline. Anna, dite Coraline, célèbre
1261 peut-être plus par son physique que par son talent, reçoit de nombreux hommages poétiques, et du prince de Conti le marquisat de Silly. Sa sœur Camilla, d'abord ballerine, puis actrice à partir de 1747, est mentionnée dans les Mémoires de Goldoni.Rousseau mentionne le père et les filles, 355-356 et p. 356, η. i. Verrat (François), né en 1704. Apprenti graveur de 1722 à 1726, compagnon chez Abel Ducommun en 1727-1728. La maison et le jardin de ses parents, où Rousseau volait des asperges, étaient à quelques centaines de mètres de l'atelier du graveur (Courtois, dans bull. Inst, national genevois, t. L, 1934). Le marché de la place du Molard, où étaient vendues les asperges volées, est moins loin encore dans la direction opposée, 35-36. Victor-Amédée II, 1666-1732. Fils de Charles-Emmanuel II et de Jeanne-Marie de Nemours, laquelle exerce la régence et la maintient encore après la majorité de son fils, atteinte en 1680. Duc de Savoie en 1675; épouse Anne d'Orléans, nièce de Louis XIV (1684). Roi de Sicile (1713) puis de Sardaigne (1720). Entre dans la Ligue d'Augsbourg ; battu par Catinat à Stof- farde (1690), fait sa paix particulière avec la France en 1696. S'allie avec la France au commencement de la guerre de la Succession d'Espagne (1700), puis en 1703 à l'Autriche, la Hollande et l'Angleterre. Après la défaite des Français devant Turin en face du Prince Eugène (1706), Victor-Amédée met le siège devant Toulon. Plus tard il garde la neutralité; le traité d'Utrecht lui donne le titre de roi de Sicile, et il réside à Palerme. En 1720, revenu à Turin, il abandonne la Sicile à Γ Autriche et reçoit la Sardaigne en échange. Abdique en 1730 (145) en faveur de son fils Charles-Emmanuel, et vit dans un château en Savoie. Ayant tenté de ressaisir le pouvoir, il est arrêté par ordre de son fils et gardé au château de Rivoli où il meurt en 1732. Il est le fondateur de l'Université de Turin, et a fait construire plusieurs beaux édifices de la ville. Ses goûts musicaux, 77. Passe à Bossey en 1724, 22. Pensionne Mme de Warens, nouvelle convertie, 51, 53. Aussi 197. vidonne de Saint-Ange (Joseph-Auguste), chantre de la maîtrise d'Annecy en 1730, devenu prévôt du chapitre de Genève en 1732, 141, var. b. villardin (... de Loys de), beau-père de mme de Warens, 53.
1262 Villemain (Pierre-François), né en 1718 ou 1719, petit-neveu de Jean-François Gaudard, et probablement élève de Rous¬ seau à Paris en 1731, 177, n. 2, 181, 184. Villeneuve  : v. Vaussore, Venture. Villeroy (duc de), 1695-1765. Louis-François-Anne de Neuf- ville, duc de Villeroy et de Retz, pair de France. Frère de la maréchale de Luxembourg. Gouverneur du Lyonnais, Forez et Beaujolais de 1734 à 1765. Rend plusieurs visites à Rousseau à Montmorency, 621. Rousseau en fuite passe à Villeroy mais refuse d'y coucher, 689. Aussi 656. Villeroy (duchesse de), 1697-1759. Marie-Renée de Mont¬ morency-Luxembourg, fille aînée de Charles-Frédéric de Montmorency, duc de Luxembourg, premier du nom. Sœur aînée du maréchal de Luxembourg. Épouse en 1716 Louis-François-Anne de Neufville, duc de Retz, puis duc de Villeroy. Ils n'ont pas de postérité. Le duc de Villeroy étant frère de Mme de Luxembourg, la duchesse de Villeroy devient donc en même temps belle-sœur du maréchal et de la maréchale. Sa mort, 649. Villeroy (marquis de), 1731-1794. Gabriel-Louis-François de Neufville, marquis puis duc (1765) de Villeroy; neveu des précédents, succède à son oncle comme gouverneur du Lyonnais en 1765; exécuté sous la Révolution, 656-657. Vincent. Secrétaire à l'ambassade de Madrid en 1730 ; chargé d'affaires à Vienne en 1743 (361) ; en Hesse-Cassel en 1745 ; au Palatinat en 1753 (Inv. numérique Aff. étr.). Vintimille (Charles-Gaspard de — Du Luc), 1645-1746. Frère cadet de Charles-François de Vintimille, comte Du Luc (v. ce nom). Évêque de Marseille en 1684, d'Aix en 1708 ; se distingue pendant la peste de Marseille en 1720-1721; commandeur de l'Ordre du Saint-Esprit en 1724 ; archevêque de Paris de 1729 à 1746, il fait fermer le cimetière de Saint- Médard, théâtre des exploits des convulsionnaires, et s'efforce d'atténuer les querelles entre jansénistes et jésuites. Protège Maltor, curé de Groslay, 595. Virgile. Rousseau étudie Virgile avec l'abbé de Gouvon à Turin, 106. j !1 scande ses vers aux Charmettes, 276, 279; les apprend par cœur à Paris, 334; cité 619. Vit Ali (Dominique), «  second gentilhomme  » de l'ambassade de France à Venise sous Montaigu; Rousseau l'appelle «  un
1263 bandit de Mantoue  », 363-364; mais noter que l'italien bandit 0 est moins fort que le français bandit. Le dictionnaire nobiliaire de Spreti donne quatre familles du nom de Vitali, mais aucune de Mantoue; il ne mentionne aucun Domenico Vitali. Il mène Rousseau chez une courtisane, 374. Aussi 366-367. Voltaire (François-Marie Arouet, dit), 1694-1778 (mort quelques semaines ayant Rousseau). Ses rapports avec Rous¬ seau, concrétisés par une quinzaine de lettres dans la C.G., font l'objet des mentions suivantes dans les Confessions  : Voltaire fréquente le salon de Mme Dupin, 340. (La première rencontre des deux hommes est de 1750.) Première lettre de Rousseau à Voltaire, et réponse de Voltaire, 394-395. Part prise par Rousseau à la transformation de l'opéra de Voltaire et Rameau L.a Princesse de Navarre, devenu Les Fêtes de Ramire, 393-397. L'installation de Voltaire près de Genève contribue en 1754-1755 à la décision de Rousseau, qui renonce à s'y installer lui-même, 470. Mais à la fin de 1755 il appelle encore Voltaire, dans une lettre déférente, «  notre chef  » (C. C., III, 164), et considère en 1757 qu'il mérite le titre de philosophe (C. C., IV, 152). Sa polémique avec Voltaire sur la Providence après le tremblement de terre de Lisbonne (cf. C. C., IV, 37, 102) 507-508, 546, marque la fin de la correspondance du côté de Voltaire. Rousseau lui écrivit encore une fois en 1760, 635-638. L'opinion du Rousseau des dernières années sur Voltaire, telle qu'elle est rapportée par le panégyriste du premier, Bernardin de Saint-Pierre (éd. Souriau, pp. 8 et 10), en un temps où les parallèles entre Voltaire et Rousseau étaient en faveur (1789-1791), fait paraître sous un jour avantageux le caractère de Rousseau  : Rousseau, dans l'indigence, donne deux louis pour la statue de Voltaire; il recommande à Ber¬ nardin, qui regrettera de n'avoir pas suivi ce conseil, de rendre visite à Voltaire; «  Rousseau n'a jamais parlé de Voltaire qu'avec estime et amour. Il le regardait comme le dieu du goût et de la poésie légère.  » Il n'est que trop facile de mettre en regard de ce respect les railleries souvent cruelles de Voltaire à l'égard de Rousseau, la plus méchante étant le pamphlet anonyme le Sentiment des Citoyens (v. p. 750 et n. 2). A partir de 1760, Voltaire considère Rousseau comme un fou (v. citations extraites de sa correspondance dans O.C., I, 1536-1537). Mais il arrive encore à Voltaire de s'exprimer avec humanité
1264 sur le compte de Jean-Jacques, comme dans cette lettre du 9 juillet 1763 à la duchesse de Saxe-Gotha  : «  Je pense sur le chapitre de Rousseau comme les bonnes gens, qu'il soit chrétien ou non, je l'estime de tout mon cœur, parce que je le crois de bonne foi un véritable honnête homme. Milord Maréchal que j'ai vu ici il y a quelques semaines en fait son idole; peut-être que Milord Maréchal n'est pas chrétien non plus (...).  » Autres mentions de Voltaire dans les Confessions  : 443, 543, M, 655, 717. Mentions des écrits de Voltaire  : Henriade citée 121-122; correspondance avec Frédéric de Prusse, 246; Lettres philo¬ sophiques, 246-247; Princesse de Navarre, Fêtes de Ramire, 393- 395; Τemple de la gloire, 394; Candide, 508. Bibliographie  : G. Brandes, Voltaire in seinem Verhaltnis Friedrich dem Grossen und J.-J, Rousseau, Berlin, 1909; É. Faguet, Politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Vol¬ taire·, Introduction de G. R. Havens à son éd. du Candide de Voltaire, New-York, 1934; notes du même à son éd. du premier Discours de Rousseau; G. R. Havens, «  Marginalia de Voltaire sur des pages de Rousseau  », R.H.I..F., XL, 1933, pp. 430-440; G. R. Havens, «  Voltaire, Rousseau and the Lettre sur la Providence  », Publ. Mod. Lang. Assoc. of Amer., LIX, 1944, pp. 109-130. Voyer  : v. Argenson (d'). Vulson (Charlotte de), Rousseau orthographie tantôt Vulson, tantôt Wulson. Charlotte de Vulson épouse en 1724 Jean- Pierre Christin, avocat et conseiller à Orbe. L'amourette de Rousseau, alors âgé de douze ans, se situe donc immédia¬ tement auparavant. C'est à l'automne 1744 qu'il revoit Mme Christin, passant à Nyon au retour de Venise (Courtois, Chronol.) 28-32; 168. L'art, de F. Aubert, «  J.-J. R. et Nyon  », Annales, XVII, 1926, ne fait pas mention de la famille Vulson. Vulson (Mme de), mère de la précédente, 28. Wallace (Robert), Rousseau orthographie Vallace, 1697- 1771. Ministre écossais, devenu en 1743 modérateur de l'Église d'Écosse, en 1744 Royal Chaplain for Scotland. Auteur d'une Dissertation on the Numbers of Mankind in Ancient and Modern Times, Edimbourg, 1753, traduite par Élie de Joncourt (et non Jaucourt), 1754, «  sous la direction de Montesquieu  » selon le Dictionary of National Biography, 747.
1265 Walpole (Horace, 4e comte cI'Orford), 1717-1797. Fils du premier ministre de George II, Sir Robert Walpole, fait son premier voyage sur le continent (France et Italie) de 1739 à 1741. Très francisé, fréquemment en France où il est un habitué des salons, devenant en 1766 l'ami intime et le corres¬ pondant presque quotidien de Mme Du Deffand. En Angle¬ terre, il vit en grand seigneur lettré dans sa maison de style pseudo-gothique de Strawberry Hill, qui abrite ses collections et son imprimerie personnelle. Auteur d'ouvrages historiques et du premier roman «  gothique  » ou roman noir, The Castle of Otranto, 1764. Lié avec Hume et les philosophes français, il a l'idée en 1766 d'une mystification dirigée contre Rousseau, la prétendue «  lettre du roi de Prusse  », qui, publiée dans les journaux de Londres lors du séjour de Rousseau en Angle¬ terre, est un des épisodes décisifs de la rupture entre Rous¬ seau et Hume. Walpole a toujours considéré Rousseau comme un charlatan. Mme de Verdelin conseille à Rousseau de chercher asile chez Walpole, 755. V. Voisine, J.-J. Rousseau en Angleterre, ch. 1, 8, etc. Warens ou Vuarens (Sébastien-Isaac de Loys de Villardin puis de), né à Lausanne en 1688, officier au service du duc de Savoie, puis de la Suède, puis de Berne (1712). Épouse en 1713 Françoise-Louise de la Tour et s'établit avec sa femme à Lausanne, empruntant à une terre de son père le nom de Warens, prononcé Voirons (et encore ortho¬ graphié ainsi parfois, cf. aussi près de Lausanne le village de Vuarens). Ils se fixent en 1724 à Vevey, dont le mari reçoit la bourgeoisie. C'est deux ans plus tard que sa femme le quitte (Mugnier), 53. Warens (Françoise-Louise), née de La Tour, 1699-1762. Le nom que lui donne Rousseau, «  demoiselle de la Tour de Pil (ou Peilz)  », est celui d'une localité proche de Vevey, son lieu de naissance. Après avoir été pensionnaire chez une piétiste de Vevey, elle n'a pas quatorze ans (mais l'âge légal est alors douze) lorsqu'elle épouse Sébastien-Isaac de Loys de Villardin, plus tard seigneur de Vuarens ou Warens. C'est en 1726 qu'elle quitte son mari pour passer en Savoie et abjurer le protestantisme, après avoir obtenu la protection et une pension du roi Victor-Amédée (51, 53). Elle aurait eu auparavant au moins deux amants, 226-227. Le divorce fut prononcé par le Consistoire suprême de Berne en 1727. Après un court passage au couvent de la Visitation à Annecy
1266 (53) elle s'installe dans une maison de la ville grâce à une subvention complémentaire des évêques d'Annecy et de Maurienne, pour y accueillir les nouveaux convertis; elle y était donc depuis deux ans, et non six, à l'arrivée de Jean- Jacques, ibid., qui lui est envoyé par le curé de Pontverre (51). Leur première rencontre (51-52, 55-59). Son portrait physique, 53, et moral, 53-55. Ses entreprises industrielles l'amènent à s'associer avec des escrocs et l'entraînent dans de perpétuelles difficultés financières, 61, 247, 284, 305, 306. Vie commune de «  Maman  » et Rousseau à Annecy, 112-124, 129-130, 135, 137. Elle part inopinément pour Paris, 144-145, 146-147. Sentiments de Rousseau pour elle, et leur évolution, 167-168, 293, 389, 490, 701-702. Nouveau et mystérieux voyage, 182; elle s'installe à Chambéry, 193 ; Rousseau l'y rejoint, 193- 197 ; leur vie à Chambéry, 200-25 8 ; installations successives aux Charmettes, 258. Vie aux Charmettes avec «  Maman  », 259- 287, Religion et morale de Mme de Warens, 264-266. Épisodes de la pervenche, 260-261; de la promenade de la Saint- Louis, 282-283. Rousseau supplanté au retour de Montpellier, 301-306; «  refroidissement  » de Mme de Warens à son égard, 307-308, 312. Rousseau, partant pour Venise, passa-t-il la voir  ? 346 (n. 1). De Paris, il lui envoie des subsides, 399. Mme Dupin a les mêmes cheveux qu'elle, 426. Rousseau la revoit en 1754, 463-464. Sa mort, 733-734. Autres mentions, 64, 80, 88, 133-134, 140, 141, 150, 155, 187 » 299. 324> 49 2 » 51°, 520> 664· Voir Mugnier, Benedetto, op. cit. ; Albert Montet, M"" de Warens et le Pays de Vaud, Lausanne, 1891; Noëlle Roger, «  J.-J. Rousseau et Mme de Warens  », R.D.M., ier octobre 1924 (compte rendu du ier volume de la C.G., confrontant les versions respectives des Confessions et de la correspon¬ dance); et sur les séjours aux Charmettes, les études citées de Daumas et Mme de Saussure. Watelet (Claude-Henri), 1718-1786. Receveur général des finances de la généralité d'Orléans, amateur d'art, membre de l'Académie française. Rend visite à Rousseau à Montmo¬ rency, 602, et plus tard à Môtiers au cours d'un voyage à Rome. Wildermet (Alexandre), Rousseau orthographie Wildremet, 1737-1800. Appartient à une famille distinguée de Bienne, d'origine piémontaise. (Son père Alexandre-Jacob, banneret,
1267 bourgmestre, est bibliophile et économiste; 1715-1786; un de ses livres a été imprimé par la Société économique de Berne ; sur ce groupement v. Kirchberger.) Le fils, capitaine en 1758, membre du Petit Conseil en 1772,banneret en 1778, sera conseiller épiscopal, et en 1792 membre de la régence épiscopale. Il rend visite à Rousseau à l'île de Saint-Pierre à la veille de l'expulsion, et s'occupe d'installer Rousseau à Bienne, 776- 778. wlntzenried de Courtilles (Jean-Samuel-Rodolphe), Rous¬ seau orthographie Vintzenried, 1716-1772. Converti tout jeune au catholicisme. Dès 1739 il signe Courtilles, du nom d'une petite localité du pays de Vaud dont son père était châtelain (et non concierge, 303  !). On a aucune preuve qu'il ait été garçon perruquier comme le dit Rousseau, ibid. Asso¬ cié successivement à diverses entreprises de Mme de Warens, dont le monopole de l'exploitation de la houille en Savoie (l'industrie de la houille est alors toute nouvelle), il a recours à son intermédiaire en 1754 pour préparer son mariage, qui eut sans doute lieu la même année, avec une jeune fille de Tarentaise (Rousseau dit que le mariage eut lieu en Mau- rienne, 307, on n'en a pas confirmation). Pensionné en 1755 par la cour de Savoie, il fait figure honorable dans des rap¬ ports qui le recommandent, quelques années plus tard, pour occuper des fonctions publiques; il devient dans ses dernières années inspecteur du château de Chambéry (Mugnier). Dans des lettres à Mme de Warens de 1747 et 1749, Rousseau parle de son «  frère  », lequel à cette date vit encore chez Mme de Warens; ce qui contraste avec le ton employé dans les Confessions, 303-307, 313. Le général Doppet a prêté au «  chevalier de Courtille  », comme à Claude Anet, des Mémoires apocryphes (Paris, 1789). Wolmar (M. de, et Mme, née Julie d'Étange), personnages de la Nouvelle Hélolse, 113, 169. Wurtemberg (Louis-Eugène, duc de), Rousseau orthographie Wirtemberg, 1731-1795. Troisième fils du duc Charles- Alexandre de Wurtemberg ; élevé à la cour du grand Frédéric. Voyage avec son frère aîné Frédéric-Eugène aux Pays-Bas et en France en 1746. Fait ensuite plusieurs séjours à la cour de Louis XV, et entre en 1749 au service de ce roi, qui le nomme maréchal de camp, tandis que son frère Frédéric-
1268 Eugène devient lieutenant-général. En 1755, comme volon¬ taire dans l'armée autrichienne, Louis-Eugène prend part aux campagnes de la guerre de Sept Ans, ce qui lui vaut d'être opposé à son frère dans plusieurs combats. Il épouse Sophie-Albertine de Beichlingen, comtesse d'Empire ; se retire en 1762 et vit à Lausanne, en relations avec Voltaire et Rousseau, puis se partage entre Paris et l'Allemagne jusqu'à son accession au titre de duc en 1793, à la mort de son frère. Il a rencontré Rousseau chez La Poplinière, est en relations avec le prince Henri de Prusse, autre admirateur de Rous¬ seau ; sa femme et lui correspondent avec Rousseau sur l'éducation des enfants, et suivent ses conseils lors de la naissance de leurs deux filles en 1763 et 1764; cette corres¬ pondance comprend dans la C.C. près de 60 lettres. Rousseau lui envoie le Sentiment des citoyens, 751. (Allgem. Deutsche Biogr., et O. Schanzenbach, Ein Rousseau-Jiinger im Hause Wurtemberg, Stuttgart, 1889.) Zulietta (Giulietta), courtisane vénitienne. S'agit-il, comme semblent l'impliquer MM. Gagnebin et Raymond (O.C., I, 1401) de la «  Julietta  » mentionnée par le président de Brosses comme «  passant avec raison  » en 1739 «  pour la plus belle femme de toute l'Italie  », et courtisée de l'ambassadeur de France (= Froulay  ? Il a quitté Venise un an plus tôt.) ? La Zulietta de Rousseau est en juillet 1744 — date de l'inci¬ dent du vaisseau La Sainte-Barbe — «  une brunette de vingt ans au plus  ». Elle n'aurait donc que quinze ou seize ans en 1738-1739, âge qui ne paraît guère s'accorder avec une aussi brillante réputation — sans parler de son métier. Il y avait vraisemblablement plus d'une courtisane à Venise prénommée Zulietta, 375-380, 428, 505. C'est peut-être elle qui a inspiré deux courts poèmes de Rousseau publiés 0. C., II, 1145-1146. Zustiniani (Giustiniani, Rousseau orthographie aussi Zusti- nian), famille patricienne de Venise, propriétaire du Théâtre San Mosè (et non San Samuele), 355, 356 (n. 1).