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Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Cardinaux et l’Innovation musicale à l’époque moderne
- Pages : 495 à 502
- Collection : Rencontres, n° 624
- Série : Histoire, n° 13
- Thème CLIL : 3378 -- HISTOIRE -- Histoire générale et thématique
- EAN : 9782406166658
- ISBN : 978-2-406-16665-8
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-16665-8.p.0495
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 17/07/2024
- Langue : Français
RÉSUMÉS
Jorge Morales, « Introduction »
Les cardinaux ont tenu une place essentielle dans la promotion des musiciens et dans la diffusion des répertoires et des styles musicaux anciens comme nouveaux. Le rapport des cardinaux mélomanes avec l’innovation musicale est paradoxal ainsi que le montre l’exercice de leur patronage – concept clé de cet ouvrage. Prolongeant une quarantaine d’années de travaux, les contributions de ce volume aspirent à renouveler et à approfondir l’étude du rapport complexe des porporati avec l’art musical.
Nicole Lemaitre, « Quand les cardinaux changent de paradigme. 1500-1590 »
Il n’est pas possible de mener une synthèse globale des cardinaux du xvie siècle car la variété de leurs origines et de leurs parcours est trop grande. Cette contribution démontre que le regard des autres ainsi que le regard qu’ils portent sur leurs propres fonctions évolue lentement. La magnificence continue à forger leur image, mais elle se double de compétences politiques, liturgiques et culturelles nouvelles à la suite du concile de Trente et des guerres de religion en France.
Matteo Binasco, « I cardinali Barberini e la “protezione” del regno inglese nel Seicento »
Cette contribution analyse le rôle des cardinaux protecteurs du royaume anglais au cours du xviie siècle, en particulier de Francesco Barberini, médiateur des rapports artistiques, diplomatiques et religieux entre les îles britanniques et la curie romaine. À travers une recherche archivistique, il s’agit de brosser un portrait plus complet du cardinal protecteur d’Angleterre afin de mieux comprendre son influence dans le difficile contexte du catholicisme anglais à l’époque moderne.
496Giuliano Danieli, « Mobilité, innovation et conservation dans le patronage musical d’Hippolyte II d’Este »
Figure de premier plan de la curie romaine, protecteur des intérêts du roi de France et des ducs de Ferrare, Hippolyte II d’Este (1509-1572) fut contraint, par ses multiples fonctions politiques, à se déplacer continuellement entre Rome, Ferrare et Fontainebleau. À travers le prisme des « mobility studies », cette contribution analyse l’impact de son intense activité diplomatique sur la configuration de sa chapelle musicale et de sa cour, toutes deux caractérisées par une hybridation culturelle.
Dinko Fabris, « Le cardinal Alfonso Gesualdo (1540-1603). Quelques traces de son patronage musical entre Rome et Naples »
Après sa nomination comme archevêque de Naples en 1596, le cardinal Alfonso Gesualdo s’applique à faire respecter les préceptes du concile de Trente. Cette activité le conduit à fonder à Naples le premier conservatoire de musique de l’histoire (1599). Là, il dispose également, à la cathédrale, d’une chapelle musicale. Le fait le plus important qui lie le prélat à la musique est le rôle qu’il a joué à Rome dans l’éducation musicale de son neveu Carlo Gesualdo, futur « prince des musiciens ».
Marco Bizzarini, « Le patronage cardinalice et le madrigal romain à l’époque de Luca Marenzio »
À partir des rapports entre Luca Marenzio et le cardinal Montalto au cours des années 1590, cette contribution analyse l’imbrication entre musiciens, répertoires, auditeurs, fonctions sociales et modalités d’interprétation. Grâce au traité contemporain de Fabio Albergati, il est possible de repenser la distinction entre otium et negotium dans la vie musicale des porporati. La relecture des dédicaces des madrigaux de Marenzio permet aussi de mieux comprendre le patronage musical cardinalice.
497Alexandra Ziane, « Women musicians in Rome about 1600. A cardinal question »
L’idée reçue selon laquelle les femmes n’ont pas participé à la vie musicale romaine après le concile de Trente a la vie dure. En effet, restent des traces de nombreuses prestations de chanteuses, dont certaines étaient aussi instrumentistes, à l’occasion de concerts privés, au tournant du xviie siècle. Ces premiers exemples de chant soliste accompagné ont eu lieu dans l’entourage des cardinaux tels Ferdinand de Médicis, Alessandro Montalto, Francesco Maria del Monte ou Ferdinand Gonzague.
Anne Marie Dragosits, « Giovanni Girolamo Kapsperger and the three Cardinals Barberini. Maffeo, Francesco, Antonio »
Grâce à plusieurs documents inédits, la présente contribution illustre le lien étroit entre Giovanni Girolamo Kapsperger, le pape Barberini et ses neveux, jusqu’au début des années 1630, lors du procès de Galilée. Avec l’élection d’Urbain VIII, la carrière du musicien atteint son sommet, comme le montrent les recueils qu’il a dédiés au pontife et au cardinal Francesco Barberini ainsi que les nombreuses commandes pour les festivités les plus importantes de leur famille.
Rebecca Cypess, « Johann Hieronymous Kapsberger’s Li fiori (1632). Villanelle morali and the Barberini Understanding of Flowers »
Li Fiori : Libro sesto di villanelle (1632) de Kapsperger est une anthologie d’airs écrite pour les réunions académiques qu’animait Francesco Buti, auteur des poèmes et secrétaire du patron du musicien : le cardinal Francesco Barberini. Le titre du livre renvoie à plusieurs textes poétiques consacrés aux fleurs. Une lecture attentive de la structure et du contenu de ce recueil musical montre notamment comment le monde naturel s’insérait dans la vision spirituelle des Barberini.
498Frederick Hammond, « The Musical Patronage of Cardinal Francesco Barberini »
Le cardinal Francesco Barberini (1597-1678), par son implication dans la vie musicale romaine, est par certains côtés un cardinal mélomane. Son patronage institutionnel est un facteur essentiel du développement des spectacles avec musique (outils de sa puissance cardinalice) et de la formation du goût musical où s’interpénètrent l’ancien et le moderne. Les choix musicaux du prélat sont étroitement liés au contexte politique romain et international.
José María Domínguez, « Los cardenales y los oratorios de la archicofradía del Crocifisso. Mecenazgo cardenalicio y poder cultural en la Roma barroca al final del siglo XVII »
Faisant fond sur une source qui rapporte avec précision la paternité et le nom des interprètes et des assistants des vingt-et-un oratorios donnés à l’archiconfrérie du Crucifix à Rome entre 1692 et 1696, cette contribution revient sur les raisons qui ont poussé les cardinaux à assister à ces représentations. En effet, ces cardinaux-auditeurs doivent être non seulement considérés comme des mécènes mais aussi comme les spectateurs d’un genre novateur et en cours de consolidation.
Luca Della Libera, « Strategie drammaturgiche e musicali di Pietro Ottoboni ed Alessandro Scarlatti ne La Santissima Annuntiata »
La collaboration entre Alessandro Scarlatti et le cardinal Pietro Ottoboni dans l’oratorio La Santissima Annuntiata nous donne un bel exemple d’innovation musicale. Elle prend sa source dans une dramaturgie inédite et dans le choix singulier des personnages. Les événements dramatiques du livret sont organisés comme un « monologue intérieur » de la Vierge Marie. Cette œuvre trouve en Scarlatti une sorte de « sismographe » à même d’enregistrer et de restituer les affects de la protagoniste.
499Galliano Ciliberti, « Le attività musicali di César d’Estrées. Vescovo, cardinale, protettore e ambasciatore di Luigi XIV »
César d’Estrées est l’un des plus importants cardinaux français actifs à Rome à l’époque de Louis XIV. Il noue un rapport privilégié avec Alessandro Melani qui lui dédie un livre de motets. Grâce au prélat, le musicien est nommé maître de chapelle de l’église des Portugais et est recruté pour les fêtes de la nation française au Monte Pincio (1686). Il compose un oratorio pour célébrer l’élection de Clément XI, à la demande du cardinal qui, lors de son retour en France, engage André Campra.
Ilaria Grippaudo, « Territorio, potere, riforma. Cardinali e musica a Palermo (sec. XVII-XVIII) »
Entre le xviie et le xviiie siècle, à Palerme également, le patronage cardinalice se situe au croisement de la représentation du pouvoir, du prestige social et de la médiation diplomatique. Les trois cardinaux ici étudiés (Giannettino Doria, Francesco Del Giudice et Francesco Maria Acquaviva), par l’utilisation qu’ils font de la musique, entre tradition et innovation, ont contribué pleinement à renforcer cette dynamique, à enrichir le paysage sonore urbain et à marquer la vie musicale palermitaine.
Valerio Morucci, « Le patronage musical du cardinal Annibale Albani dans la première moitié du xviiie siècle »
À travers la figure du cardinal Annibale Albani (1696-1747), cette contribution examine le lien étroit entre musique et affirmation religieuse à une période particulière, celle de la lutte contre le népotisme. Cette analyse permet d’identifier une autre forme de patronage nobiliaire, le patronage ecclésiastique. La correspondance du cardinal montre enfin son influence sur la vie musicale à Rome, à Urbino et à Pesaro, où émergent des figures comme Alessandro Scarlatti ou Giovanni Battista Martini.
500Pilar Diez del Corral Corredoira, « “Para no quitar el concurso a los teatros”. El cardenal-embajador Troiano Acquaviva, protagonista del mecenazgo musical español en la Roma del siglo XVIII »
Cette contribution porte sur le cardinal Troiano Acquaviva (1696-1747), ambassadeur et cardinal protecteur de la nation espagnole à Rome, mais également agent diplomatique de la dynastie installée par le roi Charles III à Naples et en Sicile, et mécène musical du milieu romain. Sa place dans la société romaine et surtout l’utilisation qu’il fait de la musique dans la promotion des monarchies qu’il représente, sont ici analysées à la lumière des documents conservés à l’Archivo Histórico Nacional.
Iain Fenlon, « Imperial Imperatives. Ercole Gonzaga, Cristoforo Madruzzo, and the Cultural Politics of Music »
La nomination en 1540 d’Hercule Gonzague comme co-régent du duché de Mantoue, l’arrivée deux ans plus tard de Cristoforo Madruzzo à l’évêché de Trente et l’élection en 1543 d’Otto Truchsess comme prince-évêque d’Augsbourg, ont permis la formation d’un groupe de puissants cardinaux. Leur statut social et leurs liens politiques étroits avec l’Empire se reflètent dans la promotion de rituels religieux et urbains, dans la constitution de chapelles musicales et dans le recrutement de musiciens.
Kate van Orden, « The Cardinal Protectors of France and Music at the Church of San Luigi dei Francesi in the Late Sixteenth Century »
L’église de Saint-Louis-des-Français se vantait d’avoir l’une des meilleures chapelles musicales dans la Rome du xvie siècle. Cette contribution analyse le rapport entre l’église nationale française et les cardinaux mélomanes qui en étaient les protecteurs : Hyppolite II d’Este et son neveu Louis d’Este. Il est question des événements auxquels les cardinaux protecteurs participaient ainsi que de la circulation de la musique et des musiciens entre les maisons cardinalices et San Luigi.
501Paola Besutti, « “La prima donna ch’oggi canti”. Les “nations” cardinalices et les échanges musicaux entre chanteurs : pratiques d’interprétation et styles vocaux au début du xviie siècle »
Au début du xviie siècle, les agents des mécènes « étrangers » à Rome recrutent des chanteurs principalement dans les cercles des cardinaux romains et non romains. Cette contribution se concentre sur 1610, année pendant laquelle Adriana Basile et Claudio Monteverdi séjournent à Rome pour la première fois ; leurs chemins se croisent grâce à l’action du cardinal Ferdinand Gonzague. La vie effervescente des cardinaux romains est la toile de fond d’un moment historique de grande innovation musicale.
Antonella D’Ovidio, « Il cardinale Giovan Carlo de’ Medici e il suo maestro di camera Filippo Niccolini. Committenza musicale tra cooperazione, scambi e mediazioni »
Malgré quelques études récentes, le rapport que les cardinaux entretenaient avec leurs « uomini di casa » reste à approfondir. En effet, ces derniers étaient souvent, grâce à leurs compétences, à l’origine de choix artistiques novateurs. Ainsi, cette contribution propose une réflexion sur les mécanismes et les échanges culturels qui ont favorisé le patronage musical du cardinal Jean-Charles de Médicis, en particulier sur le rôle qu’a joué son maître de chambre, le marquis Filippo Niccolini.
Alessandro Magini, « Dagli Intermedi medicei alla Reale Medicide. I Bardi nel contesto cortigiano, accademico, ecclesiastico, spettacolare dal tempo del Cardinale Ferdinando alle feste teatrali settecentesche »
Giovanni Maria de’ Bardi inaugure une tradition culturelle qui assure la pérennité de sa famille au sein du monde académique, musical et théâtral novateur que fréquentent et promeuvent d’importants cardinaux. Cette contribution présente un panorama de la place qu’occupent les Bardi dans ce contexte, depuis l’époque du grand-duc François ier et du cardinal Ferdinand de Médicis, jusqu’à la seconde moitié du xviiie siècle, au temps de Léopold ier.
502Anna Tedesco, « Francesco Del Giudice cardinale musicofilo tra Roma, Napoli e la Sicilia »
Représentant d’une puissante famille liée au système impérial espagnol, Francesco Del Giudice n’a encore fait l’objet d’aucune étude musicologique complète. Cette contribution aborde la correspondance inédite que le cardinal entretient avec le vice-roi de Naples et se concentre sur la vie musicale en Sicile lorsque le prélat en devient le vice-roi, illustrant ainsi la fonction de la musique dans la vie des élites des trois importants centres de l’Italie espagnole : Rome, Naples et Palerme.
Olivier Poncet, « Postface. La petite musique des cardinaux, ou la réinvention d’une dignité à l’âge de la Réforme tridentine »
Cette postface présente une double lecture du rapport des cardinaux avec l’innovation musicale : du point de vue historique et du point de vue des institutions curiales. Elle renforce le dialogue entre la musicologie et la discipline historique et permet d’approfondir les connaissances acquises dans les contributions de ce volume. On en conclut que l’art musical n’est pas seulement un ornement ou un simple fond sonore ni la mélomanie cardinalice une passion innocente.