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Classiques Garnier

[Introduction à la quatrième partie]

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Les Camps nazis. Réflexions sur la réception littéraire française
  • Pages : 393 à 393
  • Collection : Classiques Jaunes, n° 773
  • Série : Essais, n° 40
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406166597
  • ISBN : 978-2-406-16659-7
  • ISSN : 2417-6400
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-16659-7.p.0393
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 03/05/2024
  • Langue : Français
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La manière de catégoriser lexpérience des camps détermine un rapport contraignant à lacte de représentation et aux actes de discours. Il existe des présupposés et des implicites qui orientent ces différents actes : lénonciateur du discours ou lauteur de la représentation se positionne nécessairement par rapport à cette configuration intellectuelle et herméneutique préalable (que cette configuration renvoie aux questions de linimaginable, de lindicible ou, dans le cas du débat mémoriel, de lunicité de lévénement), et cest précisément quand il devient impossible de faire jouer une distance par rapport à ces différents préalables que se révèle un ordre du discours qui tend à instaurer une vérité éthique, esthétique et discursive unique, synonyme et expression même de la vérité de lévénement.

Pour reprendre la réflexion de Michel Foucault dans LOrdre du discours1, le discours est un lieu de pouvoir où peut sexprimer la volonté dun contrôle des possibles discursifs : il sagit de juger de leur pertinence par rapport à la supposée vérité de lévénement, de définir ce quil est possible den dire et de spécifier ce quil est possible de représenter. Dans cette perspective, le principe dautorité proviendrait de lévénement lui-même. Dès lors, lordre du discours se caractérise comme un principe dexclusion, puisquil sorganise autour dun ensemble de normes à partir desquelles sont jugées toutes les approches et tentatives de représentation. Ainsi cet ordre viserait-il à limiter la possibilité de discours déviants pour stabiliser la valeur et la qualité accordées à lévénement. Or, si cet ordre est nécessaire afin, par exemple, de contrevenir aux discours négationnistes et révisionnistes, il peut aussi réduire lespace de discussion attenant à lévénement et refermer la brèche herméneutique quil a ouverte.

La notion dordre du discours ne renvoie pas ici à lidée dun discours unique et surplombant, mais se définit plutôt comme un principe dorganisation, de structuration et de circulation même. La convergence vers des nœuds thématiques et théoriques clairement identifiables permet daffirmer lexistence et la prégnance de cet ordre transcendant la diversité des foyers dénonciation et ne se rendant visible quà travers lanalyse dun corpus varié.

1 M. Foucault, LOrdre du discours, Paris, Gallimard, 1971.