Comptes rendus
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Les Cahiers du dictionnaire
2017, n° 9. Les dictionnaires de littérature - Auteurs : Dotoli (Giovanni), Barsi (Monica), Larocca (Lucia Cristina), Ostuni (Donatella), Guarino (Antonella)
- Pages : 341 à 367
- Revue : Les Cahiers du dictionnaire
- Thème CLIL : 3147 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage
- EAN : 9782406074694
- ISBN : 978-2-406-07469-4
- ISSN : 2262-0419
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07469-4.p.0341
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 12/01/2018
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français
Alain Rey et Gilles Siouffi, De la nécessité du grec et du latin, Paris, Flammarion, 2016, 190 p.
Voilà un livre à lire, d’un souffle. Un roman des deux langues qui constituent les racines profondes de l’Europe, sans rien ôter aux autres langues de notre vieux continent.
En partant d’un fait divers d’ordre universel – lors des attentats de Paris en novembre 2015, la devise mondiale de la capitale a été une expression latine faisant partie de son essence : fluctuat nec mergitur −, Alain Rey et Gilles Siouffi font une sublime narration de l’intimité de la langue française avec le grec et le latin.
Grec, latin, France : une complicité permanente, qui dure depuis deux millénaires, un peu comme il arrive pour l’histoire de l’église catholique. On les appelle langues mortes, mais le grec et latin résultent plus vivants que jamais. Ces deux langues mythiques nourrissent la langue française, à toute époque, et continuent à le faire, avec le même rythme, et la même fréquentation. Elles modèlent la façon de penser des Français. Il y a un plaisir de les apprendre. Elles sont fondamentales, si ce n’est indispensables, pour bien écrire, et bien parler, dans la structure de la phrase et dans l’orthographe.
D’après Alain Rey et Gilles Siouffi, coauteurs, avec Frédéric Duval, d’une merveilleuse histoire de la langue française, Mille ans de langue française, Paris, Perrin, 2007, oublier le latin et le grec c’est oublier nos origines.
Depuis toujours, à chaque réforme de l’école secondaire, et même de l’université, on discute sur l’inutilité, le passéisme, l’élitisme, l’odeur d’histoire d’un temps qui fut, de ces deux langues. Mais le latin et le grec continuent leur marche de langue et de poésie, d’orthographe et de réserve toujours prête à donner, « sans nostalgie » (p. 11), en trésor des « mots de la tribu » (p. 53), pour rappeler la célèbre phrase de Stéphane Mallarmé, qui a tout compris.
« Langues vives » (p. 61) ou langues mortes ? Bien sûr, d’après nos auteurs, bien vives, trafiquant « en tous genres » (p. 71). Au moins pour 342« le parfum des cultures » (p. 77), l’ouverture de l’esprit (p. 81), la beauté de la langue, « une force insoupçonnée » (p. 137). Et surtout pour « le plaisir » (p. 141) de la modulation de la phrase, de l’organisation des mots, de la créativité permanente. D’après Alain Rey et Gilles Siouffi, on dirait que le grec et le latin, plus ils meurent plus ils vivent.
Le titre d’un chapitre m’enchante : « Éloge du rêve » (p. 159). Le grec et le latin sont une partie importante de nos rêves. Ils nous offrent leur « éternelle jeunesse » (p. 163). Ce sont « un outillage de base » (p. 169), et surtout une force dans le langue : de la logique dont elles sont l’expression linguistique, elles passent à leur « génie » (p. 181), qu’elles nous offrent à volonté.
Les littératures grecque et latine restent des modèles – pas d’ipse dixit, mais dialogue profond −, « des signes de pensée et d’émotion » (p. 8). « Nous dépendons de plusieurs expressions du passé, grâce à ce phénomène humain universel, la pensée exprimée, la poésie, et par ces ruses qui peuvent ressusciter des idiomes apparemment oubliés : la traduction, l’enseignement » (p. 9).
Latin et grec : pas un retour vers le passé ! Mais une poésie, une énergie, une force, une orchestration de la langue française. Il y a des grécophones et encore plus des latinophones, dans le monde entier, surtout en France – et bien sûr en Italie : qu’ils résistent. Dans L’argent, Charles Péguy écrit que les cas de rosa rosae sont des « parterres de fleurs ». Et Yves Bonnefoy, dans L’arrière-pays, s’exclame : « Le latin était un feuillage vert sombre, touffu, un laurier de l’âme à travers lequel j’eusse perçu une clairière peut-être, en tout cas la fumée d’un feu, un bruit de voix, un frémissement d’étoffe rouge ». Un feuillage vert, un laurier, du feu, des voix, c’est cela le grec-latin, pour Alain Rey et Gilles Siouffi.
À lire ce livre de merveilles comme un poème de nos origines, de notre histoire, de la force de la langue française. Est-elle si jeune grâce à l’énergie du grec et du latin, deux langues à la vie millénaire ? Qu’elles vivent dans l’azur de la langue. Alain Rey et Gilles Siouffi le pensent bien : Albert Thibaudet a tort quand il affirme que « la démocratie coule à pleins bords dans les cadres pédagogiques », face au déclassement du grec et du latin. Mais ils en réaffirment avec poésie, écriture et rêve, l’enchantement et la nécessité. Oui, le grec et le latin ont un bel avenir. Leur mort serait la mort du français, et de tant d’autres langues, y compris l’anglais, à 80 % une langue gréco-latine.
343Force, tradition, structure, précision, poésie, plaisir et rêve : ce sont les lignes d’azur du grec et du latin, qu’Alain Rey et Gilles Siouffi narrent comme des romanciers de la plus belle aventure linguistique : celle de la langue française.
Giovanni Dotoli
Université de Bari Aldo Moro – LaBLex
Cours de Civilisation française
de la Sorbonne
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Jean Pruvost, Nos ancêtres les arabes. Ce que notre langue leur doit, Paris, JC Lattès, 2017, 318 p.
On connaît l’amour de Jean Pruvost pour les mots. Sa vie est faite de mots. Son premier livre est intitulé Les mots et moi, Casteilla, 1981. Chez Champion, une glorieuse maison d’édition, qu’il dirige avec passion et compétence, il avait créé la collection « Champion Les Mots », qui l’a vu auteur de livres importants grand public sur le vin, le loup, le chat, la mère, le chocolat, les élections, le fromage, le train, le jardin, le cirque, la bicyclette, la Champagne, la guitare et la bière. Hélas cette collection vient de s’arrêter.
L’homme à mots est fou des dictionnaires – c’est bien le cas de Jean Pruvost, qui les possède tous, de toute sorte et de toute époque – et naturellement de l’histoire et des anecdotes qui tournent autour d’un mot – Pruvost en a fait un livre, Le dico des dictionnaires. Histoire et anecdotes, Lattès, 2014.
Après le Dictionnaire du Japon, Éd. des Silves, 2007, et le Dictionnaire de la Chine, ibid., 2008, et un livre au titre si brillant, Journal d’un amoureux344des mots, Larousse, 2013, comment ne pas penser à nos frères les arabes, à tout ce monde de l’autre côté de la Méditerranée – toute la rive Sud, du Liban au Maroc −, et à un croisement linguistique et civilisationnel fabuleux faisant partie de notre identité ?
Et voilà Jean Pruvost partir à la chasse du roman de la langue arabe – je dirais des langues arabes –, vers la langue de Rabelais et de Proust. Et aussi de Rimbaud et Bonnefoy. Sur la traces du voyage interminable des mots arabes vers le français, à toute époque, à l’unisson avec l’histoire, on assiste à un film étonnant. À une époque de migration contestée, voilà que la langue française et la langue arabe se croisent depuis la nuit des temps, collaborent en vieilles amies, se font des cadeaux réciproques. À partir des ancêtres, tout se tient. Les premiers dictionnaires voient le monde arabe comme un terra felix. Et alors, de la lettre A à la lettre Z, de abricot à zéro, que d’emprunts, que de chemins, que de voyages thématiques narrés en ce livre, jusqu’à la langue du RAP de notre temps !
Les hommes peuvent se combattre, mais les langues suivent leurs routes de brassages et de mariages. Elles suivent des trajectoires d’amour, dans tout domaine, de l’alimentation, à la géographie, aux noms propres. C’est un véritable mouvement d’âmes qui explose dans cette recherche. On découvre que nous sommes tous arabes, tous polyglottes, ainsi que le prouvent Amin Maalouf, Alain Rey, Assia Djebar, Bernard Cerquiglini, Claude Hagège, Xavier North, Henriette Walter.
L’arabe est en troisième position, après l’anglais et l’italien, dans la langue française. Merveilleux accouplement que Jean Pruvost narre comme un roman du quotidien et des rêves. Un livre à lire comme la narration du dialogue entre Orient et Occident, Nord et Sud, et qui contribue à une pacification des cœurs.
Giovanni Dotoli
Université de Bari Aldo Moro – LaBLex
Cours de Civilisation française
de la Sorbonne
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Antonella Leoncini Bartoli, Guides de rédaction et traduction dans le cadre de l’Union Européenne, Roma, CISU, 2016, 122 p.
Si la traduction est la « langue de l’Europe» , le multilinguisme est l’expression de l’Union européeenne. C’est par une pratique traduisante contraignante que les langues officielles des États membres de l’UE sont en effet confrontées : une très grande quantité de textes doit être traduite avec des échéances très brèves et suivant des critères de qualité très élevés. Cet effort, à la base de l’identité européenne qui se reconnaît dans cette communication « synoptique », ne pouvait que susciter un questionnement de la part de l’institution et de ses acteurs, parmi lesquels les traducteurs jouent un rôle fondamental. Des problèmes de méthode se sont vite imposés en fonction surtout des retombées contingentes, c’est-à-dire la production de documents, à partir de leur rédaction en vue de leur traduction. Antonella Leoncini Bartoli nous permet d’observer ce cheminement en nous proposant une réflexion linguistique fondée sur l’analyse du discours, la pragmatique et la rhétorique, en consacrant une grande partie de son attention aux singularités du langage juridique. Les trois parties de son livre portent sur la politique linguistique et traductologique de l’UE, certains guides réglant les procédés de rédaction et traduction des textes divulgués par l’UE à tous les publics et un examen comparatiste de certains extraits de traductions en plusieurs langues (en particulier français, italien, anglais, allemand et espagnol). Les objectifs de la politique linguistique de l’UE sont clairement exposés : « 1) préserver et promouvoir le principe du multilinguisme et la diversité linguistique, 2) permettre à tous ses citoyens de consulter et de comprendre la législation européenne ainsi que de communiquer directement avec ses institutions dans leur propre langue et 3) favoriser un modèle économique et social multilingue performant ». C’est sous ces aspects que Leoncini Bartoli illustre les progrès effectués au fil du temps. Pour améliorer la qualité de ses documents, l’UE a élaboré plusieurs guides méthodologiques dont la version française est ici privilégiée pour mettre en évidence leur caractère transversal se référant à plusieurs institutions et leur disponibilité dans chacune des langues officielles. Les 346intitulés des guides sélectionnés sont : Rédiger clairement (2009), le Code de rédaction interinstitutionnel (2011) et le Guide Pratique Commun du Parlement européen, du Conseil et de la Commission à l’intention des personnes qui contribuent à la rédaction des textes législatifs de l’Union européenne (2013). Le corpus des traductions pris en considération est tiré des textes législatifs publiés de 1999 à 2013, mis en ligne sur le site EUR-Lex et ayant pour argument la « cybercriminalité ». À travers l’analyse des différences linguistiques d’un même document, Leoncini Bartoli relève les stratégies de traduction en ce qui concerne la cohésion textuelle exemplifiée par le procédé de la répétition et quelques choix terminologiques privilégiés relevant des créations et des adaptations néologiques dans chaque langue. C’est de cette manière que Leoncini Bartoli nous permet d’apprécier la contribution de l’UE à la traduction en langue de spécialité selon une perspective qualitative. De plus, ses réflexions renvoient à une doxa linguistique qui se construit dans un milieu international où chaque langue répond aux exigences de la médiation et de la collaboration garantissant en premier lieu la circulation des citoyens européens. Le multilinguisme de l’écrit nourrit ainsi le plurilinguisme tant souhaité pour un nombre grandissant de locuteurs qui s’approchent ainsi des traducteurs.
Monica Barsi
Université de Milan
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Jean-Claude Larrat (dir.), Dictionnaire André Malraux, préface de Henri Godard, collection « Dictionnaires et synthèses », no 7, Paris, Classiques Garnier, 2015, 1215 p.
Voici une magistrale mosaïque évocatrice de la figure d’un véritable aventurier de la condition humaine, André Malraux, dont la vivacité 347de sa plume nous a laissé une œuvre formidable et éclectique, d’un charme littéraire incontestable. Paru dans la collection « Dictionnaires et synthèses » des éditions Classiques Garnier, ce recueil sidérant de notices et témoignages autour de l’écrivain s’inscrit dans le sillage des dictionnaires littéraires d’auteur parus depuis quelques années et comprend 555 entrées, rédigées par dix-huit auteurs, sous la direction de Jean-Claude Larrat. De toute évidence, cette nomenclature détermine une véritable constellation malrucienne, à partir de la notion d’« Absolu » jusqu’à contempler les rapports avec la revue chrétienne « Zodiaque ».
Ces notices proposent de façonner de manière insolite l’œuvre polyédrique de l’auteur ainsi que son univers farfelu, en toute liberté de choix, suivant des parcours de recherche multiples, selon les préférences du lecteur ou les renvois, généreusement proposés par les rédacteurs au moyen d’astérisques. Il s’agit d’un espace intellectuel de large empan, qui va de la littérature à la philosophie, de la politique jusqu’aux sciences sociales, comme l’ethnologie et la sociologie de l’art.
On envisage le portrait de romancier humaniste et esthète, éternel fugitif, entre aventure et héroïsme, de journaliste et mémorialiste, de brillant critique d’art et auteur dramatique, mais aussi d’écrivain engagé et de fervent homme d’action politique. Ainsi, les notices le délignent comme un combattant de tous les conflits de son siècle, de la guerre civile chinoise à l’engagement pour la liberté contre les régimes totalitaires européens (tels que Nazisme, Fascisme et Franquisme), et encore de la Seconde Guerre mondiale à l’activité de partisan pendant la Résistance, jusqu’au soutien politique au général De Gaulle, à la Libération. Au fil des données, un regard critique est posé notamment sur l’effervescence de ses conceptions philosophiques et esthétiques, sur son éloge de l’héroïsme révolutionnaire, sur ses désirs métaphysiques, sur sa lutte acharnée contre l’absurde, ainsi que sur son inquiétude spirituelle et existentielle.
Notamment, la nomenclature du recueil comprend chacun des titres des œuvres parues de son vivant, de la première Lunes en papier (1921) jusqu’à la dernière L’Intemporel (1976), dernier volet de La Métamorphose des dieux, presque une œuvre testamentaire, ainsi que des publications posthumes, jusqu’à « Non ». Fragments inédits d’un roman sur la Résistance (2013), textes établis et présentés par H. Godard et J.-L. Jannelle. Outre ses œuvres, on peut y connaître les personnages devenus célèbres qui constellent ses histoires, comme Berger, Borodine, Clappique, Ferral, 348Garcia, Grabot, Guernico, Leclerc et d’autres encore. Certains protagonistes emblématiques de son époque ou encore des personnages historiques célèbres n’échappent pas à la nomenclature, tels que Napoléon, Jeanne d’Arc, Léonard de Vinci, Gandhi ou Antigone. En outre, plusieurs questions philosophiques s’ouvrent, presque un écho de ses témoignages, du thème de l’absolu à celui de l’agnosticisme, avec des références à plusieurs philosophes, comme Hegel et Nietzsche.
Extraordinaire foisonnement de mots et d’indices, le recueil nous offre aussi de nombreux témoignages concernant ses multiples voyages. Le lecteur peut scruter la géographie détaillée de ses lieux de séjour et de sa biographie, ou des paysages mentaux évoqués par le riche imaginaire malrucien. Passionné d’archéologie et fervent orientaliste, il rentre en contacte avec l’Extrême Orient, l’Indochine, la Chine. Les témoignages de ses périples sont répertoriés dans les nombreux toponymes présents dans le dictionnaire, comme Asie, Arabie, Inde, Amérique du Sud et Amérique du Nord, Égypte, Japon, Perse, Turquie et tant d’autres.
Pour ce qui est de l’univers intellectuel et artistique, les entrées concernent des aspects différents. On retrouve des écrivains ses contemporains, avec la plupart desquels il entretenait des liens d’amitiés ou des échanges épistolaires, comme Aragon, Barrès, Beauvoir, Benjamin, Bernanos, Blanchot, Breton, Céline, Cendrars, Claudel, Drieu la Rochelle, Gary, Gide, Mac Orlan, Mauriac, Saint-John Perse, Sartre, Senghor, pour citer les plus célèbres, ainsi que des écrivains étrangers. On y trouve aussi ses modèles littéraires ou simplement des auteurs d’envergure, français ou d’autres pays, particulièrement estimés, comme Apollinaire, Balzac, Conrad, Dostoïevski, Flaubert, Hugo, Laclos, Lautréamont, Pascal, Proust, Racine, Le Marquis de Sade et Tolstoï. On retrace aussi les affinités avec d’autres artistes de son temps, surtout peintres et sculpteurs, comme Balthus, Braque, Cabanel, Chagall, Lopez, Masson, Jacob et Picasso. En accord avec ses amitiés artistiques, il perçoit l’art comme la seule force capable d’aider l’homme, ou bien un antidestin capable d’accéder à l’éternité.
Indispensable à tous les chercheurs du xxe siècle et notamment aux amateurs passionnés de l’œuvre malrucienne, ce répertoire se présente presque comme un miroir reflétant sa vie publique, artistique et privée. Au fond, comme l’affirme de manière insolite Henri Godard dans la préface, « Malraux, lui, est comme le chat, son animal de prédilection et pour ainsi dire son totem : il a neuf vies ou plus […]. Chacune de ses 349vies comporte ses épisodes, ses incidents, ses rencontres, ses compagnons, ses interlocuteurs » (p. 32), dont ce dictionnaire se fait un monument kaléidoscopique érigé à sa mémoire, presque un « musée imaginaire-littéraire » recueillant et déployant son immense héritage culturel.
Lucia Cristina Larocca
Université de Bari Aldo Moro – LaBLex
Enseignante
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Michael Edwards, Dialogues singuliers sur la langue française, Paris, P.U.F., 2016, 214 p.
Sous le titre éloquent Dialogues singuliers sur la langue française, le lecteur découvre au fil des pages une petite merveille linguistique et culturelle, foisonnant de méditations sur l’histoire, l’origine et l’avenir de la langue française et ses rapports à l’anglais. Académicien et poète franco-britannique de renommée internationale, Michael Edwards instaure ici un dialogue fictif entre son « Moi » français et son « Me » anglais, un vif et original monologue intérieur, faisant presque écho au Neveu de Rameau de Diderot. Le bilinguisme de l’auteur lui permet d’envisager la langue sous un point de vue inusuel. En effet, comme il l’affirme : « une perspective étrangère sur la langue française saisit probablement des choses que les francophones ne discernent pas » (p. 30).
L’ouvrage est remarquablement conçu comme un voyage émotionnel à travers le temps et l’espace, qui commence à Cambridge, ville de ses études au King’s College, dans un radieux jour de mai annoncé au bord de la rivière, et qui se termine à Paris, à l’aube d’un nouveau jour naissant, entre ciel et Seine. Pour l’auteur, s’immerger dans les profondeurs de la 350langue c’est découvrir un univers nouveau, élargi par l’expérience poétique, où l’« étrangèreté » devient « rêve du réel ». Le dialogue s’enrichit dans la fraternité des eaux, « sur un punt » il touche des aspects dignes de réflexion, comme le lien étroit des langues germaniques et romanes dans le réseau indo-européen. Il réfléchit spécialement sur les origines gauloises du français ainsi que sur les sources celtes de l’anglais.
Sa flânerie se poursuit « le long de la rive » et « Durant la traversée », où l’on discute d’étymologies piquantes (comme par exemple les mots marins français et anglais), des aspects phonétiques ou bien des sonorités merveilleuses de la langue française. Le lecteur est transporté comme par la magie des mots « En bateau-mouche », caressant les eaux splendides de la Seine, pour être plongé enfin « Au square du Vert-Galant », lieu évocateur d’Henry IV et ses maîtresses, mais aussi coin romantique parisien par excellence, offrant un panorama privilégié aux yeux des visiteurs. La balade linguistique et philosophique se termine joyeusement « dans bateau-restaurant », avec un regard vers l’avenir de la langue française, riche en néologismes savoureux et en précieux mots intraduisibles dans les autres langues.
Dans ce dialogue interculturel inusité l’auteur nous accompagne à déchiffrer les secrets de la langue du passé vers l’amont, son horizon futur, sa grammaire surprenante (l’usage comparé de l’infinitif français et du gérondif anglais, de l’article défini et de l’article particularisant), sa fluidité mélodieuse avec ses sons vocaliques et son particulier « e » muet. Tout au long de ses riches digressions il cite savamment de nombreux écrivains tels que Bonnefoy, Du Bellay, Racine, Meschonnic, Shakespeare, Milton, Flaubert et d’autres encore. Comme il le remarque notamment : « pour sentir la nature et la beauté d’une langue, il faut s’émerveiller » (p. 30). Tel un hymne d’amour à la langue française, cet ouvrage se révèle, dès ses premières pages, comme un véritable itinéraire d’émerveillement culturel et de découverte linguistique.
Lucia Cristina Larocca
Université de Bari Aldo Moro – LaBLex
Enseignante
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Olivier Kraif et Agnès Tutin (dir.), « Phraséologie et linguistique appliquée », Cahiers de lexicologie, no 108, Paris, Classiques Garnier, 2016 – 1, 266 p.
L’étude introductive rédigée par les éditeurs du volume, Olivier Kraif et Agnès Tutin, présente ce numéro thématique de grand intérêt, consacré à la phraséologie et à la linguistique appliquée, rassemblant les contributions du colloque Rencontres phraséologiques : des collocations aux séquences figées, qui a eu lieu à Grenoble en 2013.
Les divers articles qui constituent cet ouvrage amènent les lecteurs à porter un regard réflexif autour du champ de la phraséologie, suivant différents points de vue, et permettent par ailleurs de progresser dans l’exploration du phénomène phraséologique dans sa totalité, grâce à l’élaboration de corpus et à l’utilisation d’outils efficaces. On analyse en particulier les aspects applicatifs des études phraséologiques comme l’analyse des discours et des genres, la didactique des langues, l’acquisition du langage et le traitement automatique des langues. Y sont proposées douze contributions, regroupées en trois sections, rassemblant des spécialistes d’envergure sur le sujet. On y trouve des pistes de réflexion qui posent un regard inédit et offrent une approche exploratoire novatrice dans le domaine traité.
D’abord, la première section porte sur la question de la phraséologie et du genre. Au début de l’ouvrage, Dirk Siepmann propose une réflexion sur la phraséologie littéraire, touchant la lexicologie et la phraséologie du roman contemporain français et anglais. Lucia Rosenbaum Franková s’intéresse à la presse et, en particulier, aux phrasèmes spécialisés des textes de spécialité du domaine de l’économie et des finances, suivant les points de vue linguistique et statistique. Par la suite, l’étude de Wojciech Prażuch aborde une riche analyse textométrique du discours politique concernant un aspect spécifique, celui de la crise financière, observée à travers les allocutions d’hommes politiques français de 2008 à 2012.
352Après ce premier volet, la deuxième section du volume propose deux études explorant la phraséologie en traitement automatique des langues. À ce sujet, Aude Greza se focalise sur l’étude du figement et sur les aspects lexicographiques et lexicaux. Dans le cas précis, elle illustre la ressource multilingue FixISS, une base d’expressions adverbiales, avec un regard particulier sur les séquences adverbiales. D’un autre côté, Olivier Kraif s’occupe des expressions polylexicales et propose des réflexions intéressantes sur les fonctionnalités du « lexicoscope », « un outil d’extraction des séquences phraséologiques basé sur des corpus arborés ».
Dans la dernière section les contributions suivantes abordent enfin la thématique de l’acquisition des langues secondes et celle de la didactique de la phraséologie. Dans cette perspective, Amanda Edmonds explore la dimension psycholinguistique des unités phraséologiques dans l’acquisition des langues secondes et elle met en relief le rôle du contexte dans le traitement des expressions conventionnelles. De manière spécifique, l’article intitulée « La notion de collocation fondamentale : une étude de corpus » par V. Benigno, O. Kraif et F. Grossmann, traite la notion du « vocabulaire fondamental » et, plus précisément, des « collocations fondamentales » envisagées comme des unités polylexicales. Par la suite, une démarche didactique intéressante visant l’apprentissage des expressions figées en Didactique des Langues Vivantes, en rapport à la Phraséologie et à la Grammaire des Constructions (CG), est présentée par Maria Isabel González-Rey. La perspective du champ d’étude envisagé dans ce numéro s’élargit avec la dimension discursive, étudiée notamment par Thi Thu Hoai Tran, Agnès Tutin et Cristelle Cavalla, qui analysent la « Typologie des séquences lexicalisées à fonction discursive dans la perspective de la rédaction scientifique », afin de fournir des outils capables d’améliorer la production écrite des étudiants allophones. Enfin, la dernière contribution du volume proposée par Laura Hartwell illustre des aspects concernant la phraséologie appliquée à l’anglais scientifique et, en particulier, elle s’intéresse aux constructions verbales de la forme adverbe + verbe. En clôture du volume, dans la section « Varia », deux études sont enfin envisagées : celle de Jean-Claude Anscombre traitant « Les constructions en adverbe que p en français : essai de caractérisation sémantique d’une matrice lexicale productive » ; et celle de María Luisa Donaire, concernant la description sémantique de finalement.
353En définitive, la parution de cette revue rend compte de l’intérêt croissant pour la notion de phraséologie et de linguistique appliquée. Au total, la pluralité des thématiques traitées, la remarquable variété d’approches et les recherches méthodiques offrent un cadre d’analyse novateur.
Lucia Cristina Larocca
Université de Bari Aldo Moro – LaBLex
Enseignante
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Stéphane Habib, La langue de l’amour, Paris, Hermann Éditeurs, 2016, 126 p.
Récemment publié dans la collection « Psychanalyse » des éditions Hermann, ce livre nous entraîne au cœur des interrogations autour de la relation entre amour et langue, explorant le sentiment dans sa dimension existentielle, à travers mots et discours philosophiques, psychanalytiques et littéraires. L’auteur nous invite à partager ses propositions à travers un ensemble kaléidoscopique d’œuvres, sous son double et singulier regard analytique de psychanalyste et de philosophe.
Ses réflexions se déploient à partir de l’introduction, des « Ouvertures » qui annoncent le sujet du rapprochement du Banquet de Platon avec la psychanalyse, ou bien le « règne de la parole » (p. 74), soulignant le début du récit qui s’ouvre sur un débat autour du nom de la folie. L’auteur s’appuie en particulier sur l’œuvre platonicienne du Banquet, qu’on peut considérer comme « une série de monologues tournant obsessionnellement autour de l’amour » (p. 20) et le séminaire Le Transfert de Jacques Lacan, étude consacrée à la complexe signification de l’amour. On approche 354ainsi le cœur du questionnement dans un entrecroisement de repères textuels et références dominées par Platon et Lacan, tout en citant des poètes célèbres comme Apollinaire, chantre de l’Esprit Nouveau, et André Breton, maître du surréalisme (dont la mémorable phrase « Les mots font l’amour » trouve digne écho dans les lignes), jusqu’à prendre en analyse le Poème des Poèmes. L’amour y est considéré dans sa dichotomie du corps et de l’esprit, entre séduction physique et passionnelle et élan spirituel. Une panoplie de questions autour du logos s’ouvre suivant la lecture du livre : « D’où vient l’amour et qu’est-ce que ça signifie, l’amour ? L’amour comme ce qui vient ? L’amour comme ce qui arrive ? » (p. 23).
Comme le philosophe le soutient au chapitre suivant, intitulé « Adresses », « Aimer c’est donner ce qui manque. Pour l’amant, aimer consiste à donner ce qui lui manque, et qui comme tel suscite son désir, à le donner à l’aimé, entendre à placer son manque et son désir dans l’aimé » (p. 44). En particulier, une idée se fait jour : inventer une nouvelle discipline, la philographie, afin de scruter l’écriture dans le texte de l’amour. Par la suite, l’auteur se rattache au Poème des poèmes, connu aussi sous le titre de Cantique des cantiques, sublime livre biblique qui marie l’humain au cosmos célébrant l’amour absolu, suivant en particulier les perspectives philosophiques de R. Barthes et Lacan. Dans le chapitre « Lis tes ratures », il poursuit le questionnement à partir de la thématique de l’Au-delà de l’amour, par Freud. Il réfléchit notamment autour de l’absence de réponse à l’essence de l’amour, pour expliquer certains aspects du Poème des poèmes (qu’on pourrait entendre aussi au sens de « peau aime »), soulignant plusieurs références à d’autres écrivains (comme Kafka, Blanchot et Duras). On aborde ainsi la délicate question de l’écriture et du sujet, qui gît à l’origine de la littérature. Au chapitre suivant, l’auteur traite l’approchement entre l’amour et le concept freudien de l’Unheimlich, afin de proposer l’idée de « l’amourt », néologisme qui « emmêle l’amour et la mort et l’habitation de l’un dans l’autre, la hantise de l’Un par l’Autre » (p. 105). À cet égard il explique : « Ainsi la mort est-elle le double, la doublure ou double-t-elle l’amour. Hantise de la mort, et, dans l’amour, l’étranger dans le confort du familier, de l’intime » (p. 101). Enfin, le dernier chapitre porte sur « La Verpönung de Lucien Israël et l’invention de l’amour » explorant la levée du dégoût dans l’amour. Une piste de réflexion très féconde s’ouvre, à travers de nombreuses références à l’œuvre Belle du Seigneur, d’Albert Cohen.
355Tout bien considéré, ce formidable mariage de réflexions philosophiques et psychanalytiques nous « inter-esse », pour reprendre un mot expliqué par l’auteur, c’est-à-dire « il nous met entre, nous mêle à l’histoire ». Avec son expertise de praticien, l’auteur pénètre les secrets de la langue de l’amour à travers des réflexions philosophiques sur la langue et les « lalangues », tout en soulignant que aimer c’est offrir à l’autre quelque chose qu’on ne possède pas. Partageant avec le lecteur ses interrogatifs, ce livre ne cesse de séduire le lecteur et de l’enchanter au fil des pages.
Lucia Cristina Larocca
Université de Bari Aldo Moro – LaBLex
Enseignante
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Louis Hjelmslev, Système linguistique et changement linguistique, traduction d’Anne-Gaëlle Toutain, Paris, Classiques Garnier, 2016, 194 p.
Cet ouvrage rassemble l’intégralité de douze conférences tenues par l’illustre linguiste danois Louis Hjelmslev à l’Université d’Aarhus, à l’automne 1934, sur le thème « Système linguistique et changement linguistique » et publiées ensuite, en 1972, sous le titre Sprogsystem og sprogforandring par Gerhard Boysen et Niels Ege, d’après un manuscrit de l’auteur. Il s’agit de la première traduction en français d’Anne-Gaëlle Toutain, maître d’enseignement et de recherche à l’université de Berne, avec la collaboration de François Émion, maître de conférences en études nordiques à l’université Paris-Sorbonne, ainsi que la première édition critique parue de l’œuvre. Comme l’affirme Toutain dans l’introduction critique, ce recueil de conférences s’attache précisément « à un examen approfondi de la question du changement linguistique, changement qui 356fournit à Hjelmslev l’occasion d’une analyse des notions de système, de signe et de langage et d’un parcours de l’ensemble du système linguistique, abondamment illustré et donnant lieu à quelques exposés de linguistique historique et comparée » (p. ix-x).
Il s’agit donc d’une œuvre remarquable dans le panorama des études sur la langue et son changement, une synthèse magistrale de la théorie linguistique dans une optique générale et comparative, telle que cette théorie se présentait à l’époque de conférences hjelmsleviennes. L’ouvrage est toutefois encore très peu connu et étudié de nos jours.
La question fondamentale traitée par Hjelmslev est celle de la relation entre système et transformation, dont le but est de prouver de quelle manière l’ensemble des dépendances qui forment une structure ne révèle pas un engrainage rigide ou immuable, mais plutôt une progression d’actions réciproques qui peuvent se recréer de manière flexible. En ce qui concerne l’organisation de l’œuvre, on peut observer une subdivision synoptique des conférences en cinq parties, dont trois interventions introductives, cinq dédiées à la grammaire, une dédiée à la phonématique, deux à la sémantique et une à visée conclusive. Plus précisément, on trouve d’abord une introduction dans laquelle le linguiste pose la problématique de la langue qui est naturellement soumise au changement et il explique les bases de la science linguistique, entre logique, logistique et psychologie (chapitres i-iii). Suit une discussion sur le système grammatical, où il présente sa théorie des corrélations (chapitres iv-ix) et une discussion sur le système phonématique, ou « morphologie phonématique », où il définit la phonématique comme « la science des unités de la substance linguistique, les phonèmes, définis exclusivement d’après leur rôle fonctionnel dans le langage » (p. 133), (chapitre x). Au chapitre suivant on présente une discussion du système sémantique, qui considère le changement linguistique comme une force qui n’agit pas de manière homogène, mais qui suit toutefois des vecteurs particuliers (chapitre xi) et, enfin, une conclusion qui fait un bilan exhaustif des problématiques traitées (chapitre xii).
À partir de cette composition on peut bien comprendre que le linguiste focalise son attention sur l’aspect formel et grammatical pour l’analyse de l’élément phonématique et sémantique. Il étudie en particulier le problème morphologique et plusieurs aspects dominants comme l’inventaire des catégories, le rapport quantitatif et qualitatif, le 357lien entre possibilité formelle et réalisation tangible, ainsi que la relation entre « valeur » (forme) et « signification » (substance).
De toute évidence, ce texte s’avère un ouvrage de référence incontournable pour approcher d’une manière totale les théories autour du système linguistique et du changement, ainsi que pour sonder des concepts hjelmsleviens qui sont à la base de la recherche linguistique actuelle.
Lucia Cristina Larocca
Université de Bari Aldo Moro – LaBLex
Enseignante
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Luciano Ponzio, Roman Jakobson e i fondamenti della semiotica, Milano, Mimesis Edizioni, 2015, 284 p.
Roman Jakobson ha fatto dell’interesse della lingua e della semiotica i temi dominanti delle sue ricerche. Per di più, uno degli aspetti che desta particolare attenzione nei suoi scritti è, senza dubbio, la predilezione per il linguaggio letterario e poetico. Pubblicato da Mimesis nella collana Filosofie, il testo di Luciano Ponzio, ricercatore confermato in “Filosofia e Teoria dei linguaggi” e Professore aggregato di “Semiotica del testo” e “Semiotica del cinema”, analizza le diverse sfaccettature del pensiero jakobsoniano e gli autorevoli contributi da lui forniti alla ricerca linguistica, con particolare riferimento ai fondamenti della semiotica. Come si legge nella citazione iniziale di Roland Barthes, posta in epigrafe al volume, « Roman Jakobson ci ha fatto un meraviglioso regalo : ha donato la linguistica agli artisti ». Nell’introduzione l’autore presenta il celebre semiologo delineando un ritratto inusuale della sua personalità scientifica e intellettuale, definendolo altresì come « un linguista affascinato dalla poesia » (p. 13), sulla scia 358del pensiero diffuso dai componenti del Circolo linguistico di Mosca, di cui ne fu il fondatore. Si tratta dunque di una prospettiva di analisi che presenta una dimensione scientifica finora inesplorata.
Il volume si articola in quattro parti che ripercorrono le tappe salienti del percorso di ricerca jakobsoniano. La prima parte è dedicata al « contributo di Jakobson alla semiotica », a partire dai suoi studi storico-filologici in Russia, presso l’Università di Mosca, con riferimento ai suoi primi contatti con il formalismo russo. L’autore si sofferma sui suoi soggiorni dapprima a Pietrogrado e poi a Praga, dove diventerà uno dei principali animatori del Circolo linguistico di Praga, fulcro della nascita dello strutturalismo linguistico. Ne è poi tracciata la sua esperienza negli Stati Uniti e il suo rapporto con Lévi-Strauss, Bachtin e Peirce, con particolare riferimento ai suoi studi sulla cultura popolare e, nello specifico, ai rapporti fra letteratura e folclore. Una riflessione finale sulla semiotica dei rapporti tra linguistica, scienze umane e scienze naturali chiude la prima sezione.
La seconda parte affronta lo studio della semiotica « attraverso i linguaggi dell’espressione artistica », come l’arte visiva, la musica e il cinema. Ne è presentata la sua esperienza nei Circoli linguistici da lui frequentati, per soffermarsi attentamente sul concetto di linguaggio poetico e lingua, a cui seguono riflessioni riguardanti l’arte e la letterarietà, ovvero l’intreccio fra produzione artistica e produzione linguistica. Emerge fra le riflessioni il suo vivo interesse per lo studio del linguaggio artistico, la sua predilezione per quella che egli definisce la “scienza del verso” e la sua attenzione allo stretto connubio esistente tra pittura e poesia. Alla luce delle teorie esposte, vengono illustrate le nuove concezioni futuriste emergenti, nate dalla sua amicizia con il poeta Chlebnikov, creatore della poesia “transmentale”, e il poeta Kručënych, teorico della corrente del cubo-futurismo, con il quale pubblica una suggestiva raccolta di poesie firmandosi con lo pseudonimo “R. Aljagrov”. Inoltre, l’incontro successivo con lo scrittore e intellettuale Majakovskij segnerà un’alleanza artistica proficua e profonda che durerà fino alla sua morte.
La terza parte, « la statua e l’icona nella simbologia di Puškin », prende in esame il lavoro di Jakobson “Socha v symbolice Puškinove”, pubblicato nel 1937, e chiarisce alcuni concetti come quello di “immagine-idolo” e “immagine-icona”, il significato di “simbolo” e la rappresentazione della « statua come idolo ». Segue una digressione sul film L’amore del poeta, di Ejzenštejn, che concerne Puškin e un’attenta analisi sul tema « l’icona 359sacra della tradizione popolare ortodossa e il rinnovamento dell’arte pittorica », in riferimento all’arte del pittore russo Kazimir Malevič.
La quarta ed ultima parte, intitolata « Jakobson interprete di Hölderin, ovvero arte della parola, dialogicità e follia », offre delle significative considerazioni circa la sua opera Hölderin. L’arte della parola, « particolarmente interessante per la sua collocazione nell’incontro dei suoi interessi per il linguaggio della poesia con quelli per il linguaggio nelle sue forme diagnosticate come patologiche » (p. 225). Le tematiche qui trattate sono, in particolare, quelle della conversazione e della dialogicità, quest’ultima intesa come capacità di ascolto.
Il contributo di L. Ponzio agli studi semiotici di R. Jakobson dimostra una conoscenza approfondita e uno sguardo critico innovativo sull’argomento. Grazie ad un’analisi interpretativa precisa e ben argomentata, il testo presenta un percorso di ricerca alternativo a quello degli studi tradizionali, utile non solo agli studiosi dell’ambito linguistico-semiologico e delle teorie jakobsoniane, ma anche ad un pubblico di lettori non strettamente scientifico.
Lucia Cristina Larocca
Université de Bari Aldo Moro – LaBLex
Enseignante
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René Guitton, Dictionnaire amoureux de l’Orient, dessins intérieurs d’Alain Bouldouyre, calligraphies de Lassaâd Metoui, Paris, Plon, 2016, 710 p.
Le dictionnaire amoureux de l ’ Orient de René Guitton figure dans la collection des dictionnaires amoureux fondée en 2000 et qui recense actuellement plus de 90 titres.
360En tant qu’écrivain et essayiste engagé, membre, depuis 2006, du réseau mondial d’experts de l’Alliance des Civilisations des Nations Unies, René Guitton nous offre, entre autres, des ouvrages auréolés de prix, tels Si nous nous taisons et Ces Chrétiens qu’on assassine.
Ainsi, édité en mars 2016 aux éditions Plon, son dictionnaire amoureux résonne tel un appel à découvrir « beaucoup plus de l’Orient qu’on ne l’a jamais fait », d’après les mots de Victor Hugo repris dans la préface. Il est question d’avouer son éternel amour pour un monde qui, comme il le souligne, « nourrit ses rêves depuis l’enfance » et se reconnaît comme « un Orient oriental, avec ses vices et ses qualités, un Orient fils et père de lui-même » romancé dans les voyages de son père, officier de marine.
Ce rappel subjectif de l’Orient découle de son expérience livresque et humaine ; c’est le regard géographique sur le Moyen Orient (Middle East, expression d’origine anglo-saxonne). Alors, la Turquie, l’Iran, la Perse, la Palestine, l’Égypte, les Émirats, l’Arabie Saoudite, le golfe arabo-persique, c’est un véritable melting pot de populations, la source de notre civilisation. René Guitton affirme qu’il s’agit d’un acte de foi et de vie en réponse à cette vision « mortifère » de la société actuelle.
Lu comme un roman, ce livre est agrémenté d’un avant-propos qui justifie environ 150 entrées, de nombreux dessins d’Alain Bouldouyre et une dizaine de calligraphies de Lassaâd Metoui qu’il définit lui-même comme l’art du souffle. Les mots sont organisés et distribués sans une structure linéaire. Sous chaque entrée il y a des renvois visant à créer des liens avec d’autres réalités dans une certaine liberté de choix. Cet inventaire ne respecte pas forcément l’ordre alphabétique, étant donné que le mot Accueil qui ouvre la fenêtre sur l’Orient, figure avant l’entrée Abd el-Kader.
Guitton fait vibrer ce monde Autre, ce flonflon de voix et de langues qui nous entraîne dans la vérité d’un État, d’une ville, d’un livre, d’un personnage historique, d’un mythe ou d’une notion, bref, un hommage et un rappel de l’Orient à l’Occident de ce qu’il a été, tel que l’auteur l’assure et le raconte.
Le temps religieux est largement éclairé et révélé dans la représentation des monothéismes (les entrées christianisme, judaïsme et islam), notamment en suivant les traces du patriarche Abraham, le premier à entrer en contact direct avec Dieu avant Moïse, Jésus et Mahomet, et dont « nous sommes tous enfants », juifs, chrétiens et musulmans.
361L’auteur voyage au cœur des villes symboliques de l’histoire de notre civilisation, telles que Babylone, Gaza, Louxor, Jérusalem, Venise ou Baalbek, où se situe le Palmyra Hotel. Aujourd’hui, à cause des bombardements et des conflits, il y a peu de touristes à reconnaître ce lieu où Charles de Gaulle, Jean Cocteau et d’autres personnalités du passé se sont attardées.
À propos des livres, les auteurs du xixe siècle, à savoir Chateaubriand, Lamartine, Flaubert, Loti, Nerval, Gautier ou Jules Verne, aident Guitton à découvrir cet Orient divers en gardant des impressions de joie, de richesse et de liberté, une sorte de réflexion profonde sur l’Autre et l’orientalisme.
Dans le théâtre historique de l’Orient, remarquables sont les personnalités représentées au nom d’Alexandre le Grand qui a gagné une « place impériale dans le ciel de l’Orient », de Saladin, sultan arabe et souverain sage et respectueux ; d’Hammourabi, le roi le plus glorieux de la Mésopotamie et son code de loi qu’on peut admirer aujourd’hui au musée du Louvre ; de Bonaparte très attiré par l’islam ou de Charles de Gaulle « père spirituel de l’indépendance et ami du monde arabe ».
Des figures féminines emblématiques de l’histoire de l’Orient se font entendre, telles Oum Kalsoum, chanteuse égyptienne, la voix du monde arabe, ou de Agatha Christie et ses voyages dans cette partie du monde, qui ont alimenté son imagination, d’où le succès de son roman Le crime de l’Orient express, ce même train qui s’impose à travers le temps, les hommes et les pays.De plus, l’auteur exprime son engagement face à la discrimination, en consacrant un espace aux « femmes en leur voiles », pour décrire ce voile fondamental dans l’histoire de la femme en Orient. On donne ainsi la parole aux femmes qui refusent le voile et clament leur liberté face à l’oppression.
On découvre aussi des histoires légendaires de la mythologie égyptienne dans les figures mythiques d’Isis sœur et épouse d’Osiris. C’est l’histoire d’un « ensemencement visuel », là où Isis redonne le souffle de vie à Osiris. Le mythe de Gilgamesh, personnage héroïque de la Mésopotamie, roi d’Ourouk, nous offre, par contre, un exemple sur l’amitié et l’art de vivre et sur la quête de la vie éternelle.
Mais, à côté de ces passages qui abordent des thèmes profonds, il y en a d’autres qui évoquent des sujets plus légers mais également intéressants à appréhender, tels l’histoire du café ou qawha mot arabe 362qui remonte à un berger d’Abyssinie, Kaldi, qui avait remarqué l’effet tonique des graines d’un arbuste qui rendait ses chèvres plus vives. Ce mot pénètre dans les pays arabes jusqu’à rejoindre l’Italie via les marchands vénitiens et la France au Procope, ancien café parisien reconnu par les intellectuels Voltaire, Racine, La Fontaine qui aimaient cette boisson. D’autres histoires sont à dévoiler en feuilletant les mots abricot, bazar, divan, hasard, haschisch ou zarafa.
Il convient d’ajouter que, dans cet ouvrage, d’autres pistes géographiques, historiques et culturelles sont à l’étude, autrement dit ce qui relève du Canal de Suez, du mur des lamentations, des langues d’Orient, des textes sacrés la Bible, le Coran, du soufisme, des Mille et une nuit jusqu’à Ziggourat, vérité qui achève cette peinture exotique d’un Orient qui fait désormais partie de notre quotidien.
René Guitton a le mérite d’avoir illustré un univers lexical riche en images clefs du sens de l’existence. L’Orient nous appartient et attire l’homme occidental en quête d’une certaine spiritualité. Un vent de liberté et d’espoir souffle dans ce dictionnaire amoureux qui célèbre l’Autre, qui étonne et qui nous laisse un désir d’Orient.
Au demeurant, cette lecture anime l’œuvre, l’auteur et le lecteur par des élans d’innovation et d’imagination afin que tous, curieux, savants et passionnés d’Orient, puissent lire ce livre tout comme un message de fraternité et de paix entre les peuples.
Inch Allah !
Donatella Ostuni
Université de Bari Aldo Moro – LaBLex
Enseignante
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Philippe Zawieja (dir.), Dictionnaire de la fatigue, Genève, Droz, 2016, 864 p.
L’idée de réfléchir à un sujet un peu tabou tel la fatigue et de nous la dévoiler dans tous ses états, est fort motivante et intéressante.
Philippe Zawieja, chercheur associé au Centre de recherche sur les risques et les crises à l’école des Mines Paris Tech, est le directeur de ce Dictionnaire de la fatigue édité en 2016, aux éditions Droze, et englobé aux dernières parutions des Travaux de Sciences Sociales.
L’ouvrage comporte un avant-propos signé par l’auteur, nous menant au cœur de ce « phénomène de la vie quotidienne » qui ne se réduit pas simplement à un « état résultant d’un effort intense ou prolongé ou d’un manque de sommeil » (d’après la définition du Petit Robert). Cette représentation de la fatigue se rapporte aussi à la philosophie, à la psychologie, à cette faiblesse nous reliant « au monde et à Dieu ». Le défi est alors lancé. Il est question de mettre en relation l’« approche biomédicale » à l’« ensemble des sciences humaines et sociales » pour enfin admettre une « science de la fatigue ». De plus, l’auteur nous embarque dans ce « mal du siècle », pour tisser un lien toujours plus étroit entre fatigue psychique et fatigue physique. Il tient donc à réclamer la portée de cette recherche pluridisciplinaire adaptée à tout lecteur qui prendra le plaisir de lire et de faire lire ce dictionnaire.
Dans cet élan d’enthousiasme, on se met en route à la découverte d’à peu près plus de 130 entrées allant de aboulie jusqu’à Weil (Simone) et d’environ une nonantaine d’auteurs qui mettent en lumière l’être humain et sa perception de la fatigue. Chaque auteur accompagne l’entrée d’un texte enrichi de références bibliographiques situées en bas de page, dans les notes, et d’une liste de renvois à d’autres entrées permettant d’approfondir les réflexions autour d’une même question. Également, ils passent en revue l’idée de fatigue dans d’autres civilisations et d’autres époques, surtout chez les anciens, à savoir Lucrèce, Hippocrate, Plutarque, qui, comme l’atteste le directeur de cet ouvrage, considéraient la fatigue comme un « état naturel qui doit être combattu », tout en préservant un certain équilibre.
364On procède dorénavant à apprécier cette fatigue examinée dans un large éventail de disciplines et au gré des auteurs de la littérature contemporaine ; on met aussi l’accent sur sa définition qui évolue à l’unisson avec la conception du travail.
Philippe Zawieja rend compte d’une bonne et d’une mauvaise fatigue, alors que la première est bonne parce qu’on connaît la cause, notamment un effort physique où le repos en est le soulagement ; la deuxième, par contre, est mauvaise du fait qu’on ne sait pas à quoi imputer la raison, le repos ne servant pas à l’alléger.
Les bore-out, burn-out et, plus récemment le brown-out, déterminent, d’après Philippe Zawieja les déclinaisons de la fatigue au travail. Ce dernier est alors privé de sens, il y a comme un « sentiment de vacuité, un sentiment d’absurdité », parce qu’on est face à des choses dépourvues de sens, qui mènent le sujet à tourner le dos au travail, donc on a la « perte d’intérêt ». Dans cette optique, on puise des éléments de réflexion sur ce qu’est l’aspect chronique de la fatigue qui relève de l’affaiblissement psychique et, par conséquent, des idées de douleur, de souffrance, voir des liens avec la dépression dans cette représentation de la société.
Nous voilà, dès lors, dans pas mal de pages dédiées à une quinzaine de types de fatigue. Fatigue attentionnelle, au travail, blanche, compassionnelle, culturelle, des batailles, émotionnelle, industrielle, intellectuelle, psychique, psychologique au travail, sociale, spirituelle au travail, structurelle, visuelle, autant d’aspects qui sont le réflexe d’une construction sociale qui impose de rester toujours performants. Dans la fatigue des batailles, par exemple, c’est le renvoi aux sociétés colonisées : on explique que dans la rencontre de deux civilisations, la société colonisée adopte les valeurs de la société colonisatrice ; on doit prendre acte qu’une nouvelle période s’ouvre dans un climat de tension et d’incertitude. De plus, c’est le cas de la fatigue compassionnelle qui nous soumet une forme de traumatisme relativement aux problèmes des autres. Il s’agit encore de la fatigue due à des troubles visuels compte tenu de l’utilisation démesurée des écrans dont la matière nous fatigue et fomente notre stress. Néanmoins, toutes ces tournures ne peuvent pas laisser de côté d’autres réalités telles la motivation, le symptôme, l’apathie, la mélancolie, la neurasthénie, l’ennui, l’excitation, l’engagement, la performance et bien d’autres encore.
En résumé, la fatigue, dans toutes ses facettes, est un « signal d’alarme » qu’on doit apprendre à reconnaître et à contrôler. C’est le pas à franchir 365à partir de ce dictionnaire qui reste, selon Philippe Zawieja, un « projet éditorial raisonnablement déraisonnable », mais qui peut apporter une valeur ajoutée significative et qui peut satisfaire, de ce fait, les attentes d’un public élargi et diversifié.
Donatella Ostuni
Université de Bari Aldo Moro – LaBLex
Enseignante
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Les journées italiennes des dictionnaires de Palerme
Les 19 et 20 mai 2017 se sont déroulées à Palerme « Les Dix-neuvièmes Journées Italiennes des Dictionnaires », organisées et dirigées par Giovanni Dotoli (Université de Bari « Aldo Moro » et Cours de Civilisation française de la Sorbonne), fondateur des Journées Italiennes des Dictionnaires, et Francesco Paolo Alexandre Madonia (Université de Palerme). Les Journées Italiennes des dictionnaires, s’inspirant aux célèbres Journées françaises créées au sein de l’Université de Cergy-Pontoise en 1993 et qui se veulent un laboratoire de recherche, de réflexion et de formation en matière de lexicographie, rassemblent chaque année les esprits les plus passionnants des savants lexicographes et des chercheurs.
Cette année, le Colloque s’est proposé d’accueillir des réflexions concernant la spécificité des dictionnaires de littérature et de s’interroger notamment sur ce qui se meut à la lisière entre la littérature en tant qu’histoire littéraire et le genre littéraire en tant qu’objet d’une épistémologie de la littérature. Tout cela bien se reflète dans ces dictionnaires, renfermant des connaissances liées aux grands courants littéraires, aux écrivains, aux époques, aux aires géographiques, à la poétique, aux termes littéraires, ainsi qu’aux éditeurs et à la pratique dictionnairique.
366Après les allocutions de bienvenue par Fabrizio Micari, Directeur de l’Université de Palerme et Laura Auteri, Co-directrice du Département de Langues de l’Université de Palerme, et la présentation du Colloque faite par le Comité d’organisation, la première séance a commencé par l’intervention d’Alain Rey (Éditions Le Robert-Paris) intitulée Avant même la notion de littérature des dictionnaires littéraires. À suivre, la contribution de Francesco Paolo Alexandre Madonia titrée Les dictionnaires de littérature : bilan et pistes de recherche. La première séance s’est achevée sur la communication de Giovanni Dotoli : Typologies des dictionnaires de littérature : l’auteur en dialogue.
La deuxième séance s’est ouverte par la contribution de Pierre Brunel (Académie des Sciences morales et politiques – Directeur des Cours de Civilisation française de la Sorbonne – Professeur émérite de l’Université Paris-Sorbonne), dont le titre est Les absents dans les dictionnaires de littérature : refus ou oublis ? ; l’intervention suivante a été celle de Salah Mejri (Université La Manouba de Tunis, Sorbonne Paris Cité Université Paris13), Le dictionnaire amoureux des écrivains et de la littérature de Pierre Assouline : de la subjectivité lexicographique.
Dans la troisième session, Jean Pruvost (Université de Cergy-Pontoise – Directeur des Éditions Champion) a présenté une contribution intitulée La littérature : un grand voyageur des dictionnaires ; celle-ci a été suivie par l’intervention de Dangoulé Melnikiene (Université de Vilnius) : Le Dictionnaire amoureux de Stendhal dans la lumière du « culte de l’énergie » stendhalien. La dernière communication a été celle de Louis Begioni (Université de Lille et Université de Rome 2) et Alvaro Rocchetti (Professeur émérite à l’Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle), intitulée Les dictionnaires de littérature implicites : la nécessité des citations littéraires dans les dictionnaires bilingues français/italien et italien/français. Enfin de séance, Cettina Rizzo (Université de Catane) a présenté une étude dont le titre est « Et maintenant place au théâtre » : Le Dictionnaire d’Arthur Pougin et les arts de la scène.
La dernière séance de la première journée a vu la participation de Béatrice Didier (École Normale Supérieure-Paris) présentant une intervention intitulée Où sont les femmes ?. À suivre, la contribution de Gioia Wei (Université des Langues Étrangère-Pékin), L’Enciclopedia cinese delle letterature straniere. Ensuite, Françoise Finniss-Boursin (Université Paris-Sorbonne) a présenté une communication titrée Les deux faces de Janus, 367politique et littérature : leur visibilité dans les dictionnaires de littérature ?, et, pour conclure, Valerio Emanuele (Université de Palerme et Université de Cergy-Pontoise) avec une intervention intitulée Quelques réflexions autour du discours préfaciel des dictionnaires de littérature (xviie –xxie siècle).
La deuxième journée s’est ouverte par la présentation de l’étude Il Dizionario critico della letteratura francese di Franco Simone de Ida Rampolla Del Tindaro (AMOPA Italie), suivie par l’intervention de Marie-Denise Sclafani (Université de Palerme) intitulée Il Dizionarietto degli scrittori francesi classici e moderni di Decio Cinti. La deuxième partie de cette séance a vu la participation de Maria Domenica Lo Nostro (Université de Salerne), qui a présenté une contribution titrée La macrostructure des dictionnaires de littérature,et de Veronica Benzo (Université de Catane) avec son étude intitulée Du commerce et de la littérature dans les dictionnaires du xixe siècle : Littré et Larousse.
La dernière séance de ce Colloque a été introduite par Antonella Guarino (Université de Naples Parthenope) présentant une étude titrée Les dictionnaires de littératures en ligne : réflexions méthodologiques et étude des cas ; à suivre, Sergio Piscopo (Université de Naples Parthenope) avec sa contribution intitulée Le Dictionnaire des écrivains contemporains de langue française : Autobiographie à la page,et Alessandra Della Penna (Université de Naples Parthenope) qui a présenté l’étude Les dictionnaires de littérature : un exemple marocain. La dernière des interventions a été celle de Martin Chef (Université de Cagliari) dont le titre est Le Dictionnaire mondial de la bande dessinée, de l’outil épistémologique à l’objet paralittéraire.
En clôture du colloque Giovanni Dotoli, Jean Pruvost et Francesco Paolo Madonia ont proposé leurs réflexions sur le sujet, en soulignant l’intérêt remarquable suscité par les contributions présentées, à la fois diverses et novatrices, concernant un domaine de recherche important et injustement laissé à la marge de la plupart des études de métalexicographie.
Antonella Guarino
Université de Naples Parthénope