Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Les Biographies littéraires. Théories, pratiques et perspectives nouvelles
- Pages : 321 à 326
- Collection : Rencontres, n° 345
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406074243
- ISBN : 978-2-406-07424-3
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07424-3.p.0321
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 26/04/2018
- Langue : Français
Résumés
François Dosse, « La biographie entre science et fiction »
Le genre biographique a longtemps été considéré par les historiens comme un sous-genre. Rejeté pour sa bâtardise, considéré comme tributaire de ses liens incestueux avec les littéraires et peu propice à l’ambition de vérité des historiens. Il en est tout autrement aujourd’hui, car les historiens s’interrogent sur ce qu’est l’écriture du passé. Ils prennent conscience de la tension existante entre le pôle scientifique et le pôle fictionnel.
Thomas Pavel, « Biographies et exemplarité »
Depuis l’Antiquité, les vies des personnalités politiques illustres étaient censées servir d’exemples aux lecteurs. Au Moyen Âge les vies des saints ont joué le même rôle. La Renaissance, en accordant aux artistes une place privilégiée dans la cité, propose leurs biographies comme modèles, alors que depuis le xixe siècle, les écrivains, promus au rang de héros de leurs nations et de leurs cultures, sont plus que jamais l’objet de l’intérêt biographique.
Richard Cooper, « Vers la biographie littéraire en France. Les cas de Marguerite de Navarre et de Rabelais »
En France à la Renaissance, la biographie de gens qui ne sont ni rois, ni saints, ni soldats, est une nouveauté. Pour Rabelais, on commence par le moine ivrogne et lascif, reflet de ses personnages, transformé en grave médecin, en esprit encyclopédique. Pour Marguerite, on commence par l’« Esprit abstraict, ravy, et ecstatic », pour arriver à une femme sensuelle, qui ressemble aux personnages de ses nouvelles. Quel rapport entre la vie de l’auteur et ses personnages (plus ou moins) fictifs ?
322Mireille Huchon, « Rabelais, esquisses et esquives »
La biographie de Rabelais est un cas d’école. L’éloignement temporel, les blancs et ombres d’une vie tourmentée, le poids de sa fiction dans l’imaginaire collectif rendent délicate toute reconstitution. Ses correspondances, son travail éditorial, les vestiges de sa bibliothèque, ses réseaux, ainsi que la relecture critique des sources, la considération de l’œuvre dans sa genèse et dans son contexte, permettent au biographe, corrélateur d’une existence, d’esquisser quelques traits.
Philippe Desan, « La vie publique des écrivains. L’exemple de Montaigne »
La biographie de Montaigne est abordée à partir de trois postulats : 1) la littérature n’est pas un refuge, mais s’inscrit dans un parcours de vie qui ne peut faire abstraction de sa dimension sociale et politique ; 2) la création artistique représente une activité qui n’est pas autonome de l’existence sociale d’un auteur ; 3) loin de représenter un être exceptionnel et singulier, Montaigne appartient à un groupe, un ordre, une clientèle, et agit de façon souvent prédictible.
Jean Balsamo, « La biographie de Montaigne : pour comprendre les Essais. À propos du Montaigne de Philippe Desan »
La biographie de Montaigne constitue un cas d’école pour illustrer les problèmes que pose le genre de la biographie littéraire, dans ses enjeux, sa pertinence heuristique et ses apories. Elle s’est imposée comme la forme topique du discours consacré à Montaigne mais aussi de l’interprétation de son œuvre. Entre la tentation romanesque ou celle de la paraphrase des Essais, elle a connu son véritable aboutissement, scientifiquement fondé, avec le Montaigne de Philippe Desan.
Georges Forestier, « Pour une approche archéologique de la biographie littéraire »
Quel type d’approche biographique est-elle permise pour des auteurs de théâtre classique dont quasiment tous les manuscrits ont disparu ainsi que toute la correspondance, c’est-à-dire toute trace d’intime ? L’approche archéologique proposée ici et mise en œuvre par Georges Forestier dans ses biographies de Racine et de 323Molière tient à une étroite combinaison de l’archéologie archivistique, du donné social et de ce que nous apprennent les œuvres sur leur processus d’élaboration.
Alain Viala, « “Pourquoi je n’ai pas écrit la biographie de Molière”. Notes sur les démarches et usages du biographique »
Après avoir publié Naissance de l’écrivain et une biographie de Racine, se présentait l’hypothèse d’écrire une biographie de Molière, finalement pas réalisée. Pourquoi ? Il s’agit ici de réfléchir sur les enjeux d’une biographie réellement littéraire, qui rende compte du processus de création par les relations entre un auteur et ses publics. Dans le cas de Molière, cela conduit à s’interroger sur ce que fut l’habitus galant.
Jacques de Cauna, « Toussaint Louverture, le Grand Précurseur. De la légende aux réalités : une biographie pour l’histoire »
La biographie pose la problématique majeure du rapport entre la compréhension narrative intuitive et l’explication historique analytique et documentée. Épistémologiquement à cheval entre les méthodes de l’histoire et l’écriture de la fiction, l’historien qui se fait biographe est tributaire de l’intérêt du lecteur. Toussaint Louverture est ainsi longtemps resté un objet romanesque. Les dernières découvertes de la recherche révèlent une personnalité bien plus complexe qu’on ne le croyait.
Bastien Craipain, « Des biographies de Toussaint Louverture. Histoire, mythologie ou littérature ? »
Comment écrire l’histoire de Toussaint Louverture sans tomber dans le piège du récit mythologique ? Parmi les nombreux ouvrages qui lui sont consacrés, c’est effectivement la tendance hagiographique qui domine. Au détour d’une lecture conjointe de deux biographies récentes, cet article revient sur la facture littéraire du personnage historique de Toussaint pour explorer la question de la perméabilité des savoirs et de la rencontre des écritures.
Claude Schopp, « À la marge d’une biographie : Alexandre Dumas »
En prenant pour exemple sa longue familiarité avec Alexandre Dumas, dont il a tenté d’écrire la vie, et lui-même, Claude Schopp s’interroge sur les 324relations problématiques qui s’instaurent au fil du temps entre biographe et biographié.
Daniel Desormeaux, « Lire les biographies d’Alexandre Dumas »
L’œuvre océanique d’Alexandre Dumas défie les biographies instantanées. Mais à quoi bon entreprendre la biographie littéraire d’un auteur qui a écrit entre quatre et cinq cents volumes ? Des nombreuses biographies qui veulent prendre la relève au cours des siècles, seules quelques-unes ne disparaissent pas dans la paraphrase. Il faut alors expliquer l’engouement de publier des biographies de Dumas qui balancent entre une condamnation par contumace et une froide fossilisation de l’auteur.
Gérard Gengembre, « Écrire une biographie de Balzac pour le grand public. Enjeux et problèmes »
Tenter de combiner récit d’une vie, analyse d’une production littéraire et situation tant d’un auteur que d’une œuvre dans le monde des lettres, de l’édition et, idéalement, dans l’histoire culturelle afin de proposer à un public aussi large que possible une biographie de Balzac présente bien des difficultés. Il s’agit d’évoquer ici sous forme de bilan et d’autocritique un bon nombre de questions soulevées, de choix opérés, de problèmes de mise en forme.
José-Luis Diaz, « Comment Balzac entra en biographie »
Avant sa mort, la curiosité biographique invite journalistes et auteurs de dictionnaires biographiques à accorder une place de choix à Balzac, à titre de célébrité vedette du nouvel univers médiatique. Dès après sa mort, des biographies de tous ordres se succèdent. Focalisant sur la décennie 1850-1860, cette étude propose d’apporter une contribution monographique à l’histoire d’ensemble de la réflexion biographique et des pratiques d’écriture qui en découlent, à un moment charnière de leur histoire.
Michel Erman, « Dire l’existence de Marcel Proust »
Une biographie est à la fois un récit et un essai. L’un met au jour des faits concernant l’homme intime comme l’homme à l’œuvre mais aussi des énigmes 325et des absences, l’autre permet au biographe de prendre de la distance avec son objet afin de ne pas tomber dans le piège de l’illusion rétrospective. Cet article s’attache à décrire un cheminement biographique destiné à recréer le flux d’une existence singulière, celle de Marcel Proust.
Luc Fraisse, « Une biographie du processus de la création est-elle possible ? À propos du cas de Proust »
Relater la vie d’un être qui est écrivain, c’est aussi reconstituer la genèse puis la composition de son œuvre. Mais dès lors, comment pourrait procéder le biographe ? Quelle peut être la place du créateur dans une biographie d’écrivain ? Les données factuelles doivent alors être orientées vers une certaine optique, illustrée ici par l’interprétation de circonstances dans la biographie de Proust.
Frank Lestringant, « Écrire la biographie d’André Gide depuis le xvie siècle »
André Gide est protestant, et disciple malgré lui de Calvin. D’où sa défiance à l’égard des églises, en même temps qu’une étrange fascination à l’égard de celles-ci, l’Église catholique tout d’abord, l’Église communiste ensuite, avant la rupture définitive avec le parti. Une constante en dépit du jeu contraint des apparences : l’usage des plaisirs apparaît comme le retournement sans cesse reconduit du puritanisme. Tout cela s’exprime dans une œuvre-vêtement qui tour à tour dévoile et rhabille.
Pierre Masson, « André Gide : biographie d’une écriture »
André Gide n’a pas cessé de s’écrire lui-même, en détaillant les multiples facettes de sa personnalité, et en faisant de ce puzzle la justification de sa vie. Un unique récit biographique ne saurait donc rendre compte de cette diversité. C’est en suivant successivement chacun de ces fils, et leur prolongement à travers les œuvres, qu’on pourra esquisser la figure d’André Gide, et retrouver l’élan créateur qui l’a animé.
Tiphaine Samoyault, « La biographie comme combat »
La biographie chez Roland Barthes ou la biographie de Roland Barthes ? Dans l’incertitude, il paraît légitime de penser les deux ensemble en exploitant 326ce motif présent de façon quasiment obsessionnelle dans son œuvre, le plus souvent comme spectre négatif, mais parfois aussi comme fantasme. En critiquant l’usage de la biographie, Barthes oblige toute entreprise de ce genre menée à son propos à revenir à ses paradoxes et à en faire à son tour un combat.
Claude Bremond, « À propos du Roland Barthes de Tiphaine Samoyault. La proaïrésis »
Prenant appui sur plusieurs observations de Tiphaine Samoyault dans son Roland Barthes, l’article fait un retour nostalgique sur la décennie 1960, au début de laquelle il fut associé à une « analyse structurale des récits » qui lui semblait prometteuse, mais qui s’acheva, de la part de son inspirateur principal, par une récusation presque totale. Aujourd’hui, le Barthes des lettres a éclipsé le Barthes des sciences. C’est peut-être justice.