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Classiques Garnier

Lexique supplémentaire de Racan

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Les Bergeries (Poésies II)
  • Pages : 273 à 290
  • Réimpression de l’édition de : 1991
  • Collection : Société des Textes Français Modernes, n° 54
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782406104704
  • ISBN : 978-2-406-10470-4
  • ISSN : 2777-7715
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10470-4.p.0311
  • Éditeur : Société des Textes Français Modernes
  • Mise en ligne : 06/11/2020
  • Diffusion-distribution : Classiques Garnier
  • Langue : Français
311
LEXIQUE SUPPLÉMENTAIRE DE RACAN


INTRODUCTION

Co Lexique en zzo articles complète le Lexique de Racan en 50o articles, que l'on trouve i la fin de notre thése sur Racan. Histoire anecdotique et cri~gue de sa vie et de ses ouvres, imprimée en x896 (Paris, maison Armand Colin) : nous y renvoyons souvent.
Ce nouveau Lexique confirme exactement les diverses conclusions auxquelles nous avait amené le premier et que nous avons consignées au commencement, Thèse, p. 66x. L'on voit bien â présent entre autres
r°que Racan connaissait parfaitement sa langue, ce qui est le privi- lège d'un petit nombre d'écrivains, â cette date de r6zs-a6; 5 ;
z° que, en dépit d'un petit nombre d'expressions «précieuses u, il emploie un langage ferme, sans étre guindé, volontiers assoupli par des termes familiers, ou méme ruraux, ce qui est bien naturel pour des
« bergers u;
;° qu'il a une certaine complaisance pour ]es mots, ]es tours, les procédés orthographiques un peu anciens, même pour son temps, ce qui provient peut-étre de ses longs séjours en province et â la campagne et qui donne â son style un air assez archaïque.
J'ai â remercier de nouveau mon savant collégue et ami M. Émile Ernault, président de l'Académie de Bretagne, qui, â quarante ans de distance, a bien voulu revoir ce second Lexique comme il avait revu le premier, toujours avec la mésne complaisance, la même science et la même souriante ingéniosité.
Nous mentionnons souvent en abrégé
Littré :Dictionnaire de la Langue française en q vol. et un Supplé-

ment.
Oscar Bloch :Dictionnaire étymolonique de la Langue française, par

Oscar Bloch, directeur d'études â l'École des Hautes Études, avec la
collaboration de W. von Wartburg, professeur i l'Université de Leip-
zig, z vol., Paris, Presses Universitaires de France, rg;z.
B, — Bergeries (les chiffres â la suite indiquent le numéro des vers).

Eg1. —Églogue, publiée â lasuite des Bergeries.
1. —ligne.
L. T. = Lexique Thèse.
hfalh. =Malherbe.
p. =page.
R. —Racan.
s. — siécle.
T. I — Recnx. Poésies, édition critique par Louis Arnould. Sociéti

des Textes français modernes, Paris, librairie Droz, r93o.
v. —vers.
312 274 LEXIQUE SUPPL)MENTAIRE DE RACAN
A
A, pour. Argument, 1.77 a... de
rien profité à radoucir...
Bergeries, v. gzz, z39S• Cf.

L. T.
AEONDANCE ou FotsoN, aimée
par R. — T, I, piéce II, str. 6;
B. 2;28,2353, 2782, z94t-48• ABSOLUMENT (au sens propre),
d'une maniére autoritaire. T.
I, piéce LXI, v. So; B. zgS6 et dern. v.
AEsrxwtrs (mots) remplaçant élégamment le sujet de la personne. T. I, pièce VIII, v. 8o et ]a u. q ;piéce LXI, v. ;o; pièce LXXIII, v. u6; B. nS,
r; 6;, z8zq, zR;o, et Corres- pondant du zo janvier rq;6,
p. r¢S, en supprimant le mot
e autre >~ dans Un autre
exemple entre cent...

ACCUSER et z compléments pré- cédés par de : a Ces Bergers... craindroient qu'ils ne fussent accusez de peu de jugement, d'aller si ]oing (pour : en al- lant). (B. Epître au Roy, r`°
phrase.)
ALGIDE, Hercule, petit-fils d'AI- cée; nom appliqué à Louis XIII. T. I, piéce LXXIII, v. r;;. Du vocabulaire de Mal- herbe.
ALLÉGEANCE, allégement, con- solation. T. I, piéce XXIX,
v. n. Du vocabulaire de Mal- herbe et de Corneille. AMANT, sens atténué à tette époque, —amoureux.B. ro68,
r86S.
AMrrté, dans le sens de amour. B. 6SS, r66z.Du vocabulaire de Malherbe (Lex.) et d'un emploi courant dans le peuple en France auj. On sait le fré- quent usage qu'en a fait Ma- rivaux.
AMOUR. I. Périphrases : B. q6;-
6S~ 473-74~ x639-40~ x787-
88, 2666. — II. Amour (mou), vocatif de tendresse familiére. B. rjyS. On le retrouve dans Molière : m'nmour (Mal. In:ag., II, 8). Voir L. T. amour, plus haut wMtTri:, et plus loin
COUR.
AMUSER A, faire perdre le temps
avec. B.zygr. — S'AMUSER w,
perdre son temps à. B. zgg8, employé par Malherbe (Lex.), La Fontaine, Moliére, Pascal, et encore auj, couramment dans nos catnpagnes de l'Ouest.
APPARENCE, probabilité, Vfat- semblance. B. Sq8, I8r. Sens employé pendant tout ]e xvtt° siécle par Malherbe (Lex.), Corneille, Racine, Moliére, Pascal, etc... Cf. Littré, S°
ARRE$TER, retenir, fixer. 'f. T, pièce XLIII, v. ;8; piéce LV, v. g ;piéce LXI, v. r~ ; B. 995. z39q• Du vocabulaire de Malherbe (voir Lex.). Cor- neille l'emploie même dans le sens de a marier n. (Menteur, II, r, dans Littré ;°.) Cf. ar- rest B. ;qç et L. T.
ARTIFICE, ruse, fraude. T. 1, piéce L, v. g; piéce LXXIII, v. Sr ; B. rr6z, zgz8. Em- ployé ainsi par Corneille et Racine.
AssovvtR, emplois forts. T. I, piéce VIII, v. 86; B. qzo, xi74~ xS94 ;Lat., t. I, p. ;zz,l. n.
ASTRES. I. Périphrases sur les a. B. Sq, 6S, r8zq, etc.
II. Marcher sur les a., image har- die chére à R. Cf., t. I, p. ztr, n. r. T. I, piéces III, v. ; ;VIII, v. ~6 ; LVIII, v. S ;LXI, v. z6, ;;.
III. Influence des a. T. I, piéce VII, v. 4; B. r3x-3z, x9o9- xo. Signes donnés par ]es a.: B. rzoS-rq.
IV. Astres pour yeux. B. rb;¢, r64r. Cf. le latin poétique
313 LEXIQUE SUPPLÉMENTAIRE bE RACAN 2%S
lumina et l'italien poétique lumi. Voir plus loin SOLEIL.
ATTEINT (bien) par ]a douleur. B. robs, Du vocabulaire de Malherbe (Lex.).
AUC UNEFOIS Ou AUCUNESFOIS,
quelquefois. T, I,piécesXXX, v. r; ; LI, v. ;y, 40; B. S93 Emploi déji vieux au xvu` siècle, encore vivant auj. dans nos campagnes de l'Ouest.
AVANCEMENT, succés dans le monde. B. z~qy, Cf. travailler i l'avancement de sa famille. Voltaire l'emploie encore
dans ce sens. Aujourd'hui
le mot est très spécialisé et
consacré au progrés dans les
carrières, surtout les carrières publiques.
AVANTURE, entreprise hasardée, et, au sens étymologique, ce qui arrivera, l'avenir. T. I, pièce VIII, v. q; ; B. Argu- ment, vers le commencement; zs;;. Du vocabulaire de Mal- herbe (Lex.). C'est encore le sens de l'expression popu- laire : «dire la bontte aven- ture u,
AVEUGLEMENT, aU propre, et comme état, dans le sens de cécité. T. 1, pièce XXX, v. z4. Employé encore ainsi par Ro- trou, Fontenelle, Buffon. Cf. Littré. Ce mot avait pris, dés le xnr° siéele, le sens figuré, et, pour le suppléer au sens physique, on avait emprunté ]e latin cécité. (Cf. B/ocb-)
AVOIR, avec son sens plein de pos- séder. T. I, piéces XVII, v. 6 ; XVIII, Variantes, éd. r6z~,
str. ;, dernier v. LXXII,
v. ;o; B. q6o, Io49, rz86, ry8q, x8o6, z81; (« nous l'aurons a), Les Français de
la Grande Guerre ont repris l'expression dans le sens de
vaincrm ~< Nous les aurons n,
et elle nous est restée depuis.
BATIMENT, monument. T. I, pièce XXXVII,v. zs.Lesens du mot s'est grandement avili depuis. Cf. L. T., MAISON. BESOIN, nécessité. 'I'. I, pièce X, v. zq ; B. r S S ~ 1794•
BIEN. I, Bonheur. B. qs. Du vocabulaire de Malherbe (Lex.).—II. Richesse, surtout
en terre. B. riz. Sens cou-
ramment employé encore par nos paysans.
BIEN=rôT,dans son premiersens:
très tôt, terriblement tôt. T. I, pièce LIX, v. S (les Re- cueils zo, zq ne mettent pas de trait d'union). Employé par Corneille, Pol., V, z
Quoil vous changez bientôt
d'hutneur et de langage (dans
Littré).
$Li sé (seulement au participe passé), touché, atteint. 1'. I, piéces XXX, v. Iq; XXXVI, v. s~ ; B. r;z4. Cette expres- sion ~~ précieuse u se rencontre méme chez Malherbe (Gr. Ecr., t, I, p. zq6, v. 2r), et se retrouve chez Corneille, Ra- cine, Voltaire, en parlant de l'amour et de ses traits. La Bruyére dit, un peu i la ma-
nière de Racan, mais plus sé-
rieusement : e ...Ceshommes
saints qui ont été autrefois
blessés des femmes » (ch. ;). BotnttoN = vague. T. I, pièce XXXVI, v. rz ; B. z85o. Ce mot familier, qui nous rappelle un peu trop la cuisiné, sera encore employé par Corneille (Cid, lI, q), Ra- cine (Pbédre, V, 6), Voltaire (Henrinde, III),
BRUIRE, au point de vue do la a quantité n. T. I, pièce VIII, v. r8. Du vocabulaire de Mal- herbe. Cf. L. T. BRU YAN'r. — Brui, dans bruire, était autre-
314 2~ô LEXIQUE SUPPLÉMENTAIRE DE RACAN
fois monosyllabe comme le Bout le ntot bruit et la pre- mière partie de brtx~•atxt. Auj. il est dissyllabe (ex. dans V. Hugo, Odes, III, ~, cité par
Littré).

CAP'IIVER, au sens propre, rete- nir en prison. B. uq-zo, 6or. De méme dans Ronsard (Va- ganay, t. I, p. 6ç), dans Malherbe (Lez.) et La Fon- taine. Sens propre tombé en désuétude, cf. plus haut, AE-
SOLUMENT, AVEUGLEMENT, et
plus loin CHARME.
CE: r° eu latin bic, se rapportant
â ce que possède, ressent ou
perçoit la première personne. B. 460 : Ce bel âge (oil nous sommes) ; çzo. z° CE, il/e, démonstratif emphatique. B. q;,Szr. Cf. Eglogue (après ]es B.), v. 46, notes critiques; et probablement t. I,pièees V11I, v. zç, et XXVIII, v. ty (voir plus haut les 2 correetionsaux Pièces liminaires, Ode au
Roy, commentaire).
CELA... que, auj. yeti yue. Dédi- cnre des Psnuraes de la Pétti- tevae. Malh. l'emploie de méme (Lex.).
CERNE, cercle qui enferme quel-
que Chose. B. zoé, 933,
r376. Langue des eaux et fo- rêts :les cernes d'un arbre abattu. Vient de circiuus, di- minutif de cirais. R. est un
des seuls écrivains â avoir
employé ce terme.
CHANGe, changement d'affec-
tion (cf. L. T.). Egl. v. ço
(aller au cbnnge, c.-i-d. pour
chnnger, comme on dit fami-
lièrentent A quelle ferme
allez-vous au lait?), Molière
dit :courir au change (F. Sav.,
IV, z, dans Littré, 2°).

CHANGEMENT, aVCt nne gra llde
forte de sens bouleverse-
ment. T. I, pièce LXI, v. çz;
B. v. r949 ; Zgl., v. 6;. Cf.

Bossuet ~ ces grands
changements de ]a main de
Dieu n (La Yntlirre, dans

Littré).
CHARRIE, au sens propre in- fluence magique, incantation (avec une signification active). T. I, piéces LXXII, v. zq; LXXVII, v. r;8; B. ry;, 93 r, r;88, rytr. Cf. L. T.
CHARMER.
CHAI7D, substantif. 1'. I, piéce LV, v. r; B. zoz3. Cf. Lex. Malh. — R. aime, plus que ne le fait son maure, ces ad- jectifs pris substantivement. Cf. L. T. FORT, LONG. Chaut est l'ancienne orthographe des xv` et xvt° siècles.
CHAUME, au masc., pour: paille. 'l'. I, piéce XXXIV, v. 4S. Vieil emploi, rare en dehors des toits on le trouve chez Rutebeuf II, zro : se gisoit sur la chawne dure (dans Littré).
CHOSE, VOiC pIUS IDtn OBJET. CtGNE, pour cygne, poéte, sur- tout dans le genre doux. Cf. le c. de Mantoue, le c. de Cambrai. T. I, pièce LXXIII, v. ç8. Du vocab. de Malh, Cigneest une vieille orth. (on disait auparavant cire ou cimxe), qui coexistait, au xvt° siècle, avec cygne; de cycnus. COUR (MON), vocatif de ten- dresse familier. B. r~z~, t~y8. Employé par Molière, par ex. Mal. ImaK., I, 6. CotxG,pour coin. B. 86y. Vieille ortb. du moyen :Lge et du xvr° s. (voir Littré, Hist.).
COMMENCEMENT (DU), pour: all
commencement. Arguu:ent, 1.30. Vieille locution familière, qui n'a pas été adoptée comme du temps.
315 LEXIQUE SUPPLÉMENTAIRE DE RACAN 277
COMMUN =fréquent, étendu. B. 2660, 2865. Encore em- ployé ainsi par Kacine ; Le changement, madame, est commun â ]a cour. (Bric. V,
3•)
CDNNAITRE QUE, SdVO1C qUe.
T. I, piéces XXIII, v. zs, et LXXVIII, v. ;r. Ainsi em- ployéparPascal,Bossuet,Féne- lon, Voltaire (voir Littré, ¢°), et repris auj. Nous disons presque dans le méme sens reconnaître que.
CONSERVER DE, protéger, dé- fendre contre. T. I, piéce LXXVII, v. 66. Employé par Malh. (Lex.), Corneille, Ra- cine, Sévigné.
CONVIER DE, pour: convier â.
'I'. ], pièce XLI, v. 6 ; B. zyoy. R., ainsi que Corneille, emploie à ou de, tandis qu'auj- c'est n leplus usité. Cf. L. T. CRAINDRE. QUE, avec les 2 verbes se rapportant â la méme per- sonne, au lieu de notre ]o- cution,moins expressive peut- étre, mais moins lourde crnindre de. B. Epitre au Roy, comnt~ : a Ces Bergers crain- droient... qu'ils ne fussent accusez... u Employé par Mo- liére (Don Garrie, II, 6). Cf. L. /. CRAINDRE QUE.
CRISTAL. — I, pris dans un sens particulier pour : un objet en cristal. B. zt65. Ou ne trouve guère que Massillon pour l'a- voir employé en ce sens (dveut. Disp.). Nous l'em- ployons auj. en ce sens cou- ramment au pluriel.
II, terme poétique pour :l'eau limpide. T. I. piéce XXXVI, v. Sq. La Fontaine fait de nombreux et heureux emplois de cette expression raci- nienne :Dans le cristal d'une fontaine... (Fables, VI, g et pns- sim, voir Lex. de La Fontaine,
Grands Ecrivains, t. X, CRIS- TAL.) Cf. notre Terre de Frnnoe chez La Fontaine, p. Sq-6r. CROYABLE, en parlant des per- sonnes et des choses. T. I, pièce L, v, 6. Ancien sens employé par Malh. (Lex.), Balzac, Corneille.
CYGNE, voir plus haut CIGNE.
D

DE (ef. L. T.). r° pour nvec. T, I, pièce XXXI, v. 43 ; B. ro34. Cf. Malh. (Lex.). llE, 8°. — z° pour par. T. I, piéces XXX1X, v, i et ;8 ; XLIII, v.;g, et LXXVII, v, zq et yz. — ;° pour parmi. B. qzz. I S 25 • VOiT aU SSi ACCUSER, COM- MENCEMENT, CONVIER, DO\T, IMPLORER, NÉCESSITI3, SORTE, TRAITER.
DÉCONFIT, défait par les armes. T. I, piéce V III, v. Ioq. Dans Malh. et Rotrou. Le mot, comme ]erentarquejustentent Littré, a perdu de sa dignité
auj., où il signifie drôle-
ment embarrassé. Il est d'ail-
leurs naturellement cocasse.
Cf., pour l'avilissement des
mOLS, plus haut, BATIMENT,
BOUILLON et all L. T. MAISUN.
DÉLICES, emplois iRtéreSSantS.

'l'. I, piéces LI, v. 6 ; LIV, v. Iz, et LXXVII, v. 16. DEMEURE, retard. T. I, piéce XXXVI, v.~s. Du latin demo- rari. Expression du moyen âge, encore employée égale- ment par Corneille et La Fon- taine, qui se retrouve dans l'expression élre era demeure avec gqurt et dans le dicton Il y n péril en la demeure. DÉMox, r°bon génie. T. I, pièce XVIII, v. 8;. Souvent chez Malh. — z° T. I, piéce LX, 5 a démon desçavoir n, qui est savantd'une façonprodigieuse
316 2~ô LEXIQUE SUPPLÉMENTAIRE DE RACAN
et surnaturelle. Cf. z ex. de Sévigné, dans Littré, ;° fin DEMY-D:ED, héros. B. z;or. Du vocabulaire de Malte. (Lex.). DÉPAR~rIR A. r°accorder. B.4ç9• Employé par Régnier et Cor- neille (Littré, z°), sens vieilli auj.— z° partager entre. T. I, piéce LXXI[I, v. 64. Employé par La Fontaine (Littré, r°). Nous employons plutôt, dans ce cas,l'autre composé répartir. DÉPLAISIR, douleur. B. rgço. Vieux mot employé ainsi par Malte. (Lex.) et par Corneille. DESDIRE (s'en), revenir sur sa parole, partit' en fait d'amour. B. ry88. Employé ainsi par Malte. (Le,t.), par Corneille (Cid.,V, scènes ~ et 8, etc...) DÉSERT, subst., pays sauvage, et nullement pays désertique, ce qui est le sens actuel. T. I, piéce LI, v. 8ç (c. Agréables déserts »), B. ç;~, 990. Iz84 et r; u. C'est le sens ordi- naire sous l'ancien régime, voir Racine, Fénelon, Cha- teaubriand (passim). Le mot est
trés probablement influencé
auj. par le Sahara et les dé-
serts africains.
DEVOIR pour :soumission, obéis- sance. T. I, piéces L, v. zç, et LXXI, v. rr;. On emploie plus souvent : se mettre ou se remettre dans le devoir ou dans son devoir. Cf. Littré,
DEVOIR, ;°.
DEXTREMENT, ad[Oitemen t. !fY- gument, 1 48. Mot du vocabu- laire de Malte. et de Corneille. DIEU (périphrases sur). T. I, piéce VI1, v. ç-6, rr, t;, r4, r9~ 59. 6r, 6;; B. Iq; Lat., t. I, p. ;o;, 6° 1. avant la fin. DILEMME, aimé par R. B. ç14, ç~8, zç~z. Cf. Boileau(Epitre VIII, v. I) en r67ç :Grand Roi cesse de vaincre, ou je cesse d'écrire.
DIRE, subj. die pour dise. T. I, piéce XLVIII, v. ~ ; B, r;;6. Vieille forme plusieurs fois employée par Malte. (Lex. DIRE, fin), et â laquelle Mo- liére a fait le plaisant sort
bien contra, dans le sonnet de Trissotin : rc Quoi qu'on die », (F. Savantes, Ill, z.) DlscoRDs, désaccords. T. I,
pièce XLVII, v. ç. Le mot, employé par Malte., l'est en- core par Racine et méme Chateaubriand.
DISPUTER, discuter avec soi-
méme ; hésiter. B. 6g;. Cf.
Racine, Bérénice, v. zor Je
disputai longtemps,... p Enfin votre rigueur emporta la ba- lance. Ce sens n'est pas dans
Littré.
Droctts, aux faces différentes. T. (, piéce LXXV[I, v. ; .Malte. dit de méme: ~~ le divers chan- gement... n ; — «l'âge pourra
bien âtre divers... n (Lex.). DOMMAGE, malheur. T. I, piéce LXIII, v. q. Employé ainsi par Math. (Lex.).
DoNr, par lequel (voir L. 7'.) ou avec lequel: T. I, piéces
LX, v. r LXXI, v. 8y ;
I.XXIII, v. 4S LXXVIII,
v. rq B. qrç, 2no. Mal-
herbe l'emploie souvent ain-
si. Cf. plus haut De.
DOUTE (Avec), auj. dans le
doute. "l'. I, piéce LXI, v. 4. DOUX, DOUCEUR, mots particu-
liérement aimés par R., qui les
joint souvent à d'autres mots
plus énergiques, ce qui lui fait exprimer des nuances et éviter la fadeur. Z'. I, pièces XLIII, v. ;8 (douce rigueur); XLVI, v. rq (doux poison). — DouceuR piéce XLV, v. ;6. Le poéte aime d'ail- leurs le son de cette diph-
tongue. Voir plus loin Ou.
317 LEXIQUE SUPPI.ÉMENTAiRE DE RACAN 279
E

ENCHANTEMENT (an sens propre), incantation. T. I, piéce LII[, v. r4; B. zgzz. Du vocabulaire de Voiture, Mairet, La Fon- taine... Cf. plus haut CHARME.
ENGAGER nE (s'). Argument, 1, qq; comme dans Molière, Saint-Simon, j.•j. Rousseau, pour « s'engager â » qui a prévalu, voir Littré, t;° et
Rem.
ENNUYER (S'), s'affliger, souffrir. T. I, piéce LI, v. 76. Cf. ENNUI, L. T., et plus loin ENNUYEUX. Ennuyé, affligé, tourmenté. T. I, piéce LXI, v. ;. Cf. Lex. Malherbe.
ENNUYEUX (VOli L. T), donlon-
reux. 'f. I, piéce XXXI, v. z7. ERREUR, au masc. T. I, piéce XLI, v. Io. Erreur a été du masculin au xvI• siècle,
lorsqu'on refit masculin tous
les mots venant des noms la- tins en or.Voir Littré, ERREUR, Rem. Malherbe l'emploie une fois au masculin, voir Lex.
EscuMER,àI'actif, manifester par ae l'écume. T. I, piéceXXXIX, v, q6 (les flots en escumant leur rage...). Expression forte et bizarre empruntée par R. â Malherbe (Gr, Ecr., t. I, p. 79~ v. qt), comme l'on dirait fa- milièrement :baver sa colzre ou cracher son mépris.
ESPANCHER, verser. 'l'. I, pièces I, v. ç ; LIX, v. 4. R. a du
goût pour ce doux verbe,
comme pour son synonyme eshandre (voir L. 'l.). — Ra- cille ahérité du méme goût, puis Lamartine.
ESPRIT, dans le sens de :âme, caractére. T. I, piéces LXI, v. 8, et LXIV, v. ro; B. 447
66;, 78q, 799. Fréquent au
XVII° siécle. Corneille, Bos- suet : « un de ces esprits re-
muants et audacieux, v (Ha~r, de France). Voir Liftré, zo°. ESTRE. I° nu sens originel tris /brt. B. toge : C'est au con- traire (cela arrive dans ]esens opposé); 2141 :... n'estre point (ne plus étre vivant); Lat., t. I, p. ;zç : ...des marques
d'avoir esté. — z° n'estoit que,
locution conditionnelle ellip- tique pour :s'il n'estoit que. T. I, piéce LVIII, v. 6. Locu- tion familière auj., de méme
que fût-ce, ne fût-ce, ne
serait-ce que; ...employée
alors par Régnier (cf. Littré,
ÉTRE, 16°).

EUROPE, sans article. T. I, piéce X, v, zz. Ellipse de l'art. fréquente avec les noms propres sous l'ancien régime les armes de France. Cf. plus
loin LUIRE, et L. T. SEINE. ÉVÉNEMENT, ISSue, dénouement, réalisation. T. I, piéce LXI, v. 4; plus haut, Epitre au Roi, p. q, I. I;. Du vocabulaire de Malherbe ; Balzac (Prince, ch. Iç) et Racine (Bajn;et IV, 7) l'emploient de même, et, comme Racan dans l'Epitre, â la suite du mot conseil. (Cf,
Littré, ;°.)
F

FAILLIR, commettre une faute. B. 1974, Iq8;. Sens empl. par Malherbe, Corneille, Ra- cine, Bossuet,Voltaire et jus- qu'â Beaumarchais.
FAINDRE, pour feindre. T. I, piéce LVIII, v. Iz (dans le v.4 de la méme piéce : e1k flint). Orthogr. ancienne, encore usitée au xvt• siècle, en méme temps que feindre. Au con- traire constreindre est devenu contraindre tandis que nous écrivons encore étreindre. FLAIRE (voir L. T.) I. Dans un
318 2ô0 LEXIQUE SUPPLÉMENTAIRE DE RACAN
sens équivoque. T. I, pièce XXXII, v. z4, et Lat., t. I, p.;z8, v. Io. Cf, le latin fa- cere(Pétrone, Snt. 87, q). II. Répétition du verbe, cf. L. T., FAIRH, VIII. Cf. Sévigné elle-méme a ...1'arriére-ban qu ôn lui avait fuit accepter pour fnire valoir la dépense que l'on frit â la tête de cette noblesse ,> (t. IX, p. zo5), C'est en raison du sens vague de la racine fàcio(Ernout-Meil- let, Dictiomrnire étymologique de In langue latine, ;07).
Fels, faix. T. I, piète LXXI, v. r58. R. garde ici la vieille ortlrugr, du moyen âge.
Felr, subst. I. avec le sens plein
et subjectif d'action, exploit
(resté dans :faits et gestes). T. I, pièces XLIV, v. z5 (faire des faits), et LXVI, v. g. II. Fait (votre), ce qui vous convient. B. 375. Employé ensuite par La Fontaine, Mo- liére, et encore auj. Voir Lit- tré, rI°.
FARD, au fig., déguisement. B. x674. R. emploie librement ce mot au fig. sans se soucier du sens propre, de méme Cor- neille: Voscceurs n'ont point pour moi de fard (Cinnn, II, r). Cf. Littré, z°.
FADssE'rÉ, acte mensonger. Arg., 1. lob, et B. zzro (faire une f.). Cf. plus loin FINEssE. FAur (Ic) pour : il me faut. B. x747, 2843,2x39, zS38> z64S• FAure, manque. Avoir Paule de T. I, piéce LXVIII, v. t8. Du vocabulaire de Malherbe.
FIGURER, représenter. T. L, piéce XXVI, v. tq. Cf. Mal- herbe. Nous disons encore
en ce sens Figurez-vous
que...

FtN (METTRH A), achever, ac- complir. T. I, piéce LVI, v, zz. Employé par Voiture
e t Molière (dans Littré, FIN r° et La Fontaine.
Ftx, FINE, rusé, rusée. B. ;34. Employé ainsi par Mairet. Cf. le dicton :jouer au plus fin. Sens employé encore en Touraine. Cf. ci-dessous FI-
NESSE.
FINESSE, supercherie, ruse. 'I'. I, piéce LVIII, v. 5. Se retrouve dans Molière, La Bruyère, Fénelon. V. Littrè7°.
FOMENTER, donner de la chaleur â, exciter. T. I, piéce LXXI, v. rzz. Vieux mot médical, assez délaissé aujourd'hui, encore employé par Molière, Bossuet, Voltaire (cf. Lithé), vient de fo»mntnre, qui vient lui-méme de fovitneutum.
FONDEMENTS, ce que nous appe- lons abusivement fondntions. T. I, piéce XXXVI, v. zq. Du vocabulaire de Malherbe, Corneille, Voltaire.
FOV DRE, v. neutre, s'écrouler en parlant d'un mur. B. z87;, Cet emploi, qui se trouve chez Vaugelas et Bossuet est auj. courant dans toute la France paysanne.
FODDRE, tonnerre. r° au mascu- lin. T. I, pièces VII[, v. zq, et XXXIX, v. ro. Employé ainsi en poésie et dans le st}~le élevé; du vocabulaire de Cor- neille. Bossuet, Diderot (voir Littré, r°).—z°au fémiuin(en r656-59). T. I, pince LXXVII, v. Sq.
FOURNIR de matiére â... Dédicace des qs. de la Pénit, (TLése, p. 587, 1. 7).
Emploi neutre du verbe, usi- té au xvn°siècle, par ex. dans Corneille (Aaésilat, IV, ;), Racine (Rrnommée nux.Ifarsrs). Voir Littré, FOURNIR, Ran. Cf. fournir â poursuf firen, dans Mallt. (Lcx.) et dans le par- ler populaire poitevin d'auj.
319 LEXIQUE SUPPLÉMENTAIRE DE RACAN 2ôI
~~ je n'arrive pas à fournir n.
For, fidélité, bonne foi (voir aussi L. T.). T. I, pièces XXXVIII, v. 5 ; XLIV, v. r8; LXVIII, v. ¢; LXXI, v. IqB, et LXXVII, v. r ; B. 816,
1349 166o,Igzz, z4zq,zg8;.
FRAICHEMENT, récemment. Ar- gurnent, I. S4. Sens employé dans tout le xvn• siécle(Vau- gelas, Molière, La Fontaine, Fables, IX, ;, La Bruyère...). Cf. L. T., FRAIS, I.
FROIDURE, hiver. T. I, piéces XXXII, v. rg, et XXXVII,
v. ;8. Mot vieil]issant alors, qui est du vocabulaire de Malh. et qui se retrouve
encore dans J.-B. Rousseau.
II est couramment usité au- jourd'hui chez nos paysans
de l'Ouest.
FURIE, passion excessive et dé- raisonnable. B. t815. Comme dans Boileau, Snt. VIII : Gué- ris-toi d'une vaine furie. Cf.
Littré, ~°.
FUTUR dans la pensée, exprimé dans ]es mots. B. Izys : Je vous croyray, ma soeur.
G

GRIGNER, gagner. B. z85z. An- cienne orth. de gagner qui Pemporteà la fin du xv1°siècle VOIT L. T. GAGNAGE.
GARDER DE. I° v. actif, empêcher de. T.I, piécesXXXVI, v. y¢,
et XLVIII, v. 5 B. 465.
U. Chevreau blâme à tort ces
z vers de R. (Thèse Boistière,
p. ;ot). D'ailleurs Malherbe,
qui blâmait ce tour chez Des-
portes, en a fait d'heureus em-
plois : a ... Les belles feuilles

toujours vertes Qui gardent
les noms de vieillir... »,etc. Voir Lex.Malh.— z° v.neutre, tour abrégé pour :prendre garde. B. q;z. Sens employé
encore par Racine, Boileau tt
Voltaire.
GDÉRtRl'amoureux, enl'agréant. B. 1895-6, zSrl. Fait partie du jargon amoureux de l'é•
poque.
H

HÉMISPHÈRB, féminin. T. I, piéce VIII, v. 8;. Masculin dans les 1~•• éditions de cette ode, et remplacé pat le fémi-
nin dans la derniért édition,
de r6;8, par assimilation fau- tive avec sphére, car le mot vient du neutre bemisphnerium. R. revenait ainsi au vieux genre encore usité au xvI• siècle.
HOMMAGE (faire), pour :rendre hommage. T. I, piéce XXIX, v. 5. Expression féodale que R. parait avoir été seul à em- ployer en poésie.
HOSTIE, victime. B. zo¢o, zoé;. Sens étymologique employé alors, et encore par Bossues.
I

IL, Lut. I. avec l'antécédent plus éloigné que nous ne le tolé- rerions auj. T. I, piéces VIII, v. 46, et IX, v. r; et I¢. Cf. plus loin Sort. —II. Lni rap- pelant un nom de chose. 1~. I, piéce X, v. zz. Malh. l'em- ploie ainsi, Lrx., Lut, z°. IatPÉrnER, obtenir Dédicace des Psaumes dt la péuitency voir Thése, p. 58y,1. zz :vieux mot latin, employé par Malh. (Lexique) et resté sur nos di- pl0mes : l'impétrant.
IMPLORER de faire... B. 159• Tour trés rare qui ne se trouve pas dans Littré.
IMPVDtcITÉ, acte contraire à la pudeur. B. x997. Vieux mot encore employé par Voltaire.
320 2ô2 LERIQUE SUPPLÉMENTAIRE DE RACAN
INFIDÉLB, perfide. T. I, pièce
XXXIX, v. 52. Cf. Lex. Math. INTÉGRITÉ, pureté d'une jeune fille intacte. B. zo66. Em-
ployé en ce sens par Bossuet. (Littré, ;°.)

JUSQU'A TANT QUE e2 It SUbI., pour : jusqu'â ce que. T. I, piéce LXXVIII, v. t6. Tour- nure lourde, encore employée par Bossuet.
L

LIBERTÉ (SIEiTRE EN) sa peine, pour : exhaler, raconter. B.
855. Locution expressive du langage précieux. Malh. (Lex. ) disait : mettre son inquiétude en sa liberté.
Lteu, employé oû Ytous met- trions :place. T. I, piéce XL, v, Iz. Cf. Malh. (Lex.) et t. I, p. Iq;.
LOIRE, sans article. T. I, piéce VIII, v. 5. Malh. l'em-
ploie ainsi (T. I, p. zzq). Nos péres supprimaient sou-
vent cet article il en est
resté dans cette partie de la France, et ailleurs : le val de
Loire, le sable de Loire, le
cidre de la vallée d'Auge, etc. Cf. L. T. SEINE, et plus haut EUROPE. L'on retrouve
cette ellipse jusque dans des
chansons populaires du xrx°
siécle, telle cette chanson bonapartiste sur l'air « Par- tant pour la Syrie >t :C'était un capitaine g Ardent pâle et
réveurll Qu'otI fit aux bords
de Seine II Consul, puis em-
pereur...
Loovs, dissyllabe. T. I, piéce VIII, v. 60. Traitement jus- tifié par l'histoire du mot et qui a dû étre longtemps la
régie. —C'est encore la pro- nonciation dans le Rémois et la Flandre.
LUMINAIRE, flambeau, appliqué au soleil. T. I, piéce LIV, v. 7, llu vocabulaire de Malherbe (t. I, p. y8, v. 6r). Cf. Ge- nèse, I, 16: «... luminare ma-
jus, ut praeesset diei ..
M

MAITRESSE, avec le sens atténu~ d'alors, de personne aimée.
B. Iq;;, zzoo, z81z. Ainsi Corneille, le Cid (Chinténe est « la maîtresse n de Rodrigue).
MAt,Ia., avec le sens fort de méchanceté (commettre une m.). B. 453, 1161. Du voca- bulaire de Dalherbe (Lex.), emploi conservé par ttos
paysans français.
MARIN Ie.R, pour marin, et non pas, comme auj., homme de mer qui s'occupe seulement de la manoeuvre d'un vaisseau. 'I . I, piéce LIII, Titre. Cf. Lex. Malh.
MARQUE. I. Signe distinctif, partie d'un état honorable ou
d'une grande chose. Cf. des
marques d'honneur (voir L. T. MARQUE (de). T. I, piéce LXX[II, v. 85 et Io8. Malh. l'a beaucoup employé dans ce sens (voir son Lex.), entre antres dans le quatrain cé- lèbre :Par les Muses seulement Il L'homme est exempt de la Pacque, n Et ce qui porte leur marque II Demeure éter- nellement (t. I, p. qq). — De mème Corneille, Sévigné, Bossuet (voir Littré, Io° et r6°, qui présentent quelques rapports l'un avec l'autre). Ce mot est tombé dans un domaine trés commun, et sur- tout commercial. — Il. Suivi par de et un infinitif. T. I,
321 LEXIQUE SUPPLZ;MENTAIRS DE RACAN 2ôj
piéee LXXVII, v, y8 (.,.des marques d'avoir vu...), et Latour, t. I, p. ;zj (... des maryues d'avoir esté). De même Malle. (Lex.).
MÉMOIRE, Mnémosyne, mére des Muses. T. I, piéces XV,
v. I1, et LXXVI, v. ~.
MEUR, pour milr. T. I, piéces VIII, v. 24, et LXV, v. ~. Ce quiest curieux, c'est que dans ces z piéces, fruits tout meurs rime avec mreurt, ce qui prouve que l'on hésitait alors dans la prononciation de cette diphtongue. Dans la piéee VIII, ;éditions, de tbzj à
16;j, donnent la variante mars (voir aux Notes cri-
tiques). Cf. auj. encore bleuet et bluet. Cf. L. T. SAUMEUR. MISÉRencB, malheureux. B.
190, r6;6. R. et ses con-
temporains l'emploient dans ce sens, méme avant le nom,
contrairement à notre usage
actuel.
Motsso>us (goilt de R. pour les). T. I, pièces XXIV, v. 4, et LI, st.6ety. jz; B. 18x9, z;91, zR46 ; Egl., v. z, etc.
MovuE (tout le), non pas dans
le sens banal d'aujourd'hui,
mais tout l'univers. T. I, piéces XXIII, v. 4z; XLI[I,
v. r7 XLVIII, v. q, et LXXVIII, v. z; B. 8q, 810,
zzj6.
N

NeïE, qui suit la nature, —sans artifice. B. gj8. Vieux sens,
cf, Littré, z°.
NeurIQlrE (Métaphore) aimée de Racan, T. I, pi èce LI, v. 4-6 ;
B. 787-R8, [199-q8, Iz6z et Iz7o> 1777-78> z3o4, zSz9,
etc...
NécesslTÉ (u E), nécessairement.
Epitre au Ray, 1. ;;. Employé
encore par Corneille et Boi-
leau. Cf. Liltri, Iz°. NOCHER. T. I, piéee LIII, v. z; B. ~8~. Vieua mot du Lexique de Malh. qui s'est
trouvé encore employé au propre dans les ordonnances royales de r681 et Ibg6,
repris par Delille et Lamar- tine. Voir Littré.
No:on, au fig., mariage. B. t6j6. Mot de la langue «pré- cieuse n et du vocabulaire de Malh. Corneille dira dans le Cid (I, ;, v. r66) : Joignons d'un sacré noeud ma t»aison à
la vôtre.
Nov rcvs, auj. pas plut. T. I, pièce LXXVII, v, Iyq.Malh. disait ainsi (Lex.).
NOURRIR, élever. T. I, piéee LXXVIII, v, u; Argument, 1. x et zz. Sens du xvI• s., employé encore par Malh. (Lex.).

QB;ET.
I. Ce qui se présente à la vue ou
à la pensée. B. z9z6, vostre
object. Employé par Malh. (Lex.), «objet divin des àntes et des yeux p.
II. OB)ET OU CHOSE, synonyme de femme aimée ou méme homme aimé. T. I, piéces XXXII, v. ; ; XXXIII, v. zz, etXLIX, v. z; B. 4S,zjo, ~o~ et la n., [x16, 2799. Le mot fait partie du jargon amoureux du xvu• siécle et se trouve jusque dans les [ragé• . dies de Voltaire. Cf. l'anglais
thing = (pauvre) créature. Cf.
ce que. T. I, piéee XXXVI, v. j4; B. x379+ qu'est-ce que, B. zojj ; ce qui, B. 7qo; tout ce qui, B. Igo4. Voir plus loin QUB, pronom relatif. Cf. trou- ver ailleurs (i aimer), B. SIz.
322 2ô4 LEXIQUE SUPPLÉMENTAIRE DE RACAN
OVDE, vOII plus lntn TERRE.
Ou diphtongue, trés aimée de
R. pour l'harmonie. Gf. Thise, p. z74, et plus haut
DoOx. T. I, pièce LII, v. 45> et B. 254, z6o, 4zo, 508.694+ y61 (4 ou), rz39+ zz4z, Egl. v. Ig... Racine aura volon- tiers de tels vers, ainsi Béré- nire, III, 2, v. y86 (¢ ou)...
OurxEPAssER, franchir. B. 93 z, Vaugelas trouvait déjâ le mot vieilli et annonçait sa fin : il ne s'emploie guére aujourd'- hui qu'au figuré.
P

PACTOLE, passé en nom commun, sans majuscule. T. I, pièce XVII, v. zL. Du nom de la rivière de Lydie, qui char- riait de l'or.
PAILLE dans la locution que
pni/le et que verre. T. I, pièce LXIV, v. 4. Probablement dicton populaire employé par Malh.,que R. imite ici: «Les fureurs de la terre II Ne smrt que paille et que verre ~~ A la colère des cieux++,(Malh.,t.I, p. z;). Le même poéte a dit
ailleurs : ... Qu'étes-vous
que paille et que verre? n

PARER DE (sE), se défendre contre. B. t94. Employé par Moliére et Racine, voir Littré, Parer, z t°.
PART.
I. Lieu, endroit. T. [, pièce XXVI, v. zy. Cf. Lex. Malh., et notre locution :nulle part.
II. PART (avoir) â, participer â. B. 1458. Du vocabulaire de Malh., Corneille, Racine, Pas- cal, etc., voir Littri, PART 4° Cf. prendre part... â B. 16zz, r6;o. Voir L. T.
PAR Tour pour : partout. B.1047, etc. Orthogr. des xu• et
xu[° siécles. (Littri, PARTOUT, Hist . }-
PAS (TOUT DE CE) (Oü DH CE).
B. z rg, g;1. Locution Eami- liére employée par Corneille et La Fontaine.
PASSER, dépasser. T. I, pièce IX, v. 4 ; B. IS4, S4ï• Du vo- cabulaire de Malh. (Lex.), de Corneille, Moliére, Bossuet, La Fontaine (a un yasse-Ci. céron u) et même Voltaire. Cf. Litlri, 54°. —Resté dans l'ancienne appellation popu-
laire des roses trémières
passe-roses, — et dans le vieux
proverbe: Contentement passe richesse.
PE>`cxex vers. T. I, pièce LXXVII, v. 77 (en r656-S9). R. semble avoir fait ce trés beau vers en appliquant har- diment au jour l'eapression pencher vers, qu'il pouvait lire
dans Corneille (Héraclius,
V, ;) et qu'il pourra lire encore dans Racine : Cepen-
dant Claudius penchait vers son déclin. (Bric., IV, z.) Il use de ]a vieille orthographe pancher, tout comme Amyot (voir Littré). — Cf. Brizeux, L'Eligie de la Bretagne Le
dernier de nes jours penche
vers son déclin.
PEu du, auj. de. T. I, piéce XXXI, v. ~. Cf. Corneille Vous montrez cependant un peu bien du mépris (Pon¢pée, Il. ;), et passim.
PEUPLES, les habitants d'u[t seul pays, que vous désignons au- jourd'hui, lourdement, par la papuAdion ou les populatiaa. T. I, puce XXXVI, v. ~. Cf. Malh. T. I, p. 44, v. r, et Fénelon encore, Ecrifs poli- tiques, éditimr Urbain, p. ;o et passim.
PEUR ctOE (nE) sans ne. T. I, pièce XXXVII, v. 48. Ellipse
323 LEXIQUE SUPPLÉMENTAIRE DE RACAN 2ôs
fréquente eu vers. (Corneille, Molière, Lamartine.) Cf. Lit- b'i, PEOR, Rem., r.
PLEIN.
I. Ecrit plain.T. I, piéces XXXIX,
v, rq, etLII,v.;(variantes). Orthographe souvent em- ployée au moyen âge et en- core au xvt• siècle (par suite de confusion entre les z mots latins pleuus et pianos). Cf.
Lf}t 1'é, 2. PLEIN.
II. Plcin (ù).T. I, pièce LI, v. ;z (â plein poing). Locution po- pulaire indiquant le suprème de la plénitude (cf. Littré, r4°). Malh. avait déjâ em- ployé d pleines voiles (Lex.). Brizeux dira plus tard :Oui, je voudrais avoir, je n'en dis- couvienspas, ~~ Du vieux cidre ù plein verre... (Les Bretons).
PLus, encore. B. g8¢ (Peut-on plus se fier... ?) Ce[ emploi se trouve encore dans Molière et Boileau (cf. Littré, r8°). Cf. Lex. Malh., p. qj;. Nous
le réservons aujourd'hui ana
phrases négatives : ne... plus.
PooR suivi d'un infinitif, avec le secs de parce qne et l'indi- catif ou le conditionne]. T. I, pièce I_IX, v. z. Cf. L. T., POUR, I = par, et Littré, POUR, tq°. Malh. se sert beau- coup de ce tour, Lrx., POUR, 6°. Cf. Boileau :... On ne hait point mes vers pour être un peu forcés. (Chapelain dé.- coi~fé, v. 6.)
PRlctoslr~. T.I, pièce XXXVII, st. q; B. r8ro, etc. Le pre- mier exemple fait songer au
v. célébre de Racine, dans
.9ndromnque Brillé de plus
de feus queje n'en allumai...
(I, 4), v. ;zo, peut-être imité du roman d'Héliodore (Ethio- piques, 1. X, eh. XVlI), dans
Racine, Grands Ecrivains. Voir plus loilt SOLEIL.
PRÉSIDER sur ou dessus. T. I, pièces XXIX, v. rz, et XXXIII, v. ro. Malh, dit d tt sur. Ce sur, si expressif, est encore employé par Corneille;
La Fontaine, Marivaux (voir Lfttr'é, PRkSIDER 2°). PRIveoTls, familiarités, caresses d'amants. Argf, 1. 66; B.
4z4> 567 9~•
PRIX DE (eo), en comparaison de. Egl., v. S S . Employé ainsi par Descartes, La Fontaine, k'ascal .
PROKENotR, lieu propice â la promenade. B. rgg6. a Tout lieu retiré requiert un prome- noir », avait dit Montaigne, III, z8q(dans Littré). Le mot, employé alors par Balzac et
Voiture, le sera encore par Bossuet et La Bruyére, mais
il ne semble pas avoir franchi ]e xvu• siècle.
Q

QUE.
I. Pronom relatif pour gni (voir L. T.). B. zoSS, z646. Ce que, ou ce qui, en pparlant des personnes. t° T. I, pièce XXXVI, v. 54... ce qu'il aymoit; B. z;~y... ce que j'ay tant aynté. — z° B. ~qo.. . ce qui vous ayme ; rgoq... aymer tout ce qui m'ayme.
C'est sans doute un dévelop-
pement du latin qui appli- quait parfois, comme on sait, le genre neutreaux personnes,
par ex. nihil pulchrfus. Cf. plus haut OsIEx.
II. Conjonction (noir L. T., QvE, III). t. çonjonc[ion tem- porelle, que nous remplacerions par où. T. I, piéce XLI, v. S. Malh. use largement de ce tour (Lex., S°).— s. conjonction explicative pour tel que. B. ~; r. Employé souvent aussi
324 2$E LEXIQUE SUPPLÉMENTAIRE DE RACAN
par Malh. (Lex., QUE, 7°, ef.
4°•)
QUELQUE... dont, quelque...
o7i, au lieu de quelque...
que. T. 1, pièces XLI, v. ;,
et LIlI, v. S ; B. x5 et r6,
z8z7. Il s'est produit utte sorte
de confusion entre ]es deus
tournures :quel que soit Pem-
péchemerlt dont je sois rnenacé,
et de quelque empécbement que
je sois menacé, pour aboutir i
une sorte de pléonasme. Cf.
Amyot, Péric., 6g :Quelques
malheurs qui lui survinssent.
Voir d'ailleurs dans Littré,
qui cite le premier ex. de Ra-
can, la formation indue du
barbarisme français « quel-
que... que ~ . (QusLQUE. , .
QUE, z° fin et Rem., z.)

QUELQU'UN, SU1Vl de pluf (011 nous mettrions: de plus). T. I, pince XXX, v, 6. Cf. Malh.: C'est une affaire oit il y a quelque chose plus que de l'homme (t, I, p.;S;).
QUITTER.
I. Laisser quelque chose . B. z6gq.
II. Laisser quelque chose â quel- qu'un. B. 37i. Du vocabu- laire de Malh. (Lex.) et de Corneille.
R

REBELLE, SUbft., SUIVI dC (l. T. I, piéce LXXI, v. LI1. Curieux emploi du subs- tantifavec un complément. Cf. Fontenelle, Hartsoeker (dans Littré) : « La plupart ont été des rebelles â l'autorité de leurs parents s,
REcouvRlR,auj. recouvrer. T. I, piéce XXXI, v. 60. Ménage admettait que ]'on pouvait indifféremment se servir de l'un ou de l'autre avec le sens de recouvrer, et Bouhours dit:
« Reçouvrir ne se met jamais pour recouvrer, quoique recou- vert se mette souvent pour recouvré y (dans Littré, REcou-
VR1R).
REPENTANCH (â).(Cf. L. T.)7'.I, piéce XLII, v. r. Ce doit étre une expression elliptique de la théologie, on la trouve chez Bossuet. (Ascension, III, dans Littré.) Les protestants ont adopté ce mot â la place du mot catholique « péni- tence n, par ex. Saint-I.uc, III, ; et 8.
RÉPÉTITIONS.
I. Redoublements expressifs de mots. B. ;51, 81r (oubliez), 84z,146g, 18q;,z677~z699-
70;, etc. , .
II. Répctitions de mots pour augmenter la force du choc des idées. B. Iqbo et 61, etc...
RETARDER, aU n., pour tarder. B. $$g. Cf. RETARDEMENT, L. T. et Lex. de Malh.
RETIRER (sE) =venir s'établir. Argumenl, 1. z; B, Iq;q. Comme dans Corneille, Hor., I, ;. Cf. Littré, zq°.
RÉVÉRENCE, respect. T. I, piéce IX, v. z. Vieux mot employé par Malh. (Lex.), puis par Pascal et Bossuet, encore trés usité en Bretagne. Cf. la locu- tion révérence parler (= sauf votre respect).
R~VERIE, délire causé par la fiévre. B. 1816. Cf. Littré,
z° « une rêverie qui fait
peur u (Sévigné).

RIEN, suivi d'un adjectif sans de. T. I, piéce VIII, v. 68. Malh. tantbt emploie, tant0t sup- prime ]e de (Lex.). Corneille, Pascal, Moliére ]e suppriment encore (voir Littré, rq°). Rien autre parait encore assez com- mun.
RONDEUN, mot du style noble au xvtt• s. (il ne l'est plus du
325 LEXIQUE SUPPLÉMENTAIRE DE RACAN 2ô~
tout au xvnt•). T. I, piéce VIII, v. 69. Cf. Math., t. I, p. r19, v, z5S-S6 :... Et rem- plir de votre grandeur p Ce que la terre a de rondeur. De même Bossuet (cité par Littré). Cf. La Fontaine, pas- sim : la machine ronde.
RUINE.
I. Trissyllabe. T.I,piéceLVI, v. 4S. Cette quantité est restée en poésie. Cf. M°° Souriau, Vers français au XVII° s., p. Ig. Cependant Edmond Rostand a écru dans Cyrano J'aime assez que cesoit sur des ruines
qu'on danse.
II. Go3t particulier de R. pour les ruines. T. I, pièces VIII, str. u, et LXXVII, str. 4; B• 436-37, rS47-49, etc...
RvsE (faire une). B. IgyS. Vieille
expression remontaui au xtv
s., voir Littré, RusE, Htsx.
les ruses que les cerfs font.

S
SALE (salle), piéce oit l'on se
réunit, servant â la fois de
salon et de salle â manger. B.

r9oz, 2188.
Terme employé par Malh.
(Lex.) et demeuré trés vivant
dansnoseampagnesde l'Ouest comme de l'Est.
SCADRON, auj. escadron. T. I, piéce LXV I, v. 9. Le mot était déji vieux alors. Marot l'avait employé, et aussiesradron, qui semble prédominer dés lexvt° siécle (de l'italien sguadrone).
SECOND, pareil, avec un nom au féminin :sans seconde, d nulle ache seconde, n'avoir pus dt seconde. T. I, piéce LII, v. z9. Cette locution du langage « précieux n fait partie des vo- cabulaires de Malh., Corneille, Moliére, La Fontaine (Tabl.). Voir Littré, 5° et 6° (mais il a
tort d'expliquer «seconde n
para inférieure n dans « ü
nulle autre seconde n, c'est toujours le sens de « pa-
reille n).
SEILLON, sillon. T. I, pièces XXXVI, v. r4, et LXXVII, v. II (Notes critiques). C'est aujourd'hui encore la pronon- ciation dans le nord de la Touraine et le sud du Maine, donc dans le pays racanien.
SINDÉRÉZE, pour syndérése, re-
mords de conscience. T. I, pièce XL1I, v. 9. Terme théologique fait probablement au xvI° s., venant de
auvtrjPgarç et portant la
marque de la prononciation des Grecs modernes (i en S). — Le mot eet employé aussi par Balzac Ouvres dis erses,
r644, p. ;bg) et encore par Bourdaloue et Regnard. Cf.
Littré.
SERVICE, service d'amour. T'. I,
piéce XXXVIII,v. 9; B. 934,
Ilzz, zgo8, z9S7• Mot de la
langue amoureuse du xv11• siécle. Cf. Math.
Sotx (cf. L. T.), vigilance. T.I, piéce XXV, v. rz. Cf. Math.
SOLEIL.
I. Périphrases. T. I. piéce VII, v. zz-z3 ~ B• 475
II. Sur le soleil. B.43o•31,475-
80, xozg-44+Io7o-78, Ir93,
1 z6S...
III. Partout le soleil, embléme de la femme aimée. B. t 177-78+ zg89-9z, Egl. 28-34, et passim Cette inévitable comparaison fait partie du jargon «pré- cieux n de l'époque.
SON, SA, SES, LEURS.
I. Avec l'antécédent plus loin
que nous ne le souffrons auj.
T. I, pièces XIII, v. 51 ;
XXVIII, v. r9; XLI, v. LI (l'antécédent au v. z) • L, v. z6; LXII, v. ; ; LXXI,
326 2ôô LEXIQUE SUPPLÉMENTAIRE DE RACAN
v. zq et r;; ; LXXIII, v. z6 ; B•434,59S~etc...
IL Sox dans le sens objectif, se rapportant non i la personne qui éprouve ou agit, mais ayant cette personne pour objet. B. zozo. Son secours (le secours qu'on lui donnerait). Du vocabulaire de Malh.: son mépris (le mépris pour e]le, Marg'°° du Périer), voir Lcx. Mulh. Sox, p. boy, AMOUR, CRAINTE, OBÉISSANCE. Cf.
notre vieille locution sauf
votre respect.

SORTE (en cette), auj. de c. s.'p.1, pièce XXXIII, v. 6. Cf. en sorte que ou de sorte que...
SORTIR DE, étre issu de. B. zo94. Expression réaliste, trés em- ployée â cette époque, par
Malh. (Lex.), Mairet (Littré, 1;°) et qui va l'étre abondam- ment par Corneille (.tilalteur, V, ; ),etc.. .
SOUMETTRE sous... T. I, piéce LXXVIII, v. 3~. R. reprend ici le-vieux tour employé au xu° s. et probablement amené par le préfiae méme du verbe. Lith é ne cite pour cet emploi que l'exemple de R., mais
partout ailleurs soumettre
i...

SOUSRIS, sourire. 'l', I, piéce LXVIII, v. n. Employé comme sourire par Ronsard, puis par Corneille, Fénelon, Diderot.
STANSE, pour stance. T. I, piéce LXVIII, titre. Orthographe souvent employée dans les recueils d'alors et plus rap- prochée que stance de l'éty- mologie italiennestnr:~a.
SUIIIECT, adj. employé absol' dans la dépendance. B. 1441 (tenir subjecte). Corneille va dire :Rome eùt été du moins un peu plus tard sujette(Hor., III, 6). Bourdaloue :tenir ses
enfants sujets, dans Liltri, t. SulET z° et ;°.
SURMONTER, surpasser. 'I'. I, piéces XLIII, v. z r, et LXXIII. v. So. Verbe tris employé parMalh. (Lex.).
T

TANDIS QUF, tant que. B. ;65. Du vocabulaire de Malherbe (Lex.).
TÉMOIGNER nE, avec un infinitif. B.Io4. Commedans Corneille et Pascal (voir Littré). Il nous est resté :témoigner de son innocence.
TERRE E'r St;R L'ONDE (SUR LA ).
T. I, pièces LXXIII, v. Iz3 et LXXVIII, v. :. Entre 163z et r66o, R. emploie volon- tiers aprés blalh. (t. I, p. 6z, v.;1, et p. z6z, v. 4) ce cli- ché devenu terriblement ba- nalauj. Cf. t. I, pièce LXXVI, v, z ; B. 8~~ (sur l'onde et sur la terre).
TIMIUE, épithéte aimée de R. dans la description des jeunes fi11es.B. Arthénicez66,1~;8..;
Ydalie, zo;t, zo;8...
TITANS On TYTANS, pOnC
princes rebelles. l'. I, piéces LXIV, v. 6, et LXVI, v. y. Cf. LXXI, v. 160. Malh, l'em- ployait ainsi (Lex.).
TONNERRE, canon. T. I, piéce LXXIII, v. Izb (probablement ce sens daus le v. 1;o et dans
les Psauones Ces tonnerres
roulans qui font trembler la
plaine... (Ys. Iq, ~• str.,

Lat., t. II, p. q;). Voltaire emploiera le mot dansle méme sens (Poèn+e de Forltaloy).
Toor (cf. L. T.), pris au sens adverbial et s'accordant méme au masculin. 1'. I, piéce XXXIX, v. z4 ; B. Iz74. De méme Malh. (Les., p. 643).
TRAISNHR, amener avec soi, em-
327 LEXIQUE SUPPL~MENTAIRE DE RACAN 2ô9
mener. T. I, pièce LVI, v. ;o. Malte. disait déjà a tramer le peuple par les oreilles n (Ltx.). Sens employé ensuite parBoi- leau, Racine (a tramer les cmurs après soi u), Voltaire. Cf. Littré, 5°.
TRAITER gqun de... en parlant de la nourriture qu'on lui donne. T. I, piéce XXXIV,
v. 5q-6o. De a ici le sens de avec. On dit aussi :traiter esa chair et en poisson, ei fami- ]iérement :traiter gqun aux petits pois.
TRANSPORTER, mettre gqun hors de soi, lui donner des a trans- ports ». B. 1584. Malte. em- ploie dans le même sens se transporter (Ler.).
TRAVAUx, peines, fatigues, souf- frances. T. I, piéce XLIII,
v. z5 ; B. 17zq. C'est un sens plus primitif que les occupa- tions de l'esprit ou du bras, car i] provient plutôt du tra- vail (trabs, poutre et trepa- lium,ensemble de trois pieux),
la machine pour assujettir
les chevaux et les mettre à la géne (voir Littré et Diction- naire étymologique d'O. Bloch et von Wartburg). Le sens de R, se rapproche du Tabor des poètes épiques latins : tot ndire labores (En., I, ro). Cf.
les 2 sens de laborare. Malte.
use beaucoup du mot travail dans ce sens, et la société précieuse l'adopta.
TYPHON, monstre qui souffle la tempête. T. I, piéce I-XXIII,
v. q;.Monstre primitif, repré- senté comme un ouragan des- tructeur, armé de Ioo têtes, avec des yeux terribles et d es
voix épouvantables, père des
vents malfaisants foudroyé par Jupiter, il fut enseveli sous le mont Etna. (Cf. Da- remberg etSaglio, Dictionnaire
des Antiquités.) — Cette divi-
nité mythologique se rapporie bien à la métaphore nautique, particulièrement aimée de Malte. et de Racan.
U

UNION CHARNELLE (Iq péri- phrases pour l'). B. q 5, 41q-zo,
424, 568, 697, 706> 900, 1351,
r;62,1374+1406,14z7,14z8, 1429+1444,zoz4,zo58,zobz,
2168 (cf. I;6z et même 5;6). UrtLIxÉ, intérêt. B. z49r.Empl. par Malte. (Lex.).
V

VAGABOND, appliqué r° aux ba- teaux : 'I'. I, pièces LI, v. 5, et LV, v. 4 ; z° aux astres pièce III, v. ;. R. qui semble aimer cette épithète (peut- être par association d'idées avec les vagues) en avait pro- bablement pris l'idée chez Malte., qui avait dit, de bonne
heure, dans son plus beau passage des Larmes de saint Pierre De ces jeunes guer-
riers la flotte vagabonde ~~ Alloit courre fortune aux orages du monde (Malb., t. I, p. I r), et dans son ode àBel- legarde, le tuteur de Racan ma barque vagabonde (ibid., p. I16).
VENT, mots vains et vides. B. 2483 • Du vocabulaire de Malte. (Lex.).
VÉRITABLE, sincère (appliqué aux personnes et aux choses).
B. zoo? (et la leçon de 2f a discours véritable »); Dédi- cace des Psaumes de la Péni- tence (Thèse, p. 587, 4° avant-
dern. 1.) a vous seule me
croyez véritable ,~. C'est le
vieux sens primitif, employé par Malte. (Lex.), Molière,
328 290 LEXIQUE SUPPLÉMENTAIRE DE RACAN
Pascal, La Rochefoucauld, et tout le xvn° s.
VERTU, puissance, force d'ac- tion. T. I, pièce LXXVII, v. ~q. Dans le sens de la vertu des plantes et de la locution en vertu de...
VIEIL, employé comme syno- nyme de vieux méme devant un nom commençant par une consonne. l'.I, piéce LXXVII,
v. it.
Chez les auteurs de la r`° partie du xvll° siècle.
VOIR, et la propos. infinitive (cf. L. T. VOIR, II et coxrEM- PLER). T. I, pièce VIII, v. ys-
roo. Auj. nous n'employons plus guére la proposition infi- nitive qu'avec un infinitif neutre : je vois un homme marcher.
VvtnEE, vider. B. zgro. Aucienne orthogr. en usage au xvI• siècle (Littré, vmER, Hist.).
ï
Y, en lui, en elle, chez lui. T. I, piéce VIII, v. SS ;Argument,
1. 2;. Malh. avait aussi cet usagecommode, que nous nous interdisons auj. qf.L. T.EV I.