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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Léon Bloy cent ans après (1917-2017)
  • Pages : 465 à 471
  • Collection : Rencontres, n° 596
  • Série : Études dix-neuviémistes, n° 63
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406151326
  • ISBN : 978-2-406-15132-6
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-15132-6.p.0465
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 04/10/2023
  • Langue : Français
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Résumés

Jean-Baptiste Amadieu etPierre Glaudes, « Introduction »

Loccasion du centenaire de la disparition de Léon Bloy, en 2017, a tout naturellement conduit à se poser collectivement cette question : que reste-t-il aujourdhui de Bloy, pourquoi le lit-on encore, si on le lit ? Le colloque dont ce volume constitue les actes a principalement porté sur trois questions : le rapport de lécrivain à la violence, sa spiritualité aux marges de lorthodoxie, son inscription dans lhistoire de son temps et dans la postérité.

Pierre Glaudes, « Léon Bloy et la violence »

Les déclarations martiales de Léon Bloy font-elles de lui un fanatique nostalgique dun temps où la conjonction des pouvoirs spirituel et temporel permettait dexercer sur les esprits une « police transcendante » ? Conduisent-elles, dans leur intransigeance, à le ranger du côté du traditionalisme politico-religieux ? Telles sont les questions abordées dans cet article, à partir de trois sujets toujours actuels : lantisémitisme, le terrorisme anarchiste, la guerre comme forme de destruction massive.

Bernard Sarrazin, « Le rire, la violence et le sacré. Lire Léon Bloy au xxie siècle »

Dans sa tentative solitaire pour lire dans la Bible la fable symbolique de la contradiction divine, Léon Bloy nous oblige à le lire au second degré. Au-delà de larchaïsme dune théologie sacrificielle quil pousse au tragique, il semble avoir pressenti paradoxalement les modernes théologies de la mort de Dieu, dans son rire ambigu, entre dérision terrifiante et jubilation intérieure, dénonçant une société qui godille entre le Carnaval de la Belle Époque et lApocalypse de la guerre mondiale.

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Fanny Arama, « Le Persécuté et le Persécuteur. Violence verbale et logique sacrificielle dans lœuvre de Léon Bloy »

À travers la violence verbale et ladoption de lethos de persécuté et de persécuteur, Léon Bloy cherche à renouer avec une Parole sacrée qui fait défaut à son siècle. La dramaturgie agonique mise en scène dans ses pamphlets sexplique si lon envisage que lécrivain nattend pas tirer son autorité dun quelconque échange polémique, mais du rapport sacré – propre à la « parole magique » – quil instaure avec ses lecteurs, à travers la violence ritualisée du texte.

Maud Schmitt, « Léon Bloy et la peinture »

Cet article étudie limportance de la peinture dans lœuvre de Léon Bloy comme thématique, mais aussi comme figure de lécriture et matrice poétique. Il est dabord question du regard de Bloy sur lhistoire de lart. On interroge ensuite linfluence de la peinture sur lécriture à travers les personnages de peintres, dune part ; à travers lusage satirique de la caricature, dautre part ; et enfin, en mettant en valeur leffet pragmatique de limage au service dune mission apologétique de lécriture.

Philippe Vallin, « Apocalyptique et dialectique chez Léon Bloy. Sur son naundorffisme »

En considérant Naundorff, Léon Bloy a développé une philosophie de lhistoire, mais réglée sur un principe de leschatologie chrétienne : le retournement intégral des injustices à la fin des temps. Principe dialectique : les perdants de lhistoire patente, réduits à la condition de passagers clandestins dans lhistoire latente, seront reconnus à la fin en vainqueurs. Principe apocalyptique : dès leur trajet terrestre, la misère qui les accable agit à la racine du mal pour changer lhistoire.

Philippe Boutry, « La Salette et Mélanie. Léon Bloy et linscription de Dieu dans lhistoire »

Léon Bloy entretient un rapport spécifique avec lhistoire, quil considère comme « le déroulement dune trame déternité sous des yeux temporels et transitoires ». Lapparition et la prophétie de La Salette, qui constituent 467selon lui le moment capital du xixe siècle, ne lui apparaissent pas comme des événements, des annonces ou des faits, mais comme des signes. Suivant le principe maistrien de la réversibilité, il établit entre présent, passé et avenir une solidarité spirituelle et eschatologique.

Richard Griffiths, « “Il fallait absolument me brûler la cervelle ou devenir chrétien”. Limagination littéraire et romantique de Bloy »

Le jeune Léon Bloy sest servi, même dans les descriptions intimes de ses propres expériences qui se trouvent dans sa correspondance, dun discours qui devait beaucoup à ses lectures, et surtout aux auteurs romantiques. On trouve ce même discours dans ses premiers écrits, y compris Le Désespéré,où le romantisme égocentrique prédomine sur lexpérience chrétienne. Ce nest quavec La Femme pauvre que nous trouvons un message vraiment chrétien, fondé sur la communion des saints.

Emmanuelle Tabet, « Du livre de mémoire au chant de lâme. Autour du Journal inédit de Bloy »

Le Journal inédit de Léon Bloy constitue une œuvre singulière dans lhistoire du journal intime : à la fois livre de raison, mausolée à la mémoire du fils disparu, récit hagiographique, témoignage posthume, testament ou encore prière pour les morts. Par son écriture journalière, Bloy cherche à faire entendre dans la succession des jours la voix de lÉternel, et à déceler dans les événements en apparence insignifiants « la trace des pas de lInvisible » et la promesse dun déchiffrement à venir.

Lydie Parisse, « Le pur amour dans les romans de Léon Bloy »

Les excipits des deux romans bloyens dramatisent à lextrême la notion de seuil, pour faire de la perte de soi un modèle de perfection spirituelle, mais aussi un principe opératoire visant à convoquer le divin, non pas seulement dans une perspective eschatologique, mais dans la configuration intime de la catastrophe didentité. Les romans bloyens peuvent se lire comme des « prières dabandonnés » adressés à un Dieu absent, sommé par des moyens radicaux, de se manifester.

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Paola Cattani, « Tristis usque ad mortem”. Léon Bloy et la Cité de Dieu »

Léon Bloy ne cesse, à travers son œuvre, de méditer lépisode évangélique de la Passion du Christ, qui est pour lui un point de départ essentiel pour explorer le Règne de Dieu. Larticle essaie de tracer un parcours à travers quelques-unes des lectures qui aident Bloy à se frayer un chemin dans la théologie de lagonie : le Mystère de Jésus de Blaise Pascal et surtout la Cité de Dieu de Marie dAgréda, texte au centre duquel se trouvent la figure féminine de Marie et le Christ comme « homme des douleurs ».

François Gadeyne, « Le testament indéchiffrable de labbé Tardif de Moidrey »

Lhéritage spirituel de René Tardif de Moidrey, tel que Léon Bloy la recueilli, est aussi essentiel que diffus. La mort prématurée du prêtre, sa discrétion et la complexité de son propre héritage expliquent la difficulté de définir les contours de son influence. Si les thèmes et les thèses qui composent ce legs peuvent être certes identifiés grâce à la biographie de labbé, son importance est proportionnelle aux mystères qui lentourent.

Jonathan Ruiz de Chastenet, « Léon Bloy et Antoine Blanc de Saint-Bonnet »

Ladhésion de Léon Bloy aux thèses dAntoine Blanc de Saint-Bonnet peut étonner, tant le traditionalisme lyrique et sentimental propre à ce philosophe paraît éloigné de lanarchisme colérique et vitupérateur du « Communard davant la Commune ». Lobjet de la présente communication est de rappeler les circonstances de leur rencontre et dapprécier limportance et les limites de linfluence de lauteur de La Douleur sur Léon Bloy.

François Angelier, « Belluaires et goujats. Léon Bloy et Louis Veuillot »

Lhistoire des rapports entre Léon Bloy et Louis Veuillot paraît simple à traiter : un bouillant novice vient frapper, en 1874, à la porte du patron de la presse ultramontaine qui, après lui avoir fait miroiter une chronique régulière, lemploie au fil de quelques numéros puis léconduit. Si les faits sont là, secs, leur analyse est autrement riche : Bloy héritier de la polémique littéraire entre Barbey dAurevilly et Veuillot, conception du journalisme, vision de la place et de laction du catholique de plume, etc.

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Grégory Bouak, « Une inimitié exemplaire. Léon Bloy et François Coppée »

Cet article sintéresse aux relations importantes et méconnues de Léon Bloy avec le poète académicien François Coppée. Après quinze ans de fréquentation et de sympathie littéraire, la rupture survient en 1890 et le « poète des Humbles », épargné jusque-là par la hargne du pamphlétaire, devient lune de ses têtes de Turc favorites. En tant quultime repoussoir, Coppée se retrouve alors pleinement intégré à lunivers bloyen, dont il contribue à définir en creux les canons esthétiques et philosophiques.

Marie-Catherine Huet-Brichard, « Don et contredon, une dynamique de léchange. Lettres aux Montchal (1884-1886) »

Dans lexistence et dans limaginaire de Léon Bloy, léchange fonde les relations interindividuelles et, ce faisant, détermine la place de chacun dans la sphère sociale et dans celle des esprits ou des âmes. Larticle sintéresse à une des formes de cet échange : le don et le contredon. Il en analyse les variations et le fonctionnement problématique dans les lettres de Bloy adressées au couple Montchal et à Henriette LHuillier.

Joseph Royer, « La notairesse et le mauvais pauvre sur la rencontre de Léon Bloy et de Louise Petel »

Rencontrée en 1909, Louise Petel, épouse dune notaire et bienfaitrice de Bloy, ne nous est connue que par le Journal inédit. Larticle analyse cette relation insolite sous trois angles : lœuvre et le style de lécrivain qui séduisent mais déroutent la bienfaitrice ; la question juive, objet de ses préjugés ; et surtout largent, qui se révèle vite lobstacle principal à leur amitié. Scandalisée par létrange gestion budgétaire de lécrivain, Mme Petel était imperméable à sa mystique de largent.

Natacha Galpérine, « Albert Béguin, lecteur de Léon Bloy »

À loccasion du soixantième anniversaire de la disparition dAlbert Béguin, survenue le 3 mai 1957, Natacha Galpérine rend hommage à « lun de ceux qui ont le mieux compris et parlé de Léon Bloy ». Le témoignage de celui qui fut non seulement lun des plus fins critiques littéraires de son temps, mais également le directeur engagé jusquà sa mort de la revue Esprit, apporte, à la lumière de sa lecture de lécrivain, un éclairage dune étonnante actualité sur notre époque.

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Gaël Prigent, « Jorge Luis Borges et Léon Bloy »

Jorge Luis Borges a souvent affirmé son intérêt pour Léon Bloy. Toutefois, lhéritage ne se limite pas à ce quil en revendique. Il se niche dans les recoins de lœuvre : lectures communes, symbolisme de lHistoire, façon de faire de la religion un matériau de la fiction. Finalement, cest surtout le genre du conte théologal et la question de lidentité qui révèlent la continuité entre eux, et la trahison de Bloy par Borges qui fait du premier le précurseur paradoxal du second.

Thomas Pavel, « Le rejet des lieux communs. Léon Bloy et Jacques Ellul »

Larticle compare lExégèse des lieux communs (1902) de Léon Bloy avec lExégèse des nouveaux lieux communs (1966) de Jacques Ellul. Pèlerin de labsolu, Bloy condamne au nom du destin éternel de lêtre humain la médiocrité de la vie quotidienne, toujours perceptible dans les lieux communs proférés par les petits bourgeois. Ellul, penseur politique, sintéresse surtout aux grands lieux communs imaginés par la classe intellectuelle pour justifier ses croyances et ses prises de position.

Jean-Marie Apostolidès, « Deux Maîtres de vérité. Léon Bloy et Guy Debord »

Sous une opposition de surface, Léon Bloy et Guy Debord possèdent de nombreux points communs. Sils se sont rêvés hommes daction, ils ont été surtout des convertisseurs, propageant lun les messages de La Salette, lautre la révolution des Conseils ouvriers. En utilisant le terme de Maître de vérité, on essaie de comprendre la fonction quils ont rempli auprès de leurs contemporains, à un moment où les grandes idéologies structurantes subissaient une éclipse ou se trouvaient contestées.

Dominique Millet-Gérard, « Réflexions à partir dune traduction de Léon Bloy en russe »

Nous examinons ici la traduction en russe du Sang du Pauvre, ainsi que des extraits dExégèse des lieux communs, parue à Moscou en 2005. Outre la difficulté de rendre les nombreux idiotismes et expressions lexicalisées, apparaît celle de transcrire les realia du catholicisme et le constant recours au latin que pratique Léon Bloy, qualifié par Nicolas Berdiaev, dans un jugement fort pertinent sur son style, de « si français car si latin ».

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Jean-Baptiste Amadieu, « Le Salut par les Juifs en procès (1917-2013) »

Le Salut par les Juifs a fait lobjet de deux procès censoriaux, le premier par le Saint-Office à Rome (1917-1927) sans que louvrage ne soit explicitement condamné, le second par le Tribunal de Grande Instance de Bobigny (2013) qui a ordonné la suppression de quinze passages délictueux. Quels sont les griefs avancés contre le livre ? En quoi la lecture judiciaire se distingue-t-elle de linterprétation par la critique littéraire ? Larticle réfléchit aux méthodes herméneutiques des lecteurs de Léon Bloy.