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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Lectures russes de Pascal. Hier et aujourd’hui
  • Pages : 241 à 244
  • Collection : Constitution de la modernité, n° 24
  • Thème CLIL : 4127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie éthique et politique
  • EAN : 9782406103967
  • ISBN : 978-2-406-10396-7
  • ISSN : 2494-7407
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10396-7.p.0241
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 26/10/2020
  • Langue : Français
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Résumés

Françoise Lesourd, « Introduction. La réception de lœuvre de Pascal dans la culture russe »

Comment expliquer que Pascal soit le penseur français qui a eu la plus grande influence en Russie ? Ce pays a connu un développement historique différent de lEurope occidentale, et le religieux a gardé dans la culture russe une place centrale jusquà lépoque moderne. Linfluence des œuvres de Pascal se distingue chez la plupart des grands penseurs russes, mais tout spécialement chez Léon Tolstoï.

Galina Streltsova (traduction de Françoise Lesourd), « Pascal et la culture russe »

La « voix du cœur » de Pascal, dans lhyper-rationalisme du xviie siècle européen, était vouée à « crier dans le désert ». En Russie seulement, cette voix fut entendue et même portée jusquà la création dune « métaphysique du cœur » propre à la Russie, chantée tout particulièrement par Dostoïevski. Tolstoï adorait Pascal et na cessé de sinstruire auprès de lui. Florenski a noté à juste titre « une ressemblance spirituelle toute spéciale » entre Pascal et lorthodoxie.

Boris Tarassov, « La notion de “cœur” chez Pascal et dans la littérature et la philosophie russes »

Lauteur montre ici comment, par la notion de « cœur », la tradition chrétienne rattache la pensée de Pascal à celle de Dostoïevski, Tioutchev, Vycheslavtsev… Pour eux comme pour Pascal, le cœur est la partie la plus intime de lêtre humain, siège de la volonté, lieu de la rencontre (ou non-rencontre) avec Dieu. Pour eux, le cœur est un instrument gnoséologique permettant de connaître la causalité spirituelle qui gouverne la vie, de déceler des niveaux dexistence qui échappent à la raison.

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Véronika Altashina (traduction de Françoise Lesourd) « Le “roseau pensant” dans la poésie russe »

Cet article est consacré à létude de limage du « roseau pensant » dans la poésie russe du xixe au xxie siècle. Cest Fiodor Tioutchev qui contribue à ancrer cette image dans la poésie russe. Au début du xxe siècle, ce sont Anna Akhmatova et Marina Tsvétaïeva qui ont recours à cette image poétique dans leurs œuvres. Au xxe et au xxie siècle, Pascal ne fait pas partie des penseurs les plus connus, mais on rencontre chez plusieurs poètes modernes la référence au « roseau pensant », devenu simple cliché.

Françoise Lesourd, « La réception tolstoïenne de Pascal, vue par les penseurs russes »

Les critiques russes ont montré un certain scepticisme à légard de Tolstoï « maître à penser », et, dans ce cadre, à légard de sa réception de Pascal. Mark Aldanov, dans sa célèbre étude, Lénigme de Tolstoï, voit la « lumière » qui apparaît à la fin de La Mort dIvan Ilitch comme peu convaincante. Mais Ivan Bounine décèle chez Tolstoï une intuition de léternité qui témoigne dune convergence profonde avec le sens de linfini qui se manifeste chez Pascal.

Laurent Thirouin, « La maladie dIvan Ilitch. Tolstoï lecteur de Pascal »

Comme lont vu les critiques, La Mort dIvan Ilitch est habitée par Pascal. La proximité de Tolstoï avec lécrivain français nest pas dordre savant, mais elle relève dune intimité créatrice. Indice de son intelligence profonde du texte français, Tolstoï reconstitue par son dispositif narratif une liasse des Pensées (« commencement ») dont tous les éléments étaient dispersés au sein des éditions qui soffraient à lui. Et il exploite les potentialités narratives de la célèbre notion de divertissement.

Françoise Lesourd, « Le Cercle de lecture. Une œuvre tardive de Tolstoï »

Le Cercle de lecture – ensemble de lectures édifiantes destiné à susciter et accompagner une méditation quotidienne –, est une œuvre tardive de Tolstoï. Chaque jour comporte une dizaine de réflexions rassemblées sous un thème unique. Ce sont en général des citations appartenant aux principaux « maîtres de sagesse » de lhumanité. Celles de Pascal y occupent une grande place. Ce sont plutôt des adaptations, qui montrent le prisme à travers lequel il le lisait.

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Laurent Thirouin, « Le Pascal de Tolstoï »

Tolstoï puise largement dans lœuvre de Pascal pour constituer son « Cercle de lecture ». Mais la fidélité au texte original nest pas son souci. Il sagit dun véritable travail de création littéraire. À travers les choix opérés par Tolstoï et les transformations quimpose sa traduction, les divergences entre les deux auteurs apportent un éclairage précieux. La Vie de Pascal, une des « lectures de la semaine », est une interprétation originale, centrée sur le souci de la gloire et ses métamorphoses.

Oleg Pankratiev (traduction de Françoise Lesourd), « Pascal et Dostoïevski, à la naissance de la pensée existentialiste »

La pensée de Pascal comme celle de Dostoïevski exprime les dispositions desprit fondamentales de lhomme moderne. Celles-ci tendent à justifier irrationnellement limage du monde fermée sur soi propre à la science moderne. Le silence des espaces infinis cache lexpérience de labsence de Dieu, ouvrant les profondeurs du mal. Au contraire, chez ces deux penseurs la présence de Dieu se révèle dans une joie profonde, qui transforme le temps homogène en instants existentiels déternité et de bonheur.

Pierre Caussat, « Sémion Frank face à Blaise Pascal. Linconcevabilité ordonnée face à linconcevabilité dissonante »

Le rapport de Frank à Pascal est marqué par lambivalence. Un texte de 1930 marque bien la tension entre le « Dieu des philosophes » et le « Dieu des prophètes ». Cette tension devient une véritable charge contre Pascal en 1946, dans Dieu est avec nous. Au cœur du débat est la notion de « pari », source de polémiques dont la recherche récente a montré le caractère fallacieux. Le débat rebondit en 1939 avec Linconcevable, où Pascal est ignoré dans la centralité quil accorde à la personne du Christ.

Artiom Krotov (traduction de Françoise Lesourd), « Descartes et Pascal dans la pensée de Nicolas Berdiaev et Boris Vycheslavtsev »

La pensée religieuse russe du xxe siècle sest souvent tournée vers la philosophie classique française. Berdiaev liait catégoriquement Descartes à des voies épuisées pour la philosophie, tandis que dans les idées de Pascal il a vu 244les reflets dune vérité éternelle, il y a aperçu le futur de la culture humaine. Vycheslavtsev, lui, affirmait que cétait la réalité dune nouvelle dimension qui sétait découverte à Descartes, tandis que chez Pascal il sagissait dune « émotion religieuse supérieure ».

Françoise Lesourd, « La Nuit de Gethsémani. Pascal vu par Léon Chestov »

La Nuit de Gethsémani se fonde sur le passage du Mystère de Jésus, où Pascal affirme : « Jésus sera en agonie jusquà la fin du monde. Il ne faut pas dormir pendant ce temps-là ». Ici, sous le terme « sommeil », Chestov entend la « raison » humaine bornée mais protectrice, qui permet à lhomme de « dormir » malgré le tragique de sa condition. Tout en affirmant la nécessité du « sommeil » pour les simples mortels, il admire en Pascal lun de ceux qui ont le douloureux privilège de rester éveillés.