Introduction La réception de l’œuvre de Pascal dans la culture russe
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Lectures russes de Pascal. Hier et aujourd’hui
- Auteur : Lesourd (Françoise)
- Résumé : Comment expliquer que Pascal soit le penseur français qui a eu la plus grande influence en Russie ? Ce pays a connu un développement historique différent de l’Europe occidentale, et le religieux a gardé dans la culture russe une place centrale jusqu’à l’époque moderne. L’influence des œuvres de Pascal se distingue chez la plupart des grands penseurs russes, mais tout spécialement chez Léon Tolstoï.
- Pages : 11 à 12
- Collection : Constitution de la modernité, n° 24
- Thème CLIL : 4127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie éthique et politique
- EAN : 9782406103967
- ISBN : 978-2-406-10396-7
- ISSN : 2494-7407
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10396-7.p.0011
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 26/10/2020
- Langue : Français
- Mots-clés : Renaissance, humanisme, vision de l’homme, sécularisation, philosophie institutionnelle
Introduction
La réception de l’œuvre de Pascal
dans la culture russe
Pascal est le philosophe français qui a eu la plus grande audience en Russie, depuis le xviiie siècle. Cette réception privilégiée s’explique par des raisons structurelles : la culture russe, dans son développement, n’a pas connu l’étape de la Renaissance, avec tous les courants de pensée qui l’ont accompagnée, en particulier l’humanisme. Dans une certaine mesure, sa vision de l’homme s’est donc trouvée en concordance avec celle de Pascal, au moins dans sa réception traditionnelle.
Le statut du religieux, les rapports du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel en Russie n’étaient pas ceux de l’Occident, la religion orthodoxe existant à l’intérieur d’un cadre national (malgré des liens avec Byzance). Dans ce contexte, la sécularisation de la culture ne s’est pas faite, ou pas complètement, et la vie des idées a gardé des liens assez forts (même s’ils témoignaient éventuellement d’un refus) avec le religieux.
L’absence d’un phénomène tel que la scolastique, puis celle d’une philosophie critique, la faiblesse de la philosophie institutionnelle, sous la contrainte d’un régime politique presque toujours autoritaire, ce sont là quelques raisons qui ont déterminé les spécificités de la pensée russe, sans qu’on puisse cependant la dire étrangère aux préoccupations qui furent celles de l’Occident. Comme le rappelle une phrase célèbre de Boris Vycheslavtsev : « Il existe une manière russe d’aborder les problèmes philosophiques universels, une aptitude proprement russe à les vivre et les prendre en charge ». Au xxe siècle, les convergences deviennent de plus en plus nettes, en particulier si l’on pense à l’existentialisme.
À travers un auteur aussi familier pour le public français que Pascal, on découvrira ici des penseurs russes moins connus mais très originaux, tels, justement, que Boris Vycheslavtsev ou Sémion Frank. Pour l’un des plus célèbres, comme Tolstoï, on mesurera l’influence énorme que les 12œuvres de Pascal (et pas seulement les Pensées) ont pu avoir sur l’ensemble de son évolution intellectuelle et spirituelle.
Cette approche spécifique de Pascal, outre l’intérêt qu’elle présente en elle-même, ouvrira, on l’espère, un accès nouveau à la culture russe, dans ses aspects les plus originaux.
Les traductions des noms propres suivent l’usage établi dans le cas d’auteurs déjà bien connus en France, et dans le cas contraire, tentent de rester au plus près de la prononciation réelle. Les prénoms sont en général francisés lorsque l’auteur a vécu en Occident.
Les notes de bas de pages qui mentionnent des ouvrages en cyrillique (et parfois dans le corps du texte quelques indications entre crochets) sont en translittération internationale, dont le tableau figure ci-dessus, ainsi qu’une liste des abréviations les plus courantes.
Françoise Lesourd