Aller au contenu

Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Lectures et Figures de Fénelon
  • Pages : 541 à 549
  • Collection : Rencontres, n° 568
  • Série : Le Siècle classique, n° 18
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406144915
  • ISBN : 978-2-406-14491-5
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14491-5.p.0541
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 29/03/2023
  • Langue : Français
541

Résumés

Jacques Le Brun (†), « Fénelon 1715-2015 »

1715, la mort de Louis XIV, de Fénelon, de Malebranche, puis 1716 celle de Leibniz, puis 1717 celle de Mme Guyon… Célébrer un tricentenaire, cest inscrire la mort dans le geste historiographique, cest reconnaître lhistorien comme un provisoire jalon dans la lignée de ceux qui lont précédé, et plus encore reconnaître lhistoricité de lœuvre, celle de Fénelon diffractée en une multitude de sens, de formes, de cultures, de langues et desthétiques, dont le présent volume livre des éclats.

Maria-Cristina Pitassi, « Échos des Maximes des saints et de leur condamnation dans les milieux réformés francophones de la première moitié du xviiie siècle »

Fénelon, sa spiritualité et la condamnation des Maximes des saints nont pas laissé indifférent le monde réformé. Létude analyse dabord les échos quon en trouve dans les correspondances et dans les périodiques et se concentre ensuite sur deux théologiens en vue du Refuge, Pierre Jurieu et Élie Saurin, qui ont écrit sur le sujet et qui ont polémiqué entre eux. Elle montre que le discours protestant sur le quiétisme vise toujours aussi les spiritualités controversées du protestantisme, tel que le piétisme.

Dinah Ribard, « Après coup ? Fénelon dans la culture ecclésiastique du premier xviiie siècle »

Létude suit la fortune, pendant une vingtaine dannées, dune formule lancée contre Fénelon en 1714 : un « Auteur sans conséquence ». Elle va de pair avec laccroissement de limportance et de la virulence de lécriture dinstruction pastorale, pratique pamphlétaire qui devient littérature. Ces écrits non seulement suggèrent, mais souvent aussi fabriquent leur contexte, en se constituant en rouages dun « engrenage polémique » (C. Jouhaud) quil convient donc détudier comme part de leur action.

542

Sylvio Hermann De Franceschi, « Molinistes et jansénistes face au legs polémique et doctrinal fénelonien. Les notions de délectation victorieuse et déquilibre dans la querelle catholique de la grâce au xviiie siècle »

Fénelon a fait du molinisme et du congruisme le refuge des tenants dun équilibre de la volonté comme condition de sa liberté, tandis quil a voulu inscrire lhérésie du jansénisme dans le système de la délectation relativement victorieuse. Les jansénistes ont alors eu beau jeu de rapprocher le système de léquilibre ainsi défini de lerreur propre au pélagianisme. En identifiant le jansénisme au système des deux délectations indélibérées, Fénelon a en revanche ouvert une voie polémique extrêmement féconde.

Stéphanie Géhanne Gavoty, « Fénelon à laune de lapologétique mondaine (1760-1770) »

La présente étude analyse une compilation par Tricalet, Le Temple de la piété de labbé Compan, enfin trois ouvrages de Caraccioli. Y est pesé lhéritage fénelonien, legs dordre didactique (les trois auteurs recherchent une forme dagrément) et héritage notionnel pluriel, où dominent la figure dun incrédule à convaincre (Tricalet), une orientation mystique nettement anti-janséniste (Compan), un esprit de tolérance (Caraccioli).

François-Xavier Cuche, « Dune pensée sociale catholique à la doctrine sociale de lÉglise. Linfluence de Fénelon sur le catholicisme social du xixe siècle »

Fénelon inspire une sympathie privilégiée aux « catholiques sociaux » du xixe siècle. Ils interprètent sa pensée sociale tantôt comme « libérale », tantôt comme « socialiste ». Nombre de ses fondements trouvent un écho chez eux : la recherche de solutions structurelles, en particulier économiques, à la misère du peuple, le rôle de lÉtat et de la loi pour créer justice sociale et prospérité collective, lespoir placé dans une propriété privée populaire, lidéal de frugalité, et même le pur amour.

Guillaume Cuchet, « Alphonse Gratry (1805-1872), lecteur de Fénelon »

Alphonse Gratry est un auteur bien oublié aujourdhui mais quon a beaucoup lu dans les milieux catholiques jusquaux années 1930. Il a été un grand admirateur de Fénelon, quil considérait comme lun des sept ou huit « génies 543du premier ordre » de lhistoire de la pensée. On aborde successivement la place et le statut de Fénelon dans lœuvre de Gratry, les aspects de son œuvre et de sa vie qui lont le plus retenu, avant de proposer une interprétation du rapport personnel de Gratry à Fénelon.

Sophie Hache et Anne Régent-Susini, « L“invention” de Fénelon prédicateur. Enjeux stylistiques et rhétoriques au xviiie siècle »

Cette étude sinterroge sur la construction de la représentation de Fénelon comme prédicateur. Comment son œuvre oratoire restreinte est-elle lue au xviiie siècle et comment contribue-t-elle à enrichir limage de lévêque ? Comment comprendre la notion donction qui jalonne les écrits le concernant ? De nombreux éléments, dordre éthique pour une bonne part, participent dune figure exemplaire et équilibrée, qui incarne un idéal stylistique faisant signe vers un sublime dun nouveau genre.

Françoise Berlan, « Marivaux et Diderot face aux conceptions de la Lettre à lAcadémie concernant la langue. Une postérité de Fénelon en continuité et en contraste »

Les pages de la Lettre à lAcadémie sur la langue ouvrent deux chemins successifs et presque opposés, ceux de Marivaux puis de Diderot, qui suivent Fénelon traducteur dHorace par relais lexicaux. La pensée souple de Fénelon prend alors des contours plus accusés chez Marivaux et la justesse sy gagne au prix de la singularité. Plus tard, Diderot dépasse les distinctions synonymiques. Il reprend linjonction de Fénelon à tout passionner jusquau défaut du langage.

Christophe Martin, « De la mollesse, de Fénelon à Rousseau »

Saisir le rapport de Fénelon à Rousseau à partir du paradigme de la mollesse permet dinterroger une intertextualité qui excède largement la notion dinfluence. Rousseau hérite dun ensemble complexe composé dénoncés, de concepts, de choix thématiques marqués par une profonde ambivalence : la mollesse est à la fois lobjet dune dénonciation idéologique et dune secrète stylisation esthétique. Et cest sans doute lesthétique, plus que lidéologie, qui est porteuse de ce quon peut appeler sa philosophie.

544

Colas Duflo, « Figures et lectures de Fénelon chez Bernardin de Saint-Pierre »

Fénelon est, avec Jean-Jacques Rousseau, lauteur moderne le plus souvent cité par Bernardin de Saint-Pierre : à la fois un modèle décriture et de vertu, un éducateur et un penseur de la politique. Il reconnaît en outre chez lauteur du Télémaque un précurseur de sa propre pensée et lenrôle dans son combat contre le matérialisme aussi bien que contre la superstition, au prix dune torsion qui place Fénelon, avec Rousseau, du côté des défenseurs de la religion naturelle. Enfin il lui voue un véritable culte.

Maxime Perret, « Fénelon daprès Balzac. Homme, littérature et mystique dans La Comédie humaine »

Cette étude examine successivement trois aspects de la réception de Fénelon dans La Comédie humaine de Balzac : larchevêque de Cambrai, personnage historique ; lhomme de lettres dont les Aventures de Télémaque ont rendu incontournable le personnage de Mentor ; lhomme de religion, proche de la mystique. À ce titre, le nom de Fénelon apparaît comme une sorte de sésame qui permet de découvrir les différentes fonctions et usages dévolus au xviie siècle dans la « machine » Comédie humaine.

Christopher James, « De Stendhal à Proust, de quoi “Fénelon” est-il le nom ? »

Cette étude traite des références littéraires au nom de Fénelon, qui à la fois reflètent et influencent limaginaire collectif français. En particulier, les références au nom de Fénelon faites par Stendhal et Proust provoquent une baisse destime dans la mémoire culturelle reçue. Autrefois grand homme panthéonisé, Fénelon semble progressivement oublié et son nom porte cet oubli dune manière qui contredit lattention continue portée à sa vie et à son œuvre dans les biographies et les ouvrages critiques.

Jean-Baptiste Amadieu, « Fénelon vu par les écrivains antimodernes du xixe siècle »

Si des divergences et des contradictions traversent les représentations que Joseph de Maistre, Barbey dAurevilly et Léon Bloy se font de Fénelon, tous lui reconnaissent talent et charité. Ils luttent contre les clichés répandus à son encontre. Mais ils voient en Fénelon, à des degrés divers, un personnage 545équivoque, ce qui explique leurs contradictions, notamment entre les louanges du premier et les critiques parfois sévères des seconds pour qui Fénelon verse dans une foi affadie voire un certain scepticisme.

Cinthia Meli, « Fénelon à lépreuve de lhistoire littéraire (1894-1914) »

Létude porte sur la réception de Fénelon par la critique universitaire de la Belle Époque. Lanalyse montre quen dépit de leurs déclarations dintention, les auteurs des ouvrages concernés et des comptes rendus qui leur sont consacrés produisent une critique orientée, fondée pour lessentiel sur la Correspondance de Fénelon et sur le caractère qui sy dévoile, qui rejoue près de trois siècles plus tard et sur un plan littéraire la querelle du quiétisme. 

Frédéric Briot, « Une doxa pour Fénelon ? »

En puisant tant dans des romans que dans des manuels, létude sattache à la question de savoir si les xixe et xxe siècles ont élaboré une doxa pour Fénelon, comme ils le firent pour un Bossuet, un Racine ou un Boileau. À la probable stupeur posthume du prélat, elle conclut que non : le nom Fénelon apparaît comme lié intrinsèquement à trop dinquiétudes, trop dinstabilités, trop de dangerosités.

Emmanuel Bury, « Le Fénelon dÉly Carcassonne »

Luniversitaire Ély Carcassonne (1892-1941) a consacré deux études majeures à Fénelon, dont il avait croisé la pensée politique à loccasion de sa thèse sur Montesquieu. Son ultime ouvrage, posthume (1946), offre une synthèse à la fois dense et nuancée sur la personnalité de Fénelon et sur le sens de son œuvre, animée par une spiritualité et une sensibilité originales, annonçant de nombreuses perspectives psychologiques et anthropologiques que la recherche contemporaine a développées depuis.

Laurence Macé, « Enjeux intellectuels et politiques de la réception de Fénelon dans lItalie du xviiie siècle »

Reprenant les travaux de Gabriel Maugain, létude déplace lintérêt de la question de la fortune à celle des usages, pédagogiques mais surtout politiques, 546qui furent faits des textes de Fénelon dans lItalie du xviiie siècle. Ceux-ci mettent en lumière la plasticité dune œuvre continument présente et efficace, fût-ce au prix de quelques déformations, avant que le rapport distant de Fénelon au gallicanisme ne devienne un puissant motif de lemployer pour ralentir le mal issu de la Révolution.

Benedetta Papàsogli, « Manzoni et Fénelon, entre lévidence et le secret »

La rencontre entre Manzoni et Fénelon se place sous le signe de lambivalence. Les occurrences du nom de Fénelon chez Manzoni sont rares, mais elles attribuent à son œuvre une valeur éminente par rapport à des problématiques cruciales dans les domaines de la morale, de la politique et de la religion. Dautre part, cest dans la poétique de la « réflexion sentie », du pathos mis à distance que les échos féneloniens se multiplient et que le dialogue entre les deux auteurs manifeste sa fécondité.

Volker Kapp, « Fénelon dans les Lumières catholiques de langue allemande. La fortune de Fénelon dans le catholicisme de langue allemande de la fin du xviiie au début du xixe siècle »

Fénelon est très présent dans les Lumières de langue allemande tant chez les protestants que dans les Lumières catholiques, concept très contesté, dont nous étudions trois éléments : ce quon qualifie de « joséphisme » en Autriche et deux protagonistes du catholicisme allemand : I. H. von Wessenberg, auteur dune épopée Fénelon et propagateur dune rupture avec la Curie romaine, et J. M. Sailer, professeur de théologie et promoteur dun renouveau spirituel sinspirant de Fénelon.

Denis Thouard, « Fénelon et Kant. Une autre histoire de la subjectivité »

Létude plaide pour la considération de lalternative que représente la conception de la subjectivité défendue par Fénelon, notamment dans son inflexion pratique, qui permet détablir une ligne passant par la philosophie morale de Kant. Lenjeu est de complexifier lhistoire du concept de subjectivité, trop souvent simplificatrice, autant que de rappeler limportance de Fénelon à lorée dune ère nouvelle. Les concepts damour pratique, de désintéressement et de transcendantal sont mis en perspective.

547

Fiona McIntosh-Varjabédian, « Fénelon en Grande-Bretagne à la fin du xviiie siècle. Une appropriation paradoxale »

Létude montre combien Fénelon était bien implanté dans le paysage culturel britannique, avant la traduction et la diffusion du Télémaque par le Chevalier de Ramsay. Elle analyse la manière dont larchevêque de Cambrai est devenu un classique dans un contexte politique et religieux complexe. Modèle déloquence et de pédagogie, il sest imposé en Grande-Bretagne comme un véritable modèle de vie au point que Fénelon devient presque, pour la réception britannique, un whig protestant sans le savoir.

Patricia A. Ward, « Fénelon et la culture américaine. Lectures transformationnelles »

Aux États-Unis, la thématique qui ressort de lhistoire de la réception de Fénelon reflète des courants culturels du xviiie au xxe siècle : notamment, en religion chez certains protestants, la perfection et lamour désintéressé ; en politique, la réforme sociale, surtout chez les abolitionnistes ; et en éducation au xixe siècle, la formation de femmes cultivées et responsables.

Patricia Touboul, « La fonction des arts dans le discours fénelonien et lesthétique pragmatiste »

Lesthétique pragmatiste est connue pour avoir soutenu deux thèses majeures : la contestation du clivage entre nature et art, puisque ce sont les besoins de la vie qui déterminent la forme des arts ; lesthétique comme prolongement de léthique, en postulant que la fonction des arts consiste en lamélioration de la vie humaine. Mais ces positions ne sont pas absolument nouvelles et Fénelon apparait, quoiquindirectement, comme lune de leurs sources principales.

Christoph Schmitt-Maass, « Leibniz, lecteur du Télémaque »

Selon la légende, Gottfried Wilhelm Leibniz aurait lu Les Aventures deTélémaque sur son lit de mort. On sait quil connaissait lœuvre théologique de Fénelon. Mais quen est-il de sa réception de la célèbre « épopée en prose » ? En nous basant sur ses comptes rendus de louvrage, publiés anonymement (en allemand) vers 1700, et sur ses Essais de Théodicée (1710), nous montrons que Leibniz, à travers sa lecture du Télémaque, pointe les limites des Lumières à la cour de Prusse.

548

Jean-Paul Sermain, « Fénelon et les aventures dun roman politique »

Désigner les Aventures de Télémaque comme « roman politique » est anachronique, mais signale le lien consubstantiel entre une théorie et son expression romanesque. Les principes rationnels et les maximes établissant le bon gouvernement le font reposer sur une régulation des mœurs qui dépend autant que du souverain de laction de chacun : les manières de vivre décident de la santé de la société et de lÉtat. Les écrivains des Lumières vont reprendre cette articulation de la théorie et de la fiction.

Olivier Leplatre, « Les figures du livre dans les illustrations des Aventures de Télémaque au xviiie siècle »

Les Aventures de Télémaque de Fénelon mettent en abîme plusieurs livres, appartenant à Termosiris, contenant les lois de Minos… À travers eux, la fiction cherche à cerner ses contours, à définir ses soubassements symboliques, sa légitimité et son pouvoir. Au xviiie siècle, les illustrations du Télémaque intègrent ces figurations internes du livre, ajoutant une interrogation sur la place de limage référée à la souveraineté du livre et de lécriture.

Jean-Philippe Grosperrin, « La source et les ombres. Figures du Télémaque sur les scènes dEurope au xviiie siècle »

La valeur séminale du Télémaque au xviiie siècle sobserve dans un important corpus théâtral, avec musique le plus souvent. La fiction originale, doctrine et imagination mêlées, y fait lobjet de reconfigurations suggestives dans des contextes divers. Si le vœu tragique dIdoménée et lîle insidieuse de Calypso sont en vedette, la scène des jésuites met à lépreuve la plasticité allégorique du texte-source tandis que la poésie et lonirisme propres à Fénelon inspirent en profondeur certains opéras.

Emmanuelle Tabet, « Interprétations et réécritures du Télémaque chez Chateaubriand »

Le Télémaque de Fénelon relu à travers le filtre de Rousseau et de Bernardin de Saint-Pierre imprègne en profondeur le premier romantisme, et en particulier lœuvre de Chateaubriand. Le Télémaque y est présenté comme le modèle de sa poétique du christianisme. De nombreux passages des Martyrs, dAtala549ou du Génie du christianisme sinspirent de lAntiquité fénelonienne tout en infléchissant dans un sens mélancolique lenchantement poétique du Télémaque.

Agathe Salha, « Le Télémaque, texte fondateur de la littérature de jeunesse en France ? »

Cette étude propose dexplorer lhypothèse faisant du roman de Fénelon un ouvrage fondateur de la littérature de jeunesse en France. Elle se concentre particulièrement sur sa réception au xviiie et xixe siècles, mettant en valeur la diversité de ses lectures et de ses interprétations, comme de ses éditions. Plus que la fondation dune tradition continue, le Télémaque illustre ainsi les contradictions et les tensions qui nont cessé de traverser la littérature de jeunesse et den faire évoluer la définition.