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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Le xixe siècle, lecteur du xvie siècle
  • Pages : 665 à 672
  • Collection : Rencontres, n° 473
  • Série : Devenir de la Renaissance française et européenne, n° 3
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406101765
  • ISBN : 978-2-406-10176-5
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10176-5.p.0665
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 14/12/2020
  • Langue : Français
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Résumés

Jean-Charles Monferran et Hélène Védrine, « Préface. Le xixe siècle, lecteur du xvie siècle »

Cette préface présente les objectifs de louvrage : permettre une meilleure compréhension du xixe siècle, en examinant comment celui-ci a redécouvert le xvie siècle, lu, édité, commenté, récrit, mais aussi actualisé les auteurs de la Renaissance française ; faire le pari que ce détour par les lectures, esthétiques ou politiques, du xixe siècle nest pas sans intérêt pour la compréhension du xvie siècle lui-même et de ses œuvres.

Michel Jeanneret, « Lunatiques dautrefois, mes semblables, mes frères »

Le xvie siècle est perçu comme un âge de la démesure et de lexubérance, permettant au xixe siècle dexprimer sa nostalgie pour une culture excentrique, libre et libertine, qui opère comme un programme et un catalyseur. De la folie comme libération et énergie, on bascule cependant dans la folie comme altération morbide de la réalité, nourrissant les préoccupations de la psychiatrie du xixe et limaginaire dauteurs comme Nerval ou Nodier.

Michel Magnien, « La Bibliothèque elzevirienne (1853-1898) et la redécouverte de la littérature de la Renaissance au xixe siècle en France »

Parmi les nombreuses collections bibliophiliques qui ont permis la redécouverte de la littérature de la Renaissance dans la seconde moitié du xixe siècle, il faut accorder une attention toute particulière à la Bibliothèque elzevirienne fondée par P. Jannet en 1853, en raison de sa durée et de la qualité matérielle et scientifique des 176 volumes qui la constituent. Il sagira donc de souligner laudace visionnaire de son fondateur, puis dessayer de déterminer les raisons de sa réputation et de son succès.

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Marine Le Bail, « La bibliophilie aux couleurs de la Renaissance. Le xvie siècle retrouvé de Charles Nodier et Paul Lacroix »

Les bibliophiles occupent une place singulière au sein du vaste mouvement dérudition qui sattacha, dès le début du xixe siècle, à létude de la langue et de lhistoire du Moyen Âge et de la Renaissance. Par lattention portée à la matérialité des ouvrages de cette période, manuscrits ou imprimés, des collectionneurs comme Nodier ou Lacroix contribuèrent à imposer lidée dune voie daccès possible à un xvie siècle « authentique », miraculeusement préservé à travers ses vestiges documentaires.

Guillaume Berthon, « De larchaïsme au travestissement. Le goût romantique et décadent pour les livres des débuts de limprimerie »

Larticle étudie la façon dont les imprimeurs du xixe siècle se sont progressivement emparés des codes typographiques des débuts de limprimerie, mettant fin à lhégémonie des Didot. Les Perrin et Jannet les imposent dabord pour lédition des textes anciens avant que Poulet-Malassis et Lemerre ne tentent dimprimer des auteurs modernes en habit dautrefois. Lanalyse des rêveries typographiques de Huysmans montre enfin comment les hommes du xixe ont réinterprété ces codes de façon ludique.

Raphaël Cappellen et Christelle Girard, « Les renaissances éditoriales de Rabelais au xixe siècle »

La diversité des manières déditer Rabelais est remarquable tout au long du xixe siècle. Cet article propose un panorama de lhistoire éditoriale de Rabelais au xixe siècle en insistant tout particulièrement sur les premières éditions des années 1820 et sur la profusion déditions de la seconde moitié du siècle. Sont en particulier abordées deux questions qui reviennent constamment dans le discours des éditeurs, la langue de Rabelais et son obscénité.

Michel Magnien, « Pamphlet dactualité ou document historique ? Le sort éditorial du Discours de la Servitude volontaire au long du xixe siècle »

Depuis lédition Coste des Essais, la diffusion du DSV sétait faite dans lombre de Montaigne. La Révolution avait restitué son autonomie à ce texte dérangeant. Durant le xixe siècle, différents adversaires de lordre établi lont 667brandi comme étendard de la liberté. Sa diffusion connaît alors un double régime : des penseurs plus ou moins révolutionnaires lui redonnent sa dimension pamphlétaire, tandis que les montaignistes en font un objet historique, neutralisé par la science philologique.

Martine Jey, « Montaigne. Regards croisés de René Doumic, de Gustave Lanson et de Ferdinand Brunetière »

Linstitution scolaire reconnaît tardivement un « classique » en Montaigne. Par lexamen de trois histoires de la littérature scolaire, celles de René Doumic, de Gustave Lanson et de Ferdinand Brunetière, cet article analyse la manière dont sopère cette reconnaissance institutionnelle, quelles réticences elle rencontre et quel rôle on attribue à Montaigne dans lhistoire nationale en cette fin de siècle.

Christophe Imbert, « La grâce dune Italie renaissante et chrétienne. Visions du romantisme français »

Les poèmes dAuguste Barbier, Auguste Brizeux et Antoni Deschamps font de la Renaissance italienne une figure tutélaire du romantisme français. La redécouverte du tombeau de Raphaël à Rome éclaire le moment de 1830 qui entre non seulement en communication avec le souffle risorgimental de lItalie moderne, mais encore avec une Renaissance historique qui sactualise sous la forme dun idéalisme chrétien enraciné dans le siècle de Léon X, et qui promeut esthétiquement une sorte de venustà baptisée.

Bernard Vouilloux, « Grotesques et arabesques entre intersécularité et interculturalité »

Le xixe siècle donne le nom d« arabesques » à ce que le xvie siècle nommait des « grotesques », tandis quà lépoque de Montaigne, les deux termes, employés comme substantifs ou comme adjectifs, étaient pris dans un sens différent de celui quils auront pour les contemporains de Nodier, Hugo ou Gautier. Les chemins qui mènent dune époque à lautre sont tortueux, et nombreuses les voies de traverse qui en complexifient le tracé, pour ne rien dire des sentiers qui samorcent en amont.

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André Guyaux, « Sainte-Beuve a-t-il eu lintuition du baroque ? »

Dans tout ce quil lit, y compris la littérature de son siècle, Sainte-Beuve guette les signes affleurant de lanticlassicisme. Ses préjugés lempêchent dapprécier Jean de Sponde ou Théophile de Viau à leur juste valeur, comme ils lempêcheront de comprendre Baudelaire.

Emmanuel Buron, « “Renouvelons aussi / Toute vieille pensée”. Lusage des poèmes du xvie siècle par les poètes romantiques (Hugo, Gautier) »

Cet article examine lincidence de la poésie du xvie siècle sur quelques poètes de 1830. Les épigraphes renaissantes des Odes et Ballades permettent à Hugo de dégager certains aspects de sa poétique tandis que celles dAlbertus de Gautier participent dune pratique de limitation différentielle. Ainsi, lusage de la terza rima dans La Comédie de la mort renouvelle la pratique de Tyard dans les Erreurs amoureuses. Les poèmes du xvie siècle fournissent aussi des modèles dun discours passionné.

Christophe Dupraz, « Le xixe siècle, auditeur du xvie siècle. La poésie ancienne dans la mélodie française du xixe siècle »

La poésie ancienne, particulièrement la poésie du xvie siècle, a largement nourri linspiration des musiciens français du xixe siècle : un important corpus de mélodies en porte témoignage. Notre étude se veut une première investigation quantitative et qualitative de lensemble de ce corpus.

Hugues Marchal, « La poésie scientifique renaissante au xixe siècle. Histoire dun refoulement »

La réhabilitation romantique de la poésie renaissante ne sest pas étendu à ce quAlbert-Marie Schmidt allait plus tard nommer la poésie scientifique du xvie siècle. Mais si Sainte-Beuve, en particulier, a refusé de réhabiliter un auteur comme Du Bartas, nétait-ce pas dabord pour éviter de concéder un quelconque avantage à des « classiques » nostalgiques de la poésie de lEmpire, et en particulier de Delille, lui-même auteur de poèmes scientifiques ?

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Michel Jourde, « Jacques Peletier, poéticien du symbolisme ? La Vogue, août-décembre 1886 »

Entre août et décembre 1886, la revue symboliste La Vogue, dirigée par G. Kahn, publie la traduction de lArt poétique dHorace par J. Peletier suivie de lArt poëtique de ce dernier. Larticle étudie les conditions de cette publication (due à A. Dehodencq), la forme à la fois brute et altérée donnée au texte de Peletier, la place de ce texte dans la revue, sa réception et ce que cette publication apporte à notre compréhension de la poétique de Peletier et de sa place dans lhistoire de la poétique.

Valentina Bisconti, « La construction de la diachronie au xixe siècle. Quels usages de la langue du xvie siècle ? »

Larticle analyse les stratégies dappropriation de la langue du xvie siècle par les descripteurs du xixe. Langue danticipation ou de transition, la langue du xvie siècle est un miroir : les usages mal-fondés de la modernité y trouvent un correctif, les bons usages leur histoire. Le travail descriptif opère une conversion : les matériaux imparfaits des grammaires du xvie siècle deviennent le fondement empirique de la linguistique du xixe.

Anne-Pascale Pouey-Mounou, « Une œuvre en représentation. Le Capitaine Fracasse de Théophile Gautier et Rabelais »

Théophile Gautier sinspire de la geste rabelaisienne dans Le Capitaine Fracasse pour célébrer le romantisme et la vie de la littérature même. Lhypotexte rabelaisien contribue à construire une image romantique de la Renaissance, anti-classique et anti-bourgeoise, informe ironiquement la fabrique des personnages et leurs relations en miroir, et nourrit une recherche de connivence fondée sur un encanaillement circonscrit de la langue dans des sociolectes burlesques de comédiens et de brigands.

Olivier Bivort, « La Renaissance de lÉcole romane »

Transfuge du symbolisme et en rupture avec ce mouvement, Jean Moréas publie Le Pèlerin passionné (1891), recueil où il développe, parfois jusquau pastiche, un programme poétique fondé sur un retour à la langue « davant la réforme de Malherbe ». Groupés autour de lui, les membres de l« École 670romane » vont pousser son entreprise dans le sens dun nationalisme réactionnaire où le xvie siècle est appelé à restaurer le « génie de la langue » et de la « race », dénaturé par le romantisme.

Daniel Maira, « “Une coquetterie magnifique”. La révolution impossible de la Renaissance daprès Alphonse Esquiros »

Pour son roman Le Magicien (1838) qui se déroule à la cour des derniers Valois, Esquiros sinspire de Notre-Dame de Paris. Ce roman a sans doute permis à Michelet de façonner son idée de Renaissance, car bien avant les cours quil donnera au Collège de France, Esquiros sétait intéressé à lâme de la Renaissance, qui devient pour lui une époque du progrès de lesprit et des libertés du peuple, de la recherche dinfini, et encore dun retour à une nature qui retrouve la sensualité païenne.

Stéphane Arthur, « Le xvie siècle à lépreuve de la scène romantique »

Avec la trilogie que Vitet consacre aux guerres de Religion, les scènes historiques contribuent à mettre à la mode la représentation du xvie siècle et préparent la révolution romantique sur scène. En effet, les dramaturges de la période romantique puisent volontiers leurs sujets dans le siècle de François Ier et dHenri III, pour des raisons esthétiques, puisque cest le temps davant labsolutisme, et politiques, le temps troublé des guerres de Religion préfigurant celui des révolutions.

Sylvain Ledda, « Assassinats et guerres de Religion sur la scène romantique »

Les guerres de Religion exercent une fascination sur les dramaturges romantiques. Représenter cette période trouble de lhistoire consiste souvent à mettre en scène lassassinat politique. Exactions et crimes ponctuent ainsi les drames dont laction se déroule dans la seconde moitié du xvie siècle. Cet article sintéresse à la signification idéologique des crimes politiques du xvie siècle à lâge romantique.

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Guy Ducrey, « Le xvie siècle à lopéra : la politique et le rêve. Sur La Reine Fiammette de Catulle Mendès »

Parmi les très nombreux opéras du xixe siècle qui prennent le xvie pour cadre, La Reine Fiammette de Xavier Leroux (1903), adapté dun conte dramatique composé par Catulle Mendès, occupe une place singulière. Cette bluette onirique à décors italiens se renverse soudain en tragédie des guerres de Religion et de larbitraire juridique. À ce titre, elle déchaîna les passions dans une France déchirée par laffaire Dreyfus, et pour laquelle le xvie siècle servit soudain de contre-modèle effrayant.

Frank Lestringant, « Agrippa dAubigné au xixe siècle. Du romantisme à laffaire Dreyfus »

Ce parcours de la réception dAgrippa dAubigné commence par Emmanuel Viollet-le-Duc, l« inventeur », sous la Restauration, de dAubigné poète, se poursuit par Baudelaire, Sainte-Beuve, Isidore de Gaillon et Saint-Marc Girardin, et sachève, au seuil du xxe siècle, par Paul Stapfer, qui établit en 1900 la filiation entre Agrippa dAubigné et Victor Hugo. Les Tragiques, dune actualité brûlante au temps de laffaire Dreyfus, seraient préfigurés par Les Châtiments.

Bertrand Marquer, « “Rappelez-vous le tableau dAndré Vésale”. Lectures de lhumanisme médical au xixe siècle »

Cet article interroge les fonctions du souvenir de Vésale au xixe siècle. Figure notoire de lhumanisme médical, le « prince des anatomistes » est tour à tour présenté comme un précurseur de Bichat, utilisé comme archétype romantique du savant « frénétique », ou célébré comme un modèle de fusion entre lart et la science. Mais au-delà de la diversité de ces « rappels », cet article entend rendre compte du pouvoir imageant dun « tableau », le célèbre frontispice du De humani corporis fabrica.

Christine Bénévent, « Érasme au xixe siècle : premiers aperçus »

Le xixe siècle a fait dÉrasme un libre-penseur. Cette étude tente de mettre en lumière les mécanismes qui ont rendu recevable une telle image : celle-ci occulte limmense pan théologique de son œuvre, comme elle conduit à négliger 672une importante production scolaire contemporaine, qui faisait dÉrasme un classique latin. Cest peut-être dans le retrait progressif du latin et la revendication simultanée dune identité nationale incarnée par la langue que sest opérée la réduction dÉrasme.

Paule Petitier, « Rabelais révolutionné. Les ressorts politiques dune canonisation littéraire »

Au cours du xixe siècle, Rabelais est devenu un auteur du nouveau canon littéraire, consacré sous la Troisième République. Or, cette réévaluation dun auteur souvent ostracisé pour son obscénité a tenu à une lecture idéologique de la part du camp libéral (au sens large). À la faveur de cette interprétation postrévolutionnaire, des traits plus ou moins durables de la réception de Rabelais se sont cristallisés : le penseur de léducation, le créateur du français, lauteur populaire et progressiste…

Stéphane Zékian, « Rabelais sous la Coupole »

Dans les premières années de la Troisième République, lAcadémie française inscrit François Rabelais au programme de son prix déloquence. Cette canonisation nest que laboutissement tardif dun processus long et tortueux. Larticle sattache aux principales étapes ainsi quaux modalités de cette reconnaissance officielle. Il expose surtout les conditions à remplir pour que Rabelais puisse entrer sous la Coupole.