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Classiques Garnier

Résumés

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Résumés

Markus A. Castor etKirsten Dickhaut, « Le théâtre et la peinture dans les discours académiques. La vraisemblance ou les enjeux de la représentation »

Les différents concepts de la vraisemblance, liés à la rhétorique et oscillant entre lapparence du vrai et lapparence du vrai-semblant, deviennent au xviie siècle la base de la discussion à lAcadémie de la peinture et de la sculpture et dans les apologies du théâtre. Lintroduction du recueil discute la littérature de recherche pertinente dans loptique dun éclairage réciproque des arts.

Jacqueline Lichtenstein, « Le peintre a-t-il, comme le poète, le droit de tout oser ? Vérité et vraisemblance dans les conférences académiques »

La question de savoir quelles libertés le peintre peut sarroger en rendant par limage un récit de lhistoire sacrée, ne concerne pas seulement la technique de la peinture, mais aussi le problème de la mimésis, tel quil marque avant tout les débats poétologiques du xviie siècle. Le vraisemblable aristotélicien sopposant au non-crédible est en rapport direct avec la croyance. Cependant, cest justement la représentation picturale de miracles qui est un défi majeur pour le peintre.

Joachim Küpper, « Le concept de vraisemblance chez Aristote »

Larticle récuse le jugement négatif porté sur la réception de la Poétique dAristote de la pré-modernité, notamment en ce qui concerne la notion du vraisemblable. Pour le philosophe, ce concept justifie la fiction et confère une dignité particulière à la littérature. Le recours à la production littéraire, surtout dans la pratique de la tragédie, a, pour lui, la fonction démotionnaliser le public à travers lidentification avec le personnage et à travers un enchaînement logique des événements.

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Andreas Kablitz, « Vraisemblance et imitation. Lobjet de la mimésis dans la Poétique dAristote »

Larticle propose une nouvelle interprétation de la mimésis et de son importance pour la philosophie aristotélicienne. Il montre que pour le philosophe grec labsence dune instance de médiation narrative nest pas déterminante. Lobjet de limitation dramatique désigné par Aristote est à la fois performatif et structurel parce que, contrairement à la philosophie platonicienne, ce qui est imité nest pas seulement une action particulière mais la logique de la combinaison inhérente au mythos.

Hannah Williams, « Witnessing Illusion. Looking up in the Churches of Paris »

À travers lanalyse approfondie de deux exemples frappants de la peinture de plafond illusionniste dans les églises parisiennes, larticle étudie le côté pratique de la vraisemblance dans un contexte religieux. Il soutient que ces scènes modelées sur le vrai pouvaient procurer aux spectateurs des expériences simulées des idées transcendantes et des événements surnaturels.

Florence Ferran, « Cochin et le Centenier de Vien en 1753. Vérité et vraisemblance du langage du corps en peinture et au théâtre au milieu du xviiie siècle »

La peinture Jésus guérit le fils du centenier de Capharnaüm sert de point de départ à un examen comparé des échos du tournant sensualiste dans les arts plastiques et le théâtre (respectifs) vers 1750. Ce tournant se manifeste avant tout dans le langage corporel. Désormais, le concept de la vraisemblance ne se modèle plus sur les formes dexpression codifiées par lacadémie au cours du siècle précédent, mais sur ce qui combine à la fois le simple et la perfection, le naturel et lénergie.

Anne-Élisabeth Spica, « Le vraisemblable au filtre des contradictions, apories et points aveugles de lut pictura poesis »

Eu égard au clivage moderne entre la représentation et le représenté, la formule horacienne ut pictura poesis déploie une puissance esthétique double, qui se prolonge dans la mimésis poïétique dun Dieu-peintre dun côté et dans 337le caractère illusoire de lœuvre dart de lautre. Même si le rapprochement des arts jumeaux semble brouiller la notion du vraisemblable, il revalorise donc lartiste et déchaîne les arts tout en transférant la liberté de création aux conventions de représentation.

Kirsten Dickhaut, « La vraisemblance merveilleuse. Une catégorie chère à Corneille et aux Académiciens »

Larticle présente une double focalisation : premièrement, il sintéresse à la relation entre le vraisemblable et le merveilleux. Ce que Pierre Corneille nomme dans son deuxième Discours la « vraisemblance extraordinaire » est le nom quon donne aux actions surnaturelles discutées à lépoque sous la notion du merveilleux. En considérant ce rapport, larticle permet, deuxièmement, de mieux saisir la conception des contemporains du vraisemblable qui englobe lexistence des démons et des anges.

Susanne A. Friede, « Les règles de la vraisemblance et du genre. Lart de la représentation dans quelques comédies de Corneille »

Larticle montre à quel point et comment la première comédie cornélienne – nouveau genre en formation – a contribué à la mise en place dune « nouvelle vraisemblance ». Son émergence sur scène est dune part liée à un style particulier de représentation des personnages. Dautre part, elle doit son apparition à une nouvelle hiérarchie conceptuelle qui naccepte pas le caractère absolu des règles des Anciens, mais qui met laccent sur lart de la représentation.

Emmanuelle Hénin, « Vraisemblance et illusion. Un discours en trompe-lœil »

Depuis le xviie siècle, les Modernes tournent en ridicule la conception de lillusion mimétique. A fortiori, notre époque rationaliste ne peut éviter de se poser la question : les classiques croyaient-ils à leur théorie, et dans le cas contraire, quel était lintérêt de tenir un tel discours ? Larticle explore une piste de réponse : les modalisateurs émaillant la formulation des théories illusionnistes introduisent dans le discours un jeu qui laisse la place à linterprétation.

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Christophe Henry etLaëtitia Pierre-Henry, « Tullia ou la vraisemblance en peinture »

La réception aristotélicienne de la mimésis aux xviie et xviiie siècles en France fait naître des poétiques de la littérature, du théâtre et des beaux-arts qui impliquent le concept de la vraisemblance en fonction de la catharsis. Les auteurs sinterrogent sur la présence et la signification du sujet de Tullia dans les différents genres artistiques en analysant le contexte esthétique et institutionnel de la première interprétation picturale du sujet en France (1735).

Katharina Krause, « Les chameaux dÉliézer et les éléphants de Porus. Typologie et “parallèle” dans quelques peintures historiques de Nicolas Poussin, Sébastien Bourdon et Charles Le Brun »

La problématique quune peinture dhistoire ne peut représenter quune durée cristallisée en un seul moment se trouve au centre des questionnements soulevés à propos de récits bibliques. Avec Éliézer et Rébecca, Poussin accède à un mode de présentation qui dépasse la linéarité de lHistoire pour encastrer plusieurs épisodes dans un motif unique. Ce faisant, la vraisemblance de limage est garantie par la composition harmonique, le choix des couleurs permettant sa lecture figurative.

Markus A. Castor, « La volonté nest pas toujours la maîtresse de nos productions. La vraisemblance dans le discours académique et la pratique des arts (1667-1740) »

La réflexion et le discours sur la vraisemblance sinscrivent dans lhistoire de la fondation de lAcadémie royale de peinture et de sculpture. Larticle suit lévolution de la notion, de sa pertinence et de ses significations à travers les conférences de lAcadémie tout au long de son existence. Sa fonctionnalisation et son instrumentalisation en tant que concept emprunté à la théorie dramatique cèdent la place à une réécriture en faveur dune approche sensualiste.

Lauren R. Cannady, « Point daccord, point de désaccord. La vraisemblance et les théories esthétiques de Roger de Piles et Jean-Baptiste Dubos »

Les analyses des tableaux de Pierre Paul Rubens par Roger de Piles et Jean-Baptiste Dubos donnent loccasion de considérer la vraisemblance dans 339la philosophie esthétique française du début du xviiie siècle. Même si ces auteurs se sont, tous deux, intéressés aux théories de la réception picturale, la notion de vraisemblance diverge fondamentalement chez de Piles et Dubos.

Alain Viala, « “Il faut bien des bergers… Pour la vraisemblance”. De la vraisemblance en galanterie »

La pastorale rend vraisemblable le discours amoureux. Le Bourgeois gentilhomme de Molière prend à la lettre cette convention esthétique en présentant le cadre bucolique comme une règle normative. En se référant à Watteau, larticle démontre que les œuvres dart affichent leur caractère bucolique de façon graduée, et que les différences entre des figures paysannes ou citadines se dissolvent à cause dune contamination du code pastoral avec une éthique galante.