Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Le Roman au temps d’Henri IV et de Marie de Médicis
- Pages : 345 à 349
- Collection : Lire le xviie siècle, n° 40
- Série : Romans, contes et nouvelles, n° 4
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406057260
- ISBN : 978-2-406-05726-0
- ISSN : 2257-915X
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-05726-0.p.0345
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 10/06/2016
- Langue : Français
Résumés/Abstracts
Helwi Blom, « “Vieux romans” au “Grand Siècle”. Au berceau de la “Bibliothèque bleue” »
Au tournant du xviie siècle les romans chevaleresques issus des fictions narratives du Moyen Âge commencent à devenir l’apanage des éditeurs de la « Bibliothèque bleue » de Troyes. Au lieu de constituer un corpus avec des traits bien définis témoignant de choix éditoriaux réalisés en vue d’un large public, les éditions bleues du début du xviie siècle semblent plutôt témoigner d’une certaine continuité dans la réception des « vieux romans » à l’époque d’Henri IV et de Marie de Médicis.
Véronique Duché, « Le roman de chevalerie espagnol sous Henri IV (1589-1610) »
Alors que l’heure de la disgrâce des Amadis a sonné depuis quelques années déjà au moment où Henri IV accède au trône, les romans de chevalerie demeurent malgré tout populaires sous le règne du bon roi. Cet article en dresse l’état des lieux en France et montre que si les récits d’aventure chevaleresques connaissent une forme de déclin, ils restent bien ancrés dans la culture et dans la langue.
Aurore Schoenecker, « Les succès du roman espagnol en France et l’attrait pour la langue espagnole dans les années 1610 »
La faveur que rencontre le roman espagnol auprès du lectorat français des années 1610 peut être mise en corrélation avec un puissant attrait pour l’espagnol. Rappelant que la didactique de cette langue connaît alors son apogée, l’article signale que les romans espagnols furent lus tant en traduction qu’en version originale, montre comment on tira argument de leur origine hispanique pour fonder leur succès, et questionne l’impact qu’eut cette ferveur hispanophile sur le travail des traducteurs.
Véronique Adam, « La fiction dans Le Voyage des Princes fortunés, de Béroalde de Verville »
La fiction du Voyage des Princes Fortunés de Béroalde de Verville, élabore des cadres de référence reliant matérialité du livre, diégèse, sources et contexte historique immédiat. Cette combinaison traduit l’autoréférentialité du roman dont les objets sont des signes. Avec eux, l’énigme assure l’empilement des modes de fiction. Son évidente vocation narrative renverse l’usage des modèles, montrant la réversibilité de la fiction : en révélant son mystère, le roman élabore d’autres voiles.
Michel Renaud, « La Pucelle d’Orléans à la billebaude. Glanes, errements, lectures de l’illisible »
Accumulant jusqu’à la caricature les faiblesses qu’on prête aux fictions de l’époque, La Pucelle d’Orléans de Béroalde de Verville, trop étrangère à l’horizon d’attente du lecteur d’aujourd’hui, paraît au premier abord illisible. Ce sont pourtant les défauts du livre qui le sauvent, suggèrent de nouvelles démarches herméneutiques. Une approche désinvolte et ironique du roman, repoussant les limites de l’interprétation, ouvre des pistes de lecture hétérodoxes, susceptibles de raviver le plaisir du texte.
Frédéric Briot, « Gomberville, L’Exil de Polexandre et d’Ericlée (1619), ou pourquoi Suresnes ? »
L’Exil de Polexandre et d’Ericlée de Gomberville, paru en 1619, est le prototype de la série des Polexandre. L’action promise par le titre est déçue par le roman, qui se clôt sur un curieux épisode, à Suresnes, où Polexandre se confesse à un ermite qui est en fait… sa mère, qu’il croyait morte. Ces révélations et résurrections semblent alors devoir relever d’une orthodoxie excentrique et excentrée, de l’esthétique romanesque, du contexte politique et des enjeux religieux du royaume d’après l’édit de Nantes.
Sophie Hache, « L’apostrophe et le mouvement oratoire dans les romans de Nervèze »
L’impression d’uniformité formelle que procure la lecture des romans de Nervèze mérite un examen précis, interrogeant le dispositif énonciatif des
discours : la figure de l’apostrophe offre alors un outil précieux dans la discrimination des modèles et le repérage des enjeux rhétoriques et stylistiques ; elle contribue à poser des distinctions de genre, en particulier entre discours oral et lettre, mais aussi à saisir les fonctions que remplit la voix narratoriale.
Mélanie Sag, « Des Escuteaux et le roman du temps d’Henri IV. Approche intertextuelle d’une œuvre à redécouvrir »
Si l’œuvre de Nicolas des Escuteaux illustre les tendances de la fiction narrative du temps d’Henri IV, deux de ses histoires se signalent par leur intertextualité créatrice : Le Ravissement de Clarinde utilise un épisode de L’Astrée, tandis que Les Jaloux dédains de Chrysis adapte un roman dévot de Nervèze. Ces emprunts révèlent comment Des Escuteaux se sert de la fiction sentimentale pour exercer une discrète critique à l’égard d’Henri IV et s’interroger sur la liberté religieuse et amoureuse.
Jean-Claude Arnould, « Marie de Gournay “invente” le Roman discourant »
Le Promenoir de Monsieur de Montaigne, publié pour la première fois en 1594 puis réédité à dix reprises jusqu’en 1641, est tardivement désigné par son auteur Marie de Gournay comme un « roman discourant ». Cette appellation revendique une innovation dont on doit reconnaître, après examen, qu’elle relève de l’illusion et s’inscrit dans une stratégie individuelle d’affirmation de la femme de lettres.
Alexandre De Craim, « Une nouvelle journée en Arcadie. Honoré d’Urfé et la scansion du roman pastoral »
Si certains romans pastoraux se caractérisent par la mise en œuvre d’une temporalité qui utilise la journée en tant qu’élément de structuration chapitrale, L’Astrée d’Honoré d’Urfé reconfigure cet héritage en plaçant au cœur de son intrigue les rapports qu’entretiennent ses personnages avec les journées de la tradition bucolique. Une étude comparée de romans pastoraux français et espagnols retrace l’évolution de cette structure temporelle dans les narrations pastorales des xvie et xviie siècles.
Nancy Oddo, « L’imaginaire de la Ligue dans le roman dévot au temps d’Henri IV »
La Ligue n’a pas disparu instantanément après le sacre d’Henri IV en 1594 : elle continue de marquer discrètement de son empreinte certains romans dévots étudiés ici sous divers aspects : les pratiques éditoriales, le choix des dédicataires, le recours aux histoires insérées et à un imaginaire caractéristique.
Frank Greiner, « Un ermite peut en cacher un autre. Sur l’histoire d’Aquilin de Jean Pierre Camus »
L’histoire d’Aquilin se trouvant dans Hermiante ou les deux hermites contraires de Jean Pierre Camus reprend, adapte et parfois plagie L’Hermite Pèlerin de Saint Amour. La comparaison des deux textes permet de mettre en évidence les options sylistiques et idéologiques de l’évêque de Belley dans son travail de récriture.
Marianne Closson, « Les “âmes endiablées” dans les Histoires tragiques de François de Rosset »
L’omniprésence du diable dans les Histoires tragiques n’est pas seulement un procédé visant à effrayer le lecteur ; elle est au service de l’apologétique chrétienne et de la lutte contre les libertins, comme l’atteste le rôle joué par Rosset dans l’affaire Vanini. C’est lui qui révèle, dans l’édition de 1619, l’identité du philosophe athée exécuté à Toulouse le 9 février, jetant ainsi en pâture au public les noms des grands seigneurs qui avaient côtoyé et probablement soutenu ce « suppôt de Satan ».
Alexander Roose, « Les Histoires tragiques de François de Rosset. Amour, galanterie, et péché originel »
Dans les Histoires tragiques Rosset relate faits divers terrifiants et moments décisifs de l’histoire de France. Plus que les émeutes politiques, la violence des émotions et de la passion amoureuse révèle la nature corrompue de l’âme humaine. La galanterie fondée sur la politesse, sur la liberté des femmes et l’égalité des sexes n’est que l’expression raffinée de cette déchéance. Par ailleurs, la philosophie antique éloigne l’homme du salut que seule la grâce divine peut apporter.
Paul Pelckmans, « Les divers effets de la Fortune dans les Nouvelles françaises de Charles Sorel »
Les Nouvelles françaises consacrent des formules stéréotypées qui relèvent de toute évidence de la pensée toute faite. L’idée s’impose que ces notations sommaires transcrivent une manière d’évidence, dont Sorel pouvait faire état sans réfléchir au détail précis de ses formules. Ce qui signifie du coup qu’il vaut la peine, quatre siècles plus tard, d’y réfléchir de très près : ces propos incidents ont toutes chances de laisser entrevoir un très ancien Régime psychologique.
Virginie Dancoisne, « Représentation du mariage dans Les Caquets de l’accouchée. La femme, entre culpabilité et innocence »
Les Caquets de l’accouchée, publiés pour la première fois en 1622, mettent en scène les conversations des femmes qui se regroupent autour du lit de l’accouchée. Le mariage y est évoqué de manière récurrente et la place de la femme au sein de cette institution y est particulièrement questionnée. Entre représentation misogyne de la mauvaise épouse et dénonciation de la soumission forcée dans laquelle elle est maintenue à l’égard de son mari, Les Caquets de l’accouchée témoignent d’une difficile émancipation.