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Classiques Garnier

De Carl Einstein et Blaise Cendrars à Léopold Sédar Senghor Entre convergences esthétiques et débats artistiques sur le primitivisme et la littérature négro-africaine

  • Publication type: Article from a collective work
  • Collective work: Le Primitivisme des avant-gardes littéraires
  • Author: Sarr (Bacary)
  • Abstract: Cette étude examine d’abord les interfaces qu’ouvrent les postures esthétiques littéraires de Senghor, Carl Einstein et Blaise Cendrars quant aux formes et originalité que prend « l’alternative culturelle négro-africaine » dans un contexte historique traversé par la « crise nègre ». Les trois postures différentes permettront d’interroger, en deuxième lieu, les contours que prendrait un « primitivisme littéraire et artistique » dans leurs écrits sur l’Afrique.
  • Pages: 161 to 177
  • Collection: Encounters, n° 595
  • Series: Twentieth and twenty-first century literature, n° 46
  • CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN: 9782406151203
  • ISBN: 978-2-406-15120-3
  • ISSN: 2261-1851
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-15120-3.p.0161
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 09-20-2023
  • Language: French
  • Keyword: Senghor, Einstein, Cendrars, africanisme, ethnographie, crise nègre
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De Carl Einstein et Blaise Cendrars
à Léopold Sédar Senghor

Entre convergences esthétiques
et débats artistiques sur le primitivisme
et la littérature négro-africaine

Quand, en 1939, Senghor rédige « Ce que lhomme noir apporte1 », les débats portant sur « la question nègre » agitent la métropole et les colonies depuis déjà une bonne trentaine dannées. Lauteur de Liberté I élabore en ces années-là les bases dune « esthétique négro-africaine » qui se matérialisera davantage dans son article portant le même titre publié en 1956 dans la revue Diogène. Senghor y théorise le concept de « lâme nègre », emprunté aux travaux dafricanistes, entre autres le Père Libermann, Maurice Delafosse ou Léo Frobenius, et linscrit dans une quête de ce qui fait lessence et la spécificité des peuples noirs telles quelles sexpriment à travers la littérature et lart. Les soubassements théoriques, philosophiques et épistémologiques de ce texte dessinent en filigrane la cartographie intellectuelle des lectures de Senghor, ses influences, ses « modèles » spirituels dont La Sculpture nègre primitive (1929) de Paul Guillaume et Thomas Munro, et Histoire de la civilisation africaine (1936) de Léo Frobenius. Or, lobjet fondamental de ces différentes lectures de Senghor sinscrit dans le contexte tout particulier de la mise en orbite de lAfrique, de ses cultures et de ses civilisations en métropole, du début xxe siècle jusquaux années quarante. Cette actualité de lAfrique sest déclinée en partie sous la forme dun questionnement esthétique singulier et novateur suite à la découverte de « lart nègre » au début du xxe siècle, tel que lexhibe La Sculpture nègre, essai publié en1915 par Carl Einstein ; elle passe également par la fascination que lAfrique et ses 162cultures exercent sur les avant-gardes littéraires et artistiques en quête dune altérité primitiviste, perçue souvent comme une énergie brute qui rompt avec lOccident culturel et techniciste, empreinte alternative bien présente dans lœuvre « africaine » de Blaise Cendrars. Mais lAfrique a polarisé aussi les curiosités de lethnologie – travaux de Henri Tilles, François-V. Equilbecq ou Maurice Delafosse etc. – et devient un terrain fertile pour lélaboration de thèses culturalistes, « primitivistes », bases dune science africaniste dont les effets épistémologiques ont longtemps nourri ce quil est convenu dappeler le primitivisme littéraire.

Cette étude sattachera à examiner, dans un premier temps, comment la notion de primitivité attribuée aux civilisations noires par lOccident impérial sera déconstruite par les thèses de Cheikh Anta Diop, à partir du concept dantériorité des civilisations négro-africaines. Ensuite, elle analysera les interfaces quouvre la corrélation entre les constructions de lAfrique, de ses représentations dans les travaux des africanistes avec les postures esthétiques et littéraires de Senghor, Carl Einstein et Blaise Cendrars quant aux formes de leur « alternative culturelle négro-africaine », dans ce contexte historique traversé par la « crise nègre2 ». Ces trois différentes postures permettront dinterroger les contours que prendrait un « primitivisme littéraire et artistique » dans leurs écrits sur lAfrique.

De lAfrique et de ses représentations :
problématique du primitivisme

Lanalyse de lhistoire des civilisations autour de la vallée du Nil a mis en évidence le rôle joué par lÉgypte dans la construction des contours dune « antériorité des civilisations africaines3 » en tant que source vive. En effet, lÉgypte pharaonique et la vallée du Nil représentent, dans les discours de savoir produits sur lAfrique, le lieu inaugural à partir duquel la civilisation de lhumanité sest constituée, sest déployée et a 163suivi des trames historiques et temporelles aussi variées que complexes vers les autres horizons du monde. Ce statut « de mère » des civilisations ou encore de « berceau de lhumanité » cristallise sur le plan historique comme celui de limaginaire, toute la problématique des relations entre lAfrique et lOccident. Si ce statut d« antériorité » permet de dresser la cartographie de linfluence de lÉgypte pharaonique sur le reste du monde par son héritage dans les domaines des sciences, des cultures, comme lont montré les recherches du savant Cheikh Anta Diop4, les différents contacts que lAfrique a eus avec lOccident au moment de lamorce de son projet impérialiste ont, néanmoins, construit une autre géographie négative de limaginaire qui renvoie lAfrique à une sphère primitive devenue la périphérie du monde occidental. Dès lors, au-delà de laspect chronologique, se met en place une configuration de limaginaire qui représente lAfrique avec deux visages contradictoires qui prennent, dune part, les formes du modèle pharaonique de Cheikh Anta Diop – modèle par excellence bâti sur une valorisation du statut dantériorité des cultures africaines comme référence positive – et, dautre part, une posture et une vision occidentales qui occultent et dénient la pertinence culturelle, civilisationnelle de cette Afrique valorisée par le modèle diopien, en la dépossédant de son héritage. Contrant cet héritage impérial européen, Cheikh Anta Diop prône une alliance fusionnelle construite comme une géographie de limaginaire autour des entités Afrique-Égypte pharaonique, marquée par le prisme de la grandeur, de la richesse de lhéritage culturel et scientifique transmis. Ce modèle incarne aux yeux de lhistorien sénégalais un exemple de civilisation vers laquelle les peuples de la Méditerranée se sont abreuvés afin de sortir de la barbarie :

Berceau de la civilisation pendant 10 000 ans au moment où le reste du monde est plongé dans la barbarie, lÉgypte détruite pendant toutes ces occupations successives ne jouera plus aucun rôle sur le plan politique, mais nen continuera pas moins pendant longtemps encore à initier les jeunes peuples méditerranéens (grecs et romains, entre autres) aux lumières de la civilisation. Elle restera pendant toute lantiquité la terre classique où les peuples méditerranéens viendront en pèlerinage pour sabreuver aux sources 164des connaissances scientifiques, religieuses, morales, sociales, etc., les plus anciennes que les hommes aient acquises5.

Cependant, ce rôle de rayonnement culturel, scientifique et économique de lAfrique autour de la vallée du Nil est remis en cause lors des premières explorations commerciales européennes au xve siècle. Comme si lEurope ne pouvait dérouler son projet expansionniste ou légitimer son mouvement vers lAilleurs et lAutre quen reniant systématiquement la civilisation de ce dernier et en lui imposant son propre modèle bâti sur lidée de supériorité culturelle et raciale. Cheikh Anta Diop, de manière plus précise, revient sur ce tournant historique qui voit la naissance du « mythe du nègre » que lEurope va doter dattributs négatifs en le renvoyant à une primitivité chronologiquement sortie des sphères de « lhumanité » et plus proche de « lanimalité » :

« Nègre » devient désormais synonyme dêtre primitif, « inférieur, doué dune mentalité pré-logique ». Et comme lêtre humain est toujours soucieux de justifier sa conduite, on ira même plus loin ; le souci de légitimer la colonisation et la traite des esclaves – autrement dit, la condition sociale du Nègre dans le monde moderne – engendrera toute une littérature descriptive des prétendus caractères inférieurs du Nègre. Lesprit de plusieurs générations européennes sera ainsi faussé. Lopinion occidentale se cristallisera et admettra instinctivement comme une vérité révélée que Nègre = Humanité inférieure6.

Les tournant historiques des xve et xvie jusquau xixe siècle représentent donc pour lEurope – déjà habitée par la hantise de la modernité sur fond de darwinisme, de thèses évolutionnistes (Lévy-Bruhl) – les périodes de gestation dun nouveau paradigme identitaire ; celui-ci sattache à renverser les évidences culturelles ainsi que les pertinences épistémologiques de lAutre pour en faire des épistémès primaires, lArchè, pour ne pas dire « primitifs ». LEurope trace ainsi sa frontière culturelle qui, à la fois lui permet de sériger comme centre du monde et, par le même geste, de projeter, au-delà de sa sphère autocentrée, toute une architecture symbolique plongeant ses racines dans ce qui représente désormais son imaginaire de la périphérie, de la marge. Momar Désiré Kane résume dailleurs cet acte fondateur de lEurope conquérante par 165un titre fort saisissant : LAfrique et ses représentations : de la périphérie du monde au cœur de limaginaire occidental7. Au cœur de cette posture occidentale cherchant dans les profondeurs dun inconscient collectif à réifier les figures de laltérité par des stéréotypes et des clichés, prend sa source le long récit dinfatuation culturelle que lEurope ne cessera de déployer tout le long des xviiie et xixe siècles comme forme de marquage du territoire de son imaginaire et dinvention eurocentrée de lautre : 

Tout nous porte à croire que lOccident érige des barrières culturelles en excluant de son histoire sa part la plus féconde [] De même que la configuration psychique individuelle, toute structure sociale sélabore dans le temps en demeurant de façon permanente sous la menace de laltération. Cette menace prend précisément la forme de laltérité. LAutre, lÉtranger, le Barbare, ou le Métèque, est celui dont lantagonisme me permet dexister tout en menaçant mon intégrité [] On ne refoule pas seulement des hommes et des femmes hors des frontières de ce que lon considère comme son territoire et son terroir propre8.

En même temps que lEurope dessine la cartographie imaginaire et la géographie culturelle de laltérité servant dobjet détude et dexpérimentation à son idéologie des Lumières, elle fabrique aussi les conditions de possibilité de son auto-légitimation imposée au reste du monde par la folie de la domination et la logique implacable de lidéologie du progrès. Les manifestations les plus spectaculaires de cette dernière occupent la deuxième moitié du xixe siècle et se prolongent jusque dans les avant-gardes du xxe siècle. Cest dans ce contexte doffensive impériale de lOccident vers lAfrique, avec pour véhicules idéologiques, les missionnaires, les colonisateurs, les grands voyageurs scientifiques, ou littéraires et anthropologues comme ethnologues que, se mettent en place les configurations discursives et épistémologiques de lafricanisme.

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Le discours de lethnologie africaniste :
une matrice du primitivisme littéraire
et un palimpseste mal effacé ?

De quelle audience, de quelle autorité jouit le discours ethnographique auprès de la classe intellectuelle et artistique engagée dans la perspective africaniste ? Quel type de savoir apporte-t-il à la métropole déjà infatuée par les thèses évolutionnistes, les images et les discours de lexotisme ? Le discours de savoir de lethnologie et celui de lanthropologie africaniste sont-ils devenus une épistémè et ont-ils rendu possible le primitivisme littéraire ? Que cela soit à partir de la deuxième moitié du xixe siècle jusquà la période des avant-gardes, le mouvement de la Négritude et même au-delà. Les impacts de la force transformatrice de ces discours semblent lisibles sur les productions littéraires, telles que celles de Blaise Cendrars, Carl Einstein ou même Léopold Sédar Senghor. Si, au tournant des années vingt, Cendrars cherche un « renouveau poétique » qui loriente vers les travaux des ethnologues africanistes – ce qui transparaît dans la matière assez éclectique de lAnthologie9 – cette période amorce sa phase « dappropriation qui a perduré jusquen 1930 date à laquelle paraît Comment les Blancs sont danciens noirs, son dernier recueil nègre10 ». Lauteur de lAnthologie nègre construit larchitecture de son « œuvre africaine » sur une masse critique des travaux, de discours et décrits dafricanistes, sorte de matrice culturelle et esthétique inaugurée par le plasticien Picasso, dès 1907 :

En 1920, après la guerre, lart nègre connait en Europe un second souffle qui le confirme dans son rôle daltérité et fait de lui le dernier espoir dune société qui a touché au tréfonds dune humanité déchue. Pour survivre à la catastrophe, il faut rejeter les codes dune civilisation qui a conduit à la faillite et à la destruction, il faut être inadapté, hors norme, comme un primitif moderne. Telle est loption prise par le poète manchot qui a perdu son bras décriture et essaie de se reconstruire. Lui qui tient lartiste pour un individu dexception va créer des êtres monumentaux, inadaptés, criminels, dont la force primitive est un signe de liberté et de survie11.

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Cette force brute qui motive des tempéraments de personnages incarnant une primitivité salvatrice dans lœuvre cendrarsienne prend des formes différentes dans celle dEinstein. Son essai de 1915 veut dégager une perception dune relation au monde à partir des formes expressives ; il observe la « forme plastique pure », autant quethnologique, pour la déployer dans toute sa complexité, ce que met en évidence Isabelle Krzywkowski :

[] il y a une « pensée primitive » et que le « primitif » est sans doute en chaque homme, les modèles et les enjeux de la réflexion ne peuvent être que complexes : le « primitivisme » renvoie à tout ce qui peut être considéré comme « premier », et cette polysémie vaut en peinture, comme en littérature. Archaïsme, spontanéité, inconscient, élémentaire construisent, au début du xxe siècle, un réseau de significations et de pratiques, []12.

La publication de La Sculpture nègre en 1915 montre manifestement le choix dEinstein de rechercher les caractéristiques formelles de la sculpture africaine et damorcer un processus d« intellectualisation » de lart africain, ce qui constitua à lépoque un acte inaugural et audacieux de sa part. Mais au-delà de leffet évènementiel que suscita le texte dEinstein – après la guerre – il témoigne dune rencontre-fascination qui le pousse, tant pour la culture, la civilisation africaine ou océanienne, que sur la difficile et audacieuse voie dune valorisation esthétique passant par le principe analogique avec des œuvres européennes. En amorce de La Sculpture nègre, il affirme :

Il ny a peut-être pas dautre art que lEuropéen aborde avec autant de méfiance que lart africain. Son premier mouvement est de nier le fait même d« art » et il exprime la distance qui sépare ces créations de létat desprit européen par un mépris qui va jusquà créer une terminologie dépréciative. Cette distance et les préjugés qui en découlent rendent difficile tout jugement esthétique, []. Le nègre cependant passe depuis toujours pour la partie inférieure que lon doit traiter sans ménagement et ce quil propose est condamné immédiatement comme insuffisant. Pour le juger on a fait appel à de bien vagues hypothèses évolutionnistes. Il lui fallait se livrer aux uns pour servir de faux concept de primitivité []13.

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À ce tournant historique du xxe siècle, la nouveauté du discours dEinstein, original et iconoclaste par la rupture épistémologique quil introduit dans les milieux artistique et africaniste, exhibe et éclaire lampleur de la faille qui le sépare de la configuration du savoir ethno-anthropologique habituel en Occident sur les cultures de peuples noirs ou océaniens. La volonté dEinstein de transgresser cet ordre de savoir nourri encore fondamentalement de thèses racistes et dignorance, lève également un coin du voile sur lampleur du marquage quexerce lethno-anthropologie sur les esprits et plus largement sur les productions littéraires de lépoque. Engagé plus tard, au tournant des années 1930, dans laventure de la revue Documents avec Michel Leiris et Georges Bataille, Einstein ne sera pas seulement lempreinte dune synthèse, inhabituelle et novatrice, entre lethnographie et lesthétique quincarne pour lui lart nègre. Il représente également une forme dappropriation et de renversement du discours ethnographique qui traverse les travaux de la revue citée. Liliane Meffre, entre autres, biographe dEinstein, revient sur cet épisode déterminant de sa démarche :

Lintérêt et la curiosité pour lart nègre [] étaient apparus au tout début du siècle chez les peintres dits fauves. André Derain, Maurice de Vlaminck, Henri Matisse, et les jeunes cubistes Picasso et Braque. Quelques vingt ans plus tard, les surréalistes senthousiasmèrent également pour les arts primitifs, surtout pour lart océanien. Il serait superflu de revenir sur les circonstances historiques largement connues (le premier achat fait par Vlaminck, la visite de Picasso en juin 1907 au musée dEthnographie du Trocadéro…) et sur lengouement des artistes pour ces objets dart rapportés dAfrique qui suscitèrent tant de passions de collectionneurs et firent la fortune de plus dun marchand parisien (Joseph Brummer, Paul Guillaume, Charles Ratton…)14.

Liliane Meffre met ici en écho à cette nouvelle perspective artistique dEinstein, lengouement qua suscité lart nègre dans les milieux artistiques et littéraires en Occident. Engouement qui engage également Einstein dans la poursuite de son projet de promotion des qualités esthétiques de lart africain, tout en restant attaché à une curiosité qui lengage dans la voie plus documentaire, celle de laventure avec la revue Documents.

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Dans la préface à une anthologie de textes de Frobenius, Senghor dégage les conditions de genèse de linfluence de la pensée de lethnologue allemand et de lafricanisme sur sa carrière : 

[] javais commencé de suivre des cours à lInstitut dEthnologie de Paris, et à lÉcole pratique des hautes Études. Je vivais donc dans la familiarité intellectuelle des plus grands africanistes, et dabord des ethnologues et linguistes. Mais quel coup de tonnerre, soudain, que celui de Frobenius !… Toute lhistoire et toute la préhistoire de lAfrique en furent illuminées – jusque dans les profondeurs. Et nous portons encore, dans notre esprit et dans notre âme, les marques du Maître ; comme des tatouages exécutés aux cérémonies dinitiation dans le bois sacré15

Cette rencontre de Senghor avec lœuvre de Frobenius, dans un contexte particulièrement tendu où les premières élites intellectuelles du monde noir en métropole sont à la recherche dune caution scientifique pour défendre les civilisations négro-africaines, laisse très peu de place à la nuance intellectuelle et à la relativisation du discours de lethnologie qui sérige comme la voie royale et inaugurale pour connaitre « lessence des peuples noirs ». Cest que les discours de lethnologie configurent une connaissance de lAfrique et de ses peuples, non seulement par la séduction quils exercent et le savoir quils mettent à la disposition de lEurope métropolitaine, mais ils rendent aussi possible lémergence dun paradigme africaniste sur ceux quon pourrait appeler la seconde génération dafricanistes, comprenant le mouvement des étudiants noirs autour des dynamiques de la Négritude et même bien avant, cest-à-dire durant toute de la période de ce que Leiris appelle « la crise nègre ». James Clifford décrit ce phénomène de relais des générations africanistes ainsi : 

En 1931, avec la création du Journal de la Société des Africanistes, on pouvait parler dun champ intitulé l« africanisme » (modelé sur la discipline synthétique plus ancienne de lorientalisme). La vogue de lart nègre et de la musique contribua à la formation dun objet culturel, une « civilisation » sur laquelle on pouvait faire des énoncés synthétiques. Noirs de lAfrique et LÂme noire de Maurice Delafosse ont contribué à cette évolution, comme la traduction des écrits de Frobenius. Le travail de Griaule se développait au sein du paradigme 170africaniste en passant, par associations, de létude de populations particulières à des généralisations sur lhomme noir []16.

La place du discours ethnographique pendant cette période fonctionne, dans ce sens, et pendant ce tournant historique, comme un ordre du discours ou une épistémè au sens foucaldien. Il apporte en métropole à la fois les bases dun exotisme, laltérité, létrangeté et limage dun ailleurs figé, étiqueté par une volonté de dire une autre référence « culturelle ». Mais cette référence est appréhendée par le prisme du regard euro-centriste, logée dans le moule culturel de limaginaire de la métropole et de lOccident en général. Cependant les savoirs que génère cette ethnologie, inaugurale par leffet formateur et référentiel que cela provoque dans les entreprises créatrices et écrits culturels en Occident comme dans les colonies, nen demeurent pas moins problématiques dans leur précision, leur objectivité et leur démarche scientifique ; cest ce que Valentin Mudimbé na pas manqué de dénoncer en évoquant les déterminations européocentristes dans Lautre Face du royaume :

[] Ils nous rendent ainsi à lethnologie. Ainsi, cet arrêt sur la présence de lAfricain dans lart européen nous aura montré non pas le poids de préjugés dune race sur lautre [], mais, une fois encore ; lévidence dun lieu singulier dans la culture occidentale qui donne regards, une manière de voir lautre à partir de soi, et explique représentations et discours de lun sur les autres. Nous pouvons donc nous demander à présent comment sesquissent concrètement les formes de pareils discours et, dans le discours lui-même, les rapports de lun et ses autres17.

Les perspectives scientifiques et épistémologiques quont ouvert ces discours ethnologiques, pour lhistoriographie des sciences humaines et sociales, déterminent un horizon de conditionnement intellectuel qui sest répandu dans les cercles artistiques, littéraires et a organisé la circulation des savoirs comme celles de œuvres. Ces dernières ne portent-elles pas les marques de ce que Mudimbé appelle « le locus (lieu) épistémologique de linvention de lAfrique et sa signification pour les discours sur lAfrique18 » ?

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Ce discours dun temps colonial est marqué au sceau de lemprunt, car celui qui crée la forme initiale – sculpture, écrit – reste inatteignable ou alors cest par le biais dun filtre, celui du traducteur. Chacun se nourrit des productions et commentaires validés pour à son tour transformer et interpréter. Quil sagisse de copie et transformation de contes à partir des recueils coloniaux, de lintertexte et de la filiation ethno-philosophique chez les autres – comme Senghor vis-à-vis de Frobenius, Griaule et autres africanistes ou missionnaires – ils sont reliés aux travaux de africanistes de la première génération. De la même manière, Einstein sest appuyé sur les collections et savoirs de ses amis collectionneurs – tels Daniel-Henri Kahnweiler, Guillaume et Munro avec La Sculpture nègre primitive19 – en proposant un palimpseste du savoir visuel, puisquil reproduit les illustrations qui fondent La Sculpture nègre.

La mélanophilie du début du siècle passé infuse une bonne partie des écrits du monde artistique et littéraire, avec comme corollaire de curieuses interférences intertextuelles ou même des usages et insertions de passages entiers, par certains écrivains, décrits des premiers africanistes sur le monde noir, sur les cultures dites « primitives ». Il y a lieu de se demander comment les textes, les écrits de Carl Einstein, Blaise Cendrars et Senghor sinscrivent dans cette relation de réécriture ou dintertextualité avec la matrice primitiviste construite par lafricanisme ?

« Le modèle nègre », pour répéter ce que dit J-C. Blachère, semble inscrire les œuvres de Senghor, de Cendrars (sur lAfrique) et dEinstein dans une relation ambiguë avec leurs sources intellectuelles, ethnographiques, artistiques tout en révélant lampleur du terreau culturel essentialiste qui les nourrit à des degrés divers dans leur conception et modes dusage du savoir ethno-anthropologique. Blachère affirme en ce sens :

Lexamen de larrière-plan intellectuel du primitivisme nègre au début du xxe siècle, [] népuise évidemment pas linventaire des influences qui ont pu sexercer. Chaque personnalité décrivain sest formée de mille et mille circonstances ; ajoutons que les types principaux dinfluences que nous avons notés se combinent entre eux selon des dosages infiniment variables. Tel écrivain sest montré particulièrement sensible aux lectures savantes, tel autre spécialement lié au milieu des peintres, tel autre a montré beaucoup dintérêt aux récits des voyageurs ou à la littérature coloniale20.

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On peut constater, par exemple, combien la fameuse formule de Senghor dans « Ce que lhomme noir apporte », « Lémotion est nègre comme la raison hellène » a suscité de commentaires et daccusations de vision essentialiste du monde noir de la part de chercheurs et lecteurs attentifs aux fondements et sources de son œuvre. Des chercheurs comme le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne ont effectué une exégèse soutenue sur cette formule de Senghor pour justifier en partie, par le contexte, le fond de la pensée de Senghor et daffirmer :

Lémotion nègre comme la beauté hellène, cela pourra donc sentendre, dans le contexte où apparait cette formule, de la manière suivante : lémotion est aux œuvres dart africaines ce que la raison est à la statuaire hellène ; on pourra soutenir, comme je le fais, que cest dans les réflexions esthétiques senghoriennes que ce qui est dabord et avant tout une analogie a trouvé sens avant dêtre transféré, avec moins de bonheur certainement, dans le domaine de lépistémologie21.

Pourtant, à maintes reprises dans ses écrits, Senghor donne les clefs de ses différentes filiations intellectuelles fondamentalement alimentées par les grandes figures de lethnologie allemande. Senghor revient dans ces lignes sur la genèse de ses relations avec lAllemagne et particulièrement lethnologue allemand Léo Frobenius : 

Cest à la sortie de « la première supérieure » du lycée Louis-Le Grand, cest en Sorbonne – à lInstitut dethnologie et à lÉcole pratique des hautes études – que jabordais les ethnologues qui me feront redécouvrir les philosophes allemands, dont la pensée de proue sexprimait par Léo Frobenius. Celui-ci fut, en effet, pour les premiers militants de la Négritude, plus quun maître à penser : un réactif véritablement un levain à découvrir, réveiller, affermir les « énergies dormantes » de lhomme noir []22.

Par ces propos, lauteur de Liberté I ne cache pas lampleur de lusage de lappropriation et lassimilation quil fait de lénonciation ethnographique de Frobenius qui, elle, semble piégée à plusieurs niveaux, par les tentations essentialistes dans son travail dapproche et détude des peuples subsahariens. Lobjet de lethnographie occidentale à cette période est organisé et conditionné par un autre regard, depuis une pulsion scopique 173stéréotypée, tout en générant les contours dune matrice essentialiste sous forme de motifs primitivistes. Dans un de ses textes Frobenius affirme :

Par comparaison avec tant de spiritualités, il est facile de trouver lexpression qui convient à l« africain » : la raideur des plis détouffe, la sobriété des parures, la simplicité et le caractère purement fonctionnel, utilitaire des armes, [] la rigueur, lhostilité des bois sculptés : Il ny a là rien qui vise à séduire par la douceur et la sensibilité : tout exhale le même relent de feu couvant sous la cendre de lâtre, de peaux saturées de sueur et de graisse, de glandes sudoripares. Tout est fonctionnel, rude, tectonique, austère.

Voilà le caractère du style africain. Quand on sest suffisamment familiarisé avec lui pour bien comprendre, on se rend compte très vite quexprimant lessence même de ce continent, il régit toute lAfrique23.

Le lecteur de Liberté I particulièrement celui de « Ce que lhomme noir apporte » se surprend presque en train de lire phrase par phrase dans le déploiement de la pensée de Senghor, la similarité de la terminologie, la mise en exergue du matériau ethnographique qui indexe les traits et caractères qui définissent lessence de ce Frobenius appelle « lAfricain », « le style africain », « lessence même du continent » dans des clichés et stéréotypes. Senghor passerait-il par les canons ethnographiques de lethnologue allemand ou de bien dautres africanistes pour marquer sa dette intellectuelle envers eux et sengouffrer dans un imaginaire ethnologique pour particulariser les qualités artistiques des Africains, leurs prédispositions naturelles à lart, la sculpture, la musique, la danse ? Cest dans cette perspective que Senghor présente une particularité certainement, par rapport à Einstein et Cendrars. Lauteur de Liberté I, lune des figures du mouvement de la Négritude, explore la matière et le savoir ethnographiques pour justifier et légitimer la défense des peuples noirs en métropole. Et cest par la forte assise du discours de lethnologie dans la configuration des savoirs de cette période que Senghor a cherché une légitimation de son discours de défense du peuple noir. Dans Ce que lhomme noir apporte, la terminologie du discours africaniste sert de support pour décrire les apports de lhomme noir au monde occidental : les notions (âme nègre24, style nègre25, culte, ancêtres, 174etc., déjà tant galvaudés par les africanistes inondent ce texte, comme on peut le remarquer dans ce passage : « Le culte concerne les génies et les ancêtres. Il convient de remarquer avec Maurice Delafosse, le plus grand des africanistes en France – je veux dire le plus attentif – que le culte des ancêtres parait antérieur, donc plus nègre. Il est général dans toute lAfrique noire26. »

Si Ce que lhomme noir apporte inscrit de manière aussi récurrente les catégories descriptives et sémantiques du discours ethnographique, à la limite dune appropriation épistémologique, pour autant, Senghor nen fait pas ainsi le même usage quEinstein et Cendrars. Ces derniers ont assez souvent soumis la matière ethnographique aux contraintes formelles dune esthétisation au point quon puisse sinterroger ainsi sur la limite entre ethnologie et art. Où sarrête le discours ethnologique et à partir de quand entre-t-on dans lart ou fait-on de lart ? Cette interrogation parait légitime au regard des usages quEinstein et Cendrars font, à des degrés divers, du discours ethnographique. Or, faut-il le noter, le paradoxe dEinstein est de proposer une autre approche de lart africain hors de toute orientation ethnographique tout en fréquentant à la fois les marges et les cadres de linstitution ethnographique, à travers non seulement son expérience avec Documents, mais également ses fréquentations des milieux artistiques des avant-gardes. Toute la terminologie de La Sculpture nègre est traversée et innervée, en ce sens, par lethos ethnologique, le discours ethnographique comme latteste la préface de Liliane Meffre à La Sculpture nègre :

Mais Einstein ne se voulait pas ethnologue, même sil fut élu en 1930 parmi les premiers membres titulaires de la Société des Africanistes de Paris, en compagnie de ses amis Paul Rivet et Michel Leiris, et même si ses travaux ultérieurs pouvaient témoigner dun intérêt croissant pour ce domaine. Non seulement louvrage [] La sculpture africaine, mais aussi des traductions et transpositions quil fait des contes et légendes dAfrique, ses travaux à Bruxelles sur les archives du Congo Belge, comme ses articles dans Documents, en particulier [« À propos de lexposition à la galerie Pigalle »] de 1930, illustrent le souci dEinstein dapporter des connaissances ethnographiques pour compléter les connaissances esthétiques27

Comme Einstein, « lalternative africaine » de Cendrars ne sest pas seulement inscrite dans une esthétisation de la matière ethnographique, 175du savoir africaniste qui léloigneraient de lemprise et de la tentation essentialiste des cultures africaines. Elle semble prendre le visage dune « primitivisation » inconsciente telle quen incarne le modèle, lœuvre de Gobineau. Dans sa conférence de 1924, « Sur la littérature des nègres », Cendrars ne sy trompe pas en confirmant et citant Gobineau : « Revenant aux peuples noirs je me demande quelles sont les marques de leur nature : nul doute que ce ne soit ce goût frappant des choses de limagination, cette passion véhémente de tout ce qui peut mettre en jeu les parties de lintelligence les plus inflammables, cette dévotion à tout ce qui tombe sous les sens… la source doù les arts ont jailli est cachée dans le sang des nègres28. »

Conclusion

Dans cette étude, nous avons voulu interroger, dans un premier temps, les visions de laltérité fabriquée à partir de la construction des discours, images et représentations de ce que Momar Désiré Kane appelle la « périphérie du monde occidental » construite par lOccident lui-même. Cette image occidentale de lAfrique, nous avons voulu la confronter aux thèses et discours scientifiques de Cheikh Anta Diop qui postulent une déconstruction de ce modèle occidental de civilisation évolutionniste reléguant les peuples noirs dans la primitivité. Par cette configuration épistémologique des cultures africaines, Cheikh Anta Diop a rendu possible une valorisation de « lantériorité des civilisations nègres » et son impact positif sur le devenir des autres civilisations. Cependant, quelle que fut la pertinence ou limpact positif du discours de Cheikh Anta Diop sur le devenir des civilisations, entre lOccident et lAfrique, le long récit « dinvention de lAfrique » – résultat dune production de savoirs et de discours construits par lethnologie et lafricanisme – a également installé une « matrice du primitivisme » élaborée sur un fond essentialiste, et a continué à nourrir les mécanismes qui sous-tendent et organisent le fonctionnement du primitivisme littéraire dans certains 176textes de Senghor, Carl Einstein et Blaise Cendrars. En explorant dabord le long récit de fabrication de laltérité par lOccident impérial, il nous apparait que les formes prises par le primitivisme dans un certain nombre textes, et chez certains auteurs, sont consubstantielles à lélaboration dune épistémè occidentale ayant sa source dans les xve et xvie siècles. Celle-ci traverse la période des Lumières jusque dans la séquence de laventure artistique, littéraire des avant-gardes du xxe siècle. Mais les textes examinés dans cette étude – par la diversité des rapports quils entretiennent avec le discours ethnographique – déroulent à la fois, par le mode de limprégnation, de linfluence ethnographique (chez Senghor), mais aussi de la réécriture, de lesthétisation par lart (Cendrars, Einstein), ou encore un incessant scénario de récupération à des fins artistiques, des motifs et formes primitivistes de cette matrice initiale, ce qui, à notre avis, confère aux textes étudiés un statut de palimpseste mal effacé.

Bacary Sarr

Université Cheikh Anta Diop

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Bibliographie

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1 Léopold Sédar Senghor, « Ce que lhomme noir apporte », Liberté I, Paris, Seuil, 1964 [1939].

2 Terme que nous empruntons à Michel Leiris dans « La crise nègre dans le monde occidental », Miroir de lAfrique, Paris, Gallimard, 1996, p. 1125.

3 Cheikh AntaDiop, Antériorité des civilisations nègres : mythes ou vérité historique ? Paris, Présence Africaine, 1992 [1967].

4 Voir : LUnité culturelle de lAfrique noire, Paris, Présence Africaine, 1952 ; Nations Nègres et Cultures, Paris, Présence Africaine, t. I & II, 1979 ; Civilisation ou Barbarie, Paris, Présence Africaine, 1981.

5 Cheikh AntaDiop, Nations Nègres et Cultures, op. cit., p. 49.

6 Ibid., p. 53-54.

7 Momar Désiré Kane, Io lAfricaine. LAfrique et ses représentations : de la périphérie du monde au cœur de limaginaire occidental, Paris, Présence Africaine, 2009.

8 Ibid., p. 18.

9 Blaise Cendrars, Anthologie nègre, Paris, Denoël, TADA 10, 2005 [1921].

10 Christine Le QuellecCottier, « Préface », Blaise Cendrars, Anthologie nègre, Paris, Denoël, 2005, p. xiii.

11 Ibid., p. xiv.

12 Isabelle Krzywkowski, « Le primitivisme dans la poésie des avant-gardes historiques ». Le Temps et lEspace sont morts hier. Les Années 1910-1920. Poésie et poétique de la première avant-garde, Paris, éd. LImproviste, p. 5.

13 Carl Einstein, La Sculpture nègre, Paris, LHarmattan, 1998, p. 17.

14 Liliane Meffre, « Préface », Carl Einstein, La Sculpture nègre, Paris, LHarmattan, 1998 [1915], p. 7.

15 Léopold Sédar Senghor, « Préface. Hommage à Léo Frobenius (1873-1973) », Léo Frobénius 1873-1973, une anthologie, Wiesbaden, Eike Haberland (éd.), Wiesbaden, Steiner Verlag, 1973, p. vii.

16 James Clifford, Malaise dans la culture. LEthnographie, la littérature et lart au xxe siècle, Paris, École nationale supérieure des beaux-arts, 1998, p. 66.

17 Valentin-Yves Mudimbé, LAutre Face du royaume, Lausanne, LÂge dHomme, 1973, p. 30.

18 Ibid.

19 Paul Guillaume et Thomas Munro, La Sculpture nègre primitive, Paris, Éditions G. Crès & Cie, 1929.

20 Jean-Claude Blachère, Le Modèle nègre, Dakar, Nouvelles Éditions africaines, 1981, p. 22.

21 Souleymane Bachir Diagne, Léopold Sédar Senghor.LArt africain comme philosophie, Paris, Riveneuve Éditions, p. 58.

22 Léopold Sédar Senghor, Liberté III, Négritude et Civilisation de lUniversel, Paris, Le Seuil, 1977, p. 13.

23 Cité par Eike Haberland (éd.), Léo Frobénius 1873-1973, une anthologie, Wiesbaden, Steiner Verlag, 1973, p. 69.

24 Léopold Sédar Senghor, « Ce que lhomme noir apporte », Liberté I, op. cit., p. 23.

25 Ibid., p. 23.

26 Ibid., p. 26.

27 Liliane Meffre, « Préface », Carl Einstein La Sculpture nègre, op. cit., p. 11-12.

28 Blaise Cendrars, op. cit., p. 480.