Préface
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Le Mythe de fondation de Lugdunum
- Pages : 11 à 12
- Collection : Kaïnon - Anthropologie de la pensée ancienne, n° 22
- Thème CLIL : 3127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie antique
- EAN : 9782406133391
- ISBN : 978-2-406-13339-1
- ISSN : 2428-713X
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-13339-1.p.0011
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 30/11/2022
- Langue : Français
Préface
Pour ce nouvel ouvrage érudit, mon collègue Marco García Quintela s’attaque à une question qui est souvent évoquée dans les travaux des celtisants, mais n’a jamais fait l’objet d’une étude propre : le mythe de la fondation de Lyon (Lugdunum), conservé par un texte anonyme (prétendu, à tort, de Plutarque) de l’antiquité.
Cette étude faite, il peut envisager d’autres secteurs où les résultats acquis grâce au cas de Lyon peuvent apporter des éclaircissements.
Pour mener à bien son travail, Marco García Quintela met d’abord en œuvre une excellente méthodologie :
–Il constitue ensuite, de manière exhaustive, le dossier.
–Ce dossier consiste en textes, documents archéologiques, numismatique, géographie, astronomie.
–De ces données, à priori disparates, il établit les corrélations internes, le mythe de fondation éclairant les documents archéologiques ou numismatiques, et vice-versa. Documents archéologiques et monnaies livrent une iconographie, que la comparaison interne permet de faire parler, mais à leur tour ils livrent des aspects, des éléments, que le récit écrit ne contenait pas.
–Marco se livre alors à une lecture mythologique du dossier ainsi organisé, en tout cas mieux serré, selon une triple approche, mise en œuvre progressivement selon les besoins : l’approche fonctionnelle, l’approche comparative et la méthode structurelle. Chacune joue un rôle, et Marco révèle ainsi qu’elles ne s’excluent pas. C’est une belle démonstration d’objectivité scientifique.
–Marco connaît la mythologie celtique, ayant lu à la fois les textes (irlandais et gallois), et l’ensemble des auteurs qui ont abordé les questions concernant les questions de fondations ou d’identifications divines.
12–mais, des travaux de Georges Dumézil et de ses successeurs – la méthode comparative d’étude de la mythologie –, Marco García Quintela tire la conclusion historique inéluctable que les mythologies particulières des différents peuples de langue indo-européenne sont autant de modalités locales d’une seule et même mythologie. Divers travaux l’ont montré, depuis Dumézil. On en a encore ici la preuve.
Grâce aux résultats emmagasinés au fil des pages, Marco García Quintela se livre à une analyse qui lui est chère et où il est passé maître : je désigne la prise en compte de l’espace-temps, la considération de l’insertion du mythe dans l’espace, sur un terrain, un site, dans une situation, ou, autrement exprimé, la gestion du paysage par le mythe – car celui-ci est fondateur. C’est ainsi qu’il donne toute son importance à un fait peu remarqué : le sanctuaire de Lyon, sanctuaire fédéral des Trois Gaules durant toute l’époque romaine, correspond à deux implantations cultuelles, à Fourvière d’une part, à la Croix Rousse d’autre part. « Le » sanctuaire de Lyon, le sanctuaire central de la Gaule, est double. Marco García Quintela est celui qui sait interpréter cela et en tirer toutes les conséquences.
Ce sont alors les résultats acquis par le traitement de ce dossier qui lui permettent d’éclairer les récits de fondation de deux autres grands sites celtiques : Londres et Cracovie.
C’est un grand honneur que me fait Marco García Quintela en me demandant de lui faire la préface pour ce maître livre : si cela contribue à le faire connaître, à en faciliter la diffusion, je m’en réjouis pour lui.
Merci, Marco, pour ce beau travail.
Bernard Sergent