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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Le Génie au xixe siècle . Anatomie d’un monstre
  • Pages : 335 à 338
  • Collection : Rencontres, n° 458
  • Série : Études dix-neuviémistes, n° 53
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406101062
  • ISBN : 978-2-406-10106-2
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10106-2.p.0335
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 23/11/2020
  • Langue : Français
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Résumés

Ugo Batini et Marine Riguet, « Introduction. Un positivisme du génie ? »

La ressaisie du génie par les sciences marque au xixe siècle laboutissement dun tournant notionnel. Sa matérialisation se perçoit comme un des traits distinctifs de son inflexion. Elle le fait entrer dans lordre de lexpérimentable, du normal et du pathologique. Un apparent « positivisme du génie » qui dessine surtout les contours dun tournant esthétique majeur, où se revendique une nouvelle modernité.

Céline Cherici, « Le cerveau, siège du génie et de la folie. De lanatomo-pathologie au discours scientifique »

Considérer la notion de génie semble avant tout une gageure conceptuelle, qui exige de saccorder sur une définition, tout en considérant ses évolutions complexes. Pour cerner les enjeux qui marqueront ses acceptions dans le xixe siècle, cette étude entend retracer les phases dintériorisation par lesquelles passe le génie au fil des premières théories des localisations cérébrales, de loutil électrique comme outil de contrôle, et de la lecture physiognomoniques des individus.

Ugo Batini, « Schopenhauer, chair et sang du génie »

Réévaluée à laune de ses composantes organiques, la notion de génie accompagne lensemble de la philosophie schopenhauerienne. Elle vient appuyer la nécessité dune métaphysique qui repose sur lexpérience pour pouvoir faire sens. En la hissant en paragon de son système, Schopenhauer amorce la nouvelle orientation prise par le génie au xixe siècle.

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Guillaume Tonning, « “Faire mourir le génie de froid”. Le programme positiviste de Nietzsche »

Nietzsche, qui nest pas positiviste, entreprend cependant dans Humain trop humain une radicale démystification de la notion de génie pour la repenser comme réalité – voire comme monstruosité – physiologique. Conçu à la manière dune concentration de puissance en une région du corps, véritable « dynamite », le génie désigne dans ces conditions la capacité à libérer brutalement une formidable quantité dénergie accumulée au fil des générations.

Serge Nicolas, « La psychologie des grands hommes. Émile Zola étudié par le Dr Toulouse au moyen de linstrumentation de laboratoire »

Au cours du xixe siècle, les médecins psychiatres français ont rapproché le génie de la folie. Ce rapprochement fut néanmoins critiqué par certains philosophes de lécole spiritualiste française. Sappuyant sur la psychologie individuelle dAlfred Binet, Édouard Toulouse (1865-1947) développe létude objective des grands hommes. Cest dans ce contexte quil étudie Zola en 1896 et propose la première étude scientifique sur le sujet.

Bernard Andrieu, « Sans génie, les cancres ? La psychologie des cancres dAlfred Binet (1907-1911) »

Le génie intellectuel a pu être mesuré par Alfred Binet grâce à létablissement de léchelle métrique de lintelligence. Mais, hors des calculateurs et des joueurs déchecs, le psychologue sintéresse plutôt, comme en témoignent des archives inédites, à ce qui serait labsence de génie chez les cancres. Là où la classification de la réussite scolaire établit une hiérarchie du plus fort au plus faible, il propose de définir le génie des cancres à partir dune intelligence émotionnelle et créative.

Ann Jefferson, « Le temps du génie »

La notion de génie au xixe siècle est déterminée par une conscience accrue de la temporalité qui met laccent sur le progrès et la rapidité de lévolution historique. Cette perspective fait du génie individuel tantôt le moteur de cette accélération temporelle, tantôt lincarnation dune autre temporalité – plus longue, plus complexe, qui entre peu à peu en décalage avec lépoque qui la vu naître.

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Maxime Perret, « Heurs et malheurs du génie dans La Comédie humaine »

La réévaluation physiologique du génie trouve un écho remarquable sous la plume de Balzac. Avec les personnages de Joseph Bridau, Daniel dArthez et Camille Maupin, qui arborent des caractéristiques physiques et sociales apparentées à celles des artistes géniaux, La Comédie humaine illustre la façon dont la littérature, en se réappropriant les savoirs, catalyse la spécificité du génie au xixe siècle.

Marine Riguet, « Le génie littéraire, entre accident heureux et névropathie »

Alors que la critique littéraire cherche dans la seconde moitié du xixe siècle à se constituer comme champ disciplinaire autonome au confluent des sciences du vivant et des sciences de lhomme, la notion de génie alimente tous les débats. Corrélative dun retour esthétique au sujet, elle sert dentrée au rapprochement entre création littéraire et création du vivant : ainsi tend-elle à se faire clé de voûte dune nouvelle conception intransitive de la littérature.

Lola Kheyar Stibler, « Hippolyte Taine et les théories du génie. Lindividu et le national »

Cet article observe, dans le parcours intellectuel dHippolyte Taine, la façon dont se complètent, séclairent et se rencontrent les théories du génie créateur et celles du génie national. Le génie constitue un objet scientifique paradoxal qui souligne une question épistémologique fondamentale : que serait une science de lindividuel et de lexceptionnel ?

Arnaud Bouaniche, « “Laction de la Nature dans lHistoire”. Le génie selon Gabriel Tarde »

La position de Gabriel Tarde à légard de la notion de génie, quil paraît tantôt valider tantôt liquider, semble pour le moins ambivalente. En prenant ses distances avec lidéal de génie créateur, loriginalité de sa conception consiste à voir dans le génie le point de manifestation remarquable et intense dune puissance dinvention présente en chacun, mais à degrés divers.

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Romain Enriquez,« Linconscient aux sources du génie entre 1850 et 1900 »

Exalté par les romantiques à lorée du xixe siècle, le génie ploie sous les assauts de lesprit analytique, positiviste ou médicalisant après 1850. Le lien nest pourtant pas rompu avec la première moitié du siècle et un élément de continuité pourrait être trouvé dans la notion dinconscient, issue du romantisme et redéfinie à nouveaux frais par la philosophie de Hartmann, la psychologie et la littérature.

Julie Cheminaud, « Inactualités du peintre de génie »

À la fin du xixe siècle, des médecins louent les peintres de génie qui ont su représenter les pathologies dans leurs œuvres. Mais cet éloge est surtout adressé à lart du passé, tandis que les discours qui portent sur les peintres modernes soulignent surtout leurs pathologies. Le peintre de génie, alors, serait-il condamné à nêtre jamais de son temps ?

Jean-Michel Durafour,« Aby Warburg : gènes génie. Essai d“utraquistique” en iconologie »

Lœuvre riche et plurielle dAby Warburg autorise toutes sortes dhybridations. Dans le cas de son rapprochement avec la biologie, elle permet de mettre en avant une mutation dans la notion de génie, qui justifie le déplacement de ses fonctions essentielles vers les images. Lenjeu sera de montrer que cette migration des théories du génie implique la mise en place dune génétique iconique, capable de reconnaître cette énergie créatrice au sein même des images.

Jean-Gabriel Ganascia, « Ouverture. Disparition du génie à lère de lintelligence artificielle ? »

À lère de lintelligence artificielle, le devenir positif du génie se pose dans des termes renouvelés. En rationalisant les opérations de pensée, les sciences actuelles semblent en effet opter pour sa seule dimension quantitative. Est-ce à dire que la figure du génie serait inversement corrélée au développement des sciences de lesprit et que sa disparition progressive saccélérerait avec lusage de systèmes de traitement de linformation ?