Résumés des contributions
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Le Format court . Récits d’aujourd’hui
- Pages : 429 à 435
- Collection : Colloques de Cerisy - Littérature, n° 8
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406083177
- ISBN : 978-2-406-08317-7
- ISSN : 2495-2788
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08317-7.p.0429
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 27/05/2019
- Langue : Français
Résumé des contributions
Yvon Houssais, « Histoire et poétique la nouvelle de langue française (I). La nouvelle au xixe siècle : une nouvelle façon de raconter »
Avec Stendhal et Mérimée, la nouvelle effectue dans la première moitié du xixe siècle une métamorphose de grande ampleur qui l’amène vers la brièveté et la dramatisation. La production est donc, tout au long du siècle, riche, régulière, variée. La nouvelle doit ce succès au fait qu’elle bénéficie d’un mode de publication privilégié : les revues. L’œuvre de Maupassant illustre cette collusion entre la presse et la nouvelle.
Michel Viegnes, « Histoire et poétique sur la nouvelle de langue française (II). La nouvelle au xxe siècle : le paradoxe français »
Cet article rend compte des grandes évolutions du récit bref dans la littérature française du xxe siècle, à la fois selon sa dynamique propre et en fonction des grands mouvements de l’histoire littéraire. Si peu d’auteurs se présentent comme des spécialistes du « format court », les trois dernières décennies montrent un profond renouvellement de la théorie comme des pratiques, la nouvelle et d’autres formes narratives caractérisées par la brièveté réapparaissant comme un cadre privilégié pour l’expérimentation.
Pierluigi Pellini, « Épiphanies domestiquées. Le micro-récit dans l’Italie contemporaine »
Le micro-récit, sous-genre aux contours flous – entre petit poème narratif en prose et courte nouvelle – a connu un essor remarquable dans l’Italie du xxie siècle. L’analyse des recueils les plus représentatifs d’auteurs tels que Vanni Santoni, Tiziano Rossi, Ugo Cornia, Andrea Bajani, Luca Ricci et Vitaliano Trevisan, permet d’en étudier la structure et les thèmes, ainsi que d’en souligner certaines apories.
430Florence Olivier, « Une poétique du détail. Entretien avec Alain-Paul Mallard »
L’écrivain et cinéaste mexicain Alain-Paul Mallard (Mexico, 1970) aborde dans un premier temps la poétique du détail qu’il pratique. Se pose la question de l’effet d’unité que la mise en recueil confère à des textes hétérogènes (nouvelles, fragments, essais narratifs) ainsi que celle de la tension entre fragments et totalité. Dans un second temps, sont évoqués la tradition de la forme brève en Amérique Latine et les attributs du genre de la nouvelle : mémorabilité et vitesse.
Claire Colin, « Voix de nouvellistes français. Table-ronde avec Alain Absire, Georges-Olivier Chateaureynaud et Marie-Hélène Lafon »
Trois écrivains français parlent de leur pratique du récit bref par rapport au roman. Le processus d’écriture d’une nouvelle est comparé à « l’huître et la perle », ou encore assimilé à un fonctionnement « en réduction continuelle » (Châteaureynaud), du « texte bandé » (Lafon), une « histoire », ou un « laboratoire » (Absire). Les écrivains échangent également leurs vues sur l’état du récit bref aujourd’hui, les auteurs qu’ils aiment (re)lire, et la composition d’un ensemble, qu’on l’appelle recueil ou non.
Christine Lorre-Johnston, « Quelque chose d’irrégulier. Entretien avec Mark Anthony Jarman »
L’écrivain canadien nous parle de ses liens à l’Ouest nord-américain et à l’Ancien Monde, de son goût du voyage, ainsi que des ateliers d’écriture – celui qu’il a suivi et ceux qu’il anime aujourd’hui en tant qu’enseignant –, des écrivains qui l’ont inspiré, du rapport entre narration et culture visuelle, de l’importance des muses… et des échéances.
Tumba Shango Lokoho, « De la brièveté dans la littérature francophone africaine »
Le format court, hier apanage de l’oralité en Afrique, est aujourd’hui intégré dans le roman comme discours gnomique ou récit à visée sapientiale, comme exemplum ou fragment à visée éthique. Ces discours brefs constituent des nœuds de discontinuité narrative et des lieux de convergences esthétiques et éthiques au cœur des œuvres romanesques contemporaines. Cet article les 431analyse dans le passage de l’oralité à l’écriture comme modalité de remotivation et de revitalisation esthétique contemporaine.
Philippe Met, « Horreur du court métrage »
Cet essai s’intéresse à la riche histoire du court dans le domaine du fantastique et de l’horreur cinématographiques, sous les avatars du film dit « à sketches » (de Dead of Night à Tales from the Crypt), ainsi que du « néo-giallo » (à savoir des films français des années 2000, dus notamment au duo Cattet-Forzani). Entre intégration au sein d’une formule « anthologique » et simples suppléments d’éditions DVD, la fonction et la réception de ces courts varient grandement.
Bruno Thibault, « L’art du bref et l’écriture de la réticence dans Can’t and Won’t (2014) de Lydia Davis »
Cet article analyse la résistance ou la réticence au narré qui caractérise de façon frappante les nouvelles récentes de Lydia Davis. Reposant sur des exemples précis, la discussion examine successivement l’absence d’« épiphanie », l’épuisement de l’anecdote, le blocage et le dérapage de la voix narrative, le jeu avec l’obstination et avec l’obsession, l’humour et enfin le rejet des discours formatés (ceux du contrôle social et de la « doxa ») qui caractérisent ces textes extrêmement brefs.
Corinne Bigot, « Les long short stories, l’art de la nouvelle selon Alice Munro (I). Une littérature de l’inconfort »
Cette étude, à travers la lecture de trois nouvelles d’Alice Munro publiées entre 1994 et 2001, suggère que l’art de la nouvelle selon Munro relève d’une littérature de l’inconfort car ses nouvelles reposent sur une « écriture du doute », fondée sur les ellipses, les silences, et une réticence narrative. Celles-ci forcent une participation du lecteur, qui est amené à composer avec l’incertitude, l’inachèvement et l’inconnaissable.
Christine Lorre Johnston, « Les long short stories, l’art de la nouvelle selon Alice Munro (II). La novella comme rétrospective »
Dans le prolongement de l’article de Corinne Bigot, celui-ci étudie trois autres nouvelles d’Alice Munro et s’interroge sur les enjeux de la désignation 432de ces nouvelles longues comme novellas, en rapport avec leur caractère rétrospectif. Il s’avère ainsi que la longueur se prête favorablement à un récit dans lequel s’opère une prise de recul permettant une réflexion sur la vie, le bonheur, le vieillissement et la mort – et, comme toujours chez Munro, les rapports entre hommes et femmes.
Jean Anderson, « Lecture interstitielle et ellipse culturelle. Lire l’altérité dans la nouvelle océanienne »
La nouvelle est déjà une forme elliptique, qui suggère plutôt qu’elle ne décrit. Dans le cas des textes d’auteurs autochtones, ces ellipses opèrent souvent au niveau d’éléments culturels. À partir d’œuvres de cinq auteurs océaniens, Patricia Grace, Tina Makereti, Alice Tawhai (Aotearoa / Nouvelle-Zélande), Waej Genin-Juni et Paul Wamo (Kanaky / Nouvelle-Calédonie), cette étude se penche sur la problématique de la lecture des références et allusions culturelles par un public peut-être mal ou partiellement informé.
Claire Fabre-Clark, « Les métamorphoses du quotidien dans la nouvelle américaine contemporaine »
En Amérique du Nord, la nouvelle, sous l’appellation de « conte », se situait dès ses origines en bordure de l’étrange. Ces récits abondent encore actuellement et mettent en scène la défamiliarisation de la vie ordinaire : la représentation du quotidien y est facteur de construction et de déstabilisation simultanées du sujet et de la langue. À partir de plusieurs récits brefs, l’article revient sur l’importance de la « maison » comme cadre diégétique et métaphorique privilégié pour de telles représentations.
Sabrinelle Bedrane, « Nouvelles étrangères dans ma langue française. Entretien avec Leïla Sebbar »
Leïla Sebbar décrit, dans cet entretien, ses nouvelles, en mettant l’accent sur l’influence déterminante de ses origines. Elle défend la nouvelle, genre élu par un public choisi et, malheureusement, restreint. Nouvelliste et romancière, l’auteur distingue nettement l’écriture de la nouvelle de celle du roman, la violence étant, pour elle, l’élément déclencheur de la nouvelle.
433Jaine Chemmachery, « Regards sur la société contemporaine indienne dans une sélection de nouvelles indiennes de langue anglaise »
Ce travail vise à remettre au goût du jour la nouvelle et à faire connaître des textes contemporains indiens écrits par des femmes. Sur une scène littéraire dominée largement par les hommes et le roman, ces écrits offrent un regard décalé sur la société contemporaine indienne qui mérite d’être étudié. Centrés sur l’écriture du secret et de l’indicible, ils produisent un discours poétique et politique interrogeant aussi bien les tabous de l’Inde d’aujourd’hui que les conventions d’écriture du genre.
Philippe Daros, « Vitaliano Trevisan, une poétique des marges »
Alors que la forme brève implique traditionnellement une rapidité, une efficacité dans l’organisation narrative, les récits brefs de Vitaliano Trevisan apparaissent comme une succession de segments digressifs dépourvus d’actions, d’intrigue unifiante, plus encore de dénouement. Une voix marginale rend compte d’un rapport au monde énigmatique pour cette voix elle-même qui jamais ne cherche à traduire son dire, son faire, son « style de vie » en une manifestation de conscience de soi explicite.
Isabelle Roussel-Gillet, « Récits brefs en mouvement, du métro au musée »
L’approche de l’anthropos contemporain à travers des formes hybrides (Échenoz, Forest, Le Clézio, Sebbar, Suel), parfois en lien avec les nouveaux outils numériques (éditions Invenit et La contre-allée), interrogera le « capital mobilitaire » des récits brefs, leurs rapports aux images d’objets, leur provision d’humanité, leur intime, et leur mise en jeu d’un sujet passant comme sujet de l’entre-deux.
Claire Colin, « Microfictions numériques, sms, tweets et pictogrammes. Le récit à l’heure de l’extrême brièveté »
La brièveté narrative s’accorde particulièrement bien aux évolutions du numérique et à l’émergence des réseaux sociaux. Les contraintes de format d’un tweet ou d’un cliché d’Instagram sont, à la manière des règles de l’Oulipo, des sources d’inspiration qui peuvent expliquer la popularité des micro-récits. Tantôt traditionnels, tantôt originaux, ces récits – dont la qualité littéraire 434fait parfois défaut – permettent une réflexion sur la notion de communauté et de littérature plurielle.
Philippe Vilain, « En un mot comme en mille. Une esthétique de la brièveté »
Après avoir évoqué plusieurs idées reçues sur le rapport entre la longueur d’un texte et sa qualité, l’écrivain auteur de romans courts examine les liens entre forme brève et timidité, ainsi que l’économie verbale de son travail et la notion de « dire juste », son aspiration à la lucidité, et la valeur d’un style d’écriture classique. Son fantasme serait d’écrire un seul livre, un « texte définitif », produit d’une condensation ultime…
Claire Colin, « L’essai au format court. Entretien avec Belinda Cannone »
L’auteure analyse dans ses écrits réflexifs son rapport à la brièveté : celle-ci lui est essentielle pour instaurer le rapport voulu avec son lecteur, celui d’une pensée en concomitance. À la fois souffle et instillation du doute, la brièveté s’avère essentielle pour l’écriture des essais. Le fragment, l’éclat, l’aphorisme comptent en effet pour l’auteure parmi les modalités d’écriture possibles pour aborder des notions aussi vastes que le désir, l’amour, le couple.
Marie-Hélène Lafon, « Pièces et morceaux »
La romancière et nouvelliste a commencé par une nouvelle, comme si écrire était une histoire de souffle. Elle craignait de ne pas tenir la distance, comme pour la course. En courant, en écrivant : elle confie ses va-et-vient constructifs entre histoires longues et histoires courtes, encore et toujours une affaire de corps.
Anne Sennhauser, « Le récit bref à l’ombre du roman ? L’art de la nouvelle chez Marie-Hélène Lafon »
Cet article cherche à appréhender l’art de la nouvelle chez Marie-Hélène Lafon et à mesurer la place du récit bref au sein d’une œuvre majoritairement romanesque. Si les nouvelles possèdent leur généricité propre, de par leur économie narrative elliptique et leur puissance évocatoire, elles donnent corps à des motifs obsédants qui ne cessent de dialoguer avec l’œuvre romanesque, explorant un univers archétypal dont le pays d’enfance constitue l’épicentre.
435Claire Colin, « Une poétique de la digression. Entretien avec Vitaliano Trevisan »
L’auteur est interrogé sur quelques points particuliers de son œuvre : sur le rapport singulier entretenu avec l’espace et le temps en Italie. Puis il évoque l’importance d’écrivains tels Thomas Bernhard et Samuel Beckett, pour rendre compte de son rapport à l’écriture fait de digressions, d’indirections, de variations. Enfin, c’est son amour pour la musique de jazz ainsi que la nécessité – existentielle – de l’humour qu’il inclut dans ces fictions : romans, récits brefs, théâtre
Vitaliano Trevisan, « Beckett’s pen »
Un short de l’écrivain, une vignette, constituée d’un paragraphe narratif d’une dizaine de lignes en hommage à Beckett, Paris et l’écriture.