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Classiques Garnier

Remarques sur les variantes du texte

  • Publication type: Book chapter
  • Book: Le Concept d’organisation chez Saint-Simon
  • Pages: 129 to 130
  • Collection: Library of Economics, n° 48
  • Series: 1, n° 26
  • CLIL theme: 3340 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Histoire économique
  • EAN: 9782406131823
  • ISBN: 978-2-406-13182-3
  • ISSN: 2261-0979
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-13182-3.p.0129
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 09-21-2022
  • Language: French
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REMARQUES SUR LES VARIANTES
DU TEXTE

Rappelons que des textes sont au nombre de trois : Lettres dun habitant de Genève à lhumanité, probablement antérieur au texte que nous venons détudier ; Lettre aux Européens, petit manuscrit non daté ; Essai sur lorganisation sociale – Extrait dun ouvrage sur lorganisation sociale. Le texte intégral dont cet essai nest quun résumé, a existé et a été retenu par la censure. Saint-Simon précisait que cet ouvrage avait pour « but dutiliser lidée produite par Condorcet1. »

Le contenu de ces trois textes ajoute-t-il quelque chose à celui des Lettres dun habitant de Genève à ses contemporains ? Saint-Simon semble surtout insister sur le caractère politique du message quil prétend apporter à lhumanité. Lintervention des hommes de génie doit faire apparaître lintérêt commun des gouvernés et des gouvernants. Il insiste également sur la liaison fonctionnelle qui lie les gouvernants et les propriétaires, ainsi que sur le « jeu de forces » qui maintient la société.

Les sociétés comme tout dans lunivers ne se conservent que par le jeu de forces qui se combattent, or lopposition entre les gouvernants et les gouvernés ou ce qui est la même chose entre les propriétaires et les non-propriétaires, est le résultat de cette grande loi de la nature2.

Ce contexte explique le recours à la science, à la connaissance objective, pour résoudre les difficultés politiques. Les hommes de génie nont pas à jouer un rôle de moralistes, leur action est indirecte. Cest par la mise en évidence et par la diffusion des lois de la réalité quils feront 130prendre conscience aux hommes des attitudes nécessaires. La morale ne peut pas prétendre à lautonomie, elle ne peut prétendre dicter ses règles aux hommes, sans que ces règles soient en accord avec la réalité physique et sociale des hommes.

Nest-il pas raisonnable de conclure de tout ce qui vient dêtre dit, quil na pu exister encore de bon système de morale et que toutes les conceptions dorganisation sociale, formées antérieurement à lépoque à laquelle les sciences particulières seront liées par un système général, ne pourront être quextrêmement vicieuses3.

Si ces variantes najoutent pas déléments nouveaux au contenu des délires dun habitant de Genève à ses contemporains, elles en concrétisent parfois les intentions. Saint-Simon y dégage lidée dune société obéissant à une loi immanente qui se manifeste à travers les forces qui se combattent au sein de la société, et à une histoire, lune et lautre échappant au pouvoir des hommes qui trouvent cependant dans la connaissance scientifique le moyen den comprendre la réalité et les bienfaits et den favoriser laction.

1 La Lettre aux Européens ainsi que lEssai sur lorganisation sociale, ont été publiés par A. Pereire, en même temps que les Lettres dun habitant de Genève à ses contemporains, en 1925 chez Alcan. Pour la Lettre dun habitant de Genève à lhumanité, on peut se reporter à létude de Paul E. Martin, « Saint-Simon et sa lettre dun habitant de Genève à lhumanité » (1802-1803), Étude bibliographique, Revue dhistoire suisse, 1925.

2 Lettre aux Européens, I, p. 138.

3 Lettres d un habitant de Genève à l humanité, cité par P. E. Martin, Revue suisse, 1925, p. 496 [in Œuvres complètes, 2012, I, p. 966].