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Classiques Garnier

Le Cid, tragi-comédie À Madame de Combalet

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Le Cid 1637-1660
  • Pages : 3 à 6
  • Réimpression de l’édition de : 1996
  • Collection : Société des Textes Français Modernes, n° 73
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782406104773
  • ISBN : 978-2-406-10477-3
  • ISSN : 2777-7715
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10477-3.p.0071
  • Éditeur : Société des Textes Français Modernes
  • Mise en ligne : 03/09/2020
  • Diffusion-distribution : Classiques Garnier
  • Langue : Français
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A MADAME
n>~
COMBALETr.



ADAME ,



Ce portraits vivant que je vous offre, re- presente un Heros assez recognoissable aux lauriers dont il est couvert. Sa vie a esté une suite cantinuelle de victoires, son corps porté

Titre ; 7648-76fy A MADAME LA DUCHESSE D'AIGUILLON. II est étonawntqu'on ait attendu 7648 pour faire cette modifrcatior:, puisque hlm° de CotnF~alet est devenue duchesse d'Aiguillon le 7lJ janvier 7638.
t. Marie-Madeleine Vurcxaxon (1-r6g5), veuve d'Antoine de Beeuvorx, seigneur de Combalet, est nièce du cardinal de Richelieu, premier ministre, sur l'esprit de qui elle peut tout ;les mauvaises langues
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s dans son armée a gagné des batailles après sa mort, & son nom au bout de six cens ans vient- encor de triompher/en France. Il y a [v~] trouvé une reception trop favorable pour se repentir d'estre sorty de son pays, &d'avoir
=o appris à parler une autre langue que la sienne `. Ce succès a passé mes plus ambitieuses espe- rances, & m'a surpris d'abord, mais il a cessé de m'estonner depuis que j'ay veu la satisfac- tion que vous avez témoignée quand il a paru
=s devant vous a ; alors j'ay osé me promettre de luy tout ce qui en .est arrivé, & j'ay creu qu'après les éloges dont vous l'avez honoré, cet applaudissement universel ne luy pouvoir manquer. Et veritablement, MADAME, on ne
zo peut douter avec raison de ce que vaut une chose qui a le bonheur de vous plaire : le ju- gement que vous en faites est la marque as- seurée de son prix ; &comme vous donnez tousjours liberalement aux veritables beautez
disent même qu'elle est sa maîtresse (Tallemant : II, r6r-r~r). Dans quelques mois, elle deviendra duchesse d'Aiguillon.
r. On a plusieurs témoignages contemporains de l'enthousiasme suscité par Le Cid. Pellisson les résumera ainsi : « Il est malaisé de s'ima-
giner avec quelle approbation cette piece fut receue de la Cour & du
public. On ne se poueoit lasser de la voir, on â entendoit autre chose dans les compagnies, châcun en savoir quelque partie par coeur, on la
faisoit apprendre aux enfans, Rt en plusieurs endroits de la France il
estoit passé en proverbe de dire :Cela est beau comme le Cid. n (Pellisson, Relation : p. x86).
z. « Le Cid a esté representé deux fois au Louvre & deu: fois i l'hostel de Richelieu. n (Corneille, Lettre apologitique).
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Zs l'estime qu'elles meritelit, les fausses/n'ont ja- [r°] mais le pouvoir de vous esblouïr `. Mais vostre generosité ne s'arreste pas à des louanges ste- riles pour les ouvrages qui vous agréent, elle prend plaisir à s'estendre utilement sur ceux
s~ qui les produisent, & ne desdaigne point d'em- ployer en leur faveur ce grand credit que vostre qualité &vos vertus vous ont acquis. J'en ay ressenty des effets qui me sont trop advantageux pour m'en taire =, & je ne vous
ss dois pas moins de remerciments pour moy que pour le CID. C'est une recognoissance qui m'est glorieuse, puisqu'il m'est impossible de publier que je vous ay de grandes obliga- tions, sans publier en mesure temps que vous
¢o m'avez assez estimé pour vouloir que je vous en eusse. Aussi, MADAME, si je souhaite quelque durée pour cet heureux effort de ma plume, ce n'est point pour apprendre/mon [v°] nom à la posterité, mais seulement pour lais-
as ser des marques eternelles de ce que je vous dois, &faire lire à ceux qui naistront dans les
t. « Elle a de l'esprit, du sens & de la fermeté. ~, (Tallemant : II, r 68.)
z. Comme elle a un empire absolu sur son oncle le csrdinal de Ri- chelieu, peut-titre a-t-elle contribué â l'anoblissement de Corneille, dont les lettres patentes seront signées le lendemain du jour oû Le Cid parait en librairie (z¢ mars r6;~). Il est peu probable que Corneille fasse ici allusion â un don d'argent, car 11m° de Combalet est d'une avarice outrée (Tallemant : II, r6y-r~r).
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autres siecles la protestation que je fais d'estre toute ma vie,











MADAME,






Vostre tres-humble, tres-obeïssant & tres- obligé serviteur.
CORNEILLE.