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Classiques Garnier

À Mademoiselle M. F. D. R.

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Le Cid (1637-1660) L’Illusion comique
  • Pages : 3 à 4
  • Réimpression de l’édition de : 2001
  • Collection : Société des Textes Français Modernes, n° 73 bis
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782406104780
  • ISBN : 978-2-406-10478-0
  • ISSN : 2777-7715
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10478-0.p.0371
  • Éditeur : Société des Textes Français Modernes
  • Mise en ligne : 06/11/2020
  • Diffusion-distribution : Classiques Garnier
  • Langue : Français
371
A
MADAMOISELLE
M. F. D. R.I


MADAbIOISELLE,
Voicy un éstrange monstre que je vous dédie. Le premier Acte n'est qu'un Prologue, les trois suivants font une Comedie imparfaicte, le dernier est une Tra- gedie, &tout cela cousu ensemble faict une Comedie. g Qu'on en nomme l'invention bijarre &extravagante tant qu'on voudra, elle est nouvelle, &souvent la grace de la nouveauté parmy nos François n'est pas un petit degré de bonté. Son succez ne m'a point fait de honte sur le Theatre, &j'ose dire que la representation de ro cette piece capricieuse ne vous a point despleu, puisque vous m'avés commandé de vous en adresser l'Epistre quand elle iroit soubs la presse. Je suis au desespoir de vous la presenter en si mauvais estat, qu'elle en est
1. r2-fin :Quelques-uns ont trouvé à redire au cinquième Acte,
que Clindor et Isabelle estants devenus Comédiens, y représentent
une Histoire qui a tant de rapport avec la leur, qu'on s'imagine quc
c'en est la suite, et ces Messieurs n'entendants pas assez la finesse
du Théàtre, attribuent cette conformité à peu d'invention, quoy
qû elle ne soit qu'un coup d'adresse. I1 falloit que le pere de Clindor
r. Les commentateurs ne sont pas arrivés à identifier le nom dis- simulé sous ces initiales. Pour nous, nous serions tenté de voir d~ins F.11.R. les initiales de R Fille De Rouen n (jeune fille de Rouen), et nous serions porté à considérer rI. comme la première lettre du nom de famille de la dédicataire (peut-étre . Milet a ?).
372 ¢ L'ILLUSION COI•IIQUE
mescognoissable : la quantité de fautes que l'Imprimeur
rs a adjoustées aux miennes la desguise, ou pour mieux dire, la change entierement. C'est l'effet de mon absence de Paris, d'où mes affaires m'ont r'appellé sur le point qu'il l'imprimoit, & m'ont obligé d'en abandonner les espreuves à sa discretion. Je vous conjure de ne la
so lire point que vous n'ayez pris la peine de corriger ce que vous trouverez marqué en suite de cette Epistre. Ce n'est pas que j'y aye employé toutes les fautes qui s'y
sont coulées le nombre en est si grand qu'il eust espouventé le Lecteur, j'ay seulement Choisy celles
s9 qui. peuvent apporter quelque corruption notable au sens, &qu'on ne peut pas deviner aysement. Pour les autres qui ne sont que contre la Rime, ou l'Ortho- graphe, ou la , punctuation, j'ay creu que le Lecteur judicieux y suppleeroit sans beaucoup de difficulté,
so & qu'ainsi il n'estoit pas besoin d'en charger cette premiere fueille. Cela m'apprendra à ne bazarder plus de pieces à l'Impression durant mon absence. Ayez assez de bonté pour ne desdaigner pas celle cy, toute deschi- ree qu'elle est, & vous m'obligerez d'autant plus à
35 demeurer toute ma vie,
MADAMOISELLE,
Le plus fidelle & le plus passionné de vos serviteurs, CORNEILLE.
à qui le Magicien fait voir )a vie de son fils fast conduit paz cet artifice dans une veritable dalleur, afin que après avoir recognu la tromperie, sa surprise en fast plus grande, et son retour du des- plaisir à la joie plus agréable. Veus trouverés bar, que j'aye ici pris le temps d'en advertir ceux qui en ont besoin, et m ôbligerés de croire que ie serap toute ma vie, ~fADAMOISELLE, vostre très-humble
et très-fidelle serviteur, CORFF.ILLE. (z6 j¢-z6$y)
z66o-1682 suppriment la dldicace.