Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Le Chemin des correspondances et le champ poétique. À la mémoire de Michael Pakenham
- Pages : 687 à 699
- Collection : Rencontres, n° 159
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406057079
- ISBN : 978-2-406-05707-9
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-05707-9.p.0687
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 08/07/2016
- Langue : Français
Résumés
Steve Murphy, « Michael Pakenham, trouveur (1929-2013) »
Chercheur infatigable, d’une curiosité insatiable, Michael Pakenham fut l’un des plus éminents spécialistes de la poésie du xixe siècle, connaisseur chevronné de Verlaine mais aussi de tous les grands poètes de l’époque. Il aimait tout autant les « petits », esquissant une histoire littéraire nouvelle, complexe et intime, de cette poésie (plus ou moins) post-romantique, abordée jusque dans ses rapports avec l’art et la musique et affectionnant les zutistes et autres fumistes.
Keith Cameron, « “Je me souviens, je me souviens / Des heures et des entretiens…” (Verlaine) »
L’auteur a rédigé quelques souvenirs personnels des liens entre lui et Michael qui se sont forgés au cours de la trentaine d’années passées ensemble à l’université d’Exeter.
Luce Abelès, « “Je suis commerçant mais un peu artiste aussi”. Les Hommes d’aujourd’hui, de Cinqualbre à Vanier »
La découverte de lettres de Vanier à l’acteur Mevisto, qui désirait voir publiée sa biographie dans Les Hommes d’aujourd’hui (1878-1896), révèle les conditions de publication de ce journal artistique auquel participa Verlaine. Il s’agit ici de revenir sur la genèse graphique de cette entreprise fondée par Cinqualbre puis reprise par Vanier : interroger le statut des images, évoluant de la caricature de célébrités au portrait d’artistes, illustrant la double postulation de cette célèbre série.
Jean-Louis Aroui, « Répertoire du dixain réaliste »
De Brizeux à Bellaunay, en passant par Baudelaire, Coppée, Verlaine, Rimbaud et beaucoup d’autres, cet article présente un corpus rassemblant l’ensemble des dizains réalistes identifiés à ce jour.
Leisha Ashdown-Lecointre, « Lettres et l’être du poète. La formation littéraire de Jean Aicard par sa correspondance »
Faisant intégralement partie de la génération de poètes de 1870, Jean Aicard, né en 1848, est profondément influencé par l’élite du monde littéraire parisien. Poète régional, né à Toulon, Aicard entretient une correspondance diverse avec des auteurs tels que Victor Hugo, Émile Blémont, Joseph Autran et George Sand. Cette correspondance lui permet de creuser ses réflexions théoriques sur le rôle de l’art et de l’artiste. Il transmet la sensibilité de sa Provence natale dans son œuvre poétique.
Christophe Bataillé, « Le Rêve de Bismarck de Rimbaud ou le fin mot de l’histoire »
Rimbaud prophétisant la défaite des Prussiens lors du siège de Paris, on peut se demander si Le Rêve de Bismarck ne rejoue pas une anecdote historique survenue après la prise de Sedan mais cette fois au détriment de Bismarck… Quoi qu’il en soit, ce texte est beaucoup plus subtil qu’on ne le pense a priori, jouant notamment sur tout le relief de son vocabulaire jusqu’à faire entrer Bismarck dans une lignée d’onanistes tout à fait caractéristique du premier Rimbaud.
Arnaud Bernadet, « Sagesse, la religion d’un maniaque. Pour une lecture nosographique ? »
Cet article porte sur l’un des Portraits littéraires d’Henry Céard. Il s’agit d’un compte rendu de Sagesse de Verlaine, paru dans L’Express du 23 septembre 1881 et reproduit par Michael Pakenham dans la Correspondance générale du poète. C’est en termes nosographiques, sous l’angle de la manie, que le critique se mesure à l’apparente contradiction – artistique et idéologique – qui oppose les recueils de la première manière et Sagesse, mettant ainsi l’accent sur une écriture de la malfaçon chez Verlaine.
Patrick Besnier, « En hommage à Sylvain Itkine. La soirée du 28 juin 1946 »
Le 28 juin 1946, au théâtre Récamier, avait lieu une soirée d’hommage à Sylvain Itkine, créateur d’Ubu enchaîné en 1937, fusillé par la Gestapo en août 1944. Organisée par Michel de Ré, cette soirée présentait des textes (Jarry, Michaux, Ribemont-Dessaignes…) interprétés par des jeunes gens dont beaucoup allaient faire carrière dans le théâtre de l’après-guerre. Le seul témoignage qui nous reste est le fragile feuillet ronéotypé qui servait de programme.
Olivier Bivort, « Des Poètes maudits à Tête de faune »
Les comptes rendus de la première édition des Poètes maudits (1884) se comptent sur les doigts de la main. Celui de Charles Morice publié dans La Revue critique du 13 avril 1884 était resté inédit, les collections de ce périodique dans les principales bibliothèques étant lacunaires. C’est cette recension que est donnée dans cet article, et qui réserve une surprise : la première publication du poème Tête de faune de Rimbaud, comme le laissait supposer une lettre de Verlaine à Morice du 8 avril 1884.
Rose Blin-Mioch, « Louis-Xavier de Ricard et son “Maître” Edgar Quinet »
Louis-Xavier de Ricard (1843-1911) co-fondateur du Parnasse contemporain écrit fin 1874-début 1875 à Edgar Quinet (1803-1875). Il considère depuis 1863 l’historien philosophe comme son maître. Installé à Montpellier avec sa femme après son retour d’exil et sa participation à la Commune de Paris, Ricard lui parle à mots couverts politique et littérature. Il pense rejoindre le Félibrige de Mistral et s’inquiète de la fragilité de la République qui poursuit toujours les communards.
Eddie Breuil, « “Les Illuminations de Rimbaud écrites à Londres en 1874” ? »
La prudence philologique la plus élémentaire voudrait que l’on ne regroupe plus sous le titre « Illuminations » un corpus textuel particulièrement fluctuant, qu’il s’agisse de proses, de vers, de vers libres, de phrases ou de tous ces types à la fois. Cinq éléments de la phrase « Les Illuminations de Rimbaud écrites à Londres en 1874 » sont faux ou approximatifs. Il incombe d’identifier les rares faits (concernant, dans cet article, le lieu et la date de copie) sur lesquels on peut s’appuyer.
Pierre Brunel, « Rimbaud “carlisse” ? »
En 1875, Rimbaud aurait eu des « velléités carlistes » (Delahaye). Après le rappel de l’histoire du carlisme espagnol depuis 1830, sont passées en revue et analysées les allusions de Verlaine, Nouveau et Delahaye à ce projet d’enrôlement de Rimbaud parmi les défenseurs du légitimisme en Espagne, ses motivations (en particulier linguistiques) et un autre projet évoqué par ses amis, celui de voyager en « entr[ant] en religion » (Verlaine).
Alain Chevrier, « Jean Dayros et son double. Convergences formelles »
La paternité du singulier recueil du Vicomte Phœbus, Retoqué de Saint-Réac, Mes États d’âme ou les Sept Chrysalides de l’extase, a été attribuée à Paul Colombié, alias Jean Dayros, l’auteur du recueil Les Solitaires (vers), sur des critères essentiellement thématiques et historiques. Une étude formelle des genres poétiques, de la métrique et du paratexte, met en évidence les convergences entre les deux recueils, et apporte un faisceau d’indices supplémentaires en faveur de cette hypothèse.
In-Ryeong Choi, « Sonate et perspective dans Soupir de Mallarmé »
Il s’agit, à travers l’analyse du Soupir de Mallarmé par l’approche de la poétique de l’évocation, d’une part d’essayer de montrer comment le travail d’évocation dans ce poème est rendu possible par la mise en scène des propriétés formelles et sémantico-cognitive de son titre, et d’autre part, de clarifier une poétique nouvelle pour laquelle le poète combine la représentation des impressions fugitives avec la forme tridimensionnelle de l’art classique : perspective et forme sonate.
Bruno Claisse, « Fleurs de Rimbaud ou “la vie métaphorique” »
Une analyse des rapports métaphoriques entre fleurs et femmes dans le poème Fleurs (Les Illuminations), permet d’explorer la manière dont ces métamorphoses impliquent l’imaginaire floral mondain de « la haute classe de loisir » (selon l’expression de Thorsten Veblen).
Benoît de Cornulier, « Corbière pouëte précieux dans l’album de Roscoff ? »
Cet article fait l’étude d’un poème d’une bizarre préciosité joint au portrait d’une certaine Rosalba dans l’album de Roscoff de Corbière récemment redécouvert et réédité (2013).
Joël Dalançon, « Un poète parnassien amateur d’art. Albert Mérat »
Albert Mérat (1840-1909), l’une des têtes de Turc de l’Album zutique, offre un bon exemple des valeurs du Parnasse dans son rapport avec les arts visuels. Collectionneur au goût éclectique, il a écrit plusieurs poèmes consacrés à des œuvres exposées au Salon et un sonnet célébrant une eau-forte de Millet. Absent du Coin de table de Fantin-Latour où il aurait dû voisiner avec Verlaine et Rimbaud, il est présent au Salon de 1872 dans l’Hérodiade de Lévy sous les traits de saint Jean décapité.
Jean-Louis Debauve, « Émile Le Brun. Notes inédites sur Verlaine »
Il s’agit, après une évocation de ce que l’on sait de la vie d’Émile Le Brun, de transcrire, à l’exception de celles d’Amour reproduites dans l’édition de la Pléiade, les dédicaces des volumes que Verlaine lui a donnés et les notes qui s’y trouvent, dont certaines seraient peut-être de la main de Verlaine.
Solenn Dupas, « Enjeux esthétiques et politiques de Qui veut des merveilles ? Une “revue de l’année 1867” par Verlaine et Coppée »
Publiée le 2 janvier 1868 dans Le Hanneton, Qui veut des merveilles ? évoque les événements saillants d’une année dense, notamment marquée par la tenue de l’Exposition universelle. Cette revue de Verlaine et Coppée, longtemps considérée comme une pièce peu consistante, déploie un réseau d’allusions référentielles et de procédés satiriques qui révèle la cohérence des choix littéraires et idéologiques de deux jeunes auteurs engagés contre les académismes et les mirages de la « fête impériale ».
Peter J. Edwards, « Verlaine, Horace, Virgile et Théocrite. Les Uns et les autres »
Cette étude propose un réexamen des antécédents littéraires de Les Uns et les autres pour démontrer comment Verlaine, grâce à ses connaissances du corpus
poétique antique, réussit à transformer une ode d’Horace en une pastorale moderne en la faisant passer par le filtre de la bergerie galante. Il retient ainsi les changements brusques de tons et de registres qui caractérisent les modèles classiques et en même temps met en valeur les dissonances et tensions qui font d’une utopie une dystopie.
Louis Forestier, « À propos de Charles Cros. Deux poèmes négligés et un inédit »
Des trois poèmes présentés ici, le premier est dédié à Mme Gaillard, mère de Nina de Villard. Ce sonnet contient certains éléments tellement inadéquats à la destinatrice qu’on peut penser qu’une autre figure est suggérée en filigrane. L’intérêt du second poème est de constituer un des rares manuscrits de travail du poète et d’éclairer un peu sa méthode de composition. Le dernier poème renseigne, surtout, sur quelques aspects de la biographie de Cros qui reste encore obscure en plusieurs points.
Yann Frémy, « Les autres de Rimbaud. Entre Matthieu, Michelet et Strasbourg »
Pour écrire Délires I dans Une saison en enfer, Rimbaud s’est inspiré de sa vie avec Verlaine, mais aussi de l’Évangile selon saint Matthieu et de La Sorcière de Michelet. Cette dernière œuvre mène à s’interroger sur la figure du Tentateur du portail sud de la cathédrale de Strasbourg, qui n’est pas sans rapport avec l’Époux infernal. La culture médiévale de Rimbaud peut certainement s’étendre au Sponsus de Limoges, qui met en scène le Mystère des vierges sages et des vierges folles.
Michèle Gorenc, « Jean Aicard et la poésie du pays natal »
En 1873, avec Poèmes de Provence, Jean Aicard célèbre son pays natal dans une forme simple et claire. Cette poésie, composée dans un but convaincant, axée sur la célébration de la province et sur la thématique du lien, va fournir un modèle d’écriture à plusieurs générations de poètes. À sa suite, et selon les vœux de leur auteur, va naître une importante floraison de recueils poétiques qui glorifient tout le territoire, suscite et prépare le régionalisme littéraire de la Belle Époque.
Jean-Michel Gouvard, « Baudelaire et la caricature. La fange du macadam et le petit ramoneur savoyard »
Dans Le Spleen de Paris, Baudelaire donne à ses poèmes une orientation esthétique qui n’est pas sans rappeler la caricature. Cette tendance se traduit dans l’écriture des textes, par des choix lexicaux remarquables qui évoquaient, pour ses contemporains, la manière selon laquelle les caricaturistes abordaient tel ou tel thème d’actualité. Cet article se propose d’en montrer deux exemples, en s’arrêtant à la « fange du macadam » de Perte d’auréole et à l’« égale blancheur » du Joujou du pauvre.
Peter Hambly, « Mallarmé, Banville et Le Tombeau d’Edgar Poe »
Mallarmé affirme qu’une préparation intellectuelle est nécessaire pour bien comprendre ses vers. Il faut donc déterminer quel est le corpus pertinent. Celui-ci est surtout, suggère-t-on ici, l’œuvre de son maître Banville, ami à qui il voue un culte. Elle oriente le lecteur vers le sens figuré des mots qu’il emploie. Gardner Davies, l’exégète le plus influent des « Tombeaux », privilégie le sens littéral des vocables dans ses commentaires. Il est temps de tenir compte du conseil du poète.
Benoît Houzé, « Naissances d’une œuvre. Deux parodies de chansons par Tristan Corbière »
Cet article propose une nouvelle transcription et une présentation de deux parodies de chansons par Tristan Corbière, dont les manuscrits étaient perdus depuis les années 1920. L’objectif est de rendre, autant qu’il est possible, leur lisibilité et leur saveur à des textes rarement pris en compte par la critique. Sont donnés notamment les mélodies et les textes des chansons avec lesquelles ces parodies produisent leur sens spécifique.
Samuel Lair, « Sutter-Laumann, lecteur des Amours jaunes en 1887 »
L’intérêt des prosateurs pour Tristan Corbière peut étonner. À la Justice, Gustave Geffroy et Sutter-Lauman se sont partagés, en 1887, l’examen des Amours jaunes. Ils y manifestent certes l’influence des idées reçues, mais montrent aussi une riche intuition face à l’esthétique de Corbière, dans son singulier rapport au corps, notamment. Par surcroît, ils dévoilent l’identité
d’un proche de Tristan, le peintre Guillemet, méconnu de ceux qui savent pourtant le cousinage de Corbière et des peintres.
Jean-Pierre Lassalle, « Ange Pechméja, linguiste et poète (1819-1887) »
Ange Pechméja (1817-1887) poète, romancier, essayiste, est né et mort à Saint-Céré (Lot). Journaliste républicain sous la Monarchie de juillet, il accueillit avec joie l’avènement de la deuxième République, mais lors du coup d’État de 1851, il dut s’exiler en Belgique puis dans les provinces danubiennes de l’Empire Ottoman. Auteur du roman autobiographique Rosalie, d’un essai fulgurant L’Œuf de Kneph sur l’origine du langage et de poèmes Strophes militantes, il fut un correspondant de Baudelaire.
Thérèse Lassalle-Maraval, « De quelques images mallarméennes dans la poésie de Paul Valéry »
Une étude du traitement d’images mallarméennes – azur, cygne, pierres et métaux précieux – dans les poèmes de jeunesse de Valéry, permet de saisir les prémisses de ce qui s’exprimera dans la plénitude d’une présence poétique affirmée aux œuvres majeures, révélant la vraie nature du poète méditerranéen. Conscient de la finitude et de la beauté du monde, amoureux de la mer, il célébrera des aurores comme autant de naissances et des midis dont la torpeur est réveillée par le vent du large.
Jean-Jacques Lefrère et Jean-Paul Goujon, « Quelques informations sur la découverte de l’Album zutique dans une lettre de Maurice Chalvet à Pascal Pia »
Une lettre inédite de Chalvet à Pia éclaire la redécouverte de l’Album zutique en 1932. L’intermédiaire qui a permis l’exhumation de l’album détenu par la filleule de Coquelin Cadet fut un certain de La Houssaye, ainsi que des détails concernant sa transmission. La lettre affirme que Chalvet n’a pas détaché l’image attribuée à Gill montrant Rimbaud dans son bateau ivre, mais la question des feuillets ou parties de feuillets manquant aujourd’hui à l’album se pose toujours.
Cyril Lhermelier et Seth Whidden, « Jean Richepin, une mémoire à trous ? »
Si l’on sait peu de ce qu’ont fait Germain Nouveau et Arthur Rimbaud à Londres, c’est parce que les deux poètes n’ont laissé aucune trace
documentaire connue et que les quelques témoignages restants sont pleins de lacunes. Cette lecture entre les lignes d’un manuscrit de Jean Richepin propose une nouvelle hypothèse concernant ce que recherchait Nouveau en Angleterre : une « Ile » pas si lointaine que cela, finalement…
Rosemary Lloyd, « Laforgue et la création du soi »
Comment découvrir un moyen de se fabriquer une voix personnelle dans la chambre résonnante de la poésie vers la fin du dix-neuvième siècle ? Pour Jules Laforgue, conscient à la fois de la pluralité de l’individu et du fait que pour beaucoup de ses compatriotes il ne sera jamais qu’un « histrion polymorphe » la recherche d’une forme qui lui permettrait de se forger une autobiographie poétique se fait au moyen de clichés – littéraire, musicaux et sexuels.
Bertrand Marchal, « Petite Chronique de la rue de Rome. Juillet 1893 »
En juillet 1893, huit lettres inédites de Mme Mallarmé à sa fille Geneviève, en vacances à Honfleur, offrent au jour le jour la chronique de la rue de Rome, dans un français peu académique (Mme Mallarmé était allemande).
Yann Mortelette, « Deux traductions inédites en vers de José-Maria de Heredia »
La bibliothèque de l’Arsenal conserve deux traductions inédites en vers que José-Maria de Heredia a composées dans sa jeunesse et qui témoignent de son goût précoce pour l’héroïsme des anciennes épopées : Le Défi, poème de quarante-quatre vers, daté du 7 octobre 1861, imitant un poème du Romancero espagnol ; et La Mort de Roland, poème de cinquante-neuf vers, non daté, adaptation des laisses LXXX à LXXXVI de La Chanson de Roland et fragment probable d’un plus long poème non retrouvé.
Steve Murphy, « Le cœur d’épître. Rimbaud, Louisa Siefert et Nina »
On a pu s’étonner de l’éloge de Louisa Siefert que fait Rimbaud ou y voir l’émotion du jeune poète devant l’expression naïve d’un besoin de maternité. La lettre de 1870 contenant ces lignes est cependant dominée par un élan vers la liberté. Elle contenait le poème Ce qui retient Nina dont la transcription,
au cœur de la lettre et non à la fin, autorise une interprétation retournée de l’éloge qui le suit : pour Rimbaud, c’est Verlaine et non Siefert qui incarne déjà l’élan vers la liberté.
Mary Orr, « Correspondances de Baudelaire. Une relecture de ce qui ne s’accorde pas »
Depuis la publication des Correspondances la critique la plus informée ne résiste pas à la tentation de relier ce qui refuse de se plier à une interprétation englobante du poème. Cette relecture souligne pour sa part un petit détail du sonnet qui sonne faux mais, comme un os fossile, « chant[e] les transports de l’esprit et des sens ». Baudelaire contemple ainsi les sciences naturelles et poétiques de son temps, et leurs perpétuelles (non-)correspondances.
Michel Pierssens, « Mirliton, sa vie, son œuvre »
La carte postale, à peine apparue dans les années 1880, se répand aussitôt par millions sur toute la planète. Pour mettre un comble à la désolation qu’avait pressentie Baudelaire, c’est peut-être en même temps dans cet avatar ultime de l’antique daguerréotype que vient s’achever, pour la plus grande joie de la multitude, une certaine histoire de la poésie.
Mario Richter, « Forme et signification. Autour de Abel et Caïn de Baudelaire »
Les distiques d’Abel et Caïn formant des quatrains selon le schéma rimique abab font percevoir l’unité dans la duplicité. Ce choix formel soutient de façon concrète un concept fondamental que le texte expose aussi de façon sémantique : les « races » d’Abel et de Caïn, malgré leur différence apparente, sont en fait une seule et même « race », constituée de la même substance. Cela permet de mieux comprendre la signification de l’avant-dernier distique, quelque peu sibyllin, du poème.
Philippe Rocher, « Des murailles aux barricades littéraires. L’année 1867 et l’histoire du “zutisme” »
Michael Pakenham publia en 1997, sous le titre Nos murailles littéraires, des textes que Verlaine publia en 1867 dans La France artistique, Le Hanneton et La Gazette
rimée. Ces textes, mais aussi l’ensemble de ceux publiés par le jeune Verlaine au cours de l’année 67, croisés avec d’autres données de la même période, nous permettent d’entrevoir une préfiguration du zutisme, de ses acteurs et de ses cibles.
Denis Saint-Amand, « D’hideusement beaux rossignols de la boue. Oxymore et modernité »
Sur la base d’exemples empruntés à Baudelaire, Corbière, Cros, Ducasse et Rimbaud, le présent article interroge l’oxymore dans la poésie de la modernité. Il vise à montrer comment, à travers la constitution de conflits entre le sain et le malsain, la beauté et la hideur, le pur et le vicié, se mettent en place des jeux de tension dont la portée dépasse souvent largement le seul télescopage stylistique et qui engagent un positionnement particulier dans le champ littéraire de l’époque.
Henri Scepi, « Laforgue lecteur de Verlaine »
Cet article se propose de reéxaminer la position stratégique qu’occupe Verlaine dans le champ des références poétiques privilégiées par Laforgue entre 1880 et 1886. Il centre son approche en particulier sur la lecture croisée de Déliquescences d’Adoré Floupette et des œuvres de Verlaine en 1884-1886, au moment où s’invente la voix distanciée et plurielle des Complaintes.
Martin Sorrell, « Leah Laforgue »
L’épouse de Jules Laforgue, née Leah Lee, était un des nombreux enfants d’un couple de commerçants de Teignmouth, ville balnéaire du Devon, presque visible du domicile de la famille Pakenham, situé sur la rive opposée de l’estuaire de l’Exe. C’est Michael qui proposa à Martin Sorrell de mettre au jour l’histoire de la charmante et énigmatique Anglaise, le « petit personnage » de Jules qui mourut comme lui beaucoup trop jeune après seulement quelques mois de mariage.
Michael Tilby, « Les chiffonniers de Stéphane Mallarmé. Galanterie macabre »
Galanterie macabre, poème de jeunesse de Mallarmé, a été le plus souvent rapproché du Vin des chiffonniers baudelairien. La lecture proposée dans cette étude se situe, quant à elle, dans le contexte des nombreux portraits contemporains
consacrés au chiffonnier. Le jeune Mallarmé, à force de se servir allusivement de plusieurs bribes de cette tradition essentiellement documentaire, réussit à créer un tout à la fois subtil et perturbant qui rejoint plus ponctuellement le Baudelaire du Spleen de Paris.
Charles-Étienne Tremblay, « Le Sonnet des sept nombres, ou comment être poète au piano »
À partir d’une réflexion sur les ressemblances et différences entre les Voyelles de Rimbaud et le Sonnet des sept nombres de Cabaner, cet article revisite les recherches de celui qui a écrit avec Jean-Jacques Lefrère Cabaner poète au piano. Au seuil d’une histoire de la musique que laissent figurer les « Écrits scientifiques » de Charles Cros, cet article compare l’art de composer un poème à l’art de composer au piano, sur un instrument « à tempérament » (Chevé).
Jean-Didier Wagneur, « Publier après la Commune. Cladel et Arnould en correspondance »
De 1878 à 1880, Léon Cladel et Arthur Arnould ont entretenu une correspondance. Arnould est proscrit en Suisse et vit grâce à l’écriture de romans et d’articles qu’il publie clandestinement dans la presse parisienne. Aussi se tourne-t-il vers Cladel pour que celui-ci l’aide à s’orienter dans le champ littéraire des débuts de la iiie République. Éclairant l’histoire de l’édition, ces échanges illustrent la situation matérielle des écrivains communards, en même temps que ces deux personnalités.
Éric Walbecq, « “Mme Nina de Callias, une farceuse artistique”. Dossier de surveillance de la préfecture de Police de Paris »
Les archives de la police de Paris possèdent de très nombreux dossiers de surveillances des artistes ou écrivains du xixe siècle. Celui de Nina de Villard, en grande partie inédit, nous donne de précieuses informations sur sa vie quotidienne avec ses proches. Il révèle également les moyens très importants d’espionnage mis en place en France, en particulier avec les exilés après la Commune réfugiés en Suisse.
Ray Davison, « Remembering Michael »
Lors des obsèques de Michael, la famille Pakenham avait convié un ancien collègue à lui rendre hommage. C’est son évocation de Michael qui est reproduite ici : pour l’auteur, il était le moins oubliable des hommes. L’ami commence par rappeler les curiosités de sa syntaxe orale, si pleine de monosyllabes, si enjouée, si taquine et, en filigrane, des éléments ironiques si difficiles à déchiffrer mais toujours bienveillants. Et il brosse le portrait de cette fleur rarissime qu’était leur amitié.