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Classiques Garnier

Notice biographique

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Le Chansonnier. (Canzoniere)
  • Pages : 35 à 37
  • Réimpression de l’édition de : 1989
  • Collection : Classiques Jaunes, n° 579
  • Série : Textes du monde
  • Thème CLIL : 3444 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Romans -- Romans étrangers
  • EAN : 9782812415432
  • ISBN : 978-2-8124-1543-2
  • ISSN : 2417-6400
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1543-2.p.0041
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 08/04/2014
  • Langue : Français
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Francesco di ser Petracco naît à Arezzo, le 20 juillet 1304. C'est, en effet, dans cette ville indépendante que le notaire Pietro di ser Parenzo, banni de Florence en octobre 1302 pour des raisons de politique tout autant que de personne, s'est momentanément réfugié en compagnie de sa femme, Eletta Canigiani. Tandis que Ser Petracco, ami de Dante, continue sa vie d'exilé, l'enfant va passer ses premières années à l'Incisa, petite bourgade au sud de Florence, où sa famille paternelle est installée, et exerce la profession notariale, depuis plusieurs générations. En 1311, Eletta et ses deux fils (Ghe- rardo, frère de Francesco, est né en 1307), rejoignent Ser Petracco à Pise, d'où la famille s'embarquera bientôt pour Marseille, avant de se fixer en Provence. Le père de Francesco a, en effet, décidé, tout espoir étant perdu de voir l'empereur Flenry VII favoriser un renversement politique à Florence, de suivre à Avignon le pape français Clément V, qui a fixé le siège pontifical dans cette ville en 1309. Dans l'impossibilité de loger les siens dans la cité des papes, le notaire installe sa famille à Carpentras où l'enfant fait l'apprentissage du latin, mais aussi de l'exil. Ces événements, qui concrétisent l'assujettissement de la puissance pontificale et de la vocation apostolique romaine, et italienne, à l'influence française, affectent profondément le jeune homme. Nul doute que sa passion patriotique, et son combat constant pour le retour des pontifes à Rome, ne soient enracinés dans cette enfance d'exilé. Cependant, Francesco poursuit de très brillantes études qui le conduisent à l'Université de Montpellier (1316-1320), où il signe du nom de Petracchi, puis à Bologne (1320-1326), où

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NOTICE BIOGRAPHIQUE

son père désire qu'il devienne spécialiste de droit romain afin de prendre sa succession. Peu soucieux de donner suite à ces projets, qui lui répugnent en raison de l'amoralité des prati¬ ciens de son temps, et profondément bouleversé par le décès de sa mère, en 1318, sur lequel il cristallise sa vocation littéraire naissante, le jeune étudiant va quitter Bologne dès l'annonce de la mort de son père, en 1326. A Avignon, où il a fait retour, Francesco va pratiquer dandysme et poésie, tout spécialement après le 6 avril 1327, date de sa rencontre avec une jeune femme de la noblesse provençale, Laure, dont il tombe immédiatement amoureux et qui, mariée, se refusera toujours à lui. Le patrimoine familial ayant été assez vite dissipé, le poète va s'orienter vers une carrière ecclésiastique qui, sans lui imposer d'obligation pasto¬ rale (car il n'est même pas sûr qu'il ait reçu les ordres mineurs, et ses seules contraintes sont la récitation de l'office et le célibat) lui assurera, par le biais des canonicats, des revenus substantiels lui procurant l'indépendance matérielle et les moyens financiers requis par sa passion littéraire (les manus¬ crits coûtent encore très cher à cette époque) et par sa résidence à Fontaine-de-Vaucluse. Chapelain, en 1330, de la puissante famille Colonna, il est introduit dans la haute société ecclésiastique, et mis en contact avec les érudits et humanistes qui convergent vers Avignon. Il se distingue très vite dans ce milieu, découvrant des manuscrits inconnus (Cicéron), procédant à la première édition critique de textes mutilés (Tite-Live), organisant un véritable réseau humaniste dans toute l'Europe cultivée. Son œuvre officielle est donc rédigée en latin (poésie épique et lyrique, traités ascétiques et moraux, ouvrages historiques, correspondance avec tous les grands personnages de son temps), cependant qu'il poursuit, quasi clandestinement, son œuvre en vulgaire. Sa lecture des Confessions de Saint Augustin, en 1333, et sa rencontre du moine Dionigi da Borgo san Sepolcro vont déclencher chez lui une crise mystique, se prolongeant jusqu'en 1333-1336 et débouchant, en 1343, sur une obsession péni- tentielle qui ne le quittera plus, renforcée par le décès de Laure (1348), et entretenue par la culpabilité qu'il ressent au sujet de

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la famille illégitime qu'il a fondée, et dans le cadre de laquelle deux enfants vont naître (qu'il élève, contrairement à l'usage du temps, avec un grand sens des responsabilités). Cependant, sa jeune notoriété, et l'influence du clan Colonna, lui valent bientôt d'être couronné au Capitule Magnum poet am et iston- cum (en 1341). Investi d'une nouvelle identité (il a été fait à cette occasion citoyen romain), et d'une autorité culturelle considérable qui fait de lui le prophète de la romanité, Francesco va dès lors réformer le nom du père, signant dorénavant Petrarca, Pétrarque, et jouer un rôle politique important (cependant que parallèlement son écriture politique en vulgaire connaît le tarissement, pour les raisons psycho-poétiques que nous avons analysées). On le voit alors lancer des appels à la concorde italique, seconder la tentative républicaine et romaine de Cola di Rienzo en 1347, agir en faveur du retour des papes à Rome et d'une restauration de la puissance impériale, entrer au ser¬ vice des Visconti à Milan de 1353 à 1361, puis de la Sérénis- sime à Venise de 1362 à 1367. Cet engagement, souvent purement verbal, se traduit aussi par des prises de position courageuses et par des actes véritables (rupture avec le clan Colonna, jugé peu sûr quant à la défense des intérêts romains, entrée au service de personnages poli¬ tiques discutés, comme Cola di Rienzo ou les Visconti, refus de toute compromission avec les puissants, malgré les innom¬ brables propositions émanant d'empereurs, papes, rois, princes et républiques). Il meurt le 18 juillet 1374 et il est enseveli à Arquà (devenu un lieu de pèlerinage culturel), dans les collines euga- néennes, où il avait fait construire son ultime demeure. Il laisse une œuvre considérable, rédigée dans sa quasi-totalité en latin, mais comportant un manuscrit largement autographe des Rerum vulgarium fragmenta (le Vat. 3195, sur le texte duquel sont établies toutes les éditions modernes du Canzoniere), dans lequel est réuni pas loin d'un demi-siècle d'écriture poétique en vulgaire.