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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Latin et latinité dans l’œuvre d’André Gide
  • Pages : 205 à 208
  • Collection : Bibliothèque gidienne, n° 14
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406101598
  • ISBN : 978-2-406-10159-8
  • ISSN : 2494-4890
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10159-8.p.0205
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 05/10/2020
  • Langue : Français
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Résumés

Stéphanie Bertrand, Paola Codazzi et Enrico Guerini, « Introduction »

Que la culture latine ait servi de « principe créateur » à lœuvre de Gide, voilà un fait bien connu, que les articles ici rassemblés proposent tout à la fois dapprofondir et délargir : lessentiel des contributions sattache à mettre en évidence la portée idéologique de linfluence latine chez Gide, cest-à-dire à expliciter les formes et les enjeux de la « latinité » gidienne, sur un plan culturel et intellectuel dabord, sagissant de la langue et de la poétique ensuite.

Pierre Masson, « Gide ou lAntiquité sans les idoles »

André Gide développe une conception qui aurait pu le rapprocher de Charles Maurras, qui conçoit la latinité comme un bloc, englobant lhéritage grec, coulé dans le bronze du classicisme. Pour Gide, lesprit grec est supérieur à la rigueur latine, et na de valeur que par sa diversité et sa ductilité. Il manifeste cette différence en 1909, à propos de la querelle sur le nationalisme et la littérature, et dans les années trente, quand le concept de latinité soriente vers la notion de race à résonance fasciste.

Jean-Michel Wittmann, « De lutilité des “cousins germains”. Gide, les Latins et les Barbares »

De LImmoraliste à ses articles critiques, comme la « Seconde visite de linterviewer » ou « Nationalisme et littérature », Gide évoque souvent les deux figures, apparemment indissociables, du Latin et du Barbare. Lenjeu est double pour lui : le couple du Latin et du Barbare lui permet de prendre position dans les débats idéologiques de lépoque autour de lesprit ou du génie français, tout en précisant les contours de sa propre figure.

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Martina Della Casa, « Gide et la saveur de la culture latine »

La culture latine joue un rôle double chez Gide : réservoir, elle est aussi lobjet dune critique, aux implications éthiques, sociopolitiques et esthétiques, liée à celle des idées de latinité et de classicisme promues par les nationalistes contre la décadence de la France et de lOccident. À partir des Nourritures terrestres, il sagit de montrer de quelle manière cette culture garde, chez Gide, ses propriétés régénérantes et sa place au sein du « classicisme ouvert » de lécrivain.

Stéphanie Bertrand, « André Gide et la langue latine. Modèle de style, modèle culturel ? »

Pour Gide, la langue latine a dabord constitué un modèle de style, en vertu de son sens de la concision et de la litote notamment. Toutefois, dans le contexte de lépoque – celui de la polémique sur les « races latines » –, léloge gidien du latin prend une résonance idéologique qui invite à penser que les qualités reconnues à la langue sont aussi celles concédées à un modèle culturel, lequel sert dailleurs surtout, en ce tournant de siècle, à (re)définir et à défendre un certain classicisme.

Enrico Guerini, « “Joie de me sentir très latin”. Questions de poétique gidienne »

Gide déclare souvent son admiration face à la maîtrise des auteurs latins, à même de sexprimer en toute innocence sur lun des thèmes tabous de la société moderne : lamour pour les garçons. Des textes latins, il admire surtout leur capacité à dire le plus tout en disant le moins, en préservant une incontestable candeur dans lexpression. Cest sous cet angle que les Latins vont servir de modèles à sa prose, notamment dans Si le grain ne meurt.

Marie-Françoise André, « Gide ou la spiritualisation du monde par le latin »

Pour André Gide, la langue latine nest pas seulement une source inépuisable de réminiscences littéraires ou de trouvailles destinées à sertir une écriture précieuse. Elle façonne sa syntaxe, influence le choix des mots et se retrouve mise au service dune « spiritualisation » du monde. Dans Si le grain ne meurt, elle permet une esthétique du « vague » ; dans Le Voyage dUrien, elle modèle un sujet qui pose sur le monde un regard neuf, revivifié par un retour aux origines de notre langue.

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Patrick Pollard, « Gide, reflets dhistoire romaine »

Nourri des lectures de Plutarque, de Montesquieu, de Michelet aussi, le projet de Gide décrire une pièce sur le général romain Sylla répond à des intérêts dabord éthiques : la vie de Sylla permet de sintéresser à laffirmation problématique de la volonté individuelle lorsquelle seffectue au détriment dautrui. Le projet senrichit à la lecture de Corneille, Racine et Shakespeare, de Gibbon encore, qui permettent dapprofondir la réflexion morale relative aux dangers de lindividualisme.

Carmen Saggiomo, « La présence de Virgile dans lœuvre de Gide »

Les correspondances entre lœuvre de Virgile et celle dAndré Gide, qui se matérialisent notamment sur un plan thématique, découlent dune attitude culturelle et spirituelle semblable. Les personnages gidiens présentent certains points de référence communs avec la psychologie des personnages virgiliens. Tout comme Virgile avait tenté de représenter les contradictions du monde antique, Gide essayera dexprimer les singularités du monde contemporain en mettant en évidence les antinomies de ce dernier.

Frank Lestringant, « Numquid et tu… ? LÉvangile latin dun protestant »

Gide, protestant, cite lÉvangile en latin, dans Numquid et tu… ?, le journal spirituel quil tient début 1916. Cest que les traductions françaises, en particulier protestantes, sont défectueuses, compliquant la netteté du latin par de lourdes périphrases, obstruant le sens. Or « vivre à même léternité », quest-ce, sinon embrasser léternité dans linstant présent ? Ce commentaire de quelques versets permet à Gide de préciser sa croyance, en révoquant la vie éternelle au profit dun présent infiniment élargi.

Alain Goulet, « Gide traducteur de Lucrèce »

Cet article procède de la publication dune traduction de trois fragments du De rerum natura de Lucrèce faite par Gide quand il avait dix-huit ans. Après létude et lévaluation de cette version latine, on a relevé toutes les mentions et citations de Lucrèce dans lœuvre de Gide, et considéré limportance et linfluence de cette œuvre de Lucrèce pour Gide. Manifestement, celui-ci sest senti en affinité avec le poète latin.

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Paola Codazzi, « “Il ny a culture que dans une continuation”. André Gide et lhéritage latin »

Bien que Gide reste durablement tenté par le mythe de la table rase, il ne cesse, dans ses fictions, de sinterroger sur les risques liés au refus radical du passé. Pourtant, lécrivain dénonce parallèlement les dangers dun excès de culture. La tradition latine est au cœur de cette problématique : à travers ses personnages, Gide nous montre quil ne sagit ni de liquider cet héritage ni den faire une coquille vide, mais de le (re)conquérir sans cesse afin de le rendre vraiment vivant.