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Classiques Garnier

Résumés et présentations des auteurs

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Langues d’Anima. Écriture et histoire contemporaine dans l’œuvre de Wajdi Mouawad
  • Pages : 339 à 346
  • Collection : Rencontres, n° 167
  • Série : Rhétorique, stylistique, sémiotique, n° 3
  • Thème CLIL : 3154 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage -- Stylistique et analyse du discours, esthétique
  • EAN : 9782406059479
  • ISBN : 978-2-406-05947-9
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-05947-9.p.0339
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 23/08/2016
  • Langue : Français
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Résumés et présentations
des auteurs

Claire Badiou-Monferran, « Introduction. Du style de Wajdi Mouawad : entre partage mythique et partage littéraire de lHistoire »

Claire Badiou-Monferran est professeure de langue et stylistique françaises à luniversité de Lorraine. Spécialiste de linguistique historique, ses travaux de recherche portent essentiellement sur le français classique et sur ses modèles hérités dans la prose littéraire contemporaine.

Cette introduction montre comment, dans le cadre dune « littérature-monde », qui se donne pour objet dhabiter le monde et den raconter les péripéties, heureuses ou traumatiques, lœuvre de Wajdi Mouawad, tout particulièrement Anima, met en tension deux styles de partage de lhistoire (individuelle et collective) : un style de partage mythique, mobilisant les ressorts de lanalogie et de la figura, et un style de partage littéraire, fondé sur lhétérologie.

Sylvie Patron, « Narrations dAnima. Un récit non naturel ? »

Sylvie Patron est maître de conférences en langue et littérature françaises à luniversité Paris-Diderot – Paris 7. Spécialiste dhistoire et dépistémologie de la théorie narrative, elle a publié Le Narrateur. Introduction à la théorie narrative (Paris, 2009), un ouvrage collectif Théorie, analyse, interprétation des récits (Berne, 2011) et des articles sur le narrateur et les problèmes de théorie narrative.

Cet article se présente à la fois comme une étude des modes de narration dans Anima inspirée par les travaux de la « narratologie non naturelle » contemporaine et comme une tentative pour réévaluer certains aspects de la narratologie non naturelle à la lumière de létude du roman de Mouawad. Elle se concentre sur le problème que pose la notion de naturalisation, entendue comme une modalité ou une stratégie de lecture, lorsquon entreprend de lappliquer au roman de Mouawad.

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Guy Achard-Bayle et Léda Mansour, « Mise en fiction, texte et hors-texte dans Anima »

Guy Achard-Bayle est professeur en sciences du langage à luniversité de Lorraine, spécialiste de linguistique textuelle et de sémantique. Après une thèse sur les référents évolutifs, il a publié deux ouvrages, lun en sémantique référentielle, lautre en sémantique textuelle et discursive. Actuellement, il se consacre à lépistémologie de la linguistique textuelle néo-pragoise et à la parémiologie linguistique.

Léda Mansour est docteure en sciences du langage. Elle sintéresse à linterprétation des textes au-delà de (leur) lidéologie. Après une thèse sur le texte traduit comme discours idéologique, elle travaille actuellement sur des corpus numériques et sur le discours diasporique palestinien dans les réseaux sociaux.

Cette contribution a pour objet la lecture-interprétation du roman Anima dans une approche linguistique et textuelle. Elle traite des questions de mise en fiction, de logique narrative, sémantique et textuelle, des aspects génériques et des liens entre texte et hors-texte. Une première partie sinterroge sur les procédés mobilisés dans le monde fictif représenté. Dans une seconde partie, larticle examine la pertinence de linvestissement des éléments extratextuels.

Sylvie Camet, « Animateur/animataire. Animalités lectrices / animalités narratrices dans Anima de Wajdi Mouawad »

Sylvie Camet est professeure de littérature comparée à luniversité de Lorraine. Ses publications portent sur des questions didentité, quil sagisse de comprendre le mot dans le sens de lethnie, du genre, de la conscience individuelle. Elle a publié notamment Les Métamorphoses du moi (Paris, 2007), Le Tragique quotidien (Paris, 2005) et LUn/LAutre ou le double en question (Mont-de-Marsan, 1995).

Partant de lobservation selon laquelle les chapitres dAnima sont pris en charge par différents narrateurs appartenant au monde des animaux, larticle sintéresse à la spécificité de cette méthode dexposition et explique ce que suppose de prêter la parole à qui nen prononce pas. Sil y a un langage animal, il ny a pas de récit animal. Le roman construit donc artificiellement une pensée de lautre. Lanalyse sappuie sur les travaux dÉlisabeth de Fontenay et de Jacques Derrida.

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Nicolas Laurent, « Formes et enjeux de la dénomination par nom propre dans Anima de Wajdi Mouawad »

Nicolas Laurent est maître de conférences en linguistique et stylistique françaises à lÉcole normale supérieure de Lyon. Ses travaux portent sur le nom propre, sur la pensée de lindividu dans la langue ainsi que sur les processus dindividua(lisa)tion du style. Il a aussi publié plusieurs manuels à destination du public étudiant et du grand public.

Le nom propre (Npr) est surtout traité, dans Anima, comme un stylème générique du discours humain. Les animaux-locuteurs nutilisent presque jamais le Npr de Wahhch Debch. Cet effacement du Npr accompagne le meurtre du père, dont le surnom est le nom du fils : lexploration du Npr dans Anima est celle dune propriété mondaine et de sa carrière dans une histoire individuelle croisant lHistoire. Lextrême précision de la classification des espèces va de pair avec des phénomènes de dédoublements homonymiques.

Florian Alix, « Le tragique de la relation dans Anima. Wajdi Mouawad au prisme dÉdouard Glissant »

Florian Alix est maître de conférences en littérature francophone à luniversité Paris-Sorbonne. Sa thèse de doctorat porte sur lessai postcolonial (Édouard Glissant et Wole Soyinka). Il est lauteur darticles sur les littératures francophones et sur la question postcoloniale (notamment sur Aimé Césaire, Driss Chraïbi ou Dany Laferrière). Il a codirigé louvrage Postcolonial Studies : modes demploi (Lyon, 2013).

Larticle étudie Anima à la lumière de notions tirées des essais dÉdouard Glissant. Il analyse le chronotope tragique que Wajdi Mouawad construit dans son roman. À la linéarité du temps tragique traditionnel, se superpose un temps éclaté. De même, la géographie littéraire fait sentremêler lespace nord-américain et le Moyen Orient. À la différence des idées de Glissant cependant, le roman de Wajdi Mouawad met laccent sur la singularité de personnages qui se déterritorialisent dans un « devenir-animal ».

Aurélie Chatton, « Littoral, un Œdipe qui refuse la filiation »

Aurélie Chatton est spécialisée en littérature contemporaine française et francophone, ainsi quen cinéma. Elle enseigne actuellement à Columbia University à New York et a publié des articles sur Koltès et Mouawad. Elle travaille sur un projet de livre qui montre la communauté de pensée entre les œuvres dartistes interdisciplinaires (Marguerite Duras, Robert Lepage et Mouawad) et la philosophie dÉdouard Glissant.

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Cet article examine comment lœuvre de Wajdi Mouawad participe à la philosophie et à lesthétique dÉdouard Glissant, en se concentrant sur limaginaire. Par lanalyse des deux éditions de Littoral et du film éponyme, dialoguant avec la pensée de Glissant, il démontre comment le style épique de Mouawad refuse la filiation. En sen écartant, cette manière décrire se rapproche de la Relation. Elle révèle un nouveau rapport aux autres, en réponse à la conception glissantienne dune nouvelle forme de Relation.

Ilias Yocaris, « Une poétique de linterconnexion. Nomadisme et déterritorialisation dans Anima »

Ilias Yocaris est maître de conférences en littérature française contemporaine à luniversité Nice Sophia Antipolis. Ses travaux articulent des questions de théorie littéraire et de stylistique. Il est lauteur, notamment, de LImpossible totalité. Une étude de la complexité dans lœuvre de Claude Simon (Toronto, 2002) et de Style et semiosis littéraire (Paris, 2016).

Anima confirme lémergence dune littérature supranationale issue du métissage de langues et de cultures disparates. Le récit mouawadien se présente plus précisément comme une réflexion sur le nomadisme sous toutes ses formes. Utilisé ici dans une acception purement philosophique, le mot territoire désigne en loccurrence un espace qui détermine simultanément les modes dincarnation des différentes entités qui émergent en son sein et lensemble de relations qui se développent entre ces entités.

Stefania Cubeddu-Proux, « Langues dAnima et langue animale. Dialogue avec lAmérique et lAmérindien »

Stefania Cubeddu-Proux est docteur en littérature française et comparée de luniversité Paris-Sorbonne. Elle enseigne les littératures francophones à luniversité de Paris Ouest – Nanterre – La Défense. Elle a publié louvrage Regards sur le cosmopolitisme européen (Bruxelles, 2011) et des articles qui portent sur la ville, la littérature et le cinéma, les littératures de la migration, le mythe, la Méditerranée.

Cette étude se propose de lire le roman Anima de Wajdi Mouawad en analysant le concept de frontière qui sy décline de différentes manières. Les frontières spatiales, temporelles, tout comme celles qui marquent le seuil de lhumain, du supportable, de lacceptable, sont interrogées, franchies et remises en cause. Le meurtre bestial qui ouvre le texte nest finalement que lintroduction à un univers qui se fait de plus en plus animal, de plus en plus sombre, de plus en plus infernal.

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Roselyne de Villeneuve, « Figuralité et étrangement dans Anima »

Roselyne de Villeneuve est maître de conférences à lUFR de langue française de luniversité Paris-Sorbonne. Spécialisée en stylistique du xixe siècle, elle a publié plusieurs articles sur cette période, ainsi quun ouvrage consacré à La Représentation de lespace instable chez Nodier (Paris, 2010). Elle a codirigé deux collectifs, dont Le Rire moderne (Paris, 2013).

Létrangement, entendu comme une stratégie de défamiliarisation, travaille Anima à tous les niveaux. La figuralité en est un vecteur privilégié, parce quelle engage une dynamique daltération sans cesse réactivée, faisant surgir lautre dans le même. En cela, elle relaie et amplifie le processus de défigement amorcé par lhétérolinguisme. La poétique de létrangement en œuvre dans Anima se caractérise ainsi par le tressage de lhétérolinguisme, de la figuralité et de lintertextualité.

Élise Montel-Hurlin, « Anima, lanimal sans Elle. Wajdi Mouawad et les “jeux de langues” »

Élise Montel-Hurlin enseigne à luniversité de Lorraine. Ancienne élève de lÉcole normale supérieure de Lyon, agrégée ditalien, docteure en langue et littérature italiennes, elle est lauteur dune thèse intitulée « Erri De Luca. De la traduction à lécriture ». Ses recherches portent sur la littérature italienne des xxe et xxie siècles, le plurilinguisme, la réécriture, la traduction et lexégèse bibliques.

Dans sa démarche de (re)construction identitaire dAnima, Wajdi Mouawad propose une (re)construction historique, narrative et linguistique. La micro-histoire, telle que la conçoivent Carlo Ginzburg et Carlo Poni, semble, dans ce livre, littérarisée et resémantisée à travers la forme du fragment, comme si le protagoniste devenu transcripteur devait, à linstar de Pétrarque, « rassembler les fragments épars de son âme ». Mais la micro-histoire semble également produire la création dun idiolecte.

Marie Pascal, « Une odyssée de parias. La tétralogie “Le Sang des promesses” et ses deux adaptations cinématographiques »

Marie Pascal est étudiante en doctorat à luniversité de Toronto. Sa thèse porte sur les « Parias et marginaux dans la littérature et le cinéma québécois ». Ses intérêts de recherche sont principalement les théories du film et de ladaptation cinématographique, les littératures et cinémas francophones dAfrique, du Maghreb et du Canada, les figures de parias et de marginaux dans la production artistique québécoise.

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Les deux premiers volets de la tétralogie « Le Sang des promesses », Littoral et Incendies, proposent une réflexion sur la langue, de son origine comme moyen de communication entre les êtres, pour saffiner dans une réflexion sur ce qui compose le langage humain. Les protagonistes des deux pièces de théâtre composent savamment une inter-compréhension de laprès-guerre par voies de chants, bruits et rythmes. La contribution questionne le rapport entre le film, le spectateur et sa compréhension des langues.

Pérette-Cécile Buffaria, « Traduire lœuvre de Wajdi Mouawad. “Donner sa langue au chat” ou “perdre son Âme” ? »

Pérette-Cécile Buffaria est professeur ditalien à luniversité de Lorrain. Elle a organisé des événements scientifiques et dirigé des ouvrages collectifs sur Alfieri, Métastase, le journalisme milanais entre Lumières et romantisme, les écrivains et la Grande Guerre, les liens entre diplomatie et littérature, etc. Elle a participé à la traduction collective des Mémoires inutiles de Carlo Gozzi (Beuzeville, 2010).

Paradoxalement, les limites de la traduction sont révélatrices des enjeux de loriginal. Cet article propose lhypothèse selon laquelle, pour les textes de Wajdi Mouawad, la traduction est toujours condamnée à limperfection mais que les failles et les manques inhérents à la traduction légitiment à rebours le plurilinguisme et lexpression diaprée de la langue de Mouawad. La puissance de la traduction réside alors dans limpuissance des personnages qui en reviennent à la nécessité tragique et à la fatalité antique.

Laurence Aubry, « Les langues dAnima, voix romanesques et voies littéraires du dégagement traumatique »

Laurence Aubry est maître de conférences en lettres et langue françaises à luniversité de Perpignan, psychologue clinicienne et psychanalyste. Ses recherches portent sur la sémiotique littéraire et la psychanalyse, le langage, les écueils et les trouvailles de la communication : langage totalitaire, écriture et folie, lecture et cure analytique. Elle a coédité Victor Klemperer. Repenser le langage totalitaire (Paris, 2012).

Le périple de Wahhch Debch traversant le continent américain, est le récit et la métaphore de la trajectoire personnelle de son auteur. Cet article démontre que Wajdi Mouawad répond à une exigence de réparation et de survie, qui redonne au sexuel et à la transgression déplacée sur lécriture leur valence créatrice. Les stylèmes de leffraction traumatique permettent de lire

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les nombreuses répétitions comme une transposition littéraire dune expérience clinique et un symbole dune tentative de réparation.

Badia Mazboudi, « La violence dans Anima entre légitimité et hybridation »

Badia Mazboudi est professeur de lettres modernes françaises à la faculté des lettres et des sciences humaines de luniversité libanaise. Spécialiste de François Mauriac, elle participe au Dictionnaire Mauriac en cours de publication. Elle a également écrit de nombreux articles sur la littérature francophone. Elle mène actuellement ses recherches sur la littérature et la politique.

Si les phénomènes complexes de la violence contemporaine représentés dans Anima touchent tant le monde animal quhumain, cest parce que pour les animaux, ils correspondent à lordre naturel des choses tandis que chez les hommes, ils représentent un désordre étatique et éthique. Laffaiblissement de la fonction régulatrice de la loi semble promouvoir lidée de la vengeance personnelle, qui pousse Wahhch Debch à mener seul lenquête sur la mort de Léonie, Janice, Chuck puis à assassiner son faux père, Maroun.

Nassima Berkouchi-Claudon, « Lenfant dans lexil. Quand lécriture de la violence ouvre une brèche dans la mémoire : Visage retrouvé de Wajdi Mouawad »

Nassima Claudon-Berkouchi est étudiante en doctorat à luniversité de Lorraine. Sa thèse porte sur « le couple interculturel comme modalité de construction de lidentité composée dans la littérature arabe et francophone de lextrême contemporain ». Elle est lauteur de plusieurs articles, notamment sur les représentations du corps dans le roman francophone arabe.

La question identitaire dans les écritures francophones migrantes du Québec est essentiellement dominée par la figure du « destinerrant » (Robin) dont létrangeté à soi pousse à la quête des origines souvent perdues dans lexil. Le roman Visage retrouvé de Wajdi Mouawad dessine à travers lerrance du jeune héros Wahab une archéologie mémorielle. À cette reliance (Bolle de Bal) à soi se greffera une reliance aux autres grâce à laltérité et la rencontre dautres douleurs et souffrances humaines.

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Laurence Denooz, « Anima, la quête dune symbiose. Parole libératrice, écriture transculturelle »

Laurence Denooz est professeure de littérature et culture arabes à luniversité de Lorraine. Elle étudie linscription dobjets littéraires divers dans un corpus dœuvres fictionnelles arabes modernes et contemporaines, en particulier la mise en récit de la quête dune identité/altérité linguistique et culturelle ainsi que la représentation des grands phénomènes socio-politiques actuels.

Récit du parcours initiatique dune âme perdue et de sa quête de restitution de soi, Anima sinscrit dans le cadre dune écriture libératrice. Dans une introspection sur les raisons profondes de son écriture, Wajdi Mouawad revendique Anima comme une espèce de catharsis personnelle et engagée dans la lutte pour la récusation dun concept : la détestation de lautre. Dans la perspective de la vaincre, il adopte et exploite des caractéristiques culturelles et des principes narratifs issus de toutes les civilisations.