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Classiques Garnier

Établissement du texte

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : La Vie de Marianne ou les Aventures de Madame la comtesse de ***
  • Pages : LXXXIII à LXXXV
  • Réimpression de l’édition de : 1990
  • Collection : Classiques Jaunes, n° 442
  • Série : Littératures francophones
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782812415197
  • ISBN : 978-2-8124-1519-7
  • ISSN : 2417-6400
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1519-7.p.0089
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 08/04/2014
  • Langue : Français
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ÉTABLISSEMENT DU TEXTE

Marivaux ayant pas Phabitude de corriger un ouvrage une fois publié^ et aucun manuscrit n'existant sauf pour quelques pièces de théâtre, Γ établissement du texte de Marianne ne présente pas de difficulté sérieuse. Il suffit ordi¬ nairement de retourner au texte original. Avant d'exposer les principes adoptés sur quelques points secondaires, il est pourtant nécessaire de dire un mot des éditions existantes. Tandis que les éditions antérieures aux travaux de I^a Porte, réviseur des éditions de i/6j et de jjSj, reproduisent très exactement l'édition originale, à la ponctuation près, celle des Œuvres Complètes présente un texte modernisé et normalisé sur quelques points : par exemple, l'accord des participes passés est fait d'après les règles officielles; l'ordre moderne est introduit dans le cas du pronom complé¬ ment d'un infinitif; le pléonasme existant dans le tour c'est à lui à qui j'ai parlé est ordinairement réduit sous la forme c'est lui à qui j'ai parlé. Tout cela est sans importance. Ce qui en a davantage, ce sont les fautes invo¬ lontaires consistant notamment en un bourdon par saut du même au même. Dans l'exemple suivant, les deux propo¬ sitions entre crochets ont ainsi disparu : Il semblait [qu'elle voulût les gagner], qu'elle leur demandait grâce pour moi, et tout cela me frappait [comme une chose de mauvais augure], comme une nouveauté qui me menaçait de quelque disgrâce à venir, (tome VII, p. de l'édition de lySi, p. 44β de notre texte).

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Mais on ne peut pas dire que le caractère de Γ œuvre en soit modifié. En revanche, le texte de Védition Duviquet, devenu, comme nous Vavons dit, la vulgate de toutes les édi¬ tions de Marivaux aux XIet XX^ siècles, procède d'une volonté arrêtée, et affirmée, de « corriger » Marivaux. Ces corrections portent parfois sur des mots jugés insuffi¬ samment décents, mais bien plus souvent sur des termes ou tours jugés vieillis. Par exemple, tous les mouvements qu'il avait essuyés sera platement remplacé par toutes les impressions qu'il avait reçues^ Chose plus impar¬ donnable encore, Duviquet entreprend systématiquement, à certains moments, de transformer la phrase ample et sinueuse de Marivaux en une série de phrases détachées à la Voltaire. C'est ainsi que, dans les trois dernières parties surtout, les phrases relatives sont transformées en princi¬ pales^, tandis que la liaison par et, en tête de phrase, est systématiquement pourchassée^. Il est à peine besoin de dire que nous n'avons pas tenu compte de ces modifications arbitraires, si ce n'est pour en donner quelques échantillons. Sauf exceptions rarissimes signalées en note, nous reproduisons simplement l'édition originale. Nous n'en avons pourtant pas conservé intégralement la ponctuation, quoiqu'elle remonte sans doute à Marivaux, car elle est négligée et archaïque, même pour l'époque. Nous l'avons donc modernisée, mais avec prudence. C'est ainsi que nous ne détachons pas un complément circonstanciel précédant un verbe par des virgules, à moins que l'édition originale ne comporte déjà une virgule après ce complément.

1. P, 408. Autre exemple : disgrâce est remplacé par malheur dans la phrase citée un peu plus haut. 2. Par exemple un de sorte que est supprimé et toute une série de relatives sont remplacées par des principales, p. 500. 3. Un exemple entre cent : Et voilà le cas où se trouvait... (p, 499) devient Telle était la situation de...

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Mais il nous arrive asse-:(^ souvent de transformer une virgule en point-virgule y ou un point-virgule en point ou deux-points. Ce faisanty nous suivons souvent Védition Néaulme, de 1/41-1/48, dont le texte est très exact et la ponctuation très soignée. Nous n'avons pas non plus conservé l'ortho¬ graphe archaïque de l'édition originale, qui écrit par exemple je sçai pour je sais. En revanche, il nous a paru sans incon¬ vénient de laisser subsister sous leur forme ancienne les mots qui en ont changé, comme amicablement pour ami¬ calement, houbereau pour hobereau, souris pour sourire, ainsi que les particularités de Γ orthographe d'accord che/^ Marivaux, telles que l'emploi de toute adverbial devant un adjectif féminin (toute indisposée), du participe passé invariable (les choses que j'ai fait alternant avec que j'ai faites), ou du participe présent accordé (d'honnêtes gens, vivants médiocrement), enfin de c'était invariable devant un pluriel (était-il question de mes parents, c'était des étrangers, et sans difficulté de la première condition de leur pays). Ces quelques détails rappel¬ leront au lecteur que La Vie de Marianne, malgré sa fraîcheur, a plus de deux cents ans.